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Dans son livre sur la Foi - On ira tous au Paradis - l'auteur interroge la thèse selon laquelle Dieu serait mort. En trois chapitres - Dieu expire, Dieu inspire, Dieu respire - il montre comment la foi moderne a été ébranlée. Dans le chapitre I, il retrace le putsch des philosophes et la tyrannie de la marchandise pour expliquer ce qui a structuré la croyance athée. Dans le chapitre II, il met en évidence les résistances à la mort de Dieu (la réouverture des églises dans l'ex-URSS, l'implication des religions dans les débats bio-éthiques, l'idée de Dieu comme principe de l'Encyclopédie et pulsion de vérité). Dans le chapitre III, le philosophe décrit la prière comme force psychique et sociale, mais aussi comme émotion qui témoigne d'une surabondance de vie: la première demande, la seconde offre. Fidèle à Bergson, l'auteur signale que prier consiste à redonner à l'humanité un élan qui s'est figé dans la technique. La vie pneumatique est augmentée, quand la vie technique est sclérosée. |
Dans son livre sur la Foi - On ira tous au Paradis - l'auteur interroge la thèse selon laquelle Dieu serait mort. En trois chapitres - Dieu expire, Dieu inspire, Dieu respire - il montre comment la foi moderne a été ébranlée. Dans le chapitre I, il retrace le putsch des philosophes et la tyrannie de la marchandise pour expliquer ce qui a structuré la croyance athée. Dans le chapitre II, il met en évidence les résistances à la mort de Dieu (la réouverture des églises dans l'ex-URSS, l'implication des religions dans les débats bio-éthiques, l'idée de Dieu comme principe de l'Encyclopédie et pulsion de vérité). Dans le chapitre III, le philosophe décrit la prière comme force psychique et sociale, mais aussi comme émotion qui témoigne d'une surabondance de vie: la première demande, la seconde offre. Fidèle à Bergson, l'auteur signale que prier consiste à redonner à l'humanité un élan qui s'est figé dans la technique. La vie pneumatique est augmentée, quand la vie technique est sclérosée. |
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Dans son "Apologie de la Punition", Emmanuel Jaffelin montre que nos sociétés opposent les cols blancs - juges et avocats - aux cols bleus: les gardiens de prison. La punition n'a pas été pensée en Occident. Elle débouche sur la détention de corps dans un lieu - la prison - qui génère de la violence en son sein et à l'extérieur en favorisant la récidive. Penser la punition consiste ainsi à l'arracher au monopole juridique auquel elle se trouve rivée et condamnée. Le philosophe montre ainsi que la punition a déserté deux domaines: l'école et la famille. Qu'elle se montre ambiguë dans le sport: l'arbitre "punit" le sportif sur le terrain, mais le dopage, qui est le vrai moteur de cette activité sociale en compétition, est mollement puni par la justice afin que le spectacle continue. Seule la diplomatie revalorise la punition avec l'invention des États-voyous - les Rogue states - dont les États-Unis dresse une liste et qu'ils punissent avec la complicité d'autres États, dont des démocraties! Dans ce dernier cas, la punition reprend à l'extérieur une dimension morale qu'elle a délaissée au sein de l'État. Emmanuel Jaffelin, après avoir rappelé l'histoire de la justice (vengeance, arbitrage de la responsabilité, arbitrage de la victimité), redéfinit la punition sur la base de trois piliers (le premier occidental, le second polynésien, le troisième indien nord-américain) et l'horizon du pardon. |
Dans son "Apologie de la Punition", Emmanuel Jaffelin montre que nos sociétés opposent les cols blancs - juges et avocats - aux cols bleus: les gardiens de prison. La punition n'a pas été pensée en Occident. Elle débouche sur la détention de corps dans un lieu - la prison - qui génère de la violence en son sein et à l'extérieur en favorisant la récidive. Penser la punition consiste ainsi à l'arracher au monopole juridique auquel elle se trouve rivée et condamnée. Le philosophe montre ainsi que la punition a déserté deux domaines: l'école et la famille. Qu'elle se montre ambiguë dans le sport : l'arbitre "punit" le sportif sur le terrain, mais le dopage, qui est le vrai moteur de cette activité sociale en compétition, est mollement puni par la justice afin que le spectacle continue. Seule la diplomatie revalorise la punition avec l'invention des États-voyous - les Rogue states - dont les États-Unis dresse une liste et qu'ils punissent avec la complicité d'autres États, dont des démocraties ! Dans ce dernier cas, la punition reprend à l'extérieur une dimension morale qu'elle a délaissée au sein de l'État. Emmanuel Jaffelin, après avoir rappelé l'histoire de la justice (vengeance, arbitrage de la responsabilité, arbitrage de la victimité), redéfinit la punition sur la base de trois piliers (le premier occidental, le second polynésien, le troisième indien nord-américain) et l'horizon du pardon. |
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== Bibliographie == |
== Bibliographie == |
Version du 4 janvier 2017 à 20:24
Emmanuel Jaffelin, né en 1963, est un philosophe et écrivain français.
Biographie
Agrégé de philosophie, Emmanuel Jaffelin est professeur de philosophie. Il a enseigné à Lyon, Fourmies, São Paulo (Brésil), Roubaix et en région parisienne, au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine[1]. Il a mené une carrière de diplomate en Afrique (Angola, 2009-2013) et en Amérique latine (Brésil, 2003-2007). Il enseigne actuellement au lycée Lakanal de Sceaux dans les Hauts-de-seine.
Travaux
Emmanuel Jaffelin a publié six livres : Éloge de la Gentillesse (2010, Bourin éditeur), Petit éloge de la Gentillesse (2011, éditions François Bourin; 2015, éditions J'ai Lu), On ira tous au Paradis (Croire en Dieu rend-il crétin ?, 2013, Flammarion), Apologie de la Punition (2014, Plon), Éloge de la gentillesse en entreprise (2015, First) et un Petit Cahier d'Exercices de Gentillesse (2016, Éditions Jouvence).
Il a notamment abordé la question carcérale sous l'angle d'une critique sévère du système pénitentiaire français dont il considère qu'il « ne fait plus sens »[2] en raison notamment de ses défaillances en matière de réinsertion[3],[4]. Il a régulièrement animé un atelier philosophique à la prison de Sequedin (Nord) de 2010 à 2012[5].
Dans ses quatre ouvrages sur la gentillesse, Emmanuel Jaffelin prône l'émergence d'une nouvelle éthique[6]. Il y défend une éthique de "Gente Dame" et de « Gentilhomme »[7] enracinée dans cette « vertu mineure »[8] qu'est la gentillesse, mais qui définit une morale plus accessible que les standards trop exigeants de la sainteté et du sage. Dès lors, la gentillesse aurait, selon Emmanuel Jaffelin, une efficacité particulière : « Sans faire de nous des Jésus ou des superhéros, elle a le pouvoir de nous élever un peu, de nous anoblir, en un minimum d’efforts. »[9]; et, par son caractère désintéressé, la gentillesse aurait le mérite d'échapper à toute instrumentalisation ou marchandisation[10].
L'éthique de la gentillesse révèle ainsi une morale du "service", non du "sacrifice". L'auteur distingue trois formes d'empathie: la brûlante (la sollicitude, à l'instar d'Amélie Poulain), la froide (le respect, dicté par le droit), et, entre ces deux extrêmes, la chaude (la gentillesse). La gentillesse se définit comme le fait de rendre service à quelqu'un qui vous le demande. Elle fonde une triple éthique. Elle se présente d'abord comme une éthique de la "douceur" vertu "chaude et caressante"[11].La gentillesse exprime ensuite une éthique "impressionniste" qui agit par petites touches - les différents services que nous pouvons rendre dans la rue ou sur notre lieu de travail - à la différence des éthiques "impressionnantes" des grandes sagesses (stoïcisme et épicurisme)[12].L'éthique de la gentillesse doit se comprendre enfin comme une éthique du "pouvoir", non comme une morale du "devoir"[13]: je suis gentil quand je peux, quand je veux, mais certainement pas quand je dois! Empathie oblige. Dans son "Éloge de la gentillesse en entreprise", Emmanuel Jaffelin défend l'idée selon laquelle l'entreprise postmoderne doit faire des R.H (Relations humaines) et du management l'occasion d'anoblir l'humanité par des petits gestes qui s'opposent au modèle des process. Si la noblesse de l'aristocratie d'autrefois relevait de la naissance et s'exprimait par une particule, celle d'aujourd'hui se caractérise par l'essence de l'homme capable d'abandonner ponctuellement par empathie des particules de lui-même dans ses petits gestes serviables.
Dans son livre sur la Foi - On ira tous au Paradis - l'auteur interroge la thèse selon laquelle Dieu serait mort. En trois chapitres - Dieu expire, Dieu inspire, Dieu respire - il montre comment la foi moderne a été ébranlée. Dans le chapitre I, il retrace le putsch des philosophes et la tyrannie de la marchandise pour expliquer ce qui a structuré la croyance athée. Dans le chapitre II, il met en évidence les résistances à la mort de Dieu (la réouverture des églises dans l'ex-URSS, l'implication des religions dans les débats bio-éthiques, l'idée de Dieu comme principe de l'Encyclopédie et pulsion de vérité). Dans le chapitre III, le philosophe décrit la prière comme force psychique et sociale, mais aussi comme émotion qui témoigne d'une surabondance de vie: la première demande, la seconde offre. Fidèle à Bergson, l'auteur signale que prier consiste à redonner à l'humanité un élan qui s'est figé dans la technique. La vie pneumatique est augmentée, quand la vie technique est sclérosée.
Dans son "Apologie de la Punition", Emmanuel Jaffelin montre que nos sociétés opposent les cols blancs - juges et avocats - aux cols bleus: les gardiens de prison. La punition n'a pas été pensée en Occident. Elle débouche sur la détention de corps dans un lieu - la prison - qui génère de la violence en son sein et à l'extérieur en favorisant la récidive. Penser la punition consiste ainsi à l'arracher au monopole juridique auquel elle se trouve rivée et condamnée. Le philosophe montre ainsi que la punition a déserté deux domaines: l'école et la famille. Qu'elle se montre ambiguë dans le sport : l'arbitre "punit" le sportif sur le terrain, mais le dopage, qui est le vrai moteur de cette activité sociale en compétition, est mollement puni par la justice afin que le spectacle continue. Seule la diplomatie revalorise la punition avec l'invention des États-voyous - les Rogue states - dont les États-Unis dresse une liste et qu'ils punissent avec la complicité d'autres États, dont des démocraties ! Dans ce dernier cas, la punition reprend à l'extérieur une dimension morale qu'elle a délaissée au sein de l'État. Emmanuel Jaffelin, après avoir rappelé l'histoire de la justice (vengeance, arbitrage de la responsabilité, arbitrage de la victimité), redéfinit la punition sur la base de trois piliers (le premier occidental, le second polynésien, le troisième indien nord-américain) et l'horizon du pardon.
Bibliographie
- Éloge de la gentillesse, François Bourin Éditeur, , 230 p. (ISBN 978-2849412008)
- Petit éloge de la gentillesse, François Bourin Éditeur, , 130 p. (ISBN 978-2849412695)
- On ira tous au paradis : Croire en Dieu rend-il crétin ?, Flammarion, coll. « Antidote », , 128 p. (ISBN 978-2081270749)
- Apologie de la punition, Plon, , 300 p. (ISBN 978-2259222495)
- Éloge de la gentillesse en entreprise, First éditi, 2015, 205 p. (ISBN 275-4076255)
- Petit Cahier d’exercices de gentillesse, Éditions Jouvence, 2016, 63 p. (ISBN 978-2-88911-705-5)
Notes et références
- "Emmanuel Jaffelin : quand la gentillesse anoblit le cœur, apparaît le gentilhomme", La Voix du Nord, 13/11/2010
- « Un système absurde dans une démocratie moderne », article d'Emmanuel Jaffelin dans Le Monde, 2009.
- « Prisons, comment effacer la honte ? », interview d'Emmanuel Jaffelin dans Le Monde, 2009.
- « La peine de mort n'a pas été abolie en France », Ouest France, 2010.
- « Des ateliers de philo à la prison de Sequedin », La Voix du Nord, 2010.
- « La gentillesse », intervention d'Emmanuel Jaffelin dans Les Racines du Ciel sur France Culture, 2010.
- « Quand la gentillesse annoblit le cœur, apparait le gentilhomme », La Voix du Nord, 2010.
- « Enfants de cœur », Libération, 2010.
- « La gentillesse : une faiblesse ? », Psychologies magazine, 2010.
- « L'amitié échappe-t-elle encore à la marchandisation ? », intervention d'Emmanuel Jaffelin sur Europe 1, 2010.
- Petit éloge de la gentillesse, chapitre II, p. 65
- Petit éloge de la gentillesse, chapitre II, p. 82
- Petit éloge de la gentillesse chapitre II, p. 102.