Pelléas et Mélisande
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Pelléas et Mélisande est une pièce de théâtre symboliste en cinq actes de Maurice Maeterlinck, créée le au Théâtre des Bouffes-Parisiens. C'est un drame intemporel, avec une atmosphère de légende : les personnages apparaissent sans histoire, on ne connaît pas leur passé.
Personnages
[modifier | modifier le code]- Arkel, roi d'Allemonde, père de Geneviève
- Geneviève, mère de Pelléas et de Golaud
- Pelléas et Golaud, petits-fils d'Arkël
- Mélisande
- Yniold, fils de Golaud
- Un médecin
- Le portier
- Servantes, pauvres, etc.
Résumé
[modifier | modifier le code]L'histoire générale est une histoire d'amour et de jalousie entre trois personnes : Mélisande, Golaud et Pelléas.
Golaud, perdu dans une forêt alors qu'il chassait, rencontre Mélisande en pleurs, craintive, timide et envoûtante. Elle vient de jeter sa couronne et menace de se donner la mort si Golaud tente de la récupérer ; les différentes questions que Golaud lui pose sur son origine et son passé restent sans réponse. Golaud l'emmène avec lui dans son château, où se trouve son demi-frère, Pelléas.
Avec le temps, Mélisande et Pelléas tombent amoureux, mais tout n'est que non-dits : ils ne s'avoueront leur amour qu'à la fin. Cet amour est parfaitement platonique, à l'aune du caractère candide des deux jeunes gens. Dans cette pièce, l'amour s'avoue « à voix basse ».
La scène des aveux (IV, 4) coïncide avec l'acmé de la passion des deux personnages qui tentent de s'exprimer, au sens étymologique : elle tente une sortie de ces deux corps prisonniers des convenances sociales. Cette seule étreinte passionnée est réprimée par Golaud dans le sang de Pelléas.
À l'acte V, Mélisande donne naissance à une fille. Mais ce sursaut de vie ne peut atteindre Mélisande, qui se meurt, non de la blessure légère que Golaud lui a faite au bras, mais de celle, incurable et incommensurable, que celui-ci a faite à son cœur en tuant Pelléas.
Commentaire
[modifier | modifier le code]Le Moyen Âge regorge de ces histoires d'amour rendues impossibles par les convenances ; si le XIXe siècle est le siècle où l'on redécouvre le Moyen Âge, la représentation scénique de celui-ci est soumise aux problématiques d'écriture théâtrale de l'époque ; ainsi, le XIVe siècle de Prosper Mérimée, dans La Jacquerie, ne témoigne pas que d'un regain d'intérêt pour le Moyen Âge mais aussi d'une recherche dramaturgique et dramatique dans le cadre de la naissance du drame romantique. Il en est de même pour cette pièce de Maeterlinck : cette histoire d'amour impossible et de jalousie est le support d'une dramaturgie que les historiens nomment « symboliste ».
La pièce de Maurice Maeterlinck est une variation sur la vision : la caractéristique dramaturgique majeure de la pièce est l'obscurité et la pénombre, cette faible luminosité couvre le péché de ces amants qui ne doivent pas être vus, mais aussi permet de s'élever à un niveau supérieur de vision : l'on peut toujours ne voir dans les phénomènes de ce monde que ce qu'ils paraissent, mais dans un lieu si obscur, ce niveau inférieur de vision est rendu difficile, mieux vaut s'élever au degré symboliste de la vision et voir à travers et au-delà des phénomènes.
La dimension symbolique de la pièce est également présente par les lieux qui sont connotés (la forêt évoque le chaos d'où vient Mélisande, le château met en place une atmosphère de doute, la fontaine est le lieu d'où jaillit la vie et où peut naître l'amour de Pelléas et Mélisande, la chambre est le lieu de l'intimité amoureuse) et les actions qui sont également symboliques (la perte de l'anneau par Mélisande suggère la mort de l'amour entre Golaud et Mélisande).
Mise en musique
[modifier | modifier le code]De nombreux compositeurs furent inspirés par l'œuvre du poète belge :
- Gabriel Fauré, qui composa en 1898 une musique de scène pour la pièce (suite pour orchestre opus 80), Pelléas et Mélisande, orchestrée par Charles Koechlin ;
- William Wallace, en 1900, avec une suite d'orchestre ;
- Claude Debussy, en 1902, avec son opéra du même nom ;
- Arnold Schönberg, en 1902-1903, dans son poème symphonique du même nom (opus 5), Pelléas et Mélisande ;
- Jean Sibelius, qui composa en 1904-1905 une autre musique de scène (opus 46), Pelléas et Mélisande ;
- Mel Bonis, en 1922, dans sa pièce pour piano Mélisande[1] ;
- Alexandre Desplat, en 2013, dans sa symphonie concertante pour flûte et orchestre Pelléas et Mélisande[2].
Autre
[modifier | modifier le code]- Une adaptation en comics a été réalisée par P. Craig Russell.
- L'oeuvre a été parodiée à quatre reprises par Max Reinhardt en Allemagne, par Paul Reboux et Charles Müller, par Marcel Proust qui présenta à son ami Reynaldo Hahn Markel et Pelléas. Enfin, la pièce de Maeterlinck a inspiré le compositeur Camille Saint-Saëns en 1920 dans son pastiche Merdiflor et Cacahouette (ISBN 979-10-92910-70-4) destiné à sa correspondance privée. L'historien de la musique Stéphane Leteuré en a fait une édition critique aux Petites Allées (Rochefort) en 2021.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Claire Désert, « Entraînez-vous : Bonis Mélisande, op. 109 », sur Pianiste, (consulté le )
- « Alexandre Desplat : Pelléas et Mélisande, symphonie concertante pour flûte et orchestre », sur France Musique,
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Michel Bosc, Symbolisme et dramaturgie de Maeterlinck dans "Pelléas et Mélisande", Paris : L'Harmattan, 2011 (ISBN 9782296553705)
- (en) Calvin Evans, « Maeterlinck and the Quest for a Mystic Tragedy of the Twentieth Century », Modern Drama, vol. 4, no 1, , p. 54-59 (lire en ligne, consulté le ).
- Paul Gorceix, « Maurice Maeterlinck, la mystique médiévale et le symbole », La Licorne, vol. I, no 6, , p. 51-64 (lire en ligne, consulté le ).
- Delphine Cantoni, « La poétique du silence dans Pelléas et Mélisande », Annales de la fondation M. Maeterlinck, vol. XXIX, no Actes du colloque international de Gand, .
- Christian Accaoui, « Pelléas et Mélisande. Du texte de Maeterlinck à la musique de Debussy », dans Maxime Joos, Claude Debussy, jeux de formes, Éditions Rue d’Ulm, (ISBN 978-2-7288-0327-9, lire en ligne), p. 15-48.
- Mario Richter, « Maeterlinck et Debussy dans l’expérience du “Pelléas et Mélisande” », Studi francesi, no 160, , p. 42-51 (lire en ligne, consulté le ).
- Maria Einman, « De l’événement social à l’événement intime : la réception critique de la première création de Pelléas et Mélisande aux Bouffes-Parisiens », Textyles, no 57, , p. 157-172 (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Daniel Albright, « Maeterlinck, Debussy, and Modernism », dans Richard Begam et Matthew Wilson Smith, Modernism and Opera, Johns Hopkins University Press, , p. 63-99.
- (en) Dennis Kurzon, « Silence as Speech Action, Silence as Non-speech Action: A Study of Some Silences in Maeterlinck’s Pelléas et Mélisande », dans Normativity and Variety of Speech Actions, Brill, (ISBN 9789004366527, lire en ligne), p. 122–139.
- (en) Dmytro Chystiak et Olena Kobchinska, « Mythological Intertext in Maeterlinck’s Pelléas and Mélisande », Litera, vol. 31, no 2, , p. 605-618 (lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
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- Ressource relative au spectacle :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Version IntraText CT (texte hypertextualisé)
- Pelléas et Mélisande, sur Ebooks libres & gratuits
- « Pelléas : la trahison sociale au château », in Silenceno 4, mai 1987