Aller au contenu

« Cangrande II della Scala » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Jpda (discuter | contributions)
Insurrection de Fregnano : lien interne Fregnano della Scala (article à créer)
Jossy27 (discuter | contributions)
Fonctionnalité de suggestions de liens : 3 liens ajoutés.
 
(12 versions intermédiaires par 11 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Infobox Biographie2
[[Fichier:Interno castelvecchio VR.jpg|thumb|upright=0.8|alt=Le Castelvecchio|L'intérieur du Castelvecchio, bâti par Cangrande II après le soulèvement de 1354.]]
|image=Interno castelvecchio VR.jpg
[[Fichier:Verona Castelvecchio.jpg|thumb|upright=0.8|alt=Le pont Scaliger à Vérone|Le pont Scaliger, construit pour permettre de quitter le Castelvecchio (à droite) et de gagner les Alpes.]]
|alt=Le Castelvecchio
'''Canfrancesco della Scala''', plus connu sous le nom de '''Cangrande II della Scala''' et surnommé par les Véronais ''Can Rabbioso'', « le Chien enragé »<ref group=n.>Cangrande (« le Grand chien ») est la quatrième occurrence canine dans l'onomastique familiale après Cangrande I et les deux Mastino (mâtin, chien de garde et de défense qui ne lâche jamais prise). Il sera suivi par Can Signorio.</ref>, (1332-1359) est un homme politique italien du {{s|XIV}}, membre de la dynastie [[della Scala|scaligère]].
|légende=L'intérieur du Castelvecchio, bâti par Cangrande II après le soulèvement de 1354.
}}
[[Fichier:Ponte di Castelvecchio (Verona).jpg|thumb|alt=Le pont Scaliger à Vérone|Le pont Scaliger, construit pour permettre de quitter le Castelvecchio (à droite) et de gagner les Alpes.]]
'''Canfrancesco della Scala''', plus connu sous le nom de '''Cangrande II della Scala''' et surnommé par les Véronais ''Can Rabbioso'', « le Chien enragé »<ref group=n.>Cangrande (« le Grand chien ») est la quatrième occurrence canine dans l'onomastique familiale après Cangrande I et les deux Mastino (mâtin, chien de garde et de défense qui ne lâche jamais prise). Il sera suivi par Can Signorio.</ref>, (1332-1359) est un homme politique italien du {{s|XIV}}, membre de la dynastie [[della Scala|scaligère]].


Arrivé au pouvoir en 1351 à la mort de son père [[Mastino II della Scala|Mastino II]], il hérite d'une seigneurie dont les possessions ont été considérablement réduites par les errements politiques et militaires de la génération précédente.
Arrivé au pouvoir en 1351 à la mort de son père [[Mastino II della Scala|Mastino II]], il hérite d'une [[seigneurie]] dont les possessions ont été considérablement réduites par les errements politiques et militaires de la génération précédente.


Peu porté à la guerre, inconstant dans sa politique extérieure, il est sérieusement menacé, en 1354, par le soulèvement organisé par Fregnano, un bâtard de Mastino II.
Peu porté à la guerre, inconstant dans sa politique extérieure, il est sérieusement menacé, en 1354, par le soulèvement organisé par Fregnano, un bâtard de Mastino II.


Après cette alerte, il fait construire à Vérone, pour se mettre en sécurité au milieu d'une population dont il se méfie, le [[Castelvecchio]], qu'il relie à la rive nord de l'Adige par un pont qui lui permet de s'enfuir dans l'éventualité d'une nouvelle insurrection.
Après cette alerte, il fait construire à Vérone, pour se mettre en sécurité au milieu d'une population dont il se méfie, le [[Castelvecchio]], qu'il relie à la rive nord de l'Adige par un pont qui lui permet de s'enfuir dans l'éventualité d'une nouvelle insurrection.


Tyrannique vis-à-vis de sa famille, il est assassiné le 14 décembre 1359 par [[Cansignorio della Scala|Cansignorio]] qui lui succède seul, après avoir fait emprisonner leur frère cadet [[Paolo Alboino della Scala|Paolo Alboino]].
Tyrannique vis-à-vis de sa famille, il est assassiné le {{date-|14 décembre 1359}} par [[Cansignorio della Scala|Cansignorio]] qui lui succède seul, après avoir fait emprisonner leur frère cadet [[Paolo Alboino della Scala|Paolo Alboino]].


==Accession au pouvoir==
==Accession au pouvoir==
Après avoir dissipé les douze dernières années de sa vie en intrigues brouillonnes et inutiles, le 3 juin 1351, Mastino II meurt après une brève maladie, à l'âge de 43 ans. Il laisse derrière lui sa veuve, Taddea<ref>{{harvsp|id=Ornato|texte=Ornato, 2001}}.</ref>{{,}}<ref group=n.>Qui lui survivra 24 ans.</ref> et six enfants : trois filles<ref group=n.>[[Reine della Scala|Beatrice, dite Regine (Reine)]] (1331-1384), mariée en 1350 à [[Barnabé Visconti]], seigneur de Milan, Altaluna et Verde († en 1394), mariée à [[Nicolas II d'Este]], seigneur de Ferrare.</ref> et trois fils légitimes : Canfrancesco (connu par la suite sous le nom de Cangrande, deuxième du nom), [[Cansignorio della Scala|Cansignorio]] et [[Paolo Alboino della Scala|Paolo Alboino]]. Son frère [[Alberto II della Scala|Alberto]] est encore vivant et pourrait lui succéder mais il a pris si peu de part à la seigneurie que le peuple, assemblé le 4 juin 1351 sur la ''piazza delle Erbe'', proclame les trois fils de Mastino co-seigneurs de Vérone<ref group=n.>''In solidum Domini et Capitanei Generales''.</ref>. De fait, seul Cangrande exerce le pouvoir, son frère Cansignorio n'étant âgé que de onze ans et Paolo Alboino encore un bambin. Alberto, qui a donné son accord à la succession, se retire alors définitivement de la vie publique et meurt le 24 septembre 1352<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=288}}.</ref>.
Après avoir dissipé les douze dernières années de sa vie en intrigues brouillonnes et inutiles, le {{date-|3 juin 1351}}, Mastino II meurt après une brève maladie, à l'âge de 43 ans. Il laisse derrière lui sa veuve, Taddea<ref>{{harvsp|id=Ornato|texte=Ornato, 2001}}.</ref>{{,}}<ref group=n.>Qui lui survivra 24 ans.</ref> et six enfants : trois filles<ref group=n.>[[Reine della Scala|Beatrice, dite Regine (Reine)]] (1331-1384), mariée en 1350 à [[Barnabé Visconti]], seigneur de Milan, Altaluna et Verde († en 1394), mariée à [[Nicolas II d'Este]], seigneur de Ferrare.</ref> et trois fils légitimes : Canfrancesco (connu par la suite sous le nom de Cangrande, deuxième du nom), [[Cansignorio della Scala|Cansignorio]] et [[Paolo Alboino della Scala|Paolo Alboino]]. Son frère [[Alberto II della Scala|Alberto]] est encore vivant et pourrait lui succéder mais il a pris si peu de part à la seigneurie que le peuple, assemblé le {{date-|4 juin 1351}} sur la ''piazza delle Erbe'', proclame les trois fils de Mastino co-seigneurs de Vérone<ref group=n.>''In solidum Domini et Capitanei Generales''.</ref>. De fait, seul Cangrande exerce le pouvoir, son frère Cansignorio n'étant âgé que de onze ans et Paolo Alboino encore un bambin. Alberto, qui a donné son accord à la succession, se retire alors définitivement de la vie publique et meurt le {{date-|24 septembre 1352}}<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=288}}.</ref>.


Quand il arrive au pouvoir, Cangrande II n'a qu'une vingtaine d'années, mais il a déjà livré quelques combats aux côtés de son père et de son oncle. Contrairement à ces derniers, il n'est pas attiré par la guerre et mène une vie de plaisirs qui lui attire l'antipathie des Véronais<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=289}}.</ref>.
Quand il arrive au pouvoir, Cangrande II n'a qu'une vingtaine d'années, mais il a déjà livré quelques combats aux côtés de son père et de son oncle. Contrairement à ces derniers, il n'est pas attiré par la guerre et mène une vie de plaisirs qui lui attire l'antipathie des Véronais<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=289}}.</ref>.


==Politique extérieure==
==Politique extérieure==
Très influençable, Cangrande II conduit, pendant les huit années où il se trouve à la tête de Vérone, une politique extérieure opportuniste et brouillonne. À ses débuts, [[Jean Visconti]]<ref group=n.>Jean Visconti (en italien Giovanni Visconti) est co-seigneur de Milan de 1339 à 1349 avec son frère Lucien puis seul seigneur de 1349 à 1354.</ref> parvient à l'éloigner de la ligue qui s'est créée contre Milan. Il reste en bons termes avec [[Venise]] et [[Ferrare]]. À l'automne 1353, quand [[Gênes]] se soumet volontairement à Milan<ref group=n.>Après que sa flotte ait été coulée par celle de Venise.</ref>, il adhère à la ligue nouvellement formée contre les Visconti et regroupant Venise, Ferrare, [[Faenza]] et [[Padoue]], rejointes, en mars 1354, par [[Charles IV du Saint-Empire|Charles de Bohème]]. Cangrande, brièvement raccommodé avec Milan dans l'intervalle, et prêt à attaquer Mantoue, se laisse convaincre de reprendre du service auprès de la coalition, dans laquelle il côtoie les Gonzague, ses adversaires de la veille. Quand Charles de Bohème fait finalement son entrée en Italie le 4 novembre 1354, pour y être couronné Empereur, Cangrande obtient qu'il lui confère le vicariat de Vérone et de Vicence (que son père Mastino II avait reconnu comme une prérogative papale)<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=289-290, 294-295}}.</ref>.
Très influençable, Cangrande II conduit, pendant les huit années où il se trouve à la tête de Vérone, une politique extérieure opportuniste et brouillonne. À ses débuts, [[Jean Visconti]]<ref group=n.>Jean Visconti (en italien Giovanni Visconti) est co-seigneur de Milan de 1339 à 1349 avec son frère Lucien puis seul seigneur de 1349 à 1354.</ref> parvient à l'éloigner de la ligue qui s'est créée contre Milan. Il reste en bons termes avec [[Venise]] et [[Ferrare]]. À l'automne 1353, quand [[Gênes]] se soumet volontairement à Milan<ref group=n.>Après que sa flotte ait été coulée par celle de Venise.</ref>, il adhère à la ligue nouvellement formée contre les Visconti et regroupant Venise, Ferrare, [[Faenza]] et [[Padoue]], rejointes, en {{date-|mars 1354}}, par [[Charles IV du Saint-Empire|Charles de Bohème]]. Cangrande, brièvement raccommodé avec Milan dans l'intervalle, et prêt à attaquer Mantoue, se laisse convaincre de reprendre du service auprès de la coalition, dans laquelle il côtoie les Gonzague, ses adversaires de la veille. Quand Charles de Bohème fait finalement son entrée en [[Italie]] le {{date-|4 novembre 1354}}, pour y être couronné Empereur, Cangrande obtient qu'il lui confère le vicariat de Vérone et de Vicence (que son père Mastino II avait reconnu comme une prérogative papale)<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=289-290, 294-295}}.</ref>.


==Politique intérieure==
==Politique intérieure==
Ligne 25 : Ligne 29 :


==Insurrection de Fregnano==
==Insurrection de Fregnano==
L'événement le plus marquant de l'époque de Cangrande II reste le soulèvement de Vérone en février 1354.
L'événement le plus marquant de l'époque de Cangrande II reste le soulèvement de Vérone en {{date-|février 1354}}.


Le 14 du mois, Cangrande quitte la ville, avec son frère Cansignorio et une escorte de notables, pour rendre visite à son beau-frère à [[Bolzano]]. Il laisse Vérone à la garde d'Azzo da Coreggio. Il y laisse aussi [[Fregnano della Scala|Fregnano]], le fils naturel préféré de Mastino II<ref group=n.>Du vivant de Cangrande, Fregnano, armé chevalier en 1345, est un condottiere admiré qui conduit souvent les troupes véronaises. En 1350, il a la charge des armées de l'Église en [[Romagne (Italie)|Romagne]].</ref>, qu'il n'a eu de cesse d'humilier depuis la mort de leur père. Fregnano a secrètement préparé le terrain et s'est assuré du soutien des [[Maison de Gonzague|Gonzague]], d'Azzo da Coreggio et de Pietro dal Verme, hommes de confiance de Cangrande. Dès que ce dernier a quitté la ville, il ordonne aux mercenaires qui y tiennent garnison de faire une sortie pour parer à la présence, à proximité de Vérone, de troupes milanaises. Le 17 février, les mercenaires éloignés, Fregnano annonce publiquement que Cangrande a été assassiné sur la route de Bolzano, produisant, à l'appui de ses dires, des faux portant le sceau des Scaliger<ref group=n.>Ils lui auraient été donnés par Pietro dal Verme.</ref>. Il est acclamé par la foule et accepte d'exercer le pouvoir au nom de Cansignorio, absent, et de Paolo Alboino, mineur. L'anarchie s'empare de la cité, les documents fiscaux sont brûlés, les prisons ouvertes. Il faut l'intervention des troupes mantouanes pour restaurer l'ordre après plusieurs jours d'émeutes. Fregnano est alors formellement investi des pouvoirs sur Vérone en tant que capitaine et podestat des marchands, les deux charges dont le cumul définit, depuis le début de la dynastie scaligère, le titulaire de la seigneurie.
Le 14 du mois, Cangrande quitte la ville, avec son frère Cansignorio et une escorte de notables, pour rendre visite à son beau-frère à [[Bolzano]]. Il laisse Vérone à la garde d'Azzo da Coreggio. Il y laisse aussi [[Fregnano della Scala|Fregnano]], le fils naturel préféré de Mastino II<ref group=n.>Du vivant de Cangrande, Fregnano, armé chevalier en 1345, est un condottiere admiré qui conduit souvent les troupes véronaises. En 1350, il a la charge des armées de l'Église en [[Romagne (Italie)|Romagne]].</ref>, qu'il n'a eu de cesse d'humilier depuis la mort de leur père. Fregnano a secrètement préparé le terrain et s'est assuré du soutien des [[Maison de Gonzague|Gonzague]], d'Azzo da Coreggio et de Pietro dal Verme, hommes de confiance de Cangrande. Dès que ce dernier a quitté la ville, il ordonne aux mercenaires qui y tiennent garnison de faire une sortie pour parer à la présence, à proximité de Vérone, de troupes milanaises. Le {{date-|17 février}}, les mercenaires éloignés, Fregnano annonce publiquement que Cangrande a été assassiné sur la route de Bolzano, produisant, à l'appui de ses dires, des faux portant le sceau des Scaliger<ref group=n.>Ils lui auraient été donnés par Pietro dal Verme.</ref>. Il est acclamé par la foule et accepte d'exercer le pouvoir au nom de Cansignorio, absent, et de Paolo Alboino, mineur. L'anarchie s'empare de la cité, les documents fiscaux sont brûlés, les prisons ouvertes. Il faut l'intervention des troupes mantouanes pour restaurer l'ordre après plusieurs jours d'émeutes. Fregnano est alors formellement investi des pouvoirs sur Vérone en tant que capitaine et [[podestat]] des marchands, les deux charges dont le cumul définit, depuis le début de la dynastie scaligère, le titulaire de la seigneurie.


Pendant le soulèvement, les Visconti jouent un jeu ambigu. Leur présence dans les parages a permis à Fregnano de se débarrasser des mercenaires, mais le 24 février, ils lancent une attaque sur les portes ouest de Vérone, au moment où, averti par le gouverneur de Vicence, Cangrande tourne bride. Le 25 février, il est sous les murs de Vérone, qu'il attaque par l'est. Il emporte la ''porta di Campo Marzo'' puis le ''ponte delle Navi''. Les insurgés se débandent, Fregnano se noie dans l'Adige, et une répression féroce s'abat sur la ville. Cangrande entre dans un accès de fureur qui dure plusieurs jours et lui vaut son surnom de « Can rabbioso » (le Chien enragé). Les décapitations succèdent aux pendaisons<ref group=n.>Parmi les victimes de la répression, Pietro dal Verme, un des plus anciens serviteurs des Della Scala.</ref>, le corps de Fregnano, sorti de l'Adige, est exposé nu en place publique et les insurgés qui ont cherché refuge hors de la ville sont pourchassé et exécutés.
Pendant le soulèvement, les Visconti jouent un jeu ambigu. Leur présence dans les parages a permis à Fregnano de se débarrasser des mercenaires, mais le {{date-|24 février}}, ils lancent une attaque sur les portes ouest de Vérone, au moment où, averti par le gouverneur de Vicence, Cangrande tourne bride. Le {{date-|25 février}}, il est sous les murs de Vérone, qu'il attaque par l'est. Il emporte la ''porta di Campo Marzo'' puis le ''ponte delle Navi''. Les insurgés se débandent, Fregnano se noie dans l'Adige, et une répression féroce s'abat sur la ville. Cangrande entre dans un accès de fureur qui dure plusieurs jours et lui vaut son surnom de « Can rabbioso » (le Chien enragé). Les décapitations succèdent aux pendaisons<ref group=n.>Parmi les victimes de la répression, Pietro dal Verme, un des plus anciens serviteurs des Della Scala.</ref>, le corps de Fregnano, sorti de l'Adige, est exposé nu en place publique et les insurgés qui ont cherché refuge hors de la ville sont pourchassés et exécutés.


L'insurrection une fois écrasée, Cangrande se montre par contre étonnamment clément vis-à-vis de la population de Vérone. il estime en effet qu'elle a été trompée par les documents produits par Fregnano pour apporter la preuve de sa mort. Il hésite également sur le comportement à adopter vis-à-vis des Milanais, qui lui affirment qu'ils ne sont intervenus que pour le soutenir<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=290-294}}.</ref>
L'insurrection une fois écrasée, Cangrande se montre par contre étonnamment clément vis-à-vis de la population de Vérone. il estime en effet qu'elle a été trompée par les documents produits par Fregnano pour apporter la preuve de sa mort. Il hésite également sur le comportement à adopter vis-à-vis des Milanais, qui lui affirment qu'ils ne sont intervenus que pour le soutenir<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=290-294}}.</ref>


Suite au soulèvement, Cangrande entame une nouvelle phase de son règne : il fait construire, sur la rive droite de l'Adige et en bordure de la cité, une forteresse, le [[Castelvecchio]]<ref group=n.>À l'origine ''castel di San Martin Aquario''. Pour célébrer sa victoire, Cangrande fait également édifier une église, connue sous le nom de ''Santa Maria della Vittoria'' (initialement dédiée à la Vierge et à Saint Georges).</ref>, qu'il fait relier à l'autre rive par un pont (le pont des Scaliger) lui permettant de quitter la ville par le nord en cas de rébellion. N'ayant pas eu de descendant de sa femme [[Élisabeth de Bavière (1329-1402)|Elisabeth de Bavière]], qu'il a épousée en 1350<ref group=n.>Elle la fille de l'Empereur [[Louis IV du Saint-Empire|Louis IV de Bavière]] et de sa seconde épouse, [[Marguerite II de Hainaut|Marguerite de Hainaut]] (Ornato).</ref>, il tente d'organiser l'avenir de ses trois bâtards<ref group=n.>Guglielmo, Tebaldo et Fregnano.</ref>, déposant des fonds à leur attention à Venise, envisageant de leur transmettre la seigneurie, puis plaçant deux d'entre eux au chapitre de la cathédrale<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=296-297}}.</ref>
À la suite du soulèvement, Cangrande entame une nouvelle phase de son règne : il fait construire, sur la rive droite de l'Adige et en bordure de la cité, une forteresse, le [[Castelvecchio]]<ref group=n.>À l'origine ''castel di San Martin Aquario''. Pour célébrer sa victoire, Cangrande fait également édifier une église, connue sous le nom de ''Santa Maria della Vittoria'' (initialement dédiée à la Vierge et à Saint Georges).</ref>, qu'il fait relier à l'autre rive par un pont (le pont des Scaliger) lui permettant de quitter la ville par le nord en cas de rébellion. N'ayant pas eu de descendant de sa femme [[Élisabeth de Bavière (1329-1402)|Elisabeth de Bavière]], qu'il a épousée en 1350<ref group=n.>Elle la fille de l'Empereur [[Louis IV du Saint-Empire|Louis IV de Bavière]] et de sa seconde épouse, [[Marguerite II de Hainaut|Marguerite de Hainaut]] (Ornato).</ref>, il tente d'organiser l'avenir de ses trois bâtards<ref group=n.>Guglielmo, Tebaldo et Fregnano.</ref>, déposant des fonds à leur attention à Venise, envisageant de leur transmettre la seigneurie, puis plaçant deux d'entre eux au chapitre de la cathédrale<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=296-297}}.</ref>


==Assassinat et succession==
==Assassinat et succession==
Cangrande se comporte, vis-à-vis de sa mère et de ses frères, comme un véritable tyran domestique. Le 14 septembre 1359, alors qu'il se rend chez sa maîtresse, il est pris à partie par son frère Cansignorio qui le tire à bas de son cheval et l'assassine. Le meurtrier, terrifié par son propre geste, se réfugie à Padoue. Mais le peuple, soulagé par la mort de Cangrande, réclame l'assassin à corps et à cri. Il revient à Vérone le 17 décembre pour y être proclamé, avec son frère Paolo Alboino, co-seigneur de Vérone à vie. Pour la première fois dans l'histoire de la cité, il est même décidé que leurs descendants hériteront du titre<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=297-298}}.</ref>.
Cangrande se comporte, vis-à-vis de sa mère et de ses frères, comme un véritable tyran domestique. Le {{date-|14 septembre 1359}}, alors qu'il se rend chez sa maîtresse, il est pris à partie par son frère Cansignorio qui le tire à bas de son cheval et l'assassine. Le meurtrier, terrifié par son propre geste, se réfugie à Padoue. Mais le peuple, soulagé par la mort de Cangrande, réclame l'assassin à cor et à cri. Il revient à Vérone le {{date-|17 décembre}} pour y être proclamé, avec son frère Paolo Alboino, co-seigneur de Vérone à vie. Pour la première fois dans l'histoire de la cité, il est même décidé que leurs descendants hériteront du titre<ref>{{harvsp|id=Allen|texte=Allen, 1910|page=297-298}}.</ref>.


==Généalogie==
==Généalogie==
Ligne 89 : Ligne 93 :
== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=en|prénom=A.M.|nom=Allen|titre=A History of Verona|éditeur=Methuen & C° Ltd.|lieu=Londres|année=1910|id=Allen|plume=oui|lire en ligne= https://archive.org/details/AHistoryOfVerona}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom=A.M.|nom=Allen|titre=A History of Verona|éditeur=Methuen & C° Ltd.|lieu=Londres|année=1910|id=Allen|plume=oui|lire en ligne= https://archive.org/details/AHistoryOfVerona}}
* {{ouvrage|langue=it|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/della-scala-mastino-i_(Enciclopedia-Italiana)/|titre=Della Scala, Mastino I|prénom=L.|nom=Simeoni|éditeur=Enciclopedia Italiana|année=1931|id=Mastino1|plume=oui}}.
* {{ouvrage|langue=it|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/della-scala-mastino-i_(Enciclopedia-Italiana)/|titre=Della Scala, Mastino I|prénom=L.|nom=Simeoni|éditeur=Enciclopedia Italiana|année=1931|id=Mastino1|plume=oui}}
* {{ouvrage|langue=it|titre=Della Scala, Alberto|prénom=G.M.|nom=Varanini|éditeur=Dizionario biografico degli Italiani|année=1989|id=Alberto1|plume=oui|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/alberto-della-scala_res-2eeb0d08-87ec-11dc-8e9d-0016357eee51_(Dizionario-Biografico)/}}.
* {{ouvrage|langue=it|titre=Della Scala, Alberto|prénom=G.M.|nom=Varanini|éditeur=Dizionario biografico degli Italiani|année=1989|id=Alberto1|plume=oui|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/alberto-della-scala_res-2eeb0d08-87ec-11dc-8e9d-0016357eee51_(Dizionario-Biografico)/}}
* {{ouvrage|langue=it|titre=Bartolomeo della Scala|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/della-scala-bartolomeo-i/|éditeur=Treccani|plume=oui|id=bartolomeo}}.
* {{ouvrage|langue=it|titre=Bartolomeo della Scala|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/della-scala-bartolomeo-i/|éditeur=Treccani|plume=oui|id=bartolomeo}}
* {{ouvrage|langue=it|titre chapitre=Della Scala, Alboino|titre=Dizionario Biografico degli Italiani |tome=37 |année=1989|prénom=G.M.|nom=Varanini|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/alboino-della-scala_(Dizionario-Biografico)/|id=alboino}}.
* {{ouvrage|langue=it|titre chapitre=Della Scala, Alboino|titre=Dizionario Biografico degli Italiani |tome=37 |année=1989|prénom=G.M.|nom=Varanini|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/alboino-della-scala_(Dizionario-Biografico)/|id=alboino}}.
* {{ouvrage|langue=it|titre chapitre=Della Scala, Cangrande|titre=Dizionario Biografico degli Italiani |tome=37 |année=1989|prénom=G.M.|nom=Varanini|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/cangrande-della-scala_(Dizionario-Biografico)/|id=cangrande1}}.
* {{ouvrage|langue=it|titre chapitre=Della Scala, Cangrande|titre=Dizionario Biografico degli Italiani |tome=37 |année=1989|prénom=G.M.|nom=Varanini|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/cangrande-della-scala_(Dizionario-Biografico)/|id=cangrande1}}.
* {{ouvrage|langue=it|titre chapitre=Della Scala, Mastino II|titre=Enciclopedia Italiana|éditeur=Treccani |année=1931|prénom=L.|nom=Simeoni|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/della-scala-mastino-ii_(Enciclopedia-Italiana)/|id=mastino2}}.
* {{ouvrage|langue=it|titre chapitre=Della Scala, Mastino II|titre=Enciclopedia Italiana|éditeur=Treccani |année=1931|prénom=L.|nom=Simeoni|lire en ligne=http://www.treccani.it/enciclopedia/della-scala-mastino-ii_(Enciclopedia-Italiana)/|id=mastino2}}.
* {{Ouvrage|prénom=Monique|nom=Ornato|titre=Répertoire de personnages apparentés à la couronne de France aux XIVe siècle et XVe siècle|éditeur=Publications de la Sorbonne|anée|2001|lieu=Paris|id=Ornato}}.
* {{Ouvrage|prénom=Monique|nom=Ornato|titre=Répertoire de personnages apparentés à la couronne de France aux {{s-|XIV}} et {{s-|XV}}|éditeur=Publications de la Sorbonne|anée|2001|lieu=Paris|id=Ornato}}.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
Ligne 111 : Ligne 115 :


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{it}} [http://www.scaligeri.com/ Portail des Scaliger].
* {{it}} [http://www.scaligeri.com/ Portail des Scaliger].


Ligne 119 : Ligne 124 :


{{DEFAULTSORT:Dellascala, Cangrande}}
{{DEFAULTSORT:Dellascala, Cangrande}}
[[Catégorie:Naissance en Vénétie]]
[[Catégorie:Naissance à Vérone]]
[[Catégorie:Personnalité italienne du XIVe siècle]]
[[Catégorie:Personnalité italienne du XIVe siècle]]
[[Catégorie:Seigneur italien]]
[[Catégorie:Seigneur italien]]

Dernière version du 28 juillet 2024 à 13:11

Cangrande II della Scala
Le Castelvecchio
L'intérieur du Castelvecchio, bâti par Cangrande II après le soulèvement de 1354.
Fonction
Roi d'Italie
Biographie
Naissance
Décès
Activités
Famille
Père
Mère
Taddea da Carrara (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Pietro della Scala (d)
Fregnano della Scala
Reine della Scala
Cansignorio della Scala
Paolo Alboino della Scala
Verde della Scala (d)
Giovanni della Scala (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Enfant
Blason
Le pont Scaliger à Vérone
Le pont Scaliger, construit pour permettre de quitter le Castelvecchio (à droite) et de gagner les Alpes.

Canfrancesco della Scala, plus connu sous le nom de Cangrande II della Scala et surnommé par les Véronais Can Rabbioso, « le Chien enragé »[n. 1], (1332-1359) est un homme politique italien du XIVe siècle, membre de la dynastie scaligère.

Arrivé au pouvoir en 1351 à la mort de son père Mastino II, il hérite d'une seigneurie dont les possessions ont été considérablement réduites par les errements politiques et militaires de la génération précédente.

Peu porté à la guerre, inconstant dans sa politique extérieure, il est sérieusement menacé, en 1354, par le soulèvement organisé par Fregnano, un bâtard de Mastino II.

Après cette alerte, il fait construire à Vérone, pour se mettre en sécurité au milieu d'une population dont il se méfie, le Castelvecchio, qu'il relie à la rive nord de l'Adige par un pont qui lui permet de s'enfuir dans l'éventualité d'une nouvelle insurrection.

Tyrannique vis-à-vis de sa famille, il est assassiné le par Cansignorio qui lui succède seul, après avoir fait emprisonner leur frère cadet Paolo Alboino.

Accession au pouvoir

[modifier | modifier le code]

Après avoir dissipé les douze dernières années de sa vie en intrigues brouillonnes et inutiles, le , Mastino II meurt après une brève maladie, à l'âge de 43 ans. Il laisse derrière lui sa veuve, Taddea[1],[n. 2] et six enfants : trois filles[n. 3] et trois fils légitimes : Canfrancesco (connu par la suite sous le nom de Cangrande, deuxième du nom), Cansignorio et Paolo Alboino. Son frère Alberto est encore vivant et pourrait lui succéder mais il a pris si peu de part à la seigneurie que le peuple, assemblé le sur la piazza delle Erbe, proclame les trois fils de Mastino co-seigneurs de Vérone[n. 4]. De fait, seul Cangrande exerce le pouvoir, son frère Cansignorio n'étant âgé que de onze ans et Paolo Alboino encore un bambin. Alberto, qui a donné son accord à la succession, se retire alors définitivement de la vie publique et meurt le [2].

Quand il arrive au pouvoir, Cangrande II n'a qu'une vingtaine d'années, mais il a déjà livré quelques combats aux côtés de son père et de son oncle. Contrairement à ces derniers, il n'est pas attiré par la guerre et mène une vie de plaisirs qui lui attire l'antipathie des Véronais[3].

Politique extérieure

[modifier | modifier le code]

Très influençable, Cangrande II conduit, pendant les huit années où il se trouve à la tête de Vérone, une politique extérieure opportuniste et brouillonne. À ses débuts, Jean Visconti[n. 5] parvient à l'éloigner de la ligue qui s'est créée contre Milan. Il reste en bons termes avec Venise et Ferrare. À l'automne 1353, quand Gênes se soumet volontairement à Milan[n. 6], il adhère à la ligue nouvellement formée contre les Visconti et regroupant Venise, Ferrare, Faenza et Padoue, rejointes, en , par Charles de Bohème. Cangrande, brièvement raccommodé avec Milan dans l'intervalle, et prêt à attaquer Mantoue, se laisse convaincre de reprendre du service auprès de la coalition, dans laquelle il côtoie les Gonzague, ses adversaires de la veille. Quand Charles de Bohème fait finalement son entrée en Italie le , pour y être couronné Empereur, Cangrande obtient qu'il lui confère le vicariat de Vérone et de Vicence (que son père Mastino II avait reconnu comme une prérogative papale)[4].

Politique intérieure

[modifier | modifier le code]

À son arrivée aux affaires, Cangrande congédie les conseillers de son père, supprime les nombreuses pensions accordées aux exilés qui fréquentent Vérone, réduit le train de vie de la cour pour se concentrer sur ses dépenses personnelles. Il semble qu'il ait cherché à créer une taxe foncière sur les propriétés agricoles, nouveauté absolue dans les domaines des Scaliger et, en conséquence extrêmement impopulaire[5].

Comme ses prédécesseurs, Cangrande II prend soin de ses relations avec le clergé local : il fait terminer l'église S. Dionigi, à Vérone, finance largement celle de San Agostino à Vicence, fait don aux sœurs clarisses d'un terrain sur le Campo Marzo[6].

Insurrection de Fregnano

[modifier | modifier le code]

L'événement le plus marquant de l'époque de Cangrande II reste le soulèvement de Vérone en .

Le 14 du mois, Cangrande quitte la ville, avec son frère Cansignorio et une escorte de notables, pour rendre visite à son beau-frère à Bolzano. Il laisse Vérone à la garde d'Azzo da Coreggio. Il y laisse aussi Fregnano, le fils naturel préféré de Mastino II[n. 7], qu'il n'a eu de cesse d'humilier depuis la mort de leur père. Fregnano a secrètement préparé le terrain et s'est assuré du soutien des Gonzague, d'Azzo da Coreggio et de Pietro dal Verme, hommes de confiance de Cangrande. Dès que ce dernier a quitté la ville, il ordonne aux mercenaires qui y tiennent garnison de faire une sortie pour parer à la présence, à proximité de Vérone, de troupes milanaises. Le , les mercenaires éloignés, Fregnano annonce publiquement que Cangrande a été assassiné sur la route de Bolzano, produisant, à l'appui de ses dires, des faux portant le sceau des Scaliger[n. 8]. Il est acclamé par la foule et accepte d'exercer le pouvoir au nom de Cansignorio, absent, et de Paolo Alboino, mineur. L'anarchie s'empare de la cité, les documents fiscaux sont brûlés, les prisons ouvertes. Il faut l'intervention des troupes mantouanes pour restaurer l'ordre après plusieurs jours d'émeutes. Fregnano est alors formellement investi des pouvoirs sur Vérone en tant que capitaine et podestat des marchands, les deux charges dont le cumul définit, depuis le début de la dynastie scaligère, le titulaire de la seigneurie.

Pendant le soulèvement, les Visconti jouent un jeu ambigu. Leur présence dans les parages a permis à Fregnano de se débarrasser des mercenaires, mais le , ils lancent une attaque sur les portes ouest de Vérone, au moment où, averti par le gouverneur de Vicence, Cangrande tourne bride. Le , il est sous les murs de Vérone, qu'il attaque par l'est. Il emporte la porta di Campo Marzo puis le ponte delle Navi. Les insurgés se débandent, Fregnano se noie dans l'Adige, et une répression féroce s'abat sur la ville. Cangrande entre dans un accès de fureur qui dure plusieurs jours et lui vaut son surnom de « Can rabbioso » (le Chien enragé). Les décapitations succèdent aux pendaisons[n. 9], le corps de Fregnano, sorti de l'Adige, est exposé nu en place publique et les insurgés qui ont cherché refuge hors de la ville sont pourchassés et exécutés.

L'insurrection une fois écrasée, Cangrande se montre par contre étonnamment clément vis-à-vis de la population de Vérone. il estime en effet qu'elle a été trompée par les documents produits par Fregnano pour apporter la preuve de sa mort. Il hésite également sur le comportement à adopter vis-à-vis des Milanais, qui lui affirment qu'ils ne sont intervenus que pour le soutenir[7]

À la suite du soulèvement, Cangrande entame une nouvelle phase de son règne : il fait construire, sur la rive droite de l'Adige et en bordure de la cité, une forteresse, le Castelvecchio[n. 10], qu'il fait relier à l'autre rive par un pont (le pont des Scaliger) lui permettant de quitter la ville par le nord en cas de rébellion. N'ayant pas eu de descendant de sa femme Elisabeth de Bavière, qu'il a épousée en 1350[n. 11], il tente d'organiser l'avenir de ses trois bâtards[n. 12], déposant des fonds à leur attention à Venise, envisageant de leur transmettre la seigneurie, puis plaçant deux d'entre eux au chapitre de la cathédrale[8]

Assassinat et succession

[modifier | modifier le code]

Cangrande se comporte, vis-à-vis de sa mère et de ses frères, comme un véritable tyran domestique. Le , alors qu'il se rend chez sa maîtresse, il est pris à partie par son frère Cansignorio qui le tire à bas de son cheval et l'assassine. Le meurtrier, terrifié par son propre geste, se réfugie à Padoue. Mais le peuple, soulagé par la mort de Cangrande, réclame l'assassin à cor et à cri. Il revient à Vérone le pour y être proclamé, avec son frère Paolo Alboino, co-seigneur de Vérone à vie. Pour la première fois dans l'histoire de la cité, il est même décidé que leurs descendants hériteront du titre[9].

Généalogie

[modifier | modifier le code]
• L'échelle porte 4 ou 5 barreaux. Blasons • Variante avec chiens affrontés. • Variante avec aigle impériale.

• L'échelle porte
4 ou 5 barreaux.
Blasons
• Variante avec chiens affrontés.

• Variante avec aigle impériale.


Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Cangrande (« le Grand chien ») est la quatrième occurrence canine dans l'onomastique familiale après Cangrande I et les deux Mastino (mâtin, chien de garde et de défense qui ne lâche jamais prise). Il sera suivi par Can Signorio.
  2. Qui lui survivra 24 ans.
  3. Beatrice, dite Regine (Reine) (1331-1384), mariée en 1350 à Barnabé Visconti, seigneur de Milan, Altaluna et Verde († en 1394), mariée à Nicolas II d'Este, seigneur de Ferrare.
  4. In solidum Domini et Capitanei Generales.
  5. Jean Visconti (en italien Giovanni Visconti) est co-seigneur de Milan de 1339 à 1349 avec son frère Lucien puis seul seigneur de 1349 à 1354.
  6. Après que sa flotte ait été coulée par celle de Venise.
  7. Du vivant de Cangrande, Fregnano, armé chevalier en 1345, est un condottiere admiré qui conduit souvent les troupes véronaises. En 1350, il a la charge des armées de l'Église en Romagne.
  8. Ils lui auraient été donnés par Pietro dal Verme.
  9. Parmi les victimes de la répression, Pietro dal Verme, un des plus anciens serviteurs des Della Scala.
  10. À l'origine castel di San Martin Aquario. Pour célébrer sa victoire, Cangrande fait également édifier une église, connue sous le nom de Santa Maria della Vittoria (initialement dédiée à la Vierge et à Saint Georges).
  11. Elle la fille de l'Empereur Louis IV de Bavière et de sa seconde épouse, Marguerite de Hainaut (Ornato).
  12. Guglielmo, Tebaldo et Fregnano.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Ornato, 2001.
  2. Allen, 1910, p. 288.
  3. Allen, 1910, p. 289.
  4. Allen, 1910, p. 289-290, 294-295.
  5. Allen, 1910, p. 295-296.
  6. Allen, 1910, p. 296.
  7. Allen, 1910, p. 290-294.
  8. Allen, 1910, p. 296-297.
  9. Allen, 1910, p. 297-298.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) A.M. Allen, A History of Verona, Londres, Methuen & C° Ltd., (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (it) L. Simeoni, Della Scala, Mastino I, Enciclopedia Italiana, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (it) G.M. Varanini, Della Scala, Alberto, Dizionario biografico degli Italiani, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (it) Bartolomeo della Scala, Treccani (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (it) G.M. Varanini, Dizionario Biografico degli Italiani, t. 37, (lire en ligne), « Della Scala, Alboino ».
  • (it) G.M. Varanini, Dizionario Biografico degli Italiani, t. 37, (lire en ligne), « Della Scala, Cangrande ».
  • (it) L. Simeoni, Enciclopedia Italiana, Treccani, (lire en ligne), « Della Scala, Mastino II ».
  • Monique Ornato, Répertoire de personnages apparentés à la couronne de France aux XIVe siècle et XVe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :