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Æpyornis

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Les æpyornis ou oiseaux-éléphants (genre éteint Aepyornis) étaient des oiseaux géants, faisant partie des ratites (autruches, émeus, nandous…). Ils vivaient exclusivement à Madagascar.

Description

L'oiseau-éléphant mesurait de 3 à 3,5 m de haut et pesait de 350 à 450 kg (jusqu'à 500 kg pour les plus gros mâles). Malgré leur taille remarquable, les oiseaux-éléphant n'étaient pas les oiseaux les plus grands. Ils ont été dépassés par le Moa géant qui pouvait atteindre 4 mètres. Aepyornis reste cependant l'oiseau le plus lourd du monde ayant existé. Ces oiseaux étaient incapables de voler. Disparus plutôt aux alentours de l’an 1000 qu'au XVIIe ou XVIIIe siècle[1],[2], les aepyornis ont côtoyé les premiers hommes arrivant à Madagascar. Encore aujourd'hui, les Malgaches peuvent trouver des œufs intacts qu'ils utilisent comme urnes. Dans certains cas, ces œufs ont une circonférence de plus de 1 mètre, une longueur pouvant atteindre 34 centimètres, et un volume de 9 litres ; plus de sept fois le volume d'un œuf d'autruche[3].

Biogéographie et alimentation

Tout comme le casoar, l'autruche, le nandou, l'émeu et le kiwi, les æepyornis étaient des ratites ; ils ne pouvaient pas voler et ne possédaient pas de bréchet à l'inverse des autres oiseaux. Comme Madagascar et l'Afrique se sont séparés avant l'apparition des ratites, on pense que leurs ancêtres, de petite taille, on pu arriver sur l'île sur des radeaux forestiers arrachés à l'Afrique par des cyclones, ou bien en volant, et qu'ensuite les æpyornis sont devenus géants et aptères, se diversifiant in situ.

On ne sait pas avec certitude si les æpyornis étaient adaptés aux forêts denses comme les casoars actuels. Cependant, certains fruits forestiers à noyaux durs auraient pu être adaptés au passage dans le système digestif d'un ratite.

Disparition

La période exacte de la disparition des æpyornis n'est pas connue avec certitude ; des histoires mettant en scène ces oiseaux géants ont pu persister durant des siècles dans la mémoire collective. Un os d'æpyornis fut trouvé et daté au carbone 14 de l'an 120. Cet os présentait des signes de découpes. Une coquille d'œuf fut datée de l'an 1000.

D'après les affirmations d'un colon, recueillies en 1924 par M. Humbert, botaniste à la faculté des sciences d'Alger, une femme malgache lui aurait raconté qu'un oiseau géant fut tué en 1890 par les gens du roi des Manikoros (au nord de Tuléar), dans un marais, à la suite d'un cyclone[4]. Par ailleurs, après de nombreuses tentatives infructueuses, les molécules d'ADN d'un œuf d'æpyornis ont été extraites avec succès par un groupe de chercheurs internationaux et les résultats ont été publiés dans la rubrique « Proceedings » de la Royal Society britannique.

On pense souvent que l'activité humaine est la cause de l'extinction des æpyornis. Ces oiseaux étaient certes discrets, mais de grande taille et avaient une large répartition à Madagascar. L'Homme n'avait pas de mal à suivre leurs traces (pas, fientes, plumes) et leurs œufs étaient également vulnérables. Des archéologues ont récemment trouvé des restes de coquilles d'œufs parmi d'anciens foyers humains, suggérant que les œufs fournissaient régulièrement des repas pour des familles entières. Il ne devait pas y avoir de tabous contre la chasse et l'abattage des oiseaux adultes, car on trouve des preuves qu'ils étaient tués. Des animaux apportés de l'extérieur, comme rats ou chiens, ont également pu manger les œufs d'æpyornis et ainsi empêcher le renouvellement de l'espèce.

Une autre hypothèse exonère la chasse ou le prélèvement des œufs, et soutient que la disparition totale d'æpyornis sur un laps de temps très court pourrait être la conséquence de zoonoses transmises par les volailles élevées par les humains. En effet, des os d'oiseaux domestiques ont été trouvés dans des gisements sub-fossiles où se trouvaient également des os d'æpyornis.

Une troisième théorie explique l'extinction des oiseaux-éléphants par le changement du climat. Une sécheresse intense à Madagascar au début de l'Holocène couplée à l'activité humaine aurait pu avoir raison des æpyornis.

Légendes

La légende de l'oiseau « Rokh » des récits arabes notamment dans les Mille et Une Nuits, ainsi que les récits malgaches au sujet du « Vorompatra » (« oiseau géant des marais ») sont peut-être en relation avec l'æpyornis[5].

Dans le conte des Mille et Une Nuits (traduction d'Antoine Galland), Sindbad, au cours de son deuxième voyage, oublié par l'équipage sur une île où le vaisseau fit escale, découvre que la cause d'une obscurité soudaine est "un oiseau d'une grandeur et d'une grosseur extraordinaires" : "Je me souvins d'un oiseau appelé Roc, dont j'avais entendu parler aux matelots."[6]

Légende reprise par Ibn Battuta et dont il n'hésite pas à témoigner de visu ! « Au quarante-troisième jour, nous vîmes, après l'aurore, une montagne dans la mer… J'aperçus les marins qui pleuraient, se disant mutuellement adieu, et je dis : Qu'avez-vous donc ? Ils me répondirent : Hélas, ce que nous avions pris pour une montagne, c'est le Rukh ; s'il nous voit, il nous fera périr. »[7]

Liste des espèces

Voir aussi

Liens internes

Références

  1. Il était une fois nos ancêtres, une histoire de l’évolution, Chapitre Les Sauropsidés, Richard Dawkins.
  2. Eric Buffetaut, Des Mille et une nuits aux oiseaux géants malgaches, Pour la science, no 447 (janvier 2015), p. 70-74 : fait référence à Flacourt qui n'évoque qu'une espèce d'autruche, non géante.
  3. Photos en ligne du Museum National d'Irlande.
  4. Institut Virtuel de Cryptozoologie
  5. Buffetaut, op. cit.
  6. Jared Diamond, Le troisième chimpanzé (The Third Chimpanzee), Gallimard, , 698 p., p.571
  7. Ibn Battûta, Voyages - III. Inde, Extrême-Orient, Espagne et Soudan, traduit de l’arabe par Defremery et Sanguinetti (1858), Maspero, Paris 1982.