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« Fluide parfait » : différence entre les versions

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[[Fichier:StressEnergyTensor contravariant.svg|thumb|alt=Le tenseur de stress-énergie d'un fluide parfait ne contient que les composants diagonaux. |Le tenseur de stress-énergie d'un fluide parfait ne contient que les composants diagonaux.]]
En [[mécanique des fluides]], un '''fluide''' est dit '''parfait''' s'il est possible de décrire son mouvement sans prendre en compte les effets de [[viscosité]] et de la [[conductivité thermique]]<ref>{{Landau|tome_6}}, page 12</ref>. Avec en sus l'hypothèse, de validité très générale, de [[conservation de la masse]]<ref>Plutôt que de parler de conservation de la masse, il faudrait parler de la conservation du nombre de particules, les deux notions étant identiques dans la limite [[non relativiste]]. En revanche, dans la limite relativiste, on ne peut parler de conservation de la masse pour un fluide de [[photon]]s, qui, s'il est à l'équilibre thermique correspond pourtant exactement à un fluide parfait.</ref>, le mouvement du fluide est donc [[isentropique]]<ref>{{Landau|tome_6}}, page 13</ref>.
En [[mécanique des fluides]], un '''fluide''' est dit '''parfait''' s'il est possible de décrire son mouvement sans prendre en compte les effets de [[viscosité]] et de [[conductivité thermique|conduction thermique]]. Le mouvement du fluide est donc [[Processus adiabatique|adiabatique]]<ref>{{Ouvrage |langue=en |nom1=[[Lev Landau]] |nom2=[[Evgueni Lifchits]] |titre=Fluid Mechanics |éditeur=Pergamon Press |lieu=Oxford |année=1987 |pages totales=539 |format=PDF |isbn=0-08-033933-6 |lire en ligne=http://switch2011.upa.edu.mx/biblioteca/Ingenier%C3%ADa/Landau%20L%20D%20&%20Lifschitz%20E%20M%20-%20Vol%206%20-%20Fluid%20Mechanics.pdf}}</ref>, décrit par les [[équations d'Euler]].


Tous les fluides ont une viscosité (sauf un [[superfluide]], ce qui en pratique ne concerne guère que l'[[hélium]] à très basse température (condensat de bose-einstein) ou le plasma quark-gluon appelé aussi QGP ou plus vulgairement "quagma" qu'on retrouve probablement entre autres au cœur des [[étoile à neutrons]]). Le fluide parfait ne peut donc être qu'une approximation pour un fluide de viscosité tendant vers zéro, ce qui revient à faire tendre le [[nombre de Reynolds]] vers l'infini. Ce type d'approximation ''fluide parfait'' n'est cependant pas dénuée d'intérêts, par exemple en [[aérodynamique]] (où souvent des nombres de Reynolds très grands sont atteints). Ceci étant, même si dans ces cas d'aérodynamique de hauts Reynolds le fluide peut être considéré comme parfait ''assez loin'' des corps étudiés, il subsiste près de ces corps une zone où les effets de la viscosité sont importants, cette zone étant appelée la [[couche limite]].<br>
Mathématiquement cela revient à annuler les termes correspondants dans l'[[équation de Navier-Stokes]], on obtient ainsi l'[[équation d'Euler]] des fluides. Ce sont le produit des coefficients de viscosité et de conductivité thermique (et pas seulement ces coefficients) avec respectivement les [[cisaillement]]s de vitesse et les gradients thermiques, qui doivent être négligeables.
Autrement dit on pourra appliquer l'approximation du ''fluide parfait'' à distance suffisante d'un corps (avec utilisation possible du [[théorème de Bernoulli]]), tout en calculant par d'autres moyens le comportement du même fluide considéré comme visqueux dans la [[Couche limite]] existant à la surface du même corps.<br>
Il est alors possible, par des calculs en ''fluide parfait'', de déterminer les lignes de courants ainsi que les vitesses et pressions locales autour du corps considéré. L'écoulement ainsi déterminé s'appelle ''écoulement potentiel''. Cependant, pour rapprocher ces écoulements potentiels des écoulements réels (de fluides visqueux), les aérodynamiciens veillent, au moment de leurs calculs potentiels, à engraisser les corps de l'épaisseur de leur Couche Limite.


[[Fichier:Ecoulement Hele-Shaw sur entretoise.png|thumb|left|Écoulement ''potentiel'' (soit ''d'un fluide parfait'') autour d'un corps profilé.]]
Tous les fluides ayant une viscosité (sauf un [[superfluide]], ce qui en pratique ne concerne guère que l'[[hélium]] à très basse température et l'intérieur d'une [[étoile à neutrons]]), le fluide parfait ne peut être qu'une approximation pour une viscosité tendant vers zéro. Cela revient à faire tendre le [[nombre de Reynolds]] vers l'infini. Ce type de situation est cependant très courant, par exemple en aérodynamique (où des nombres de Reynolds très grands sont en jeu). Dans ces conditions, les zones de cisaillement important (où la viscosité et la turbulence sont influentes) sont concentrées dans des espaces restreints, appelés [[couche limite|couches limites]], et la description globale de l'écoulement par un fluide parfait peut être adéquate.
[[Fichier:AnimComp Hele-Shaw - Inviscid.gif|thumb|Comparaison entre l'écoulement dans une cellule d'Hele-Shaw et l'écoulement potentiel (c.-à-d. d'un fluide parfait).]]
À côté de ces ''calculs potentiels'', il existe les [[Cellule de Hele-Shaw|cellules d'Hele-Shaw]] qui montrent les mêmes écoulements potentiels au moyen de filets de fluides colorés se déplaçant très lentement entre deux vitres très rapprochées (images ci-contre).
{{clr}}


En [[cosmologie]], les différentes formes de matière qui emplissent l'univers peuvent être considérées, du moins aux échelles où l'univers est [[homogénéité (cosmologie)|homogène]] comme des fluides parfaits. Comme l'écoulement d'un fluide parfait est isentropique, l'[[expansion de l'univers]] est parfois décrite comme étant [[Adiabaticité|adiabatique]], s'identifiant sous certains aspects à la détente d'un gaz sans échange de [[transfert thermique|chaleur]] avec l'extérieur.
En [[cosmologie]], les différentes formes de matière qui emplissent l'univers peuvent être considérées, du moins aux échelles où l'univers est [[homogénéité (cosmologie)|homogène]] comme des fluides parfaits. Comme l'écoulement d'un tel fluide est isentropique sauf en des régions où apparaissent des singularités (choc, couche de glissement) décrites par les [[relations de Rankine-Hugoniot]], l'[[expansion de l'Univers]] est parfois décrite comme étant [[Processus adiabatique|adiabatique]], s'identifiant sous certains aspects à la détente d'un gaz sans échange de [[transfert thermique|chaleur]] avec l'extérieur.


== Propriétés essentielles ==
== Propriétés essentielles ==


Un fluide parfait obéit à l'[[équation de conservation]] de la [[masse]], à l'[[équation d'Euler]] sans viscosité, ces deux équations formant les équations de base des fluides non dissipatifs, ainsi qu'à une version du [[premier principe de la thermodynamique]], ce deux aspects ([[mécanique des fluides]] et [[thermodynamique]]) étant intimement liés.
Un fluide parfait incompressible obéit aux [[équations d'Euler]] de [[équation de conservation|conservation]] de la [[masse]] et de la [[quantité de mouvement]], ces deux équations formant les équations de base des fluides non dissipatifs, ainsi qu'à une version du [[premier principe de la thermodynamique]], ces deux aspects ([[mécanique des fluides]] et [[thermodynamique]]) étant intimement liés.


Les deux premières équations s'écrivent, en notant ''ρ'' la [[masse volumique]] du fluide, ''P'' sa [[pression]] et '''v''' sa [[vitesse]] :
Les deux premières équations s'écrivent, en notant ''ρ'' la [[masse volumique]] du fluide, ''P'' sa [[pression]] et '''v''' sa [[vitesse]] :
:<math>\frac{\partial \rho}{\partial t} + \nabla \cdot (\rho {\mathbf{v}}) = 0</math> ,
:<math>\frac{\partial \rho}{\partial t} + \nabla \cdot (\rho {\mathbf{v}}) = 0</math> ,
:<math>\frac{\partial {\mathbf{v}}}{\partial t} + ({\mathbf{v}} \cdot \nabla) {\mathbf{v}} = - \frac{\nabla P}{\rho} + {\mathbf{f}}</math> ,
:<math>\frac{\partial {\mathbf{v}}}{\partial t} + ({\mathbf{v}} \cdot \nabla) {\mathbf{v}} = - \frac{\nabla P}{\rho} + {\mathbf{f}}</math> ,
où <math>{\mathbf{f}}</math> représente la densité de [[force (physique)|forces]] s'exerçant sur le fluide. Par exemple, si l'on considère la [[pesanteur]] [[terre]]stre, on a
où <math>{\mathbf{f}}</math> représente la densité de [[force (physique)|forces]] s'exerçant sur le fluide. Par exemple, si l'on considère la [[pesanteur]], on a
:<math>{\mathbf{f}} = {\mathbf{g}}</math>,
:<math>{\mathbf{f}} = {\mathbf{g}}</math>,
<math>{\mathbf{g}}</math> représentant l'[[accélération]] de la pesanteur.
<math>{\mathbf{g}}</math> représentant l'[[accélération]] de la pesanteur.
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== Aspects thermodynamiques ==
== Aspects thermodynamiques ==


D'ordinaire, la densité d'[[énergie interne]] d'un système physique (dans le présent contexte, une petite région contenant un fluide donné) dépend de la densité de celui-ci et de son [[entropie]]. En effet, le [[premier principe de la thermodynamique]] stipule que l'énergie interne ''U'' d'un système varie selon
D'ordinaire, la densité d'[[énergie interne]] d'un système physique (dans le présent contexte, une petite région contenant un fluide donné) dépend de la densité de celui-ci et de son [[Entropie (thermodynamique)|entropie]]. En effet, le [[premier principe de la thermodynamique]] stipule que l'énergie interne ''U'' d'un système varie selon
:<math>{\mathrm{d}} U = - P {\mathrm{d}} V + T {\mathrm{d}} S</math>,
:<math>{\mathrm{d}} U = - P {\mathrm{d}} V + T {\mathrm{d}} S</math>,
où ''P'' représente sa [[pression]], ''V'' le [[volume]], ''T'' la [[température]] et ''S'' l'entropie. Dans le cas d'un fluide parfait, on a par définition <math>{\mathrm{d}} S = 0</math>, d'où
où ''P'' représente sa [[pression]], ''V'' le [[volume]], ''T'' la [[température]] et ''S'' l'entropie. Dans le cas d'un fluide parfait, on a par définition <math>{\mathrm{d}} S = 0</math>, d'où
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== Formalisme mathématique ==
== Formalisme mathématique ==


Un fluide parfait peut être décrit à l'aide d'un [[tenseur énergie impulsion]] '''T'''. À partir duquel on peut retrouver les équations (conservation de la masse et Euler, plus premier principe de la thermodynamique) auxquelles obéit le fluide parfait. Celui-ci s'écrit
Un fluide parfait peut être décrit à l'aide d'un [[tenseur énergie impulsion]] '''T'''. À partir duquel on peut retrouver les équations ([[conservation de la masse]] et Euler, plus premier principe de la thermodynamique) auxquelles obéit le fluide parfait. Celui-ci s'écrit
:<math>{\mathbf{T}} = \left(P + \rho\right) \frac{{\mathbf{u}} \otimes {\mathbf{u}}}{c^2} - P {\mathbf{g}}</math>,
:<math>{\mathbf{T}} = \left(P + \rho\right) \frac{{\mathbf{u}} \otimes {\mathbf{u}}}{c^2} - P {\mathbf{g}}</math>,
ou, en termes de composantes,
ou, en termes de composantes,
:<math>T^{\alpha \beta} = \left(P + \rho\right) \frac{u^\alpha u^\beta}{c^2} - P g^{\alpha \beta}</math>,
:<math>T^{\alpha \beta} = \left(P + \rho\right) \frac{u^\alpha u^\beta}{c^2} - P g^{\alpha \beta}</math>,
où <math>\rho</math> représente la [[densité d'énergie]] du fluide, somme de sa densité d'énergie interne <math>\epsilon</math> et de sa densité d'[[énergie de masse]] <math>\mu c^2</math>, <math>\mu</math> étant la [[masse volumique]] de l'élément de fluide et ''c'' la [[vitesse de la lumière]], '''u''' la [[quadrivitesse]] du fluide (c'est-à-dire la vitesse d'ensemble de cet élément), et '''g''' le [[tenseur métrique]]. La [[relativité restreinte]] et la [[relativité générale]] stipulent que le tenseur énergie impulsion d'un fluide est « conservé », c'est-à-dire que sa [[divergence (mathématiques)|divergence]] est nulle. Cette équation s'écrit, en termes de composantes,
où <math>\rho</math> représente la [[densité d'énergie]] du fluide, somme de sa densité d'énergie interne <math>\epsilon</math> et de sa densité d'[[énergie de masse]] <math>\mu c^2</math>, <math>\mu</math> étant la [[masse volumique]] de l'élément de fluide et ''c'' la [[vitesse de la lumière]], '''u''' la [[quadrivitesse]] du fluide (c'est-à-dire la vitesse d'ensemble de cet élément), et '''g''' le [[tenseur métrique]]. La [[relativité restreinte]] et la [[relativité générale]] stipulent que le tenseur énergie impulsion d'un fluide est « conservé », c'est-à-dire que sa [[Divergence (analyse vectorielle)|divergence]] est nulle. Cette équation s'écrit, en termes de composantes,
:<math>D_\alpha \left(\left(P + \rho\right) \frac{u^\alpha u^\beta}{c^2} - P g^{\alpha \beta}\right) = 0</math>,
:<math>D_\alpha \left(\left(P + \rho\right) \frac{u^\alpha u^\beta}{c^2} - P g^{\alpha \beta}\right) = 0</math>,
''D'' représentant la dérivée ordinaire (en relativité restreinte) ou la [[dérivée covariante]] (en relativité générale). Le calcul donne alors
''D'' représentant la dérivée ordinaire (en relativité restreinte) ou la [[dérivée covariante]] (en relativité générale). Le calcul donne alors
:<math>\frac{u^\alpha u^\beta}{c^2} D_\alpha \left(P + \rho\right) + \left(P + \rho\right) \frac{u^\alpha}{c^2} D_\alpha u^\beta + \left(P + \rho\right) \frac{u^\beta}{c^2} D_\alpha u^\alpha - D^\beta P = 0</math>.
:<math>\frac{u^\alpha u^\beta}{c^2} D_\alpha \left(P + \rho\right) + \left(P + \rho\right) \frac{u^\alpha}{c^2} D_\alpha u^\beta + \left(P + \rho\right) \frac{u^\beta}{c^2} D_\alpha u^\alpha - D^\beta P = 0</math>.
C'est cette équation qui permet de retrouver les trois équations précitées.
C'est cette équation qui permet de retrouver les trois équations précitées.
{{boîte déroulante|titre=Démonstration 1|contenu=La quantité <math>u^\alpha D_\alpha X</math> mesure la variation d'une quantité ''X'' le long de la trajectoire de l'élément de fluide. Elle correspond donc à la variation de cette quantité transportée par l'élément de fluide. On la note communément <math>{\mathrm{d}} / {\mathrm{d}} \tau</math>, <math>\tau</math> étant le [[temps propre]] associé à l'élément de fluide. On obtient ainsi
{{boîte déroulante|titre=Démonstration 1|contenu=
Nous allons démontrer que l'équation précédente contient la conservation de l'énergie. Dans le cas classique cela revient à prendre la composante temporelle de l'équation (indice 0).
La quantité <math>u^\alpha D_\alpha X</math> mesure la variation d'une quantité ''X'' le long de la trajectoire de l'élément de fluide. Elle correspond donc à la variation de cette quantité transportée par l'élément de fluide. On la note communément <math>{\mathrm{d}} / {\mathrm{d}} \tau</math>, <math>\tau</math> étant le [[temps propre]] associé à l'élément de fluide. On obtient ainsi
:<math>\frac{u^\beta}{c^2} \frac{{\mathrm{d}}}{{\mathrm{d}} \tau} \left(P + \rho\right) + \left(P + \rho\right) \frac{1}{c^2} \frac{{\mathrm{d}} u^\beta}{{\mathrm{d}} \tau} + \left(P + \rho\right) \frac{u^\beta}{c^2} D_\alpha u^\alpha - D^\beta P = 0</math>.
:<math>\frac{u^\beta}{c^2} \frac{{\mathrm{d}}}{{\mathrm{d}} \tau} \left(P + \rho\right) + \left(P + \rho\right) \frac{1}{c^2} \frac{{\mathrm{d}} u^\beta}{{\mathrm{d}} \tau} + \left(P + \rho\right) \frac{u^\beta}{c^2} D_\alpha u^\alpha - D^\beta P = 0</math>.
En effectuant le produit scalaire de cette équation avec la quadritesse, il vient alors, en notant par un point la dérivée par rapport à <math>\tau</math>,
En effectuant le produit scalaire de cette équation avec la quadrivitesse, il vient alors, en notant par un point la dérivée par rapport à <math>\tau</math>,
:<math>\left(\dot P + \dot \rho\right) + \left(P + \rho\right) \frac{u_\beta}{c^2} \dot u^\beta + \left(P + \rho\right) D_\alpha u^\alpha - \dot P = 0</math>.
:<math>\left(\dot P + \dot \rho\right) + \left(P + \rho\right) \frac{u_\beta}{c^2} \dot u^\beta + \left(P + \rho\right) D_\alpha u^\alpha - \dot P = 0</math>.
La quadrivitesse ayant une norme constante, <math>u_\beta u^\beta = c^2</math>, une quantité du type <math>u_\beta \dot u^\beta</math> est nulle. Il vient donc
La quadrivitesse ayant une norme constante, <math>u_\beta u^\beta = c^2</math>, une quantité du type <math>u_\beta \dot u^\beta</math> est nulle. Il vient donc
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où ''n'' représente la densité de particules. Elle est reliée à sa densité d'énergie de masse par la formule
où ''n'' représente la densité de particules. Elle est reliée à sa densité d'énergie de masse par la formule
:<math>n = \frac{\mu c^2}{m c^2}</math>,
:<math>n = \frac{\mu c^2}{m c^2}</math>,
''m'' étant la [[masse]] des particules. Cette équation s'interprète par le fait que le nombre de particules de l'élément de fluide étant contant, la variation de la densité de celles-ci le long de l'écoulement est uniquement due à la variation du volume de l'élément En pratique, si l'on repasse en termes de coordonnées, la densité de particules est une fonction des coordonnées d'espace et de temps, <math>n({\mathbf{x}}, t)</math>. Si l'élément de fluide possède une trajectoire <math>{\mathbf{x}}(t)</math>, alors sa variation le long de la trajectoire se fait selon celle de <math>n({\mathbf{x}}(t), t)</math>, et correspond donc à
''m'' étant la [[masse]] des particules. Cette équation s'interprète par le fait que le nombre de particules de l'élément de fluide étant contant, la variation de la densité de celles-ci le long de l'écoulement est uniquement due à la variation du volume de l'élément En pratique, si l'on repasse en termes de coordonnées, la densité de particules est une fonction des coordonnées d'espace et de temps, <math>n({\mathbf{x}}, t)</math>. Si l'élément de fluide possède une trajectoire <math>{\mathbf{x}}(t)</math>, alors sa variation le long de la trajectoire se fait selon celle de <math>n({\mathbf{x}}(t), t)</math>, et correspond donc à
:<math>\frac{{\mathrm{d}} n}{{\mathrm{d}} t} = \frac{\partial}{\partial t} n + \frac{{\mathrm{d}}{\mathbf{x}}}{{\mathrm{d}} t} \cdot \nabla n</math>.
:<math>\frac{{\mathrm{d}} n}{{\mathrm{d}} t} = \frac{\partial}{\partial t} n + \frac{{\mathrm{d}}{\mathbf{x}}}{{\mathrm{d}} t} \cdot \nabla n</math>.
Ainsi, on obtient
Ainsi, on obtient
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Ainsi, l'équation initiale laisse uniquement
Ainsi, l'équation initiale laisse uniquement
:<math>\frac{\partial}{\partial t} \epsilon = - (P + \epsilon) \frac{1}{V}\frac{\partial V}{\partial t}</math>,
:<math>\frac{\partial}{\partial t} \epsilon = - (P + \epsilon) \frac{1}{V}\frac{\partial V}{\partial t}</math>,
ce qui se réécrit
soit comme annoncé
:<math>{\mathrm{d}} \epsilon = - (P + \epsilon) \frac{{\mathrm{d}} V}{V}</math>.
:<math>{\mathrm{d}} \epsilon = - (P + \epsilon) \frac{{\mathrm{d}} V}{V}</math> ;
comme annoncé on retrouve la conservation de l'énergie de la particule fluide :
:<math>{\mathrm{d}} ( \epsilon V ) = - P {\mathrm{d}} V</math>.
}}
}}


== Obtention ==
== Obtention ==


À un niveau microscopique, le tenseur énergie impulsion d'un fluide peut toujours être déterminé par un processus rigoureux, en partant d'une quantité appelée [[lagrangien]]. Par exemple, le tenseur énergie impulsion d'une particule ponctuelle se déduit immédiatement du lagrangien la décrivant. En mécanique des fluides, on considère que la distribution des particules composant le fluide peut, au-delà d'une certaine échelle, être considérée comme un [[milieu continu]].
À un niveau microscopique, le tenseur énergie impulsion d'un fluide peut toujours être déterminé par un processus rigoureux, en partant d'une quantité appelée [[lagrangien]]. Par exemple, le tenseur énergie impulsion d'une particule ponctuelle se déduit immédiatement du lagrangien la décrivant. En mécanique des fluides, on considère que la distribution des particules composant le fluide peut, au-delà d'une certaine échelle, être considérée comme un [[milieu continu]].


Par contre, à un niveau macroscopique, rien ne permet d'affirmer avec certitude que le tenseur énergie impulsion puisse être dérivé d'un lagrangien macroscopique. D'ordinaire, le tenseur énergie impulsion d'un fluide est déterminé dans un premier temps par l'écriture du tenseur énergie impulsion d'une particule, puis en supposant une certaine distribution de particules dans une région de l'espace (une [[fonction de distribution]]), puis en effectuant la moyenne des tenseurs énergie impulsion individuels sur un volume petit devant les dimensions du problème, mais grand devant la séparation inter particules. Rien ne permet d'affirmer qu'il est possible de trouver un tenseur énergie impulsion à partir d'un lagrangien qui serait déjà « moyenné » sur un ensemble de particules. Le fluide parfait est à ce titre un cas particulier, car il est possible de le déterminer de cette façon, quoique la démonstration en soit non triviale<ref>La démonstration de ceci n'est que très rarement donnée. Ses grandes lignes figurent dans {{Livre_HawkingEllis}}, page 69 et 70.</ref>.
Par contre, à un niveau macroscopique, rien ne permet d'affirmer avec certitude que le tenseur énergie impulsion puisse être dérivé d'un lagrangien macroscopique. D'ordinaire, le tenseur énergie impulsion d'un fluide est déterminé dans un premier temps par l'écriture du tenseur énergie impulsion d'une particule, puis en supposant une certaine distribution de particules dans une région de l'espace (une [[fonction de distribution]]), puis en effectuant la moyenne des tenseurs énergie impulsion individuels sur un volume petit devant les dimensions du problème, mais grand devant la séparation inter particules. Rien ne permet d'affirmer qu'il est possible de trouver un tenseur énergie impulsion à partir d'un lagrangien qui serait déjà « moyenné » sur un ensemble de particules. Le fluide parfait est à ce titre un cas particulier, car il est possible de le déterminer de cette façon, quoique la démonstration en soit non triviale<ref>La démonstration de ceci n'est que très rarement donnée. Ses grandes lignes figurent dans {{Livre_HawkingEllis}}, page 69 et 70.</ref>.
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== Généralisation ==
== Généralisation ==


Au-delà de l'approximation de fluide parfait, on parle de fluide visqueux, décrit par les [[équations de Navier-Stokes]].
Au-delà de l'approximation de fluide parfait, on parle de [[fluide non parfait]]. Celui-ci se caractérise soit par le fait qu'il possède une certaine [[viscosité]], scindée en une [[viscosité cinématique]] et une [[viscosité dynamique]], soit par le fait qu'il possède un [[flux de chaleur]]. Elle s'accompagne de modifications de l'équation d'Euler, dans laquelle deux termes proportionnels aux viscosités sont ajoutés, ainsi que la prise en compte explicite de la thermodynamique associée au fluide, par le fait que l'entropie d'un élément de fluide varie avec le temps.

== Culture populaire ==
* Dans la [[Saison 2 d'Agent Carter|deuxième saison]] d{{'}}''[[Agent Carter]]'', la Matière Zéro est décrite comme étant une forme de fluide parfait.


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets

| wikiversity = Dynamique des fluides parfaits
* [[Fluide non parfait]]
| wikiversity titre = Dynamique des fluides parfaits
* [[Tenseur énergie-impulsion]]
}}


== Références ==
== Références ==
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<references/>
<references/>


{{Mécanique des fluides}}
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[[Catégorie:Mécanique des fluides]]


[[Catégorie:Fluide]]
[[en:Perfect fluid]]
[[it:Fluido perfetto]]
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[[pl:Płyn idealny]]
[[pt:Fluido perfeito]]
[[ru:Идеальная жидкость]]
[[uk:Ідеальна рідина]]

Dernière version du 5 février 2024 à 23:39

Le tenseur de stress-énergie d'un fluide parfait ne contient que les composants diagonaux.
Le tenseur de stress-énergie d'un fluide parfait ne contient que les composants diagonaux.

En mécanique des fluides, un fluide est dit parfait s'il est possible de décrire son mouvement sans prendre en compte les effets de viscosité et de conduction thermique. Le mouvement du fluide est donc adiabatique[1], décrit par les équations d'Euler.

Tous les fluides ont une viscosité (sauf un superfluide, ce qui en pratique ne concerne guère que l'hélium à très basse température (condensat de bose-einstein) ou le plasma quark-gluon appelé aussi QGP ou plus vulgairement "quagma" qu'on retrouve probablement entre autres au cœur des étoile à neutrons). Le fluide parfait ne peut donc être qu'une approximation pour un fluide de viscosité tendant vers zéro, ce qui revient à faire tendre le nombre de Reynolds vers l'infini. Ce type d'approximation fluide parfait n'est cependant pas dénuée d'intérêts, par exemple en aérodynamique (où souvent des nombres de Reynolds très grands sont atteints). Ceci étant, même si dans ces cas d'aérodynamique de hauts Reynolds le fluide peut être considéré comme parfait assez loin des corps étudiés, il subsiste près de ces corps une zone où les effets de la viscosité sont importants, cette zone étant appelée la couche limite.
Autrement dit on pourra appliquer l'approximation du fluide parfait à distance suffisante d'un corps (avec utilisation possible du théorème de Bernoulli), tout en calculant par d'autres moyens le comportement du même fluide considéré comme visqueux dans la Couche limite existant à la surface du même corps.
Il est alors possible, par des calculs en fluide parfait, de déterminer les lignes de courants ainsi que les vitesses et pressions locales autour du corps considéré. L'écoulement ainsi déterminé s'appelle écoulement potentiel. Cependant, pour rapprocher ces écoulements potentiels des écoulements réels (de fluides visqueux), les aérodynamiciens veillent, au moment de leurs calculs potentiels, à engraisser les corps de l'épaisseur de leur Couche Limite.

Écoulement potentiel (soit d'un fluide parfait) autour d'un corps profilé.
Comparaison entre l'écoulement dans une cellule d'Hele-Shaw et l'écoulement potentiel (c.-à-d. d'un fluide parfait).

À côté de ces calculs potentiels, il existe les cellules d'Hele-Shaw qui montrent les mêmes écoulements potentiels au moyen de filets de fluides colorés se déplaçant très lentement entre deux vitres très rapprochées (images ci-contre).

En cosmologie, les différentes formes de matière qui emplissent l'univers peuvent être considérées, du moins aux échelles où l'univers est homogène comme des fluides parfaits. Comme l'écoulement d'un tel fluide est isentropique sauf en des régions où apparaissent des singularités (choc, couche de glissement) décrites par les relations de Rankine-Hugoniot, l'expansion de l'Univers est parfois décrite comme étant adiabatique, s'identifiant sous certains aspects à la détente d'un gaz sans échange de chaleur avec l'extérieur.

Propriétés essentielles

[modifier | modifier le code]

Un fluide parfait incompressible obéit aux équations d'Euler de conservation de la masse et de la quantité de mouvement, ces deux équations formant les équations de base des fluides non dissipatifs, ainsi qu'à une version du premier principe de la thermodynamique, ces deux aspects (mécanique des fluides et thermodynamique) étant intimement liés.

Les deux premières équations s'écrivent, en notant ρ la masse volumique du fluide, P sa pression et v sa vitesse :

,
,

représente la densité de forces s'exerçant sur le fluide. Par exemple, si l'on considère la pesanteur, on a

,

représentant l'accélération de la pesanteur.

Aspects thermodynamiques

[modifier | modifier le code]

D'ordinaire, la densité d'énergie interne d'un système physique (dans le présent contexte, une petite région contenant un fluide donné) dépend de la densité de celui-ci et de son entropie. En effet, le premier principe de la thermodynamique stipule que l'énergie interne U d'un système varie selon

,

P représente sa pression, V le volume, T la température et S l'entropie. Dans le cas d'un fluide parfait, on a par définition , d'où

,

ce qui équivaut à dire que l'élément de fluide possède une relation univoque entre sa densité d'énergie et sa pression, ne dépendant pas d'un paramètre extérieur. Si l'on passe à la densité d'énergie interne définie par

,

on obtient alors

,

d'où

.

Formalisme mathématique

[modifier | modifier le code]

Un fluide parfait peut être décrit à l'aide d'un tenseur énergie impulsion T. À partir duquel on peut retrouver les équations (conservation de la masse et Euler, plus premier principe de la thermodynamique) auxquelles obéit le fluide parfait. Celui-ci s'écrit

,

ou, en termes de composantes,

,

représente la densité d'énergie du fluide, somme de sa densité d'énergie interne et de sa densité d'énergie de masse , étant la masse volumique de l'élément de fluide et c la vitesse de la lumière, u la quadrivitesse du fluide (c'est-à-dire la vitesse d'ensemble de cet élément), et g le tenseur métrique. La relativité restreinte et la relativité générale stipulent que le tenseur énergie impulsion d'un fluide est « conservé », c'est-à-dire que sa divergence est nulle. Cette équation s'écrit, en termes de composantes,

,

D représentant la dérivée ordinaire (en relativité restreinte) ou la dérivée covariante (en relativité générale). Le calcul donne alors

.

C'est cette équation qui permet de retrouver les trois équations précitées.

À un niveau microscopique, le tenseur énergie impulsion d'un fluide peut toujours être déterminé par un processus rigoureux, en partant d'une quantité appelée lagrangien. Par exemple, le tenseur énergie impulsion d'une particule ponctuelle se déduit immédiatement du lagrangien la décrivant. En mécanique des fluides, on considère que la distribution des particules composant le fluide peut, au-delà d'une certaine échelle, être considérée comme un milieu continu.

Par contre, à un niveau macroscopique, rien ne permet d'affirmer avec certitude que le tenseur énergie impulsion puisse être dérivé d'un lagrangien macroscopique. D'ordinaire, le tenseur énergie impulsion d'un fluide est déterminé dans un premier temps par l'écriture du tenseur énergie impulsion d'une particule, puis en supposant une certaine distribution de particules dans une région de l'espace (une fonction de distribution), puis en effectuant la moyenne des tenseurs énergie impulsion individuels sur un volume petit devant les dimensions du problème, mais grand devant la séparation inter particules. Rien ne permet d'affirmer qu'il est possible de trouver un tenseur énergie impulsion à partir d'un lagrangien qui serait déjà « moyenné » sur un ensemble de particules. Le fluide parfait est à ce titre un cas particulier, car il est possible de le déterminer de cette façon, quoique la démonstration en soit non triviale[2].

Généralisation

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Au-delà de l'approximation de fluide parfait, on parle de fluide visqueux, décrit par les équations de Navier-Stokes.

Culture populaire

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Références

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  1. (en) Lev Landau et Evgueni Lifchits, Fluid Mechanics, Oxford, Pergamon Press, , 539 p., PDF (ISBN 0-08-033933-6, lire en ligne)
  2. La démonstration de ceci n'est que très rarement donnée. Ses grandes lignes figurent dans (en) S. W. Hawking et G. F. R. Ellis, The Large Scale Structure of Space-Time, Cambridge University Press, coll. « Cambridge Monographs on Mathematical Physics », , 400 p. (ISBN 0521099064), page 69 et 70.