Voir la source de Sigmund Freud

{{En-tête label|AdQ|année=2011}}
{{Redirect|Freud}}
{{Infobox Biographie2
 |nationalité        = [[Autriche|Autrichienne]]
 | charte            = spécialiste des sciences sociales
 | œuvres principales = *''[[L'Interprétation du rêve]]''<br>
*''[[Malaise dans la civilisation]]''
*''[[Totem et Tabou]]''
*''[[Trois essais sur la théorie sexuelle]]''
*''[[Le Moi et le Ça]]''
 | Influencé par     = [[Franz Brentano|Brentano]]{{!}} [[Josef Breuer|Breuer]]{{!}} [[Jean Martin Charcot|Charcot]]{{!}} [[Charles Darwin|Darwin]]{{!}} [[Fyodor Dostoyevsky|Dostoyevsky]]{{!}} [[Empédocle]]{{!}} [[Gustav Fechner|Fechner]]{{!}} [[Wilhelm Fliess|Fliess]]{{!}} [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]]{{!}} [[Eduard von Hartmann|von Hartmann]]{{!}} [[Johann Friedrich Herbart|Herbart]]{{!}} [[Søren Kierkegaard|Kierkegaard]]{{!}} [[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]]{{!}} [[Plato]]{{!}} [[Arthur Schopenhauer|Schopenhauer]]{{!}} [[William Shakespeare|Shakespeare]]{{!}} [[Sophocles]]
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}}
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'''Sigmund Freud''', né le {{Date de naissance|6|mai|1856}} à [[Příbor|Freiberg]] ([[empire d'Autriche]]) et mort le {{Date de décès|23|septembre|1939}} à [[Londres]], est un [[Neurologie|neurologue]] [[Autriche|autrichien]], fondateur de la [[psychanalyse]].

Médecin [[Vienne (Autriche)|viennois]], Freud rencontre plusieurs personnalités importantes pour le développement de la psychanalyse, dont il est le principal théoricien. Son amitié avec [[Wilhelm Fliess]], sa collaboration avec [[Josef Breuer]], l'influence de [[Jean-Martin Charcot]] et des théories sur l'[[hypnose]] de l'[[École de la Salpêtrière (hypnose)|École de la Salpêtrière]] vont le conduire à repenser les processus psychiques. Ses deux grandes découvertes sont la [[Sexualité infantile (psychanalyse)|sexualité infantile]] et l'[[inconscient]]. Elles le conduisent à élaborer plusieurs théorisations des instances psychiques, en premier lieu par rapport au concept d'inconscient, en relation avec le rêve et la [[névrose]], puis il propose une technique de thérapie, la [[cure psychanalytique]]. À l'occasion de son voyage en Amérique en 1909, Freud expose les bases de la technique psychanalytique dans ses ''[[Cinq leçons sur la psychanalyse]]''<ref> S. Freud (1910), ''[[Cinq leçons sur la psychanalyse]]'', Paris, Payot, 1965, {{p.|34-35}}.</ref>{{,}}<ref name="KMDip">{{Chapitre |auteur1=Maïté Klahr|auteur2=Claudie Millot|titre chapitre=Cinq leçons sur la psychanalyse|auteur ouvrage=[[Alain de Mijolla]] (dir.)|titre ouvrage= Dictionnaire international de la psychanalyse|lien titre=Dictionnaire international de la psychanalyse|lieu=Paris|éditeur=Hachette |année=2005 |isbn=201279145X|passage=326-327|id=KMDip}}.</ref>. C'est dans le cadre de la cure, dès les ''[[Études sur l'hystérie]]'', et particulièrement dans sa première analyse du « [[Ida Bauer|cas Dora]] », que Freud découvre peu à peu l'importance du [[Transfert (psychanalyse)|transfert]].

Freud regroupe une génération de psychothérapeutes qui, pas à pas, élaborent la psychanalyse, d'abord en Autriche, en Suisse, à Berlin, puis à Paris, à Londres et aux [[Psychanalyse aux États-Unis|États-Unis]]. En dépit des scissions internes et des critiques, la psychanalyse s'installe dès 1920 comme une nouvelle discipline dans l'histoire des sciences. En 1938, Freud est menacé par le régime nazi et quitte Vienne pour s'exiler à Londres, où il meurt d'un cancer de la mâchoire en 1939.

Le terme de « psycho-analyse » apparaît pour la première fois en 1896 dans un article écrit en français, publié dans cette langue le 30 mars 1896, puis en allemand le 15 mai 1896. Mais « les deux articles furent expédiés le même jour », le 5 février 1896<ref>E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, PUF, Paris, 1958, {{p.|270}}</ref>. La psychanalyse repose sur plusieurs hypothèses et concepts élaborés ou repris par Freud. {{citation|En tant que science, la psychanalyse n’est pas caractérisée par la matière qu’elle traite, mais par la technique avec laquelle elle travaille}}, écrit-il dans ''[[Introduction à la psychanalyse]]''<ref>Sigmund Freud, ''[[Introduction à la psychanalyse|Conférences d'introduction à la psychanalyse]]'' (1915-1917), Paris, Gallimard, coll. « Connaissance de l'inconscient », 1999, {{p.|492}}. Cité par C. Desprats-Péquignot dans C. Desprats-Péquignot, ''La psychanalyse'', La Découverte, 2002, « Introduction », {{p.|3-6}}.</ref>{{,}}<ref>Catherine Desprats-Péquignot, « Introduction », dans : Catherine Desprats-Péquignot éd., ''La psychanalyse'', Paris, [[La Découverte]], « Repères », 2002, {{p.|3-6}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/--9782707138620-page-3.htm}}.</ref>. La technique de la cure, dès 1898 sous la forme de la [[méthode cathartique]], avec Josef Breuer, puis le développement de la cure analytique, est le principal apport de la psychanalyse. L'hypothèse de l'inconscient approfondit la théorisation du psychisme. D'autres concepts vont, au fur et à mesure, développer et complexifier la théorie psychanalytique, que Freud décrit comme une {{citation|science de l'inconscient animique}}<ref>{{chapitre|titre chapitre=La question de l’analyse profane|auteur=Sigmund Freud|titre ouvrage= Œuvres complètes|volume=18|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|passage=57|année=1994}} {{commentaire biblio SRL|Cité par {{article|titre=La psychanalyse|sous-titre=Une science|auteur=Guenaël Visentini|périodique=Le Coq-héron|année= 2015|numéro=222|url texte=https://www.cairn.info/revue-le-coq-heron-2015-3-page-15.htm}}.}}</ref>, et le savoir sur les processus psychiques et thérapeutiques.

Tout en devenant une figure de premier plan au {{s-|XX}}, Sigmund Freud a dû faire face de son vivant à de nombreuses critiques comme celle de [[Karl Kraus]], qui récuse l'interprétation sexuelle d’œuvres littéraires, ou celle d'[[Egon Friedell]], qualifiant la psychanalyse de « pseudo-religion juive » et de « secte ». Dans les [[années 1990]] aux [[États-Unis]], des polémiques dans la presse, dites les ''[[Freud Wars]]'', s'en prirent à la psychanalyse à travers la personnalité de Freud. Elles se trouvèrent réactualisées en [[France]] dans la première décennie des [[années 2000]], avec ''[[Le Livre noir de la psychanalyse]]'' et l'essai de [[Michel Onfray]], ''[[Le Crépuscule d'une idole]]''. Mais les critiques les plus vives adressées à Freud et à la théorie psychanalytique sont d'ordre [[épistémologique]] : elles portent sur la [[scientificité]] de la psychanalyse. [[Karl Popper]] est souvent cité pour sa dénonciation des énoncés psychologiques de la psychanalyse, qu'il considère comme [[Pseudoscience|pseudo-scientifiques]].

Ce faisant, la discipline créée par Freud, critiquée ou non, garde aujourd'hui une certaine place dans la [[culture occidentale]].

== Biographie ==
{{Article détaillé|contenu=Les articles « [[Histoire de la psychanalyse]] » et [[Biographie de Sigmund Freud]] sont des compléments historiques et bibliographiques à ce sujet}}

=== Les biographes de Freud ===
L'histoire de la vie de Freud est celle de la psychanalyse<ref group="Freud">Parlant de son autobiographie, Freud confirme ce lien entre sa vie et la psychanalyse : {{Citation|Ma ''Présentation de moi-même'' montre comment la psychanalyse devient le contenu de ma vie, et se conforme ensuite à ce principe justifié que rien de ce qui m'arrive personnellement ne mérite d'intéresser au regard de mes relations avec la science}}, in ''[[Sigmund Freud présenté par lui-même]]'', Gallimard, 1991, {{p.|121-122}}.</ref>. Elle a fait l'objet de nombreux articles et biographies<ref name="Roudinesco, 2014, p.10">{{harvsp|id=Roudinesco, 2014|texte=Roudinesco, 2014|p=10}}.</ref> dont la plus connue est celle d'[[Ernest Jones]] (''[[La Vie et l'Œuvre de Sigmund Freud]]'', 1953 à 1958), proche contemporain de Freud<ref>Elle est critiquée pour ses aspects hagiographiques et remise en cause à partir de 1970 et des travaux de [[Henri Ellenberger]] {{harvsp|id=Roudinesco, 2014|texte=Roudinesco, 2014|p=10}}</ref>. Le premier biographe fut [[Fritz Wittels]], qui a publié en 1924 ''Freud : l'homme, la doctrine, l'école''<ref name="Roudinesco, 2014, p.10"/>. L'écrivain [[Stefan Zweig]] a aussi écrit une biographie (''La guérison par l'esprit'', 1932)<ref>Stefan Zweig dépeint ainsi Freud : {{Citation|On ne pouvait pas imaginer un être plus intrépide d'esprit. Freud osait à chaque instant exprimer ce qu'il pensait, même quand il savait qu'il inquiétait et troublait par ses déclarations claires et inexorables ; jamais il ne cherchait à rendre sa position moins difficile par la moindre concession, même de pure forme. Je suis persuadé que Freud aurait pu exposer sans rencontrer de résistance du côté de l'université les quatre cinquièmes de ses théories, s'il avait été prêt à les draper prudemment, à dire « érotique » au lieu de « sexualité », « Eros » au lieu de « libido », et à ne pas toujours aller au fond des choses, mais se borner à les suggérer. Mais dès qu'il s'agissait de son enseignement et de la vérité, il restait intransigeant ; plus ferme était la résistance, plus il s'affermissait dans sa résolution}}, cité dans {{harvsp|p=369|id=Roudinesco et Plon, 2006|texte=Roudinesco et Plon, 2006}}.</ref>. Le médecin de Freud [[Max Schur]], devenu psychanalyste, a étudié son rapport à la mort dans la clinique et la théorie puis face à la maladie qui devait l'emporter en 1939 (''La mort dans la vie et l'œuvre de Freud'', 1972){{Refsou|date=24 avril 2023}}.

De nombreux contemporains ou disciples lui ont également consacré une biographie, souvent hagiographique, tels [[Lou Andreas-Salomé]], [[Thomas Mann]], Siegfried Bernfield, Ola Andersson, [[Kurt Robert Eissler]] et [[Carl Schorske]]{{Refnec|date=24 avril 2023}}.

[[Didier Anzieu]] a publié en 1998, sous le titre ''[[L'auto-analyse de Freud]] et la découverte de la psychanalyse'', une étude très détaillée de l'auto-analyse de Freud et du processus créatif qui en a découlé. [[Marthe Robert]] est l'auteur d'une biographie littéraire (''La Révolution psychanalytique'', 2002). [[Peter Gay]] a écrit ''Freud une vie'' (1991)<ref>{{Article |auteur1=Thierry Bokanowski |titre=Freud, une vie de Peter Gay |périodique=Revue française de psychanalyse |volume=57 |numéro=1 |date=1993 |pages=251-258 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5448847q.image.r=revue+fran%C3%A7aise+de+psychanalyse.f253.pagination.langFR |consulté le=16 janvier 2021 |libellé=compte rendu}}.</ref> ; [[Henri Ellenberger]] une ''Histoire de la découverte de l'inconscient'' (1970)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Henri Ellenberger|titre=Histoire de la découverte de l'inconscient|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1994|année première édition=1970|passage=587}} : </ref>.

[[Alain de Mijolla]] analyse dans ''Freud et la France, 1885-1945'' (2010) les relations complexes entre Freud et les intellectuels français jusqu'en 1945, tandis qu'[[Élisabeth Roudinesco]] publie en 2014 un essai biographique et historique intitulé ''[[Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre]]''.

=== Enfance et études (1856–1882) ===
==== Enfance ====
[[Fichier:Pribor (39) (7170999908).jpg|vignette|gauche|[[Maison natale de Sigmund Freud]] en [[République tchèque]].]]

Sigmund Freud ({{MSAPI|/sigmund fʁød/}}<ref name="pronfr">[[Prononciation en français|Prononciation]] en [[français de France]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la norme [[Alphabet phonétique international|API]]. Source : [[Jean-Marie Pierret]], ''Phonétique historique du français et notions de phonétique générale'', Peeters, Louvain-la-Neuve, 1994, {{p.}}103.</ref> ou {{MSAPI|/fʁœjd/}}<ref name=pronfr /> ; en allemand : {{MSAPI|/ˈziːkmʊnt ˈfʁɔʏt/}}<ref>[[Prononciation en allemand|Prononciation]] en [[allemand]] [[Allemand standard|standard]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la norme [[Alphabet phonétique international|API]].</ref>.) naît '''Sigismund Schlomo Freud''' le {{date-|6 mai 1856}}<ref>En raison de la présence sur le registre de naissance de la ville de [[Příbor|Freiberg]] de la date du {{Date de naissance|6|mars|1856}}, d’abord rapportée par [[Ernest Jones|E. Jones]] en 1953 dans ''La vie et l'œuvre de Sigmund Freud'' et qualifiée par lui d'{{citation|erreur}}, [[Wladimir Granoff|W. Granoff]] dans ''Filiations : l'avenir du complexe d'Œdipe'' (1975) et [[Marie Balmary|M. Balmary]] dans ''L'homme aux statues : Freud et la faute cachée du père'' (1979) ont mis en doute la date de naissance, communément admise, de Freud. Cependant pour [[Élisabeth Roudinesco|E. Roudinesco]], [[Henri Ellenberger|H. Ellenberger]], [[Alain de Mijolla|A. de Mijolla]], et [[Didier Anzieu|D. Anzieu]], la date du 6 mai est attestée, en particulier par Renée Gicklhorn dans son article « {{lang|en|The Freiberg period of the Freud family}} » publié dans le ''{{lang|en|Journal of the History of Medicine and Allied Sciences}}'', 02/1969, 24(1), {{p.}}37-43, [http://jhmas.oxfordjournals.org/content/XXIV/1/37].</ref>. L'histoire de sa [[famille Freud|famille]], originaire de [[Galicie]]<ref group="B">{{p.}}44.</ref>, est peu connue<ref group="D">{{p.|443}}.</ref>. Troisième fils de Jakob Freud<ref>{{lien|lang=en|Jacob Freud}}</ref>, négociant, certainement marchand de laine<ref group="D">{{p.|444}}.</ref>, et d'Amalia Nathanson (1836-1931), il est le premier enfant de son dernier mariage<ref group="note">Il n'est pas sûr qu'il s'agisse du deuxième ou troisième mariage du père de Freud.</ref>. Sigmund est l'aîné de sa fratrie, composée de cinq sœurs (Anna, Rosa, Mitzi, Dolfi et Paula) et de deux frères, Julius, mort dans sa première année de vie, et Alexander<ref group="B">Pour une présentation rapide des biographies des cinq sœurs de Freud, voir {{p.|47}}.</ref>.

[[Fichier:AmaliaFreud.jpg|vignette|upright|Âgé de 16 ans, avec sa mère Amalia Freud en 1872]]
Selon Henri Ellenberger, {{Citation|la vie de Freud offre l'exemple d'une ascension sociale progressive depuis la classe moyenne inférieure jusqu'à la plus haute bourgeoisie}}<ref group="D">{{p.|438}}.</ref>. Sa famille suit ainsi la tendance à l'assimilation qui est celle de la plupart des [[Histoire des Juifs en Autriche|juifs viennois]]<ref group="D" name="r13">{{p.|445}}.</ref>. En effet il n'est pas élevé dans le strict respect de l'[[Judaïsme orthodoxe|orthodoxie juive]]. Bien que [[circoncision|circoncis]] à la naissance, il reçoit une éducation éloignée de la tradition et ouverte à la [[Lumières (philosophie)|philosophie des Lumières]]. Il parle l'[[allemand]], le [[yiddish]] et semble connaître l'[[espagnol]] à travers un [[Judéo-espagnol|dialecte mêlé d'hébreu]] alors couramment employé dans la communauté [[séfarade]] de [[Vienne (Autriche)|Vienne]], bien qu'il fût lui-même [[Ashkénazes|ashkénaze]]<ref group="D" name="r13" />.

[[Fichier:Freud family group. Photograph, c.1876. Wellcome V0027598.jpg|vignette|gauche|Jakob et Amalia Freud et leurs enfants en 1876.]]
Il passe ses trois premières années à Freiberg, ville que sa famille quitte pour [[Leipzig]] avant de s'établir définitivement, en février 1860, dans le quartier juif de Vienne. Freud y réside jusqu'à son exil forcé à Londres en 1938, après l'[[Anschluss]] <ref group="D">{{p.|437}}.</ref>. De 1860 à 1865, les Freud déménagent à plusieurs reprises avant de s'installer dans Pfeffergasse, dans le quartier de [[Leopoldstadt]]<ref group="D">{{p.|448}}.</ref>.

Recevant ses premières leçons de sa mère puis de son père, il est d'abord envoyé dans une école privée puis réussit à neuf ans l'épreuve d'admission au lycée de Leopoldstadt<ref name="Eissler,p12">{{harvsp|id=Eissler|texte=Ernst Freud, Lucie Freud, Ilse Grubrich-Simitis et K-R Eissler (2006)|p=12}}.</ref>. Brillant élève, il est le premier de sa classe pendant ses sept dernières années de scolarité secondaire au lycée communal, le « Sperlgymnasium ». Il a pour professeurs le naturaliste [[Alois Pokorny]], l'historien Annaka, le professeur de religion juive Samuel Hammerschlag<ref>{{Article |périodique=International Journal of Psychoanalytics |date=octobre 2010 |numéro=91 |volume=5 |pages=1137-56 |doi=10.1111/j.1745-8315.2010.00321.x |pmid=20955249 |titre=Freud and the Hammerschlag family: a formative relationship |langue=en |auteur=G. Fichtner |présentation en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20955249|issn = 0020-7578}}.</ref> et le [[Personnalité politique|politicien]] Victor von Kraus<ref group="D">{{p.|449}}.</ref>. Il obtient la mention « excellent » à son [[examen de maturité]] en 1873. Après avoir brièvement incliné vers le droit sous l'influence d'un de ses amis, [[Heinrich Braun (écrivain)|Heinrich Braun]]<ref name="Eissler,p12" />, il se montre ensuite plus intéressé par la carrière de [[Zoologie|zoologiste]] après avoir écouté la lecture par [[Carl Brühl]] d'un poème intitulé ''Nature'', alors attribué à Goethe, lors d'une conférence publique<ref group="D">{{p.|450}}.</ref>. Cependant il choisit la médecine<ref group="B">Le poème de Goethe aurait au contraire contribué à son choix pour la médecine, {{p.|58}}.</ref> et s'inscrit à l'[[université de Vienne]] à la rentrée d'hiver 1873. Il se passionne pour la [[Sélection naturelle|biologie darwinienne]], {{citation|qui servira de modèle à tous ses travaux}}<ref>{{harvsp|id=Roudinesco et Plon, 2006|texte=Roudinesco et Plon, 2006|p=369}}.</ref>.

==== Études ====
Il obtient son diplôme de médecin le 31 mars 1881 après huit années d'études, au lieu des cinq attendues, durant lesquelles il a effectué deux séjours en 1876 dans la station de zoologie marine expérimentale de [[Trieste]], sous la responsabilité de [[Carl Friedrich Wilhelm Claus|Carl Claus]]<ref group="C">Deux bourses d'un montant total de 180 Gulden lui furent accordées par le Ministère de l’Éducation en 1875 et 1876 pour lui permettre d'étudier les anguilles mâles de rivière. Ses dissections confirment l'existence de testicules chez l'anguille mâle. Ses travaux sont publiés en 1877 devant l'Académie des sciences de Vienne, {{p.}}655.</ref>, puis pour travailler de 1876 à 1882 auprès d'[[Ernst Wilhelm von Brücke]]<ref group="B">{{p.}}64.</ref>, dont les théories rigoureusement physiologiques l'influencent<ref group="D">{{p.}}451.</ref>.

Il entre en octobre 1876 en qualité de physiologiste-assistant à l'institut de physiologie d'[[Ernst Wilhelm von Brücke|Ernst Brücke]], où il fait la connaissance de [[Sigmund Exner]] et de [[Fleischl von Marxow]], et surtout de Josef Breuer. Freud concentre ses travaux<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Max Kohn|titre=Freud et le yiddish|sous-titre=Le préanalytique (1877-1897)|lieu=Paris|éditeur=MJW Fédition|date=1 janvier 2014|pages totales=249|isbn=979-10-90590-17-5}}</ref> sur deux domaines : les neurones (dont certaines assertions sont reprises dans l'article « [[Esquisse d'une psychologie scientifique]] »)<ref group="C">Alain de Mijolla explique que son travail porte plus précisément sur les fibres nerveuses postérieures du [[petromyzon]], {{p.}}655.</ref> et la [[cocaïne]]<ref group="B" name="p74">{{p.}}74.</ref>. Selon [[Alain de Mijolla]], Freud découvre à ce moment les théories [[positivisme|positivistes]] d'[[Emil du Bois-Reymond]], dont il devient un adepte, et qui expliquent la biologie par des forces physico-chimiques dont les effets sont liés à un [[déterminisme]] rigoureux<ref group="C">{{p.}}656.</ref>.

[[Fichier:Martha Bernays.jpg|thumb|upright|Sigmund Freud rencontre [[Martha Bernays]] en 1882. Il ne l'épousera qu'en 1886 ; quatre tomes (sur cinq au total) de l'édition intégrale des ''Brautbriefe'' (« Lettres de fiançailles ») sont parus depuis 2011<ref name="Grubrich-S">{{lien|langue=de|Ilse Grubrich-Simitis}}, [[Bernard Lortholary]], « Germes de concepts psychanalytiques fondamentaux. À propos des lettres de fiancés de Sigmund Freud et Martha Bernays », ''[[Revue française de psychanalyse]]'', 2012/3 (Vol. 76), {{p.|779-795}}. DOI : 10.3917/rfp.763.0779. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2012-3-page-779.htm?try_download=1&contenu=resume}}</ref>.]]

Il profite de sa période de service militaire, en 1879-1880, pour commencer la traduction de travaux du philosophe [[John Stuart Mill]]<ref>Freud ne traduit pas l’œuvre entière mais "seulement" le douzième volume portant sur l'émancipation des femmes certes, mais aussi sur Platon, la question ouvrière et le socialisme ; ce travail est publié en 1880. {{Cf.}} {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Michael|nom1=Molnar|titre=The Pre-Psychoanalytic Writings of Sigmund Freud|éditeur=Karnac Books|année=2002|mois=1|jour=1|pages totales=261|passage=112-123|isbn=1-85575-285-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=GFr-S4wxvGcC&pg=PA112}}</ref> et approfondir sa connaissance des théories de [[Charles Darwin]]<ref group="B">{{p.}}58.</ref>. Il assiste aux cours de [[Franz Brentano]] et lit ''Les Penseurs de la Grèce'' de [[Theodor Gomperz]] et surtout les volumes de l’''Histoire de la civilisation grecque'' de [[Jacob Burckhardt]]. Il passe ensuite ses premiers examens en juin 1880 et en mars 1881 et obtient son diplôme le 31 mars 1881, devenant alors à titre temporaire préparateur dans le laboratoire de Brücke. Il travaille ensuite deux semestres dans le laboratoire de chimie du professeur Ludwig. Il poursuit ses recherches [[histologie|histologiques]]<ref group="D" name="t14">{{p.}}453.</ref>, et se montre impressionné par les démonstrations du magnétiseur danois Carl Hansen auxquelles il assiste en 1880<ref>''[[Sigmund Freud présenté par lui-même|Freud présenté par lui-même]], 1925-1935'', Gallimard, Paris, 1984, {{p.}}28.</ref>.

Le 31 juillet 1881 il est recruté comme assistant chirurgien auprès de [[Theodor Billroth]] à l’hôpital général de Vienne ; il n'occupe ce poste que durant deux mois<ref>David M. Cohen et Daniel Roche, ''Freud sous coke'', Balland, 2012, {{OCLC|829977289}} {{p.|115}}</ref>.

En juin 1882, il s'installe comme médecin praticien, sans grand enthousiasme toutefois<ref group="D" name="t14" />. Deux explications existent sur ce point. Selon Freud lui-même, Brücke lui a conseillé de commencer à pratiquer en hôpital pour se faire une situation alors que pour [[Siegfried Bernfeld]] et [[Ernest Jones]], ses biographes, c'est son projet de mariage qui l'oblige à renoncer au plaisir de la recherche en laboratoire. Sigmund Freud a en effet rencontré [[Martha Bernays]], issue d'une famille commerçante juive, en juin 1882<ref group="B">Origines et condition de leur rencontre, {{p.}}150.</ref>, et, très tôt les conventions familiales alors en vigueur obligent les deux fiancés à se marier, d'autant plus que leur situation financière est très précaire<ref group="D" name="y15">{{p.}}454.</ref>. Néanmoins, le jeune couple ne se marie qu'en 1886, Freud ayant conditionné son alliance avec Martha Bernays à l'obtention de son cabinet de consultation. En octobre 1882, il entre dans le service de chirurgie de l'hôpital de Vienne, alors l'un des centres les plus réputés du monde<ref group="D" name="y15" />. Après deux mois, il travaille comme aspirant, sous la responsabilité du médecin Nothnagel et ce jusqu'en avril 1883. Brücke lui obtient le titre de [[Privat-docent]] en [[neuropathologie]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Roland Jaccard]]|titre=Freud|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|année=2009|passage=33}}</ref>. Il est nommé le {{1er}} mai 1883 ''{{lang|de|Sekundararzt}}'' au service de psychiatrie de [[Theodor Hermann Meynert|Theodor Meynert]] dans lequel il poursuit des études histologiques sur la moelle épinière, jusqu'en 1886<ref group="D">{{p.}}455.</ref>.

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Fichier:Theodor Meynert.jpg|[[Theodor Meynert]]
Fichier:Ernst willhelm von bruecke.jpeg|[[Ernst Wilhelm von Brücke]]
Fichier:Franz Brentano.jpeg|[[Franz Brentano]]
</gallery>

=== De l'hystérie à la méthode cathartique (1883–1893) ===
{{Article détaillé|Hystérie}}

==== Premières recherches ====
En septembre 1883, il entre dans la quatrième division du docteur Scholtz. Il y acquiert une expérience clinique auprès de malades nerveux. En décembre de la même année, à la suite de la lecture d'un article du docteur Aschenbrandt, il se livre à des expériences sur la cocaïne et en déduit qu'elle a une efficacité sur la fatigue et les symptômes de la [[neurasthénie]]{{Refnec|date=24 avril 2023}}. Dans son article de juillet 1884, {{citation étrangère|langue=de|Über Coca}}<ref group="Freud">{{Citation étrangère |langue=de |Über Coca}}, in {{citation étrangère|langue=de|Centralblatt für die Gesamte Therapie}}, tome {{II}}, 1884, {{p.}}289-314.</ref>, il conseille son usage pour de multiples troubles.

[[Fichier:Ernst von Fleischl-Marxow.jpg|vignette|upright=0.6|gauche|Ernst Fleischl-Marxow]]

Freud, à la suite de la lecture d'un texte qui propose de traiter la morphinomanie par la cocaïne, traite son ami et collègue au Laboratoire de Physiologie [[Ernst Fleischl von Marxow]] : celui-ci était devenu [[morphinomane]] après avoir eu recours à la [[morphine]] pour calmer la douleur insupportable occasionnée par une blessure à la main qui s'était infectée et du [[névrome]] qui s'y était développé. Freud, qui avait découvert la cocaïne en 1884, tenta de guérir son ami de sa morphinomanie en lui conseillant de prendre de la cocaïne, mais Fleischl {{cita|sombra dans une cocaïnomanie pire que sa morphinomanie antérieure}}. Il mourut en 1891 très détérioré physiquement et mentalement. L'administration locale de la cocaïne était une méthode à laquelle recourait Fliess pour soigner les affections nasales. [[Didier Anzieu]] note le sentiment de culpabilité de Freud lié à la personne de Fleischl, dont {{cita|le nom assone avec celui de Wilhelm Fliess}} et qui revient dans plusieurs rêves de ''[[L'Interprétation du rêve]]'' comme « [[L'injection faite à Irma]] », la « Monographie botanique », le rêve « Non vixit »<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Didier Anzieu]] |titre=[[L'auto-analyse de Freud]] — et la découverte de la psychanalyse |lieu=Paris |éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]] |année=1975 |année première édition=1959 |passage=490 }}.</ref>…

Bien qu'il l'ait nié publiquement à de nombreuses reprises, Freud fut consommateur de cocaïne entre 1884 et 1895, comme l'atteste sa correspondance<ref>Lettres à Martha, 2 juin 1884.</ref>{{,}}<ref group="Freud">Lettre à Wilhelm Fliess du {{date|12|juin|1895}}, « J'ai besoin de beaucoup de cocaïne. »</ref>{{,}}<ref>Françoise Coblence, « Freud et la cocaïne », ''Revue française de psychanalyse'', 2002/2 Vol. 66, {{p.}}371-383.</ref>. Il travaille sur sa découverte avec [[Carl Koller]], qui mène alors des recherches sur un moyen d'anesthésier l'œil en vue de pratiquer des opérations peu invasives. Celui-ci informe ensuite [[Leopold Königstein]] qui applique cette méthode à la chirurgie. Tous deux communiquent leur découverte lors de la Société des médecins de Vienne en 1884, sans mentionner la primauté des travaux de Freud<ref group="D">{{p.}}456.</ref>{{,}}<ref group="C">Après ce revers, Freud abandonne ses recherches sur la cocaïne mais continue à en user, notamment pour accroître sa capacité de travail et vaincre sa timidité, {{p.}}656.</ref>.

[[Fichier:Sigmund Freud plaque - 10, rue le Goff, Paris 5.jpg|vignette|Plaque au {{numéro}}10 [[rue Le Goff]] ([[5e arrondissement de Paris|{{5e}} arrondissement de Paris]]), où il vit de 1885 à 1886.]]

Le jeune médecin est ensuite affecté au service d'ophtalmologie de mars à mai 1884, puis dans celui de dermatologie. Il y rédige un article sur le nerf auditif<ref group="Freud">{{citation étrangère|langue=de|Über den Ursprung des Nervus acusticus}}, in {{citation étrangère|langue=de|Monatsschrift für Ohrenheilkunde}}, Neue Folge, XX, 1886, {{p.}}245-282.</ref> qui reçoit un accueil favorable. En juin, il passe l'examen oral pour le poste de ''[[Privat-docent]]'', et y présente son dernier article. Il est nommé le {{date-|18 juillet 1885}} et, voyant sa demande de bourse de voyage acceptée, il décide de poursuivre sa formation à Paris, dans le service de [[Jean-Martin Charcot]] à l'[[hôpital de la Salpêtrière]]. Après six semaines de vacances auprès de sa fiancée, Freud s'installe donc dans cette ville. Admirateur du neurologue français, qu'il rencontre la première fois le {{date-|20 octobre 1885}}, il lui propose de traduire ses écrits en allemand. Dès lors, Charcot le remarque et l'invite à ses somptueuses soirées du [[faubourg Saint-Germain]]<ref group="B">{{Citation |aucun autre homme n'a jamais eu autant d'influence sur moi}} relève Freud, cité {{p.|80}}.</ref>. Cependant, il semble que Freud n'ait pas passé autant de temps qu'il le dit auprès de Charcot, puisqu'il quitte Paris le 28 février 1886<ref group="C">Ce séjour à Paris aurait commencé le {{date-|13 octobre 1885}} et se serait terminé le {{date-|23 février 1886}}, {{p.|656}}.</ref> ; il en retire néanmoins toujours de la fierté et fait de ce séjour à Paris un moment clé de son existence<ref group="D">{{Citation |La relation de Freud avec Charcot est une sorte de « rencontre » existentielle plutôt qu'une relation classique entre disciple et maître}}, {{p.|456-457}}.</ref>. Il reste en outre en contact épistolaire avec Charcot.

[[Fichier:Wien - Sigmund Freud Museum (d) (cropped).JPG|vignette|La demeure de Freud, à Vienne.]]

En {{date-|mars 1886}}, Freud étudie la pédiatrie à Berlin, auprès du pédiatre Alfred Baginsky<ref name="Roudinesco et P. 2011">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Élisabeth Roudinesco|auteur2=Michel Plon|titre=Dictionnaire de la psychanalyse|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2011|pages totales=1789|isbn=978-2-253-08854-7|id=Roudinesco et Plon, 2011}}, entrée : Freud Schlomo Sigismund, dit Sigmund ((1856-1939), {{p.|535}}.</ref> et revient finalement à Vienne en avril. Il ouvre un cabinet sur la Rathausstrasse où il s'installe comme médecin privé<ref name="Roudinesco et P. 2011"/>. Il travaille également trois après-midi par semaine comme neurologue à la clinique Steindlgasse à l'{{citation étrangère|langue=de|Erste Öffentliche Kinder-Krankeninstitut}} (« Premier institut public pour enfants malades ») dirigé par le professeur Max Kassowitz<ref name="Roudinesco et P. 2011"/>. Il donne des consultations au service de neurologie de 1886 à 1896 à l'Institut Max-Kassowitz<ref>{{de}} « Sigmund Freud Wirken an der Abteilung für Nervenerkrankungen am Ersten Öffentlichen Kinder-Kranken-Institutes », site de la bibliothèque de médecine de l'université de Vienne, consulté le 10 mars 2021, {{Lire en ligne|lien=https://ub.meduniwien.ac.at/blog/?p=35134}}.</ref>, hôpital pédiatrique privé. Il rédige son rapport sur l'hypnotisme, tel qu'il est pratiqué par l'[[École de la Salpêtrière (hypnose)|École de la Salpêtrière]], devant les membres du Club de physiologie et devant ceux de la Société de psychiatrie, tout en organisant les préparatifs de son mariage. Un article d'[[Albrecht Erlenmeyer]] le critique vivement quant aux dangers de l'usage de la cocaïne. Freud finit de traduire un volume des leçons de Charcot, qui paraît en juillet 1886 et dont il rédige la préface. Après quelques mois de service militaire à [[Olomouc|Olmütz]] comme médecin de bataillon, Freud épouse [[Martha Bernays]] en septembre 1886<ref name="Roudinesco et P. 2011"/> à [[Arrondissement de Wandsbek|Wandsbek]] ; ils passent leur voyage de noces sur la mer Baltique.

Le {{date-|15 octobre 1886}}, devant la Société des médecins de Vienne<ref group="D">La Société des médecins de Vienne (ou {{citation étrangère|langue=de|Kaiserliche Gesellschaft der Aertzte zu Wien}}) est l'une des plus célèbres sociétés médicales d'Europe, {{p.}}458</ref>, Freud fait une allocution concernant l'hystérie masculine, discours publié sous le titre de {{citation étrangère|langue=de|Beiträge zur Kasuistik der Hysterie}}. Ce thème est alors polémique, d'autant plus que la conception classique de Charcot oppose l'hystérie post-traumatique à une hystérie dite simulée. S'appuyant sur la distinction entre « grande hystérie » (caractérisée par des [[convulsion]]s et une hémianesthésie) et la « petite hystérie », et sur un cas pratique examiné à la Salpêtrière, Freud explique que l'hystérie masculine est plus fréquente que ce que les spécialistes observent habituellement<ref group="D">Pour un exposé complet et détaillé, se référer aux {{p.}}459-462.</ref>. Pour Freud, la [[névrose traumatique]] appartient au champ de l'hystérie masculine. La Société s'insurge contre cette opinion qui est, de plus, déjà connue des neurologues viennois. Selon Ellenberger, l'idéalisation de Freud pour Charcot lui vaut l'irritation de la Société, agacée par son attitude hautaine<ref group="D">{{Citation|Freud semblait prendre les neurologues de la Société pour des ignorants}}, {{p.}}463.</ref>. Blessé, Freud présente alors à la Société un cas d'hystérie masculine afin d'étayer sa théorie. La Société l'entend de nouveau, mais l’éconduit. Contrairement à une certaine légende autour de cet événement<ref group="D">{{p.}}464.</ref>, Freud ne se retire pas de la Société ; il en devient même membre le {{date-|18 mars 1887}}{{Réfsou|date=24 avril 2023}}.

==== La rencontre avec Wilhelm Fliess et la première topique ====
Cette année-là, il fait la rencontre de Wilhelm Fliess, un médecin de Berlin qui poursuit des recherches sur la [[physiologie]] et la [[bisexualité]], avec lequel il entretient une correspondance scientifique amicale<ref group="D">Selon Ellenberger, sa rencontre avec Wilhelm Fliess est l'un des quatre événements fondateurs de la psychanalyse, {{p.}}467. Sa première lettre à Fliess date du {{date-|24 novembre 1887}}. Elle concerne le diagnostic d'un malade.</ref>{{,}}<ref group="B">De 1887 à 1904, les deux hommes échangent plus de 300 lettres ; celles de Fliess à Freud ont été perdues, {{p.}}38.</ref>, mais toutefois ambiguë<ref group="C">C’est un véritable {{citation|dialogue de sourds}} entre les deux hommes, dans le sens où Fliess se méprend sur les intentions de Freud alors que ce dernier surestime la compréhension de ses thèses par son correspondant, {{p.}}656.</ref>. Par ailleurs, la famille Freud accumule les dettes, le cabinet médical n'attirant pas une abondante clientèle. De plus, Meynert se brouille avec Freud en 1889, à propos de la théorie de Charcot. En 1889, Freud se dit très seul ; il ne peut communiquer réellement qu'avec ses amis Josef Breuer et Jean Leguirec. Ainsi il écrit : {{Citation|j'étais totalement isolé. À Vienne on m'évitait, à l'étranger on ne s'intéressait pas à moi}}<ref>« Entretien avec [[Eli Zaretsky]] », in ''Vie et destin de la psychanalyse'', Hors Série ''Le Monde'', 2010, {{p.}}70</ref>. Freud et Martha ont six enfants : Mathilde (1887-1978), Jean-Martin (1889-1967), Oliver (1891-1969), Ernst (1892-1970), Sophie (1893-1920) et [[Anna Freud]] (1895-1982){{Refsou|date=24 avril 2023}}.

[[Fichier:Wien - Wohnhaus Sigmund Freuds (cropped).JPG|vignette|upright|Domicile et cabinet de Freud (actuel [[musée Sigmund-Freud de Vienne]])]]

À partir de ce moment, la pensée de Freud évolue : la fréquentation de l'école de Bernheim en 1889 va le détourner de Charcot. Freud se prononce contre une interprétation matérialiste de l'hypnose qu'il défend à l'encontre du dénigrement dont elle fait l'objet de la part de ses adversaires<ref>James [Charles Napier] Webb, ''Das Zeitalter des Irrationalen. Politik, Kultur & Okkultismus im 20. Jahrhundert'' [''The Occult Establishment'', Open Court, La Salle IL 1976, {{ISBN| 0-912050-56-X}}], Marix, Wiesbaden, 2008, {{p.|411, 413}}, {{ISBN| 978-3-86539-152-0}}.</ref> : il traduit l'ouvrage d'[[Hippolyte Bernheim]], ''De la suggestion et des applications thérapeutiques'' et aborde la technique de l'hypnose. Il se rend à Nancy, à l'[[École de Nancy (psychologie)|école de Bernheim]], et rencontre [[Ambroise-Auguste Liébeault]] en 1889 pour confirmer son opinion sur l'hypnose. Il y apprend que les hystériques conservent une forme de lucidité envers leurs symptômes, savoir qui peut être mobilisé par l'intervention d'un tiers, une idée qu'il reprend ultérieurement dans sa conception de l'[[inconscient]]<ref group="B">{{p.}}83</ref>, mais il conclut que l'hypnose n'a que peu d'efficacité dans le traitement général des cas pathologiques. Il pressent que le passé du patient doit jouer un rôle dans la compréhension des symptômes. Il préfère la « cure par la parole » de son ami Breuer<ref group="C">{{Citation|Après avoir un temps utilisé la suggestion hypnotique, Freud conclut à son peu d'efficacité}}, {{p.}}656.</ref>{{,}}<ref group="E">Le procédé cathartique de Breuer constitue une phase préliminaire de la psychanalyse. Freud ajoute qu'il repousse définitivement l'hypnose par la méthode de la libre association, {{p.}}70.</ref>. Après cette visite, il participe, du 6 au {{date-|12 août 1889-}}, au Congrès international de psychologie physiologique de Paris, mais regagne Vienne avant la fin du Congrès<ref>{{Article |auteur1=Norbert Bon |titre=Freud et l'École de Nancy |périodique=La Revue lacanienne |volume=10 |numéro=2 |date=2011 |pages=42-48 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-la-revue-lacanienne-2011-2-page-45.htm |consulté le=19 octobre 2022}}.</ref>.

[[Fichier:Jean-Martin Charcot.jpg|vignette|upright|gauche|[[Jean-Martin Charcot]]]]

En 1891, Freud publie son travail sur les paralysies cérébrales unilatérales chez les enfants, en collaboration avec Oscar Rie, pédiatre viennois. Puis il travaille à son étude critique des théories sur l'[[aphasie]], ''[[Contribution à la conception des aphasies]]''. Sa distance avec la pensée de Charcot y est maximale ; il y esquisse un {{citation|appareil de langage}}<ref>Expression de Freud, dans ''Pour concevoir les aphasies'' (1891), traduction de Fernand Cambon, Epel, 2010, {{p.|147}}, passage cité par Thierry Longé dans son article « Sigmund Freud, Pour concevoir les aphasies. Une étude critique », Essaim, vol. 26, n°1, 2011, {{p.|169-179}}.</ref> permettant de rendre compte des troubles de la fonction langagière, et commence d'introduire à l'occasion de cette étude sa notion distinctive de [[Représentation de mot - Représentation de chose|« représentation de mot » et de « représentation de chose »]]<ref>[[Georges Lanteri-Laura]], « aphasie » (article), dans [[Alain de Mijolla]] (dir.), ''[[Dictionnaire international de la psychanalyse]]'', tome I, [[Calmann-Lévy]] (2002), Hachette-Littératures, 2005, {{p.|122-123}}.</ref>. Ce modèle préfigure l'« appareil psychique » de la [[première topique]]. En 1892, il édite sa traduction de l'ouvrage de Bernheim sous le titre ''Hypnotisme, suggestion, psychothérapie : études nouvelles'' et il expose devant le Club médical viennois une conception proche de Charcot<ref group="Freud">{{citation étrangère|langue=de|Über Hypnose und Suggestion}}, in {{citation étrangère|langue=de|Internationale Klinische Rundschau}}, VI, 1892, {{p.}}814-818.</ref>.

En 1893, Freud publie plusieurs articles sur l'hystérie en collaboration avec Josef Breuer et en particulier l'essai ''Le Mécanisme psychique des phénomènes hystériques (Communication préliminaire.)''. Il y défend la conception névrotique de l'hystérie, tout en proposant {{Citation|une méthode thérapeutique fondée sur les notions de [[catharsis]] et d'[[abréaction]]}}<ref group="D">{{p.}}466.</ref>. En 1894, avec son article « [[Psychonévrose de défense|Névro-psychoses de défense]] », il se focalise sur la [[phobie]]. Il souffre de symptômes cardiaques et cesse de fumer. S'occupant de l'hystérie d'une patiente, nommée « Emma », Freud, influencé par la théorie de la [[bisexualité]] de Fliess<ref group="B">Freud a été influencé, notamment dans ses ''[[Trois essais sur la théorie sexuelle]]'' de 1905, par la conception bisexuelle de Fliess, {{p.|39}}.</ref>, lui demande d'opérer la jeune femme du nez, car il pense que sa névrose y est liée. Mais Fliess oublie la [[gaze]] iodoformée dans le nez de la patiente. Freud fait ensuite un rêve marquant (le rêve dit de « [[L'injection faite à Irma]] ») qu'il relie à cet incident et entreprend d'en analyser le sens au moyen de la méthode de l'[[association libre]] ; {{Citation|cette étude devait devenir, [note Ellenberger], le prototype de toute analyse des rêves}}<ref group="D" name="u16">{{p.}}468.</ref>{{,}}<ref group="note">Une plaque commémorative ({{citation|c'est dans cette maison que le 24 juillet 1895 le mystère du rêve fut révélé au {{Dr|Sigmund Freud}}}}) qui figure actuellement devant le 19 Berggasse à Vienne rappelle que le rêve dit de l'« injection faite à Irma » est le prototype de l'interprétation des rêves selon la psychanalyse.</ref>.

=== L'invention de la psychanalyse : de l'hypnose à la cure psychanalytique (1893–1905) ===
==== La théorie de la séduction ====
{{Article détaillé|Psychonévrose de défense|théorie de la séduction}}
Avant sa découverte de la [[Sexualité infantile (psychanalyse)|sexualité infantile]], Freud va professer dans les années 1895-1897 la [[théorie de la séduction]], selon laquelle la cause des [[Psychonévrose de défense|psychonévroses]] (l'[[hystérie]] et la [[névrose obsessionnelle]]) est une séduction sexuelle dont la patiente ou le patient aurait été victime avant la [[puberté]]<ref name="Brès/rp">[[Yvon Brès]], « Freud au ras des pâquerettes. Une psychanalyse psycho-neurologique ? », ''[[Psychanalyse à l'université]]'' {{vol.|19}}, {{n°|74}}, 1994, {{p.|3-46}}.</ref>{{,}}<ref group="note">En intitulant son article « Freud au ras des pâquerettes », [[Yvon Brès]] se propose d'éclairer non pas ''toute'' l'œuvre de Freud, {{citation|mais une ''couche'' de cette œuvre qui se situe “au ras des pâquerettes”}}, à savoir la théorie des [[Névrose actuelle|névroses actuelles]] plus négligée des psychanalystes et historiens de Freud, lesquels, selon lui, s'intéressent bien davantage aux [[Psychonévrose de défense|psychonévroses de défense]] (Brès, {{p.|6}}). En 1895, Freud a écrit l'article « Du bien fondé à séparer de la [[neurasthénie]] un complexe de symptômes déterminé, en tant que “[[névrose d'angoisse]]” » (Brès, {{p.|4}}).</ref>. L'abandon par Freud de sa ''[[neurotica]]'' (Lettre à Wilhelm Fliess du 21 septembre 1897)<ref group="Freud">Lettre de Freud à Fliess du 21 septembre 1897 : {{citation|Il faut que je te confie tout de suite le grand secret qui, au cours de ces derniers mois s'est lentement révélé. Je ne crois plus à ma ''neurotica''…}} (in ''La naissance de la psychanalyse'', Paris, PUF, 1956, {{p.|190}}).</ref> — comme il appelle aussi sa première théorie — a donné lieu à une abondante littérature<ref name="Brès/rp"/>. Il est habituel de considérer que cet abandon représente l'un des moments fondateurs de la construction de la théorie psychanalytique et de l'abandon du modèle neurologique<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Elisabeth|nom1=Roudinesco|prénom2=Michel|nom2=Plon|lien auteur1=Élisabeth Roudinesco|titre=Dictionnaire de la psychanalyse|éditeur=Fayard|lien éditeur=Fayard (maison d'édition)|lieu=Paris|année=2011|collection=La Pochothèque|année première édition=1997|isbn=978-2-253-08854-7|passage=1424}}</ref>.

Dans la note de 1924 aux ''Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense'' (1896), Freud passe toutefois {{citation|directement de la théorie de la séduction à la sexualité infantile}}, la logique de la théorie de la séduction conduisant, d'après [[Yvon Brès]], à la théorie de la [[Sexualité infantile (psychanalyse)|sexualité prégénitale]] {{citation|encore plus directement qu'à la découverte du complexe d'Œdipe, car la notion même d'un plaisir sexuel prégénital y est presque clairement incluse}} (chez la petite fille et surtout chez le petit garçon {{citation|futurs obsessionnels)}}<ref name="Brès/rp"/>{{,}}<ref group="note">{{citation|Ce plaisir est-il oral, anal ou phallique?}}, s'interroge Yvon Brès à propos d'un Freud qui {{citation|ne se pose pas encore la question}}, mais il ajoute : {{citation|[[Jeffrey Moussaieff Masson]] n'a peut-être pas tort d'attirer l'attention sur le nombre des agressions sexuelles dont étaient victimes les enfants à cette époque et sur le fait que, en particulier pendant son séjour à Paris, Freud avait pu fréquenter la morgue et réfléchir sur le phénomène}} (page 26, note 2 de son essai, Brès se réfère à tout le chapitre II du livre de Masson, ''The Assault on Truth'', traduit en français ''[[Le Réel escamoté|Le réel escamoté]]'').</ref>.

==== Freud et Breuer : ''Études sur l'hystérie'' ====
{{Article détaillé|Études sur l'hystérie}}
[[Fichier:Jozef Breuer, 1877.jpg|vignette|redresse|[[Josef Breuer]] en 1877.]]
[[Fichier:Portrait of S. Freud in 1891 Wellcome L0015371.jpg|vignette|gauche|redresse|Freud en 1891.]]
En 1895, [[Josef Breuer]] et Freud publient leurs ''[[Études sur l'hystérie]]'' qui regroupent les cas traités depuis 1893, dont celui d'[[Bertha Pappenheim|Anna O]]. Cette patiente de Breuer, de son vrai nom Bertha Pappenheim, est présentée comme un exemple type de cure [[Méthode cathartique|cathartique]]<ref group="B">Freud attribue la paternité de la méthode cathartique à Josef Breuer, {{p.|92}}.</ref>. Avant de devenir la [[cure psychanalytique]] au sens strict, Freud a en effet dû abandonner la [[suggestion]] et l'hypnose, puis la méthode cathartique de Breuer, et prendre en compte le transfert, c'est-à-dire la reviviscence des émois pulsionnels de l'enfance du patient refoulés qui sont déplacés et adressés à l'analyste<ref group="B">Freud ne conserve de l'[[hypnose]] que la position du patient, allongé et soustrait à la vue de l'analyste, {{p.|90-97}}.</ref>. C'est en effet le transfert qui met Freud sur la voie d'une nouvelle approche, la reviviscence du vécu infantile refoulé qui anime le transfert informant sur la nature du conflit psychique dans lequel le patient est pris{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

En 1896, considérant que sa théorie a droit de cité en psychologie, Freud la baptise du nom de « psycho-analyse<ref group="D">{{p.|467}}.</ref> », mais le facteur sexuel n'est pas alors encore prédominant dans celle-ci<ref group="B">{{p.|94}}.</ref>. Composé du grec ''{{lang|la-grc|ana}}'' (qui désigne la « remontée vers l'originaire », l'élémentaire), et de ''{{lang|la-grc|lysis}}'' (la « dissolution »)<ref>Lysis désigne en même temps la dissolution, la solution et la résolution, et en particulier défaire un nœud, la fin, l'aboutissement, le dépassement des difficultés mais aussi la rupture{{etc.}} </ref>, le terme désigne dès le départ la recherche des souvenirs archaïques en lien avec les [[symptôme]]s<ref group="B">{{p.|76}}.</ref>. Dès lors, Freud rompt avec [[Josef Breuer|Breuer]], demeuré fidèle à la cure cathartique, et rédige un essai laissé inédit : ''[[Esquisse d'une psychologie scientifique]]''. C'est dans un autre article, écrit en français : « L'hérédité et l'étiologie des névroses<ref group="Freud">« L'hérédité et l'étiologie des névroses », in ''La Revue {{nobr romains|neurologique III}}'', repris in ''Névrose, psychose et perversion'', [[Presses universitaires de France|PUF]], 1973.</ref> », de 1896, qu'il explique sa nouvelle conception. Enfin, il rédige {{citation étrangère|langue=de|Zur Äthiologie der Hysterie}} (« L’Étiologie de l’hystérie »). Dans les deux articles apparaît pour la première fois sous la plume de Freud le mot « psychanalyse »<ref>{{Lien web|url=http://www.psychanalyste-paris.com/Fliess-et-Freud.html |titre=Le travail d’accouchement de la psychanalyse. Fliess et Freud. Les douleurs et les contractions |auteur=Christophe Bormans |site=psychanalyste-paris.com |consulté le=17 septembre 2011}}.</ref>.

Le {{date-|2 mai 1896}}, devant la Société de psychiatrie viennoise, présidée par Hermann Nothnagel et [[Richard von Krafft-Ebing|Krafft-Ebing]], on lui délivre le titre d’« ''{{lang|la|Extraordinarius}}'' »<ref group="note">Le titre d’« ''{{lang|la|Extraordinarius}}'' » correspond au premier grade universitaire, c’est-à-dire à professeur sans chaire. La lettre qui promeut Freud est signée de l’[[François-Joseph Ier d'Autriche|empereur François-Joseph]].</ref>{{,}}<ref group="B">{{p.|110}}.</ref>. Lors du Congrès international de psychologie à Munich en {{date-|août 1896}}, le nom de Freud est cité parmi les autorités les plus compétentes dans le domaine alors qu'en 1897 Albert Willem Van Renterghem, psychiatre néerlandais, le cite comme l'une des figures de l'[[École de Nancy (psychologie)|École de Nancy]]<ref group="D" name="u17">{{p.|473}}.</ref>.

Après la mort de son père le {{date-|23 octobre 1896}}, Freud s'intéresse exclusivement à l'analyse de ses rêves et se livre à un {{Citation|travail de fouille dans son passé}}<ref group="A">{{Citation|En réaction au décès de son père (…) Freud se livre à un intense travail de fouille dans son passé, il s'efforce de ramener à la lumière de sa mémoire les fragments refoulés de son enfance}}, {{p.|46}}.</ref>. Nourrissant de la culpabilité envers son père, il entreprend une [[auto-analyse]]. Il dit tenter d'analyser sa {{Citation|petite hystérie}} et ambitionner de mettre au jour la nature de l'appareil psychologique et de la névrose<ref group="D" name="u16" />. Lors de cette auto-analyse<ref group="B">Elle consiste, notent René Major et Chantal Talagrand, en une analyse de ses propres rêves et de ses souvenirs d'enfance, {{p.|46}}. Cette auto-analyse est à l'origine des {{Citation|objectivités proprement analytiques}} de la psychanalyse, que Freud découvre en établissant des rapports et des analogies entre ses souvenirs et fantasmes et la littérature mondiale, {{p.|51}}.</ref>, et après avoir abandonné sa théorie de l'hystérie, ses souvenirs d'enfance affluent. Celui de sa nourrice lui permet de développer la notion de « [[souvenir écran]] » par exemple alors qu'il voit dans les sentiments amoureux pour sa mère et dans sa jalousie pour son père une structure universelle qu'il rattache à l'histoire d'[[Œdipe]] et d'[[Hamlet]]<ref group="D" name="u16" />. Ses analyses de patients lui apportent des arguments dans l'édification d'une nouvelle conception, qui lui permet de revoir et l'hystérie et les obsessions. La correspondance avec Fliess témoigne de cette évolution de sa pensée ; c'est notamment dans une lettre du {{date-|15 octobre 1897}} que Freud évoque pour la première fois la {{citation|légende grecque}} d'[[Complexe d'Œdipe|Œdipe]]<ref group="Freud">Lettre à Wilhelm Fliess du {{date-|15 octobre 1897}}, dans ''Lettres à Wilhelm Fliess : 1887-1904'', Presses universitaires de France, {{coll.|Bibliothèque de psychanalyse}}, 2006, {{p.|344-345}} et dans : Sigmund Freud, ''La naissance de la psychanalyse'', {{7e|édition}}, Presses universitaires de France, Paris, 1996, {{p.|197}}.</ref> ». Le neurologue viennois explique ainsi : {{Citation|J’ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants}}<ref group="B">Freud a très tôt une peur profonde : celle de mourir avant sa mère, {{p.|45}}.</ref>.

==== ''L'Interprétation du rêve'' et autres textes fondateurs ====
[[Fichier:Stele - Sigmund Freud, Das Geheimnis des Traumes (Wien 1900) 002.jpg|vignette|droite|upright=1.0|Plaque commémorative du lieu, près de [[Grinzing]] où « le {{date-|24 juillet 1895}}, le mystère du rêve fut révélé au {{Dr}} Sigmund Freud » (rêve de [[l'injection faite à Irma]]).]]
Il annonce à Fliess, au début de l'année 1898, qu'il compte publier un ouvrage sur l'analyse des rêves, et, après une période de dépression, il publie ''[[L'Interprétation du rêve]]'' ({{citation étrangère|langue=de|Die Traumdeutung}})<ref group="D">{{Citation|La publication de ''L'Interprétation du rêve'' marque la fin de sa névrose}}, {{p.}}469.</ref>{{,}}<ref group="C">Le succès éditorial de cet ouvrage est cependant faible : Freud ne vend en effet que {{nobr|420 exemplaires}} en six ans, {{p.}}657.</ref>. Il s'agit d'un ouvrage « autobiographique » dans la mesure où Freud se base en partie sur le matériel de ses propres rêves. Cette période d'auto-analyse mêlée de névrose est, selon [[Henri Ellenberger]], caractéristique de la {{Citation|maladie créatrice}}, phase de dépression et de travail intense qui a permis à Freud d'élaborer la psychanalyse en dépassant ses problèmes personnels<ref group="D">{{p.}}470.</ref>. En novembre 1898, Freud se préoccupe des phases infantiles à dominante sexuelle dans son œuvre {{citation étrangère|langue=de|Die Sexualität in der Ätiologie der Neurosen}} (''La sexualité dans l'étiologie des névroses''). Dans cet ouvrage, Freud utilise le terme de « [[Névrose|psychonévrose]] » délimité de la « [[neurasthénie]] »<ref>{{de}} Freud, Sigmund. « {{Lang|de|Die Sexualität in der Ätiologie der Neurosen}} » (1898) dans ''Gesammelte Werke, Band {{I}}'', S. Fischer Verlag, Frankfurt 1953, {{isbn|3100227034}} ; pages 496f.</ref>

Sa situation, tant sociale que financière, s'améliore ; de 1899 à 1900, il exerce les fonctions d'assesseur de la {{lang|en|[[Royal Society]]}}<ref>{{Lien web |url=http://royalsociety.org/uploadedFiles/Royal_Society_Content/about-us/fellowship/Fellows1660-2007.pdf |titre=Liste des membres de la Royal Society jusqu'en 2007 |site=royalsociety.org |consulté le=20 septembre 2011}}.</ref> de Londres en [[psychiatrie]] et [[neurologie]] pour la revue {{Citation étrangère |langue=de |Jahrbuch für Psychiatrie und Neurologie}}. Par ailleurs, il travaille intensément à ses recherches et se dépeint comme un « [[conquistador]]<ref group="C" name="p657">{{p.}}657.</ref> ». Il jouit en effet d'une clientèle lucrative et est reconnu par la société viennoise. En {{date-|septembre 1901}}, il se sent capable de visiter Rome, en compagnie de son frère Alexander. La « [[Rome|Ville éternelle]] » l'a {{citation|toujours fasciné}} et Freud, en raison de sa [[phobie]] des voyages<ref group="B">Sur les origines de sa phobie des voyages, voir la {{p.}}116.</ref>{{,}}<ref group="A">{{Citation |La crainte d'un accident de chemin de fer le poursuivit toute sa vie}}, {{p.}}27.</ref>, a toujours remis à plus tard sa visite de l'Italie<ref group="B">Il ne peut se rendre à Rome qu'après la mort de son père, {{p.}}107.</ref>. À Rome, il est « impressionné » par le ''Moïse'' de [[Michel-Ange]]<ref group="B">{{p.}}117.</ref>. Quelques années après, en 1914, il publie anonymement, dans la revue ''[[Imago (revue)|Imago]]'', un essai intitulé {{Citation étrangère |langue=de |Der Moses des Michelangelo}} (« Le Moïse de Michel-Ange »), dans lequel il oppose les deux figures, celle historique et celle mythique, du libérateur du peuple juif, [[Moïse]]<ref>{{Lien web |langue=de |url=http://www.freud-museum.at/freud/themen/biblio-d.htm |titre=Ausgewählte, kommentierte Bibliographie: Sigmund Freud Themen |site=freud-museum.at |consulté le=19 septembre 2011}}.</ref>.

Lors d'un passage à [[Dubrovnik]] (alors Raguse), Freud suppose que le mécanisme psychique du [[lapsus]] est révélateur d'un complexe inconscient<ref group="B">{{p.}}121.</ref>. La même année, deux psychiatres suisses, [[Carl Gustav Jung]] et [[Ludwig Binswanger]] de [[Zurich]], se rallient à la psychanalyse naissante et, grâce à l'« [[psychologie analytique|école de Zurich]] », le mouvement s'amplifie en Europe et aux États-Unis<ref group="E">{{p.}}24 : {{Citation|J'ai souvent proclamé avec reconnaissance les grands mérites que s'est acquis l'école psychiatrique de Zurich, et plus particulièrement Bleuler et Jung, par leur contribution à la diffusion de la psychanalyse}}.</ref>. Auparavant, en 1901, [[Eugen Bleuler]], avec qui Freud commence une correspondance, est extrêmement impressionné par ''[[L'Interprétation des rêves]]''. Il a en effet demandé à son second, Jung, de présenter l'ouvrage à l'équipe psychiatrique du [[clinique psychiatrique universitaire de Zurich|Burghölzi]]. La Suisse devient ainsi une alliée de poids dans le développement du mouvement psychanalytique et ce dès 1900<ref>{{Chapitre|auteur=Muriel Pic |titre=L'ancrage suisse |titre ouvrage=Revue internationale Henry Bauchau. L'écriture à l'écoute |numéro=3 |éditeur=Presses universitaires de Louvain |année=2011 |isbn=9782874632570 |passage=63}}.</ref>.

[[Fichier:Anna O.jpg|vignette|gauche|upright|[[Bertha Pappenheim]], citée sous le nom d{{'}}''Anna O.'' dans les ''[[Études sur l'hystérie]]'', patiente de [[Josef Breuer]], initiatrice de la ''talking cure''.]]

De retour à Vienne, Freud rompt tout échange avec Fliess en 1902. Puis, il présente ses opinions scientifiques au cours de plusieurs conférences, devant le {{Citation étrangère |langue=de |Doktorenkollegium}} de Vienne, puis devant le [[B'nai B'rith]], un cercle de juifs laïcs dont il était devenu membre en 1897<ref>[[Michel Juffé]], ''[https://books.google.fr/books?id=LOKdCwAAQBAJ&pg=PT217&dq=Sigmund+Freud,+B%27nai+B%27rith+de+Vienne&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwipuNqy6evbAhWGzRQKHWhlAnYQ6AEIKzAA#v=onepage&q=Sigmund%20Freud%2C%20B'nai%20B'rith%20de%20Vienne&f=false Sigmund Freud – Benedictus de Spinoza. Correspondance 1676-1938]'', Editions Gallimard, 2016</ref>{{,}}<ref>Dennis B. Klein, ''[https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=KsZptZkBZOgC&q=B%27nai+B%27rith+1897#v=snippet&q=B'nai%20B'rith%201897&f=false Jewish Origins of the Psychoanalytic Movement]'', University of Chicago Press, 1985</ref>{{,}}<ref>Alain Lellouch, [https://www.bbfrance.org/Freud-1856-1939-au-B-nai-B-rith_a24.html "Freud au B’nai B’rith"], site du B'nai B'rith France, 2011</ref> ; elles sont bien accueillies. En automne [[1902]], sur l’initiative de [[Wilhelm Stekel]], Freud réunit autour de lui un groupe d'intéressés, qui prend le nom de {{citation étrangère|langue=de|Psychologische Mittwoch Gesellschaft}} (« [[Société psychologique du Mercredi]] ») et qui, chaque mercredi, discute de psychanalyse<ref group="note">La Société psychologique du mercredi est la première société psychanalytique au monde, elle réunit notamment : [[Rudolf Reitler]] (1865-1917), [[Max Kahane]] (1866-1923), [[Ludwig Jekels]] (1861-1954), [[Wilhelm Stekel]] (1868-1940), [[Hugo Heller]] (1870-1923), [[Alfred Adler]] (1870-1937), [[Paul Federn]] (1871-1950), [[Eduard Hitschmann]] (1871-1957), [[Max Graf]] (1875-1958), [[Hanns Sachs]] (1881-1947) et [[Otto Rank]] (1884-1939).</ref>{{,}}<ref name="Chrono.">{{Lien web|url=http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/11/35/83/PDF/Chrono_Psych._.pdf |titre=Chronologie : Situation de la psychanalyse dans le Monde, du temps de la vie de Freud |auteur=Olivier Douville |année=2006 |consulté le=15 juin 2011}} ; {{Cf.}} {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Olivier |nom1=Douville |titre=Chronologie de la psychanalyse, 1856-1939 |sous-titre=du temps de Freud |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Dunod|Dunod]] |collection=Psycho sup |année=2009 |pages totales=207 |isbn=978-2-10-053030-4}}.</ref>. Selon Ellenberger, à partir de cette date, la vie de Freud se confond avec l'histoire du mouvement psychanalytique<ref group="D" name="u17" />{{,}}<ref group="E">Freud explique qu'il a travaillé à développer la psychanalyse seul pendant dix ans, solitude qui ne cessa véritablement qu'en 1904, {{p.}}69.</ref>. En France, ses travaux sont mentionnés lors du Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de Grenoble la même année<ref>{{Lien web |url=http://www.spp.asso.fr/main/histoirepsy/histoire/items/1.htm |titre=Accueil de la psychanalyse avant 1914 |site=spp.asso.fr |consulté le=19 septembre 2011}}.</ref>.

[[Fichier:Hall Freud Jung in front of Clark 1909.jpg|vignette|Freud en septembre 1909, lors de la série de [[Cinq leçons sur la psychanalyse|conférences]] faites à la Clark University, à [[Worcester]], Massachusetts. De gauche à droite, au premier rang Sigmund Freud, [[G. Stanley Hall]], Carl Gustav Jung ; au second : [[Abraham A. Brill]], Ernest Jones, Sándor Ferenczi<ref>{{Lien web |langue=en |url=http://www.freud-museum.at/freud/chronolg/1909-e.htm |titre=1909. Sigmund Freud chronology. Journey to America |site=freud-museum.at |consulté le=12 juin 2011}}.</ref>.]]

En 1901, il publie ''[[Psychopathologie de la vie quotidienne]]''<ref>{{citation étrangère |langue=de |Zur Psychopathologie des Alltagslebens}} </ref>. En septembre, il se rapproche d'[[Eugen Bleuler]], de Zurich, et leur correspondance scientifique s'accroît. Les traitements engagés par Freud sur la base de ces hypothèses l'avaient déjà conduit à découvrir que tous ses patients n’ont pas subi de réels traumatismes sexuels dans leurs enfances : ils évoquent des fantasmes et racontent un « roman familial » auquel ils croient<ref group="E">{{Citation |Je ne crois plus à mes ''neurotica''}}, lettre du 21 septembre 1897, dans {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Sigmund Freud |titre=Lettres à Wilhelm Fliess, 1887-1904 |lieu=Paris |éditeur=[[Presses universitaires de France]] |année=2006 |pages totales=763 |passage=334 |isbn=2-13-054995-0 |lire en ligne=http://www.megapsy.com/textes/freud/biblio128.htm}}.</ref>. Simultanément, il découvre que certains patients semblent ne pas pouvoir guérir<ref group="E">{{Chapitre|auteur=Sigmund Freud |titre=Résistance et Refoulement |titre ouvrage=Introduction à la psychanalyse |année première édition=1904 |éditeur=Payot |collection=Petite bibliothèque |année=2004 |isbn=2228894052}}.</ref>. Ils résistent notamment en répétant et en transposant des sentiments anciens vers l'analyste : mécanisme que Freud appelle le « [[transfert (psychanalyse)|transfert]] » qu'il voit encore, et essentiellement, comme un frein à la guérison<ref group="E">{{Citation |Nous en sommes encore à nous demander pourquoi, dans l'analyse, c'est le transfert qui oppose au traitement la plus forte des résistances}}, ''in'' {{Chapitre|auteur=Sigmund Freud |titre=La technique du transfert |titre ouvrage=Technique psychanalytique |année première édition=1912 |éditeur=Presses universitaires de France |collection=Quadrige Grands textes |isbn=2130563147 |année=2007}}.</ref>.

En 1909, Freud parle « de la psychanalyse » (''Über Psychoanalyse'') pour la première fois publiquement aux [[États-Unis]]<ref>[[Élisabeth Roudinesco]] et Michel Plon, « États-Unis », dans ''Dictionnaire de la psychanalyse'', Paris, Fayard, 2011, {{p.|401}}.</ref>, où il a été invité par [[Stanley Hall]] à tenir<ref group="B">{{p.}}180.</ref> une série de [[Cinq leçons sur la psychanalyse|conférences]] à l'[[université Clark]] à [[Worcester]], [[Massachusetts]]<ref>{{Lien web |langue=en |url=http://www.clarku.edu/research/archives/freud_jung.cfm |titre={{lang|en|The Sigmund Freud and Carl Jung lectures at Clark University}} |site=Université Clark |consulté le=12 juin 2011}}.</ref>, en compagnie de Carl Gustav Jung, Ernest Jones et Sándor Ferenczi. Freud et Jung se voient honorés du titre de « [[Doctor of Laws|LL. D.]] »<ref group="E">{{p.}}101-102.</ref>. C'est à ce moment qu'il désigne explicitement Jung comme son {{Citation |successeur et prince héritier<ref group="Freud">Lettre à Jung du 16 avril 1909, in ''Correspondance S. Freud-C. G. Jung'', Taurus, 1978.</ref>}}. Freud déclare alors que le mérite de l'invention de la psychanalyse revient à Josef Breuer<ref>« De la psychanalyse », Freud, 1910.</ref> mais il précise par la suite qu'il considère que le « procédé cathartique » de Breuer constitue une phase préliminaire à l'invention de la psychanalyse<ref>{{Ouvrage |auteur1=Filip Geerardyn et Gertrudis van de Vijver |titre=Aux sources de la psychanalyse : une analyse des premiers écrits de Freud (1877-1900) |éditeur=[[Éditions L'Harmattan]] |collection=Études psychanalytiques |année=1998 |pages totales=331 |passage=165 |isbn=978-2-7384-6184-1 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=hqjuNBCovMEC&printsec=frontcover}}.</ref> et qu’il en est bien l’inventeur à partir du rejet de l’hypnose et de l’introduction de l’[[association libre]]<ref>{{Citation|le "procédé cathartique" de Breuer constituait une phase préliminaire de la psychanalyse et que celle-ci datait du jour où, repoussant la technique hypnotique, j'avais introduit celle de l'association libre. […] Je suis arrivé à la conclusion qu'après tout il n'y avait rien d'impossible à ce que je fusse le véritable auteur de tout ce qui la caractérise et la distingue}} in S. Freud « Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique » in ''Cinq leçons de psychanalyse'', Paris, Payot, 1965, ({{p.|67 à 155}}), [http://classiques.uqac.ca/classiques/freud_sigmund/cinq_lecons_psychanalyse/contribution_hist_mouv_psy/contribution_hist_mouv_psy.pdf]</ref>.

=== L'institution psychanalytique (1905–1920) ===
==== Approfondissements et publications ====
[[Fichier:Sigmund freud um 1905.jpg|vignette|upright|gauche|Freud en 1905]]
En 1905, il publie ''[[Trois essais sur la théorie sexuelle]]''<ref> {{citation étrangère|langue=de|Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie}} </ref>, qui rassemble ses hypothèses sur la place de la [[sexualité]] et son devenir dans le développement de la personnalité. La [[Sexualité infantile (psychanalyse)|sexualité infantile]] constitue un élément important de la psychanalyse. Il publie également ''[[Cinq psychanalyses|Fragment d'une analyse d'hystérie]]'', qui constitue un compte-rendu du cas d'[[Ida Bauer]], qui illustre le concept de transfert psychanalytique.

Selon Ellenberger, Ilse Bry ou Alfred H. Rifkin<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Ilse Bry|auteur2=Alfred H. Rifkin|titre=Science and Psychoanalysis'|volume=V|année=1962|passage=6-36|titre chapitre={{lang|en|Freud and the History of Ideas : Primary Sources, 1886-1910}}}}.</ref>, les idées de Freud ont été bien reçues. Pour Ernest Jones et, ultérieurement, [[Jean-Luc Donnet]], c'est le contraire qui est vrai. Donnet précise que le rejet violent de la psychanalyse par les médecins et surtout par les psychiatres est l'une des causes du fait que Freud s'est tellement réjoui du ralliement d'[[Eugen Bleuler]]<ref>[[Eugen Bleuler]], ''Pour le {{70e|anniversaire}} de Siegmund Freud'', in Collectif: ''La psychanalyse en Suisse, une histoire agitée'', [[Le Coq-Héron]], 2014/3 ({{n°|218}})</ref> à la psychanalyse et, de fait, c'est à [[Zurich]] que la psychanalyse obtient en premier un droit de cité en psychiatrie. La France s'est montrée d'emblée réfractaire à la psychanalyse<ref>Les premières traductions françaises datent de 1922, 1923 pour les ''Trois essais sur la sexualité'' et en 1926 pour la ''Science des rêves'', in {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Pierre Bourgeron|titre=Marie Bonaparte et la psychanalyse à travers ses lettres à René Laforgue|lieu=Paris/Genève|éditeur=Éditions Slatkine Genève|année=1993|pages totales=241|passage=136|isbn=2-85203-708-4}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur=Jacques Sédat|titre=La réception de Freud en France durant la première moitié de {{s-|XX}}|sous-titre=Le freudisme à l'épreuve de l'esprit latin|périodique=Revue Topique|année=2011|pages=51-68|isbn=9782847952056}}.</ref>. Ailleurs, le succès des ouvrages de Freud est important, mais inégal selon les pays ; on le lit par exemple en traductions dès les années 1900, en russe. Les premiers travaux des disciples de Freud apparaissent également : [[Otto Rank]], âgé de {{nobr|21 ans}}, lui remet en effet le manuscrit de son essai psychanalytique ''L'artiste'' {{citation étrangère|langue=de|Der Künstler}})<ref name="Chrono." />.

En 1906, il s'intéresse à ''[[Gradiva|La Gradiva]]'', une nouvelle de l'écrivain allemand [[Wilhelm Jensen]], et rédige un essai, ''[[Le délire et les rêves dans la « Gradiva » de Jensen]]'' dans lequel il applique les principes psychanalytiques à la création littéraire, étudiant les liens entre la psychanalyse et l'archéologie<ref group="B">{{p.}}102-104.</ref>. La même année, il se brouille définitivement avec Wilhelm Fliess, qui rédige par la suite un pamphlet, ''Pour ma propre cause'', dans lequel il accuse Freud de lui avoir volé ses idées<ref name="Chrono." />.

==== La reconnaissance ====
[[Fichier:Daniel Paul Schreber 1890 (cropped).jpg|vignette|upright|[[Daniel Paul Schreber]] ; Freud, ''Remarques psychanalytiques sur l'autobiographie d'un cas de paranoïa'', 1911.]]
[[Fichier:Alfred Adler1.png|vignette|upright|[[Alfred Adler]]]]

En {{date-|mars 1907}}, l'isolement de Freud cesse définitivement<ref group="D">{{p.}}479.</ref>. Le groupe naissant de psychanalystes tente de créer une collection intitulée « Écrits de psychologie appliquée » aux éditions Deuticke<ref group="note">Les {{citation étrangère|langue=de|Schriften zur angewandten Seelenkunde}} publient des travaux de Freud, [[Franz Riklin]], Carl Jung, Karl Abraham, Sadger, [[Oskar Pfister]], Max Graf, Ernest Jones, Sorfer, Keilholz et von Hug-Hellmuth. La collection s’arrête en 1913, peu de temps après la parution de la revue ''[[Imago (revue)|Imago]]'', in {{Article|auteur=Brigitte Lemérer et ''alii''|titre=Freud et l'activité éditoriale|périodique=Essaim|volume=1|année=2001|numéro=7|pages=59-81}}.</ref>. Freud, directeur de la publication, y publie ''Le Délire et les rêves dans la Gradiva de Wilhelm Jensen''. La même année, il écrit ''Actes obsédants et exercices religieux'', dans lequel il aborde le sujet de la religion : il y présume qu'il existe un rapport entre une [[névrose obsessionnelle]] et les exercices religieux. En 1908, le petit groupe autour de Freud devient la Société viennoise de psychanalyse et, en août, Karl Abraham fonde la Société psychanalytique de Berlin. L'année suivante, la première revue psychanalytique édite leurs travaux ; elle prend le nom {{citation étrangère|langue=de|Jahrbuch für psychoanalytische und psychopathologische Forschungen}}, souvent abrégée en {{citation étrangère|langue=de|Jahrbuch}}, avec Bleuler et Freud comme directeurs et Jung comme rédacteur en chef. Freud inaugure cette revue avec la publication du cas du [[petit Hans]]{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

En 1910, paraissent les {{citation étrangère|langue=de|Über Psychoanalyse: Fünf Vorlesungen}} (''[[Cinq leçons sur la psychanalyse]]'') prononcées l'année précédente à la [[Clark University]], où Freud expose {{citation|la base de la technique psychanalytique}}<ref name="KMDip"/>. Freud s'interroge aussi par la suite sur la nature de la pratique psychanalytique dans un essai, {{citation étrangère|langue=de|Über „wilde“ Psychoanalyse}} (''À propos de la psychanalyse dite sauvage'' ou « [[analyse profane]] »). L'année 1910 marque un sommet dans l'histoire de la psychanalyse et dans la vie de Freud ; lors du second Congrès international à [[Nuremberg]] organisé par Jung, les 30 et 31 mars, est créée l'{{citation étrangère|langue=de|Internationale Psychoanalytische Vereinigung}} ([[Association psychanalytique internationale]], « API »), dont le premier président est [[Carl Gustav Jung]], ainsi qu'une deuxième revue, le {{citation étrangère|langue=de|Zentralblatt für Psychoanalyse, Medizinische Monatsschrift für Seelenkunde}}<ref group="note">Cette « Feuille centrale de psychanalyse ou mensuel médical de psychologie » a [[Alfred Adler]] et [[Wilhelm Stekel]] comme premiers rédacteurs en chef et Freud comme directeur de rédaction.</ref>. L'IPA rassemble sous son égide les groupes locaux (''{{Lang|de|Ortsgruppen}}''), ceux de Zurich (qui en est le siège), de Vienne et de Berlin ; son but est de défendre la cohésion du mouvement psychanalytique<ref group="E">{{Citation|J'avais jugé nécessaire d'adopter la forme d'une association officielle, afin de prévenir les abus qui pourraient se commettre au nom de la psychanalyse, une fois qu'elle serait devenue populaire}}, {{p.}}119.</ref>. Une patiente de Jung avec qui ce dernier était passé à l'acte, [[Sabina Spielrein]], le met sur la voie de la théorisation du transfert amoureux envers l'analyste, ainsi que du [[contre-transfert]] (de l'analyste envers le patient) et que Freud intègre à sa théorie<ref group="C" name="p657" />.

Lors de ses vacances aux Pays-Bas, en 1910, Freud analyse le compositeur [[Gustav Mahler]], lors d'un après-midi de promenade à travers la ville. Freud voyage ensuite à Paris, Rome et Naples, en compagnie de Ferenczi. La psychanalyse naissante se heurte à sa première opposition d'importance : en octobre, répondant à l'appel d'Oppenheim, lors du Congrès de neurologie de Berlin, les médecins allemands de Hambourg mettent à l'[[censure|index]] la pratique psychanalytique au sein des [[sanatorium]]s locaux<ref name="Chrono." />.
Le {{date-|26 avril 1924}}, le premier Congrès international de psychanalyse à [[Salzbourg]] réunit {{nobr|42 membres}}<ref>Originaires d'Autriche, d'Allemagne, de Hongrie, de Suisse, d'Angleterre et des États-Unis.</ref>. Freud y présente ses {{citation étrangère|langue=de|Bemerkungen über einen Fall von Zwangsneurose}} (''Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle'')<ref name="Chrono." />.

==== Dissensions ====
Freud publie {{citation étrangère|langue=de|Eine Kindheitserinnerung des Leonardo da Vinci}} (''[[Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci]]'') en 1910, dans lequel apparaissent pour la première fois les concepts de « [[narcissisme]] » et de « [[sublimation (psychanalyse)|sublimation]] ». Il y examine aussi les raisons psychiques de la créativité. La même année, la psychanalyse est la cible de nouvelles critiques émanant de certains milieux médicaux. Par ailleurs, les premiers schismes en son sein se font jour. L'opposition de Freud à la théorie de Jung, qui devient, en 1914, la « [[psychologie analytique]] », l'occupe en effet ces années-là<ref group="B">{{Citation|Le chercheur rigoureux et minutieux devait se doubler d'un homme politique avisé et maître de lui-même}}, {{p.}}120.</ref>. Toujours en 1910, Freud, dans un texte intitulé « Le trouble psychogène de la vision dans la conception psychanalytique », formule pour la première fois un [[Pulsions (psychanalyse)|dualisme pulsionnel]] : les « pulsions sexuelles » y sont opposées aux « pulsions d'autoconservation »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Élisabeth|nom1=Roudinesco|lien auteur1=Élisabeth Roudinesco|prénom2=Michel|nom2=Plon|titre=Dictionnaire de la psychanalyse|lieu=Paris|éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]]|collection=[[La Pochothèque]]|année=2011|année première édition=1997|pages totales=1789|isbn=978-2-253-08854-7}}, {{p.|1269}}</ref>. Ce dualisme préfigure, dans le contexte de tension que connaît l'Europe avant la Première Guerre mondiale, la mise à jour des pulsions de vie et de mort<ref group="B">{{p.}}226.</ref> (qui intervint en 1920).

En 1911, Freud écrit un texte connu sous le titre « [[Cinq psychanalyses|Le Président Schreber]] » mais par la suite intitulé {{citation étrangère|langue=de|Psychoanalytische Bemerkungen über einen autobiographisch beschriebenen Fall von Paranoia (Dementia paranoides)}} (''Remarques psychanalytiques sur un cas de paranoïa (Dementia paranoïdes) décrit sous forme autobiographique''). Freud y retrace l'analyse du juriste et homme politique [[Daniel Paul Schreber]]. Il publie aussi un court texte métapsychologique : {{citation étrangère|langue=de|Formulierungen über die zwei Prinzipien des psychischen Geschehens}} (''Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques'') dans lequel il décrit le [[principe de plaisir]] et le [[principe de réalité]]{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

[[Fichier:Cartafreud.jpg|vignette|gauche|Lettre de la brouille entre Freud et [[Carl Gustav Jung]], en 1913]]

La direction des revues et des travaux théoriques de l'[[International Psychoanalytical Association|Association internationale de psychanalyse]], celle des [[Séminaire (enseignement)|séminaires]] également, occupent Freud à cette période, d’autant que parmi ceux qui travaillent avec lui des rivalités se font jour ainsi que des dissensions théoriques qu'il combat lorsqu'elles remettent en question les rôles de la [[Sexualité infantile (psychanalyse)|sexualité infantile]] et du [[complexe d'Œdipe]] comme le font celles de Jung, Adler et Rank. Ainsi, il refuse la mise en avant de l’agressivité par [[Alfred Adler]], car il considère que cette introduction se fait au prix de la réduction de l’importance de la sexualité. Il refuse également l'hypothèse de l’[[inconscient collectif]] au détriment des pulsions du Moi et de l’inconscient individuel, et la non-exclusivité des pulsions sexuelles dans la [[Libido (psychanalyse)|libido]] que propose [[Carl Gustav Jung]]. En juin 1911, [[Alfred Adler]] quitte Freud le premier, pour fonder sa propre théorie. L'année suivante c'est au tour de [[Wilhelm Stekel]], alors qu'en 1913, en septembre, Freud se brouille avec [[Carl Gustav Jung]], pourtant annoncé comme son {{citation|dauphin}}<ref>{{Citation|Freud et Jung essaieraient ensemble de dévoiler les mystères de la psyché et défieraient l'ordre psychiatrique établi}}. En effet, {{Citation|ils étaient des révolutionnaires engagés sur une voie audacieuse et imaginative et leur personnalité était à la hauteur de la tâche}}, in {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Linda Donn|titre=Freud et Jung. De l'amitié à la rupture|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=1995|pages totales=260|passage=8|isbn=2-13-045559-X}}.</ref>.

En [[1913 en littérature|1913]], {{citation étrangère|langue=de|Totem und Tabu}} (''[[Totem et Tabou]]'') permet à Freud de présenter la portée sociale de la psychanalyse<ref group="D" name="i18">{{p.}}480.</ref>{{,}}<ref group="B">Il établit avec cet ouvrage une {{Citation|anthropologie psychanalytique}}, en réaction à l'étude des symboliques mondiales de [[C. G. Jung]], {{p.}}234.</ref>. Secrètement, depuis 1912, sur l'idée d'[[Ernest Jones]], Freud a réuni autour de lui un petit comité de fidèles partisans ([[Karl Abraham]], [[Hanns Sachs]], [[Otto Rank]], [[Sandor Ferenczi]], Ernest Jones, [[Anton von Freund]] et [[Max Eitingon]]) sous le nom de {{citation étrangère|langue=de|Die Sache}} (''la « Cause »'') et ce jusqu'en 1929. Chaque membre reçoit de Freud une [[intaille]] grecque de sa collection privée, qu'il porte sur un anneau d'or<ref group="B">{{p.}}186.</ref>. Après la [[Première Guerre mondiale]], en 1924, le mouvement psychanalytique freudien voit le départ d'[[Otto Rank]] et en 1929 celui de [[Sandor Ferenczi]]{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

==== La seconde topique psychique ====
[[Fichier:Freud and other psychoanalysts 1922.jpg|vignette|left|Sigmund Freud entouré de ses plus proches partisans ([[Sandor Ferenczi]], [[Hanns Sachs]] (debout), [[Otto Rank]], [[Karl Abraham]], [[Max Eitingon]], et [[Ernest Jones]]).]]
Pendant la guerre, Freud exerce peu. En 1916, il rédige ses cours universitaires, rassemblés sous le titre de {{citation étrangère|langue=de|Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse}} (''Cours d'introduction à la psychanalyse'', édité en français sous le titre ''[[Introduction à la psychanalyse]]''). Le sort de ses fils, sur le front, le préoccupe. La guerre paralyse par ailleurs l'extension du mouvement psychanalytique ; en effet le congrès de [[Dresde]], prévu en 1914, n'a pas lieu<ref group="B">La plupart des psychanalystes sont en effet envoyés au front, {{p.}}229.</ref>. En 1915, il se lance dans la rédaction d’une nouvelle description de l’[[appareil psychique]] dont il ne conserve cependant que quelques chapitres. Ce qu’il prépare est en fait une nouvelle conception de la topique psychique. La même année, il est proposé au [[prix Nobel]] par le médecin viennois [[Robert Bárány]]. Freud publie {{citation étrangère|langue=de|Trauer und Melancholie}} (''Deuil et Mélancolie'') en 1917. [[Helene Deutsch]], [[Magnus Hirschfeld]] puis Sigmund Freud font état dans leurs écrits de femmes combattantes<ref>{{Article|auteur1 = Gilles Tréhel|titre = Magnus Hirschfeld, Helene Deutsch, Sigmund Freud et les trois femmes combattantes|périodique = Psychothérapies|numéro = 36 (4)|année = 2015|pages = 267-274}}</ref>. En janvier 1920, il est nommé « professeur ordinaire » (''ordentlicher Professor'' ou ''Ordinarius''). À partir de 1920, et alors que le contexte politique et économique s’améliore, Freud publie tour à tour : [[Au-delà du principe de plaisir|{{citation étrangère|langue=de|Jenseits des Lustprinzips}}]] (''Au-delà du principe du plaisir'', 1920), qui introduit à travers un nouveau dualisme pulsionnel, les [[Pulsions (psychanalyse)|pulsions]] agressives, nécessaires pour expliquer certains conflits intra-psychiques et {{citation étrangère|langue=de|Massenpsychologie und Ich-Analyse}} (''[[Psychologie des masses et analyse du moi|Psychologie des masses et analyse du Moi]]'', 1921) qui ajoute à la problématique de [[Gustave Le Bon|Le Bon]], les rapports entre psychisme individuel et comportements collectifs. Freud, durant ces années de guerre, travaille à une [[métapsychologie]] qui lui permette de décrire les processus inconscients sous un triple angle, à la fois dynamique (dans leurs relations entre eux), topique (dans leurs fonctions au sein de la psyché) et [[Dynamique, économique, topique|économique]] (dans leurs utilisations de la libido)<ref group="B">Plusieurs manuscrits attestant son travail à décrire une [[métapsychologie]] furent cependant perdus, {{p.}}237.</ref>.

[[Fichier:Freud, Second topography, 1933.jpg|thumb|upright|Schéma de Freud dans la « {{XXXIe|Conférence}} » des ''Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse'' (1933) représentant la [[seconde topique]] par rapport à la [[première topique]] : Ich ([[Moi (psychanalyse)|moi]]), Es ([[Ça (psychanalyse)|ça]]), Überich ([[surmoi]]) ; 1{{e}} topique : W-Bw (Pc - Cs pour [[Perception]]-[[conscience]] / conscient), puis vorbewusst ([[préconscient]] → pcs), unbewusst ([[inconscient]] → ics), verdrängt ([[Refoulement|refoulé]])<ref group="H">Ce schéma de Freud se trouve dans la « {{XXXIe|Leçon}}. La décomposition de la personnalité psychique » de la ''Nouvelle suite des leçons d'introduction à la psychanalyse'', 1933 (''[[OCF.P]]'', XIX, {{p.|161}}). La note en bas de page des ''OCF.P'' précise que ce schéma est orienté à la verticale et que, dans ''[[Le Moi et le Ça]]'', le schéma analogue ne mentionne pas le sur-moi (''OCF.P'', XVI, {{p.|269}}).</ref>.]]

En 1920, Freud élabore la [[seconde topique]] de l'appareil psychique composée du [[Moi (psychanalyse)|Moi]], du [[Ça (psychanalyse)|Ça]] et du [[Surmoi]]. Elle se superpose à la première (inconscient, préconscient, conscient). Le développement de la personnalité et la dynamique des conflits sont alors [[Interprétation (psychanalyse)|interprétés]] en tant que défenses du Moi contre des pulsions et des affects, plutôt que comme conflits de pulsions ; les pulsions en cause sont celles de la mort. L’ambivalence et la rage étaient perçues dans la [[première topique]] comme consécutives de la frustration et subordonnées à la sexualité. Freud complète ainsi sa théorie par un nouveau dualisme pulsionnel, composé de deux types de pulsions antagonistes : la [[Pulsions (psychanalyse)|pulsion de vie]] (l'[[Éros]]) et la [[Pulsions (psychanalyse)|pulsion de mort]]<ref>Cordelia Schmidt-Hellereau, « Survivre dans l'absence. », ''Revue française de psychanalyse'', 2/2007 (Vol. 71), {{p.|555-580}}, {{DOI|10.3917/rfp.712.0555}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Élisabeth|nom1=Roudinesco|lien auteur1=Élisabeth Roudinesco|prénom2=Michel|nom2=Plon|titre=Dictionnaire de la psychanalyse|lieu=Paris|éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]]|collection=[[La Pochothèque]]|année=2011|année première édition=1997|pages totales=1789|isbn=978-2-253-08854-7|passage=1272}}</ref> (qu'il se retient toujours de nommer [[Thanatos]]). Plus fondamentales que les pulsions de vie, les pulsions de mort tendent à la réduction des tensions (retour à l’inorganique, répétition qui atténue la tension) et ne sont perceptibles que par leur projection au-dehors ([[paranoïa]]), leur intrication avec les pulsions libidinales ([[sadisme]], [[masochisme]]) ou leur retournement contre le Moi ([[mélancolie]]). Freud défend par là une vision double de l'esprit<ref group="B">La conception des pulsions partielles est constituée sur des couples d'opposés, {{p.}}145. Selon [[Ernest Jones]] : {{Citation|la plupart de ceux qui ont étudié Freud ont été impressionnés par ce que l'on pourrait appeler son [[dualisme (philosophie)|dualisme]] insistant. S'il avait été philosophe, il n'aurait certainement pas été [[moniste]], pas plus qu'il n'aurait partagé l'univers pluraliste de [[William James (psychologue)|William James]]}}, {{p.}}146.</ref>.

=== Extension de la psychanalyse et dernières années (1920–1939) ===
==== Freud, chef de file de la psychanalyse ====
Pendant le [[Première Guerre mondiale|conflit mondial]], Freud peut mesurer les effets de la [[névrose traumatique]] chez son beau-fils et voir l'impact de cette pathologie dans une famille<ref>{{Article|auteur=Gilles Tréhel|titre=Sigmund Freud (1856-1939) : un papa de guerre|périodique=L’Information Psychiatrique|année=2008|volume=84|numéro=4|pages=329-342}}.</ref>. Il a ainsi une connaissance directe de ces troubles et indirecte par des disciples qui côtoient la clinique de [[Julius Wagner-Jauregg]] comme [[Victor Tausk]]<ref>{{Article|auteur=Gilles Tréhel|titre=Victor Tausk (1879-1919) et la médecine militaire|périodique=L’Information Psychiatrique|année=2006|numéro=3|pages=239-247}}.</ref> ou qui y ont travaillé pendant la guerre comme [[Helene Deutsch]]<ref>{{Article|auteur=Gilles Tréhel|titre=Helene Deutsch (1884-1982) : théorisations sur les troubles psychiatriques des femmes pendant la Première Guerre mondiale|périodique=L’Information Psychiatrique|année=2007|volume=83|numéro=4|pages=319-326}}.</ref>. En octobre 1920, le professeur de médecine légale, Alexander Löffler, invite Freud à témoigner par un exposé devant une commission médico-légale sur les [[Trouble de stress post-traumatique|névroses de guerre]] et les pratiques de soins. Il s'oppose à [[Julius Wagner-Jauregg]] qui, lui, prétend que les patients atteints de névrose de guerre sont des simulateurs. Puis, du 8 au 11 septembre, se tient à [[La Haye]] le {{5e|congrès}} de l'IPA, présidé par [[Ernest Jones]]. Freud y intervient en lisant {{citation étrangère|langue=de|Ergänzungen zur Traumlehre}} (''Suppléments à la théorie des rêves''). D'autre part, la création d'un comité secret y est décidée, avec Jones comme coordinateur<ref name="Chrono." />.

La psychanalyse se développe notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne. [[Max Eitingon]] et [[Ernst Simmel]] créent en effet à Berlin une [[Institut psychanalytique de Berlin|polyclinique psychanalytique]] alors que [[Hugh Crichton-Miller]] fonde la [[Tavistock Clinic]] à Londres<ref name="Chrono." />.

{| class="wikitable" style="float: right; margin-left: 1em; margin-right: 1em; font-size: 85%; background:#f9f9f9; color:black; width:30em; max-width: 50%;" cellspacing="5"
|colspan="3" align="center" | [[Fichier:Sigmund en Anna.jpg|150px]]<br /><small>Freud et sa fille Anna en 1913.</small>
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|colspan="3" align="center" | '''La [[famille Freud]]'''
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| '''Mathilde Freud''', mariée à Robert Hollitscher || (1887-1978) || sans enfant
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| '''Jean-Martin Freud''', marié à Esti Drucker || (1889-1967) || 2 enfants (Walter Freud : 1921-2004 et Sophie Freud : née en 1924)
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| '''Oliver Freud''', marié à Henny Fuchs || (1891-1969) || 1 enfant (Eva Freud : 1924-1944)
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| '''Ernst Freud''', marié à Lucie Brasch || (1892-1970) ||| 3 enfants (Stephen Freud : né en 1921, [[Lucian Freud]] : 1922-2011 et Clement Freud : 1924-2009)
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| '''Sophie Freud''', mariée à Max Halberstadt || (1893-1920) || 2 enfants ([[W. Ernest Freud]] : 1914-2008 et Heinz Halberstadt : 1918-1923)
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| '''[[Anna Freud]]''' || (1895-1982) || sans enfant
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|}

La première traduction d’un texte de Freud en France, ''[[Introduction à la psychanalyse]]'', par [[Samuel Jankélévitch]], est publiée en 1922. Le mouvement psychanalytique acquiert une clinique psychanalytique à Vienne, l’« Ambulatorium » (centre de soins ambulatoires), consacré au traitement des psychoses et dirigé par trois élèves de Freud, qui n'y participe que peu : [[Helene Deutsch]], [[Paul Federn]] et [[Eduard Hitschmann]]. En 1923, Freud apprend qu'il est atteint d'un cancer de la mâchoire, qui le fera souffrir pendant tout le reste de sa vie. La même année il choisit de se soumettre à une [[vasectomie]] afin, espérait-il, de mieux lutter contre son cancer<ref>Jones, E. (1957) Sigmund Freud: Life and Work (Vol. 3), Hogarth Press, {{p.|104}} cité par Sengoopta http://cdn.elsevier.com/promis_misc/Endreview.pdf</ref>. Il écrit [[Le Moi et le Ça]] à un moment où le mouvement psychanalytique atteint une réputation internationale, notamment en Angleterre et aux États-Unis<ref group="D" name="i18" />. Il songe à constituer une édition complète de ses écrits, les {{citation étrangère|langue=de|Gesammelten Schriften}}.

Le [[Association psychanalytique internationale|congrès de Salzbourg]], en 1924, se déroule en l’absence de Freud. La même année, [[Otto Rank]] quitte le mouvement. En Angleterre, les membres de la [[Société britannique de psychanalyse]], refondée en 1919 par Ernest Jones, créent l’{{citation étrangère|langue=en|Institute of Psychoanalysis}}{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

L'année suivante, en 1925, Freud écrit ''[[Inhibition, symptôme et angoisse]]'' ainsi qu'une esquisse autobiographique. Le {{9e|congrès}} de l’Association internationale se tient du 2 au 5 septembre à [[Bad Homburg vor der Höhe|Bad-Homburg]]. [[Anna Freud]] y lit le texte de son père : {{citation étrangère|langue=de|Einige psychische Folgen des anatomischen Geschlechtsunterschieds}} (''Quelques conséquences psychiques de la différence des sexes au niveau anatomique''). Freud ne peut en effet plus voyager, en raison de sa maladie. Il rencontre en 1925 la princesse [[Marie Bonaparte]], petite-nièce de Napoléon, qu'il prend en analyse et qui devient son amie. Plus tard, celle-ci traduit la majorité de ses textes en France<ref>{{harvsp|id=Bourdin, 2007|texte=Dominique Bourdin, 2007|p=217}}.</ref>.

Freud demeure le chef de file de la psychanalyse, dont il oriente l'évolution. Ses dernières réflexions écrites sont consacrées à étudier et renforcer la psychanalyse sur le plan théorique et clinique. Dans son article « Psychanalyse et médecine » (1925), il invite les non-praticiens à utiliser la psychanalyse. À ce propos, il parle de psychanalyse « laïque » ou « profane », c'est-à-dire, pratiquée par des analystes qui ne sont pas médecins. Il revient aussi sur l'évolution de sa pensée dans son autobiographie<ref>{{harvsp|id=Bourdin, 2007|texte=Dominique Bourdin, 2007|p=147}}.</ref>. En 1927, sa fille [[Anna Freud|Anna]] publie {{citation étrangère|langue=de|Einführung in die Technik der Kinderanalyse}} (''Introduction à la psychologie des enfants'', texte lu et approuvé par son père<ref group="B">[[Anna Freud]] est la seule des enfants de Freud à avoir été psychanalyste aux côtés de son père ; elle a contribué à développer la psychanalyse en Angleterre en fondant une école rivale à celle de [[Melanie Klein]], {{p.}}72-74.</ref>).

Dans les dernières années de sa vie, Freud essaye d’extrapoler les concepts psychanalytiques à la compréhension de l’[[anthropologie]] et de la culture. Sa vision pessimiste de l'espèce humaine s'exacerbe, notamment après la dissolution du comité secret formé par [[Ernest Jones]], à la suite de querelles d'héritage, des jalousies et des rivalités internes<ref group="C">{{p.}}659.</ref>. Il rédige donc un certain nombre de textes dans ce sens, en particulier sur la religion comme illusion ou névrose. En 1927, il publie {{citation étrangère|langue=de|Die Zukunft einer Illusion}} (''[[L'Avenir d'une illusion]]''), qui porte sur la religion d'un point de vue psychanalytique et matérialiste. En 1930, il publie {{citation étrangère|langue=de|Das Unbehagen in der Kultur}} (''[[Malaise dans la civilisation]]'') dans lequel Freud décrit un processus de civilisation qui est une reproduction à plus large échelle du processus d'évolution psychique individuel{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

==== Derniers travaux, exil et mort ====
[[Fichier:Warum krieg.jpg|thumb|upright|[[Albert Einstein]] — Sigmund Freud, ''Warum Krieg?'' (« [[Pourquoi la guerre ?]] »), Paris, 1933.]]
Ne se considérant pas comme un écrivain<ref group="B">{{p.}}57.</ref>, Freud est surpris d'obtenir le [[prix Goethe]] de la ville de [[Francfort-sur-le-Main|Francfort]], en août 1930<ref group="A">Au même moment paraît un texte de l'historien de la littérature, [[Walter Muschg]], ''Freud écrivain'', qui salue {{Citation|une plume de maître}}, {{p.}}140.</ref>. Puis, il retourne l'année suivante dans sa ville natale de [[Příbor|Freiberg]] pour une cérémonie en son honneur. Dans une lettre du 3 janvier, l'écrivain [[Thomas Mann]] s'excuse auprès de Freud pour avoir mis du temps à comprendre l'intérêt de la psychanalyse<ref group="B">{{p.}}34.</ref>. En [[1932 en littérature|1932]], Freud travaille à un ouvrage de synthèse présentant des conférences devant un public imaginaire, {{citation étrangère|langue=de|Neue Folge der Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse}} (''[[Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse]]'').

La même année, il publie, en collaboration avec le physicien [[Albert Einstein]], leur pensée sur la guerre et la civilisation, issue de leur correspondance, dans un essai intitulé {{citation étrangère|langue=de|Warum Krieg}} (''[[Pourquoi la guerre ?]]''). À Vienne, [[Thomas Mann]] prononce le 8 mai 1936 un éloge de Freud (intitulé « ''{{lang|de|Freud und die Zukunft}}'' » : « Freud et l’avenir »), où il déclare : {{Citation|Freud rend sa pensée en artiste, comme Schopenhauer ; il est comme lui un écrivain européen}}<ref group="A">{{p.}}141.</ref>, justifiant par ces mots la remise du prix Goethe de Francfort à l'inventeur de la psychanalyse. Freud et Thomas Mann se sont liés d’amitié après la publication par l'écrivain de ''Freud et la pensée moderne'' ([[1929 en littérature|1929]]) et du ''Chevalier entre la mort et le diable'' ([[1931 en littérature|1931]])<ref>{{Article|auteur=[[Jacques Le Rider]]|lire en ligne=http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SC_006_0059&AJOUTBIBLIO=SC_006_0059|titre=Joseph et Moïse égyptiens : Sigmund Freud et Thomas Mann|périodique=Savoirs et clinique|année=1/2005|numéro=6|pages=19}}.</ref>. À propos du dernier ouvrage de Freud, {{citation étrangère|langue=de|Der Mann Moses und die monotheistische Religion}} (''[[Moïse et le monothéisme]]'', 1936), [[Jacques Le Rider]] explique qu'il {{Citation|invente une tradition juive du libéralisme et de l'esprit scientifique}}<ref>{{Article|auteur=[[Jacques Le Rider]]|lire en ligne=http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SC_006_0059&AJOUTBIBLIO=SC_006_0059|titre=Joseph et Moïse égyptiens : Sigmund Freud et Thomas Mann|périodique=Savoirs et clinique|année=1/2005|numéro=6|pages=8}}.</ref>.

En {{date-|mai 1933}}, les ouvrages de Freud sont brûlés en Allemagne lors des [[Autodafés de 1933 en Allemagne|autodafés]] nazis<ref group="C">{{p.}}660.</ref>. Il refuse de s'exiler jusqu'en mars 1938, lorsque les Allemands entrent à Vienne ([[Anschluss]], le 12 mars). La Société psychanalytique de Vienne décide alors que chaque analyste juif doit quitter le pays, et que le siège de l'organisation doit être transféré là où réside Freud<ref group="A">{{p.}}96.</ref>. Ce dernier décide finalement de s'exiler lorsque sa fille Anna est arrêtée le 22 mars, pour une journée, par la [[Gestapo]]. Grâce à l'intervention de l'ambassadeur américain [[William C. Bullitt]] et à une nouvelle rançon versée par [[Marie Bonaparte]], Freud obtient un visa valable pour seize personnes et peut quitter Vienne par l’[[Orient-Express]] avec sa femme, sa fille Anna et la domestique [[Paula Fichtl]], le 4 juin. Au moment de partir, il signe une déclaration attestant qu'il n'a pas été maltraité<ref>{{Ouvrage|auteur1=Eric Grillo (dir.)|titre=Dire / Croire|volume=19-20|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2005|passage=202}}.</ref>: {{citation|Je soussigné, Professeur Freud déclare par la présente que depuis l’annexion de l’Autriche par le Reich allemand, j’ai été traité avec tout le respect et la considération dus à ma réputation de scientifique par les autorités allemandes et en particulier par la Gestapo et que j’ai pu vivre et travailler jouissant d’une pleine liberté ; j’ai pu également poursuivre l’exercice de mes activités de la manière que je désirais et qu’à cet effet j’ai rencontré le plein appui des personnes intéressées, je n’ai aucun lieu d’émettre la plus petite plainte.}} Selon son fils Martin, il aurait ajouté, ironique : {{citation|Je puis cordialement recommander la Gestapo à tous<ref>{{en}} Martin Freud, ''Sigmund Freud, man and father'' Jason Aronson Inc. Publishers, 1977, {{p.}}217. [[Ernest Jones]] fait également allusion à ce propos ironique mais en écrivant simplement que Freud {{citation|demanda s'il pourrait être autorisé à ajouter une phrase}}, dans ''La vie et l'œuvre de Sigmund Freud'', PUF, Quadridge, 2006, tome 3, {{p.}}257 et 258. Enfin, Peter Gay s'est interrogé sur le sens de ce {{citation|geste curieux, qui exige qu'on s'y arrête}}, dans ''Freud une vie'', Hachette, Pluriel, tome 2, {{p.}}400.</ref>.}} Pour [[Michel Onfray]], ceci relève du {{citation|mythe}} et de la légende hagiographique<ref>Michel Onfray, « Contre-histoire de la philosophie : Freud », volumes 15 et 16, Éditions Frémeaux & Associés, Paris, 2009-2010-2011.</ref>.

Pour quitter l'Autriche, Freud bénéficie en outre du soutien d'Anton Sauerwald, le commissaire nazi chargé de prendre le contrôle de sa personne et de ses biens : ancien élève de [[Josef Herzig]], un professeur et ami de Freud, Sauerwald facilite le départ de Freud et de ses proches pour Londres, où il va d'ailleurs ensuite lui rendre visite<ref>David M. Cohen, Freud sous coke, Balland, 2012 Voir aussi D.M. Cohen, ''The Nazi who saved Sigmund Freud'', Huffingtonpost, 03/30/2012 http://www.huffingtonpost.com/david-m-cohen/freud-nazi-germany_b_1392377.html</ref>. Il est parfois reproché à Freud de ne pas avoir indiqué les noms de ses sœurs sur la liste des seize personnes autorisées à quitter l'Autriche, notamment son médecin, la famille de celui-ci, ses infirmières, de sa domestique. Celles-ci, Rosa, Marie, Adolfina et Paula, déjà âgées et ne se sentant pas menacées du fait de leur âge, ne voulaient pas partir, mais elles sont déportées et meurent en [[camp de concentration]]<ref>{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Lisa Appignanesi|auteur2=John Forrester|titre=Die Frauen Sigmund Freuds|éditeur=List|année=1994|passage=34}}</ref>.

[[Fichier:Sigmund and Anna Freud (4625088198).jpg|left|vignette|Le [[Freud Museum]] de Londres aujourd'hui]]
[[Fichier:Golders Green crematorium (pictures) 004.jpg|vignette|upright|Lieu du crématorium où sont disposés les cendres de Sigmund et Martha Freud dans une céramique ; le vase, qui date du {{-s mini-|III}} ou {{IVe siècle av. J.-C.}}, représentant [[Dionysos]] et une [[ménade]], est un cadeau de [[Marie Bonaparte]]<ref>{{Lien web|url= https://www.theguardian.com/books/2014/jan/15/urn-sigmund-freud-ashes-smashed-theft-attempt|titre= Urn containing Sigmund Freud's ashes smashed during theft attempt|site= The Guardian|date= 15 janvier 2014|langue= en}}</ref>. Les cendres d'Anna Freud sont dans la première case à gauche.]]

La famille Freud gagne d'abord Paris, où Freud est accueilli par [[Marie Bonaparte]] et son époux, [[Georges de Grèce]], puis [[Londres]], où elle est reçue avec tous les honneurs, notamment par l'ambassadeur américain [[William C. Bullitt|William Bullitt]], que Freud connaît depuis quelques années déjà<ref group="B">{{p.}}193 et 279-280.</ref>, lorsque les deux hommes avaient travaillé ensemble à une étude sur le président américain [[Woodrow Wilson]] intitulée ''{{citation étrangère|langue=en|Woodrow Wilson: A Psychological Study}}''(publiée en [[1966 en littérature|1966]]<ref group="note">Publié en [[1966 en littérature|1966]] par Bullitt dans une version remaniée sans l'accord de Freud, le manuscrit original est découvert dans les [[années 2010]].</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Sigmund Freud| auteur2=[[William C. Bullitt]]|titre=Le Président T.W. Wilson. Portrait psychologique|année=2016|éditeur=[[Payot et Rivages]]|année première édition=1966|isbn=978-2-228-91630-1}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Patrick|nom1=Weil|lien auteur=Patrick Weil|titre=Le président est-il devenu fou ?: Le diplomate, le psychanalyste et le chef de l'Etat|éditeur=Grasset|date=2022-03-16|isbn=978-2-246-85812-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=6HlfEAAAQBAJ&newbks=0&hl=en|consulté le=2022-09-09}}</ref>). Freud et sa famille s'installent dans une maison au {{lang|en|20 Maresfield Gardens}}, dans le quartier londonien de [[Hampstead (Londres)|Hampstead]]. Il est nommé membre de la [[Royal Society of Medicine]]. Freud reçoit la nomination chez lui, ne pouvant se déplacer, affaibli par son cancer et par trente-deux opérations et traitements successifs{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}. Plusieurs scientifiques et écrivains à Londres veulent proposer sa candidature au [[Prix Nobel de physiologie ou médecine|prix Nobel de médecine]], mais lui-même écrivit en juin 1938 à [[Arnold  Zweig]] que le comité Nobel ne défiera pas le troisième Reich<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Max Schur]]|titre=La Mort dans la vie de Freud|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|collection=Tel|année=1982|pages totales=688|passage=596|isbn=978-2-07-025794-2}}. Schur précise cependant que plusieurs membres du comité sont opposés au nazisme et récompensèrent [[Carl von Ossietzky]] avec le [[prix Nobel de la paix]] 1935.</ref>.

Freud meurt à son domicile londonien, le {{date-|23|septembre|1939}}, à {{unité|3|heures}} du matin, d’un [[carcinome]] verruqueux d’Ackerman, à l'âge de {{nobr|83 ans}}. À sa demande, et avec l'accord d'[[Anna Freud]], [[Max Schur]], son médecin personnel, lui a injecté une forte dose, sans doute létale, de [[morphine]]<ref name="Chrono." />. Il est incinéré au cimetière de {{lang|en|[[Golders Green]]}} et des hommages lui sont rendus par [[Ernest Jones]], au nom de l'[[Association psychanalytique internationale]], et par l'écrivain [[Stefan Zweig]]<ref group="D">{{p.}}481.</ref>, le 26 septembre.

Après la mort d'[[Anna Freud]], en 1982, la maison des Freud de {{Lang|en|Maresfield Gardens}} est transformée en [[Freud Museum|musée]]<ref group="B" name="p74" />. En 2002, une ''{{Lang|en|[[blue plaque]]}}'' est apposée sur la façade du musée<ref>{{Lien web |langue=en |url=https://www.theguardian.com/uk/2002/jun/29/arts.gender |titre=Comedian unveils blue plaque tribute to Freud |site=theguardian.com|auteur=Maev Kennedy |date=29 juin 2002 |consulté=22 novembre 2013}}</ref>.

[[Fichier:Sigmund Freud's Voice (BBC Broadcast Recording 1938).ogg|vignette|center|Freud résumant sa carrière à la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] en décembre 1938, c'est le seul enregistrement audio connu avec la voix du psychanalyste.]]

== Son œuvre : la psychanalyse ==
{{Article connexe|Psychanalyse|Histoire de la psychanalyse}}

=== Le mouvement psychanalytique ===
==== La théorie psychanalytique : la « science de l'inconscient » ====
La psychanalyse {{Incise |dont l'idée a évolué depuis ses débuts, en 1896, aux derniers exposés de la plume de Freud, en 1930}} regroupe trois acceptions selon [[Paul-Laurent Assoun]], qui les reprend de la publication de Freud de 1923 [[Psychanalyse et Théorie de la libido|''Psychanalyse'' et ''Théorie de la libido'']]<ref>Freud, [[Psychanalyse et Théorie de la libido]], ''[[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse|Œuvres complètes]]'', tome XVI, PUF 2003, {{p.|183}}</ref>. Le terme désigne en effet d'abord une certaine méthode d'investigation du psychisme inconscient, mais aussi une méthode de traitement (la [[cure psychanalytique]]), et, plus généralement une conception psychologique globale touchant à la vision même de l'homme<ref group="G">{{p.}}36.</ref>. Selon [[Lydia Flem]], psychanalyste et écrivain : {{Citation|Par la triple voie du personnel, du pathologique et du culturel, c'est de l'insu de l'âme humaine qu'il [Freud] cherche à devenir l'interprète}}<ref group="A">{{p.}}15.</ref>. Le mouvement psychanalytique représente aussi le [[corpus]] de théories issues de l'expérience analytique, participant à la conceptualisation de l'appareil psychique et développées depuis Freud. Cette théorie psychanalytique (qui est dite d'orientation [[psychodynamique]], au sein de la discipline psychologique) se fonde d'abord sur les recherches de Freud<ref group="G">{{p.}}43.</ref> et sur les concepts majeurs qu'il a créés tels que ceux d'« [[inconscient]] », de « [[transfert (psychanalyse)|transfert]] », de « [[répétition (psychanalyse)|répétition]] » et de « [[Pulsions (psychanalyse)|pulsion]] ». Du point de vue de sa méthode d'approche, son objet étant l'inconscient, la psychanalyse est une discipline centrée sur l'observation et non sur l'expérimentation ; elle est donc une « science phénoménale<ref group="G">{{p.}}49.</ref> » rattachée à la [[médecine]] et à la [[psychiatrie]]<ref group="G">{{p.}}54.</ref>, mais possédant auprès de celles-ci une autonomie relative<ref group="G">L'autonomie de la psychanalyse se retrouve surtout dans la question de la surmédicalisation et dans la perception de ce qu'est le [[symptôme]], {{p.}}61-62.</ref>.

Depuis ses premiers écrits fondateurs, Freud considère que la [[scientificité]] de la psychanalyse repose sur son objet : l'inconscient. Or, la plupart des critiques envers la psychanalyse lui contestent cette qualification de scientificité. Pourtant, elle est, selon [[Paul-Laurent Assoun]], une collection de connaissances et de recherches ayant atteint un degré suffisant d'unité et de généralité, et donc capable de fonder {{citation|un consensus sur des relations objectives découvertes graduellement et confirmées par des méthodes de vérifications définies<ref group="G">Assoun énonce trois thèses épistémologiques majeures constitutives de la psychanalyse, {{p.}}64.</ref>.}} La psychanalyse est donc considérée par les freudiens comme une [[science de la nature]] car elle repose sur des concepts fondamentaux, notamment celui de [[Pulsions (psychanalyse)|pulsion]] (''{{Lang|de|Trieb}}'')<ref group="G">{{p.}}67.</ref>. Enfin, la psychanalyse récuse toute [[métaphysique]]<ref group="G">{{citation|Dire que la psychanalyse est bien une science, c'est donc signifier a contrario qu'elle récuse un mode de penser métaphysique}}, {{p.}}36.</ref>.

===== Épistémologie psychanalytique freudienne =====
{{article connexe|Épistémologie#Classification des sciences : tradition française et tradition allemande|Geisteswissenschaft}}
Comme le constate [[Roland Gori]], même si le terme d' « épistémologie » est {{citation|quasiment absent du texte freudien, une épistémologie freudienne n'en est pas moins présente}}<ref name="Gori/ép">[[Roland Gori]], « épistémologie psychanalytique », dans [[Alain de Mijolla]] (dir.), ''[[Dictionnaire international de la psychanalyse]]'' (2002), Paris, Hachette Littératures, 2005, {{p.|555-556}}.</ref>. En langue anglaise, ''[[The Standard Edition of the Complete Psychological Works of Sigmund Freud]]'' indique {{citation|seulement trois occurrences du terme ''epistomological'', traduction de l'adjectif ''erkenntnistheoretisch'' employé par Freud}}<ref name="Gori/ép"/>. Le mot ''Epistemology'' / Épistémologie est {{citation|d'apparition récente}} (il n'est introduit en [[France]] qu'en [[1901]])<ref name="Gori/ép"/>. En [[anglais]], la distinction entre l'[[épistémologie]] et la [[théorie de la connaissance]] (''Erkenntnistheorie'', mot qu'emploie Freud) n'est pas usuelle, et {{citation|de ce fait, l'épistémologie se trouve assez fréquemment confondue avec la théorie de la connaissance}}<ref name="Gori/ép"/>.

[[File:Johann F Herbart.jpg|thumb|upright|En élaborant une [[psychologie scientifique]] en relation avec les [[Science de la nature|sciences de la nature]]<ref>C. Lecadet & M. Mehanna, ''Histoire de la psychologie'', Paris, Belin, 2006, ch. 4/1 : « Johann Friederich Herbart et l'émergence de la psychologie scientifique », p. 84-85.</ref>, [[Johann Friedrich Herbart]] a beaucoup influencé Sigmund Freud, fondateur de la [[psychanalyse]].]] 
Dans son ''Introduction à l'épistémologie freudienne'' (1981), [[Paul-Laurent Assoun]] rappelle la {{citation|tentative particulièrement significative}} au début des [[années 1930]] que représente ''Les bases historiques de la psychanalyse''<ref name="Dorer">Maria Dorer, ''Les bases historiques de la psychanalyse'' (''Historische Grundlagen der Psychoanalyse'', 1932), traduit de l'allemand par Marc Géraud, [[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]], collection « Psyché de par le monde », 2012, {{isbn|978-2-296-55957-8}}</ref> (''Historische Grundlagen der Psychoanalyse'', [[Darmstadt]], 1932) de [[Maria Dorer]] en [[Allemagne]]{{sfn|Assoun|1981|id=Assoun1981|p=16}}. À la suite du travail de la psychologue [[Pologne|polonaise]] Luisa von Karpinska<ref>Luisa von Karpinska, ''Über die psychologischen Grundlagen des Freudismus'' (« Sur les fondements psychologiques du freudisme »), ''Internationale Zeitschrift'',14,II, {{p.|305}}. Cité en note par P.-L. Assoun, qui précise qu'[[Ernest Jones]] signale cette étude tout en examinant la tentative de Maria Dorer, dans ''La vie et l'oeuvre de Sigmund Freud'', t. I, P.U.F., {{p.|407, 413-415}}.</ref>, Maria Dorer {{citation|mettait en évidence la filiation de la [[psychanalyse]] avec la [[psychologie]] issue de [[Johann Friedrich Herbart|Herbart]]}}{{sfn|Assoun|1981|id=Assoun1981|p=16}}. Cet {{citation|impact de Herbart sur Freud}} serait parvenu à l'inventeur de la psychanalyse  {{citation|par le relais de ses maîtres [[Vienne (Autriche)|viennois]], [[Theodor Hermann Meynert|Meynert]] notamment}}{{sfn|Assoun|1981|id=Assoun1981|p=16}}. Mais, selon Assoun, en exagérant l'impact néfaste de Herbart sur Freud, impact considéré par Dorer comme {{citation|la tare héréditaire du [[matérialisme]]}} par son {{citation|absence de tout “sens des valeurs”}}, l'enquête historique pourtant positive sur les origines épistémiques de l'invention de la psychanalyse {{citation|a pour effet et finalité d'abolir l'inédit freudien}}{{sfn|Assoun|1981|id=Assoun1981|p=17}}. De la sorte, la tentative pourtant utile, fidèle à l'histoire, de Maria Dorer n'est pas sans annoncer déjà, et pour longtemps, {{citation|le lien qui s'est forgé entre la question du savoir freudien et des enjeux [[Axiologie|axiologiques]]}} (les [[Valeur (philosophie)|valeurs]]){{sfn|Assoun|1981|id=Assoun1981|p=17}}.

Freud considère la psychanalyse comme une [[science de la nature]] (''Naturwissenschaft''), ce qui {{citation|ne fait sens que si l’on tient compte de la distinction entre sciences de la nature (''Naturwissenschaften'') et [[Science de l'esprit|sciences de l’esprit]] (''[[Geisteswissenschaft|Geisteswissenschaften]]''), dans le monde germanique de la fin du {{s-|XIX}}}}<ref name="Winograd/Davidovich">Monah Winograd, Marcia Davidovich, « Psychanalyse freudienne et épistémologie. Disputes politiques », ''Recherches en psychanalyse'', 2014/1 (n° 17), {{p.|73-88}}. DOI : 10.3917/rep.017.0073. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-recherches-en-psychanalyse1-2014-1-page-73.htm}}.</ref>. Le {{citation|savoir psychanalytique}} se constitue {{citation|dans un champ épistémique en pleine révolution}}{{sfn|Assoun|1981|id=Assoun1981|p=39}}. L'enjeu [[Épistémologie|épistémologique]] se cristallise  autour d'une {{citation|querelle des méthodes (''Methodenstreit'')}} qui mobilise les passions. La cause en est {{citation|la montée des sciences dites [[Sciences de l'homme|de l'homme]] ou de l'esprit, ou encore “[[sciences morales]]”}}{{sfn|Assoun|1981|id=Assoun1981|p=39}}. Dès lors, la survenue d'un savoir inédit comme la psychanalyse, revendiquée par son inventeur comme une ''Naturwissenschaft'', {{citation|implique une véritable réforme de l'entendement épistémologique dans la communauté scientifique}} aux enjeux de laquelle la thèse [[Monisme|moniste]] freudienne doit se confronter{{sfn|Assoun|1981|id=Assoun1981|p=39}}.

==== Développement et influence du mouvement psychanalytique ====
{{Article détaillé|Psychanalyse dans le monde|Psychanalyse en France}}
[[Fichier:Gedenktafel Berliner Psychoanalytisches Institut.jpg|vignette|upright|Plaque de l'[[Institut psychanalytique de Berlin]]]]

Avec sa conception de l'[[inconscient]], Freud a permis une compréhension des [[névrose]]s et, au-delà, de la psyché. Les travaux historiques d'[[Ernest Jones]] et, plus récemment, d'[[Henri Ellenberger]] montrent cependant que le concept d'« [[inconscient]] » est antérieur à Freud, mais précisent que ce dernier est un précurseur par sa manière de le théoriser, dans sa [[première topique]] d'abord, puis dans la [[seconde topique|seconde]]. [[Marcel Gauchet]], dans ''L'Inconscient cérébral'' (1999) évoque l'idée {{citation|révolutionnaire}} de Freud, celle d'un {{citation|inconscient dynamique}}<ref group="F">[[Marcel Gauchet]], ''L'Inconscient cérébral'', Seuil, 1999, coll. « Librairie du {{s-|XXI}} » {{ISBN|2-02-013548-5}}, {{p.}}12-15.</ref>. Le mouvement psychanalytique s'est développé d'abord en référence à Freud et à ses proches partisans, puis en opposition à ses détracteurs, tant internes ([[Carl Gustav Jung]], [[Alfred Adler]] et [[Otto Rank]] parmi les principaux) qu'externes avec entre autres [[Pierre Janet]] et certains médecins et/ou psychiatres académiques. Les modalités de formation des psychanalystes se sont formalisées notamment avec son pilier central : l'[[analyse didactique]] est instaurée pour la première fois à l'[[Institut psychanalytique de Berlin]]<ref group="C">{{p.}}1363</ref>.

Depuis 1967, les psychanalystes de la « troisième génération » établissent un retour historique et [[Épistémologie|épistémologique]] sur ce mouvement. Dans le ''[[Vocabulaire de la psychanalyse]]'', [[Jean Laplanche]] et [[Jean-Bertrand Pontalis]] isolent ainsi environ 90 concepts strictement freudiens à l'intérieur d'un vocabulaire psychanalytique contemporain composé de 430 termes<ref>{{harvsp|id=Bourdin, 2007|texte=Dominique Bourdin, 2007|p=252}}.</ref> alors qu'[[Alain de Mijolla]] en dresse un panorama chronologique précis. Le travail de pionnier de Freud a eu un impact sur d'autres disciplines : sur la [[psychologie]] en premier lieu, mais aussi sur la [[nosographie]] des troubles mentaux, sur la [[psychopathologie psychanalytique|psychopathologie]], sur la [[relation d'aide]], la [[psychiatrie]], l'[[éducation]], la [[sociologie]], la [[neurologie]] et la [[littérature]]. À un niveau plus général, Freud est également considéré par certains psychanalystes (comme [[Wilhelm Reich]] ou [[André Green]], [[Françoise Dolto]] et [[Daniel Lagache]] plus tard) comme ayant été celui qui a délivré la parole sur la sexualité et notamment la sexualité féminine, sujets jusqu'alors méprisés par beaucoup de médecins<ref>{{Ouvrage|auteur1=Yvonne Knibiehler|titre=La sexualité et l'histoire|éditeur=[[Éditions Odile Jacob]]|année=2002|pages totales=267|passage=130|isbn=978-2-7381-1174-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=3mSpof2-o5oC&printsec=frontcover}}.</ref>.

==== Les continuateurs de Freud ====
{{Article connexe|Écoles de psychanalyse|Psychanalyse en France|Psychanalyse en Grande-Bretagne}}

Après la mort de Freud (mais également de son vivant), plusieurs écoles psychanalytiques entretiennent entre elles des rapports souvent polémiques, dépendant des postulats retenus et des spécificités nationales<ref group="G">Il s'agit d'une véritable {{citation|généalogie des innovations postfreudiennes}}, {{p.}}643.</ref>. Deux types de courants peuvent être distingués : ceux dits « orthodoxes », proches du freudisme, et ceux s'en écartant sur des points fondateurs : les courants « hétérodoxes ». Plusieurs points théoriques vont constituer des zones de division. Ainsi, pendant la Seconde Guerre mondiale se développe la question de l'analyse groupale, avec des analystes comme [[Wilfred Bion]], qui développe sa propre conception. Par ailleurs, c'est en Angleterre que se déroulent, à partir de 1942, les [[Les Controverses Anna Freud-Melanie Klein (1941-1945)|dissensions théorico-cliniques]] entre [[Melanie Klein]], [[Anna Freud]] et le [[Groupe des Indépendants (Société britannique de psychanalyse)|Groupe des ''Indépendants'']], sur plusieurs sujets<ref>{{harvsp|id=Bourdin, 2007|texte=Dominique Bourdin, 2007|p=183}}.</ref>. L’{{lang|en|''[[International Psychoanalytical Association|association psychanalytique internationale]]''}} regroupe les psychanalystes freudiens orthodoxes{{Refsou|date=24 avril 2023}}.

{{Centrer|1={{Courants Psychanalytiques}}}}

En France, par exemple, la [[Société psychanalytique de Paris]] relaye la psychanalyse, essentiellement freudienne, kleinienne et [[Donald Winnicott|winnicottienne]] en fonction des orientations des membres qui la composent. Le courant [[Jacques Lacan|lacanien]] s'en écarte toutefois, jusqu'à la rupture dans les années 1950, notamment à propos de l'axiome lacanien selon lequel {{citation|l'inconscient est structuré comme un langage}} et surtout sur les modalités de [[Formation du psychanalyste|formation des psychanalystes]] qui, pour Lacan et ses adeptes, diffèrent radicalement de celles de l'[[International Psychoanalytical Association|I.P.A.]] et des associations affiliées<ref>{{harvsp|id=Bourdin, 2007|texte=Dominique Bourdin, 2007|p=224-243}}.</ref>. Si [[Jacques Lacan|Lacan]] a été en opposition avec l'IPA, il ne faut pas le voir comme étant en opposition avec Freud : en témoignent son « [[retour à Freud]] » et ce propos de Jean-Michel Rabaté : {{citation|De même qu'Althusser se demandait comment lire Marx de façon « symptomatique », en séparant ce qui est authentiquement « marxiste » de ce qui est purement « hégélien » dans ses écrits, Lacan se demande où et comment repérer les textes où Freud se montre authentiquement « freudien »}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Jean-Michel Rabaté (dir.)|titre=Lacan|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|collection=Les compagnons philosophiques|année=2005|pages totales=338|isbn=2-227-47496-3}}.</ref>.

Avec l'immigration de nombreux psychanalystes d'Europe avant, pendant et après la guerre, la psychanalyse prend beaucoup d'importance aux États-Unis, avec l’{{lang|en|''American Psychoanalytic Association''}} ou la ''{{lang|en|[[Self-psychology]]}}''. Il existe aussi l'[[ego-psychology]] et les courants totalement autonomes, issus des schismes successifs : ceux d'[[Alfred Adler]], d'[[Otto Rank]], [[Wilhelm Reich]] et de [[Carl Gustav Jung]]. Enfin, de nombreux psychanalystes contemporains, comme [[Sándor Ferenczi]] ou Donald Winnicott, développent et propagent leur vision des conceptions freudiennes, tels ceux dits de la « [[nébuleuse marginale]] » selon Paul Bercherie<ref>{{Ouvrage|auteur1=Paul Bercherie|titre=Clinique psychiatrique, clinique psychanalytique|sous-titre=Études et recherches, 1980-2004|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|année=2005|pages totales=284|passage=65, 149-150|isbn=978-2-7475-8375-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=eq_b1BY3PBUC&printsec=frontcover}}.</ref>, ou ceux, à la pensée plus individuelle comme : [[Juliette Favez-Boutonier]], [[Daniel Lagache]], [[Françoise Dolto]], [[André Green]] ou [[Didier Anzieu]]<ref>{{harvsp|id=Bourdin, 2007|texte=Dominique Bourdin, 2007|p=244-259}}.</ref>.

==== Influence et interactions de la psychanalyse ====
{{Article détaillé|L'Intérêt de la psychanalyse|Interactions de la psychanalyse}}
Dans un article intitulé ''[[L'Intérêt de la psychanalyse]]'' (''Das Interesse an der Psychoanalyse'', [[1913]]) paru simultanément en allemand et en français à [[Bologne]] dans ''Scientia'', « revue internationale de synthèse scientifique », il apparaît qu'{{citation|il s'agit moins pour Freud de recenser les différents champs d'application possibles de la [[psychanalyse]] que d'aborder celle-ci du point de vue des “nombreux domaines du savoir pour laquelle elle est intéressante”}}<ref name="Notice IntP">Alain Rauzy, « Notice » pour ''L'intérêt que présente la psychanalyse'', ''[[OCF.P]]'' {{vol.}} XII : 1913-1914, Paris, PUF, 2005 {{isbn|2 13 052517 2}}, {{p.|96-97}}.</ref>. En dehors de l'intérêt qu'elle présente pour la [[psychologie]] (exposé dans la première partie), la seconde partie de l'essai montre l'intérêt que présente la psychanalyse {{citation|pour les sciences non psychologiques}}<ref name="Notice IntP"/>. Dans cette seconde partie, {{citation|la plus originale}}, selon [[Alain de Mijolla]], il est ainsi question de l'intérêt que peut avoir la psychanalyse pour d'autres disciplines comme les {{citation|[[sciences du langage]]}}, la [[philosophie]], la [[biologie]], l'{{citation|histoire du développement}}, l'{{citation|histoire de la civilisation}}, l'[[esthétique]], la [[sociologie]] et la [[pédagogie]]{{sfn|A. de Mijolla 2005|p. 869-871}}.

La psychanalyse a eu une profonde influence sur la plupart des [[Sciences humaines et sociales|sciences humaines]] : sur l'[[ethnologie]] (avec [[Géza Róheim]] et l'[[ethnopsychanalyse]]), sur l'[[anthropologie]] et les sciences juridiques (avec le juriste [[Pierre Legendre (juriste)|Pierre Legendre]]), sur le [[marxisme]] (par le [[freudo-marxisme]] et avec [[Herbert Marcuse]]) et sur les sciences politiques. La philosophie du {{XXe siècle}} a su se nourrir des apports de la psychanalyse d'après [[Paul-Laurent Assoun]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Paul-Laurent Assoun]]|titre=Freud, la philosophie et les philosophes|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|année=1976|passage=6}}.</ref> et ce à travers des personnalités comme [[Jean-Paul Sartre]], [[Gilles Deleuze]], [[Jacques Derrida]], [[Félix Guattari]], [[René Girard (philosophe)|René Girard]], [[Jean-François Lyotard]] ou [[Michel de Certeau]]. Le sociologue [[Norbert Elias]], tout en se distanciant du mouvement des [[psychanalyste]]s, reconnaît l'avancée de Freud, qui propose, selon lui, {{citation|le modèle le plus clair et le plus avancé de la personne humaine}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Norbert Elias]]|titre=Au-delà de Freud|sous-titre=Sociologie, psychologie, psychanalyse|éditeur=[[La Découverte|Éditions La Découverte]]|collection=Textes à l'appui|année=2010|isbn=978-2-7071-5760-7|isbn2=2-7071-5760-0}}.</ref>. Le philosophe [[Paul Ricœur]] le situe aux côtés de [[Karl Marx]] et de [[Friedrich Nietzsche]] comme étant l'un des trois grands {{Citation|maîtres du soupçon}}<ref>{{harvsp|id=Ricœur, 1965|texte=Paul Ricœur, 1965|p=40}}</ref>, de ceux qui ont induit le doute dans la conception philosophique classique du [[sujet (psychanalyse)|sujet]].

L'étude psychanalytique de la question de la [[psychosomatique]] a également une importance en médecine avec, par exemple, les apports de [[Franz Alexander]] et ceux de [[Michael Balint]] en Angleterre : les « [[Groupes Balint]] » sont menés par des [[psychanalyste]]s, pour les médecins, et en rapport avec les pratiques de ces derniers, à partir d'études de cas<ref>{{Article |nom1=Caïtucoli |prénom1=Dominique |titre=Michelle Moreau-Ricaud, Michael Balint : Le renouveau de l'École de Budapest |périodique=Figures de la psychanalyse |année=2001/2 |numéro=5 |pages=211 |doi=10.3917/fp.005.0211}}</ref>. En France, [[Pierre Marty (psychanalyste)|Pierre Marty]], [[Michel Fain]] et [[Michel de M'Uzan]] pour les affections somatiques, [[Françoise Dolto]] pour la pédiatrie et [[Didier Anzieu]] pour les groupes sont des exemples d'applications de la psychanalyse en dehors du champ de la cure type. En art, le [[surréalisme]] d'[[André Breton]] se réclame de la psychanalyse<ref>{{Article |auteur=[[Jean-Bertrand Pontalis]] |titre=Les vases non-communicants. Le malentendu André Breton - Freud |périodique=Sigmund Freud House Bulletin |volume=2 |numéro=1 |lieu=Vienne |année=1978 |lire en ligne=http://entretenir.free.fr/breton2.html |consulté le =19 juin 2011.}}</ref>. L'influence est également importante dans le champ de l'interprétation artistique ou littéraire. La notion de [[sublimation (psychanalyse)|sublimation]], et, plus généralement, la théorie freudienne en art a été reprise par [[Gilles Deleuze|Deleuze]] et [[Félix Guattari|Guattari]], [[René Girard (philosophe)|René Girard]], [[Jean-François Lyotard]], ainsi qu'en [[esthétique]], en [[histoire de l'art]]<ref>{{Chapitre|auteur=Anne D'Alleva |titre=Histoire de l'art et psychanalyse |titre ouvrage=Méthodes et théories de l'histoire de l'art |année=2006 |pages=88-108 |isbn=2-35278-006-3}}.</ref> et dans les ''{{lang|en|[[Cultural Studies]]}}''.

=== Principaux concepts freudiens ===
==== L'inconscient ====
{{Article détaillé|Inconscient}}

Freud introduit dans les [[sciences humaines]] une conception nouvelle de l'[[inconscient]]. Depuis longtemps, il avait été remarqué que certains phénomènes échappent à la [[conscience]]. Les philosophes [[Leibniz]] et [[Arthur Schopenhauer]] considèrent qu'il existe un arrière-plan à la conscience. Le poète allemand [[Novalis]] est le premier à se servir du mot « inconscient », dans la continuité des thèses post-romantiques de [[Karl Robert Eduard von Hartmann]] avec son ouvrage {{citation étrangère|langue=de|Philosophie des Unbewussten}} (''Philosophie de l’inconscient'') en [[1869 en littérature|1869]] mais surtout de [[Carl Gustav Carus]] ({{citation étrangère|langue=de|Psyche}}, [[1851 en littérature|1851]]), ce dernier se représentant un « inconscient absolu » et un « inconscient relatif »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Edmundo Morim de Carvalho|titre=De l'inconscient au conscient|sous-titre=Psychanalyse, science, philosophie. Variations sur le paradoxe IV|volume=1|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|collection=Épistémologie et philosophie des sciences|année=2011|pages totales=409|passage=371-374|isbn=978-2-296-13829-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=EiJQaQK2RWoC&pg=PA371|titre chapitre=Les sources de Freud}}.</ref>. La théorie de Freud est directement liée à leurs travaux. Freud doit aussi à la [[psychologie expérimentale]], et notamment à l'approche de l'[[hystérie]]. Les phénomènes d'ivresse ou de transe donnent en effet des exemples d'abolition de la conscience. Or, l'inconscient qu'introduit Freud n'est pas simplement ce qui ne relève pas de la conscience, comme chez von Hartmann<ref>{{Article |page=228 |titre=Home, Carus, Hartmann (histoire de l'inconscient) |auteur=Yvon Brès |éditeur=Presses universitaires de France |périodique=Revue philosophique de la France et de l'étranger |année=2004 |volume=2 |tome=129 |issn=0035-3833}}.</ref>. Par « inconscient », il entend à la fois un certain nombre de données, d'informations, d'injonctions tenues hors de la conscience, mais il y englobe aussi l'ensemble des processus qui empêchent certaines données de parvenir à la conscience, et permettent aux autres d'y accéder, comme le [[refoulement]], le [[principe de réalité]], le [[principe de plaisir]], la pulsion de mort. Ainsi, Freud considère l’inconscient comme l'origine de la plupart des phénomènes conscients eux-mêmes, et ce d'une manière nettement différenciée de ses prédécesseurs, car celui-ci évolue de manière dynamique<ref>{{Ouvrage |auteur1=Luc Magnenat |titre=Freud |éditeur=[[Éditions du Cavalier bleu|Le Cavalier Bleu]] |collection=Idées reçues |année=2006 |pages totales=126 |passage=45-49 |isbn=978-2-84670-138-9 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=0yadMnbuu6EC&printsec=frontcover}}.</ref>.

[[Fichier:Théorie de Freud.svg|vignette|upright|Schéma de l'[[appareil psychique]], [[métaphore|métaphorisé]] par un [[iceberg]] et selon les deux [[Seconde topique|topiques freudiennes]].]]

L'[[inconscient]] est la {{citation|thèse inaugurale de la psychanalyse}} grâce aux travaux de Freud<ref group="G">{{p.}}86.</ref>. Dans ''Quelques remarques sur le concept d'inconscient en psychanalyse'' ([[1912 en littérature|1912]]), le Viennois se propose de décrire la spécificité du concept. Il y donne une présentation hiérarchique de la notion, qui désigne d'abord le caractère ou l'aptitude d'une [[représentation mentale|représentation]] ou d'un élément psychique quelconque présent à la [[conscience]] de manière intermittente et qui semble n'en pas dépendre. Sur ce point, Freud se réfère à la théorie du psychiatre français [[Hippolyte Bernheim]] quant à l'expérience suggestive et à l'[[hypnose]]<ref group="G">{{p.}}88-89.</ref>. Par ailleurs, la notion regroupe la constatation d'une dynamique propre à cette représentation inconsciente, et dont l'exemple le plus révélateur est le phénomène d'[[hystérie]]. L'inconscient freudien acquiert dès lors son qualificatif de « psychique ». Un troisième niveau vient ensuite compléter la notion telle qu'elle est acceptée en [[psychanalyse]] : le niveau systémique par lequel l'inconscient manifeste les propriétés d'un système (que Freud désigne par l'abrégé ''{{Lang|de|Ubw}}'', « Ics » en français). Les premiers psychanalystes ont pu parler à ce sujet de « [[subconscient]] », terme vite écarté par Freud, car étant imprécis pour expliquer un système existant ''{{lang|la|sui generis}}'', et, donc indépendant de la conscience<ref group="G">{{Citation|Le terme « subconscience » est donc au mieux flou (…) au pire falsifiant : car la psychanalyse récuse radicalement l'idée d'une deuxième conscience qui doublerait l'autre}}, {{p.}}90.</ref>.

==== Les trois instances de l’appareil psychique ====
{{Article détaillé|Première topique|Seconde topique}}

Dans sa [[première topique]], c'est-à-dire dans le second modèle théorique de représentation du fonctionnement psychique proposé en 1920, Freud distingue trois instances : l'[[inconscient]], le [[préconscient]] et le [[Conscience|conscient]]<ref group="A">Les représentations de Freud du système psychique utilisent des analogies récurrentes, comme celles renvoyant à l'archéologie ou à la maison, {{p.}}36-37 et 48.</ref>. Dans la [[seconde topique]], l'appareil psychique comprend le Ça, le Moi et le Surmoi, trois instances supplémentaires fondatrices de la psychanalyse. Le Ça (''{{Lang|de|Es}}'') est présent dès la naissance ; il s’agit de manifestations somatiques. Si le Ça est inaccessible à la conscience, les symptômes de maladie psychique et les rêves permettent d’en avoir un aperçu. Le Ça obéit au [[principe de plaisir]] et recherche la satisfaction immédiate. Le Moi (''{{Lang|de|Ich}}'') est en grande partie conscient, il est le reflet de ce que nous sommes en société ; il cherche à éviter les tensions trop fortes du monde extérieur ainsi que les souffrances, grâce, notamment, aux mécanismes de défense ([[refoulement]], [[régression (psychanalyse)|régression]], [[rationalisation]], [[sublimation (psychanalyse)|sublimation]], etc.) se trouvant dans la partie inconsciente de cette instance. Le Moi est l’entité qui rend la vie sociale possible. Il suit le [[principe de réalité]]. Bien que le Surmoi (''{{Lang|de|Über-Ich}}'') existe depuis la naissance et que, jusqu'à cinq ans, l’enfant héritant de l’instance parentale, groupale et sociale emmagasine quantité de règles de savoir-vivre à respecter, le Surmoi se développe particulièrement lorsque le [[complexe d'Œdipe]] est résolu. Du fait des pressions sociales, en intériorisant les règles morales ou culturelles de ses parents et du groupe, l’enfant, puis l'adulte pratiquent le [[refoulement]]. En effet, le Surmoi punit le Moi pour ses écarts par le truchement du remords et de la culpabilité<ref group="G">{{p.}}377-380.</ref>.

==== La libido et la sexualité infantile ====
{{Article détaillé|Libido (psychanalyse)|Sexualité infantile (psychanalyse)}}

Les pulsions sexuelles sont conçues par Freud comme une énergie, qu'il nomme « libido » (« le désir » en latin). Ces pulsions sont susceptibles de maintes transformations et adaptations selon la personnalité et l'environnement<ref group="G">La conception de la libido freudienne est « évolutionniste » ; elle permet en effet à Freud de commencer par décrire les [[perversion]]s, {{p.}}270.</ref>. La libido est en effet essentiellement plastique et son [[refoulement]] est le plus souvent à l'origine des troubles psychiques alors que sa [[sublimation (psychanalyse)|sublimation]] explique les productions culturelles, intellectuelles et artistiques de l’humanité. La doctrine freudienne de la libido a souvent été critiquée comme étant un « [[pansexualisme]] » matérialiste<ref>{{Chapitre|auteur=[[Élisabeth Roudinesco]] |titre chapitre=La bataille de cent ans |tome=1 |titre ouvrage=Histoire de la psychanalyse en France |éditeur=Fayard |année=1998 |passage=56}}.</ref>. Constituant le socle de la [[métapsychologie]] freudienne, le concept de libido, décrit dans ''[[Trois essais sur la théorie sexuelle]]'' (1905/1915/1920), est lié à celui de [[Pulsions (psychanalyse)|pulsion]] : {{Citation |La théorie de la libido permet de prendre la mesure de la complexité de la sexualité humaine, dont le caractère biphasique interdit de la réduire à une fonction biologique}}, et ce, même si la prise en compte de la fonction de procréation est à considérer. En effet, sa nature est [[Sexualité infantile (psychanalyse)|prégénitale]] et symbolique, et sa [[fixation (psychanalyse)|fixation]] conditionne la formation de la [[névrose]]<ref group="G">{{p.}}277-278.</ref>.

Freud est le premier à élaborer une conception de la sexualité infantile. L'idée en est surtout formalisée en 1905 dans l'ouvrage ''Trois essais sur la théorie sexuelle'', tout en provenant de travaux précédents, en particulier de la [[théorie de la séduction]], abandonnée en 1897, à partir de laquelle Freud a commencé de mettre en place sa théorisation dite de la sexualité infantile<ref name="Geissmann"> ''[[Dictionnaire international de la psychanalyse]]'' (dir. [[Alain de Mijolla]]), entrée « Enfance » (par Claudine Geissmann), Paris, [[Hachette (maison d'édition)|Hachette]] Littératures, 2005, {{p.|542-544}}.</ref> à travers son aspect pulsionnel<ref group="G">Se reporter aux {{p.}}130-131 pour l'origine du passage, chez Freud, de la [[théorie de la séduction]] à celle de la libido.</ref>. Il y décrit l'existence d'une opposition radicale entre sexualité primaire et adulte, marquée par le primat du génital, et sexualité infantile, où les buts sexuels sont multiples et les [[zone érogène|zones érogènes]] nombreuses, à tel point que Freud est souvent considéré comme le découvreur de la sexualité de l'enfant<ref group="G">{{p.}}285.</ref>. Progressivement, entre 1913 et 1923, cette thèse se trouve remaniée par l'introduction de la notion de « stades prégénitaux », précédant l'instauration du stade génital proprement dit, et qui sont : le [[stade oral]], le [[stade anal]] et le [[stade phallique]] {{supra|Sigmund_Freud#Les_cinq_stades_du_développement_psycho-affectif}}. Freud propose ainsi d'expliquer l'évolution de l'enfant à travers des caractères pulsionnels d'ordre sexuel qui vont évoluer au travers de plusieurs stades psycho-affectifs, pour aboutir ensuite à la sexualité génitale adulte. C'est aujourd'hui une base théorique importante en [[psychologie clinique]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jo Godefroid |titre=Psychologie |sous-titre=Science humaine et science cognitive |lieu=Bruxelles/Paris |éditeur=De Boeck Supérieur |collection=Ouvertures psychologiques LMD |année=2008 |pages totales=1101 |passage=72 |isbn=978-2-8041-5901-6 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=E7PNQogQ6kQC&printsec=frontcover}}.</ref> ou en [[pédopsychiatrie]]<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jean-Pierre Dumont, Philippe Dunezat et Jacques Prouff |titre=Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent |volume=2 |éditeur=Heures de France |année=1995 |pages totales=256 |passage=23-27 |isbn=978-2-85385-157-2 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=PqTPKTNWCxcC&pg=PA24}}.</ref>.

==== Les rêves ====
{{Article détaillé|L'Interprétation des rêves{{!}}''L'Interprétation des rêves''|Travail du rêve}}
[[Fichier:Odilon Redon 002.jpg|vignette|[[Odilon Redon]], ''Muse sur Pégase'', 1900.]]
Selon Freud, l'{{Citation|interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient}}<ref>Sigmund Freud, ''Cinq leçons sur la psychanalyse'', (1909), Payot, Paris, 1966, {{p.|38}}</ref>. Les rêves sont en effet, dans le modèle psychanalytique, des représentations de désirs refoulés dans l’inconscient par la censure psychique (le Surmoi). Les désirs se manifestent ainsi dans le rêve de manière moins réprimée qu'à l'état de veille. Le [[contenu manifeste du rêve]] est le résultat d'un travail intrapsychique qui vise à masquer le [[contenu latent]], par exemple un désir œdipien. En cure de psychanalyse, le travail repose sur l'interprétation à partir du récit (contenu manifeste) du rêve. Les associations du patient sur son rêve permettent de révéler son contenu latent ; ce « [[travail du rêve]] » (''{{lang|de|Traumarbeit}}'') repose sur quatre procédés fondamentaux. Tout d'abord, le rêve [[condensation (psychanalyse)|condense]], comme s'il obéissait à un principe d'économie psychique, c'est-à-dire qu'une seule représentation concentre plusieurs idées, plusieurs images, parfois même des désirs contradictoires. Deuxièmement, le rêve est décentré et le [[désir]] déformé est fixé sur un autre objet que celui qu'il vise, ou sur de multiples objets jusqu'à l'éparpillement, ce qui constitue {{citation|un déplacement de l'accent affectif}}. Par ailleurs, le rêve est une illustration (ou « figurabilité ») du désir dans le sens où il ne l'exprime ni en mots ni en actes, mais en images ; le symbole onirique selon la psychanalyse est donc une {{citation|représentation substitutive de l'objet et du but du désir (…) typique et d'usage universel}}<ref group="G">{{Citation|(…) l'expression symbolique constitue en quelque sorte la logique propre du rêve qui permet d'en saisir l'analogie avec d'autres formations inconscientes}}, {{p.}}148-149.</ref>. Enfin, le rêve est aussi le produit d'une activité inconsciente, mais très proche de l'activité vigile en ce qu'elle s'efforce de lui donner une apparence de vraisemblance, d'organisation, de logique interne (c'est l'« [[Élaboration#Élaboration secondaire du rêve|élaboration secondaire]] »)<ref>{{Ouvrage |auteur1=Françoise Parot |titre=L'Homme qui rêve |éditeur=[[Presses universitaires de France]] |collection=Premier cycle |année=1995 |passage=69 |isbn=978-2-13-046815-8}}.</ref>.

Au niveau épistémologique, le geste de Freud consiste à réintroduire la production onirique dans la psychologie<ref group="G">{{p.}}148.</ref>. Il rompt avec l'idée romantique d'un rêve contenant une clé ou un secret et seul le [[travail du rêve]] en explique la nature : la production à la fois complexe et immanente de la psyché qui s'apparente à un [[rébus]]. Cette théorie des rêves (''{{lang|de|Traumlehre}}'') est selon Freud ce par quoi la psychanalyse a pu s'élever : d'abord simple thérapeutique elle a pu devenir, selon lui, une [[métapsychologie]] générale. La science du rêve en psychanalyse fonde tout le reste de son édifice théorique : {{Citation|Le rêve prend sa signification paradoxale en ce qu'il montre l'inconscient à l'œuvre chez tout sujet et que, comme prototype normal, il éclaire sur cette autre formation jumelle qu'est le symptôme névrotique}}<ref group="G">{{p.}}149.</ref>.

==== Les pulsions et le refoulement ====
{{Article détaillé|Pulsions (psychanalyse)|Refoulement}}

{{Citation|Concept fondamental de la métapsychologie}} freudienne, la [[Pulsions (psychanalyse)|pulsion]] (''{{Lang|de|Trieb}}'') répond à une définition polysémique<ref group="G">Récapitulation des définitions de la notion de « pulsion », {{p.}}389.</ref>. Excitation psychique, concept-frontière entre psychique et somatique, elle se définit par une poussée (''{{Lang|de|Drang}}''), un but (''{{Lang|de|Ziel}}''), un objet (''{{Lang|de|Objekt}}'') et une source (''{{Lang|de|Quelle}}''). Elle conditionne la [[représentation]] ainsi que l'[[affect]]<ref group="G">{{p.}}391.</ref>. Les pulsions prennent leur source dans une excitation corporelle et, en cela, elles sont proches de l'[[instinct]]. Au contraire d'un stimulus, la pulsion ne peut être évitée ou fuie et demande à être déchargée dans le conscient. Il existe selon Freud trois moyens de décharger une pulsion : par le [[rêve]], par le [[Fantasme (psychologie)|fantasme]] et par la [[sublimation (psychanalyse)|sublimation]]. Freud distingue d'abord deux groupes de pulsions : celles du Moi (ou d'auto-conservation) et les pulsions sexuelles. Par la suite, et dans ses écrits les plus tardifs, il distingue deux autres grands types de pulsions : la pulsion de vie (l'« Éros ») et la pulsion de mort (le « Thanatos »)<ref group="G">L'introduction de la pulsion de mort, surtout, s'apparente à un {{Citation|ultime séisme}} dans l'édifice psychanalytique de Freud, {{p.}}437-444.</ref>. L'Éros représente l’amour, le désir et la relation, tandis que le Thanatos représente la mort, les pulsions destructrices et agressives. Le Thanatos tend à détruire tout ce que l'Éros construit (la perpétuation de l’espèce par exemple). Le [[masochisme]] en est un exemple typique<ref group="G">{{p.}}396.</ref>.

Le [[refoulement]] (''{{Lang|de|Verdrängung}}''), « pierre d'angle » de la psychanalyse<ref group="G">{{p.}}407.</ref>, est aussi le concept le plus ancien de la théorie freudienne. Dès 1896, Freud repère en effet un mécanisme de défense primaire, qu'il assimile ensuite à la [[censure]] et qui structure ''a priori'' le Moi et, de manière générale, le psychisme. Le refoulement est à la fois refus d'une pulsion et action psychique de maintien de cet écart. Frontière entre le conscient et l'inconscient, la « clause de censure » atteste aussi que l'inconscient est bien « travail » et processus, et non-principe seul<ref group="G">{{p.}}410.</ref>.

==== Le complexe d’Œdipe ====
{{Article détaillé|Complexe d'Œdipe}}

{{Citation|Le complexe d'Œdipe est sans doute le mot le plus célèbre du vocabulaire psychanalytique, celui qui sert le plus sûrement à désigner le freudisme}}<ref group="G">{{p.}}217.</ref>. Freud théorise le complexe d'Œdipe dans sa [[première topique]]. Celui-ci est défini comme le [[désir]] [[inconscient]] d'entretenir un rapport sexuel avec le parent du sexe opposé (c'est l'[[inceste]]) et celui d'éliminer le parent rival du même sexe (le [[parricide]]). Ainsi, le fait qu'un garçon tombe amoureux de sa mère et désire tuer son père répond à l'impératif du complexe d'Œdipe<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Erich Fromm]] |titre=Grandeur et limites de la pensée freudienne |lieu=Paris |éditeur=Laffont |année=1980 |passage=51-52 }}.</ref>. C'est dans la lettre à Wilhelm Fliess du {{date|15|octobre|1897}} que Freud évoque le complexe pour la première fois, mais c'est dès [[1912]] et [[1913]] que « l'Œdipe » est entré totalement dans la pensée clinique de Freud. Ce dernier s'attache à en étudier l'universalité, dans l'ouvrage ''Totem et Tabou''. Freud y avance la thèse suivante : celle de la {{Citation|vocation civilisatrice du complexe}}<ref>{{harvsp|id=Dictionnaire freudien|texte=Claude Le Guen, 2008|p=279}}.</ref>, résumée par [[Roger Perron]] : {{Citation|en des temps très anciens les humains étaient organisés en une horde primitive dominée par un grand mâle despotique qui monopolisait les femmes et en écartait les fils, fût-ce au prix de la castration}}<ref>{{harvsp|id=Dictionnaire freudien |texte=Alain de Mijolla, 2002 |p=335}}.</ref>.

Pour lui, la structure de la personnalité se crée en rapport avec le complexe d’Œdipe et son rapport avec la fonction paternelle ([[imago (psychanalyse)|imago]] du père). Le complexe d’Œdipe intervient au moment du stade phallique<ref>{{harvsp|id=Dictionnaire freudien|texte=Alain de Mijolla, 2002|p=336}}.</ref>. Cette période se termine par l’association entre la recherche du plaisir et une personne extérieure, la mère. Le père devient le rival de l’enfant ; ce dernier craint d’être puni en conséquence de son désir pour la mère par la [[castration]]. L’enfant [[refoulement|refoule]] donc ses désirs, ce qui alimente au cours de son développement son Surmoi, avec la naissance en lui des sentiments de culpabilité et de pudeur, entre autres, et par l'intermédiaire du [[complexe de castration]]<ref group="G">{{p.}}239.</ref>. Le complexe serait donc transmis de génération en génération et avec lui le sentiment de [[Culpabilité (psychanalyse)|culpabilité]] associé. Freud a toujours recherché en effet à relier ces concepts, et en particulier celui du complexe d'Œdipe, à une théorie générale de la [[phylogenèse]] (de l'histoire de l'humanité comme espèce){{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

==== Les cinq stades du développement psycho-affectif ====
{{Article détaillé|Sexualité infantile en psychanalyse|Scène primitive (psychanalyse){{!}}Scène primitive}}

Selon Freud, tel qu'il le décrit dans son essai « L'organisation génitale infantile » ({{citation étrangère|langue=en|Die infantile Genitalorganisation}}, [[1923 en littérature|1923]]), l'élaboration du [[complexe d'Œdipe]] représente une étape constitutive du développement psychique des enfants. Le [[désir]] envers la mère trouve en effet son origine dès les premiers jours de la vie et conditionne tout son [[psychisme|développement psychique]] (psychogenèse). La mère est, d'une part, la « nourricière » et, d'autre part, celle qui procure du plaisir sensuel, via le contact avec le sein et à travers les soins corporels. L'enfant, qu'il soit fille ou garçon, en fait donc le premier objet d'amour qui reste déterminant pour toute sa vie amoureuse. Cette relation objectale est ainsi investie de [[sexualité]] et se déploie en cinq « phases » libidinales<ref group="C">Roger Perron, in entrée « Complexe d'Œdipe » précise que ces phases sont appelées plus volontiers « organisations » par les successeurs de Freud, {{p.}}335.</ref> qui trouvent aussi leur origine dans la constitution de la part de l'enfant de la [[scène primitive]]. La notion de « phase » ou de « stade » n'est pas à prendre au sens littéral. Elle signale la primauté d'une [[zone érogène]] particulière, mais n'implique pas que le processus se déroule de manière mécanique et linéaire. Le complexe d'Œdipe se déploie donc à travers ces phases en fonction de leurs propriétés propres qui s'enchevêtrent pour constituer un agrégat de pulsions qui, pour les freudiens, trouve son aboutissement vers l'âge de {{nobr|5 ans}}. Freud aboutit à ce modèle en étudiant le cas dit du « [[Herbert Graf|petit Hans]] », en 1909{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

{{Stades psychoaffectifs}}

La « [[stade oral|phase orale]] » constitue l'organisation psychique du premier lien. La nourriture qui passe par la bouche est en effet la première origine de sensualité. Le plaisir produit par les [[zone érogène|zones érogènes]] s'étaye sur ce lien vital puis s'en éloigne, par exemple lors des préliminaires sexuels des adultes. On différencie la « phase orale de succion » de la « phase orale de morsure » qui inaugure une manifestation d'agressivité reposant sur l'[[ambivalence]] inhérente à la relation d'objet. Pour les [[Melanie Klein|kleiniens]], le complexe d'Œdipe se manifeste déjà à cette phase orale et son déclin intervient lors de l'avènement de la [[position dépressive]]. Ensuite, la « [[stade anal|phase anale]] », allant de 1 à {{nobr|3 ans}} environ, est liée au plaisir de contrôler ses voies d’excrétion. La « [[stade phallique|phase phallique]] » (ou « génitale infantile »), de 3 à {{nobr|6 ans}} environ, est liée à la [[masturbation]]. Elle connaît l'émergence puis le conflit œdipien dans sa phase la plus aiguë. La « phase de latence » s'étale ensuite de {{nobr|6 ans}} à la préadolescence, et correspond au déclin du complexe d'Œdipe par le refoulement des pulsions sexuelles qui sont mises au service de la connaissance (ou « épistémophilie ») qui dure jusqu'à l'adolescence et qui est permise par le processus de [[sublimation (psychanalyse)|sublimation]]. Cette « latence » est toute relative et peut varier selon les individus, les circonstances et les moments du développement<ref>{{Ouvrage |auteur1=Josianne Lacombe |titre=Le développement de l'enfant de la naissance à 7 ans : Approche théorique et activités corporelles |éditeur=[[De Boeck]] |année=2007 |passage=168-174 |isbn=978-2-8041-5401-1}}.</ref>.

=== La cure psychanalytique ===
{{Article détaillé|Cure psychanalytique}}

==== L'éthique et le cadre thérapeutique ====
[[Fichier:FREUD'S SOFA.jpeg|vignette|[[Divan (meuble)|Divan]] emblématique de [[psychanalyste]] de Freud ([[Freud Museum]] de [[Londres]])]]
La cure psychanalytique, communément nommée « [[psychanalyse]] » ou encore « cure type », désigne la pratique psychothérapeutique élaborée par Sigmund Freud puis par ses successeurs et inspirée de la « ''{{lang|en|[[Méthode cathartique|talking cure]]}}'' » de [[Josef Breuer]]. La pratique psychanalytique a été peu à peu distinguée par Freud de cette dernière, ainsi que de celle de l'[[hypnose]]<ref group="G">{{p.}}464.</ref>. La cure psychanalytique s'applique plus largement à toute une série de traitements plus ou moins dérivés de la psychanalyse au point que [[Jean Bergeret (psychanalyste)|Jean Bergeret]] fait de son emploi chez certains psychanalystes un abus de langage. Vers la fin de sa vie, Freud lui-même revient sur l'efficacité de la cure, rappelant que la psychanalyse est avant tout savoir<ref group="G">{{p.}}463.</ref>. De nature transférentielle, elle repose sur les associations libres et débute par l'étude du [[symptôme]] (dont la névrose est la manifestation générale) pour arriver à sa source, la [[Pulsions (psychanalyse)|pulsion]] refoulée. Ce contenu censuré doit parvenir à la conscience du malade, ce qui en constitue le traitement{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

La [[psychothérapie psychanalytique]] met en œuvre tous les concepts dégagés par Freud, et en particulier ceux de « [[Association libre (psychanalyse)|libre association]] » et de neutralité (l'analyste doit laisser les idées spontanées du patient s'exprimer, il doit écouter sans rien dire — et encore moins faire — qui ne perturbe les associations de l'analysant) et d'« [[attention flottante]] » (l'attention de l'analyste ne doit pas se focaliser sur un élément ou un autre du discours de l'analysant, mais rester attentif aux éléments inconscients qui pourraient surgir)<ref group="G">{{Citation|Au fond, cette double règle introduit à la fois un strict déterminisme et une liberté radicale de la parole et de l'écoute}}, {{p.}}469-470.</ref>. Par ailleurs, le cadre éthique de l'analyse repose sur la sincérité du patient ainsi que sur l'engagement du [[psychanalyste]] à la neutralité et à la bienveillance<ref group="G">{{p.}}479.</ref>. L’unique but de l’analyse est donc, par le travail élaboratif du patient et le travail interprétatif du [[psychanalyste]], de supprimer le [[refoulement]] qui crée la répétition ; mais l'analysé ne peut prendre conscience du refoulement que si, auparavant, a été supprimée la résistance qui le maintient<ref group="Freud">{{Ouvrage|auteur1=Sigmund Freud|titre=[[Introduction à la psychanalyse]]|éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]]|collection=Petite Bibliothèque Payot|année=1970|passage=414}}.</ref>.

==== Les cinq cas fondateurs ====
{{Article connexe|Cinq psychanalyses}}
[[Fichier:Sergei Pankejeff with his wife c. 1910.jpg|vignette|gauche|[[Sergueï Pankejeff]], dit « L'homme aux loups », et sa femme, en 1910.]]

Freud réalise sa première analyse avec Dora, de son vrai nom [[Ida Bauer]], qui nourrit dans deux rêves des fantasmes sexuels handicapants<ref group="B">{{p.}}197-200.</ref>. Mais, en raison du [[transfert (psychanalyse)|transfert]] qui s'opère sur sa personne, Freud échoue à guérir Dora. Il ne reconnaît que plus tard, dans un post-scriptum, qu'il n'a pas su se rendre compte qu'il était l'objet transfériel de sa patiente amoureuse. Le cas Dora est décrit de décembre 1900 à janvier 1901, mais Freud ne publie son ''Fragment d'une analyse d'hystérie'' que quatre ans plus tard<ref group="B">{{p.}}199.</ref>.

Freud accueille ensuite en analyse [[Ernst Lanzer]], surnommé « l'homme aux rats ». Cette cure lui fournit un matériel clinique, notamment dans l'étude de la [[névrose obsessionnelle]]. Le patient entretient une culpabilité à la suite d'une punition paternelle pour s'être [[masturbation|masturbé]], le rendant névrosé<ref group="B">{{p.}}200-203.</ref>. Un troisième cas fondateur de la pratique psychanalytique est celui d'[[Herbert Graf]], surnommé « le petit Hans ». Ce dernier n'a cependant pas été analysé par Freud. L'enfant souffre d'une phobie du cheval, lié à une fixation psychoaffective au niveau du [[complexe d'Œdipe]]. Grâce à la compréhension de ce schéma psychique, Herbert est guéri de ses fantasmes<ref group="B">{{p.}}204-206.</ref>. Un quatrième cas est célèbre en littérature psychanalytique : celui de [[Sergueï Pankejeff]], dit « l'homme aux loups<ref group="B">{{p.}}207-210.</ref> ». Enfin, avec [[Daniel Paul Schreber]] (« le président Schreber »), Freud examine les délires psychotiques et paranoïdes présents dans ''Mémoires d’un névropathe'' du magistrat<ref group="Freud">« Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa : Le président Schreber», 1911.</ref>.

== Polémiques et débats ==
=== La question de l'homosexualité ===
{{Article connexe|Opinions de Sigmund Freud sur l'homosexualité}}
Freud renonce progressivement à faire de l'[[homosexualité]] une disposition biologique ou une résultante culturelle, mais l'assimile plutôt à un choix psychique inconscient<ref>{{Citation|L’argumentation de Freud, dans ses très nombreux travaux théoriques et cliniques, depuis le Manuscrit H (adressé à Fliess) jusqu’à l’''Abrégé'' en 1938, vise à montrer qu’il s’agit d’une orientation sexuelle, un choix d’objet parmi d’autres}}, in {{Article |auteur=Ruth Menahem |titre=Désorientations sexuelles. Freud et l’homosexualité |périodique=Revue française de psychanalyse |année=2003/1 |volume=67 |isbn=2-13-053562-3 |pages=11-25}}.</ref>. En [[1905]], dans ''[[Trois essais sur la théorie sexuelle]]'', il parle d'« inversion », mais, en [[1910]], dans ''[[Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci]]'', il renonce à ce terme pour choisir celui d'« homosexualité ». Dans une lettre datant de [[1919]] écrite à la mère d'une jeune patiente, Freud explique : {{citation|l'homosexualité n'est pas un avantage, mais ce n'est pas non plus quelque chose dont [on] doit avoir honte, ce n'est ni un vice ni une dégradation et on ne peut pas non plus la classer parmi les maladies}}<ref group="Freud">{{Ouvrage |auteur1=Sigmund Freud |titre=Correspondance de Freud 1873-1939 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |année=1979 |passage=461-462 }}.</ref>. Cependant, dans l'ensemble de l'œuvre freudienne, il existe plusieurs théories et questionnements sur la naissance de l'homosexualité chez le sujet : l'homosexualité adulte y est présentée tantôt comme immature par blocage de la libido au [[stade anal]], tantôt comme repli [[narcissisme|narcissique]] ou encore comme identification à la mère. Freud a en effet affirmé à une certaine époque que l'homosexualité résulte d'un {{Citation|arrêt du développement sexuel}}<ref group="Freud">{{Ouvrage|auteur1=Sigmund Freud|titre=Correspondance de Freud 1873-1939|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=1967|passage=461}}.</ref>. Puis il a fini par conclure que l'homosexualité est un choix d'objet inconscient{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

Selon Freud, l'homosexualité n'est pas l'objet de la cure analytique. Seule la [[Culpabilité (psychanalyse)|culpabilité]] qui l'accompagne peut donner lieu à une [[névrose]]<ref group="Freud">{{Ouvrage |auteur1=Sigmund Freud |titre=Correspondance |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |année=1979 |passage=461-462 }}.</ref>. Enfin, dans une note de [[1915]] aux ''[[Trois essais sur la théorie sexuelle]]'', il explique également que {{Citation|la recherche psychanalytique s’oppose avec la plus grande détermination à la tentative de séparer les homosexuels des autres êtres humains en tant que groupe particularisé. […] Elle apprend que tous les êtres humains sont capables d’un choix d’objet homosexuel et qu’ils ont effectivement fait ce choix dans l’inconscient}}<ref group="Freud">{{Ouvrage |auteur1=Sigmund Freud |titre=[[Trois essais sur la théorie sexuelle]] |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |année=1987 |passage=44 }}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp |id=Roudinesco et Plon, 2006 |texte=Roudinesco et Plon, 2006 |p=471}}.</ref>. {{Citation|Ni Sigmund Freud, ni ses disciples, ni ses héritiers ne firent de l'homosexualité un concept ou une notion propre à la psychanalyse}} conclut [[Élisabeth Roudinesco]]<ref>{{harvsp|id=Roudinesco et Plon, 2006|texte=Roudinesco et Plon, 2006|p=468}}</ref>, même si cette question a divisé les psychanalystes. Cependant il faudrait distinguer l'homosexualité psychique chez tout être humain, de l'homosexualité agie<ref>Denis P. (1984) Homosexualité agie et homosexualité psychique, Les Cahiers du Centre de Psychanalyse et de Psychothérapie, 1984, 8.</ref>. Selon le critique [[Didier Eribon]], les psychanalystes partageraient un {{Citation|inconscient homophobe}}<ref>{{Article |auteur=Didier Eribon |titre=Numéro spécial « Psychanalyse : que reste-t-il de nos amours? » (sous la direction de Francis Martens) |périodique=Revue de l'université de Bruxelles |éditeur=Éditions Complexe |année=2000}}.</ref> qui se révèle par le choix conscient de l'utilisation du terme de «perversion» chez Lacan<ref>{{Ouvrage|prénom1=Didier|nom1=Eribon|titre=Écrits sur la psychanalyse|date=2019|isbn=978-2-213-71138-6|isbn2=2-213-71138-0|oclc=1090271328}}</ref> alors que pour [[Daniel Borrillo]], Freud et certains psychanalystes (tel [[Jacques Lacan]]) feraient œuvre d'[[homophobie]] en classant l'homosexualité parmi les « inversions »<ref group="F">{{Ouvrage |auteur1=[[Daniel Borrillo]] |titre=L’homosexualité de Platon à Foucault. Anthologie critique |éditeur=[[Plon]] |année=2005 |passage=62-65}}.</ref>{{,}}{{Note|groupe=note|texte=Selon Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan {{cita|acceptait d'analyser les homosexuels comme des patients ordinaires, sans chercher à les normaliser}}. Elle estime qu’il a été le premier à autoriser les homosexuels à devenir psychanalystes{{sfn|Roudinesco|1993|id=Roudi93|p=1780}}{{,}}<ref>{{Article | auteur = Élisabeth Roudinesco | titre = Psychanalyse et homosexualité : réflexions sur le désir pervers, l'injure et la fonction paternelle | périodique = Cliniques méditerranéennes | éditeur = CAIRN | volume = 65 | numéro = 1 | année = 2002 | pages = 7 | ISSN = 0762-7491 | doi = 10.3917/cm.065.0007 | url texte = https://dx.doi.org/10.3917/cm.065.0007}}.</ref>.}}. Cependant, il ne faut pas négliger que Freud est sorti de cette classification.

=== Culture et nature ===
{{Article connexe|Anthropologie psychanalytique}}
[[Fichier:Charles Darwin 01.jpg|vignette|upright|[[Charles Darwin]] dont Freud admirait les théories.]]

Pour Freud, la [[culture]] (''{{lang|de|Kultur}}'') désigne l'ensemble des institutions qui éloignent l'individu de l'état animal<ref group="C">Entrée « Civilisation (''{{lang|de|Kulture}}'') », {{p.}}309.</ref>. La nature correspond donc aux émotions, aux [[instinct]]s, pulsions et besoins. L’être humain lutte en permanence contre sa nature instinctuelle et ses pulsions, qu'il tente de réfréner afin de vivre en société, sans quoi l’égoïsme universel amènerait le chaos. Pourtant, Freud opère une confusion constante dans ses écrits entre la [[civilisation]] d'une part et la culture d'autre part<ref group="C">Entrée « Civilisation (''{{lang|de|Kulture}}'') », {{p.}}310.</ref>. Plus le niveau de la société est élevé, plus les sacrifices de ses individus sont importants. En imposant la frustration sexuelle surtout, la civilisation a une action directe sur la genèse des névroses individuelles. Le texte de 1929, ''[[Malaise dans la civilisation]]'', soutient la thèse que la culture est la cause principale de névrose et de dysfonctionnements psychiques<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Claire Pagès|titre=Freud pas à pas|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Ellipses]]|année=2008|pages totales=340|passage=308-309|isbn=978-2-7298-4099-0}}.</ref>. Par les règles claires qu’elle lui impose, la culture protège l'individu, même si elle exige des [[refoulement|renoncements pulsionnels]] importants. Ces contraintes peuvent expliquer qu’il existe une rage et un rejet – souvent inconscients – vis-à-vis de la culture. En contrepartie, la culture offre des dédommagements aux contraintes et sacrifices qu'elle impose, à travers la consommation, le divertissement, le patriotisme ou la religion<ref group="C">Entrée « Civilisation (''{{lang|de|Kulture}}'') », {{p.}}310-311.</ref>.

Dans l'essai « Une difficulté de la psychanalyse » publié en 1917<ref group="Freud">Texte repris dans ''[[Introduction à la psychanalyse]]'', Payot, coll. « Petite Bibliothèque », 1975, {{IIe}} partie, chapitre 18, {{p.}}266-267.</ref>, et dans ses conférences d'introduction à la psychanalyse, écrites pendant la [[Première Guerre mondiale]], Freud explique que l'humanité, au cours de son histoire, a déjà subi {{Citation|deux grandes vexations infligées par la science à son amour propre}}<ref group="C">Dans l'article de Panos Aloupis « [[Blessure narcissique]] », il s'agit en premier lieu de l'atteinte [[Narcissisme|narcissique]] de l'individu à la suite de traumatismes pouvant porter sur l'intégrité du [[Moi (psychanalyse)|Moi]] ou [[Ego]] {{p.}}215.</ref>. La première, explique-t-il, date du moment où [[Nicolas Copernic]] établit que {{Citation|notre Terre n'est pas le centre de l'univers, mais une parcelle infime d'un système du monde à peine représentable dans son immensité}}. La deuxième, selon lui, a lieu quand la biologie moderne – et [[Charles Darwin|Darwin]] au premier chef – {{Citation|renvoya l'homme à sa descendance du règne animal et au caractère ineffaçable de sa nature bestiale}}. Il ajoute : {{Citation|La troisième vexation, et la plus cuisante, la [[mégalomanie]] humaine doit la subir de la part de la recherche psychologique d'aujourd'hui, qui veut prouver au Moi qu'il n'est même pas maître dans sa propre maison, mais qu'il en est réduit à des informations parcimonieuses sur ce qui se joue inconsciemment dans sa vie psychique}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Thomas Wieder|titre=L'Explorateur de l'âme, à propos de Sigmund Freud. La révolution de l'intime|éditeur=Hors-Série Le Monde, une vie, une œuvre|année=2010|passage=3.|titre chapitre=Avant-Propos}}</ref>. Selon Freud, c'est le {{citation|renoncement progressif à des pulsions constitutionnelles}} qui permet à l'homme d'évoluer culturellement<ref>{{Article|auteur=Gabriel Lavoie|titre=Actes obsédants et exercices religieux. Un écrit freudien sur la religion|périodique=Laval théologique et philosophique|volume=34|numéro=3|année=1978|pages=15|lire en ligne=http://www.erudit.org/revue/ltp/1978/v34/n3/705683ar.pdf}}.</ref>.

=== Freud et la phylogenèse ===
S'appuyant sur les thèses de [[Charles Darwin]], en 1912, dans ''[[Totem et Tabou]]'', Freud explique que l'origine de l'humanité se fonde sur le fantasme d'une « horde primitive » dans laquelle a lieu le meurtre primitif du père comme acte fondateur de la société. Les hommes vivaient en hordes grégaires, sous la domination d'un mâle tout-puissant, qui s'appropriait les femmes du groupe et en excluait les autres mâles. Ces derniers commettent alors le meurtre du « Père primitif », [[parricide]] qui explique ensuite le [[tabou de l'inceste]] comme élément constitutif des sociétés. Dans ''[[Malaise dans la civilisation]]'', Freud décompose l'évolution de l'humanité en trois phases : une phase [[animisme|animiste]] caractérisée par un narcissisme et un [[totémisme]] primaires d'abord, puis une phase religieuse marquée par la [[névrose]] collective et enfin une phase scientifique dans laquelle prédomine la [[sublimation (psychanalyse)|sublimation]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Lina Balestrière|titre=Freud et la question des origines|lieu=Bruxelles|éditeur=De Boeck Supérieur|collection=Oxalis|année=2008|pages totales=286|passage=166|isbn=978-2-8041-5671-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=rsS-17bVBDwC&printsec=frontcover}}.</ref>. Cette conception d'héritage phylogénétique a été critiquée par les anthropologues, les historiens<ref>{{citation|Aujourd’hui le problème se pose de savoir comment remplir le vide laissé par l’abandon, de la part des biologistes contemporains, de la théorie haeckelienne de la récapitulation sur laquelle s’appuyait Freud. Que reste-t-il de ses hypothèses phylogénétiques contre lesquelles se sont élevés tant les anthropologues que les historiens ?}} dans {{Article|titre=La théorie de la récapitulation de Haeckel à Freud|auteur=Jacqueline Duvernay Bolens|périodique=L'Esprit du temps, Topique|année=2001/2|numéro=75|pages=13-34}}.</ref> et invalidée par la [[biologie]]<ref>{{Article |auteur=David Benhaïm |titre=La phylogenèse et la question du transgénérationnel |périodique=Le Divan familial |numéro=18 |année=2007/1 |lire en ligne=http://www.cairn.info/revue-le-divan-familial-2007-1-p-11.htm }}, « résumé ».</ref>. Selon Plon et Roudinesco, il ne s'agit pour Freud que d'{{cita|d'hypothèses qu'il considère comme autant de "fantaisies"}}{{sfn|Plon|Roudinesco|2011|id=Roudinesco et Plon, 2006|page=996-997}}. [[Florian Houssier]] indique quant à lui que {{cita|quel que soit le degré de validité qu'on lui confère (fantaisie ou croyance), nous la considérons [la phylogenèse] comme un noyau d'hypothèses d'autant plus décisif que Freud la rapproche et la relie sans cesse à l'[[ontogenèse]] et à ses potentielles confirmations cliniques. […] Les préoccupations de Freud, trouver dans la phylogénèse le point de départ du choix de la névrose et confirmer par une histoire des origines l'hypothèse du [[complexe d'Œdipe]], constituent bien un axe théorico-clinique d'importance}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Florian|nom1=Houssier|titre=Meurtres dans la famille|éditeur=Dunod|date=2013-03-06|isbn=978-2-10-059466-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=piz2Wi9bCiMC&pg=PA19|page=19|consulté le=2021-08-27}}</ref>.

=== Freud et la religion ===
Se disant « incroyant », {{cita|juif sans Dieu}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre="L'homme Moïse et la religion monothéiste" - Ép. 4/4 - Freud et la religion |url=https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/freud-et-la-religion-44-lhomme-moise-et-la |site=France Culture |date=29/09/2016|consulté le=2021-08-28}}</ref>, Freud est critique vis-à-vis de la religion. [[Athéisme|Athée]] convaincu<ref>{{Ouvrage|auteur1=H.C. Tauxe|titre=Freud et le besoin religieux|éditeur=[[Éditions L'Âge d'Homme]]|année=1974|passage=10}}</ref>, il estime que l’être humain y perd plus qu’il n’y gagne par la fuite qu’elle propose. Dans son premier écrit sur la [[religion]], ''Actes obsédants et exercices religieux'', publié en 1907, il explique que le [[cérémonial liturgique]] implique obligatoirement des « actes obsédants ». Il parle par conséquent de {{citation|cérémonial névrotique}}. Selon lui, la {{citation|répression, le renoncement à certaines pulsions instinctives semble aussi être à la base de la formation de la religion}}<ref>{{Article|auteur=Gabriel Lavoie|titre=Actes obsédants et exercices religieux. Un écrit freudien sur la religion|périodique=Laval théologique et philosophique|volume=34|numéro=3|année=1978|pages=247-260|lire en ligne=http://www.erudit.org/revue/ltp/1978/v34/n3/705683ar.pdf}}.</ref>. Quant au lien que la pratique psychanalytique entretient avec la religion, et dans une lettre au [[Pasteur (christianisme)|pasteur]] [[Oskar Pfister]] du {{date-|9 janvier 1909}}, Freud dit qu'{{citation|en soi, la psychanalyse n'est pas plus religieuse qu'irréligieuse. C'est un instrument sans parti dont peuvent user religieux et laïcs, pourvu que ce soit uniquement au service d'êtres souffrants}}<ref>Ernest Jones, ''La Vie et l’œuvre de Sigmund Freud'', Paris, Puf, {{t.|2}}, 1961, {{p.|164}}.</ref>.

Avec ''[[L'Avenir d'une illusion]]'' (1927) Freud montre dans un premier temps que la civilisation doit faire appel à des valeurs morales pour garantir son intégrité et se protéger des penchants destructeurs individuels. Selon [[Jean-Michel Quinodoz|Quinodoz]], Freud englobe dans ces valeurs morales {{cita|des valeurs d'ordre psychologique, les idéaux culturels, ainsi que les idées religieuses, ces dernières constituant à ses yeux la valeur morale la plus importante pour le maintien de la civilisation.}} Dans un second temps, Freud tient un dialogue avec un adversaire imaginaire (qui pourrait être le pasteur Pfister), en prenant comme modèle de religion le [[christianisme]] pratiqué en Occident. La publication de l'ouvrage provoqua, selon Quinodoz, {{cita|des controverses qui sont loin d'être apaisées}}<ref>{{harvsp|id=Quinodoz, 2015|texte=Quinodoz, 2015}}, {{p.|111-116}}, chapitre « Religion et civilisation : pessimisme ou lucidité ? »</ref>. Selon Freud, l’humanité doit accepter que la religion n’est qu’une illusion pour quitter son état d’[[infantilisme]], et il rapproche ce phénomène de l’enfant qui doit résoudre son [[complexe d’Œdipe]] : {{Citation|ces idées [religieuses], qui professent d’être des dogmes, ne sont pas le résidu de l’expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des [[Illusion#Le discours d'opposition à l'illusion|illusions]], la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs. Nous le savons déjà : l’impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d’être protégé — protégé en étant aimé — besoin auquel le père a satisfait}}<ref group="Freud">{{Ouvrage|auteur1=Sigmund Freud|titre=L’Avenir d’une illusion|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=1973|passage=23}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre="L'avenir d'une illusion" - Ép. 2/4 - Freud et la religion |url=https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/freud-et-la-religion-24-lavenir-dune-illusion |site=France Culture |date=27/09/2016|consulté le=2021-08-28}}</ref>.

[[Clotilde Leguil]] note que Freud rapproche dans ''[[Malaise dans la civilisation|Le malaise dans la civilisation]]'' (1930) l'effet de la religion sur le psychisme de celui des stupéfiants. Freud situe sa thèse dans la filiation de celle de Marx qui pouvait affirmer non seulement qu'elle est l'{{cita|opium du peuple}}, mais aussi que {{cita|la religion n'est que le soleil illusoire qui gravite autour de l'homme tant que l'homme ne gravite pas autour de lui-même}}<ref>Marx ''Critique du droit politique hégélien'', in ''Sur la religion'', Paris, éditions sociales, 1975, {{p.|41}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Freud, Sigmund,|nom1=1856-1939.|titre=Le malaise dans la civilisation|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Points]]|année=2010|pages totales=184|passage=61|isbn=978-2-7578-0215-1|isbn2=2757802151|oclc=664326522}}</ref>. [[Paul Ricœur]] surnomme d'ailleurs Marx, Nietzsche et Freud, {{cita|les maîtres du soupçon}}, en ce qu'ils ont en commun d'avoir dénoncé l'illusion religieuse<ref name="Natanson2006">{{article|auteur=[[Jacques Natanson (professeur)|Jacques Natanson]]|titre=L'illusion et les philosophes|périodique=Imaginaire et inconscient|année=2006|numéro=1|passage=55-62|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2006-1-page-55.htm}}.</ref>.

En 1939 paraît ''[[L'homme Moïse et la religion monothéiste]]''<ref>{{Article |auteur=[[Ivan Segré]] |titre=La mémoire du texte. L’« homme Moïse » de Freud : pour une lecture critique et sociale |périodique=Le Coq-héron |volume=N°239 |numéro=4 |date=2019 |issn=0335-7899 |issn2=1951-6290 |doi=10.3917/cohe.239.0144 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/cohe.239.0144 |consulté le=2021-08-29 |pages=144-155}}</ref>, dans lequel Freud développe la thèse que [[Moïse]] n'est pas juif mais un égyptien vouant un culte au dieu [[Aton]]. Freud admet que les bases de cette hypothèse historique sont fragiles ; il voulait d'ailleurs à l'origine donner comme titre à son essai : ''L'homme Moïse, un roman historique''<ref>{{Article |prénom1=Michael |nom1=Löwy |titre=Freud (Sigmund) L'Homme Moïse et la Religion monothéiste, trois essais |périodique=Archives de Sciences Sociales des Religions |volume=62 |numéro=2 |date=1986 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1986_num_62_2_2415_t1_0273_0000_4 |consulté le=2021-08-29 |pages=273–274 }}</ref>. La parution de l'ouvrage a fait polémique<ref>{{lien web|langue=fr|titre=L’Homme Moïse et la religion monothéiste|site=Philosophie magazine|url=https://www.philomag.com/livres/lhomme-moise-et-la-religion-monotheiste|date=18 septembre 2019|consulté le=2021-08-29}}</ref>.

=== Freud face à l'antisémitisme ===
[[Fichier:1933-may-10-berlin-book-burning.JPG|vignette|Les ouvrages de Freud ont été brûlés par les nazis qui ont décrété que la [[psychanalyse]] est une « science juive »<ref name="Goggin" />.]]

L'[[antisémitisme]] ne pèse pas d'une manière égale durant la vie de Freud, et ce au gré des changements politiques de l'[[Autriche]] et l'[[Allemagne]] au début du {{s-|XX}}<ref name="Max Schur">{{Ouvrage|auteur1=[[Max Schur]]|titre=La Mort dans la vie de Freud|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|collection=Tel|année=1982|pages totales=688|passage=41-46|isbn=978-2-07-025794-2}}.</ref>. Le sentiment antisémite joue un rôle déterminant à la fin de sa vie, lorsqu'il doit fuir l'Autriche devant la [[Anschluss|menace nazie]]. Avant la Première Guerre mondiale, comme le souligne [[Yosef Hayim Yerushalmi|Yerushalmi]], « Je tiens à souligner que sa prise de conscience du phénomène précéda son entrée à l'université de Vienne, ou encore la fin du Burgerminister libéral et la montée de l'antisémitisme politique »<ref name="Yosef Hayim Yerushalmi">{{Ouvrage|auteur1=[[Yosef Hayim Yerushalmi]]|titre=Le Moïse de Freud, Judaïsme terminable et interminable|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|collection=nrf Essais|année=1993|pages totales=266|passage=88|isbn=2-07-013367-2}}.</ref>. À partir de 1917, la censure d'articles antisémites dans les journaux devient moins stricte et il devient habituel de voir traiter les Juifs de « profiteurs de guerre ». C'est en 1918 que l'antisémitisme atteint son comble, les Juifs devenant explicitement les boucs émissaires de tous les malheurs qui s'abattent sur l'Autriche<ref name="Jacques Le Rider">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jacques Le Rider]]|titre=Les Juifs viennois à la belle époque|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|collection=Présence du judaïsme|année=2013|pages totales=354|passage=268-284|isbn=978-2-226-24209-9}}.</ref>. En 1933, les œuvres de Freud sont brûlées par les nazis, qui y voient une « science juive » (selon la formule du parti nazi<ref name="Goggin">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=James E. Goggin et Eileen Brockman Goggin|titre=Death of a Jewish science|sous-titre=Psychoanalysis in the Third Reich|éditeur=Purdue University Press|année=2001|pages totales=242|passage=9|isbn=978-1-55753-193-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=LCcpx3qcwKIC&printsec=frontcover}}.</ref>) contraire à l'« esprit allemand » : {{Citation|Dans l'Allemagne de 1933, après qu'on eut brûlé les œuvres de Freud, il était devenu évident que le régime dirigé par les nazis, qui venaient d'obtenir le pouvoir, ne laissait plus aucune place à la psychanalyse}}<ref name="Mijolla">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|auteur1=[[Alain De Mijolla]]|titre=Ici, la vie continue d'une manière fort surprenante…|sous-titre=Contribution à l'Histoire de la psychanalyse en Allemagne|lieu=Paris|éditeur=[[Association internationale d'histoire de la psychanalyse]]|année=1987|pages totales=293|passage=82|isbn=2-85480-153-9}}</ref>. Avec l'[[Anschluss|annexion]] de l'Autriche par l'Allemagne, de nombreux psychanalystes ont dû cesser leur pratique ou émigrer quand ils n'ont pas été tués ou envoyés dans des [[Camp de concentration|camps de concentration]] parce qu'ils étaient juifs. La ségrégation s'est d'abord développée en Hongrie, notamment sous le régime de [[Miklós Horthy]]. Puis, elle s'est propagée en Allemagne dès les années 1920 et en Autriche. Dès lors, la plupart de ceux qui ont survécu ont émigré aux [[Psychanalyse aux États-Unis|États-Unis]] (ainsi qu'au Royaume-Uni, en France, en Amérique du Sud, [[Max Eitingon]] quant à lui s'est exilé en [[Palestine mandataire|Palestine]])<ref name="Mijolla" />.

[[Henri Ellenberger]] a fait une étude approfondie de la situation des Juifs dans l'ensemble de la région et affirme que Freud aurait exagéré l'impact de l'antisémitisme dans sa non-nomination à un poste universitaire de professeur extraordinaire. Il argumente sa thèse de manière documentée<ref group="B">{{p.}}377-379.</ref>. D'autres historiens considèrent qu'Ellenberger a minimisé le phénomène à Vienne<ref>Collectif, « Antijudaïsme et antisémitisme en Autriche du {{17e}} au {{20e}} siècle », dans ''Austriaca'', {{n°|57}}, décembre 2003, PUR, 2005.</ref>, qui élit comme maire Karl Lueger, ouvertement antisémite, en 1897. Le père de Freud avait été victime d'un acte antisémite, qu'il a raconté à son fils<ref>S. Freud, ''L'interprétation des rêves'', 1900, PUF, Paris, 1967, {{p.|175}}</ref>. Dès ses débuts, la psychanalyse freudienne a été accusée d'être une « science juive ». Martin Staemmler écrit, dans un texte de 1933 : {{Citation|La psychanalyse freudienne constitue un exemple typique de la dysharmonie interne de la vie de l'âme entre Juifs et Allemands. […] Et lorsqu'on va encore plus loin et que l'on fait entrer dans la sphère sexuelle chaque mouvement de l'esprit et chaque inconduite de l'enfant […], lorsque […] l'être humain n'est plus rien d'autre qu'un organe sexuel autour duquel le corps végète, alors nous devons avoir le courage de refuser ces interprétations de l'âme allemande et de dire à ces Messieurs de l'entourage de Freud qu'ils n'ont qu'à faire leurs expérimentations psychologiques sur un matériel humain qui appartienne à leur race}}<ref name="Mijolla" />. Pour [[Lydia Flem]], Freud et [[Theodor Herzl]], chacun à leur manière, répondent à la crise identitaire juive, le premier en imaginant une topique psychique, le second en rêvant d'un pays géographique pour le peuple juif<ref group="A">Freud fait par ailleurs parvenir à Herzl un exemplaire de ''L'Interprétation des rêves'', {{p.}}98-101.</ref>.

=== Sur le judaïsme et le sionisme ===
[[Élisabeth Roudinesco]], dans un article de 2004 dans lequel elle étudie une {{citation|lettre inédite de Freud sur le sionisme et la question des lieux saints}} évoque la position de Freud qui refuse, dans cette lettre, de soutenir publiquement la cause [[Sionisme|sioniste]] en [[Palestine mandataire|Palestine]] et l'accès des juifs au mur des Lamentations, comme le lui avait demandé en 1930 Chaim Koffler, membre viennois du [[Keren Hayessod|Keren Ha Yesod]]<ref name="ER">Élisabeth Roudinesco, « À propos d'une lettre inédite de Freud sur le sionisme et la question des lieux saints », ''Cliniques méditerranéennes'', 2004/2 {{n°|70}}, {{p.|5-17}} {{DOI|10.3917/cm.070.0005}} {{Lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=CM_070_0005&contenu=article}}</ref>. Elle rappelle dans cet article que la « judéité » de Freud, qu'il n'a, selon elle « jamais reniée », était une {{Citation|identité de juif sans dieu, de juif viennois assimilé – et de culture allemande}}<ref name="ER"/>. Cette lettre, jugée peu favorable à la cause sioniste n'a pas été rendue publique, et est restée inédite<ref name="ER"/>, bien que, comme le rappelle Élisabeth Roudinesco, Freud ait eu {{citation|maintes fois l’occasion d’exprimer sur le sionisme, sur la Palestine et sur les lieux saints une opinion identique à celle adressée au Keren Ha Yesod}}. Il envoie d'ailleurs, le même jour, une lettre à Albert Einstein, dans laquelle il développe les mêmes idées d'{{citation|empathie à l'égard du sionisme}} dont {{citation|il ne partagera jamais l’idéal}} et de {{citation|défiance à l'égard de création d’un état juif en Palestine}}<ref name="ER"/>.

=== À propos de la cocaïne ===
La découverte de l'[[alcaloïde]] de la plante de [[coca]] est contemporaine des recherches de Freud, qui cherche à l'utiliser pour la guérison psychique. En 1884, les laboratoires [[Merck KGaA|Merck]] confient à Freud la charge de mener des expérimentations sur la substance. Avant de créer la psychanalyse, Freud a étudié ce produit et a pensé pouvoir lui prêter toutes sortes d'indications médicales — notamment dans le traitement de la neurasthénie<ref name="Françoise Coblence">{{Article|auteur=Françoise Coblence|titre=Freud et la cocaïne|périodique=Revue française de psychanalyse|année=2002/2|volume=66|isbn=2-13-052649-7|pages=371-389|lire en ligne=http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=RFP&ID_NUMPUBLIE=RFP_662&ID_ARTICLE=RFP_662_0371}}.</ref>. Freud travaille sur les propriétés anesthésiantes de la cocaïne avec deux collègues, Carl Köller et Leopold Königstein, dès 1884. Cependant, il n'a pas le temps de tester son pouvoir narcotique et doit s'absenter de Vienne. Ses collègues poursuivent les expérimentations, notamment dans le cadre de la chirurgie oculaire, et finissent par présenter leur découverte devant la Société médicale de médecine de Vienne sans mentionner le rôle précurseur de Freud<ref>{{Article|langue=de|auteur=Carl Köller |titre=Ueber die Verwendung des Cocaïn zur Anästhesirung am Auge |périodique=Wiener Medizinische Wochenschrift |numéro=43 |année=1884 |pages=1276-1278}}. L'article a été traduit par L. Leplat sous le titre : « De l'emploi de la cocaïne comme anesthésique en ophtalmologie », dans ''Le Progrès Médical'', 1884, {{vol.}}12, {{numéro}}47, {{p.|984-987}}.</ref>{{,}}<ref>{{de}} {{Ouvrage|auteur=Elisha Ben-Zur|titre=Die Geschichte der Lokalanästhesie unter besonderer Berücksichtigung der Entdeckung des Kokains|éditeur=Juris-Verlag|lieu=Zürich|année=1960}} prouve que Freud est le premier à réfléchir à un usage anesthésiant de la cocaïne.</ref>. Il poursuit ses recherches entre 1884 et 1887, et rédige plusieurs textes à ce sujet dont {{citation étrangère|langue=de|Über Coca}}<ref group="Freud">Anthologie de textes de Sigmund Freud, préface de [[Charles Melman]] et de Jean-Louis Chassaing, ''Un peu de cocaïne pour me délier la langue'', Max Milo Éditions, 2005, coll. « Essais et documents » {{ISBN|2-914388-76-4}}.</ref>.

Freud a consommé épisodiquement de la cocaïne, à partir de 1884<ref>{{Lien web|langue=de|url=http://www.sgipt.org/th_schul/pa/gesch/kokain.htm|titre=Freud un das kokain|site=sgipt.org|consulté le=8 juin 2010}}.</ref>{{,}}<ref name="Françoise Coblence" />. À l'époque, cette substance, récente, n'est pas interdite, la consommation de divers produits à la cocaïne est chose courante (le [[Coca-Cola]] en contint jusqu'en 1903) et apparaissait à certains médecins américains comme une panacée<ref name="Jaccard">{{Chapitre|langue=fr |auteur1=Roland Jaccard |titre chapitre=L'étudiant |titre ouvrage=Freud |lieu=Paris |éditeur=PUF |année=2009 |isbn=9782130576037 |passage=31-35}}</ref>. Il en a également prescrit en application nasale jusqu'en 1895, date à laquelle il entame son auto-analyse et aurait arrêté d'en prendre lui-même<ref name="Françoise Coblence" />. Dans un article datant de 1886, le {{Dr}} [[Albrecht Erlenmeyer]] met en garde la communauté médicale en termes précis, qualifiant la cocaïne de {{citation|troisième fléau de l'humanité}}<ref>{{Article|langue=de|auteur=[[Albrecht Erlenmeyer]]|titre=Ueber Cocainsucht|périodique=Deutsche Medizinal-Zeitung|volume=7|numéro=44|date=31 mai 1886|pages=483-484}}, cité dans {{Article|auteur=Françoise Coblence|titre=Freud et la cocaïne|périodique=[[Revue française de psychanalyse]]|année=2002/2|volume=66|isbn=2-13-052649-7|page=372|lire en ligne=http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=RFP&ID_NUMPUBLIE=RFP_662&ID_ARTICLE=RFP_662_0371}}.</ref>. Face aux critiques de plus en plus nombreuses, le {{Dr}} Johann Schnitzler, dans un article de la revue ''Internationale Klinische Rundschau'', en 1887, défend Freud, accusé d'en avoir propagé le recours. Ce dernier écrit un dernier article sur la [[cocaïne]] en 1887 et affirme que c'est le sujet qui est prédisposé et pas la drogue qui entraîne la [[toxicomanie]]<ref name="Jaccard"/>. Il se détourne ensuite totalement de son étude après avoir suggéré à son ami [[Ernst Fleischl von Marxow|Ernest von Fleischl-Marxrow]] de l'utiliser pour guérir de sa [[morphinomanie]]. Freud espérait guérir son addiction par la cocaïne. Cependant, Fleischl von Marxow devient dépendant de la cocaïne, puis revient à la morphine et meurt prématurément à {{nobr|45 ans}}, laissant Freud avec un très fort sentiment de culpabilité. Si le psychologue David Cohen parle d'[[addiction]] de Freud à la cocaïne et d'une consommation pendant une quinzaine d'années, selon [[Élisabeth Roudinesco]] et la philosophe et psychanalyste [[Françoise Coblence]], il en a pris pendant onze ans, n'était pas dépendant au produit et ne connaissait pas le phénomène d'accoutumance (ni les cas signalés dans la littérature médicale contemporaine)<ref>Élisabeth Roudinesco, ''Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre'', {{p.|55}}, Paris, Seuil, 2014</ref>{{,}}<ref name="Françoise Coblence" />. Les historiens Elizabeth M. Thornton (''[[The Freudian Fallacy]]''<ref>{{Ouvrage|lang=en|prénom1=E. M.|nom1=Thornton|titre=The Freudian fallacy : Freud and cocaine|éditeur=Paladin|date=1986|isbn=0-586-08533-5|isbn2=978-0-586-08533-2|oclc=59239700}}.</ref>) et {{lien|Howard Markel}} développent également la thèse d'une addiction de Freud à la cocaïne, qu'il a consommée jusqu'en 1896<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Roger A. |nom1=Brumback |titre=Book/Media Review: An Anatomy of Addiction: Sigmund Freud, William Halsted, and the Miracle Drug Cocaine |périodique=Journal of Evidence-Based Complementary & Alternative Medicine |volume=17 |numéro=3 |date=2012-10-01 |issn=2156-5872 |doi=10.1177/2156587212447134 |lire en ligne=https://doi.org/10.1177/2156587212447134 |consulté le=2021-09-28 |pages=222–224}}</ref>{{,}}<ref>{{Article |prénom1=James |nom1=Mills |titre=Howard Markel. An Anatomy of Addiction: Sigmund Freud, William Halsted, and the Miracle Drug Cocaine. New York: Vintage Books, 2012. |périodique=The Social History of Alcohol and Drugs |volume=27 |numéro=2 |date=2013-06 |issn=1930-8418 |issn2=2640-7329 |doi=10.1086/shad27020189 |lire en ligne=https://www.journals.uchicago.edu/doi/pdf/10.1086/SHAD27020189 |consulté le=2021-09-28 |pages=189–191}}.</ref>.

=== Occultisme et télépathie ===
{{Article connexe|Psychanalyse et télépathie|Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse#La trentième conférence : « Rêve et occultisme »}}
Dans la trentième conférence des ''[[Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse# Rêve et occultisme|Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse]]'' (1933) « Rêve et [[occultisme]] », sujet {{citation|litigieux entre tous}} d'après [[Alain de Mijolla]] eu égard à {{citation|tous les arguments qui doivent faire douter un esprit scientifique de l'existence de la [[Télépathie|transmission télépathique]]}}, Freud, qui a néanmoins pu observer le phénomène et en donne « quelques exemples d'observations, qui l'ont troublé, entre autres celle de Vorsicht/Forsyth », recommande en conséquence de {{citation|penser avec plus de bienveillance à la possibilité objective de la transmission de pensée et par là même aussi à la télépathie}}{{sfn|A. de Mijolla|2005|p=1185-1186}}{{,}}{{note|group=note|D'après Michel Picco, {{cita|Le seul exemple donné par S. Freud (1921a), du moins dans ses textes officiellement publiés, d’un cas de télépathie survenu dans le cours d’une analyse, est celui qui, depuis W. Granoff et J.-M. Rey (1983), peut être désigné sous le nom de « L’affaire Forsyth<ref name ="Picco"/>}}. Dès que le docteur Forsyth serait prêt à entamer une analyse didactique, la cure de M. P. devrait s'arrêter, (M. P. qui serait [[Sergueï Pankejeff]] selon [[Maria Torok]])<ref>{{Article |prénom1=Gilbert |nom1=Diatkine |titre=La gratuité de la cure analytique pour le patient et pour l'analyste |périodique=Revue française de psychanalyse |volume=77 |numéro=1 |date=2013 |issn=0035-2942 |issn2=2105-2964 |doi=10.3917/rfp.771.0036 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/rfp.771.0036 |consulté le=2021-08-29 |pages=36 }}</ref> ; Freud, qui n'avait plus aucun espoir dans l'évolution de sa cure et un nombre de places limitées, l'en avait prévenu ; ce patient y fit plusieurs allusions, le jour même de la visite du docteur, notamment par l'association ''[[:de:wikt:Vorsicht|Vorsicht]]'', (prévoyance en allemand), ''[[:en:wikt:foresight|foresight]]'' (prévoyance en anglais) avec le nom Forsyth. Sigmund Freud évoque plusieurs hypothèses, mais ne parvient pas à une explication satisfaisante, et selon Picco, il conclut {{cita|par un doute qui fait tout de même pencher un peu la balance du côté de sa croyance en l’existence de la télépathie}}<ref name ="Picco"/>.}}. Il avait écrit auparavant en 1921 un texte, {{citation|sans titre à l'origine}}, lu aux membres du « Comité secret » et retrouvé dans ses manuscrits, qui fut publié en 1941 sous le titre ''Psychoanalyse und Telepathie'' dans les ''Gesammelte Werke''<ref name="Notice_p100">Alain Rauzy, « Notice » à Freud, ''[[Psychanalyse et télépathie]]'' » (''Psychoanalyse und Telepathie'', 1921 pour l'écrit, 1941 pour la première publication), ''[[OCF.P]]'' {{vol.}} XVI : 1921-1923, Paris, PUF, {{p.|1991}} {{isbn|2 13 043472 X}}, {{p.|100}}.</ref>{{,}}{{note|group=note|D'après la notice des ''OCF.P'', le texte intitulé par la suite ''Psychanalyse et télépathie'' aurait dû comporter un ''Rapport préliminaire'' suivi de trois cas, mais Freud explique (''OCF.P'' XVI, {{p.|115}}) qu'il n'a pas pu intégrer le matériel du « troisième cas », celui du Dr Forsyth, oublié à Vienne. Le cas du Dr Forsyth figure dans la XXX{{e}} leçon de la ''[[Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse|Nouvelle suite des leçons d'introduction à la psychanalyse]]'' : « Rêve et occultisme »<ref name="Notice_p100"/>.}}. L'article « Rêve et télépathie », écrit probablement en décembre 1921 et paru en 1922 dans la revue ''[[Imago (revue)|Imago]]'', avait pour sous-titre « Conférence à la [[Société psychanalytique de Vienne]] », bien que les ''Minutes de Vienne'' n'en aient pas gardé la trace ; cette conférence ne fut sûrement pas prononcée<ref>Alain Rauzy, « Notice » à Freud, « Rêve et télépathie » (1921, ''[[OCF.P]]'' {{vol.}} XVI : 1921-1923, Paris, PUF, {{p.|1991}} {{isbn|2 13 043472 X}}, {{p.|120}}.</ref>.
« La signification occulte des rêves » (1925), troisième partie de ''Quelques suppléments à l'ensemble de [[L'Interprétation du rêve]]'', avait été publié à la fois dans les ''Gesammelte Schriften'', dans l'''Almanach 1926'' (paru en septembre 1925) et dans ''Imago''<ref name="Notice Sor">Alain Rauzy, « Notice » à Freud, ''Quelques suppléments à l'ensemble de L'Interprétation du rêve'' (''Einige Nachträge zum Ganzen der Traumdeutung'', 1925 [1925i]), ''[[OCF.P]]'' {{vol.}} XVII : 1923-1925, Paris, PUF, 1992, {{isbn|2 13 044302 8}}, {{p.|174-175}}</ref>.

Si Freud s'est intéressé à l'occultisme {{incise|en vogue à son époque{{note|group=note|Selon [[Odon Vallet]], l'[[occultisme]] apparaît en Europe au {{s-|XIX}}, à la suite de la perte d'influence du christianisme et en réaction au rationalisme, et est à relier au goût pour le mystère qui s'exprime avec l'apparition du roman policier à la même époque (par exemple [[Conan Doyle]] a consacré sa fin de vie à l'étude de l'occultisme et de nombreux auteurs connus se sont intéressés au paranormal<ref name="Odon Vallet">{{Chapitre|auteur1=Odon Vallet |titre chapitre=Occultisme |auteur ouvrage=Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire international de la psychanalyse|lieu=Paris |éditeur=Hachette |année=2005 |isbn=201279145X|passage=1209-1910}}</ref>). Par ailleurs, la psychologie et la psychiatrie de cette période sont particulièrement influencées par le [[magnétisme]] et le [[spiritisme]] tandis que le terme « [[télépathie]] » est inventé en 1882 par le psychologue [[Frederic William Henry Myers|Frederik Myers]]<ref name="Odon Vallet"/>}}}} comme nombre de ses contemporains, psychologues et autres savants, tels [[Pierre Curie|Pierre]] et [[Marie Curie]]{{note|group=note|Selon l'historienne de la psychologie, Régine Plas, les premiers psychologues ont tous mené, de près ou de loin, des recherches qui seraient rejetés aujourd'hui dans le domaine de la [[parapsychologie]], dont la télépathie{{note|Voir Régine Plas, ''Naissance d’une science humaine, la psychologie : les psychologues et le « merveilleux psychique »'', Rennes, PUR, 2000}}{{,}}<ref name="Rabeyron Evrard"/>. D'après le psychologue clinicien Thomas Rabeyron si une partie des phénomènes a été progressivement abandonnée, trois sociétés savantes ont poursuivi les recherches dites psychiques, la [[Society for Psychical Research]], créée en 1882 à Londres, l’{{lien|American Society for Psychical Research}}, en 1885 à New York (dont [[William James]] participe à la fondation) et l’[[Institut métapsychique international]], en 1919 à Paris, cette thématique suscitant un fort engouement : [[William James]], [[Charles Richet]], [[Pierre Curie|Pierre]] et [[Marie Curie]], [[Henri Bergson]], [[Édouard Branly]], [[Camille Flammarion]] participent, avec de nombreux membres de l’[[Académie nationale de médecine|Académie de médecine]], de l’[[Académie des sciences]] et d’hommes politiques connus, aux activités de ces sociétés<ref name="Rabeyron1">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thomas|nom1=Rabeyron|titre=Clinique des expériences exceptionnelles|éditeur=Dunod|date=2020-03-11|isbn=978-2-10-081232-5|page=30-31|consulté le=2021-08-24}}</ref>. Freud a de son côté été membre correspondant de la Society for Psychical Research à partir de 1911, puis membre d'honneur à partir de 1938, il a aussi été membre d'honneur de l'American Society for Psychical Research à partir de 1915<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thomas|nom1=Rabeyron|titre=Clinique des expériences exceptionnelles|éditeur=Dunod|date=2020-03-11|isbn=978-2-10-081232-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=WVXUDwAAQBAJ&pg=PT156|page=152|consulté le=2021-08-24}}</ref>, {{cita|tout en gardant, semble-t-il, ses distances avec ces mouvements}}, selon le psychiatre et psychanalyste Michel Picco<ref name="Picco">{{Chapitre |prénom1=Michel |nom1=Picco |titre chapitre=Télépathie, psychanalyse et filiation| auteur ouvrage=Marcel Sassolas |titre ouvrage=Transmissions et soins psychiques |éditeur=ERES |date=2009 |doi=10.3917/eres.sasso.2009.01.0225 |lire en ligne=https://www.cairn.info/transmissions-et-soins-psychiques--9782749211138-page-225.htm |consulté le=2021-08-26 |passage=225-242}}</ref>.}}, il a, d'après Roudinesco et Plon, {{cita|instaur[é] une ligne de démarcation très nette entre la psychanalyse comme science}} et ce qu'il nommait {{cita|la marée noire de l'occultisme}}, ce qui ne l'a pas empêché d'être fasciné par ce domaine et d'entretenir une ambivalence prononcée<ref name="R&P télé">{{Ouvrage| langue=fr |prénom1=Elisabeth |nom1=Roudinesco |lien auteur1=Élisabeth Roudinesco |prénom2=Michel |nom2=Plon |titre=Dictionnaire de la psychanalyse |éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]] |collection=[[La Pochothèque]] |lieu=Paris |année=2011 |année première édition=1997 |pages totales=1789 |passage=1547-1553 |isbn=978-2-253-08854-7 |titre chapitre=Télépathie}}</ref>. Selon le psychiatre et psychanalyste Michel Picco, {{cita|Freud ne témoigne d'aucun intérêt pour le spiritisme. […] Il dénonce les charlatans […]. En somme, le seul problème qu'il retienne comme véritablement sérieux, ce qu'il nomme "le noyau de vérité de l'occultisme", c'est la télépathie}}, intérêt {{cita|banal}} à son époque et dont fait également part, de son côté, [[Pierre Janet]] par exemple<ref name="Picco" />. En revanche, [[Ernest Jones]] la rejetait{{note|Jones n'avait que du mépris pour tout ce qui avait trait à l'occultisme et était inquiet du tort que pouvait faire à la psychanalyse l'intérêt de Freud pour l’hypothèse de la transmission de pensée (''{{lang|de|Gedankenübertragung}}'') . Il a néanmoins consacré dans sa [[La Vie et l'Œuvre de Sigmund Freud|biographie]] un chapitre sur le rapport de Freud et de l'occultisme<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Marsha Aileen|nom1=Hewitt|titre=Freud on Religion|éditeur=Routledge|date=2014-09-11|isbn=978-1-317-54590-3|lire en ligne=https://books.google.com.tr/books?id=oGZ_BAAAQBAJ&pg=PT82|page=82|consulté le=2021-08-13}}</ref>.|groupe=note}}, et Freud lui écrit en 1926<ref name="Bernachon-2004">{{Article |prénom1=Patrice |nom1=Bernachon |titre=De quelques mécanismes de transmission |périodique=Libres cahiers pour la psychanalyse |volume=10 |numéro=2 |date=2004 |issn=1625-7480 |issn2=2118-2760 |doi=10.3917/lcpp.010.0063 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/lcpp.010.0063 |consulté le=2021-08-26 |pages=63-72 }}.</ref> : {{cita|quand on alléguera devant vous que j'ai sombré dans le péché, répondez calmement que ma conversion à la télépathie est mon affaire personnelle […] et que le thème de la télépathie est par essence étranger à la psychanalyse<ref name="R&P télé"/>}}{{note|group=note|Selon le psychanalyste [[Michael Turnheim]], {{cita|Il n’est pas difficile de résumer les thèses ''officielles'' de Freud sur les phénomènes télépathiques : 1. La psychanalyse est une théorie du chiffrage-déchiffrage de tendances inconscientes et la télépathie n’appartient pas à ce domaine ; 2. Ce domaine analytique initial demande pourtant à être élargi pour rendre compte des effets de la pulsion de mort ; 3. La télépathie, si elle existe (possibilité que Freud ne veut nullement exclure), n’appartient pas non plus à ce champ plus large et ne justifie aucun élargissement supplémentaire de la théorie ; 4. Malgré la délimitation stricte de la télépathie par rapport au domaine analytique, des phénomènes télépathiques peuvent, en tant que matériel d’un rêve par exemple, entrer dans l’espace analytique proprement dit<ref>{{Article |prénom1=Michael |nom1=Turnheim |titre=Freud le médium |périodique=Psychanalyse |volume=12 |numéro=2 |date=2008 |issn=1770-0078 |issn2=1951-6320 |doi=10.3917/psy.012.0041 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/psy.012.0041 |consulté le=2021-08-26 |pages=41-53 }}</ref>.}}}}.

L'ambivalence de Freud à l'égard de l'occultisme, la télépathie surtout{{note|groupe=note|Comme le souligne Michel Picco, les positions de Freud à l'égard de la télépathie sont contradictoires, {{cita|sceptique ou réservé}} face à ses disciples enthousiastes (Jung, Ferenczi), et {{cita|presque convaincu}} devant un {{cita|ultra-sceptique}} tel que Jones, écrivant des textes qu'il ne publie pas ou ne prononce pas en conférence<ref name ="Picco"/>.}}, se constate chronologiquement, comme le rapportent Roudinesco et Plon : il y est d'abord pressé par [[Carl Gustav Jung|Jung]], en 1909, le réprouve, puis par [[Sándor Ferenczi|Ferenczi]] en 1910, qu'il encourage un temps, avant de condamner en 1913, au nom de la science, les expériences télépathiques<ref name="R&P télé"/> ; puis de 1920 à 1933, dans le contexte de l'institutionnalisation de l'IPA, mouvement qui met en son cœur le rationalisme positiviste et l'idéal de scientificité, au risque du scientisme, il s'y intéresse à nouveau et horripile Jones qui propose de bannir des débats de l'IPA toute recherche sur l'occultisme, ce que Freud accepte tout en rédigeant deux textes en 1921 et en prononçant une conférence en 1931 sur le sujet{{note|le premier, publié de façon posthume en 1941, sous le titre « Psychanalyse et télépathie », le second, « Rêve et télépathie » qui paraît dans ''[[Imago (revue)|Imago]]'' tandis que [[Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse#La trentième conférence : « Rêve et occultisme »|« Rêve et occultisme »]] sera publiée en 1933 dans les ''Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse''<ref name="R&P télé"/> ; voir également : {{Chapitre|prénom1=Daniel|nom1=Widlöcher|titre chapitre=Chapitre 1. La personne du psychanalyste et les processus d’empathie et de co-pensée|titre ouvrage=Les paradoxes de l’empathie : Philosophie, psychanalyse, sciences sociales|éditeur=CNRS Éditions |collection=Philosophie|date=2019-11-28|isbn=978-2-271-13002-0|lire en ligne=http://books.openedition.org/editionscnrs/17229|consulté le=2021-08-13|passage=137–146}} et {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Wladimir|nom1=Granoff|prénom2=Jean-Marie |nom2=Rey|prénom3=Sigmund|nom3=Freud|titre=La transmission de pensée: traduction et lecture de "Psychanalyse et télépathie" de Sigmund Freud|éditeur=Aubier|date=2005|isbn=978-2-7007-2441-7|lire en ligne=https://books.google.com.tr/books?id=l3sQAAAACAAJ|consulté le=2021-08-13}}.|groupe=note}}{{,}}<ref name="R&P télé"/>. Freud donne des exemples de situations prétendument occultes ou télépathiques en en proposant une interprétation proprement psychanalytique<ref name="R&P télé"/>{{,}}{{note|group=note|Des historiens ont montré la rigueur avec laquelle Freud avait abordé le sujet comme Patrick Moreau {{note|avec ''Freud et l'occultisme'' (1976)<ref name="Rabeyron Evrard"/>|groupe=note}} ou [[Bertrand Méheust]]{{Note|Avec ''Somnambulisme et médiumnité'' (1999)|groupe=note}}, Rabeyron et Evrard, à la suite d'autres comme [[Roland Gori]]{{note|Gori, R. (1996). Pensées de transfert ou transfert de pensée. La preuve par la parole : Sur la causalité en psychanalyse (51-73). Paris : PUF.|groupe=note}}, [[Daniel Widlöcher]]{{Note|Widlöcher, D. (2004). The third in mind. Psychoanalytic Quarterly, 73, 197-213|groupe=note}} ou encore [[Michael Turnheim]]{{Note|Turnheim, M. (2008). Freud le médium (Notes sur l’affaire de la télépathie). Psychanalyse, 12, 41-53.|groupe=note}} en donnent, à travers la correspondance entre Freud et Ferenczi, une interprétation psychanalytique notamment en termes transférentiels et contre-transférentiels, et d'inconscient et d'intersubjectivité<ref name="Rabeyron Evrard">{{Article |prénom1=Thomas |nom1=Rabeyron |prénom2=Renaud |nom2=Evrard |titre=Perspectives historiques et contemporaines sur l'occulte dans la correspondance Freud-Ferenczi |périodique=Recherches en psychanalyse |volume=13 |numéro=1 |date=2012 |issn=1767-5448 |issn2=1965-0213 |doi=10.3917/rep.013.0097 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/rep.013.0097 |consulté le=2021-08-24 |pages=97 }}</ref>.}}. Cette ambivalence n'est pas à comprendre comme un rejet ou une adhésion à la télépathie pour elle-même mais comme le moyen d'une opposition passive de Freud à la politique de Jones qui soutient les Américains partisans d'une psychanalyse médicalisée, scientiste, contre l'analyse profane<ref name="R&P télé"/>. Ainsi, selon Roudinesco et Plon, Freud feint de croire à la télépathie, et en donne une interprétation psychanalytique au regard de la notion de [[Transfert (psychanalyse)|transfert]]{{note| {{cita|[il] transforme la télépathie, phénomène occulte supposant une intervention de l'au-delà (les astres, la voyance ou le démoniaque) en un pur transfert de pensée auquel il convient de donner une interprétation psychanalytique. Mais en feignant d'adhérer à la télépathie, il joue à retourner à une vision quelque sorte "préfreudienne", préhypnotique ou magnétique de la relation [[Transfert (psychanalyse)|transférentielle]]<ref name="R&P télé"/>}}|groupe=note}}{{,}}<ref name="R&P télé"/>. Il est ainsi possible, selon Picco, qu'il emploie le terme par défaut d'un plus approprié{{note|Parmi les hypothèses, selon Picco, qui expliquent les ambivalences de Freud, l'une tient au fait que Freud utilise l'expression de télépathie {{cita|par défaut}}, à la place d'une conceptualisation plus exacte pour caractériser {{cita|le transfert bien sûr, l’archaïque, la formation du « moi », la transmission de contenus psychiques, les identifications, les rapports du sujet au groupe et les phénomènes de contagions psychiques}}, thèmes qu'il explore à la même période dans ''[[Psychologie des masses et analyse du moi]]'' publié en 1921<ref name ="Picco"/>|groupe=note}}.

== Critiques ==
{{Article détaillé|Critiques de la psychanalyse}}

=== Dissidences et schismes de la psychanalyse ===
{{Article détaillé|Psychologie individuelle|Psychologie analytique}}

Les principales querelles aboutissent, au cours du développement du mouvement psychanalytique, à des scissions majeures, d'abord celle d'[[Alfred Adler]] (qui fonde ensuite la [[psychologie individuelle]]), puis celle de [[Carl Gustav Jung]], initiateur de la [[psychologie analytique]]. Les points théoriques de désaccord sont nombreux, liés à la libido, au complexe d'Œdipe ou encore à l'importance de la sexualité dans le psychisme. Ces controverses se situent dès les années 1907 et 1911. Nommés les « apostats » par Freud, Adler, le premier, puis Jung ensuite, s'opposent à la conception de la libido comme essentiellement d'origine sexuelle et qu'ils voient plutôt comme une « pulsion de vie » au sens large. Freud craint par-dessus tout que les dissidents ne détournent la théorie et la pratique psychanalytique. [[Paul-Laurent Assoun]] souligne en effet que tous deux disent vouloir remettre la psychanalyse dans la bonne direction, et la sauver du culte de la personnalité formé autour de Freud<ref group="G">{{p.}}248-249.</ref>. La concurrence entre les diverses écoles, principalement entre le cercle viennois et l'école de Zurich de Jung, porte le coup le plus rude au jeune mouvement psychanalytique, et ce dès 1913, avec la défection de Jung. Les autres divergences internes se rapportent par exemple à la précocité du Surmoi telle que la décrit [[Melanie Klein]] ou [[Donald Winnicott]]<ref group="G">{{p.}}708.</ref>{{,}}<ref group="G">{{Citation|C'est ainsi que dès le début des années 1920, Freud consacre une bonne partie de ses textes à réagir à ce mouvement d'évolution interne}}, {{p.|706}}.</ref>, avec qui, en s'émancipant de l'héritage freudien tout en intégrant ses apports, commence le post-freudisme. L'opposition avec [[Wilhelm Reich]] porte elle essentiellement sur des différences foncières concernant la pratique de la cure psychanalytique, notamment à propos de la règle d'abstinence{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

=== Sur Freud et les ''Freud Wars'' ===
Longtemps, la plupart des ouvrages parlant de Freud se référaient presque exclusivement à la biographie d'[[Ernest Jones]], critiquée pour ses aspects [[hagiographie|hagiographiques]]. Après les études critiques de [[Pierre Janet]], de [[Karl Popper]], de nouvelles recherches historiques ont été initiées par [[Henri Ellenberger]]. Des ouvrages ou dossiers d'autres auteurs plus critiques, voire nettement polémiques, se sont ensuivis, tels ''Le Dossier Freud : enquête sur l'histoire de la psychanalyse'' (2006) de [[Mikkel Borch-Jacobsen]] et Sonu Shamdasani, ''[[Le Livre noir de la psychanalyse]]'' (2005), ''[[Le Crépuscule d'une idole]]'' (2010) de [[Michel Onfray]], ou encore ''[[Mensonges freudiens]]'' (2002) de Jacques Bénesteau{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

Une très grande collection des écrits originaux et des lettres freudiennes se trouve dans la ''{{lang|en|Sigmund Freud Collection}}'' de la Librairie du Congrès à [[Washington (district de Columbia)|Washington]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://lcweb2.loc.gov/service/mss/eadxmlmss/eadpdfmss/2004/ms004017.pdf|format=pdf|titre=Sigmund Freud. A Register of His Papers in the Sigmund Freud Collection in the Library of Congress|site=lcweb2.loc.gov|consulté le=15 septembre 2011}}, {{p.}}58.</ref>.

==== Sur Freud en son temps ====
De son vivant, Freud a eu à faire face à des critiques<ref group="C">{{p.}}661.</ref>.

Des contemporains, comme [[Karl Kraus]] et [[Egon Friedell]], portèrent diverses critiques ; Kraus récuse l'interprétation sexuelle psychanalytique en littérature alors que Friedell qualifie la psychanalyse de « pseudo-religion juive » et de « secte »<ref>{{Article|auteur=Gerald Stieg et Jean-François Laplénie|titre=Karl Kraus contre l'école de Freud ou comment délégitimer l'interprétation psychanalytique de la littérature|périodique=Savoirs et clinique|année=2005|numéro=6|page=53-58|lire en ligne=http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SC_006_0053&DocId=83862&Index=%2Fcairn2Idx%2Fcairn&TypeID=226&HitCount=104&hits=eeb+eea+edf+eda+ed9+e9d+e84+e82+e64+e63+e33+e1e+e1c+de2+dd9+d8a+d7e+d31+d30+c9c+bc1+b4a+aff+ae4+abb+a8b+a8a+a5c+a2f+a17+a0e+9bd+95c+953+8d9+8bc+893+812+7df+7d4+7d2+7be+7b1+77e+738+6d3+6b4+5bc+589+51d+4d8+4c2+4b4+4b2+492+442+430+403+3fc+3ee+3b5+394+37e+37a+362+35d+359+34e+34c+342+32a+328+2e4+2e2+2dc+2cf+2c1+2aa+2a0+29e+27c+248+247+237+227+20a+1c7+1c6+160+153+151+147+13a+139+12d+116+115+10a+109+74+73+7+2+1+0&fileext=html#}}.</ref>.

[[Paul Roazen]] publie quant à lui une étude sur les relations complexes entre Freud, [[Victor Tausk]] et [[Helene Deutsch]]. Tausk avait demandé une analyse à Freud, qui la lui avait refusée, avant de l'adresser à Deutsch. Cette dernière était alors elle-même en analyse chez Freud. Cette situation est abordée par Roazen, qui la met aussi en rapport avec les autres causes du suicide de Tausk<ref>{{Citation|Pour Roazen, Tausk aurait commis le suicide dans le cadre d’une manipulation, à dessein punitif, de la part de Freud, qui se serait exprimée dans les attitudes de rejet de ce dernier vis-à-vis de Tausk}}, explique [[German Arce Ross]] dans « Le suicide maniaque de Victor Tausk », ''Cliniques méditerranéennes'', 2/2002, {{numéro}}66, {{p.}}155-174, [http://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2002-2-page-155.htm consultable en ligne sur ''cairn.info''].</ref>.

==== ''Freud Wars'' aux États-Unis ====
Selon l'anthropologue Samuel Lézé, les ''[[Freud Wars]]'', qu'il observe comme {{citation|une énigme locale}}, sont une expression courante dans la [[Presse aux États-Unis]] entre 1993 et 1995 : il s'agit d'une {{citation|série de polémiques}} dont curieusement l'objet {{citation|portait essentiellement sur la ''personnalité de Freud''}}, alors que pourtant, précise Lézé, la psychanalyse {{citation|n'est plus aux manettes de la psychiatrie américaine}} depuis au moins le milieu des années 1980 et que les facultés de psychologie ne l'enseignent plus<ref name="Lézé">Samuel Lézé, ''Freud Wars: Un siècle de scandales'', Paris, Presses universitaires de France / Humensis, 2017, {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=LQszDwAAQBAJ&dq=inauthor:%22Samuel+L%C3%A9z%C3%A9%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s}}, extraits e-book : {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=LQszDwAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=inauthor:%22Samuel+L%C3%A9z%C3%A9%22&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwivwNa3ha7qAhVozoUKHW76AkIQ6AEwAXoECAMQAg#v=onepage&q&f=false}}.</ref>. Un ''remake'' a lieu en [[France]] dix ans plus tard entre 2005 et 2010 à l'occasion du ''Livre noir de la psychanalyse'' et surtout du ''Crépuscule d'une idole. L'affabulation freudienne'' de [[Michel Onfray]]<ref name="Lézé"/>. D'après Samuel Lézé, l'enjeu de cette « guerre des psys » dans les médias français et les essais critiques est politique en fait : {{citation|une génération nouvelle de professionnels de la santé mentale entend prendre la place de l'ancienne génération formée dans le giron de la psychanalyse au début des années 1980}}<ref name="Lézé"/>.

Dans un compte-rendu de l'ouvrage de Lézé, Yannis Gansel affirme qu'{{cita|aux États-Unis, où l’emprise religieuse et la construction de la juridiction médicale sur les « problèmes personnels » contiennent la psychanalyse dans la sphère clinique, c'est un « Freud scientifique » que les critiques visent}}<ref name="Gansel">{{Article |langue=fr |prénom1=Yannis |nom1=Gansel |titre=Samuel Lézé, ''Freud Wars. Un siècle de scandales'' |périodique=Lectures |date=2017-12-06 |issn=2116-5289 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/lectures/23903 |consulté le=2019-10-31}}</ref>. D'après Gansel, Lézé décrit dans son livre {{citation|le « débat immobile » et la « cérémonie de dégradation » sans fin opérés par les anti-freudiens}}<ref name="Gansel"/>. Le mouvement des anti-freudiens opère en effet sous deux aspects : celui d'une critique rationnelle (un débat) et celui d'une dénonciation morale correspondant à une dégradation<ref name="Gansel"/>. Pour Yannis Gansel, l’originalité du livre consiste à {{citation|montrer à quel point la critique dépend de l’icône qu’elle entend enterrer}}<ref name="Gansel"/>.

=== Les critiques théoriques ===
En France, la critique théorique est représentée par un ouvrage collectif et multidisciplinaire, ''[[Le Livre noir de la psychanalyse]]'' (2005), corpus d'articles publié sous la direction de Catherine Meyer, et qui reflète plusieurs décennies de critiques à l'égard de Freud. La plupart des points critiques sont abordés, de la scientificité de la psychanalyse à la personnalité de Freud, en passant par les contradictions, la fabrication suspectée de cas psychopathologiques et de fausses guérisons<ref name="Krivine" />. Se basant sur des études épidémiologiques, selon ces auteurs la faible efficacité thérapeutique de la méthode psychanalytique par rapport à d'autres techniques psychothérapeutiques, comme les [[thérapies cognitivo-comportementales]] est mise en évidence. Cet ouvrage a suscité des réactions dans divers milieux psychiatriques, thérapeutiques et psychanalytiques, relançant ainsi des conflits d'intérêts sous-jacents. En réponse à ces critiques, la psychanalyste Élisabeth Roudinesco a dirigé un ouvrage intitulé ''Pourquoi tant de haine ? : anatomie du Livre noir de la psychanalyse'' (2005)<ref name="Krivine">{{Article|url=http://www.pseudo-sciences.org/article.php3?id_article=541/|titre=Les arguments des détracteurs du ''Livre noir de la psychanalyse''|auteur=Jean-Paul Krivine|périodique=Science et pseudo-sciences|numéro=271|date=mars 2006|pages=17–23}}.</ref>. D’autres psychanalystes et psychiatres ont critiqué l'ouvrage<ref>''International Journal of Psychoanalysis'' 87:5, 2006, {{DOI|10.1516/3JYE-39CB-8QN2-0W58}}</ref>{{,}}<ref>Annales Médico Psychologiques'', volume 164 (2006) {{DOI|10.1016/j.amp.2006.10.007}}''</ref>{{,}}<ref>[http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFP_702_0571 ''Revue française de psychanalyse'', volume 70, 2006]</ref>.

[[Frank Sulloway]] a développé quant à lui dans ''Freud biologiste de l'esprit'' (1979) la thèse selon laquelle Freud aurait produit un modèle « cryptobiologique » dans le but de masquer ses théories biologiques reconnues comme déjà obsolètes à son époque par certains de ses partisans, tel [[Ernst Kris]], afin de présenter la psychanalyse comme une théorie révolutionnaire et originale<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://library.northsouth.edu/Upload/Freud%20and%20His%20Critics.pdf|titre=Freud and his critics|auteur=Paul Robinson|éditeur=University of California Press|année=1993}}, {{p.|4 et 11}}.</ref>. [[Jacques Lacan]], quant à lui, estime que l’œuvre de Freud est à comprendre sous l'angle du langage et non sous celui de la biologie, affirmant notamment que « l'inconscient est structuré comme un langage »{{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

L'essayiste et polémiste français [[Michel Onfray]] publie en avril 2010 ''[[Le Crépuscule d'une idole|Le Crépuscule d'une idole : l'affabulation freudienne]]'', dans lequel il reproche notamment à Freud d'avoir généralisé son cas personnel, d'avoir été un médecin médiocre, d'avoir développé la théorie psychanalytique sans suivre une démarche scientifique, en mentant sur ses observations et sur les guérisons obtenues, aux seules fins d’assurer sa réussite personnelle et financière, et d'avoir fondé la communauté psychanalytique sur des principes quasi-sectaires. Il souligne également que Freud a signé une dédicace à [[Benito Mussolini]] et qu'il a écrit ''L'homme Moïse et le monothéisme'' en plein essor du nazisme et de l'antisémitisme. L'intéressé reprend les critiques du freudisme connues et développées avant lui, en utilisant une grille d'interprétation d'inspiration nietzschéenne. En novembre 2010, il publie ''Apostille au crépuscule : pour une psychanalyse non freudienne'', où il propose un modèle psychologique permettant de « dépasser » la psychanalyse freudienne<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Émile Jalley|titre=Le Débat sur la psychanalyse dans la crise en France|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|pages totales=259|passage=67-70|isbn=978-2-296-56182-3|numéro chapitre=II|titre chapitre=Toujours Onfray}}.</ref>.

Le livre du neurologue [[Lionel Naccache]], ''Le nouvel inconscient'', montre clairement comment les processus cérébraux correspondent à ce qui, chez Freud, est l’[[inconscient]] en tant que « représentation non représentée »<ref name="BrèsF2b">Yvon Brès, « Freud aux deux bouts », ''Revue philosophique de la France et de l'étranger'', vol. tome 133, no. 1, 2008, {{p.|43-62}} {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-philosophique-2008-1-page-43.htm}}.</ref>. Par contre, remarque le philosophe [[Yvon Brès]], Naccache {{citation|critique d’une manière intéressante mais discutable d’autres aspects de l’inconscient freudien : son intemporalité, son origine infantile, son rapport au [[refoulement]]}}<ref name="BrèsF2b"/>. Pour Jacques Galinier, les travaux de Lionel Naccache sur les phénomènes d'amorçage sémantique inconscient ont démontré l'existence d'un inconscient cognitif qui ne saurait être assimilé à l'inconscient freudien<ref>{{Chapitre|auteur=Jacques Galinier|titre=Lionel Naccache, ''Le nouvel inconscient : Freud, Christophe Colomb des neurosciences''|titre ouvrage=L’Homme|pages=187-188|année=2008|lire en ligne=http://lhomme.revues.org/index20782.html}}.</ref>.

La théorie freudienne du rêve centrée sur la satisfaction hallucinatoire du désir dissimulé grâce aux mécanismes de déplacement, condensation et dramatisation a aussi été critiquée<ref group="F">{{en}} J. Allan Hobson, ''Dreaming : a very short introduction'', Oxford, 2002.</ref>, tant dans la fonction attribuée aux rêves que dans son processus. Selon le psychologue, sociologue et essayiste [[G. William Domhoff]] et le psychologue cognitiviste David Foulkes, l'idée selon laquelle l'[[association libre]] permet d'accéder au contenu latent du rêve est infirmée par des travaux de psychologie expérimentale qui ont conclu au caractère arbitraire de cette méthode<ref>{{en}} Foulkes D., ''A grammar of dreams'' (1978), Basic Books, 1998 et Domhoff G.W., ''The scientific study of dreams'', American Psychological Association, 2003</ref>.

D'après le neuroscientifique Winson en 1985, l’association libre de Freud est une méthode valide qui permet l'accès au contenu latent<ref>J. Winson, ''Brain and psyche'', Double Day, New York, 1985, {{p.|153}}</ref>. Le neuropsychiatre [[Allan Hobson]] a critiqué l’ouvrage de Domhoff en lui reprochant de méconnaître les mécanismes neurobiologiques qu'il étudie<ref>J. Allan Hobson, « Book Review: The Scientific Study of Dreams, by G. William Domhoff. APA Press, 2002 » in ''Dreaming'', September 2003, Volume 13, Issue 3, {{p.|187-191}}</ref> et {{Lien|langue=en|fr=Drew Westen}} remarque que Foulkes partage des points de vue avec la théorie de Freud, notamment qu'il existe un contenu latent et un contenu manifeste qui en est la transformation, et que cette transformation relève d'un langage à déchiffrer<ref>{{citation|Une perspective cognitive qui partage bien des points de vue avec la théorie de Freud, est la perspective cognitive proposée par un chercheur qui étudia le rêve, David Foulkes (…). Foulkes comme de nombreux psychologues psychodynamiques contemporains, ne se contente pas de la conclusion relative à signification latente du rêve, à savoir un désir inconscient. Il propose à la place que les rêves soient simplement l'expression de préoccupations courantes d'un type ou d'un autre, traduites dans un langage ayant sa propre grammaire spécifique.}} Drew Westen, ''Psychologie : pensée, cerveau et culture'', De Boeck Supérieur, 2000, {{p.|496}}</ref>. Selon le neurologue [[Bernard Lechevalier]], il y a compatibilité entre la conception psychanalytique du rêve et les [[neurosciences]]<ref>« Comment l’inconscient psychanalytique peut-il être perçu par un neurologue ? […] Quant au rêve, état original “ni veille, ni sommeil”, nous ne voyons pas d’obstacle neurologique à le considérer comme une forme de pensée particulière, non aléatoire, utilisant un mode symbolique correspondant à l’activation d’ensembles de réseaux préformés pendant les stades de sommeil paradoxal » in Séverine Lestienne et Françoise Lotstra « Neuroplasticité et inconscient, sujets d'articulation entre psychanalyse et neurosciences », ''Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux'', 2/2009 ({{n°|43}}), {{p.|35-45}}, {{DOI|10.3917/ctf.043.0035}}</ref>. Le chercheur en neuroscience et prix Nobel [[Eric Kandel]] a émis quelques critiques vis-à-vis de la psychanalyse<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Eric R.|nom1=Kandel|titre=Psychiatry, Psychoanalysis, and the New Biology of Mind|éditeur=American Psychiatric Pub|date=2008-05-20|pages totales=440|isbn=978-1-58562-684-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=KCkkoXVyKQcC&pg=PA69|consulté le=2018-07-12}}</ref> mais concède qu'elle « représente encore la conception de l'esprit la plus cohérente et la plus satisfaisante intellectuellement »<ref>« Psychoanalysis still represents the most coherent and intellectually satisfying view of the mind » ''in'' {{Article |prénom1=Eric R. |nom1=Kandel |lien auteur1=Eric Kandel |titre=Biology and the Future of Psychoanalysis: A New Intellectual Framework for Psychiatry Revisited |périodique=American Journal of Psychiatry |volume=156 |numéro=4 |éditeur=American Psychiatric Association |jour=1 |mois=avril |année=1999 |ISSN=0002-953X |url texte=http://psychiatryonline.org/data/Journals/AJP/3699/505.pdf |consulté le=27 septembre 2014 |pages=505-524 }}</ref>.

=== Les critiques religieuses et politiques ===
{{Article détaillé|Freudo-marxisme}}

En 1952, le pape [[Pie XII]] prononce un discours devant les participants du {{Ve}} Congrès international de psychothérapie et de psychologie clinique qui reconnait la psychanalyse, mais relativise le pouvoir descriptif de ses concepts. Ainsi, si la psychanalyse décrit ce qui advient dans l'âme, elle ne peut prétendre décrire et expliquer ce que l'âme est pour autant<ref name="SPP">{{Lien web|url=http://www.spp.asso.fr/main/histoirepsy/Histoire/Items/10.htm|titre=La psychanalyse dans la société française|site=Société psychanalytique de Paris|consulté le=16 septembre 2011}}.</ref>.

Avant la [[Révolution de 1917]], la Russie est le pays où Freud est le plus traduit. Après la prise de pouvoir par les bolcheviks, il y eut des rapprochements entre la pensée de Freud et celle de [[Karl Marx]]. Cependant, par la suite, {{Citation|quand [[Trotski]], qui était très favorable à la psychanalyse, fut condamné à l'exil en 1927, la psychanalyse fut associée au trotskisme et officiellement interdite}} explique [[Eli Zaretsky]]<ref>Entretien d'[[Eli Zaretsky]] à propos de ''Sigmund Freud. La révolution de l'intime'', dans le hors-série ''Le Monde, une vie, une œuvre'', {{p.}}72.</ref>. En 1949, Guy Leclerc publie dans ''[[L'Humanité]]'' l'article « La psychanalyse, idéologie de basse police et d'espionnage »<ref>Numéro du 27 janvier 1949.</ref>, dans lequel il considère la psychanalyse comme une science bourgeoise destinée à asservir les foules. Dès lors, après en avoir accepté l'importance avec le [[freudo-marxisme]], le [[Parti communiste français]] commence sa campagne contre la psychanalyse, et plus largement contre la [[psychanalyse en France]]<ref name="SPP" />.

=== Les critiques épistémologiques ===
[[Fichier:Karl Popper.jpg|vignette|redresse|[[Karl Popper]], pour qui le critère d'une théorie scientifique est sa « [[falsifiabilité]] », considère les énoncés psychologiques de la [[psychanalyse]] comme [[Pseudo-scientifique|pseudo-scientifiques]].]]

Une partie des critiques envers Freud et la psychanalyse porte sur la question de sa scientificité. [[Ludwig Wittgenstein]] a par exemple dit : {{Citation|Freud a rendu un mauvais service avec ses pseudo-explications fantastiques. N’importe quel âne a maintenant ces images sous la main pour expliquer, grâce à elles, des phénomènes pathologiques<ref>{{en}} Ludwig Wittgenstein, ''Lecture and Conversations on Aesthetics, Psychology and Religious Belief'', Cyril Balett et H. Blackwell, Oxford, 1966, {{p.|41}}.</ref>.}} Le philosophe [[Michel Haar]] (''Introduction à la psychanalyse. Analyse critique'', 1973) et les cognitivistes [[Marc Jeannerod]] et Nicolas Georgieff<ref>Article « Psychanalyse et science(s) », 2000.</ref> dressent le panorama de ces critiques tenant de l'[[épistémologie]]. Les critiques de Freud, à son époque et aujourd'hui, mettent en effet en cause tantôt la scientificité de sa démarche, sa méthodologie (notamment le faible nombre de cas, ou l'interprétation littéraire), son aspect hautement spéculatif également, son incohérence théorique, l'absence de validation expérimentale ou d'études cliniques rigoureuses (contrôlées et reproductibles), des manipulations de données et de résultats cliniques et thérapeutiques<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Legrand|titre=Psychanalyse, science, société|volume=130|éditeur=[[Mardaga (éditions)|Éditions Mardaga]]|collection=Psychologie et sciences humaines|année=1983|pages totales=280|passage=101-106|isbn=978-2-87009-191-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=T5UFB_tplb4C&printsec=frontcover}}.</ref>.

Dans ''La Psychanalyse à l'épreuve'' (1992), [[Adolf Grünbaum]] explique que Freud ne démontre rien sur le plan scientifique : {{Citation|le caractère rétrospectif du test propre au cadre psychanalytique est incapable d'authentifier de manière fiable ne serait-ce que l'existence de l'expérience d'enfance rétrodictée (…), et encore moins son rôle pathogène}}<ref>{{harvsp|id=Grünbaum, 1999|texte=Adolf Grünbaum, 1999|p=71}}.</ref>. Bien que critique envers la psychanalyse, Grünbaum s'oppose par ailleurs à un autre détracteur des travaux de Freud : [[Karl Popper]]. Ce dernier explique que : {{Citation|Les « observations cliniques », qui sont naïvement considérées par les psychanalystes comme des confirmations de leur théorie, ne sont pas plus probantes que les confirmations quotidiennes que les astrologues trouvent dans leur pratique. Quant à l'épopée freudienne du Moi, du Surmoi et du Ça, elle ne peut pas plus sérieusement prétendre à un statut scientifique que les histoires qu'Homère a collectées sur l'Olympe. Ces théories décrivent certains faits, mais à la façon des mythes. Elles contiennent des énoncés psychologiques des plus intéressants, mais qu'on ne peut soumettre à vérification}}<ref>{{harvsp|id=Popper, 1963|texte=Karl Popper, 1963|p=37-38}}.</ref>. Le critère de sa [[Réfutabilité|falsifiabilité]] (sa « [[réfutabilité]] » en d'autres termes) occupe l'essentiel de leur débat. Contrairement à Popper qui regarde la psychanalyse comme non réfutable donc pseudo-scientifique, Grünbaum pense que certaines assertions psychanalytiques peuvent être testées, comme le lien supposé par Freud entre paranoïa et refoulement de l'homosexualité (si le second était bel et bien la cause nécessaire de la première, des sociétés moins homophobes devraient connaître une prévalence moins importante de paranoïa){{Référence nécessaire|date=24 avril 2023}}.

À l'endroit de la notion de « falsification » chez Popper qui lui ferait rattacher la psychanalyse {{citation|tout à la fois à la [[métaphysique]] et à la [[Mythe|pensée mythique]]}}, le psychanalyste [[Jean Laplanche]] objecte que Freud {{citation|invoque à de nombreuses reprises l'éventualité de ce qu'il nomme, entre guillemets, le « cas négatif », par exemple comme possibilité de falsification de sa théorie de l'[[étiologie]] sexuelle}}<ref name="JLmt">[[Jean Laplanche]], « La psychanalyse: mythes et théorie », dans: Jean Laplanche, ''Entre séduction et inspiration : l'homme'', Paris, PUF, 1999, {{p.|264-267}}{{ISBN|2-13-049994-5}}.</ref>. Selon lui, c'est {{citation|de la même façon, par une épreuve de falsification}}, que Freud {{citation|procède aussi bien dans son « abandon de la [[théorie de la séduction]] », que dans le texte qui se propose d'examiner « un cas de [[paranoïa]] contredisant la théorie psychanalytique de cette affection}}<ref name="JLmt"/>. Laplanche évoque aussi l'accueil par Freud de l'objection de [[Melanie Klein]], qui « falsifie » la théorie freudienne de l'héritage chez un individu de la sévérité du [[Surmoi]] des parents, à laquelle elle oppose au contraire son observation clinique {{citation|que bien souvent les individus se sentent d'autant plus coupables que leur éducation a été plus tolérante}}<ref name="JLmt"/>. Jean Laplanche s'inscrit ainsi en faux contre l'assertion selon laquelle l'[[Interprétation (psychanalyse)|interprétation psychanalytique]] {{citation|serait par définition inaccessible à la contradiction}}<ref name="JLmt"/>.

Selon Vannina Micheli-Rechtman, les critiques de Grünbaum et Popper ne prennent pas assez en compte l'épistémologie propre à la psychanalyse<ref>« De la même manière, la contestation du caractère falsifiable de la psychanalyse par Popper, ou du caractère scientifique de la psychanalyse par Grünbaum, repose en grande partie sur une démarche délibérément extérieure au champ propre de la psychanalyse. Là encore, ces démarches pourraient sembler légitimes si la psychanalyse ne possédait pas sa propre épistémologie. On regrettera que celle-ci soit si souvent absente de ces débats. » in Vannina Micheli-Rechtman « L'efficacité de la psychanalyse : une question épistémologique », ''Figures de la psychanalyse'' 1/2007 ({{n°|15}}), {{p.|167-177}}. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-figures-de-la-psy-2007-1-page-167.htm}}.</ref>. Ainsi, la psychanalyse est avant tout « une pratique de communication et une pratique de soin », selon [[Daniel Widlöcher]], qui rappelle cette phrase de Lacan « "la psychanalyse est une science des actions humaines au même titre qu’un certain nombre de sciences des actions". C'est-à-dire que c’est une pratique d’actions (on fait quelque chose avec quelqu’un d’autre) et de cela on déduit des généralités qu’on va élaborer comme des modèles. La psychanalyse construit des modèles » descriptifs au même titre que la science économique<ref>Marie-Frédérique Bacqué « Questions à Daniel Widlöcher », ''[[Le Carnet Psy]]'' 8/2005 ({{n°|103}}), {{p.|31-41}}. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2005-8-page-31.htm. DOI : 10.3917/lcp.103.0031}}. L'auteur ajoute « Est-ce qu’on a jamais demandé à un ministre des finances de s’assurer qu’il y avait eu une étude randomisée avec vérification en double-aveugle pour savoir quelle attitude était meilleure que telle autre ? Jamais ! Les économistes utilisent des modèles, ces modèles sont plus ou moins pertinents, et les gestionnaires de l’économie, pour des raisons d’opportunisme, de prise en compte d’un contexte individuel (la situation dans une société donnée à un moment donné), disent “on va se servir de tel modèle, ça va mieux marcher que tel autre modèle” : on fait un modèle à la Keynes, ou on fait un modèle néo-libéral, et on l’exploite, on se comporte en fonction de ce modèle. Et bien, la psychothérapie et la psychanalyse en particulier se comportent en fonction de modèles. »</ref> ou d'autres sciences sociales, comme l'ethnologie<ref>Markos Zafiropoulos « Psychanalyse et pratiques sociales ou la preuve par la psychanalyse », Recherches en psychanalyse 1/2004 (no 1), {{p.|97-118}}. {{lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/revue-recherches-en-psychanalyse-2004-1-page-97.htm}}. DOI : 10.3917/rep.001.0097. L'auteur parle « d' "Archilien" entre la psychanalyse et les sciences sociales, trouvant son expression la plus achevée dans la formule de Lévi-Strauss saisissant la psychanalyse comme une science sociale ».</ref>. Elle n'en adopte pas moins la même rationalité que la rationalité scientifique, comme le montre, par exemple, [[Jean-Michel Vappereau]]<ref>Jean-Michel Vappereau, « Psychanalyse et sciences ; du fondement du discours de l’analyse », in Analyse Freudienne, « Éthique de la déliaison », {{n°|16-17}}, Printemps automne 1998, L'Harmattan, 1999. {{p.|107}} et suiv.</ref>. Mais là où les sciences expérimentales évacuent la subjectivité pour atteindre l'objectivité, la psychanalyse s'attache à ce qui est propre à structurer la subjectivité, à travers un objet (l'inconscient) et un protocole (le « divan ») qui lui sont propres et parfaitement rationnels<ref>Michel Lapeyre et Marie-Jean Sauret, « La psychanalyse avec la science », ''Cliniques méditerranéennes'' 1/2005 (no 71), {{p.|143-168}}.{{lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2005-1-page-143.htm}}. DOI : 10.3917/cm.071.0143.</ref>.

== Chronologie rapide ==
* 1856 : naissance à Freiberg en Moravie, actuelle République tchèque.
* 1860 : la famille Freud s'installe à Vienne.
* 1881 : Freud obtient son diplôme de médecine à l'université de Vienne.
* 1883 : Freud étudie le cas « Anna O», porté à sa connaissance par Josef Breuer.
* 1885 : Freud séjourne dans le service de Jean-Martin Charcot à la Salpêtrière.
* 1886 : Freud s'établit comme médecin à Vienne et épouse Martha Bernays.
* 1895 : Freud commence son auto-analyse et découvre l'Œdipe.
* 1896 : première utilisation du terme « psychanalyse ».
* 1899 : publication de ''L'Interprétation des rêves''.
* 1905 : parution de ''Trois essais sur la théorie sexuelle''.
* 1908 : Freud et ses disciples fondent la Société viennoise de psychanalyse.
* 1920 : Freud élabore la seconde topique de l'appareil psychique.
* 1938 : après l'annexion de l'Autriche par les nazis, Sigmund Freud s'exile en Angleterre.
* 1939 : Freud meurt à l'âge de {{nobr|83 ans}}, à Maresfield Gardens, Hampstead, Londres.

== Œuvres ==
[[Fichier:Die Traumdeutung.jpg|vignette|redresse|Couverture de ''[[L'Interprétation des rêves]]'' (1900)]]

=== Traductions ===
{{Article détaillé|Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse}}
La toute première traduction d'un texte de Freud en français {{citation|par un certain M.W. Horn}}<ref name="MijollaIp">{{Chapitre| auteur1 =[[Alain de Mijolla]]| titre chapitre = intérêt de la psychanalyse (L'-)| auteur ouvrage = Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage = [[Dictionnaire international de la psychanalyse]]|id=A. de Mijolla|passage=869-871|année=2005|éditeur=Hachette Littératures|isbn=2-0127-9145-X}}.</ref> est celle de ''[[L'Intérêt de la psychanalyse]]'', publié en [[1913]] à [[Bologne]] dans la revue italienne ''Scientia''<ref name="Notice IntP" />{{,}}<ref name="Jones">Ernest Jones, ''La vie et l'œuvre de Sigmund Freud'', 2 / Les années de maturité 1901-1919 (New York, 1955), traduction française d'[[Anne Berman]] (1961), Paris, PUF, 4{{e}} édition: 1988 , {{isbn|2 13 041481 8}}, {{p.|228-233}}.</ref>{{,}}<ref group=note>Dans une note d'Ernest Jones, il est indiqué : {{citation|Traduction française par W. Horn, dans ''Scientia'', 7{{e}} année, Bologne}}.</ref>. Le texte y est {{citation|présenté simultanément en allemand, dans le corps de la revue, et en français dans un fascicule joint qui contient d'autres traductions}}<ref name="MijollaIp"/>.

Par la suite, les premières traductions d'articles de Freud en français l'ont été notamment par [[Henri Hoesli]] pour la ''[[Revue française de psychanalyse]]''. Les traductions de livres, parfois recueils d'articles, sont éditées par de nombreux éditeurs : Payot, [[Gallimard]], PUF, Alcan. [[Anne Berman]] a été par exemple la traductrice de plusieurs ouvrages de Freud, d'Anna Freud et de Ernest Jones. Les Presses universitaires de France ont publié de 1988 à 2019 les ''[[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse]]'' sous la direction scientifique de [[Jean Laplanche]]. Cette traduction a été objet de controverses, du fait de ce que Laplanche définit comme {{Citation|une exigence de fidélité au texte allemand}}, mais que ses contradicteurs voient comme un exercice formaliste, comportant des [[néologisme]]s qui en rendent la compréhension difficile<ref>{{Article|auteur=Patricia Cotti, Théo Leydenbach et Bertrand Vichyn|titre=Quelle traduction pour la ''{{lang|de|Traumdeutung}}'' ?|périodique=Le Champ Psychosomatique|année=2003|numéro=31|pages=25-45}}.</ref>. Le volume ''Traduire Freud'' (1989) tente d'expliquer et de justifier les principes auxquels se réfère cette grande entreprise d'une nouvelle traduction des ''Œuvres complètes de Freud'' en France.

En allemand, dix-sept volumes sont parus entre 1942 et 1952, intitulés ''{{lang|de|Gesammelte Werke}}''. En anglais, vingt-quatre volumes paraissent entre 1953 et 1974 sous le titre de ''[[Standard Edition]]''. En 2010, la situation des traductions des œuvres change radicalement puisque les écrits de Freud sont entrés dans le [[Domaine public (propriété intellectuelle)|domaine public]]<ref>{{Article|titre=Freud dans le domaine public|auteur=Philippe Chevallier|périodique=L'Express|date=27 janvier 2010|lire en ligne=http://www.lexpress.fr/culture/livre/freud-dans-le-domaine-public_844789.html}}.</ref>.

=== Listes chronologiques des textes freudiens (choix) ===
{{Article connexe|Bibliographie de Sigmund Freud}}
Les écrits de Freud traduits en français, présentés ci-dessous avec la première année de publication en langue allemande entre parenthèses, peuvent être répertoriés d'après plusieurs sources bibliographiques situées dans des ouvrages sur Freud, dont par exemple la bibliographie établie par [[Élisabeth Roudinesco]]<ref>Recension des ouvrages et articles (hors correspondances) établie d'après une bibliographie établie par É. Roudinesco : {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Élisabeth|nom1=Roudinesco|lien auteur1=Élisabeth Roudinesco|titre=Sigmund Freud|sous-titre=En son temps et dans le nôtre|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2014|pages totales=577|isbn=978-2-02-118379-5|isbn2=2-02-118379-3|id=Roudinesco, 2014|passage=537-547}}</ref> et celle établie par [[Jean-Michel Quinodoz]]<ref>[[Jean-Michel Quinodoz]], {{Ouvrage|titre=Lire Freud : Découverte chronologique de l’œuvre de Freud|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Hors collection|année=2004|pages totales=324|isbn=978-2-13-053423-5}} {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/lire-freud--9782130534235-page-305.htm}} et {{Ouvrage|langue=fr|titre=Sigmund Freud|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Que sais-je?|année=2015|pages totales=128|isbn=978-2-13-065227-4}} Bibliographie: {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/sigmund-freud--9782130652274-page-123.htm}}
</ref>. Avec les nouvelles traductions aux [[Presses universitaires de France|PUF]] des ''[[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse]] — OCF.P'' (1988-2019), les écrits psychanalytiques de Sigmund Freud sont aujourd'hui disponibles en français dans leur totalité : l' ''Index général'' ({{vol.|21}}) comporte une « Bibliographie de Freud » complète des écrits de Freud traduits dans les vingt volumes précédents des ''OCF.P'' où ils sont classés dans l'ordre chronologique de leur rédaction en allemand et de leurs premières parutions<ref>{{Chapitre| auteur1 =François Robert| titre chapitre = Bibliographie de Freud| auteur ouvrage = François Robert|titre ouvrage = Sigmund Freud. [[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse|Œuvres complètes / Psychanalyse]] Volume XXI Index général |id=Index. BiblioF|passage=31-47|année=2019|éditeur=PUF / Humensis |isbn = 978-2-13-078640-5}}.</ref>.

==== Écrits de la période prépsychanalytique ====
La période prépsychanalytique comprend les écrits de Freud datant de sa formation médicale et de ses premiers travaux.

* « Écrits sur la cocaïne » (''Über Coca'', 1884 [https://archive.org/details/Freud_1885_Coca/page/n1/mode/2up]), « Contribution à la connaissance des effets de la coca » (1885), regroupés avec d'autres articles et la correspondance sur ce même sujet dans {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|titre=De la cocaïne|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Éditions Complexe]]|année=1976|pages totales=95|isbn=2-914388-76-4}}. Retraduit en ''Un peu de cocaïne pour me délier la langue'', Max Milo Éditions, 2005 {{isbn|978-2870270004}}
* ''[[Contribution à la conception des aphasies]] : une étude critique'' (1891), Paris, Puf, 1996 {{ISBN|2130415474}}
* « Charcot » (1893) in ''Résultats, idées, problèmes'', Paris, Puf, 1984

==== Écrits de la période de la cure cathartique ====
* ''[[Études sur l'hystérie]]'' (en collaboration avec Josef Breuer) (1895), Paris, Puf, 2002 {{ISBN|2130530699}}

==== La première topique ====
[[Fichier:Freud Totem und Tabu 1913.jpg|vignette|redresse|''[[Totem et Tabou]]'' (1913)]]

* ''[[L'Interprétation du rêve]]'' (1900), Paris, PUF, ''[[OCF.P]]'' IV, 2005 {{ISBN|213052950X}} ; Paris, PUF, 2010, coll. "Quadrige".
* ''[[Sur le rêve]]'' (1901), Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1990 {{ISBN|2070325547}} ; Paris, PUF, OCF.P, V, {{p.|15-71}}.
* ''[[Psychopathologie de la vie quotidienne]]'' (1901) ; Paris, PUF, OCF.P, V, {{p.|73-176}} ; Paris, Puf, « Quadrige », 2024.
* « Fragment d’une analyse d’hystérie » ([[Ida Bauer|Dora]]) (1905) in ''Cinq psychanalyses'', Paris, PUF, 1966 ; Paris, PUF, OCF.P, VI.
* ''[[Trois essais sur la théorie sexuelle]]'' (1905), Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1989 {{ISBN|2070325393}} ; Paris, PUF, OCF.P, VI; Paris, PUF, coll. "Quadrige", 2010, {{ISBN| 2130579531}}
* ''[[Le Mot d'esprit et sa relation à l'inconscient]]'' (1905), Paris, Gallimard, Folio, 1992 {{ISBN|978-2070327218}} ; Paris, PUF, OCF.P, VI.
* ''[[Le délire et les rêves dans la « Gradiva » de W. Jensen]]'' (1907), Paris, PUF, 2007 {{ISBN|2130548253}}.
* « Analyse d'une phobie d'un petit garçon de cinq ans » ([[Herbert Graf|Le petit Hans]]) (1909) in ''Cinq psychanalyses'', Paris, Gallimard, 1935 ; Paris, PUF, OCF.P, IX, {{p.|1-130}}.
* « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle » ([[L'homme aux rats]]) (1909) in ''Cinq psychanalyses'', Paris, Gallimard, 1935 ; Paris, PUF, OCF.P, IX, {{p.|131-214}}.
* ''[[Cinq leçons sur la psychanalyse]]'' (1910), Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 {{ISBN|2228894087}}.
* « À propos de la psychanalyse dite "sauvage" » (1910) réédité sous le titre : ''La question de l'analyse profane'', Paris, Gallimard, Folio, 1998 {{ISBN|2-07-040490-0}}.
* ''[[Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci]]'' (1910), Paris, Gallimard, Folio Bilingue, 2003 {{ISBN|2070706656}}.
* « Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d'un cas de paranoïa » ([[Daniel Paul Schreber|Le président Schreber]]) (1911) in ''Cinq psychanalyses'', Paris, Gallimard, 1935 ; Paris, PUF, OCF.P, X, {{p.|225-304}}.
* « La Dynamique du [[transfert (psychanalyse)|transfert]] » (1912) in ''La technique psychanalytique'', Paris, PUF, 2007, coll. « Quadrige Grands textes » {{ISBN|2-13-056314-7}}.
* ''[[Totem et Tabou]]'' (1912), Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 {{ISBN|2228894079}} ; Paris, PUF, OCF.P, XI, {{p.|189-386}}.
* ''[[L'Intérêt de la psychanalyse]]'' (1913) traduit par [[Paul-Laurent Assoun]] dans S. Freud, ''Résultats, idées, problèmes I'', Paris, PUF,, 1985, {{p.|187-213}}; « L'intérêt que présente la psychanalyse », traduit par François Robert, dans ''[[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse]]'', Paris, PUF, OCF.P {{vol.}} XII : 1913-1914, Paris, PUF, {{isbn|2 13 052517 2}}, {{p.|95-125}}.
* « Le ''Moïse'' de Michel-Ange » in ''L'inquiétante étrangeté et autres essais'', Paris, Gallimard, 1985.
* « [[Pour introduire le narcissisme]] » (1914) in ''Œuvres complètes de Freud, vol. XII, 1913-1914'', Paris, PUF, 2005 {{ISBN|2130525172}}.
* « Remémoration, répétition, et élaboration » (1914) in ''La technique psychanalytique'', Paris, PUF, 2007, coll. « Quadrige Grands textes » {{ISBN|2-13-056314-7}}.
* « Extrait de l’histoire d’un névrose infantile » ([[l'homme aux loups]]) (1914) in ''Cinq psychanalyses'', Paris, PUF, 1954 ; Paris, PUF, OCF.P, XIII, {{p.|1-118}}.
* ''Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique'' (1914) in ''Œuvres complètes'', {{vol.}}12 (1913-1914), Paris, PUF, 2005 {{ISBN|2-13-052517-2}}.
* « Considérations actuelles sur la guerre et la mort » (1915) in ''Essais de psychanalyse'', Paris, Payot, 1981 ; ''[[Actuelles sur la guerre et la mort]]'', ''OCF.P'' {{vol.}} 13 : 1914-1915, Paris, PUF, 1988 {{ISBN|2-13-041809-0}}, 1994 {{ISBN|2-13-042148-2}}, 2005 {{ISBN|2-13-055009-6}}, {{p.|127-157}}.
* ''[[Métapsychologie]]'' (1915-1917), Puf, 2010 {{ISBN|2-13-057957-4}} de nombreux articles dont « [[Deuil et mélancolie]] » (1917)<ref name="Quinodozchrono">{{Ouvrage|auteur1=[[Jean-Michel Quinodoz]]|titre=Lire Freud. Découverte chronologique de l'œuvre de Freud|éditeur=PUF|année=2004|passage=159-179|titre chapitre=Métapsychologie, S. Freud (1915-1917)}}{{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/lire-freud--9782130534235-page-159.htm}}</ref> ; Paris, PUF, OCF.P, XIII, {{p.|159-302}}.
* ''Vue d'ensemble des névroses de transfert : un essai métapsychologique'' (1915-1917), Paris, Gallimard, 1985 {{ISBN|2-07-070685-0}}<ref name="Quinodozchrono"/>.
* ''[[Introduction à la psychanalyse]]'' (1916-1917), Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 {{ISBN|2-228-89405-2}}.
* « Une difficulté de la psychanalyse » (1917) in ''L'inquiétante étrangeté et autres textes'', Paris, Gallimard Folio, 1985 {{ISBN|2-07-032467-2}}.
* « On bat un enfant. Contributions à l'étude de la genèse des perversions sexuelles » (1919) in ''Névrose, Psychose et Perversion'', Paris, PUF, 1973.
* « [[L'Inquiétante Étrangeté]] » in ''L'inquiétante étrangeté et autres essais'', Paris, Gallimard, 1985 {{ISBN|2-07-032467-2}}.

==== La seconde topique ====
[[Fichier:Freud Unbehagen Kultur 1930.jpg|vignette|redresse|''[[Malaise dans la civilisation]]'', 1929]]

* ''[[Au-delà du principe de plaisir]]'' (1920) in ''Essais de psychanalyse'', Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 {{ISBN|2-228-89399-4}} ; OCF.P, XV, {{p.|273-338}}.
* ''[[Psychologie des masses et analyse du moi]]'' (1921), Puf, coll. Quadrige Grands textes, 2010, {{ISBN|2-13-058500-0}} ; OCF.P, XVI, {{p.|1-83}}.
* « De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l'homosexualité »<ref>[http://www.megapsy.com/textes/freud/Biblio080.htm De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l'homosexualité Partie 1]</ref>{{,}}<ref>[http://www.megapsy.com/textes/freud/Biblio081.htm De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l'homosexualité partie 2]</ref>{{,}}<ref>[http://www.megapsy.com/textes/freud/Biblio082.htm De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l'homosexualité partie 3]</ref> (1922).
* ''[[Le Moi et le Ça]]'' (1923), Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2010 ; OCF.P, XVI, {{p.|255-301}}.
* « L’organisation génitale de la vie sexuelle infantile » (1923) ; OCF.P, XVI, {{p.|303-310}}.
* « Le problème économique du masochisme » (1924) in ''Œuvres complètes'', tome XVII, 1923-1925, Puf {{ISBN|2-13-044302-8}}.
* ''Ma vie et la psychanalyse'' (1925) (retraduit par F. Cambon sous le titre ''[[Sigmund Freud présenté par lui-même]]'', Paris, Gallimard, 1984).
* « Résistances à la psychanalyse » (1925).
* « Note sur le "Bloc-notes magique" » (1925).
* « La négation » (1925).
* « Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes » (1925).
* ''[[Inhibition, symptôme et angoisse]]'' (1926), Puf, 2005 {{ISBN|2-13-054980-2}} ; OCF.P, XVII, {{p.|203-286}}.
* ''[[La question de l'analyse profane]]'' (1926), d'abord traduit par Marie Bonaparte en 1928 sous le titre ''Psychanalyse et médecine'', retraduit en 1985, Folio - Gallimard, 1998 {{ISBN|2-07-040490-0}}).
* « Le fétichisme » (1927).
* ''[[L'Avenir d'une illusion]]'' (1927), Puf, 2004 {{ISBN|2-13-054702-8}} ; OCF.P, XVIII, {{p.|141-197}}.
* ''[[Malaise dans la civilisation]]'' (1930) in ''Le Malaise dans la Culture'', Puf, 2004 {{ISBN|2-13-054701-X}} ; OCF.P, XVIII, {{p.|245-333}}.
* « Sur la sexualité féminine » (1932).
* ''[[Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse]]'' (''Neue Folge der Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse'', 1933) in ''Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse'' (1984), Gallimard, 1989 {{ISBN|2-07-032518-0}}, ''OCF.P'' {{vol.}}19 : 1931-1936, Paris, PUF, {{p.|83-268}} {{isbn|2 13 047055 6}}.
* ''[[Pourquoi la guerre ?]]'' (1933) en collaboration avec [[Albert Einstein]], Rivages, 2005 {{ISBN|2-7436-1364-5}}, [http://squiggle.be/PDF_Matiere/Pourquoi%20la%20guerre_Freud%20et%20Einstein.pdf en ligne{{pdf}}]
* « Analyse terminée et analyse interminable » (1937) in ''Œuvres complètes - psychanalyse : volume 20 : 1937-1939'', (OCF) Puf, 2010, {{ISBN|2130565948}}. Traduit aussi sous le titre « L’analyse finie et l’analyse infinie », in ''L’analyse finie et l’analyse infinie suivi de Constructions dans l’analyse'', Quadrige, Puf, 2019.
* « Un mot à propos de l’antisémitisme » (1938) in Œuvres complètes - psychanalyse : volume 20 : 1937-1939, (OCF) Puf, 2010, {{ISBN|2130565948}}.
* ''[[Moïse et le monothéisme]]'' (1939) in ''L'homme Moïse et la religion monothéiste'', Gallimard, 1993, {{ISBN|2-07-032741-8}} ou in ''Œuvres complètes - psychanalyse : volume 20 : 1937-1939'', (OCF) Puf, 2010, {{ISBN| 2130565948}}.
* ''[[Abrégé de psychanalyse]]'' (1940), Puf, 2001 {{ISBN|2-13-044442-3}}.

==== Correspondances ====
* Sigmund Freud, ''Correspondance (1873-1939)'', Édition d'Ernst L. Freud avec la collaboration de Jean-Pierre Grossein, traduction d'[[Anne Berman]], Collection Connaissance de l'Inconscient, Gallimard, 1966. Nouvelle édition augmentée, Gallimard, 1979. Présentation sur le site de l'éditeur {{lire en ligne|lien=https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Connaissance-de-l-Inconscient/Correspondance3}}
* Sigmund Freud, Karl Abraham, ''Correspondance complète : 1907-1925'', Paris, Gallimard, coll. « Connaissance de l'inconscient », 2006 {{ISBN|2-07-074251-2}}
* ''Cartes postales, notes & lettres de Sigmund Freud à Paul Federn (1905-1938)'', traduit de l’allemand par Benjamin Lévy, avec la collaboration de C. Woerle pour la transcription, Introduction par le Groupe de travail Paul Federn (F. Houssier, D. Bonnichon, A. Blanc et X. Vlachopoulou), Les éditions d'Ithaque, 2018, {{ISBN|978-2-916120-87-4}}
* Sigmund Freud, Sándor Ferenczi, Paris, Calmann-Lévy :
** ''Correspondance 1908-1914'', {{t.|1}}, 1996 {{ISBN|2702120857}}
** ''Correspondance 1914-1919'', {{t.|2}}, 1997.
** ''Correspondance. 1920-1933 Les années douloureuses'', {{t.|3}}, 2000 {{ISBN|2702131050}}
* Sigmund Freud, Ernest Jones, ''Correspondance complète, 1908-1939'', Paris, PUF, 1998, coll. « Histoire de la psychanalyse », {{ISBN|2-13-048636-3}}
* Sigmund Freud, Oskar Pfister, ''Correspondance avec le pasteur Pfister, 1909-1939'', Gallimard, 1966, Paris, Gallimard, 1991, coll. « Tel », {{ISBN|2-07-072293-7}}.
* Lou Andreas-Salomé, ''Correspondance avec Sigmund Freud : 1912-1936'', Paris, Gallimard, 1970 {{ISBN|2-07-027003-3}}.
* Sigmund Freud, Carl-Gustav Jung, ''Correspondance 1906-1914'', Paris, Gallimard, 1992 {{ISBN|2-07-072159-0}}.
* Sigmund Freud, Ludwig Binswanger, ''Correspondance, 1908-1938'', Paris, Calmann-Lévy, 1995 {{ISBN|2-7021-2374-0}}.
* Sigmund Freud, Stefan Zweig, ''Correspondance'', Paris, Rivages, 1991, coll. « Petite Bibliothèque Rivages » {{n°|166}}, 2013 {{ISBN|9782743624583}}.
* ''Sigmund Freud et Romain Rolland, correspondance 1923-1936'', Paris, PUF, 1993 {{ISBN|2-13-044746-5}}
* ''Lettres à [[Wilhelm Fliess|Fliess]]'',
** dans : ''La naissance de la psychanalyse'' (1956) : Lettres à Wilhelm Fliess, notes et plans (1887-1902), suivi de l' ''[[Esquisse pour une psychologie scientifique]]'', réédition Paris, PUF, 2009, {{ISBN|978-2-13-057812-3}}
** Sigmund Freud, ''Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904'', Édition complète établie par [[Jeffrey Moussaieff Masson|J. M. Masson]], traduction de Françoise Kahn et François Robert, Paris, PUF, 2006 {{ISBN|2130549950}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sigmund Freud, [[Eduard Silberstein]], Walter Boehlich (éd.)|traducteur=A.J. Pomerans|titre=The Letters of Sigmund Freud to Eduard Silberstein, 1871-1881|éditeur=[[Harvard University Press]]|année=1991|pages totales=244|isbn=978-0-674-52827-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=U6WMTHf1u5QC&printsec=frontcover}}.
* ''Lettres de famille de Freud et des Freud de Manchester'', Paris, PUF, 1996, {{ISBN|2-13-047119-6}}.
* « Correspondance inédite avec Ernst Simmel 1918 », ''Psychanalyse à l'Université'', 1983, {{ISSN|0338-2397}}.
* Stéphane Michaud (dir.), ''Correspondances de Freud'', Paris, Presse Sorbonne nouvelle, 2007 {{ISBN|2-87854-407-2}}.
* Sigmund Freud, Max Eitingon, ''Correspondance 1906-1939'', Paris, Hachette, 2009, {{ISBN|2-01-235749-0}}.
* Sigmund Freud, ''Lettres à ses enfants'', Paris, Aubier, 2012.
* Sigmund Freud et Minna Bernays, ''Correspondance 1882-1938'', Paris, Le Seuil, 2015.
* Sigmund Freud et Eugen Bleuler, ''Lettres 1904 -1937'', Gallimard, coll. « Connaissance de l'inconscient », 2016. {{ISBN|2070101312}}
* {{de}} Sigmund Freud, [[Martha Bernays]],
** ''Die Brautbriefe [Les « lettres de fiançailles »], Bd 1 (Juni 1882-Juli 1883), Sei mein, wie ich mir's denke'', Gerhard Fichtner, Ilse Grubrich-Simitis, Albrecht Hirsmüller (éd.), Francfort, Fischer Verlag, 2011, {{ISBN|978-3-10-022807-9}} Présentation chez l'éditeur {{lire en ligne|lien=https://www.fischerverlage.de/buch/sigmund-freud-martha-bernays-sei-mein-wie-ich-mir-s-denke-9783100228079}}
** ''Unser Roman in Fortsetzungen''. Die Brautbriefe Bd. 2, Sigmund Freud, Brautbriefe, Band 2, Herausgegeben von: Gerhard Fichtner, Ilse Grubrich-Simitis, Albrecht Hirschmüller, Fischer Verlag, 2013, {{isbn|978-3-10-022812-3}}. Présentation chez l'éditeur {{lire en ligne|lien=https://www.fischerverlage.de/buch/sigmund-freud-martha-bernays-unser-roman-in-fortsetzungen-9783100228123}}
** ''Warten in Ruhe und Ergebung, Warten in Kampf und Erregung'', Die Brautbriefe Bd. 3, Sigmund Freud, Brautbriefe, Band 3, Herausgegeben von: Gerhard Fichtner, Ilse Grubrich-Simitis, Albrecht Hirschmüller, Fischer Verlag, {{isbn| 978-3-10-022813-0}}, 2015, Présentation chez l'éditeur {{lire en ligne|lien=https://www.fischerverlage.de/buch/sigmund-freud-martha-bernays-warten-in-ruhe-und-ergebung-warten-in-kampf-und-erregung-9783100228130}}
** ''Spuren von unserer komplizierten Existenz'', Die Brautbriefe Bd. 4, Sigmund Freud, Brautbriefe, Band 4, Herausgegeben von: Gerhard Fichtner, Ilse Grubrich-Simitis, Albrecht Hirschmüller, Fischer Verlag, 2019, {{isbn|978-3-10-022814-7}}. Présentation chez l'éditeur {{lire en ligne|lien=https://www.fischerverlage.de/buch/sigmund-freud-martha-bernays-spuren-von-unserer-komplizierten-existenz-9783100228147}}
* {{Ouvrage |auteur1=Marie Bonaparte|auteur2=Sigmund Freud|traducteur=Olivier Mannoni |préface=Rémy Amouroux|titre=Correspondance intégrale 1925-1939|éditeur=Flammarion |année=2022|pages totales=1084 |isbn=2080264575}}.

== Freud dans la culture ==
=== Cinéma et Web ===
Dans son éditorial à un numéro de la revue ''[[Topique (revue)|Topique]]'' sur le thème de « L'image de la psychanalyse au cinéma », [[Sophie de Mijolla-Mellor]] s'interroge sur la manière dont le cinéma a pu {{citation|populariser la psychanalyse, et même contribuer à l’étude de l’imaginaire de notre psyché}}, non sans avoir rappelé les craintes de Freud pour qui une représentation plastique des abstractions théoriques par l’art cinématographique ne pouvait être qu'infidèle<ref name="Top131">[[Sophie de Mijolla-Mellor]], « Éditorial », ''[[Topique (revue)|Topique]]'', 2015/2 (n° 131), {{p.|5}}. DOI : 10.3917/top.131.0005. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-topique-2015-2-page-5.htm}}</ref>. Alors qu'au début du {{s-|XXI}}, le statut social de la psychanalyse aussi bien que sa validité épistémologique sont remis en question, une étude des représentations de la psychanalyse au cinéma, dit-elle, {{citation|s’insère dans une réflexion plus large sur la place que la discipline créée par Freud tient actuellement dans la [[culture occidentale]] contemporaine}}<ref name="Top131"/>.

{{citation|Si la psychanalyse ne fut guère représentée au cinéma au cours de la première moitié du {{s-|XX}}, la seconde se révéla plus prolifique}}, mais c'est plutôt le {{s-|XXI}} qui se montre inventif pour restituer à l’écran la réalité d’une séance analytique<ref name="TrichetMarion">Yohan Trichet, Élisabeth Marion, « La pratique analytique de Freud à l’écran selon John Huston, Benoît Jacquot et David Cronenberg », ''[[Bulletin de psychologie]]'', 2017/1 (Numéro 547), {{p.|59-71}}. DOI : 10.3917/bupsy.547.0059. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2017-1-page-59.htm}}.</ref>. Ainsi s'expriment Yohan Trichet et Élisabeth Marion, qui ont choisi de commenter ''[[Freud, passions secrètes]]'' de [[John Huston]] (''{{lang|en|Freud, the Secret Passion}}'', [[1962 au cinéma|1962]]), ''[[Princesse Marie]]'' ([[2003 au cinéma|2003]]) de [[Benoît Jacquot]] et ''[[A Dangerous Method]]'' de [[David Cronenberg]] (2011), où ces deux derniers cinéastes mettent en scène la pratique de Freud avec deux célèbres patientes devenues psychanalystes, [[Marie Bonaparte]] et [[Sabina Spielrein]]<ref name="TrichetMarion"/>. Dans ''{{lang|en|A Dangerous Method}}'' de Cronenberg, d'après un scénario et une pièce de théâtre de [[Christopher Hampton]], Freud est incarné par [[Viggo Mortensen]]. Selon Francis Drossart, la {{citation|ténébreuse affaire}} de la relation entre [[Carl Gustav Jung]] et son analysante Sabina Spielrein, fut probablement à l’origine du texte de Freud sur « l'amour de [[Transfert (psychanalyse)|transfert]] » (1915)<ref>Sigmund Freud, ''Observations sur l’amour de transfert'' (1915), tr.fr. Paris, PUF, 1954.</ref>{{,}}<ref name="Drossart">Francis Drossart, « ''A dangerous method'', un film de D. Cronenberg », ''[[Topique (revue)|Topique]]'', 2015/2 (n° 131), {{p.|47-52}}. DOI : 10.3917/top.131.0047. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-topique-2015-2-page-47.htm}}</ref>. ''[[Freud's Last Session]]'' ([[2023 au cinéma|2023]]) d'après une pièce de théâtre, met en scène une rencontre fictive en 1939 entre le psychanalyste et [[C. S. Lewis]] sur l'existence de [[Dieu]]<ref>{{Lien web|url= https://www.latimes.com/entertainment/arts/la-xpm-2013-jan-05-la-et-cm-freud-last-session-santa-monica-20130106-story.html|titre= Sigmund Freud and C.S. Lewis meet. Discuss|site= The Los Angeles Times|date= 05-01-2013|langue= en}}</ref>.

==== Documentaires ====
* ''Sigmund Freud - l'invention de la psychanalyse'' ([[1997 au cinéma|1997]]) consiste en deux [[Documentaire|documentaires]] de 55' réalisés par Élisabeth Kapnist et écrits avec [[Élisabeth Roudinesco]], diffusion sur [[France 3]] et [[Arte]]<ref>{{Article|langue=Français|auteur1=Agnès Buiche - Céline Chevalier - Nadia Refsi|titre=PROFIL
Jacques Lacan, la psychanalyse réinventée|périodique=Revue|date=12 septembre 2001|lire en ligne=https://psychaanalyse.com/pdf/lacan_psychanalyse_reinventee.pdf|accès url=libre|format=PDF|pages=9}}</ref>.
* Dans ''Sigmund Freud un juif sans Dieu'' (2019), réalisé par [[David Teboul]], le cinéaste s’est penché sur le cas Freud : son film {{citation|est construit à la manière d’une [[Cure psychanalytique|cure analytique]], par associations imagées et résonances}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=“Sigmund Freud, un juif sans dieu” sur Arte : entrez dans la tête du père de la psychanalyse |url=https://www.telerama.fr/television/sigmund-freud,-un-juif-sans-dieu-sur-arte-entrez-dans-la-tete-du-pere-de-la-psychanalyse,n6621514.php |site=Télérama |date=2020-04-06 |consulté le=2022-05-26}}</ref>.

=== Littérature ===
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1={{Lien|langue=en|trad=Michael Shepherd (psychiatrist)|fr=Michael Shepherd (psychiatre)|texte=Michael Shepherd}} |titre=Sherlock Holmes et le cas du docteur Freud |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Flammarion]] |année=1992 epages totales=30 |isbn=2-257-10498-6}} : Shepherd compare les méthodes respectives de [[Sherlock Holmes]] et de Freud<ref>{{lien|lang=en|Gerald Russell}}, [http://pb.rcpsych.org/cgi/reprint/20/10/632?maxtoshow=&hits=10&RESULTFORMAT=&fulltext=Gerald+Russell&searchid=1&FIRSTINDEX=0&resourcetype=HWCIT ''Michael Shepherd: Obituary''], ''Psychiatric Bulletin'', (1996), 20, {{p.|632-637}}.</ref>.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[François-Olivier Rousseau]] |titre=Princesse Marie |sous-titre=roman |lieu=Paris/Issy-les-Moulineaux |éditeur=[[Éditions du Seuil]] |année=2004 |pages totales=217 |isbn=2-02-061235-6}}<ref>Présentation sur le site de l'éditeur {{lien web|titre=Princesse Marie
Co-auteur : François-Olivier Rousseau|site=seuil.com|url=https://www.seuil.com/ouvrage/princesse-marie-francois-olivier-rousseau/9782020612357|consulté le=28 mai 2022}}.</ref>
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Tobie Nathan]] |titre=Mon patient Sigmund Freud |sous-titre=roman |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin]] |année=2006 |pages totales=466 |isbn=2-262-02112-0}}<ref>Présentation en ligne, quatrième de couverture {{lien web|titre=Tobie Nathan : Mon patient Sigmund Freud|site=ethnopsychiatrie.net|url=https://www.ethnopsychiatrie.net/monpatient.htm|consulté le=28 mai 2022}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=Mon patient Sigmund Freud, émission "Partir avec… Tobie Nathan" par Marie-Pierre Planchon|date=14-01-2013|site=franceinter.fr|url=https://www.franceinter.fr/oeuvres/mon-patient-sigmund-freud-0|consulté le=28 mai 2022}}</ref>.

== Astronomie ==
* [[(4342) Freud]], [[astéroïde]].

== Musées Freud ==
* [[Maison natale de Sigmund Freud]] de [[Příbor]] en [[République tchèque]].
* [[Musée Sigmund Freud de Vienne]] en [[Autriche]]
* [[Freud Museum]] de [[Londres]] au [[Royaume-Uni]]

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=note}}

=== Sources utilisées ===
==== Œuvres de Sigmund Freud ====
* {{Ouvrage
 | langue=fr
 | auteur1=Sigmund Freud
 | traducteur=Samuel Jankélévitch
 | titre=Contributions à l'histoire du mouvement psychanalytique dans Cinq leçons sur la psychanalyse
 | éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]]
 | collection=Petite bibliothèque Payot
 | année=1966
 | isbn=2-228-88126-0
}}
{{Références|colonnes=3|groupe=E}}

* Sigmund Freud, « XXXI{{e}} Conférence », dans ''[[Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse]]'', Paris, Gallimard, 1984 ; « XXXIe Leçon. La décomposition de la personnalité psychique », ''Nouvelles suite des leçons d'introduction à la psychanalyse'' (1932 [1933]), in ''OCF.P'', {{vol.}}19 : 1931-1936, Paris, PUF, 1995 {{ISBN|2-13-047055-6}} ; 2004 {{ISBN|2-13-054233-6}}, {{p.|140-163}}.
{{Références|colonnes=3|groupe=H}}

* Autres œuvres de Freud citées

{{Références|colonnes=3|groupe=Freud}}

==== Ouvrages de référence ====
* {{Ouvrage
 | langue=fr
 | auteur1=[[Lydia Flem]]
 | titre=L'Homme Freud
 | sous-titre=une biographie intellectuelle
 | lieu=Paris
 | éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]
 | collection=La librairie du {{s-|XX}}
 | année=1991
 | pages totales=278
 | isbn=2-02-013308-3
}}
{{Références|colonnes=3|groupe=A}}

* {{Ouvrage
 | langue=fr
 | auteur1=[[René Major]] et Chantal Talagrand
 | titre=Freud
 | lieu=Paris
 | éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]
 | collection=Folio biographies
 | année=2006
 | pages totales=337
 | isbn=2-07-032090-1
}}
{{Références|colonnes=3|groupe=B}}

* {{Ouvrage
 | auteur1=[[Alain de Mijolla]]
 | titre=[[Dictionnaire international de la psychanalyse]]
 | éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]
 | année=2005
 | isbn=2-01-279145-X
 | id=Dip
}}{{Commentaire biblio|Article « Sigmund Freud » et autres entrées connexes}}
{{Références|colonnes=3|groupe=C}}

* {{Ouvrage
 | auteur1=[[Henri Ellenberger]]
 | titre=Histoire de la découverte de l'inconscient
 | lieu=Paris
 | éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]
 | année=2008
 | pages totales=975
 | isbn=978-2-213-61090-0
 | isbn2=2-213-61090-8
 | id=Hdi
}}{{Commentaire biblio|Chapitre {{romain|VII}} : « Sigmund Freud et la psychanalyse »}}
{{Références|colonnes=3|groupe=D}}

* {{Ouvrage
 | langue=fr
 | auteur1=[[Paul-Laurent Assoun]]
 | titre=La Psychanalyse
 | lieu=Paris
 | éditeur=[[Presses universitaires de France|Puf]]
 | collection=Quadrige manuels
 | année=2007
 | pages totales=765
 | isbn=978-2-13-056012-8
}}
{{Références|colonnes=3|groupe=G}}

=== Autres sources utilisées ===
{{Références nombreuses|colonnes=3 }}

=== Ouvrages cités mais non utilisés ===
{{Références|colonnes=2|groupe=F}}

== Annexes ==
{{Autres projets |commons=Sigmund Freud |wikiquote=Sigmund Freud |wikisource=Sigmund Freud |wikibooks=Œuvres de Sigmund Freud}}
{{catégorie principale}}

=== Bibliographie complémentaire ===
{{Article détaillé|Bibliographie en psychanalyse}}
{{légende plume}}

==== Biographies ====
(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs:)
* {{Ouvrage|auteur1=[[Piera Aulagnier|Piera Aulagnier-Spairani]], [[André Green]], [[Jean Laplanche]]et [[Marthe Robert]]|titre=Sigmund Freud|éditeur=Inculte éditions|collection=Collectif-Essai|année=2009|isbn=978-2-916940-03-8|isbn2=2-916940-03-0|id=Laplanche et alii, 2009}}
* {{Ouvrage|auteur1=K.R. Eissler et Ilse Grubrisch-Simitis|titre=Sigmund freud|sous-titre=Lieux, visages, objets|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2006|isbn=978-2-07-011846-5|id=Eissler}} {{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Peter Gay]]|titre=Freud, une vie|éditeur=Hachette littératures|année=1991|id=Gay, 1991}}
{{commentaire biblio|2 tomes : {{t.}}1 {{ISBN|2-01-279054-2}} ; {{t.}}2 {{ISBN|2-01-279055-0}}.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gérard Huber|titre=Si c’était Freud|sous-titre=Biographie psychanalytique|lieu=Lormont|éditeur=Le Bord de l'Eau|année=2009|pages totales=919|isbn=978-2-35687-041-4|id=Huber, 2009}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Ernest Jones]]|titre=La vie et l'œuvre de Sigmund Freud|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Quadrige grands textes|année=2006|id=Jones, 2006}} {{plume}}
{{commentaire biblio|3 tomes : {{t.}}1 {{ISBN|2-13-055692-2}} ; {{t.}}2 {{ISBN|2-13-055693-0}} ; {{t.}}3 {{ISBN|978-2-13-055694-7}}}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Alain de Mijolla]]|titre=Freud, fragments d'une histoire. Qui êtes-vous Sigmund Freud ?|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=2003|pages totales=382|isbn=2-13-053360-4|id=Mijolla, 2003}}
* Adam Phillips, ''Devenir Freud'', Édition de l'Olivier, coll. "Penser / Rêver", 2014.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Paul Roazen|titre=Mes rencontres avec la famille de Freud|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=1998|pages totales=263|isbn=2-02-018397-8}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Paul Roazen]]|titre=La Saga freudienne|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Perspectives critiques|année=1986|pages totales=474|isbn=978-2-13-039572-0}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Marthe Robert|titre=La Révolution psychanalytique|sous-titre=La vie et l'œuvre de Freud|lieu=Paris|éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]]|collection=Petite Bibliothèque Payot|année=2002|pages totales=567|isbn=2-228-89670-5|id=Robert, 2002}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=es|auteur1=Emilio Rodrigué|titre=Freud|sous-titre=le siècle de la psychanalyse|lieu=Paris|éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]]|année=2007|pages totales=798|isbn=978-2-228-90132-1|id=Rodrigué, 2007}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Élisabeth Roudinesco]]|auteur2=Michel Plon|titre=Dictionnaire de psychanalyse|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2006|pages totales=1213|isbn=2-213-60424-X|id=Roudinesco et Plon, 2006}} {{plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=Élisabeth|nom1=Roudinesco|lien auteur1=Élisabeth Roudinesco|titre=Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=2014|pages totales=578|isbn=978-2-02-118379-5|isbn2=2-02-118379-3|id=Roudinesco, 2014}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=[[Frank Sulloway]]|titre=Freud biologiste de l'esprit|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1998|pages totales=595|isbn=2-213-60192-5|id=Sulloway, 1998}}
* [[Stefan Zweig]], ''Sigmund Freud : La guérison par l'esprit'', 1931; Éditions Le livre de poche, 2010

==== Études sur son œuvre ====
(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs)
* [[Theodor Adorno]], ''La psychanalyse révisée'' (1946), traduction de J. Le Rider, suivi de [[Jacques Le Rider]], ''L'allié incommode'', Paris, [[Éditions de l'Olivier]], Collection: « Penser, rêver », 2007, {{isbn|978-2-87929-563-3}}, {{lire en ligne|lien=https://www.senscritique.com/livre/La_psychanalyse_revisee/194720}}
* [[Didier Anzieu]], ''[[L'auto-analyse de Freud]] — et la découverte de la psychanalyse'', Paris, P.U.F., {{1re|édition}} : 1959, Nouvelle édition: 1975. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Paul-Laurent Assoun]]|titre=Introduction à l'épistémologie freudienne|lieu=Paris|éditeur=[[Payot (maison d'édition)|Payot]]|collection=Science de l'homme (Gérard Mendel (dir.)|année=1981|pages totales=223|id=Assoun1981 |libellé=Assoun1981}} {{plume}}
*
* [[David Bakan]], ''Sigmund Freud and the Jewish Mystical Tradition'', 1958, traduction française ''Freud et la tradition mystique juive'' Éditions Payot, 1964;
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dominique Bourdin|titre=La psychanalyse de Freud à aujourd'hui|sous-titre=Histoire, concepts, pratique|lieu=Rosny|éditeur=[[Éditions Bréal]]|année=2007|pages totales=317|isbn=978-2-7495-0746-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=EufGrLRUxZAC&printsec=frontcover|id=Bourdin, 2007}} {{plume}}
* [[André Bourguignon]], Pierre Cotet, [[Jean Laplanche]], François Robert, ''Traduire Freud'', Paris, PUF, 1989, {{ISBN|2 13 042342 6}}.
* [[Yvon Brès]],
** « Freud au ras des pâquerettes. Une psychanalyse psycho-neurologique ? », ''[[Psychanalyse à l'université]]'' {{vol.|19}}, {{n°|74}}, 1994, {{p.|3-46}}. {{plume}}
** {{Article |page=228 |titre=Home, Carus, Hartmann (histoire de l'inconscient) |éditeur=Presses universitaires de France |périodique=[[Revue philosophique de la France et de l'étranger]] |année=2004 |volume=2 |tome=129 |issn=0035-3833}}. {{plume}}
** « Freud aux deux bouts », ''Revue philosophique de la France et de l'étranger'', vol. tome 133, no. 1, 2008, {{p.|43-62}} {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-philosophique-2008-1-page-43.htm}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Alain Delrieu|titre=Sigmund Freud. Index thématique, chronologique, anthologique|lieu=Paris|éditeur=Anthropos|année=2001|pages totales=1568|isbn=2-7178-4248-9}}
* Maria Dorer, ''Les bases historiques de la psychanalyse'' (''Historische Grundlagen der Psychoanalyse'', 1932), traduit de l'allemand par Marc Géraud, [[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]], collection « Psyché de par le monde », 2012, {{isbn|978-2-296-55957-8}}
* [[Roland Gori]], « épistémologie psychanalytique », dans A. de Mijolla (dir.), ''[[Dictionnaire international de la psychanalyse]]'' (2002), Paris, Hachette Littératures, 2005, {{p.|555-556}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Daniel Lagache]]|titre=La Psychanalyse|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Que sais-je?|année=2005|isbn=978-2-13-054781-5|numéro chapitre=660|id=Lagache, 2005}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Claude Le Guen|titre=Dictionnaire freudien|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|Puf]]|année=2008|pages totales=1719|isbn=978-2-13-055111-9|id=Dictionnaire freudien}} {{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Alain de Mijolla]]|titre=Freud et la France, 1885-1945|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=2010|pages totales=947|isbn=978-2-13-054515-6|isbn2=2-13-054515-7|id=Mijolla, 2010}} {{plume}}
* {{Chapitre| auteur1 =Alain de Mijolla| titre chapitre = intérêt de la psychanalyse (L'-)| auteur ouvrage = Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage = Dictionnaire international de la psychanalyse|id=Mijolla, 2005|passage=869-871|année=2005|éditeur=Hachette Littératures|isbn=2-0127-9145-X}}.
* {{Chapitre |auteur1=Alain de Mijolla|titre chapitre=Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse|auteurs ouvrage=A. de Mijolla (dir.) |titre ouvrage= Dictionnaire international de la psychanalyse|lieu=Paris |éditeur=Hachette Littératures |année=2005|isbn=201279145X |passage=1185-1187|libellé=A. de Mijolla 2005}}.
* {{Chapitre|auteur1=[[Sophie de Mijolla-Mellor]]|titre chapitre=Psychanalyse appliquée / Interactions de la psychanalyse|auteurs ouvrage=Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire international de la psychanalyse|éditeur=Hachette|date=2005|passage=1356-1359|id=Mijolla-Mellor, 2005|isbn=201279145X}}
* {{Chapitre |auteur1= Lydia Marinelli|titre chapitre=Imago. Zeitschrift für die Anwendung der Psychoanalyse auf die Geisteswissenschaften |auteurs ouvrage=[[Alain de Mijolla]] (dir.) |titre ouvrage=Dictionnaire international de la psychanalyse 1. A/L.|lieu=Paris |éditeur=Calmann-Lévy|année=2002 |isbn=|passage=797-798}}.
* Marcela Montes de Oca, Benoît Servant, « Argument : La psychanalyse dans la culture », ''[[Revue française de psychanalyse]]'', 2017/2 (Vol. 81), {{p.|321-326}}, DOI : 10.3917/rfp.812.0321. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2017-2-page-321.htm}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Walter Muschg]]|traduction=[[Jacques Schotte]]|préface=[[Jacques Sédat]]|titre=Freud écrivain|lieu=Paris|éditeur=[[Hermann (éditions)|Hermann]]|collection=Psychanalyse|année=2012|isbn=|présentation en ligne=https://www.fabula.org/actualites/w-muschg-freud-ecrivain_48849.php}}
* {{Chapitre| auteur1 =Walter Muschg| titre chapitre = Freud écrivain| auteur ouvrage = [[Roland Jaccard]] (dir.)|titre ouvrage = Freud|passage=159-209|année=2006|éditeur=Presses universitaires de France |collection=Perspectives critiques|url=https://www.cairn.info/freud--9782130557647-page-159.htm}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Roger Perron|directeur1=oui|auteur2=Sylvain Missonnier|directeur2=oui|et al.=oui|titre=Freud|lieu=Paris|éditeur=[[L'Herne]]|collection=Les Cahiers de l'Herne|numéro dans collection=110|année=2015|pages totales=424|isbn=978-2-85197-179-1|présentation en ligne=http://www.editionsdelherne.com/index.php?option=com_k2&view=item&id=434:cahier-freud&Itemid=31}}
* [[Jean-Michel Quinodoz]],
** {{Ouvrage|titre=Lire Freud : Découverte chronologique de l’œuvre de Freud|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Hors collection|année=2004|pages totales=324|isbn=978-2-13-053423-5}} {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/lire-freud--9782130534235-page-305.htm}} {{plume}}
** {{Ouvrage|langue=fr|titre=Sigmund Freud|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Que sais-je?|année=2015|pages totales=128|isbn=978-2-13-065227-4|id=Quinodoz, 2015}} Bibliographie: {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/sigmund-freud--9782130652274-page-123.htm}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Wilhelm Reich|titre=Reich parle de Freud|sous-titre=Wilhelm Reich discute de son œuvre et de ses relations avec Sigmund Freud|lieu=Paris|éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]]|année=2012|pages totales=332|isbn=978-2-228-90791-0}}
* {{Chapitre| auteur1 =François Robert| titre chapitre = Bibliographie de Freud| auteur ouvrage = François Robert|titre ouvrage = Sigmund Freud. [[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse|Œuvres complètes / Psychanalyse]] Volume XXI Index général |id=Index. BiblioF|passage=31-47|année=2019|éditeur=PUF / Humensis |isbn = 978-2-13-078640-5}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Max Schur|titre=La mort dans la vie et l'œuvre de Freud|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=1982|pages totales=688|isbn=2-07-025794-0|id=Schur, 1982}}
* [[Jacques Sédat]], « La “méthode” freudienne : avant tout, un “chemin” », ''Figures de la psychanalyse'', 2015/1 (n° 29), {{p.|133-148}}. DOI : 10.3917/fp.029.0133. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-figures-de-la-psy-2015-1-page-133.htm}}
* {{article|id=Sédat|auteur=Jacques Sédat|titre= De Freud à Jung, Transmission, perte et gain |volume=42|périodique=Imaginaire & Inconscient|année=2018|passage=57-70|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2018-2-page-57.htm}}
* Jacques Sédat, « Le “grand âge” de Freud » (Chapitre 5), dans Collectif, sous la dir. de Céline Racin, Catherine Caleca et [[Philippe Gutton]], ''Le vieillissement saisi par le soin. Psychanalyse et vieillissement'', Éditions in press, 2021, {{p.|103-109}}{{isbn|978-2-84835-721-8}}. Présentation et extrait de l'ouvrage sur le site de l'éditeur [https://www.inpress.fr/wp-content/uploads/2021/10/Extrait-Le-vieillissement-saisi-par-le-soin.pdf]
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Steiner|titre=Freud et l'humour juif|lieu=Paris|éditeur=éditions In Press, postface de Fabienne Biégelmann|année=2012|mois=mai|jour=9|pages totales=250|isbn=978-2-84835-236-7}}
* {{Ouvrage|auteur1=Sherry Turkle|titre=La France freudienne|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1982|isbn=978-2-246-23511-8}}
* Monah Winograd, Marcia Davidovich, « Psychanalyse freudienne et épistémologie. Disputes politiques », ''Recherches en psychanalyse'', 2014/1 (n° 17), {{p.|73-88}}. DOI : 10.3917/rep.017.0073. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-recherches-en-psychanalyse1-2014-1-page-73.htm}} {{plume}}

==== Émissions de radio ====
* {{Lien web | auteur1 = Christine Lecerf | titre = Moi, Sigmund Freud | description = (en cinq épisodes) | date = 30 juillet 2018 | url = https://www.franceculture.fr/emissions/moi-sigmund-freud | série = Grande Traversée |format={{Icône audio}} | site = France Culture | consulté le = 31 octobre 2019}}
* {{Lien web | auteur1 = Nicolas Martin | auteur2 = Andreas Mayer | auteur3 = [[Laura Bossi-Reigner]] | titre = Freud, de l’autre côté du divan | date = 31 octobre 2019 | url = https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/freud-de-lautre-cote-du-divan | série = La Méthode scientifique |format={{Icône audio}} | site = France Culture | consulté le = 31 octobre 2019}}

==== Documentaires ====
* {{DVDBibliographie|langue=fr |nom producteur=[[Richard Copans]], Anne Cohen-Solal, [[Les Films d'ici]], WILDart Film, [[Arte France|ARTE France]]|nom réalisateur= [[David Teboul]] |nom auteur= François Prodromidès |titre= Sigmund Freud, un juif sans Dieu |distributeur= ARTE France Distribution |année=2019 |format= |durée=90 minutes |voir en ligne= https://www.youtube.com/watch?v=Y9rUHx9Th1E&t=79s |présentation en ligne=http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/59415_1 }}.

==== Études critiques ====
{{légende plume}}

(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs :)
* Marie-Frédérique Bacqué « Questions à Daniel Widlöcher », ''[[Le Carnet Psy]]'' 8/2005 ({{n°|103}}), {{p.|31-41}}. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2005-8-page-31.htm. DOI : 10.3917/lcp.103.0031}} {{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Jacques Bénesteau|titre=Mensonges freudiens. Histoire d'une désinformation séculaire|éditeur=Pierre Mardaga|collection=Psychologie et sciences humaines|année=2002|pages totales=400|isbn=2-87009-814-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=OTH5kq7fUtoC&printsec=frontcover|id=Bénesteau, 2002}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Mikkel Borch-Jacobsen|auteur2=Sonu Shamdasani|titre=Le Dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse|lieu=Paris|éditeur=Empêcheurs de Penser en Rond|année=2006|pages totales=506|isbn=2-84671-132-1|id=Borch-Jacobsen, 2006}}
* [[Pierre-Henri Castel]], {{lien web|titre=« La persistante autorité des psychanalystes, une énigme pour les sciences sociales? »|date=24 mai 2010|site=nonfiction.fr|url=https://www.nonfiction.fr/article-3464-la-persistante-autorite-des-psychanalystes-une-enigme-pour-les-sciences-sociales.htm|consulté le=3 janvier 2022|commentaire=recension du livre de S. Lézé, ''L'autorité des psychanalystes'', 2010}}
* {{Article|auteur=[[Jacques Galinier]]|titre=Lionel Naccache, ''Le nouvel inconscient : Freud, Christophe Colomb des neurosciences''|périodique=[[L'Homme (revue)|L’Homme]]|pages=187-188|éditeur=éditions EHESS|date=2008|lire en ligne=http://lhomme.revues.org/index20782.html}}. {{plume}}
* {{Article |langue=fr |prénom1=Yannis |nom1=Gansel |titre=Samuel Lézé, ''Freud Wars. Un siècle de scandales'' |périodique=Lectures |date=2017-12-06 |issn=2116-5289 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/lectures/23903 |consulté le=2019-10-31 }} {{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Adolf Grünbaum|titre=La Psychanalyse à l'épreuve|éditeur=Éditions de l’éclat|année=1999|pages totales=143|isbn=978-2-905372-76-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=BekE_C8SrqIC&printsec=frontcover|id=Grünbaum, 1999}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Émile Jalley]]|titre=Le Débat sur la psychanalyse dans la crise en France|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|pages totales=259|passage=67-70|isbn=978-2-296-56182-3|numéro chapitre=II|titre chapitre=Toujours Onfray}}
* {{Article|lire en ligne=http://www.isc.cnrs.fr/wp/wp00-4.htm|titre=Psychanalyse et science(s)|auteur=[[Marc Jeannerod]] et Nicolas Georgieff|année=2000|périodique=ISC Working Paper|numéro=4|éditeur=Institut des Sciences Cognitives}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[André Haynal]], Paul Roazen et Ernst Falzeder|titre=Dans les secrets de la psychanalyse|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|Puf]]|année=2005|pages totales=489|isbn=2-13-055300-1}}
* Michel Lapeyre et Marie-Jean Sauret, « La psychanalyse avec la science », ''Cliniques méditerranéennes'' 1/2005 (no 71), {{p.|143-168}}.{{lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2005-1-page-143.htm}}. DOI : 10.3917/cm.071.0143. {{plume}}
* [[Jean Laplanche]], « La psychanalyse: mythes et théorie », dans : Jean Laplanche, ''Entre séduction et inspiration : l'homme'', Paris, PUF, 1999, {{p.|264-267}}{{ISBN|2-13-049994-5}}. {{plume}}
* Samuel Lézé,
** ''L'autorité des psychanalystes'', Préface de Richard Rechtman, Paris, PUF, 2010, {{isbn|978-2-13-057764-5}}, présentation sur le site de l'éditeur {{lire en ligne|lien=https://www.puf.com/content/Lautorit%C3%A9_des_psychanalystes}}
** ''Freud Wars: Un siècle de scandales'', Paris, Presses universitaires de France / Humensis, 2017, {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=LQszDwAAQBAJ&dq=inauthor:%22Samuel+L%C3%A9z%C3%A9%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s}}, extraits e-book : {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=LQszDwAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=inauthor:%22Samuel+L%C3%A9z%C3%A9%22&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwivwNa3ha7qAhVozoUKHW76AkIQ6AEwAXoECAMQAg#v=onepage&q&f=false}}. {{plume}}
* Vannina Micheli-Rechtman « L'efficacité de la psychanalyse : une question épistémologique », ''Figures de la psychanalyse'' 1/2007 ({{n°|15}}), {{p.|167-177}}. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-figures-de-la-psy-2007-1-page-167.htm}} {{plume}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Lionel Naccache]]|titre=Le Nouvel Inconscient |sous-titre=Freud, Christophe Colomb des neurosciences |éditeur=[[Éditions Odile Jacob]] |année=2006|pages totales=465 |isbn=978-2-7381-1828-8}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Michel Onfray]]|titre=Le Crépuscule d'une idole|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Grasset]]|collection=Essais Français|année=2010|pages totales=612|isbn=978-2-246-76931-6|id=Onfray, 2010}}
* Claire Pagès, « Une guerre psychologique. À propos de : Samuel Lézé, ''Freud Wars. Un siècle de scandales'' », Recension Philosophie du 15 janvier 2018, site : « La vie des idées » (Collège de France), consulté le {{date-|1er juillet 2020}}, {{lire en ligne|lien=https://laviedesidees.fr/Une-guerre-psychologique.html}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Karl Popper]]|titre=Conjectures and refutations|sous-titre=The Growth of Scientific Knowledge|éditeur=[[Routledge]]|année=1963|pages totales=582|isbn=978-0-415-28594-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=IENmxiVBaSoC&printsec=frontcover|id=Popper, 1963}} {{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Paul Ricœur]]|titre=De l'interprétation|sous-titre=Essai sur Freud|éditeur=Éditions du Seuil|collection=Sciences humaines|année=1995|année première édition=1965|isbn=978-2-02-023679-9|id=Ricœur, 1965}}
* [[Jean-Michel Vappereau]], « Psychanalyse et sciences ; du fondement du discours de l’analyse », in Analyse Freudienne, « Éthique de la déliaison », {{n°|16-17}}, Printemps automne 1998, L'Harmattan, 1999. {{p.|107}} et suiv. {{plume}}
* Markos Zafiropoulos, « Psychanalyse et pratiques sociales ou la preuve par la psychanalyse », Recherches en psychanalyse 1/2004 (no 1), {{p.|97-118}}. {{lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/revue-recherches-en-psychanalyse-2004-1-page-97.htm}}. DOI : 10.3917/rep.001.0097 {{plume}}

=== Articles connexes ===
{{colonnes|taille=18|
* [[Biographie de Sigmund Freud]]
* ''[[L'Interprétation du rêve]]''
* ''[[Cinq leçons sur la psychanalyse]]''
* [[Société psychanalytique de Vienne]] (WPV)
* [[Bibliographie de Sigmund Freud]]
* [[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse]]
* [[Inconscient]]
* [[Première topique]]
* [[Seconde topique]]
* [[Complexe d'Œdipe]]
* [[Histoire de la psychanalyse]]
* [[Psychanalyse dans le monde]]
* [[Enseignement de la psychanalyse à l'université]]
* [[Critiques de la psychanalyse]]
}}

=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{de}} [https://archive.org/search.php?query=creator%3A(Freud%2C%20Sigmund) Textes de Freud] sur Internet Archive
* {{Lien web |langue=de |auteur= Sigmund Freud |titre=Textes principaux|url=https://www.projekt-gutenberg.org/autoren/namen/freud.html|date=|site=www.projekt-gutenberg.org|consulté le=5 août 2021}}.
* {{mul|de|en}} {{Librivox author|id=312}}
* [http://classiques.uqac.ca/classiques/freud_sigmund/freud.html Textes de Freud] sur ''Les classiques des sciences sociales''
* {{cz}} [https://www.pribor.cz/cz/fotogalerie/ Photographies du lieu de naissance de Sigmund Freud en République tchèque]
* {{lien web|langue=de|titre=Wer Sigmund Freud war, bevor er der wurde, der er sein wollte.
Nach der Lektüre der Bände 3 und 4 der „Brautbriefe“ kann man die „Entwicklung des Helden“ besser denn je verstehen [Qui était Sigmund Freud avant de devenir ce qu’il voulait être. Après avoir lu les volumes 3 et 4 des « Lettres de fiançailles », on peut comprendre le « développement du héros » mieux que jamais]|auteur= Bernd Nitzschke|site=literaturkritik.de|date=10.09.2019| url=https://literaturkritik.de/freud-bernays-brautbriefe,25897.html|consulté le= 2 octobre 2022}}

{{Palette|Psychanalyse}}
{{Portail|1=médecine|2=psychologie|3=philosophie|4=Psychanalyse|5=société|6=Vienne (Autriche)|7=Empire autrichien|8=Autriche-Hongrie}}
{{Article de qualité|oldid=71135572|date=16 octobre 2011}}

{{CLEDETRI:Freud, Sigmund}}
[[Catégorie:Médecin autrichien du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Médecin autrichien du XXe siècle]]
[[Catégorie:Psychanalyste autrichien]]
[[Catégorie:Neurologue autrichien]]
[[Catégorie:Neuropathologiste]]
[[Catégorie:Écrivain et médecin]]
[[Catégorie:Auteur publié par les éditions Gallimard]]
[[Catégorie:Auteur publié par les Presses universitaires de France]]
[[Catégorie:Auteur publié par les éditions Calmann-Lévy]]
[[Catégorie:Membre étranger de la Royal Society]]
[[Catégorie:Membre de la British Psychological Society]]
[[Catégorie:Étudiant de l'université de Vienne]]
[[Catégorie:Personnalité austro-hongroise]]
[[Catégorie:Rêve]]
[[Catégorie:Écrivain dont l'œuvre est dans le domaine public]]
[[Catégorie:Éponyme d'un objet céleste]]
[[Catégorie:Mort d'un cancer au Royaume-Uni]]
[[Catégorie:Personnalité morte en exil]]
[[Catégorie:Personnalité autrichienne incinérée]]
[[Catégorie:Personnalité incinérée à Golders Green]]
[[Catégorie:Sigmund Freud| ]]
[[Catégorie:Naissance dans l'empire d'Autriche]]
[[Catégorie:Naissance en mai 1856]]
[[Catégorie:Décès en septembre 1939]]
[[Catégorie:Décès à Hampstead]]
[[Catégorie:Décès à 83 ans]]
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