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« Tablighi Jamaat » : différence entre les versions

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[[Fichier:Kakrail Mosque, Dhaka.jpg|thumb|[[Mosquée]] de Kakrail, [[Dacca|Dhâkâ]]. Base opératoire du mouvement au [[Bangladesh]].]]
[[Fichier:Kakrail Mosque, Dhaka.jpg|thumb|[[Mosquée]] de Kakrail, [[Dacca|Dhâkâ]]. Base opératoire du mouvement au [[Bangladesh]].]]


'''Tablighi Jamaat''' (en {{lang-ur|تبلیغی جماعت}}) ou la '''Djamā'at al-tablīgh''' (en {{lang-ar|جماعت التبليغ}}), c'est-à-dire, en français, '''Association pour la prédication'''<ref>L'article de ''l'Encyclopédie de l'islam'' s'intitule ''Tablīghī djamā'at'' et précise que l'équivalent en arabe est ''Djamā'at al-tablīgh''. On trouve dans la presse et dans les revues scientifiques francophones des articles qui emploient l'une ou l'autre appellation et l'accordent selon l'un ou l'autre genre.</ref>, ou simplement '''Tabligh''', est une société de prédication [[Islam|musulmane]] [[wikt:revivaliste|revivaliste]].


Elle est considérée comme prosélyte et ultrafondamentaliste<ref>{{Article |auteur1=Sylvain Mouillard |auteur2=Bernadette Sauvaget |titre=Au Collectif contre l’islamophobie, de la suite dans les données |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=03-04-2016 |pages= |issn= |lire en ligne=https://www.liberation.fr/france/2016/04/03/au-collectif-contre-l-islamophobie-de-la-suite-dans-les-donnees_1443712}}.</ref>.
'''Tablighi Jamaat''' (en {{lang-ur|تبلیغی جماعت}}) ou la '''Jamā'at al-tablīgh''' (en {{lang-ar|جماعة التبليغ}}), c'est-à-dire, en français, '''Association pour la prédication'''<ref>L'article de ''l'Encyclopédie de l'islam'' s'intitule ''Tablīghī djamā'at'' et précise que l'équivalent en arabe est ''Djamā'at al-tablīgh''. On trouve dans la presse et dans les revues scientifiques francophones des articles qui emploient l'une ou l'autre appellation et l'accordent selon l'un ou l'autre genre.</ref>, ou simplement '''Tabligh''', est une société de prédication [[Islam|musulmane]] [[wikt:revivaliste|revivaliste]]. Très influente dans l'islam au {{s-|XX}}, son nombre d'adhérents est estimé entre 12 et 150 millions<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=|prénom1=Ludwig W.|nom1=Adamec|titre=Historical Dictionary of Islam|passage=page 426|éditeur=Rowman & Littlefield|date=2016-12-14|isbn=978-1-4422-7724-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=zHCIDQAAQBAJ&pg=PA426&dq=one+of+the+most+influential+religious+movements+in+20th-century+Islam&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj3yq78jZvsAhVN5uAKHfMdDPsQ6AEwAHoECAQQAg#v=onepage&q=one%20of%20the%20most%20influential%20religious%20movements%20in%2020th-century%20Islam&f=false|consulté le=2020-10-04}}</ref>. Elle est considérée comme prosélyte et ultrafondamentaliste<ref>{{Article |auteur1=Sylvain Mouillard |auteur2=Bernadette Sauvaget |titre=Au Collectif contre l’islamophobie, de la suite dans les données |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=03-04-2016 |pages= |lire en ligne=https://www.liberation.fr/france/2016/04/03/au-collectif-contre-l-islamophobie-de-la-suite-dans-les-donnees_1443712}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Eugénie |nom=Bastié |titre=Islam radical : qu'est-ce que le mouvement tabligh ? |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/01/27/01016-20150127ARTFIG00202-islam-radical-qu-est-ce-que-le-mouvement-tabligh.php |site=Le Figaro.fr |date=2015-01-27 |consulté le=2020-10-04}}</ref>.

== Historique ==
== Historique ==
Ce mouvement est fondé par {{Lien|trad=Muhammad Ilyas Kandhlawi}}, un érudit musulman<ref>{{fr}} René Otayek et Benjamin F. Soares, [https://books.google.fr/books?id=9WF3NnuwIXIC&pg=PA192&dq=false#v=onepage&q&f=false ''Islam, État et société en Afrique''], éd. Karthala, 2009, {{p.|192}}.</ref> (1885-1944), créateur du slogan ''Aye Musalmano! Musalman bano'' (« Musulmans ! Soyez des musulmans. ») en 1927 dans la province [[Inde|indienne]] de {{Lien|trad=Mewat}} avec l'objectif de réislamiser les musulmans indiens<ref name="SUR331">Isabelle Surun (dir.), ''Les Sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960)'', Atlande, 2012, {{p.|331}}.</ref>.


=== En France ===
Ce mouvement est fondé par {{Lien|Muhammad Ilyas Kandhlawi}}, un érudit musulman<ref>{{fr}} [https://books.google.fr/books?id=9WF3NnuwIXIC&pg=PA192&dq=false#v=onepage&q&f=false René Otayek et Benjamin F. Soares, ''Islam, état et société en Afrique'', éd. Karthala, 2009, {{p.|192}}]</ref>.(1885-1944), créateur du slogan ''Aye Musalmano! Musalman bano'' (« Musulmans ! Soyez des musulmans. ») en [[1927]] dans la province [[Inde|indienne]] de {{Lien|Mewat}} avec l'objectif de réislamiser les musulmans indiens<ref name="SUR331">Isabelle Surun (dir), ''Les sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960)'', Atlande, 2012, {{p.|331}}.</ref>.
La présence de ce mouvement en France est attestée dès 1966. Le mouvement y adopte la forme d'une association dénommée « Foi et Pratique »<ref>Association enregistrée en avril 1972 à la préfecture de [[Seine-Saint-Denis]] ; cf. Gilles Kepel, ''Les Banlieues de l'islam : naissance d'une religion en France'', Seuil, Paris, 1987.</ref>.


Selon Leyla Arslan, ce mouvement de pratique religieuse rigoriste connaît en France une scission entre deux associations : « Foi et Pratique » et « Tabligh wa da'wa ilillah »<ref>Leyla Arslan, ''Enfants d'Islam et de Marianne : des banlieues à l'Université'', [[Presses universitaires de France]], Paris, 2010.</ref>.
Le mouvement organise un rassemblement religieux de plusieurs milliers de personnes en {{date-|mars 2020}} à [[Delhi]], alors que les rassemblements étaient interdits en raison de l'[[Pandémie de Covid-19|épidémie de Covid-19]]. Depuis, certains des participants ont été déclarés contaminés et d’autres sont morts des suites de la maladie. L’affaire provoque un scandale retentissant en Inde. L'ancien vice-chancelier de l’université musulmane Jamia Millia Islamia de Delhi a ainsi affirmé que « la Tablighi Jamaat est responsable de la mort de plusieurs personnes et de la transmission du virus, ses responsables sont coupables et doivent être punis », jugeant « incompréhensible » que, dans le contexte épidémique, « une poignée de fondamentalistes religieux » ait pu exposer « de larges pans de la population indienne » à la maladie<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Religion. En Inde, un important rassemblement musulman est à l’origine d’un foyer épidémique|url=https://www.courrierinternational.com/article/religion-en-inde-un-important-rassemblement-musulman-est-lorigine-dun-foyer-epidemique|site=Courrier international|périodique=|date=2020-04-01|consulté le=}}</ref>.


=== France ===
== Objectifs ==
La prédication du mouvement vise essentiellement les populations musulmanes, se fixe pour objectif de leur faire revivre leur foi, dans le cadre d'une interprétation littéraliste de celle-ci<ref>Bernard Godard et Sylvie Taussig, ''Les Musulmans en France. Courants, institutions, communautés : un état des lieux'', Hachette, 2007.</ref> et de ramener à une pratique stricte de l'[[Sunnisme|Islam sunnite]]<ref name=":0"/> : « l'Islam va s'étendre où s'étendent le jour et la nuit, et Dieu ne va pas laisser une maison sans qu'Il n'y fait entrer cette religion. »
La présence de ce mouvement en France est attestée dès [[1966]]. Le mouvement y a adopté la forme d'une association dénommée « Foi et Pratique »<ref>Association enregistrée en avril 1972 à la préfecture de [[Seine-Saint-Denis]], cf. Gilles Kepel, ''Les banlieues de l'islam : naissance d'une religion en France'', Seuil, Paris, 1987.</ref>.


En arabe, ''tabligh'' signifie « transmettre », « prévenir » et le Tablighi Jamaat présente sa mission comme visant à faire revivre cette obligation de prédication au sein de l'islam<ref>{{référence incomplète}} Moussa Khedimellah, « Jeunes prédicateurs du mouvement Tabligh : la dignité identitaire retrouvée par le puritanisme religieux ? »</ref>.
Selon Leyla Arslan, ce mouvement de pratique religieuse rigoriste connaît en France une scission entre deux associations : « Foi et pratique » et « Tabligh wa da'wa ilillah »<ref>Enfants d'Islam et de Marianne: Des banlieues à l'Université. de Leyla Arslan, [[Presses Universitaires de France]], Paris, 2010</ref>.


Solenne Jouanneau note sa forte tradition de prosélytisme<ref>Solenne Jouanneau, ''Les Imams en France : une autorité religieuse sous contrôle'', [[éditions Agone]], Marseille, 2013.</ref>. Pour [[Alexandre Del Valle]], {{citation|l'Islam proposé par le Tabligh est fondamentaliste et sectaire, et [il] a beaucoup de points communs avec celui des talibans (école dite [[Deobandi|deobandie]]), dans la mesure où les valeurs et règles inculquées sont directement tournées contre celles des sociétés "impies". L'objectif numéro un est en effet d’empêcher, par la réislamisation et le repli communautaire, toute forme d'intégration des minorités musulmanes présentes en milieu hindou païen ou mécréant européen<ref>Alexandre Del Valle, ''Les Vrais Ennemis de l'Occident : du rejet de la Russie à l'islamisation des sociétés ouvertes'', éditions L'Artilleur, 2016, page 92.</ref>.}}
== Objectifs et Buts ==

La prédication du mouvement vise essentiellement les populations musulmanes, se fixe pour objectif de faire revivre leur foi aux musulmans, dans le cadre d'une interprétation littéraliste de celle-ci<ref>Bernard Godard et Sylvie Taussig, Les Musulmans en France. Courants, institutions, communautés : un état des lieux, Hachette, 2007</ref> et de ramener à une pratique stricte de l'islam fidèles : « l'islam va s'étendre où s'étendent le jour et la nuit, et Dieu ne va pas quitter une maison sans que cette religion n'y entre. »

En arabe, ''tabligh'' signifie « transmettre », « prévenir » et le Tablighi Jamaat présente sa mission comme visant à faire revivre cette obligation de prédication au sein de l'islam<ref>{{référence incomplète}} Moussa Khedimellah, « Jeunes prédicateurs du mouvement Tabligh : la dignité identitaire retrouvée par le puritanisme religieux ? »</ref>.

Solenne Jouanneau note sa forte tradition de prosélytisme<ref>Les Imams en France: Une autorité religieuse sous contrôle
de Solenne Jouanneau, [[éditions Agone]], Marseille, 2013</ref>.

Anne-Clémentine Larroque écrit : {{citation|le Tabligh est séparé des autres mouvements [[Salafisme|salafistes]]. Ceux-ci le considèrent comme une secte même s'ils partagent la même vision transnationale}}<ref>Géopolitique des islamismes: « Que sais-je ? » n° 4014. d'Anne-Clémentine Larroque, Que sais-je ?, 2016</ref>

Pour Alexandre Del Valle, {{citation|l'islam proposé par le Tabligh est fondamentaliste et sectaire, et qu'il a beaucoup de points communs avec celui des talibans (école dite deobandie), dans la mesure où les valeurs et règles inculquées sont directement tournées contre celles des sociétés «impies». L'objectif numéro un est en effet d’empêcher, par la réislamisation et le repli communautaire, toute forme d'intégration des minorités musulmanes présentes en milieu hindou païen ou mécréant européen<ref>Les vrais ennemis de l'Occident: Du rejet de la Russie à l'islamisation des sociétés ouvertes. d'Alexandre Del Valle, éditions L'artilleur, 2016</ref>.}}


=== Missionnaire ===
=== Missionnaire ===
Ses missionnaires l'ont ensuite implanté, d'abord dans les pays musulmans au cours des années 1940, puis dans les pays occidentaux au cours des années 1950 et 1960. Aujourd'hui ce mouvement est présent partout dans le monde.


L'activité missionnaire du mouvement s'est développée à l'échelle mondiale via des branches décentralisées<ref name="SUR331"/>. Pacifique et apolitique, ce courant prêcheur s'appuie sur des groupes de missionnaires de nationalités différentes pour faire du porte-à-porte (la ''al-jawla'', la « tournée ») et répandre les idées du ''tablîgh'' (la « proclamation »). Les principes en sont simples : la profession de foi, la prière, la connaissance de Dieu, l'intention sincère et le respect du musulman. Des voyages de plusieurs jours à plusieurs semaines (''khouroudj'') sont aussi organisés dans le but de répandre la religion musulmane.
Ses missionnaires l'ont ensuite implanté, d'abord dans les pays musulmans au cours des [[années 1940]], puis dans les pays occidentaux au cours des [[années 1950]] et [[Années 1960|1960]]. Aujourd'hui ce mouvement est présent partout dans le monde.

L'activité missionnaire de ce mouvement s'est développée à l'échelle mondiale, via des branches décentralisées<ref name="SUR331" />. Pacifique et apolitique, ce courant prêcheur s'appuie sur des groupes de missionnaires de nationalités différentes pour faire du porte-à-porte (la ''al-jawla'', la « tournée ») et répandre les idées du ''tablîgh'' (la « proclamation »). Les principes en sont fort simples : la profession de foi, la prière, la connaissance de Dieu, l'intention sincère et le respect du musulman. Des voyages de plusieurs jours à plusieurs semaines (''khouroudj'') sont aussi organisés dans le but de répandre la religion musulmane.

== Pratique ==
{{section à wikifier|date=novembre 2017}}


== Pratique ==
Le mouvement fonctionne sur le système de la concertation (''[[choura|Al Machoura]]''), à différents échelons. Par ailleurs, des savants, et qui constituent la ''machoura'', s'efforcent de veiller à l'orthodoxie des pratiques des membres, à qui l'on conseille de sacrifier de leur personne, de leur temps et de leur argent, dans le sentier de Dieu, comme l'ont fait les compagnons ''(As-Sahabas)''.
Le mouvement fonctionne sur le système de la concertation (''[[choura|Al Machoura]]''), à différents échelons. Par ailleurs, des savants, et qui constituent la ''machoura'', s'efforcent de veiller à l'orthodoxie des pratiques des membres, à qui l'on conseille de sacrifier de leur personne, de leur temps et de leur argent, dans le sentier de Dieu, comme l'ont fait les compagnons ''(As-Sahabas)''.


La pratique : Les Tablighis ont une interprétation littéraliste des principaux préceptes de l'islam. Ils s'efforcent ainsi de suivre à la lettre les codes et préceptes du droit islamique. Leur pratique est basée sur six qualités ''(Sita Sifâtes)'', parmi les qualités que possédaient les compagnons de [[Mahomet]] :
Les Tablighis ont une interprétation littéraliste des principaux préceptes de l'islam. Ils s'efforcent ainsi de suivre à la lettre les codes et préceptes du droit islamique. Leur pratique est basée sur six qualités ''(Sita Sifâtes)'', parmi les qualités que possédaient les compagnons de [[Mahomet]] :
# La certitude sur Dieu (al yaqine) et le chemin du prophète de l'islam Mahomet ([[sunna]]) ;

# La certitude sur Dieu (al yaqine) et le chemin du prophète de l'islam [[Mahomet]] ([[sunna]]) ;
# La prière avec concentration et dévotion ''(salat dat al khouchou'oua al khoudou')'' ;
# La prière avec concentration et dévotion ''(salat dat al khouchou'oua al khoudou')'' ;
# La science et le rappel perpétuel de Dieu ''(al Ilm wa al Zikhr)'' ;
# La science et le rappel perpétuel de Dieu ''(al Ilm wa al Zikhr)'' ;
# La Générosité envers les musulmans ''(Ikram al Muslimine)'' ;
# La Générosité envers les musulmans ''(Ikram al Muslimine)'' ;
# La correction de l'intention et la sincérité ''(Tashih al niya oua ikhlasouha)'' ;
# La correction de l'intention et la sincérité ''(Tashih al niya oua ikhlasouha)'' ;
# Le prêche vers Dieu avec la sortie sur le sentier de Dieu ''(Da'wa ila Allah bil Khourouj fi sabililah)''<ref>Moussa Khedimellah, ''op. cit.''. La liste donnée par l'article de ''l'Encyclopédie de l'Islam'' n'est pas exactement la même.</ref>.
# Le prêche vers Dieu avec la sortie sur le sentier de Dieu ''(Da'wa ila Allah bil Khourouj fi sabililah)''<ref>Moussa Khedimellah, ''op. cit.''. La liste donnée par l'article de ''L'Encyclopédie de l'Islam'' n'est pas exactement la même.</ref>.


Cette activité missionnaire vise la transmission d'une pratique musulmane fondamentaliste. En cela, les Tablighis se démarquent d'autres mouvements musulmans revivalistes, notamment les [[Frères musulmans]], dont la prédication a un contenu politique explicite beaucoup plus marqué.
Cette activité missionnaire vise la transmission d'une pratique musulmane fondamentaliste. En cela, les Tablighis se démarquent d'autres mouvements musulmans revivalistes, notamment les [[Frères musulmans]], dont la prédication a un contenu politique explicite beaucoup plus marqué.


Ce mouvement qui prône depuis sa naissance son apolitisme a participé aux consultations de 2006-2007 au ministère de l'Intérieur en vue de la constitution d'un organe représentatif des musulmans de France (CFCM) avant de se rétracter.
Ce mouvement qui prône depuis sa naissance son apolitisme a participé aux consultations de 2006-2007 au ministère de l'Intérieur en vue de la constitution d'un organe représentatif des musulmans de France (CFCM) avant de se rétracter.


== Travaux universitaires ==
== Travaux universitaires ==
{{section à sourcer|date=septembre 2024}}
Après les travaux fondamentaux de [[Marc Gaborieau]] sur ce mouvement dans le sous-continent indien, ceux de Barbara Metcalf sur les femmes investies dans ce mouvement et de Khalil Masud aux [[États-Unis]], ceux de [[Felice Dassetto]] en [[Belgique]] ou de [[Mohamed Tozy]] au [[Maroc]], c'est [[Gilles Kepel]] qui évoque le premier cette association dans son ouvrage ''Les Banlieues de l'Islam'' (1987).


Les plus récents travaux sociologiques sur ce groupe religieux méconnu et sous-analysé sont ceux de [[Moussa Khedimellah]] (1997-2005). Chercheur et disciple de [[Farhad Khosrokhavar]], d'[[Alain Touraine]] et de Marc Gaborieau, il mène pendant dix ans une étude approfondie (2001-2011) avec le suivi de la carrière religieuse de 250 militants et militantes en France et en Europe. Son travail de mémoire de [[Diplôme d'études approfondies|DEA]]<ref>Directrice : [[Danièle Hervieu-Léger]] (1999) ; consultable à l'[[École des hautes études en sciences sociales|EHESS]] (Paris).</ref> est une plongée anthropologique sur l'ensemble des aspects sociaux, économiques, religieux de cette fraternité élective qui a joué selon lui {{citation|un crypto-catéchisme islamique}} dans l'ensemble de la communauté de migrants et fils de migrants, majoritairement d'origine rurale, en France, et issus du monde musulman depuis les [[années 1960]].
{{section à wikifier|date=novembre 2017}}


Ces tablighis, selon son article du journal ''Le Monde des débats'', ont joué un rôle crucial et fondamental dans la prédication et la réorganisation des communautés musulmanes durant les [[Trente Glorieuses]] en Grande-Bretagne, en France, en Belgique, en [[Italie]] ou en [[Allemagne]]. {{citation|Ce groupe minoritaire d'intensité religieuse}}, selon l'expression de Jean Séguy, est reprise à son compte pour y mettre en évidence la logique sectaire autant de que celle de la réorganisation interne du soi qui retrouve un barycentre dans des univers frappé d'anomie.
Après les travaux fondamentaux de Marc Gaborieau sur ce mouvement dans le sous continent indien, ceux de Barbara Metcalf (sur les femmes investies dans ce mouvement) et de Khalil Masud aux États-Unis, ceux de [[Felice Dassetto]] en Belgique ou de [[Mohamed Tozy]] au Maroc, c'est [[Gilles Kepel]] qui évoque le premier cette association dans son ouvrage « Les Banlieues de l'Islam » (1987).

Catalyseur de frustrations sociales et identitaires, Moussa Khedimellah, dans son article (en référence ci-dessous) sur la dignité identitaire retrouvée par le puritanisme religieux (2001) ou dans un second article « Corps et inconscients collectif voilés » (''Cosmopolitiques'', 2003) évoquent l'effet salvateur autant que destructeur des jeunes adultes engagés dans ce mouvement à logique circulaire. Entré en compétition très tôt sur le monopole du marché religieux et identitaires avec leurs homologues du [[salafisme]] balbutiant des années 1990, le schisme entre ces deux frères ennemis n'a cessé de se creuser durant la décennie 2000. Le radicalisme apparu avec plusieurs profils issus du Tabligh a remis le feu aux poudres après les vagues d'attentats de 1995 ou les débuts de la guerre en [[Afghanistan]] : Khaled Kelkal, Richard Reid, Hervé Djamel Loiseau.


Les plus récents travaux sociologiques sur ce groupe religieux méconnu et sous analysé sont ceux de [[Moussa Khedimellah]] (1997-2005). Chercheur et disciple de Farhad Khosrokhavar, d'Alain Touraine et de Marc Gaborieau, il a mené pendant {{nombre|10|ans}} une étude approfondie (2001-2011) avec suivi de cohorte de la carrière religieuse 250 militants et militantes en France et en Europe. Son travail de mémoire de DEA (Directrice Danièle Hervieu-Léger - 1999) consultable à l'[[École des hautes études en sciences sociales]] (EHESS, Paris) est une plongée anthropologique sur l'ensemble des aspects sociaux, économiques, religieux de cette fraternité élective qui a joué selon lui {{citation|un crypto-catéchisme islamique}} dans l'ensemble de la communauté de migrants et fils de migrants, majoritairement d'origine rurale, en France, et issus du monde musulman depuis les années 1960.
Ces tablighis selon son article du journal ''Le Monde des Débats'', ont joué un rôle crucial et fondamental dans la prédication, et la ré-organisation des communautés musulmanes durant les [[Trente Glorieuses]] en Angleterre, France, Belgique, Italie ou Allemagne. {{citation|Ce groupe minoritaire d'intensité religieuse}} selon l'expression de Jean Séguy est reprise à son compte pour y mettre en évidence la logique sectaire autant de que celle de la réorganisation interne du soi qui retrouve un barycentre dans des univers frappé d'anomie. Catalyseur de frustrations sociales et identitaires, Moussa Khedimellah, dans son article en référence ci-dessous sur la dignité identitaire retrouvée par le puritanisme religieux (2001) ou dans un second article ''Corps et inconscients collectif voilés'' in Cosmopolitiques (2003) évoquent l'effet salvateur autant que destructeur des jeunes hommes et femmes engagés dans ce mouvement à logique circulaire. Entré en compétition très tôt sur le monopole du marché religieux et identitaires avec leurs homologues du salafisme balbutiant des années 1990, le schisme entre ces deux frères ennemis n'a cessé de se creuser durant la décennie 2000. Le radicalisme apparu avec plusieurs profils issus du Tabligh a remis le feu aux poudres après les vagues d'attentats de 1995 ou les débuts de la guerre en Afghanistan : Khaled Kelkal, Richard Reid, Hervé Djamel Loiseau.
== Grands événements transnationaux ==
== Grands événements transnationaux ==
Les grands événements transnationaux sont la "marque de fabrique" du mouvement depuis 1927<ref name=GabrielleMaréchaux/>, et les plus grands rassemblements religieux après le pèlerinage à La Mecque, selon Sophie Lemière, chercheuse à Stanford et spécialiste de la Malaisie: "Par définition, les tablighis sont des gens qui voyagent, ceux des villes vont aller dans des villages, ils vont faire des voyages de sept jours, du porte-à-porte pour faire des prêches, ramener les musulmans vers un islam qu'ils estiment plus proche de celui pratiqué par le Prophète"<ref name=GabrielleMaréchaux>Gabrielle Maréchaux pour RFI le 24/03/2020 -[http://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20200324-asie-sud-est-la-ferveur-religieuse-longtemps-plus-grande-que-la-peur-coronav]</ref>.
Les grands événements transnationaux sont la marque de fabrique du mouvement, depuis 1927<ref name=GabrielleMaréchaux/>, et les plus grands rassemblements religieux après le pèlerinage à [[La Mecque]], selon Sophie Lemière, chercheuse à Stanford et spécialiste de la [[Malaisie]] : {{citation|Par définition, les tablighis sont des gens qui voyagent, ceux des villes vont aller dans des villages, ils vont faire des voyages de sept jours, du porte-à-porte pour faire des prêches, ramener les musulmans vers un islam qu'ils estiment plus proche de celui pratiqué par le Prophète<ref name=GabrielleMaréchaux>[http://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20200324-asie-sud-est-la-ferveur-religieuse-longtemps-plus-grande-que-la-peur-coronav Gabrielle Maréchaux pour RFI] le 24/03/2020.</ref>.}}
== Pandémie de coronavirus ==
Plusieurs rassemblements organisés par le mouvement islamique en début d'année 2020 auraient contribué à l'expansion de la [[Pandémie de Covid-19|Pandémie de coronavirus 19]], selon les experts.

* Le {{date-|27 février}} en Malaisie, un « Ijtima Tabligh » réunit, pendant jours 18 000 fidèles de 20 nationalités asiatiques différentes<ref name=GabrielleMaréchaux/> dans la mosquée "Sri Petaling", dans une banlieue de [[Kuala Lumpur]], alors que la Malaisie ne compte encore que 22 cas<ref name=GabrielleMaréchaux/>. Deux tiers des cas de coronavirus en Malaisie ont été causés lors de cette première réunion. Des ressortissants de Brunei et du Cambodge y ont été infectés<ref>"INDONÉSIE : DES MILLIERS DE PÈLERINS MUSULMANS SE RASSEMBLENT MALGRÉ LE CORONAVIRUS" CNEWS, avec Reuters, le 18/03/202 [https://www.cnews.fr/monde/2020-03-18/indonesie-des-milliers-de-pelerins-musulmans-se-rassemblent-malgre-le-coronavirus]</ref>. Le pays passe de 50 à 500 cas en une semaine<ref name=GabrielleMaréchaux/> et tente retrouver et tester les 16 000 présents vivant sur son sol<ref name=GabrielleMaréchaux/>, désormais éparpillés aux quatre coins de la Malaisie, parmi lesquels environ 2000 réfugiés ou travailleurs migrants birmans, qui ne parlent souvent pas malais<ref name=GabrielleMaréchaux/>, dont plusieurs centaines de Rohingyas<ref name=GabrielleMaréchaux/>. Faisal Islam Muhammad Kassim, président de la « Rohingyas Society in Malaysia » a participé à l'effort pour les retrouver et les dépister<ref name=GabrielleMaréchaux/>. La Malaisie a fermé les lieux de culte après cet épisode<ref name=GabrielleMaréchaux/>. Le principal [[Foyer de contagion]] de la [[Pandémie de Covid-19 en Malaisie|Pandémie de coronavirus dans ce pays]] découle de cette réunion du Tablighi Jamaat<ref name=coroasmon>"Coronavirus : les contaminations dangereusement à la hausse en Asie du Sud-Est", par Bruno Philip dans ''Le Monde'' le 23 mars 2020 [https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/23/les-contaminations-dangereusement-a-la-hausse-en-asie-du-sud-est_6034134_3210.html]</ref>.
* Du 10 au {{date-|12 mars}} à [[Lahore]], capitale de la province du [[Pendjab]], à l'Est du [[Pakistan]], pays où la détection du premier cas remonte au {{date-|26 février}}<ref name=delacroix/>, un autre rassemblement religieux est organisé par le groupe piétiste <ref name=delacroix>"Face au coronavirus, le Pakistan s’en remet à l’armée" par Guillaume Delacroix, dans ''[[La Croix]]'' le 26 mars 2020 [https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/26/face-au-conronavirus-le-pakistan-s-en-remet-a-l-armee_6034542_3210.html]</ref> et devait durer cinq jours, avec une centaine de milliers de prêcheurs venus de 80 pays mais a été écourté dès le {{date-|12 mars}}, au lendemain de la première journée de réelle affluence, en raison de la pandémie<ref name=delacroix/>. Plusieurs participants ont été déclarés positifs dès leur retour chez eux<ref name=delacroix/>. Parmi eux, dans la bande de Gaza, selon l’ambassadeur de Palestine au Pakistan<ref name=delacroix/>, les deux premiers cas de coronavirus recensés le {{date-|22 mars}} revenaient de ce rassemblement religieux<ref>"Coronavirus : comment les rassemblements religieux ont amplifié la propagation" par Xavier FRERE - 29 mars 2020 [https://www.dna.fr/france-monde/2020/03/29/coronavirus-comment-les-rassemblements-religieux-ont-amplifie-la-propagation]</ref>{{,}}<ref>Article de Salomé Parent, dans ''La Croix'' le 25/03/2020 [https://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/A-Gaza-larrivee-Covid-19-inquiete-habitants-experts-2020-03-25-1201086028]</ref>. En Inde, les personnes contaminées à l'occasion du rassemblement de Lahore pourraient représenter 1023 cas soit 30% du total dans le pays, a déclaré dès le {{date-|3 avril}} le ministère de la Santé<ref>''Times of India'' du 3 avril [https://timesofindia.indiatimes.com/india/coronavirus-cases-in-india-over-1000-tablighi-jamaat-members-infected-account-for-30-of-all-india-cases/articleshow/74988433.cms]</ref>.Au Pakistan, où seulement 41 personnes sont mortes du nouveau coronavirus sur pays de 200 millions d'habitants<ref name=penjab/>, on apprend le {{date-|4 avril}} que «les autorités de tous les districts (du pays) tentent de retrouver les personnes qui ont assisté à l'événement»<ref>Déclaration à l'AFP du bureau du chef de l'administration de Lahore</ref> et que «environ 100.000 personnes» y ont participé<ref name=penjab>Article dans ''Le Figaro'', avec AFP, le 4 avril 2020 [https://www.lefigaro.fr/flash-actu/coronavirus-le-pakistan-recherche-des-dizaines-de-milliers-de-fideles-d-une-congregation-musulmane-20200404]</ref>, dont 7 à 8000 participants placés en quarantaine dans la province du [[Pendjab]]<ref name=penjab/>, parmi lesquels plus de 900 étrangers - Chinois, Nigérians, Afghans ou encore Turcs<ref name=penjab/>. Un membre du gouvernement de la [[Sind|province voisine du Sindh]] a signalé «300 à 400 pèlerins s'y baladant» et de centaines de confinés<ref name=penjab/>. Selon lui, il aurait fallu interdire ce rassemblement, appelé à devenir «une source majeure propagation de l'infection»<ref name=penjab/>. Au moins 154 pélèrrins avaient, au {{date-|4 avril}}, été testés positifs au Covid-19 dans le [[Pendjab]] et le [[Sind]], dont 2 décédés, selon les autorités<ref name=penjab/>.

* À la mi-mars à New Delhi, en Inde, plus de 3 000 musulmans participent à une congrégation du Tabligh Jamaat<ref name=farcis/>. Quelques jours après, les autorités interdisent tout rassemblement, mais ces responsables religieux défient ces instructions<ref name=farcis>Article de Sébastien Farcis pour RFI, 2 avril 2020 [http://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20200402-inde-coronavirus-congregation-religion-contamination]</ref>, ce qui a provoqué une traque de ses participants, après qu'au moins 10 pèlerins indiens soient morts du Covid-19<ref name=penjab/>. En Inde, en confinement total depuis le {{date-|25 mars}}<ref name=rfi26M/> et dont l’économie est à l’arrêt depuis<ref name=rfi26M/>, beaucoup avaient eu, les jours d'avant, le temps de repartir vers leur provinces d’origine, aux quatre coins du pays<ref name=farcis/>, une crise sanitaire majeure se dessine<ref name=farcis/>. Plus d’un millier ont cependant été retrouvés et placés en quarantaine<ref name=farcis/> tandis que le confinement a amené plusieurs milliers de travailleurs pauvres, le pus souvent des journaliers, à quitter les grandes villes, à pied, vers leurs villages<ref name=rfi26M>Article de Sébastien Farcis pour RFI, 26 mars 2020 [http://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20200326-exode-travailleurs-journaliers-en-inde]</ref>.

* Le {{date-|18 mars}} en Indonésie, plus de 8000 croyants musulmans venus du monde entier et de toute l’Asie du Sud-Est<ref name=GabrielleMaréchaux/>, se sont réunis par ailleurs à l'appel du mouvement piétiste, malgré la demande des autorités de repousser l'événement, dans la province de Sulawesi du Sud, au centre du pays<ref> CNEWS le 18/03/2020 [https://www.cnews.fr/monde/2020-03-18/indonesie-des-milliers-de-pelerins-musulmans-se-rassemblent-malgre-le-coronavirus]</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Annexes ==
== Annexes ==
* Le [[Bishwa Ijtema]]: grand rassemblement annuel qui se déroule au nord de [[Dacca]]

=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* [[Florence Bergeaud-Blackler]] : ''Le Frérisme et ses réseaux'', préface de [[Gilles Kepel]], 2023, éd. Odile Jacob {{ISBN|9782415003555}}.
* Moustapha A. Diop, « Structuration d'un réseau : la Jamaat Tabligh (Société pour la Propagation de la Foi) », dans ''Revue européenne des migrations internationales'', vol. 10 (1994), {{n°|1}}, {{p.|145-155}}. {{présentation en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/remi_0765-0752_1994_num_10_1_1395}}
* Moustapha A. Diop, « Structuration d'un réseau : la Jamaat Tabligh (Société pour la Propagation de la Foi) », dans ''Revue européenne des migrations internationales'', vol. 10 (1994), {{n°|1}}, {{p.|145-155}}. {{présentation en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/remi_0765-0752_1994_num_10_1_1395}}
* M. Gaborieau, « Tablīghī djamāʿat », dans ''Encyclopédie de l’islam'', vol. X, 1998.
* M. Gaborieau, « Tablīghī djamāʿat », dans ''Encyclopédie de l’islam'', vol. X, 1998.
* [https://socio-anthropologie.revues.org/155 « Jeunes prédicateurs du mouvement Tabligh. La dignité identitaire retrouvée par le puritanisme religieux »] par Moussa Khedimellah, in ''Socio-anthopologie'', 10, 2001.
* Moussa Khedimellah, [https://socio-anthropologie.revues.org/155 « Jeunes prédicateurs du mouvement Tabligh. La dignité identitaire retrouvée par le puritanisme religieux »] in ''Socio-anthopologie'', 10, 2001.

=== Presse ===
* [[Eugénie Bastié]], [http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/01/27/01016-20150127ARTFIG00202-islam-radical-qu-est-ce-que-le-mouvement-tabligh.php « Islam radical : qu'est-ce que le mouvement tabligh ? »], ''Le Figaro'', {{date-|27 janvier 2015}}.
* {{en}} [http://www.voanews.com/content/conservative-muslim-movement-tablighi-jamaat/3148033.html « Are Conservative Muslim Tablighi Jamaat Pacifists or Extremists? »], in ''The Voice of America'', 2016.

=== Article connexe ===
* Le [[Bishwa Ijtema]], grand rassemblement annuel qui se déroule au nord de [[Dacca]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{en}} [http://www.inter-islam.org/Miscellaneous/jamaat.htm The Tablighi Jamaat Movement]
* {{en}} [http://www.inter-islam.org/Miscellaneous/jamaat.htm The Tablighi Jamaat Movement]
* {{en}} [http://www.minsid.com Conférences Bayans/Tablighi]
* {{en}} [http://www.minsid.com Conférences Bayans/Tablighi]

* [http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/01/27/01016-20150127ARTFIG00202-islam-radical-qu-est-ce-que-le-mouvement-tabligh.php « Islam radical : qu'est-ce que le mouvement tabligh ? »] par Eugénie Bastié, ''Le Figaro'', {{date-|27 janvier 2015}}
* {{en}} [http://www.voanews.com/content/conservative-muslim-movement-tablighi-jamaat/3148033.html « Are Conservative Muslim Tablighi Jamaat Pacifists or Extremists? »], in ''The Voice of America'' (2016)


{{Palette Monde islamique}}
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Dernière version du 6 septembre 2024 à 08:40

Tablighi Jamaat
Histoire
Fondation
Cadre
Zone d'activité
Type
Siège
Organisation
Fondateur
Muhammad Ilyas al-Kandhlawi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Idéologie
-Voir et modifier les données sur Wikidata
Mosquée de Kakrail, Dhâkâ. Base opératoire du mouvement au Bangladesh.


Tablighi Jamaat (en ourdou : تبلیغی جماعت) ou la Jamā'at al-tablīgh (en arabe : جماعة التبليغ), c'est-à-dire, en français, Association pour la prédication[1], ou simplement Tabligh, est une société de prédication musulmane revivaliste. Très influente dans l'islam au XXe siècle, son nombre d'adhérents est estimé entre 12 et 150 millions[2]. Elle est considérée comme prosélyte et ultrafondamentaliste[3],[4].

Ce mouvement est fondé par Muhammad Ilyas Kandhlawi (en), un érudit musulman[5] (1885-1944), créateur du slogan Aye Musalmano! Musalman bano (« Musulmans ! Soyez des musulmans. ») en 1927 dans la province indienne de Mewat (en) avec l'objectif de réislamiser les musulmans indiens[6].

La présence de ce mouvement en France est attestée dès 1966. Le mouvement y adopte la forme d'une association dénommée « Foi et Pratique »[7].

Selon Leyla Arslan, ce mouvement de pratique religieuse rigoriste connaît en France une scission entre deux associations : « Foi et Pratique » et « Tabligh wa da'wa ilillah »[8].

La prédication du mouvement vise essentiellement les populations musulmanes, se fixe pour objectif de leur faire revivre leur foi, dans le cadre d'une interprétation littéraliste de celle-ci[9] et de ramener à une pratique stricte de l'Islam sunnite[2] : « l'Islam va s'étendre où s'étendent le jour et la nuit, et Dieu ne va pas laisser une maison sans qu'Il n'y fait entrer cette religion. »

En arabe, tabligh signifie « transmettre », « prévenir » et le Tablighi Jamaat présente sa mission comme visant à faire revivre cette obligation de prédication au sein de l'islam[10].

Solenne Jouanneau note sa forte tradition de prosélytisme[11]. Pour Alexandre Del Valle, « l'Islam proposé par le Tabligh est fondamentaliste et sectaire, et [il] a beaucoup de points communs avec celui des talibans (école dite deobandie), dans la mesure où les valeurs et règles inculquées sont directement tournées contre celles des sociétés "impies". L'objectif numéro un est en effet d’empêcher, par la réislamisation et le repli communautaire, toute forme d'intégration des minorités musulmanes présentes en milieu hindou païen ou mécréant européen[12]. »

Missionnaire

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Ses missionnaires l'ont ensuite implanté, d'abord dans les pays musulmans au cours des années 1940, puis dans les pays occidentaux au cours des années 1950 et 1960. Aujourd'hui ce mouvement est présent partout dans le monde.

L'activité missionnaire du mouvement s'est développée à l'échelle mondiale via des branches décentralisées[6]. Pacifique et apolitique, ce courant prêcheur s'appuie sur des groupes de missionnaires de nationalités différentes pour faire du porte-à-porte (la al-jawla, la « tournée ») et répandre les idées du tablîgh (la « proclamation »). Les principes en sont simples : la profession de foi, la prière, la connaissance de Dieu, l'intention sincère et le respect du musulman. Des voyages de plusieurs jours à plusieurs semaines (khouroudj) sont aussi organisés dans le but de répandre la religion musulmane.

Le mouvement fonctionne sur le système de la concertation (Al Machoura), à différents échelons. Par ailleurs, des savants, et qui constituent la machoura, s'efforcent de veiller à l'orthodoxie des pratiques des membres, à qui l'on conseille de sacrifier de leur personne, de leur temps et de leur argent, dans le sentier de Dieu, comme l'ont fait les compagnons (As-Sahabas).

Les Tablighis ont une interprétation littéraliste des principaux préceptes de l'islam. Ils s'efforcent ainsi de suivre à la lettre les codes et préceptes du droit islamique. Leur pratique est basée sur six qualités (Sita Sifâtes), parmi les qualités que possédaient les compagnons de Mahomet :

  1. La certitude sur Dieu (al yaqine) et le chemin du prophète de l'islam Mahomet (sunna) ;
  2. La prière avec concentration et dévotion (salat dat al khouchou'oua al khoudou') ;
  3. La science et le rappel perpétuel de Dieu (al Ilm wa al Zikhr) ;
  4. La Générosité envers les musulmans (Ikram al Muslimine) ;
  5. La correction de l'intention et la sincérité (Tashih al niya oua ikhlasouha) ;
  6. Le prêche vers Dieu avec la sortie sur le sentier de Dieu (Da'wa ila Allah bil Khourouj fi sabililah)[13].

Cette activité missionnaire vise la transmission d'une pratique musulmane fondamentaliste. En cela, les Tablighis se démarquent d'autres mouvements musulmans revivalistes, notamment les Frères musulmans, dont la prédication a un contenu politique explicite beaucoup plus marqué.

Ce mouvement qui prône depuis sa naissance son apolitisme a participé aux consultations de 2006-2007 au ministère de l'Intérieur en vue de la constitution d'un organe représentatif des musulmans de France (CFCM) avant de se rétracter.

Travaux universitaires

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Après les travaux fondamentaux de Marc Gaborieau sur ce mouvement dans le sous-continent indien, ceux de Barbara Metcalf sur les femmes investies dans ce mouvement et de Khalil Masud aux États-Unis, ceux de Felice Dassetto en Belgique ou de Mohamed Tozy au Maroc, c'est Gilles Kepel qui évoque le premier cette association dans son ouvrage Les Banlieues de l'Islam (1987).

Les plus récents travaux sociologiques sur ce groupe religieux méconnu et sous-analysé sont ceux de Moussa Khedimellah (1997-2005). Chercheur et disciple de Farhad Khosrokhavar, d'Alain Touraine et de Marc Gaborieau, il mène pendant dix ans une étude approfondie (2001-2011) avec le suivi de la carrière religieuse de 250 militants et militantes en France et en Europe. Son travail de mémoire de DEA[14] est une plongée anthropologique sur l'ensemble des aspects sociaux, économiques, religieux de cette fraternité élective qui a joué selon lui « un crypto-catéchisme islamique » dans l'ensemble de la communauté de migrants et fils de migrants, majoritairement d'origine rurale, en France, et issus du monde musulman depuis les années 1960.

Ces tablighis, selon son article du journal Le Monde des débats, ont joué un rôle crucial et fondamental dans la prédication et la réorganisation des communautés musulmanes durant les Trente Glorieuses en Grande-Bretagne, en France, en Belgique, en Italie ou en Allemagne. « Ce groupe minoritaire d'intensité religieuse », selon l'expression de Jean Séguy, est reprise à son compte pour y mettre en évidence la logique sectaire autant de que celle de la réorganisation interne du soi qui retrouve un barycentre dans des univers frappé d'anomie.

Catalyseur de frustrations sociales et identitaires, Moussa Khedimellah, dans son article (en référence ci-dessous) sur la dignité identitaire retrouvée par le puritanisme religieux (2001) ou dans un second article « Corps et inconscients collectif voilés » (Cosmopolitiques, 2003) évoquent l'effet salvateur autant que destructeur des jeunes adultes engagés dans ce mouvement à logique circulaire. Entré en compétition très tôt sur le monopole du marché religieux et identitaires avec leurs homologues du salafisme balbutiant des années 1990, le schisme entre ces deux frères ennemis n'a cessé de se creuser durant la décennie 2000. Le radicalisme apparu avec plusieurs profils issus du Tabligh a remis le feu aux poudres après les vagues d'attentats de 1995 ou les débuts de la guerre en Afghanistan : Khaled Kelkal, Richard Reid, Hervé Djamel Loiseau.

Grands événements transnationaux

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Les grands événements transnationaux sont la marque de fabrique du mouvement, depuis 1927[15], et les plus grands rassemblements religieux après le pèlerinage à La Mecque, selon Sophie Lemière, chercheuse à Stanford et spécialiste de la Malaisie : « Par définition, les tablighis sont des gens qui voyagent, ceux des villes vont aller dans des villages, ils vont faire des voyages de sept jours, du porte-à-porte pour faire des prêches, ramener les musulmans vers un islam qu'ils estiment plus proche de celui pratiqué par le Prophète[15]. »

Notes et références

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  1. L'article de l'Encyclopédie de l'islam s'intitule Tablīghī djamā'at et précise que l'équivalent en arabe est Djamā'at al-tablīgh. On trouve dans la presse et dans les revues scientifiques francophones des articles qui emploient l'une ou l'autre appellation et l'accordent selon l'un ou l'autre genre.
  2. a et b (en) Ludwig W. Adamec, Historical Dictionary of Islam, Rowman & Littlefield, (ISBN 978-1-4422-7724-3, lire en ligne), page 426
  3. Sylvain Mouillard et Bernadette Sauvaget, « Au Collectif contre l’islamophobie, de la suite dans les données », Libération,‎ (lire en ligne).
  4. Eugénie Bastié, « Islam radical : qu'est-ce que le mouvement tabligh ? », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  5. (fr) René Otayek et Benjamin F. Soares, Islam, État et société en Afrique, éd. Karthala, 2009, p. 192.
  6. a et b Isabelle Surun (dir.), Les Sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960), Atlande, 2012, p. 331.
  7. Association enregistrée en avril 1972 à la préfecture de Seine-Saint-Denis ; cf. Gilles Kepel, Les Banlieues de l'islam : naissance d'une religion en France, Seuil, Paris, 1987.
  8. Leyla Arslan, Enfants d'Islam et de Marianne : des banlieues à l'Université, Presses universitaires de France, Paris, 2010.
  9. Bernard Godard et Sylvie Taussig, Les Musulmans en France. Courants, institutions, communautés : un état des lieux, Hachette, 2007.
  10. [réf. incomplète] Moussa Khedimellah, « Jeunes prédicateurs du mouvement Tabligh : la dignité identitaire retrouvée par le puritanisme religieux ? »
  11. Solenne Jouanneau, Les Imams en France : une autorité religieuse sous contrôle, éditions Agone, Marseille, 2013.
  12. Alexandre Del Valle, Les Vrais Ennemis de l'Occident : du rejet de la Russie à l'islamisation des sociétés ouvertes, éditions L'Artilleur, 2016, page 92.
  13. Moussa Khedimellah, op. cit.. La liste donnée par l'article de L'Encyclopédie de l'Islam n'est pas exactement la même.
  14. Directrice : Danièle Hervieu-Léger (1999) ; consultable à l'EHESS (Paris).
  15. a et b Gabrielle Maréchaux pour RFI le 24/03/2020.

Bibliographie

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Article connexe

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Liens externes

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