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Rougequeue noir

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Le Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros) est une espèce de petits passereaux partiellement migratrice très répandue, de la famille des Muscicapidés. Il est également parfois appelé rossignol des murailles ou queue rousse[1].

Morphologie

Aspect du mâle

Le rougequeue noir est un passereau au plumage globalement sombre. Le mâle a le plumage gris-noirâtre avec la calotte grise et une tache blanche sur l'aile. La poitrine est souvent la partie la plus foncée de son corps. Le rougequeue noir a la queue orange brique, les sous-caudales et le croupion roux. Le bec très pointu, les yeux, les pattes et les doigts sont noirs.

Certains mâles peuvent arborer un plumage de type femelle.

Des plumes blanches, visibles sur l'extérieur des ailes, apparaissent progressivement avec l'âge.

Aspect de la femelle

La femelle est plus terne que le mâle, avec un plumage uniforme gris-brun cendré. Seules les plumes sous-caudales de sa queue demeurent d'un roux allant vers le marron clair. Sa poitrine grisâtre est légèrement striée de foncé.

Aspect des juvéniles

Le juvénile de 1re année ressemble à la femelle, sauf que son plumage est légèrement plus brun et tacheté, et n'a pas de blanc sous les ailes. Ensuite à partir de son second automne, il ressemble aux adultes. Les adultes ne varient pas beaucoup en croissance, les mâles et femelles font la même taille.

Taxonomie

Famille

Le rougequeue noir fait partie des muscicapidés. Il était jadis classé parmi les turdidés. Un changement de groupe taxonomique, autour de l'année 2010, réalisé pour une poignée d'espèces d'oiseaux, dont font partie les rougequeues mais aussi les rouge-gorges par exemple[2].

Sous-espèces

D'après Alan P. Peterson, il existe 4 sous-espèces (gibralteriensis, ochruros, rufiventris, semirufus). Les classifications de James Franklin Clements reconnaît deux sous-espèces supplémentaires (phoenicuroides, xerophilus), toutes classées en deux grands sous-groupes. Le regroupement des sous-espèces, détaillé ci-dessous, suit cette classification mis-à-jour en 2023[3].

Sous-espèce type Phoenicurus ochruros gibralteriensis

  • p. o. gibralteriensis (Gmelin, 1789) : situé en Europe (dont en France hexagonale, Suisse et Belgique) il a le plumage plus clair vers le gris que les autres sous-espèces, avec des tâches blanches ici et là. Une tâche blanche sur l'aile. Une tâche blanche sur le bas ventre près des pattes. Et parfois, une tâche blanche à l'arrière du front.
  • p. o. aterrimus : situé en péninsule ibérique, il a le dos d'un noir plus foncé[4].

Sous-espèce type Phoenicurus ochruros ochruros

  • p. o. ochruros (S.G. Gmelin, 1774) : situé en Turquie et dans le Caucase, le bas ventre près des pattes est roux[4].
  • p. o. semirufus (Hemprich & Ehrenberg, 1833) : situé au Moyen-Orient, le plumage est plus contrasté au niveau des couleurs, avec un noir plus foncé que l’européen. Il s'affiche d'une plus large partie rousse s’étirant de la queue jusqu’à la moitié du ventre (et sans tâche blanche sur l'aile)[4].
  • p. o. phoenicuroides
  • p. o. rufiventris (Vieillot, 1818)
  • p. o. xerophilus

Voix

Chant

Audio du chant d'un rougequeue noir mâle (enregistré fin avril 2024 en Seine-Maritime)

Son chant est très caractéristique, ce qui permet aisément de le déterminer mais aussi de le localiser : quand il chante, il est perché à en un endroit dégagé, tout en haut d'un antenne ou d'un toit[1]. L'élément caractéristique est un grincement en milieu de phrase qui rappelle le bruit d'un papier froissé ou du verre brisé[4],[5].

Son chant est un phrase durant 3 à 4 secondes. Un rapide sifflement, quasiment une trille, introduit un silence. Parfois la phrase s'arrête là, coupé court. Mais le chant entier continue ensuite par le caractéristique grincement sorti crescendo du silence[6]. Il s'enchaîne directement d'une répétition rapide d'une note "tu tu tu tu tu" qui rappelle le rougequeue à front blanc. Ce dernier bout de phrase sifflé peut varier chez un même individu. Cette variation l'est davantage en fonction des régions : des dialectes différents[7].

Sonogrammes du chant d'un rougequeue noir mâle fin avril 2024 en Seine-Maritime.

Cris

Le cri d'inquiétude ou de menace d'un rougequeue est très souvent un sit' assez incisif et souvent répété, dont la fréquence de répétition traduit le degré d'inquiétude. Les cris répétés, face à ses congénères, peuvent devenir plus secs avec l’agressivité et devenir un : un tek-tek-tek. C’est un oiseau très agressif face à la concurrence lors de l’installation de son nid et de son territoire. Ces cris peuvent durer de longues minutes, jusqu'à ce que le danger disparaisse[6].

Longévité

Le rougequeue noir peut vivre jusqu'à huit ans, dix ans au maximum.

Comportement et traits de caractère

Alimentation, mode et régime alimentaire

Vol

Reproduction

La nidification du rougequeue noir est semi-cavernicole. Pour nicher, le passereau recherche toutes sortes d'anfractuosités plus ou moins ouvertes, situées le plus souvent à l'abri d'un surplomb qui le protège, et ce, en milieu rupestre. Sur un bâtiment, le nid sera souvent construit sous le toit, en haut d'un mur ou sur un élément de charpente, à condition que ceux-ci soient accessibles. En montagne, une anfractuosité dans une fissure ou un espace érodé entre deux strates géologiques accueillera le nid. Construit par la femelle, celui-ci est un assemblage — assez lâche et peu structuré — d'éléments végétaux secs (herbes, paille, feuilles, mousse). La coupe est tapissée de poils et de plumes qui la rendent douillette. La femelle y dépose quatre à six œufs blancs brillants qu'elle couvera seule environ treize jours. Les jeunes sont nourris au nid pendant une quinzaine de jours, puis encore quinze jours à trois semaines après leur envol. Souvent, la famille se scinde en deux à ce moment, mâle et femelle prenant en charge chacun de leur côté une partie de la fratrie. Une seconde nichée pourra suivre rapidement dès que la femelle sera libérée de sa tâche nourricière.

Nidification

À partir de mars, le rougequeue noir commence à construire son nid avec des brindilles et des racines, le remplit de poils et en solidifie le fond avec des feuilles et de l'argile. Il revient chaque année pour nicher et construit presque systématiquement un nouveau nid. Il niche uniquement dans le sud et le centre de l'Europe et de façon très localisée en Grande-Bretagne bien que l'on ait aussi trouvé des individus égarés qui ont niché en Écosse et en Norvège.

Un nid de rougequeues noirs.
Oeufs de Phoenicurus ochruros - Muséum de Toulouse

Il niche dans toutes les cavités permettant d'accueillir un nid :

  • dans les rochers et les murs jusqu'à une très haute altitude,
  • dans les villes, derrière les gouttières et dans l'encadrement des fenêtres,
  • dans les nichoirs,
  • dans un nid d'hirondelle ou de martinet, ouvert sur le haut,
  • dans une grange, dans un nid d'hirondelle,

Son aire de nidification est pourtant réduite, à cause du ravalement des façades ou la rénovation des vieilles bâtisses.

Un nid avec les œufs.

Le rougequeue produit deux à trois couvées par an, et revient nicher chaque année au même endroit, en construisant le plus souvent un nouveau nid (il peut d'ailleurs construire plusieurs ébauches avant le nid hébergeant la première ponte) ou plus rarement en entretenant l'ancien nid.

Élevage des oisillons

La femelle pond environ cinq œufs blancs et parfois parsemés de taches brun-rouille d'environ 20 mm de long, qu'elle va couver seule pendant 13-14 jours. Les poussins sont nidicoles, et à leur éclosion ils possèdent seulement un léger duvet gris foncé épars sur le dos. Les parents les nourrissent donc durant leur séjour au nid.

Une femelle avec ses oisillons

Les jeunes quittent le nid au bout d'une douzaine de jours[8], mais comme ils ne savent pas voler ils restent cachés au sol, où ils continuent à être nourris par leurs parents. À l'âge d'environ un mois ils font enfin leur premier vol.

Répartition et habitat

Répartition de l'espèce.

Aire de répartition

Habitat

Protection

Le rougequeue noir bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire[9]. Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l'enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l'utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l'acheter. Toutefois, le rougequeue noir est largement répandu et souvent commun dans son habitat. Il n'est pas considéré menacé par Birdlife International.

Notes et références

  1. a et b « Rougequeue noir », sur www.lpo.fr (consulté le )
  2. « TiF Checklist: MUSCICAPOIDEA II », sur jboyd.net (consulté le )
  3. Clements, J. F., P. C. Rasmussen, T. S. Schulenberg, M. J. Iliff, T. A. Fredericks, J. A. Gerbracht, D. Lepage, A. Spencer, S. M. Billerman, B. L. Sullivan, and C. L. Wood. (2023). The eBird/Clements checklist of Birds of the World: v2023. Téléchargé à ce lien
  4. a b c et d Lars Svensson, Killian Mullarney, Dan Zetterström et Peter J. Grant, Le guide ornitho, Paris, Delachaux et Niestlé,
  5. Rob Hume, Guilhem Lasafre et Marc Duquet, Oiseaux de France et d’Europe, Londres, Larousse, (ISBN 2-03-560311-0)
  6. a et b André Bossus et François Charron, Guide des chants d’oiseaux d’Europe occidentale, Paris, Delachaux et Niestlé,
  7. Tifany Volle, Sébastien Derégnaucourt, Rémi Chambon et Tudor-Ion Draganoiu, « Discrimination entre les chants du micro-dialecte local et les chants étrangers chez un oiseau chanteur, le rougequeue noir, Phoenicurus ochruros », 52ème Colloque de la Société Française pour l'Etude du Comportement Animal,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Oiseaux.net
  9. Le statut juridique des oiseaux sauvages en France, Ligue pour la protection des oiseaux

Annexes

Liens externes

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Bibliographie

  • Jiří Félix, Oiseaux des Pays d'Europe, Paris, Gründ, coll. « La Nature à livre ouvert », , 17e éd., 320 p., 22 cm × 30 cm (ISBN 2-7000-1504-5), p. 261
  • Guy Mountfort et P.A.D Hollom, Guide des oiseaux de France et d'Europe, Delachaux et Niestlé, coll. « Les guides du naturaliste», Paris, 1994.