I have a dream
I have a dream (« J'ai un rêve ») est à la fois le nom du discours le plus célèbre de Martin Luther King et le point d'orgue du Mouvement des droits civiques. Ce discours, prononcé le , devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C., est généralement considéré comme l'un des plus grands et des plus marquants du XXe siècle[1]. Selon le député américain John Lewis, qui prit également la parole ce jour là au nom du Comité de coordination des étudiants non violents. « En parlant comme il l'a fait, il a éduqué, il a inspiré, il a guidé non pas simplement les gens qui étaient là, mais les gens partout en Amérique ainsi que les générations à venir »[2].
Passage le plus connu
Ce message d'espoir est célèbre dans le monde entier, bien au-delà des frontières des États-Unis.
Le discours fut prononcé sur les marches du Lincoln Memorial pendant la Marche vers Washington pour le travail et la liberté à Washington, D.C. le . Il illustre clairement le désir de voir à l'avenir les Noirs et les Blancs coexister en harmonie et vivre égaux.
Le titre du discours, I have a dream, vient de son passage le plus connu où Luther King utilise ces mots comme anaphore.
Allusions et citations
En plus de sa vive rhétorique, il introduisit plusieurs citations soigneusement choisies et des allusions politiques et religieuses pour renforcer son propos. Dans l'ordre d'apparition :
Premièrement, à Abraham Lincoln, pour son Discours de Gettysburg et pour la Proclamation d'émancipation (lors de son discours, Martin Luther King se tenait au pied de la statue de Lincoln) :
« Five score years ago, a great American, in whose symbolic shadow we stand today, signed the Emancipation Proclamation. »
— « Il y a cent ans, un grand Américain, dans l'ombre symbolique duquel nous nous tenons aujourd'hui, a signé la Proclamation d'Émancipation. »
Aux documents fondateurs des États-Unis d'Amérique (Constitution et Déclaration d'indépendance) :
« I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed: “We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal." »
— « Je fais le rêve qu'un jour cette nation se lèvera et vivra le vrai sens de sa foi : « Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux. » »
« When the architects of our republic wrote the magnificent words of the Constitution and the Declaration of Independence, they were signing a promissory note to which every American was to fall heir. This note was a promise that all men, yes, black men as well as white men, would be guaranteed to the inalienable rights of life liberty and the pursuit of happiness. »
— « Quand les architectes de notre république écrivirent les textes magnifiques de la Constitution et de la Déclaration d'Indépendance, ils signèrent un billet à ordre que chaque Américain allait retrouver dans son héritage. C'était la promesse que chacun – oui, les noirs tout autant que les blancs – serait assuré de son droit inaliénable à la vie, à la liberté et à la quête du bonheur. »
À Amos 5:24 :
« we are not satisfied and we will not be satisfied until justice rolls down like waters and righteousness like a mighty stream. »
— « nous ne sommes pas satisfaits et nous ne serons satisfaits que le jour où la justice se déversera comme un torrent et la droiture comme un fleuve puissant. »
À Isaïe 40:4-5 :
« I have a dream that one day every valley shall be exalted, and every hill and mountain shall be made low, the rough places will be made plain, and the crooked places will be made straight, and the glory of the Lord shall be revealed and all flesh shall see it together. »
— « Je fais le rêve qu'un jour chaque vallée s'élèvera et chaque colline et montagne sera aplanie, les endroits rugueux seront lissés et les endroits tortueux redressés, et la gloire du Seigneur sera révélée et tous les êtres faits de chair la verront ensemble. »
À la chanson My Country, 'Tis of Thee :
« this will be the day when all of God's children will be able to sing with new meaning "My country 'tis of thee, sweet land of liberty, of thee I sing. Land where my father's died, land of the Pilgrim's pride, from every mountainside, let freedom ring!" »
— « tous les enfants de Dieu pourront chanter avec un sens nouveau cette chanson patriotique, « Mon pays, c'est de toi, douce patrie de la liberté, c'est de toi que je chante. Terre où reposent mes aïeux, fierté des pèlerins, de chaque montagne, que la liberté retentisse ! »
Enfin, aux mots du vieux negro spiritual Free at Last :
« Free at last! Free at last! Thank God Almighty, we are free at last! »
— « Enfin libres ! Enfin libres ! Dieu Tout-Puissant merci, nous sommes enfin libres ! »
La controverse du droit d'auteur
Pendant plusieurs années, le discours a fait l'objet de différentes affaires juridiques concernant le droit d'auteur. La controverse reposait sur le fait que King avait fait son discours publiquement devant un large auditoire, discours retransmis à la télévision, et que ce n'est qu'un mois plus tard qu'il en avait enregistré le droit d'auteur (comme exigé alors par la loi américaine). Finalement, le , dans la Succession de Martin Luther King, Jr. contre CBS, Inc., la Cour d'appel des États-Unis pour le onzième circuit (United States Court of Appeals for the Eleventh Circuit) a statué que la diffusion publique du discours ne constituait qu'une « publication restreinte », et que les ayants droit n'étaient pas déchus de leur droit d'auteur. Ainsi ils peuvent exiger une licence pour la rediffusion du discours, que ce soit dans un programme de télévision, un livre historique, une représentation théâtrale ou autre.
La société EMI Publishing en gère les droits pour les héritiers depuis 2009[3] et la seule façon légale de voir et entendre le discours dans son intégralité est d'acheter le DVD vendu par le King Center (Atlanta, Géorgie) pour 20 dollars[4]. Le discours passera dans le domaine public en 2038, soixante-dix ans après la mort de son auteur[3].
Bibliographie
- Martin Luther King, « Je fais un rêve ». Les grands textes du pasteur noir, Paris, Bayard, 1987, 2e édition 1998, pp. 62-69.
Notes et références
Notes
Références
- (en) Stephen Lucas et Martin Medhurst, « "I Have a Dream" Speech Leads Top 100 Speeches of the Century », University of Wisconsin News, University of Wisconsin–Madison, (lire en ligne).
- (en) « A "Dream" Remembered », NewsHour, .
- Le « rêve » de Martin Luther King interdit sur Internet - Libération, 28 août 2013
- (en) Why you won’t see or hear the ‘I have a dream’ speech - Josh Schiller, The Washington Post, 28 août 2013
Liens externes
- (en) Texte du discours sur le site de Steve Mount
- (en) Audio MP3 complet et texte du discours
- [vidéo] Discours sous-titré en français sur Dailymotion