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[[Image:Limans black sea coast.jpeg|thumb|Image satellite en fausses couleurs des limans de la côte Nord-Ouest de la [[mer Noire]].]]
[[Image:Limans black sea coast.jpeg|thumb|Image satellite en fausses couleurs des limans de la côte Nord-Ouest de la [[mer Noire]] ([[Géographie de l'Ukraine|littoral ukrainien]]).]]


Un '''liman''' (du grec médiéval λιμάνι, ''limani'' : « abri côtier », lui-même du grec ancien λειμών, ''leimon'' : « [[milieu]] [[humide]] ») est une [[lagune]] spécifique du bas-[[Danube]] et du littoral ouest et nord de la [[mer Noire]], en [[Bulgarie]], [[Roumanie]] et [[Ukraine]], présentant des particularités hydrologiques propres à cette zone, et dans laquelle peuvent éventuellement se verser des fleuves. Les côtes sud et est de la mer Noire, escarpées, ne comportent pas de « limans », à l'exception de celui de Paléostoma en [[Géorgie (pays)|Géorgie]].
Un '''liman''' (du grec médiéval {{grec moderne|λιμάνι}}, ''limani'' : « abri côtier », lui-même du grec ancien {{grec ancien|λειμών}}, ''leimon'' : « [[milieu]] [[humide]] », parfois '''limène''' en ancien français<ref>''Limène'' sur la ''Carte ancienne et moderne de la presqu'île de Kèrtche et de celle de Taman avec une partie de la Circassie'' dressée en 1835 par Frédéric Du Bois : on y trouve les ''limènes'' d'« Aphtanis », de « Temrouk » et « Sydnique ou Kyzyltach ».</ref>) est une [[lagune]] spécifique du bas-[[Danube]] et du littoral ouest et nord de la [[mer Noire]], en [[Bulgarie]], [[Roumanie]], [[Ukraine]] et [[Russie]], présentant des particularités hydrologiques propres à cette zone, et dans laquelle peuvent éventuellement se verser des fleuves. Les côtes sud et est de la mer Noire, escarpées, ne comportent pas de limans, à l'exception de celui de [[Lac Paliastomi|Paliastomi]] en [[Géorgie (pays)|Géorgie]]. Les limans forment l'[[écorégion]] d'eaux douces [[Projet:Écoatlas/Liste des écorégions|du Dniestr et du bas Danube n° 418]], incluant également le [[delta du Danube]]<ref>Source : {{en}} [http://www.eea.europa.eu/data-and-maps/figures/dmeer-digital-map-of-european-ecological-regions ''Digital Map of European Ecological Regions''].</ref>.

[[Fichier:Dniester liman.jpeg|thumb|220px|Détail du liman du [[Dniestr]], à la fois [[lagune]], [[delta]] et [[estuaire]], débouché d'une ancienne voie commerciale entre la [[mer Baltique]] et la [[mer Noire]] et [[Bilhorod-Dnistrovskyï|site d'un port]] successivement [[Tyras|grec]], [[Empire romain|romain]], [[Empire byzantin|byzantin]], [[République de Gênes|génois]], [[Cetatea Albă|moldave]], [[Empire ottoman|turc]] puis [[Empire russe|russe]].]]
[[Fichier:Dniester liman.jpeg|thumb|220px|Détail du liman du [[Dniestr]], à la fois [[lagune]], [[Delta (hydrologie)|delta]] et [[estuaire]], débouché d'une ancienne voie commerciale entre la [[mer Baltique]] et la [[mer Noire]] et [[Bilhorod-Dnistrovskyï|site d'un port]] successivement [[Tyras|grec]], [[Empire romain|romain]], [[Empire byzantin|byzantin]], [[République de Gênes|génois]], [[Cetatea Albă|moldave]], [[Empire ottoman|turc]] puis [[Empire russe|russe]].]]
[[Fichier:Razim.jpg|thumb|220px|Les limans Razim (Iancina, ou Razelm) et Golovița, dans la [[réserve de biosphère du delta du Danube]], avec au nord l'[[île Popina]].]]
[[Fichier:Razim.jpg|thumb|220px|Les limans Razim (Iancina ou Razelm) et Golovița, en [[Roumanie]], dans la [[réserve de biosphère du delta du Danube]], avec au nord l'[[île Popina]].]]


== Spécificité ==
== Spécificité ==

[[Image:Kr4.jpg|200px|left|thumb|Liman de ''Bălțata'' en [[Bulgarie]], entre le cap Shabla et Durankulak.]]
[[Image:Liman Techirghiol.jpg|200px|left|thumb|Liman de ''Tekirgöl'' en [[Roumanie]], entre [[Mangalia]] et [[Constanța|Constanza]].]]
Ces lagunes [[saumâtre]]s, séparées du large par des [[lido]]s, se sont formées il y a sept mille ans, lorsque la montée du niveau de la mer Noire, à la suite de la [[Glaciation de Würm|fonte des glaces Würmiennes]], a envahi l'aval des vallées des cours d'eau affluents, formant alors des [[aber]]s. Dans les millénaires suivants, une fois le niveau stabilisé, les courants marins, l'accumulation de sables coquillers et l'[[alluvion]]nement fluvial ont créé les [[Cordon littoral|cordons littoraux]], restés néanmoins en contact avec la mer par des [[Grau|passes]] (et aussi par-dessus les cordons lors des tempêtes).
Ces lagunes [[saumâtre]]s, séparées du large par des [[lido]]s, se sont formées il y a sept mille ans, lorsque la montée du niveau de la mer Noire, à la suite de la [[Glaciation de Würm|fonte des glaces Würmiennes]], a envahi l'aval des vallées des cours d'eau affluents, formant alors des [[aber]]s. Dans les millénaires suivants, une fois le niveau stabilisé, les courants marins, l'accumulation de sables coquillers et l'[[alluvion]]nement fluvial ont créé les [[Cordon littoral|cordons littoraux]], restés néanmoins en contact avec la mer par des [[Grau|passes]] (et aussi par-dessus les cordons lors des tempêtes).


Les limans servaient de [[frayère]]s à poisson et de zones de nidification pour les oiseaux. Les espèces présentes dans les "limans" supportent toutes des variations de [[salinité]] et de [[turbidité]] importantes. La première connaît des pics estivaux dus à l'évaporation, la seconde des pics de printemps dus au dégel. Les "limans" étaient, avant la pollution par l'agro-industrie, d'importantes sources de poisson pour la population ; il y avait là des pêcheries traditionnelles exploitées par les [[Lipovènes]] (des russophones ''[[Orthodoxes vieux-croyants|vieux-croyants]]'' réfugiés autour de chaque « liman ») qui conservaient le poisson (essentiellement des [[alose]]s ''Alosa maeotica'' et ''Alosa pontica'', des [[Mugil cephalus|mulets cabots]] ''Mugil cephalus'' et des [[esturgeon]]s des familles ''[[Acipenser]]'' et ''[[Huso]]'') dans des glacières en roseaux et bois, alimentées, l'hiver, par la glace de surface des « limans ».
Les « limans » servaient de [[frayère]]s à poisson et de zones de nidification pour les oiseaux. Les espèces présentes dans les limans supportent toutes des variations de [[salinité]] et de [[turbidité]] importantes. La première connaît des pics estivaux dus à l'évaporation, la seconde des pics de printemps dus au dégel. Les « limans » étaient, avant la pollution par l'agro-industrie, d'importantes sources de poisson pour la population ; il y avait là des pêcheries traditionnelles exploitées par les [[Lipovènes]] (des russophones ''[[Orthodoxes vieux-croyants|vieux-croyants]]'' réfugiés autour de chaque « liman ») qui conservaient le poisson (essentiellement des [[alose]]s ''Alosa maeotica'' et ''Alosa pontica'', des [[Mugil cephalus|mulets cabots]] ''Mugil cephalus'' et des [[Acipenseridae|esturgeons]] des familles ''[[Acipenser]]'' et ''[[Huso]]'') dans des glacières en roseaux et bois, alimentées, l'hiver, par la glace de surface des « limans ».


Abrités des attaques venues de la terre ferme par d'épaisses [[roselière]]s envasées, ouverts sur la mer par des passes (''Στόματα/stomata'', ''guri'', ''boukhty'') et le plus souvent navigables pour des [[mahonne]]s de tirant d'eau modeste, beaucoup de "limans" ont servi, au cours des temps historiques, d'escales et de comptoirs aux colons [[grecs]] [[Antiquité|antiques]], et, au [[Moyen Âge]], aux marchands et navigateurs [[Empire byzantin|byzantins]], [[varègues]] et [[République de Gênes|génois]], dans leurs échanges successivement avec les [[Scythes]], les [[Daces]], les [[Sarmates]], les [[Bulgares]], les [[Roumains et roumanophones|Roumains]], les [[Rous' de Kiev|Russes]], les [[Coumans]] ou les [[Tatars]]. Bien qu'étant des [[Stratégie|enjeux stratégiques]], les "limans" en eux-mêmes, peu propices aux batailles (si ce n'est quelques escarmouches maritimes) ont été de tout temps des refuges pour les populations avoisinantes et des lieux d'échanges commerciaux et culturels. Par les "limans" transitaient du sud vers le nord les céramiques, l'or, la soie, les perles, le miel, et du nord vers le sud les fourrures, l'[[ambre]] et le bois.
Abrités des attaques venues de la terre ferme par d'épaisses [[roselière]]s envasées, ouverts sur la mer par des passes (''{{grec moderne|Στόματα}} / stomata'', ''guri'', ''portițe'', ''peresipy'', ''boukhty'') et le plus souvent navigables pour les [[mahonne]]s et les [[Lotca|horées]] de faible [[tirant d'eau]], beaucoup de « limans » ont servi, au cours des temps historiques, d'escales et de comptoirs aux [[Colonisation grecque|colons grecs]] [[Antiquité|antiques]], et, au [[Moyen Âge]], aux marchands et navigateurs [[Empire byzantin|byzantins]], [[varègues]] et [[République de Gênes|génois]], dans leurs échanges successivement avec les [[Scythes]], les [[Daces]], les [[Sarmates]], les [[Bulgares]], les [[Roumains et roumanophones|Roumains]], les [[Rous' de Kiev|Russes]], les [[Coumans]] ou les [[Tatars]]. Bien qu'étant des [[Stratégie|enjeux stratégiques]], les « limans » en eux-mêmes, peu propices aux batailles (si ce n'est quelques escarmouches maritimes) ont été de tout temps des refuges pour les populations avoisinantes et des lieux d'échanges commerciaux et culturels. Par les « limans » transitaient du sud vers le nord les céramiques, l'or, les épices, la soie, les perles, les gemmes, le miel et le vin, et du nord vers le sud les fourrures, le cuir, l'[[ambre]], le poisson fumé et le bois.
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Белгород-Днестровский._Останки_Портового_двора..JPG|Vestiges des hangars [[République de Gênes|génois]] sur les rives du [[liman du Dniestr]], dans le [[Boudjak]], en [[Ukraine]].
Bilhorod Dnistrovskyi.jpg|[[Cetatea Albă]] : la « forteresse blanche » d’[[Étienne III de Moldavie|Étienne de Moldavie]] ({{s-|XIV}}) sur le liman du Dniestr.
ZATOKA - panoramio.jpg|La [[passe du Dniestr]], en Ukraine, relie le liman à la mer.
Комплекс_споруд_дитячого_кістково-туберкульозного_санаторію_«Затока».jpg|L'ancien sanatorium roumain de la passe du Dniestr : en 1939 une large plage s'étendait devant, en 2019 les vagues montent sur l'esplanade et, lors des tempêtes, pénètrent dans le hall.
Alibey Lagoon cliffs.jpg|Liman d'Alibei, dans le [[Boudjak]] ([[Bessarabie méridionale]]).
Ранкові_процедури_у_пеліканів.jpg|[[Pelecanus crispus|Pélicans frisés]] du [[Parc national des limans de Touzly|parc naturel de Șagani-Alibei-Tuzla]], dans le Boudjak.
Argamum.jpg|Ruines d'[[Argamum]], sur les rives du liman Iancina, ancien golfe maritime d'Argamos.
Lotca cu pânze.jpg|left|Une [[lotca]] sous [[livarde]] sur le liman Iancina, devant [[Sarichioi]].
Озеро Текиргёл днем.jpg|Liman de Tekirgöl en Roumanie, entre [[Constanța|Constanza]] et [[Mangalia]].
Kr4.jpg|Liman de Bălțata en [[Bulgarie]].
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== Toponymie ==
== Toponymie ==
Les « limans » avaient à l'origine<ref>Du {{sp|XV|e| au |XVIII|e|}}, lorsque la toponymie commence à être relevée, voir site du « Musée national des cartes et livres anciens » de Bucarest sur [http://www.muzeulhartilor.ro/]</ref>, des noms [[grecs]], [[valaques]] et surtout [[tatars]] (du sud-ouest vers le nord-est : Mandra, Boğaz, Αθανασίου/Athanasiou, Ανχιάλου/Anchialou, Galata, Shabla, Bălțata, Durankulak en [[Bulgarie]], Mangalia, Dulceni, Tekir-Göl, Süt-Göl, Taș-Aul, Sinaï, Zmeïka, Golovița, Χαλμύρης/Halmyris/Iancina/Razelm/Razim/Rasim en [[Roumanie]], Frumoasa/Kahul, Yalpuh, Çugurlu, Katlapuh, Κελλια/Kilia, Drăculia, Kunduk-Sasık, Șagani, Ali-Bey, Tuzla, Codăești, Șabolat, [[Liman du Dniestr|Akboğazi/Dniestr]], Fântâna, Hacibey, Kuyalnıç, Tılihul, Kuçurğan, Yagırlık, Donuzlav, Kalmıç, Sasık, Kızıl, Kaçık, Uzunlar et Tobeçık en [[Ukraine]] - sans compter la [[mer d'Azov]] et ses propres "limans"). Au {{XXe siècle}}, une grande partie de ces noms a été « nationalisée » dans la langue de chaque pays riverain.
Les « limans » avaient à l'origine<ref>Du {{sp-|XV|au|XVIII|}}, lorsque la [[toponymie]] commence à être relevée, voir [https://www.muzeulhartilor.ro/ site] du « Musée national des cartes et livres anciens » de Bucarest (Muzeul Național al Hărților și Cărții Vechi).</ref>, des noms [[grecs]], [[valaques]] et surtout [[tatars]] (du sud-ouest vers le nord-est : [[Limans de Bourgas|Mandra, Boğaz et {{grec moderne|Ἀθανασίου}}-Athanasiou]], Anchialou, Galata, Shabla, Bălțata, Durankulak en [[Bulgarie]], Mangalia, Dulceni, Tekir-Göl, Süt-Göl, Taș-Aul, Sinaï, Zmeïka, Golovița, {{grec moderne|Χαλμύρης}}-Halmyris/Iancina/Razelm/Razim/Rasim en [[Roumanie]], Frumoasa/Kahul, Yalpuh, Çugurlu, Katlapuh, {{grec moderne|Κελλιά}} / Kilia, Drăculia, Conduc-Sasık, Șagani, Ali-Bey, Tuzla, Codăești, Șabolat, [[Liman du Dniestr|Akboğazi/Dniestr]], Fântâna, Hacibey, Kuyalnıç, Tılihul, Kuçurğan, [[Golfe borysthénique|Karakerman]], Yahorlık, Donuslav, Kalmıç, Sasık, Kızıl, Kaçık, Uzunlar et Tobeçık en [[Ukraine]], sans compter la [[mer d'Azov]] et ses propres « limans »). Au {{s-|XX}}, une grande partie de ces noms a été « nationalisée » dans la langue de chaque pays riverain ([[bulgarisation]], [[roumanisation]], [[russification]], [[turquisation]]…).


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Principales sources :
* Petre Gâştescu, Vasile Sencu ; préface de Geo Dumitrescu, {{en}} ''The kingdom of limans'', éd. Meridiane, Bucarest, 1968.
* [[Charles King (author)|Charles King]], {{en}} ''The Black Sea : A History'', 2004, {{ISBN|0-19-924161-9}}.
* [[Özhan Öztürk]] {{tr}} ''Karadeniz : Ansiklopedik Sözlük'' (« Dictionnaire encyclopédique de la mer Noire »), 2 Vol., éd. Heyamola, Istanbul 2005.
{{Références}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Annexes ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Mer Noire]]
* [[Mer Noire]]
* [[Cordon littoral]]
* [[Cordon littoral]]
* [[Convention de Balta-Liman]]
* [[Traité de Balta-Liman]]
* [[Bessarabie méridionale]]


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{fr}} [[Grigore Antipa]], ''Le Delta du Danube et la mer Noire'', éd. de l'Académie roumaine, 1939.
* {{fr}} [[Grigore Antipa]], ''Le Delta du Danube et la mer Noire'', éd. de l'Académie roumaine, 1939.
* {{en}} [[Neal Ascherson]], ''Black Sea'', ed. Vintage, 1996, {{ISBN|0-09-959371-8}}.
* {{en}} [[Neal Ascherson]], ''Black Sea'', ed. Vintage, 1996, {{ISBN|0-09-959371-8}}.
* {{en}} Petre Gâştescu, Vasile Sencu ; préface de Geo Dumitrescu, ''The kingdom of limans'', éd. Meridiane, Bucarest, 1968.
* {{ro}} Petre Gâștescu, Romulus Știucă : ''Le Delta du Danube'', éd. CD.Press, Bucarest, 2008, (résumé français, {{ISBN|978-973-8044-72-2}}).
* {{ro}} Petre Gâștescu, Romulus Știucă : ''Le Delta du Danube'', éd. CD.Press, Bucarest, 2008, (résumé français, {{ISBN|978-973-8044-72-2}}).
* {{fr}} Stella Ghervas, ''Odessa et les confins de l'Europe : un éclairage historique'', in Stella Ghervas et François Rosset (dir.), ''Lieux d'Europe. Mythes et limites'', Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2008, {{ISBN|978-2-7351-1182-4}}.
* {{fr}} Stella Ghervas, ''Odessa et les confins de l'Europe : un éclairage historique'', in Stella Ghervas et François Rosset (dir.), ''Lieux d'Europe. Mythes et limites'', Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2008, {{ISBN|978-2-7351-1182-4}}.
* {{fr}} [http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-850910@51-802583,0.html Natalie Nougayrède, « Mer Noire : une zone de tensions géostratégiques »], ''Le Monde'', {{date|1|janvier|2007}}.
* {{fr}} [https://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-850910@51-802583,0.html Natalie Nougayrède, « Mer Noire : une zone de tensions géostratégiques »], ''Le Monde'', {{date|1|janvier|2007}}.
* {{en}} [[Charles King (author)|Charles King]], ''The Black Sea: A History'', 2004, {{ISBN|0-19-924161-9}}.
* {{tr}} [[Özhan Öztürk]]. Karadeniz: Ansiklopedik Sözlük (Black Sea: Encyclopedic Dictionary). 2 Cilt (2 Volumes). Heyamola Publishing. Istanbul, 2005.
* {{en}} West, Stephanie. "‘The Most Marvellous of All Seas’: the Greek Encounter with the Euxine", ''Greece & Rome'', Vol.&nbsp;50, Issue&nbsp;2 (2003), pp.&nbsp;151–167.
* {{en}} West, Stephanie. "‘The Most Marvellous of All Seas’: the Greek Encounter with the Euxine", ''Greece & Rome'', Vol.&nbsp;50, Issue&nbsp;2 (2003), pp.&nbsp;151–167.
* {{en}} Pollution : [http://fr.news.yahoo.com/afp/20080624/tsc-environnement-mer-pollution-peche-c2ff8aa.html].
* {{en}} Pollution : [https://fr.news.yahoo.com/afp/20080624/tsc-environnement-mer-pollution-peche-c2ff8aa.html].


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Dernière version du 15 août 2024 à 20:01

Image satellite en fausses couleurs des limans de la côte Nord-Ouest de la mer Noire (littoral ukrainien).

Un liman (du grec médiéval λιμάνι, limani : « abri côtier », lui-même du grec ancien λειμών, leimon : « milieu humide », parfois limène en ancien français[1]) est une lagune spécifique du bas-Danube et du littoral ouest et nord de la mer Noire, en Bulgarie, Roumanie, Ukraine et Russie, présentant des particularités hydrologiques propres à cette zone, et dans laquelle peuvent éventuellement se verser des fleuves. Les côtes sud et est de la mer Noire, escarpées, ne comportent pas de limans, à l'exception de celui de Paliastomi en Géorgie. Les limans forment l'écorégion d'eaux douces du Dniestr et du bas Danube n° 418, incluant également le delta du Danube[2].

Détail du liman du Dniestr, à la fois lagune, delta et estuaire, débouché d'une ancienne voie commerciale entre la mer Baltique et la mer Noire et site d'un port successivement grec, romain, byzantin, génois, moldave, turc puis russe.
Les limans Razim (Iancina ou Razelm) et Golovița, en Roumanie, dans la réserve de biosphère du delta du Danube, avec au nord l'île Popina.

Spécificité

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Ces lagunes saumâtres, séparées du large par des lidos, se sont formées il y a sept mille ans, lorsque la montée du niveau de la mer Noire, à la suite de la fonte des glaces Würmiennes, a envahi l'aval des vallées des cours d'eau affluents, formant alors des abers. Dans les millénaires suivants, une fois le niveau stabilisé, les courants marins, l'accumulation de sables coquillers et l'alluvionnement fluvial ont créé les cordons littoraux, restés néanmoins en contact avec la mer par des passes (et aussi par-dessus les cordons lors des tempêtes).

Les « limans » servaient de frayères à poisson et de zones de nidification pour les oiseaux. Les espèces présentes dans les limans supportent toutes des variations de salinité et de turbidité importantes. La première connaît des pics estivaux dus à l'évaporation, la seconde des pics de printemps dus au dégel. Les « limans » étaient, avant la pollution par l'agro-industrie, d'importantes sources de poisson pour la population ; il y avait là des pêcheries traditionnelles exploitées par les Lipovènes (des russophones vieux-croyants réfugiés autour de chaque « liman ») qui conservaient le poisson (essentiellement des aloses Alosa maeotica et Alosa pontica, des mulets cabots Mugil cephalus et des esturgeons des familles Acipenser et Huso) dans des glacières en roseaux et bois, alimentées, l'hiver, par la glace de surface des « limans ».

Abrités des attaques venues de la terre ferme par d'épaisses roselières envasées, ouverts sur la mer par des passes (Στόματα / stomata, guri, portițe, peresipy, boukhty) et le plus souvent navigables pour les mahonnes et les horées de faible tirant d'eau, beaucoup de « limans » ont servi, au cours des temps historiques, d'escales et de comptoirs aux colons grecs antiques, et, au Moyen Âge, aux marchands et navigateurs byzantins, varègues et génois, dans leurs échanges successivement avec les Scythes, les Daces, les Sarmates, les Bulgares, les Roumains, les Russes, les Coumans ou les Tatars. Bien qu'étant des enjeux stratégiques, les « limans » en eux-mêmes, peu propices aux batailles (si ce n'est quelques escarmouches maritimes) ont été de tout temps des refuges pour les populations avoisinantes et des lieux d'échanges commerciaux et culturels. Par les « limans » transitaient du sud vers le nord les céramiques, l'or, les épices, la soie, les perles, les gemmes, le miel et le vin, et du nord vers le sud les fourrures, le cuir, l'ambre, le poisson fumé et le bois.

Les « limans » avaient à l'origine[3], des noms grecs, valaques et surtout tatars (du sud-ouest vers le nord-est : Mandra, Boğaz et Ἀθανασίου-Athanasiou, Anchialou, Galata, Shabla, Bălțata, Durankulak en Bulgarie, Mangalia, Dulceni, Tekir-Göl, Süt-Göl, Taș-Aul, Sinaï, Zmeïka, Golovița, Χαλμύρης-Halmyris/Iancina/Razelm/Razim/Rasim en Roumanie, Frumoasa/Kahul, Yalpuh, Çugurlu, Katlapuh, Κελλιά / Kilia, Drăculia, Conduc-Sasık, Șagani, Ali-Bey, Tuzla, Codăești, Șabolat, Akboğazi/Dniestr, Fântâna, Hacibey, Kuyalnıç, Tılihul, Kuçurğan, Karakerman, Yahorlık, Donuslav, Kalmıç, Sasık, Kızıl, Kaçık, Uzunlar et Tobeçık en Ukraine, sans compter la mer d'Azov et ses propres « limans »). Au XXe siècle, une grande partie de ces noms a été « nationalisée » dans la langue de chaque pays riverain (bulgarisation, roumanisation, russification, turquisation…).

Notes et références

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Principales sources :

  • Petre Gâştescu, Vasile Sencu ; préface de Geo Dumitrescu, (en) The kingdom of limans, éd. Meridiane, Bucarest, 1968.
  • Charles King, (en) The Black Sea : A History, 2004, (ISBN 0-19-924161-9).
  • Özhan Öztürk (tr) Karadeniz : Ansiklopedik Sözlük (« Dictionnaire encyclopédique de la mer Noire »), 2 Vol., éd. Heyamola, Istanbul 2005.
  1. Limène sur la Carte ancienne et moderne de la presqu'île de Kèrtche et de celle de Taman avec une partie de la Circassie dressée en 1835 par Frédéric Du Bois : on y trouve les limènes d'« Aphtanis », de « Temrouk » et « Sydnique ou Kyzyltach ».
  2. Source : (en) Digital Map of European Ecological Regions.
  3. Du XVe au XVIIIe siècle, lorsque la toponymie commence à être relevée, voir site du « Musée national des cartes et livres anciens » de Bucarest (Muzeul Național al Hărților și Cărții Vechi).

Articles connexes

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Bibliographie

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  • (fr) Grigore Antipa, Le Delta du Danube et la mer Noire, éd. de l'Académie roumaine, 1939.
  • (en) Neal Ascherson, Black Sea, ed. Vintage, 1996, (ISBN 0-09-959371-8).
  • (ro) Petre Gâștescu, Romulus Știucă : Le Delta du Danube, éd. CD.Press, Bucarest, 2008, (résumé français, (ISBN 978-973-8044-72-2)).
  • (fr) Stella Ghervas, Odessa et les confins de l'Europe : un éclairage historique, in Stella Ghervas et François Rosset (dir.), Lieux d'Europe. Mythes et limites, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2008, (ISBN 978-2-7351-1182-4).
  • (fr) Natalie Nougayrède, « Mer Noire : une zone de tensions géostratégiques », Le Monde, .
  • (en) West, Stephanie. "‘The Most Marvellous of All Seas’: the Greek Encounter with the Euxine", Greece & Rome, Vol. 50, Issue 2 (2003), pp. 151–167.
  • (en) Pollution : [1].