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La '''bibliothèque de la Paix''', aussi intitulée en latin ''Bibliotheca Pacis,'' aurait été fondée en l’an 75 après J-C par l’empereur flavien [[Vespasien]]. Elle aurait été située sur le site du [[Forum de la Paix|forum de la paix]] à l’intérieur du Temple de la paix. Celui-ci a été édifié entre 71 et 75 après J-C afin de commémorer la victoire de l’empereur romain sur les Juifs de Judée, ainsi que la guerre civile survenue à la suite de la mort de l’empereur [[Néron]] en l’an 68 après J-C<ref name="The Temple of Peace in Rome">{{Ouvrage|prénom1=Pier Luigi|nom1=Tucci|titre=The Temple of Peace in Rome|éditeur=Cambridge University Press|date=2018-01-06|isbn=978-1-316-79571-2|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1017/9781316795712|consulté le=2021-11-09}}</ref>.
La '''bibliothèque de la Paix''' (en latin : ''{{lang|la|Bibliotheca Pacis}}'') ou '''bibliothèque du forum de la Paix''' est située dans le temple de la Paix sur le [[forum de la Paix]] ou y est étroitement attachée.


Cette bibliothèque abritait différentes collections ayant pour sujet la philosophie, l’histoire et la médecine<ref name="The Temple of Peace in Rome" />. Elle regorgeait également de divers trésors littéraires rapportés par Vespasien de Jérusalem, ainsi que des travaux célèbres d'artistes grecs<ref>{{Ouvrage|prénom1=Samuel Ball|nom1=Platner|titre=A Topographical Dictionary of Ancient Rome|éditeur=Cambridge University Press|date=2015|isbn=978-1-316-21970-6|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1017/cbo9781316219706|consulté le=2021-11-09}}</ref>.
Elle est édifiée en même temps que le [[forum de la Paix]], entre [[71]] et [[75|75 {{ap JC}}]], et est inaugurée cette année-là.


== Histoire ==
Dans cette [[bibliothèque]] se trouvent {{Référence souhaitée|divers trésors littéraires rapportés par [[Vespasien]] de [[Jérusalem]], ainsi que des travaux célèbres d'artistes grecs.}}
En l’an 71, l’empereur Vespasien ordonna la construction du Temple de la paix afin d’affirmer son triomphe face aux [[Première guerre judéo-romaine|Juifs de Judée]]. Inauguré en l’an 75, le Temple de la paix constituait un espace culturel et public de forme rectangulaire. À l’intérieur, ce complexe multifonction comportait notamment la ''Bibliotheca Pacis,'' mais son emplacement spécifique fait, à ce jour, l’objet de débat auprès des chercheurs<ref name="Lopez">{{Article|nom1=Lopez Garcia|nom2=Bueno Guardia|titre=Typology and Multifunctionality of Public Libraries in Rome and the Empire|périodique=Journal of Eastern Mediterranean Archaeology & Heritage Studies|volume=9|numéro=3|date=2021|issn=2166-3548|doi=10.5325/jeasmedarcherstu.9.3.0247|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.5325/jeasmedarcherstu.9.3.0247|consulté le=2021-11-09|pages=247}}</ref>. Par exemple, Palombi considère que cette bibliothèque se trouvait dans le hall derrière le mur du [[Forma Urbis]]<ref>{{Article|auteur1=Palombi, D.|titre=Medici al templum Pacis|périodique=La biblioteca infinita|date=2014|pages=337-342}}</ref>, tandis que Tucci émet l’hypothèse que celle-ci était située dans le hall central orienté vers le [[Voie Sacrée (Rome)|Via Sacra]]<ref name="The Temple of Peace in Rome" />. De plus, les recherches actuelles ne permettent pas de valider la présence de la Bibliothèque durant la phase de création du complexe par Vespasien : les premières preuves certaines de sa création remontent au milieu du second siècle après J-C<ref>{{Article|prénom1=Carlos F.|nom1=Noreña|titre=Medium and Message in Vespasian's Templum Pacis|périodique=Memoirs of the American Academy in Rome|volume=48|date=2003|issn=0065-6801|doi=10.2307/4238803|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.2307/4238803|consulté le=2021-11-09|pages=25}}</ref>. Ainsi, sa localisation et le moment de sa création exacts demeurent incertains.
[[File:INC-1840-r Ауреус Веспасиан ок. 73 г. (реверс).png|thumb|gauche|PAX AVG(VSTA). Image de la Paix sur une [[Aureus|monnaie d'or]] de Vespasien frappée en 73.]]
[[File:Peracvestigi157506.jpg|thumb|redresse=1.3|Ruines du temple de la Paix, gravure d'[[Étienne Dupérac]], 1575.]]
Le Temple de la paix et sa bibliothèque constituaient l’une des figures architecturales emblématiques de l’idéologie de [[Pax Romana|Pax]]<ref>Cox, S. E. (2006). ''Rome restored: The themes of pax and restitutio under Vespasian and Titus''. Columbia University.</ref>. Cette idéologie fait référence à la déesse romaine du même nom qui incarnait la personnalisation du concept de la paix dans la Rome antique. Elle fut l’inspiration à la base de la construction des monuments sous le règne de Vespasien.  En opposition à son prédécesseur [[Néron]], Vespasien a construit cet espace public pour offrir à sa population des œuvres d’art et littéraires auparavant séquestrées par le régime néronien<ref>{{Article|prénom1=John|nom1=Osborne|titre=The Jerusalem Temple treasure and the church of Santi Cosma e Damiano in Rome|périodique=Papers of the British School at Rome|volume=76|date=2008-11|issn=0068-2462|issn2=2045-239X|doi=10.1017/s0068246200000453|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1017/s0068246200000453|consulté le=2021-11-09|pages=173–181}}</ref>. La ''Bibliotheca Pacis'' et ses lieux adjacents matérialisaient le désir de Vespasien de construire un espace ludique signifiant la stabilité et la paix sous son autorité. L’intégration d’une bibliothèque dans un espace multifonctionnel constituait une innovation ayant joué un rôle clé dans le développement des futures bibliothèques de Rome et de la [[Méditerranée orientale]] comme la [[Bibliothèque Ulpia|Bibliotheca Ulpia]] et celle d’[[Bibliothèque d'Hadrien|Hadrien]]<ref name="Lopez" />.


La bibliothèque de la Paix a connu bon nombre de changements dans son architecture et son usage. En l’an 192 après J-C, l'incendie de [[Commode (empereur)|Commode]] ravagea la bibliothèque et son temple. Elle fut ensuite restaurée sous [[Septime Sévère]] vers l’an 203 après J-C<ref>{{Article|auteur1=Benario, Herbert W.|titre=Rome of the Severi|périodique=Latomus 17|date=1958|format=https://www.jstor.org/stable/41521568?seq=1#metadata_info_tab_contents|pages=712-722}}</ref>. Vers l’an 309, l’empereur [[Maxence (empereur romain)|Maxence]] ordonna la construction d’un vestibule circulaire mesurant seize mètres de diamètre à l’avant de la Bibliothèque de la Paix. C'est probablement lui qui donna à l'ensemble le nom de [[temple de Romulus]] en l’honneur de son fils décédé à l’âge de cinq ans<ref>{{Article|auteur1=Scandolo, L., & Podestà,|titre=Numerical seismic response analysis of multidrum ancient columns|périodique=9th International Conference on Structural Analysis of Historical Constructions|date=2014}}</ref>. Entre 526 et 530, le pape [[Félix IV]] transforma la ''Bibliotheca Pacis'' en une [[Basilique (christianisme)|basilique chrétienne]] dédiée aux jumeaux martyrs [[Côme et Damien]]<ref>{{Article|prénom1=Zenonas|nom1=Danilevicius|titre=SS. Cosmas and Damian|périodique=JAMA|volume=201|numéro=13|date=1967-09-25|issn=0098-7484|doi=10.1001/jama.1967.03130130047012|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1001/jama.1967.03130130047012|consulté le=2021-11-09|pages=1021}}</ref>, financée par les dons du roi [[Théodoric le Grand]] et de sa fille [[Amalasonte]]. Cette conversion chrétienne de la ''Bibliotheca Pacis'' mit un terme à cette institution littéraire.
{{Référence souhaitée|Elle contient aussi les archives de la [[Préfet de Rome|préfecture urbaine]], les plans [[cadastre|cadastraux]] et une série de documents concernant les travaux [[Édile (Rome antique)|édilitaires]] réalisés notamment sous [[Vespasien]] et [[Septime Sévère]].}}


== Références littéraires ==
Elle est mentionné dans les ''Nuits attiques'' d’[[Aulu-Gelle]], celui-ci indiquant qu'il y consulte les commentaires sur les aphorismes de Lucius Aelius<ref>Aulu-Gelle, ''{{lang|la|Noctes Atticae}}'' [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/aulugelle/livre16.htm#VIII XVI, VIII], II</ref>.
La Bibliothèque de la Paix est mentionnée dans les ''[[Nuits attiques]]'' d’[[Aulu-Gelle]], celui-ci indiquant qu'il y consulte les commentaires sur les aphorismes de [[Lucius Aelius]].

== Article connexe ==
* [[Forum de la Paix]]
* [[Arc de Titus]]


== Références ==
== Références ==
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[[Catégorie:Velia (Rome antique)]]
[[Catégorie:Velia (Rome antique)]]
[[Catégorie:Forums impériaux]]
[[Catégorie:Forum impérial]]
[[Catégorie:Bibliothèque à Rome|Paix]]
[[Catégorie:Bibliothèque à Rome|Paix]]
[[Catégorie:Vespasien]]

Dernière version du 25 décembre 2024 à 22:08

Bibliothèque de la Paix
Image illustrative de l’article Bibliothèque de la Paix
Carte du monde, manuscrit du commentaire de Macrobe sur le Songe de Scipion de Cicéron

Lieu de construction Regio IV Templum Pacis
Forums impériaux
Date de construction 75 apr. J.-C.
Ordonné par Vespasien
Type de bâtiment Bibliothèque
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel.
Carte de la Rome antique montrant la localisation de Bibliothèque de la Paix.
Bibliothèque de la Paix
Localisation de la bibliothèque dans la Rome antique (en rouge)

Coordonnées 41° 53′ 33″ nord, 12° 29′ 15″ est
Liste des monuments de la Rome antique

La bibliothèque de la Paix, aussi intitulée en latin Bibliotheca Pacis, aurait été fondée en l’an 75 après J-C par l’empereur flavien Vespasien. Elle aurait été située sur le site du forum de la paix à l’intérieur du Temple de la paix. Celui-ci a été édifié entre 71 et 75 après J-C afin de commémorer la victoire de l’empereur romain sur les Juifs de Judée, ainsi que la guerre civile survenue à la suite de la mort de l’empereur Néron en l’an 68 après J-C[1].

Cette bibliothèque abritait différentes collections ayant pour sujet la philosophie, l’histoire et la médecine[1]. Elle regorgeait également de divers trésors littéraires rapportés par Vespasien de Jérusalem, ainsi que des travaux célèbres d'artistes grecs[2].

En l’an 71, l’empereur Vespasien ordonna la construction du Temple de la paix afin d’affirmer son triomphe face aux Juifs de Judée. Inauguré en l’an 75, le Temple de la paix constituait un espace culturel et public de forme rectangulaire. À l’intérieur, ce complexe multifonction comportait notamment la Bibliotheca Pacis, mais son emplacement spécifique fait, à ce jour, l’objet de débat auprès des chercheurs[3]. Par exemple, Palombi considère que cette bibliothèque se trouvait dans le hall derrière le mur du Forma Urbis[4], tandis que Tucci émet l’hypothèse que celle-ci était située dans le hall central orienté vers le Via Sacra[1]. De plus, les recherches actuelles ne permettent pas de valider la présence de la Bibliothèque durant la phase de création du complexe par Vespasien : les premières preuves certaines de sa création remontent au milieu du second siècle après J-C[5]. Ainsi, sa localisation et le moment de sa création exacts demeurent incertains.

PAX AVG(VSTA). Image de la Paix sur une monnaie d'or de Vespasien frappée en 73.
Ruines du temple de la Paix, gravure d'Étienne Dupérac, 1575.

Le Temple de la paix et sa bibliothèque constituaient l’une des figures architecturales emblématiques de l’idéologie de Pax[6]. Cette idéologie fait référence à la déesse romaine du même nom qui incarnait la personnalisation du concept de la paix dans la Rome antique. Elle fut l’inspiration à la base de la construction des monuments sous le règne de Vespasien.  En opposition à son prédécesseur Néron, Vespasien a construit cet espace public pour offrir à sa population des œuvres d’art et littéraires auparavant séquestrées par le régime néronien[7]. La Bibliotheca Pacis et ses lieux adjacents matérialisaient le désir de Vespasien de construire un espace ludique signifiant la stabilité et la paix sous son autorité. L’intégration d’une bibliothèque dans un espace multifonctionnel constituait une innovation ayant joué un rôle clé dans le développement des futures bibliothèques de Rome et de la Méditerranée orientale comme la Bibliotheca Ulpia et celle d’Hadrien[3].

La bibliothèque de la Paix a connu bon nombre de changements dans son architecture et son usage. En l’an 192 après J-C, l'incendie de Commode ravagea la bibliothèque et son temple. Elle fut ensuite restaurée sous Septime Sévère vers l’an 203 après J-C[8]. Vers l’an 309, l’empereur Maxence ordonna la construction d’un vestibule circulaire mesurant seize mètres de diamètre à l’avant de la Bibliothèque de la Paix. C'est probablement lui qui donna à l'ensemble le nom de temple de Romulus en l’honneur de son fils décédé à l’âge de cinq ans[9]. Entre 526 et 530, le pape Félix IV transforma la Bibliotheca Pacis en une basilique chrétienne dédiée aux jumeaux martyrs Côme et Damien[10], financée par les dons du roi Théodoric le Grand et de sa fille Amalasonte. Cette conversion chrétienne de la Bibliotheca Pacis mit un terme à cette institution littéraire.

Références littéraires

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La Bibliothèque de la Paix est mentionnée dans les Nuits attiques d’Aulu-Gelle, celui-ci indiquant qu'il y consulte les commentaires sur les aphorismes de Lucius Aelius.

Article connexe

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Références

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  1. a b et c Pier Luigi Tucci, The Temple of Peace in Rome, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-316-79571-2, lire en ligne)
  2. Samuel Ball Platner, A Topographical Dictionary of Ancient Rome, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-316-21970-6, lire en ligne)
  3. a et b Lopez Garcia et Bueno Guardia, « Typology and Multifunctionality of Public Libraries in Rome and the Empire », Journal of Eastern Mediterranean Archaeology & Heritage Studies, vol. 9, no 3,‎ , p. 247 (ISSN 2166-3548, DOI 10.5325/jeasmedarcherstu.9.3.0247, lire en ligne, consulté le )
  4. Palombi, D., « Medici al templum Pacis », La biblioteca infinita,‎ , p. 337-342
  5. Carlos F. Noreña, « Medium and Message in Vespasian's Templum Pacis », Memoirs of the American Academy in Rome, vol. 48,‎ , p. 25 (ISSN 0065-6801, DOI 10.2307/4238803, lire en ligne, consulté le )
  6. Cox, S. E. (2006). Rome restored: The themes of pax and restitutio under Vespasian and Titus. Columbia University.
  7. John Osborne, « The Jerusalem Temple treasure and the church of Santi Cosma e Damiano in Rome », Papers of the British School at Rome, vol. 76,‎ , p. 173–181 (ISSN 0068-2462 et 2045-239X, DOI 10.1017/s0068246200000453, lire en ligne, consulté le )
  8. Benario, Herbert W., « Rome of the Severi », Latomus 17,‎ , p. 712-722
  9. Scandolo, L., & Podestà,, « Numerical seismic response analysis of multidrum ancient columns », 9th International Conference on Structural Analysis of Historical Constructions,‎
  10. Zenonas Danilevicius, « SS. Cosmas and Damian », JAMA, vol. 201, no 13,‎ , p. 1021 (ISSN 0098-7484, DOI 10.1001/jama.1967.03130130047012, lire en ligne, consulté le )