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« Paramārtha (sanskrit) » : différence entre les versions

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'''Paramārtha''' ([[sanskrit]] ; [[pâli]] : paramattha) peut désigner dans le contexte [[Philosophie indienne|philosophique]] du [[bouddhisme]], la plus haute (parama) ''signification'', le plus haut ''dessein'', ou la plus haute ''réalité''. Associé au terme ''[[satya]]'', on le traduit par ''vérité ultime''<ref>{{Source Huet}} [http://sanskrit.inria.fr/DICO/39.html#paramaarthasatya paramārthasatya].</ref> ou ''suprême''.
'''Paramārtha''' ([[sanskrit]] ; [[pâli]] : paramattha ), «ultime», désigne la réalité par opposition aux conventions langagières qui ne servent que l'enseignement, mais ne sont pas la sagesse, [[prajna]].


Par rapport aux [[Les Deux Vérités|Deux Vérités ou Réalités]], la « réalité absolue », paramārtha-satya, réfère aux phénomènes tels qu'ils sont essentiellement, par opposition à la « réalité conventionnelle » ou « relative » (skt. ''samvriti'', [[IAST]] : ''saṃvṛti''), qui réfère alors aux phénomènes tels qu'ils apparaissent et fonctionnent ''[[réalisme (philosophie)|réalistement]]'' au niveau pragmatique.
La réalité conventionnelle désigne les choses telles qu'elles apparaissent. Elles sont alors des apparences conventionnelles, sorte de consensus communément admis. La réalité absolue désigne des phénomènes tels qu'ils sont.


Si ces deux niveaux sont acceptés au sein des différentes écoles bouddhiques, l'interprétation qui en est faite varie d'une école à l'autre.
Si ces deux derniers niveaux sont acceptés au sein des différentes écoles bouddhiques, l'interprétation qui en est faite varie d'une à l'autre


== Philosophie indienne ==
== Interprétation dans le Hinayâna ==
Par rapport aux enseignements le terme exact est '''nitārtha''', et réfère aux doctrines dites définitives telles que la [[vacuité]], la [[non-dualité]] ou la [[Nature-de-Bouddha]]; par opposition aux enseignements dits provisoires, '''neyārtha''', tels que la renonciation au monde et au désir, l'[[Coproduction conditionnée|interdépendance]] ou même le [[Nirvāna]], du moins et seulement, selon la perspective [[Mahayana|mahayaniste]]. Les enseignements provisoires sont préliminaires, ou intermédiaires aux enseignements définitifs. Ce sont des [[Upaya|moyens habile]]s (Upaya) utilisés en vue d'amener les adeptes à une compréhension approfondie, les rapprochant graduellement de l'Éveil.

== Bouddhisme Hinayâna ==
La description que l'on peut faire d'un individu n'est pas fausse, au sens où un individu est bien perçu. Cette description n'est pas le résultat d'une hallucination, et il y a consensus sur l'existence de cet individu. Mais une telle description ne relève que du conventionnel, puisqu'au niveau ultime l'individu n'a pas d'existence intrinsèque, il y a seulement des phénomènes qui se manifestent.
La description que l'on peut faire d'un individu n'est pas fausse, au sens où un individu est bien perçu. Cette description n'est pas le résultat d'une hallucination, et il y a consensus sur l'existence de cet individu. Mais une telle description ne relève que du conventionnel, puisqu'au niveau ultime l'individu n'a pas d'existence intrinsèque, il y a seulement des phénomènes qui se manifestent.


L'[[Abhidhamma]], qui regroupe les commentaires, tente de recenser ces phénomènes. Deux livres importants en font partie : le [[Dhammasangani]] qui recense tous les phénomènes existants et le [[Patthana]] qui étudie leurs relations de causes à effets.
L'[[Abhidhamma]], qui regroupe les commentaires, tente de recenser ces phénomènes. Deux livres importants en font partie : le [[Dhammasangani]] qui recense tous les phénomènes existants et le [[Patthana]] qui étudie leurs relations de causes à effets.


=== Quatre-vingt deux ===
=== 82 dhammas===
Le [[theravada]] reconnait 82 phénomènes «ultimes».
Le [[theravada]] reconnait 82 phénomènes «ultimes».


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=== Une réalité à trois temps ===
=== Une réalité à trois temps ===
Selon l'école [[sarvāstivādin]], la réalité conventionnelle désigne les objets ayant une «efficience».
Selon l'école [[sarvāstivādin]], la réalité conventionnelle désigne les objets ayant une «efficience».
Mais les objets tels qu'ils sont perçus se composent en fait d'atomes de matière, et les phénomènes psychiques sont composés d' «instants de conscience» : seules ces particules sont douées d'une «nature propre», [[svabhava]].
Mais les objets tels qu'ils sont perçus se composent en fait d'atomes de matière, et les phénomènes psychiques sont composés d' «étincelles de conscience» : seules ces particules instantanées sont douées d'une «nature propre», [[svabhāva]].


La particularité de cette école est surtout de considérer que sont réels non seulement les phénomènes actuels, mais également le passé et le futur.
La particularité de cette école est surtout de considérer que sont réels non seulement les phénomènes actuels, mais également le passé et le futur.
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Quant à l'incomposé, il est simplement absence. L'espace est absence de phénomènes physiques, le nirvana est absence de passions.
Quant à l'incomposé, il est simplement absence. L'espace est absence de phénomènes physiques, le nirvana est absence de passions.


== Dans le Mahâyâna ==
== Bouddhisme Mahāyāna ==


Le [[bouddhisme mahâyâna]] reconnait la notion de [[vacuité]], dont l'interprétation fondera deux écoles.
Le [[bouddhisme mahāyāna]], et par conséquent le [[Vajrayāna]], reconnait et expose la notion de [[vacuité]], {{Référence souhaitée|dont l'interprétation fondera deux écoles non-[[réalisme|réaliste]]s.}}


=== Rien qu'esprit ===
=== Rien qu'esprit ===
Selon l'école [[cittamātra]], les phénomènes n'ont de réalité qu'en tant qu'ils manifestent bien une efficace. Mais, externes ou internes, ces phénomènes sont de la nature de l'esprit, et la relation d'observateur est pure erreur : en réalité il n'y a pas d'observateur. Seule la conscience existe, mais ni les atomes ni mêmes les instants de conscience ne sauraient valoir comme réalité ultime.
Selon l'école [[cittamātra]], les phénomènes n'ont de réalité qu'en tant qu'ils manifestent bien une efficience. Mais, externes ou internes, ces phénomènes sont de la nature de l'esprit, et la relation d'observateur est pure erreur : en réalité il n'y a pas d'observateur. Seule la conscience existe, mais ni les atomes ni même les instants de conscience ne sauraient valoir comme réalité ultime.


=== Illusion ===
=== Illusion ===
Dans la théorie de l'école [[madhyamika]], la réalité conventionnelle est justement ce qui cache la réalité ultime. L'apparence est l'illusion : l'interdépendance elle-même n'est pas réalité ultime.
Dans la théorie de l'école [[madhyamaka]], la réalité conventionnelle est justement ce qui cache la réalité ultime. L'apparence est l'illusion : l'interdépendance elle-même n'est pas réalité ultime.


La [[vacuité]] est bien la vraie nature des phénomènes, dont on peut seulement dire qu'ils ne répondent à aucune de ces quatre alternatives :
La [[vacuité]] est bien la vraie nature des phénomènes (ou l'absence de nature), dont on peut seulement dire qu'ils ne répondent à aucune de ces quatre alternatives :
# ils existent ;
# ils existent ;
# ils n'existent pas ;
# ils n'existent pas ;
# ils existent et n'existent pas à la fois ;
# ils existent et n'existent pas à la fois ;
# ils n'existent ni n'existent pas.
# ils n'existent ni n'existent pas.

== Selon le Vajrayâna ==
(...)


== Références ==
== Références ==
{{Cornu}}
{{Références}}
=== Sources ===
* {{Cornu}}
* Nyanatiloka, ''Vocabulaire pâli-français des termes bouddhiques''
* Nyanatiloka, ''Vocabulaire pâli-français des termes bouddhiques''


== Bibliographie ==
* [[Môhan Wijayaratna]], ''La philosophie du Bouddha''
* [[Nagarjuna]], ''Les stances du milieu''
* [[Georges B.J. Dreyfus|Guéshé Georges Dreyfus]], ''Les deux vérités selon les quatre écoles''

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Les Deux Vérités]]
* Pour une approche générale : [[connaissance ultime]]
* L'illusion dans l'hindouisme : [[mâyâ]]
* [[Mâyâ]] (l'illusion dans l'hindouisme)
* [[Nāgārjuna]]


=== Liens externes ===
=== Lien externe ===
* {{en}} [http://www.accesstoinsight.org/canon/abhidhamma/index.html Abhidhamma theravadin]
* {{en}} [http://www.accesstoinsight.org/canon/abhidhamma/index.html Abhidhamma theravadin]


{{Portail|Bouddhisme|philosophie indienne|sanskrit}}
=== Bibliographie ===
* [[Môhan Wijayaratna]], ''La philosophie du Bouddha''
* [[Nagarjuna]], ''Les stances du milieu''
* [[Guéshé Georges Dreyfus]], ''Les deux vérités selon les quatre écoles''


[[catégorie:Concept bouddhique]]
[[Catégorie:Concept bouddhique]]
[[Catégorie:Terme sanskrit]]

Dernière version du 27 février 2020 à 14:29

Paramārtha (sanskrit ; pâli : paramattha) peut désigner dans le contexte philosophique du bouddhisme, la plus haute (parama) signification, le plus haut dessein, ou la plus haute réalité. Associé au terme satya, on le traduit par vérité ultime[1] ou suprême.

Par rapport aux Deux Vérités ou Réalités, la « réalité absolue », paramārtha-satya, réfère aux phénomènes tels qu'ils sont essentiellement, par opposition à la « réalité conventionnelle » ou « relative » (skt. samvriti, IAST : saṃvṛti), qui réfère alors aux phénomènes tels qu'ils apparaissent et fonctionnent réalistement au niveau pragmatique.

Si ces deux derniers niveaux sont acceptés au sein des différentes écoles bouddhiques, l'interprétation qui en est faite varie d'une à l'autre

Philosophie indienne

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Par rapport aux enseignements le terme exact est nitārtha, et réfère aux doctrines dites définitives telles que la vacuité, la non-dualité ou la Nature-de-Bouddha; par opposition aux enseignements dits provisoires, neyārtha, tels que la renonciation au monde et au désir, l'interdépendance ou même le Nirvāna, du moins et seulement, selon la perspective mahayaniste. Les enseignements provisoires sont préliminaires, ou intermédiaires aux enseignements définitifs. Ce sont des moyens habiles (Upaya) utilisés en vue d'amener les adeptes à une compréhension approfondie, les rapprochant graduellement de l'Éveil.

Bouddhisme Hinayâna

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La description que l'on peut faire d'un individu n'est pas fausse, au sens où un individu est bien perçu. Cette description n'est pas le résultat d'une hallucination, et il y a consensus sur l'existence de cet individu. Mais une telle description ne relève que du conventionnel, puisqu'au niveau ultime l'individu n'a pas d'existence intrinsèque, il y a seulement des phénomènes qui se manifestent.

L'Abhidhamma, qui regroupe les commentaires, tente de recenser ces phénomènes. Deux livres importants en font partie : le Dhammasangani qui recense tous les phénomènes existants et le Patthana qui étudie leurs relations de causes à effets.

Le theravada reconnait 82 phénomènes «ultimes».

28 phénomènes ultimes matériels

54 phénomènes mentaux

Une réalité à trois temps

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Selon l'école sarvāstivādin, la réalité conventionnelle désigne les objets ayant une «efficience». Mais les objets tels qu'ils sont perçus se composent en fait d'atomes de matière, et les phénomènes psychiques sont composés d' «étincelles de conscience» : seules ces particules instantanées sont douées d'une «nature propre», svabhāva.

La particularité de cette école est surtout de considérer que sont réels non seulement les phénomènes actuels, mais également le passé et le futur.

Réalité inconnaissable

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Selon l'école sautrāntika, il y a bien deux réalités. Mais la conscience ne peut percevoir la réalité ultime, qui est celle d'atomes et d'instants de conscience, qui sont respectivement trop petits et trop brefs pour la perception. Seuls existent ces «grains» dont le monde est composé.

Quant à l'incomposé, il est simplement absence. L'espace est absence de phénomènes physiques, le nirvana est absence de passions.

Bouddhisme Mahāyāna

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Le bouddhisme mahāyāna, et par conséquent le Vajrayāna, reconnait et expose la notion de vacuité, dont l'interprétation fondera deux écoles non-réalistes.[réf. souhaitée]

Rien qu'esprit

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Selon l'école cittamātra, les phénomènes n'ont de réalité qu'en tant qu'ils manifestent bien une efficience. Mais, externes ou internes, ces phénomènes sont de la nature de l'esprit, et la relation d'observateur est pure erreur : en réalité il n'y a pas d'observateur. Seule la conscience existe, mais ni les atomes ni même les instants de conscience ne sauraient valoir comme réalité ultime.

Dans la théorie de l'école madhyamaka, la réalité conventionnelle est justement ce qui cache la réalité ultime. L'apparence est l'illusion : l'interdépendance elle-même n'est pas réalité ultime.

La vacuité est bien la vraie nature des phénomènes (ou l'absence de nature), dont on peut seulement dire qu'ils ne répondent à aucune de ces quatre alternatives :

  1. ils existent ;
  2. ils n'existent pas ;
  3. ils existent et n'existent pas à la fois ;
  4. ils n'existent ni n'existent pas.

Références

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Bibliographie

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Articles connexes

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Lien externe

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