Voir la source de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès

{{Voir famille et homonyme|fam=[[Famille de Cambacérès]]|Cambacérès (homonymie)}}
{{En-tête label|AdQ|année=2020}} 
{{Infobox Personnalité politique
 | charte                 = Chef d'État
 | nom                    = Jean-Jacques-Régis <br /> de Cambacérès
 | image                  = Maurin - Cambaceres.png
 | légende                = Jean-Jacques-Régis de Cambacérès par [[François Delpech (graveur)|François Delpech]], vers 1830.
 | fonction1              = [[Liste des ducs de Parme et Plaisance|Duc de Parme]]
 | à partir du fonction1  = {{date|24|avril|1808}}
 | jusqu'au fonction1     = {{date|11|avril|1814}}<br/><small>({{durée|24|avril|1808|11|avril|1814}})</small>
 | monarque 1             = 
 | prédécesseur 1         = [[Ferdinand Ier (duc de Parme)|Ferdinand {{Ier}}]] <small>(souverain de Parme, de Plaisance et de Guastalla)</small>
 | successeur 1           = [[Marie-Louise d'Autriche]] <small>(souveraine de Parme, de Plaisance et de Guastalla)</small>
 | fonction2              = [[Ministère de la Justice (France)|Ministre de la Justice]]
 | à partir du fonction2  = {{date|20|mars|1815-}}
 | jusqu'au fonction2     = {{date|22|juin|1815}}<br /><small>({{durée|20|mars|1815|22|juin|1815}})</small>
 | monarque 2             = [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]]
 | gouvernement 2         = [[Gouvernement des Cent-Jours|Cent-Jours]]
 | prédécesseur 2         = [[Charles-Henri Dambray]]
 | successeur 2           = [[Antoine Boulay de la Meurthe]]
 | à partir du fonction3  = {{date|14|juin|1799-}}
 | jusqu'au fonction3     = {{date|9|novembre|1799}}<br/><small>({{durée|14|juin|1799|9|novembre|1799}})</small>
 | gouvernement 3         = [[Directoire]]
 | prédécesseur 3         = [[Charles Lambrechts]]
 | successeur 3           = [[André-Joseph Abrial]]
 | fonction4              = [[Archichancelier#Empire_français|Archichancelier de l'Empire]]
 | à partir du fonction4  = {{date|18|mai|1804}}
 | jusqu'au fonction4     = {{date|14|avril|1814}}<br /><small>({{durée|18|mai|1804|14|avril|1814}})</small>
 | monarque 4             = [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]]
 | gouvernement 4         = [[Premier Empire]]
 | à partir du fonction5  = {{date|20|mars|1815-}}
 | jusqu'au fonction5     = {{date|22|juin|1815}}<br/><small>({{durée|20|mars|1815|22|juin|1815}})</small>
 | gouvernement 5         = [[Premier Empire]]
 | monarque 5             = [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]]
 | fonction6              = [[Consulat (histoire de France)|Deuxième consul de la République]]
 | à partir du fonction6  = {{date|13|décembre|1799}}
 | jusqu'au fonction6     = {{date|18|mai|1804}}<br/><small>({{durée|13|décembre|1799|18|mai|1804}})</small>
 | co-titulaire 6         = [[Napoléon Bonaparte]]<br/>[[Charles-François Lebrun]]
 | gouvernement 6         = [[Consulat (histoire de France)|Consulat]]
 | prédécesseur 6         = [[Emmanuel-Joseph Sieyès]]
 | fonction7              = [[Liste des présidents du Conseil des Cinq-Cents|Président du Conseil des Cinq-Cents]]
 | à partir du fonction7  = {{date|22|octobre|1796-}}
 | jusqu'au fonction7     = {{date|20|novembre|1796}}<br/><small>({{durée|22|octobre|1796|20|novembre|1796}})</small>
 | gouvernement 7         = [[Directoire]]
 | prédécesseur 7         = [[Charles Antoine Chasset]]
 | successeur 7           = [[Nicolas-Marie Quinette]]
 | fonction8              = [[Président de la Convention nationale]]
 | à partir du fonction8  = {{date|7|octobre|1794-}}
 | jusqu'au fonction8     = {{date|22|octobre|1794}}<br /><small>({{Durée|7|octobre|1794|22|octobre|1794}})</small>
 | gouvernement 8         = [[Convention nationale|Première république]]
 | prédécesseur 8         = [[André Dumont (homme politique)|André Dumont]]
 | successeur 8           = [[Pierre-Louis Prieur]]
 | fonction9              = [[Liste des membres de la Convention nationale par département|Député de l'Hérault]]
 | à partir du fonction9  = {{date|2|novembre|1792}}
 | jusqu'au fonction9     = {{date|26|octobre|1795}}<br/><small>({{durée|2|novembre|1792|26|octobre|1795}})</small>
 | fonction10             = [[Académie française|Fauteuil 30 de l'Académie française]]
 | à partir du fonction10 = {{date|28|janvier|1803}}
 | jusqu'au fonction10    = {{date|21|mars|1816}}<br/><small>({{durée|28|janvier|1803|21|mars|1816}})</small>
 | prédécesseur 10        = [[Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert]]
 | successeur 10          = [[Louis de Bonald]]
 | fonction11             = [[Liste des dirigeants du Grand Orient de France|Grand maître du Grand Orient de France]]
 | à partir du fonction11 = {{date|||1804}}
 | jusqu'au fonction11    = {{date|||1816}}
 | prédécesseur 11        = [[Joseph Bonaparte]]
 | successeur 11          = [[Pierre Riel de Beurnonville]]
 | fonction12             = [[Liste des présidents du Sénat français et des chambres assimilées|Président de la Chambre des pairs]]
 | à partir du fonction12 = {{date|2|juin|1815-}}
 | jusqu'au fonction12    = {{date|7|juillet|1815}}<br/><small>({{durée|2|juin|1815|7|juillet|1815}})</small>
 | nom de naissance       = 
 | date de naissance      = {{date de naissance|18|octobre|1753}}
 | lieu de naissance      = [[Montpellier]], {{France monarchie}}
 | date de décès          = {{date de décès|8|mars|1824|18|octobre|1753}}
 | lieu de décès          = [[Ancien 10e arrondissement de Paris]], {{France (1815-1830)}}
 | nature du décès        = 
 | sépulture              = [[Cimetière du Père-Lachaise]]
 | nationalité            = [[France|française]]
 | parti                  = 
 | père                   = Jean-Antoine de Cambacérès
 | mère                   = Marie-Rose de Vassal
 | fratrie                = [[Étienne Hubert de Cambacérès]]<br />[[Jean-Pierre-Hugues de Cambacérès]]
 | conjoint               = 
 | enfants                = 
 | entourage              = 
 | université             = 
 | profession             = [[jurisconsulte]]
 | religion               = [[Catholicisme|Catholique romain]]
 | résidence              = 
 | signature              = Signatur Jean-Jacques Régis de Cambacérès.PNG
 | emblème                = Coat of Arms of Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, Duke of Parma.svg
 | liste                  = 
 | depuis le fonction1    = 
}}

'''Jean-Jacques-Régis de Cambacérès''' est un [[jurisconsulte]] et [[homme d'État]] [[France|français]], né le {{Date de naissance|18|octobre|1753}} à [[Montpellier]] et mort le {{Date de décès|8|mars|1824}} à [[Paris]].

Issu d'une famille de magistrats appartenant à la vieille [[noblesse de robe]] montpelliéraine, il connaît une enfance relativement pauvre. Diplômé en droit, il commence une carrière d'avocat et de conseiller à la [[chambre des comptes de Languedoc]] et fait son entrée en politique dès les premiers jours de la [[Révolution française]]. Président du [[Cour d'assises (France)|tribunal criminel]] de l'[[Hérault (département)|Hérault]] en [[1791]], il est élu député à la [[Convention nationale]] l'année suivante. Dès lors, Cambacérès occupe des postes de pouvoir pendant la majeure partie de sa vie. Membre du [[Comité de salut public]] entre [[1794]] et [[1795]], président du [[Conseil des Cinq-Cents]] en [[1796]] puis [[Liste des ministres français de la justice|ministre de la Justice]] en [[1799]], il est [[Consulat (histoire de France)|Deuxième consul]] après le [[coup d'État du 18 Brumaire]] de [[Napoléon Bonaparte]] et assiste au [[Sacre de Napoléon Ier|sacre]] de celui-ci en [[1804]]. Nommé [[Grands dignitaires de l'Empire français#L'archichancelier de l'Empire|archichancelier]] de l'[[Premier Empire|Empire]], il est pendant près de dix ans le deuxième personnage de l'État : l'Empereur lui délègue la présidence des conseils et des séances du [[Sénat conservateur|Sénat]] pendant son absence.

Spécialiste des questions juridiques, il participe activement à la nouvelle organisation judiciaire du pays. Promoteur du [[tribunal révolutionnaire]], il rédige trois projets entre [[1793]] et [[1796]] qui aboutissent à la création du [[Code civil (France)|Code civil]] en [[1804]]. Élu à l'[[Académie française]] et membre de l'[[Institut de France|Institut]], il est également un personnage éminent de la [[franc-maçonnerie]] française et participe à son renouveau après la proclamation de l'Empire. Chef suprême du [[rite français]], il est grand maître adjoint du [[Grand Orient de France]] après le retrait du prince [[Louis Bonaparte]] en [[1805]] et le reste jusqu'à la fin de l'Empire. Il est aussi grand commandeur du [[Suprême Conseil de France|Suprême Conseil du rite écossais]] et cumule plusieurs autres fonctions maçonniques.

Avide d'argent et de pouvoir, il se constitue une immense fortune grâce à son esprit d'entreprise et aux faveurs de l'Empereur. L'[[Hôtel de Roquelaure|hôtel Molé]], qu'il acquiert en [[1808]], devient l'un des plus beaux palais de Paris et les réceptions qu'il organise sont reconnues pour leur faste et la qualité des mets qui y sont servis. Gastronome averti, amoureux du luxe et de la décoration, il se voit confier un rôle de représentation de la part de [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]] dans le but d'affirmer la puissance de l'Empire et de l'ancrer dans les traditions séculaires de la France. Il quitte le pouvoir en [[1815]] après la chute de l'Empereur et s'exile un temps à [[Bruxelles]]. De retour à Paris à la fin de l'année [[1818]], il y passe les dernières années de sa vie, à l'écart du pouvoir. Son [[homosexualité]] supposée lui vaut de subir une campagne de caricatures calomnieuses à la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]] tandis qu'il est souvent qualifié de {{citation|girouette}} pour son extrême prudence pendant les heures sombres de la [[Révolution française]] et sa capacité à se maintenir au pouvoir à travers les régimes.

== Biographie ==
=== Jeunesse et carrière juridique ===
Jean-Jacques-Régis de Cambacérès naît le {{date-|18 octobre 1753}} à [[Montpellier]]{{note|L'emplacement de la maison natale de Cambacérès se trouve place Chabaneau à Montpellier<ref name="Mac">{{ouvrage|auteur1=Pierre Macaire|titre=Montpellier met bas les masques|édition=Le plein des sens|isbn=87-91524-10-5|lire en ligne={{Google Livres|id=0sYz2OJ9JsYC&pg=PA34&lpg}}}}.</ref> |group=n}} dans une famille de magistrats appartenant à la vieille [[noblesse de robe]] de la ville<ref>{{ouvrage|prénom1=Nicole|nom1=Gotteri|lien auteur1=Nicole Gotteri|titre=Grands dignitaires du Premier Empire|éditeur=Nouvelles Éditions Latines|lien éditeur=Nouvelles Éditions latines|année=1990|page=79}}.</ref>. Son père, Jean-Antoine de Cambacérès, est conseiller-maître de la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier{{note|Jean-Antoine de Cambacérès succède à son père et son grand-père dans cette charge<ref name="Mac"/>.|group=n}}. Il est nommé maire de la ville le {{date-|5 mars 1753}} par le [[Charles Eugène Gabriel de La Croix de Castries|marquis de Castries]], lieutenant du roi en [[Languedoc]], une charge dont il est relevé en 1756 avant de l'exercer de nouveau entre 1761 et 1778. Sa mère, Marie-Rose de Vassal, est la fille d'un écuyer et trésorier de l'hôpital de Montpellier. De leur union naissent onze enfants dont seuls deux survivent : Jean-Jacques-Régis, l'aîné, et [[Étienne Hubert de Cambacérès|Étienne-Hubert]], futur [[archevêque]] de [[Diocèse de Rouen|Rouen]] et [[Sénat conservateur|sénateur]] sous le [[Premier empire]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=17-18}}. Après le décès de Marie-Rose le {{date-|4 février 1769}}{{sfn|Vialles|1908|group=v|p=32}}, Jean-Antoine de Cambacérès épouse Jeanne Dittry. Ensemble, ils ont deux enfants, Marie-Magdeleine{{sfn|Vialles|1908|group=v|p=188}} et le futur [[Liste des généraux de la Révolution et du Premier Empire|général]] [[Jean-Pierre-Hugues de Cambacérès]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=17-18}}.

Malgré les responsabilités qu'exerce Jean-Antoine, la famille Cambacérès connaît des difficultés financières et vit pauvrement{{sfn|Voizard|1964|p=169|id=voizard1}}. Il est d'ailleurs mis au ban de la société en raison des conflits fréquents qui l'opposent aux notables de la ville{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=20-21}}. Durant sa jeunesse, Jean-Jacques-Régis est mis en nourrice chez la femme d'un artisan montpelliérain, nommé Thourel{{sfn|Vialles|1908|group=v|p=34}}. Lui et son frère sont très proches de leur oncle, l'abbé Étienne-François de Cambacérès, [[archidiacre]] de la [[cathédrale de Montpellier]], qui est aussi leur précepteur. Plus tard, il est envoyé au collège Bourbon d'[[Aix-en-Provence]] pour y étudier le [[droit]], tandis que son frère est placé au [[Chapelle Saint-Charles d'Avignon|collège Saint-Charles d'Avignon]]. Élève brillant et studieux, il est d'abord [[Baccalauréat en France|bachelier]] puis [[Diplôme national de licence (France)|licencié]]{{sfn|Vialles|1908|group=v|p=35}}{{,}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=24-25}}.

Jean-Jacques-Régis de Cambacérès revient à Montpellier en 1772 et s'y établit comme [[Avocat (métier)|avocat]], mais il renonce très vite à sa charge afin de protester contre la [[René Nicolas de Maupeou#La «.C2.A0réforme Maupeou.C2.A0»|« réforme Maupeou »]]. À cette époque, il se consacre encore plus ardemment à l'étude des lois ou de la philosophie moderne du droit et dans le même temps, il fréquente assidûment les salons montpelliérains, ce qui lui permet d'être en contact avec les [[Lumières (philosophie)|idées des Lumières]] et d'acquérir les qualités d'un homme du monde selon les critères de l'Ancien régime. Il noue notamment une amitié avec [[Philippe-Charles de Pavée de Villevieille]], disciple de [[Voltaire]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=26-28}}.

Le {{date-|16 novembre 1774}}, Jean-Jacques-Régis succède à son père dans la charge de conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, grâce au soutien de son oncle Jean-André de Vassal, receveur général des finances de la province d'[[Auvergne]], qui lui avance la somme de {{unité|25000|livres}} nécessaire pour acquérir son office{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=26-28}}.

En 1776, il découvre [[Paris]] en y effectuant un voyage de plusieurs mois avec son ami [[Jean-Antoine Chaptal]]. Pendant ce long séjour dans la capitale, il approfondit sa culture juridique et rencontre de nombreux philosophes et [[Physiocratie|physiocrates]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=29-31}}. Sa réputation de [[jurisconsulte]] grandissant à Montpellier au début des {{nobr|années 1780}}, Cambacérès est chargé d'affaires de plus en plus complexes. Il se distingue notamment en 1781 par son refus d'enregistrer une [[ordonnance royale]] au sujet d'un règlement de discipline militaire{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=29-31}}. Le roi [[Louis XVI]] lui octroie en 1786 une pension de {{unité|1200|livres}} sur la recommandation de [[Gabriel-Marie de Talleyrand-Périgord|Gabriel-Marie de Talleyrand]], comte de Périgord et président des [[états de Languedoc]]. La même année, il séjourne à Paris en qualité de député des [[loges maçonniques]] montpelliéraines lors du convent des loges du [[Grand Orient de France|Grand Orient]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=244-246}}. Par ailleurs, Cambacérès est, comme [[Étienne Hubert de Cambacérès|son frère]], membre de la [[Confrérie des Pénitents blancs de Montpellier]], une association catholique composée de laïcs. Cette affiliation témoigne de son intégration dans la bonne société de l'époque{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=29-31}}. Il deviendra même prieur de cette confrérie en 1790<ref>{{ouvrage|prénom1=Marie|nom1=Courtemanche|titre=Napoléon et le sacré|éditeur=Cerf|lien éditeur=Éditions du Cerf|année=2019|pages totales=311}}.</ref>.

=== Période révolutionnaire ===
==== L'entrée en politique ====
Le {{date-|16 mars 1789}}, Cambacérès siège, à la fois en son nom et en qualité de procureur-fondé du marquis de Baschi, au sein de la noblesse lors de la première assemblée générale des trois ordres de la [[sénéchaussée de Montpellier]], qui se tient dans l'église du collège royal. Il y joue un rôle important, d'abord en étant nommé commissaire à la vérification des titres des nobles présents, puis, choisi pour ses qualités de juriste, en tant que l'un des douze secrétaires-rédacteurs des [[cahiers de doléances]] de son ordre. Lors du vote pour l'élection du député de la noblesse aux [[États généraux de 1789|États généraux]], le {{date-|31 mars}}, il est élu par ses pairs en compagnie de [[Charles-Marie de Barbeyrac de Saint-Maurice]]. Les représentants de la noblesse montpelliéraine espèrent alors que la députation sera doublée, ce qui lui est refusé : l'élection de Cambacérès est annulée et c'est Barbeyrac qui se rend à [[Château de Versailles|Versailles]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=35-36}}.

Cambacérès s'engage alors plus activement dans la vie politique locale. Le {{date-|8 septembre}}, il prend la vice-présidence du Bureau des subsistances de la ville de Montpellier, puis il intègre une commission chargée de l'administration communale en attendant la nouvelle organisation du territoire, dont il devient le vice-président le {{date-|{{1er}} octobre}} suivant{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=37-40}}. Parmi ses missions, il veille à la bonne organisation des élections municipales du {{date-|25 janvier}} suivant, lors desquelles il n'est cependant élu à aucune fonction. Dans le même temps, une société inspirée par la constitution du [[club des jacobins]] à Paris se forme à Montpellier au début de l'année 1790. Cambacérès en rédige le règlement intérieur. Le {{date-|20 juin}} suivant, il est élu procureur-syndic du [[District de Montpellier (1790-1795)|district de Montpellier]], mais ne disposant que d'une voix consultative, il n'y joue qu'un rôle modeste. Au cours de l'année 1791, il se rend à Paris dans l'intention d'ouvrir un cabinet d'avocat, ce qui se solde par un échec, faute de moyens{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=37-40}}.

Le {{date-|13 septembre 1791}}, recueillant {{unité|341|voix}} sur 416, Cambacérès est élu à la présidence du nouveau [[Cour d'assises (France)|tribunal criminel]] de Montpellier, qui est installé le {{date-|{{1er}} janvier}} suivant{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=41-44}}. Il participe ainsi activement à la mise en place de la nouvelle organisation judiciaire française, mais ne reste qu'un peu moins d'une année en fonction : le {{date-|6 septembre 1792}}, il est [[Élections législatives françaises de 1792|élu]] député de l'[[Hérault (département)|Hérault]] à la [[Convention nationale]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=46-48}}.

==== Député à la Convention ====
[[Fichier:AduC 277 Cambacères (J.J.R., 1753-1824).JPG|thumb|upright|alt=Gravure en noir et blanc d'un homme politique.|Gravure de Cambacérès à l'époque de la [[Convention nationale|Convention]].]]
Juriste réputé, Cambacérès est sollicité par les différents groupes mais décide de siéger parmi les députés modérés du [[Marais (Révolution française)|Marais]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=55-56}}. Il intègre le Comité de Législation civile et criminelle et de féodalité, composé de {{unité|48|membres}} se réunissant au [[pavillon de Marsan]] et dont il est élu président au début du mois de décembre suivant{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=57-59}}. En {{date-|janvier 1793}}, le Comité est divisé en quatre sections : Cambacérès intègre la deuxième, consacrée aux successions et aux enfants nés hors mariage<ref name="comité">{{article|auteur=Annie Jourdan|titre=La Convention ou l'empire des lois|sous-titre=Le Comité de législation et la commission de classification des lois|périodique=''La Révolution française''|année=2012|numéro=3|pages=1-30|lire en ligne=https://journals.openedition.org/lrf/730}}.</ref>. Dans la période qui suit son élection, son ambition le pousse à vouloir devenir un acteur d'influence mais, dans le climat de [[Terreur (Révolution française)|terreur]] qui s'installe peu à peu, il fait avant tout preuve de prudence et refuse d'afficher des convictions trop marquées qui pourraient mettre en danger sa personne{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=61-69}}.
 
Son attitude est singulière lors du [[procès de Louis XVI]]. À plusieurs reprises, il tente de sauver le roi par ses interventions sur des questions d'ordre juridique, mais il ne réussit pas à convaincre les autres députés. Il défend d'abord l'idée que, la [[Constitution française du 3 septembre 1791|Constitution de 1791]] ayant déclaré la personne du roi inviolable et sacrée, la Convention n'a pas la légitimité de se muer en tribunal. Cambacérès souhaite soumettre la compétence en la matière de la Convention à un référendum populaire, ce qui est rejeté. Il parvient néanmoins à faire accepter l'idée que le roi puisse disposer des moyens nécessaires à sa défense. Il est d'ailleurs chargé de se rendre à la [[prison du Temple]] pour communiquer au roi sa possibilité de choisir ses défenseurs{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=61-69}}. Au terme du procès, comme la majorité des députés, Cambacérès reconnaît le roi coupable de conspiration contre la liberté et d'attentat à la sûreté de l'État. Pour autant, il ne vote pas son exécution mais se prononce pour sa mort conditionnelle et sa détention jusqu'à la cessation des [[Guerres de la Révolution française|hostilités]], ne pouvant considérer son exécution que dans le cas d'une invasion du territoire français{{sfn|Chatel de Brancion|2001|p=106-107}}. Pour motiver son vote, il déclare dans son discours que, dans le cadre des guerres qui impliquent la France, {{citation|il y aurait de l'imprudence à se dessaisir d'un otage qui doit contenir les ennemis intérieurs ou extérieurs}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=61-69}}.

Alors que la Convention s'est prononcée pour la mort sans délai, Cambacérès renverse sa position. Il prononce un discours dans lequel il propose que l'[[Exécution de Louis XVI|exécution du roi]] ait lieu dans les vingt-quatre heures, sous réserve qu'il reçoive librement les sacrements de la part d'un prêtre. Cette proposition est acceptée à l'unanimité et la Convention refuse ainsi le délai de trois jours demandé par le roi. Ce revirement de la part de Cambacérès, qui était jusqu'alors considéré comme non régicide, témoigne de son ralliement à la grande majorité et de son rapprochement avec les [[Montagne (Révolution française)|Montagnards]]. Selon Pierre-François Pinaud, {{citation|il a senti le nouvel esprit jusqu'au-boutiste et entamé un rapprochement aussi discret qu'efficace vers l'homme fort qui s'est dégagé des débats du procès : [[Maximilien de Robespierre]]}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=70-71}}.

Dès lors, son rôle à la Convention devient de plus en plus important. Le {{date-|24 janvier}}, Cambacérès est nommé secrétaire de la [[Convention (Révolution française)|Convention]], au même titre que [[Jean-Jacques Bréard]] et [[Jacques Alexis Thuriot]]. En parallèle, il poursuit ses travaux juridiques au sein du Comité de Législation. En mars, il rédige un long mémoire sur la refonte du [[Cour de cassation (France)|tribunal de cassation]], puis participe au projet de loi d'organisation du [[Tribunal révolutionnaire]], défendu par le député [[Robert Lindet]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=78-80}}. Il propose que celui-ci {{citation|ne soit établi que pour juger des peines les coupables conspirateurs et contre-révolutionnaires}} et que {{citation|les juges de ce tribunal instruisent et jugent publiquement le procès des accusés sans jurés}}<ref name="comité"/>. Le {{date-|25 mars}}, il intègre la [[Commission de salut public]], composée de vingt-cinq membres et formée après la [[Bataille de Neerwinden (1793)|défaite de Neerwinden]] et le début de l'[[Guerre de Vendée|insurrection vendéenne]] qui menacent la Convention{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=74-77}}. En tant que secrétaire, il est chargé de rédiger un rapport général sur les mesures arrêtées par la Commission dans le cadre de l'[[Charles François Dumouriez#Le putsch manqué|affaire Dumouriez]] et d'exprimer devant la Convention les motifs qui la justifient{{sfn|Vialles|1908|group=v|p=90-93}}. Ce travail accompli, la présidence de la Commission lui est confiée par ses collègues le {{date-|{{1er}} avril}}. Sur la proposition du député [[Gironde (Révolution française)|girondin]] [[Maximin Isnard]], la Commission est remplacée le {{date-|6 avril}} par un comité d'exécution restreint à neuf membres et aux pouvoirs élargis, le [[Comité de salut public]]. Ne recueillant que {{unité|62|voix}}, Cambacérès n'y est pas élu{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=74-77}}.

==== Travaux législatifs ====
[[Fichier:Merlin de Douai par Delpech.jpg|thumb|upright|alt=Portrait en noir et blanc d'un homme.|[[Philippe-Antoine Merlin de Douai|Merlin de Douai]] collabore avec Cambacérès au sein du Comité de Législation.]]
Au cours de cette période de troubles, Cambacérès se montre réservé : il s'adresse rarement à la barre de la Convention, en dehors de la remise des rapports confiés à son comité, et ne s'engage jamais ouvertement sur un sujet. La peur des représailles dicte sa conduite et il cherche ainsi à cultiver son image de modéré. Alors que son ami Jean-Jacques Durand, maire de [[Montpellier]], est mis en cause pour avoir pris la tête du soulèvement provincial du [[Journées du 31 mai et du 2 juin 1793|31 mai 1793]], Cambacérès le défend à demi-mot. Durand est condamné à mort et exécuté{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=84-86}}. De façon générale, Cambacérès se range à l'avis de la majorité. C'est ainsi qu'il vote en faveur de l'arrestation des [[Gironde (Révolution française)|Girondins]] en {{date-|juin 1793}}, puis pour la [[chute de Robespierre|mise en accusation de Robespierre]] le {{date républicaine-|9 thermidor an II}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=95}}.

Sa discrétion à la Convention contraste avec son activité intense à la tête du Comité de Législation. En 1793, il se consacre notamment à la rédaction d'un projet de [[Code civil (France)|Code civil]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=88-91}}. C'est avant tout à un travail de synthèse que s'adonne Cambacérès : s'il écrit certains articles, il se contente parfois de reprendre ou de copier certains projets ou travaux plus anciens, ainsi ceux de [[Jean Philippe Garran de Coulon|Garran de Coulon]] dans le domaine des droits de succession, ou bien du philosophe anglais [[John Locke]] sur le droit de l'individu dans la société et de la famille<ref>{{article|auteur=Patrick Logoras-Flavigny|titre=Cambacérès et Locke|périodique=''[[Annales historiques de la Révolution française]]''|année=1997|numéro=307|pages=105-115|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1997_num_307_1_2026}}.</ref>. Présenté le {{date-|9 août}} par Cambacérès, ce projet est rejeté au début du mois de novembre, après plusieurs semaines de débat, jugé trop lourd et complexe, avec près de six cents articles{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=88-91}}. Une commission composée de six philosophes, en réalité des [[jurisconsulte]]s de second ordre, est nommée par le [[Comité de salut public]] en vue de le simplifier<ref name="chabot"/>, mais c'est finalement le Comité de législation qui révise sa copie. Un nouveau projet, réduit à {{unité|295|articles}} et qui ne conserve que les grandes lignes du précédent en matière de droit de la famille et de succession, est présenté par Cambacérès à la Convention le {{date-|9 septembre 1794}}. Il est discuté au début du mois de décembre suivant mais seuls les dix premiers articles sont adoptés tandis que le débat s'enlise sur la question des droits des enfants naturels. Une nouvelle fois, le projet de Code civil est avorté<ref name="chabot">{{ouvrage|prénom1=Jean-Luc|nom1=Chabot|prénom2=Philippe|nom2=Didier|prénom3=Jérôme|nom3=Ferrand|titre=Le Code civil et les droits de l'homme|sous-titre=Actes du colloque international de Grenoble, 3 et {{date-|4 décembre 2003}}|éditeur=L'Harmattan|lien éditeur=Éditions L'Harmattan|année=2005|passage=33-34|isbn=2747588939|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=al8DWJPU9vQC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=88-91}}. Dans le même temps, il est chargé avec [[Philippe-Antoine Merlin de Douai|Merlin de Douai]] et [[Georges Couthon]] de réviser toutes les lois révolutionnaires prises depuis 1789 et de les réunir en un seul code. C'est lui en réalité qui effectue la majeure partie du travail de classification ; il présente son rapport général le {{date-|15 juillet 1794}}, après trois mois de préparation. Ce projet novateur fait de Cambacérès l'un des pères fondateurs du droit moderne, selon Pierre-François Pinaud{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=91-92}}.

==== Un personnage central de la Convention thermidorienne ====
Après la [[chute de Robespierre]], Cambacérès devient l'un des hommes forts du régime. Il est porté à la [[Président de la Convention nationale|présidence]] de la [[Convention thermidorienne|Convention]] du {{Date-|7 octobre- 1794-}} au {{Date-|22 octobre 1794}}. Au lendemain de son élection, il rédige un manifeste connu sous le nom d{{'}}''Adresse aux Français'', un discours de réconciliation nationale qui met fin à la [[Terreur (Révolution française)|Terreur]]. Le {{date-|7 novembre}}, il entre au [[Comité de salut public]] qui, s'il a perdu son pouvoir dictatorial, demeure l'organe principal de l'État. Il y siège à plusieurs reprises, du {{Date-|7 novembre 1794-}} au {{Date-|5 mars 1795}}, puis du {{Date-|5 avril}} au {{Date-|2 août}} et du {{Date-|{{1er}} septembre}} au {{Date-|30 octobre}} de la même année{{note|group=n|Sous la [[Convention thermidorienne]], les membres du [[Comité de salut public]] dont les attributions sont réduites, sont désormais renouvelés par quart tous les mois<ref>{{ouvrage|auteur1=Jean Massicot|titre=La période révolutionnaire|éditeur=Lulu|année=Mars 2011|passage=250|isbn=978-1446150122|lire en ligne={{Google Livres|id=4PTfAgAAQBAJ&pg=PA250&lpg}}}}.</ref>.}}{{,}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=100-103}}.

Les sujets de politique intérieure et extérieure sont au centre des discussions lors de son premier passage au Comité. Le {{date-|22 janvier 1795}}, il se prononce en faveur du maintien de la détention de [[Marie-Thérèse de France (1778-1851)|la fille]] et [[Louis XVII|du fils]] de [[Louis XVI]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=104-105}}. Dans le même temps, il veut réformer la diplomatie en instaurant un bureau chargé de rédiger un rapport indiquant les bases des intérêts politiques et commerciaux qui ont existé jusqu'alors entre la France et les autres nations. Avec [[Philippe-Antoine Merlin de Douai|Merlin de Douai]], il organise le rattachement de la [[Période française de l'histoire de Belgique|Belgique]] à la France puis négocie la signature d'un traité avec le [[grand-duché de Toscane]] qui se retire de la [[Première Coalition]]. Pour faciliter le travail diplomatique, il obtient ensuite que le Comité reçoive des pouvoirs exceptionnels en matière de négociation, ce qui permet la signature d'un grand nombre de traités de paix avec les nations européennes tout au long de l'année 1795{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=104-105}}. Lors de ses deux autres passages au Comité de salut public, Cambacérès en est désigné comme président, ce qui témoigne de son rôle central dans l'appareil d'État et de la confiance que lui portent ses pairs. Lors de son second mandat, des discussions débouchent sur la rédaction d'une nouvelle [[Constitution du 5 fructidor an III|constitution]] pour écarter le retour de la monarchie ou d'un régime autoritaire comme celui de la Terreur. Le pouvoir exécutif est confié à un gouvernement de cinq [[Directeur (Directoire)|Directeurs]], renouvelé par cinquième tous les ans, tandis que deux chambres, élues au [[suffrage censitaire]], sont formées pour empêcher la toute-puissance d'une seule assemblée, c'est-à-dire le [[conseil des Anciens]] et le [[conseil des Cinq-Cents]]. Cambacérès est d'abord hostile à cette nouvelle organisation politique puis s'y résout finalement et travaille à obtenir un siège de directeur{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=108-110}}.

==== De l'ombre à la lumière sous le Directoire ====
[[Fichier:Jacques-Louis David - Portrait of Emmanuel-Joseph Sieyès - WGA06098.jpg|thumb|upright|alt=Portrait de Sieyès assis sur un fauteuil.|L'[[Emmanuel-Joseph Sieyès|abbé Sieyès]] favorise l'entrée de Cambacérès au gouvernement sous le Directoire.]]
Au début du mois d'{{date-|octobre 1795}}, une affaire jette le trouble sur sa personnalité. Un agent royaliste, nommé Le Maître, est arrêté dans les jardins du [[Palais-Royal]]. Une perquisition menée à son domicile met au jour une correspondance supposée entre le [[Louis-Alexandre de Launay|comte d'Antraigues]] et Cambacérès au sujet de la préparation d'un coup d'État royaliste auquel ce dernier aurait prêté allégeance. À la tribune de la [[Convention nationale|Convention]], Cambacérès prononce un discours virulent dans lequel il nie tout contact avec le comte et réaffirme son attachement à la République. Il apparaît finalement que ce complot est une manœuvre de ses ennemis pour tenter de l'écarter du jeu politique. Bien que l'Assemblée semble convaincue de son innocence, l'affaire marque les esprits et ternit son image{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=114-117}}.

À la suite des [[Élections législatives françaises de 1795|élections législatives]], Cambacérès intègre le [[conseil des Cinq-Cents]]{{note|Selon l'article 83 de la Constitution du 5 Fructidor An III, n'étant ni marié ni veuf, il ne peut prétendre à faire partie du [[conseil des Anciens]]<ref>{{Ouvrage|titre= Constitution du 5 Fructidor An III|volume=V|titre volume=Conseil des anciens|numéro chapitre=83|wikisource= Constitution du 22 août 1795}}.</ref>.|group=n}}. Les députés qui forment cette [[chambre basse]] établissent une liste de cinquante noms proposés à l'élection des cinq [[Directeur (Directoire)|Directeurs]] par les membres du [[conseil des Anciens]]. Bien qu'il ait longtemps paru comme l'un des principaux favoris à cette élection, Cambacérès ne recueille pas suffisamment de voix. Même si les députés estiment ses capacités, l'affaire Le Maître suscite la défiance et ravive les sentiments monarchistes qu'on lui prêtait déjà au moment du [[procès de Louis XVI]], {{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=119-121}}.

Relégué au second plan, Cambacérès se consacre alors pleinement à son rôle de député et au travail législatif qu'il affectionne particulièrement. Il intègre plusieurs commissions, notamment celle des finances qui est chargée de préparer la loi du {{date républicaine-|19 frimaire an IV}} sur l'[[Rescription de l'emprunt forcé|emprunt forcé]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=125}}. Il reprend son projet de [[Code civil (France)|Code civil]] au sein de la Commission de classification des lois, qui joue le même rôle que le Comité de Législation sous la [[Convention nationale|Convention]]. Présenté une première fois le {{date-|12 juin 1796}} au conseil des Cinq-Cents, ce projet est complété dans les mois qui suivent pour former un corpus de {{unité|1104|articles}}. Il n'est discuté qu'à partir du {{date-|28 janvier 1797}} et, comme lors de ses deux premières tentatives, retoqué. Le débat s'enlise du fait de la difficulté de discuter de son contenu au sein des deux assemblées et Cambacérès demande, le {{date-|26 février}} suivant, que celui-ci soit ajourné{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=126-129}}.

Dans le même temps, il ne ménage pas les [[Directeur (Directoire)|Directeurs]] et critique ouvertement la politique intérieure et extérieure qu'ils mènent, de même que celle en matière de finances. Il propose aux députés des Cinq-Cents de nommer une commission chargée d'examiner leurs actes et de vérifier qu'ils ne portent pas atteinte au pouvoir législatif, ce qui est adopté le {{date-|19 octobre 1796}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=129-130}}. Trois jours plus tard, il est élu à la [[Liste des présidents du Conseil des Cinq-Cents|présidence de son assemblée]]. À l'approche des [[Élections législatives françaises de 1797|élections législatives de 1797]], sa position semble établie mais il fait l'objet d'une nouvelle campagne de calomnies tant sur son action politique que sur ses mœurs. Ne recueillant que 31 des {{unité|223|voix}} dans son département de l'[[Hérault (département)|Hérault]], il n'est pas réélu et se voit largement devancé par [[François Denis Rouch]] qui recueille {{unité|177|suffrages}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=130-132}}.

Éloigné de toute fonction publique, Cambacérès s'établit alors comme conseiller juridique sur les conseils de son ami Pierre-François Vieusseux, propriétaire de l'appartement qu'il loue [[rue Favart]]. À cette époque, il n'a pour seul revenu que celui attribué à son statut de membre l'[[Institut de France|Institut]] à l'[[Académie des sciences morales et politiques]] où le Directoire l'avait nommé le {{date-|20 novembre 1795}}<ref name="académie">{{lien web|url=http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-jacques-regis-de-cambaceres|titre=Fiche de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès|site=académie-française.fr|éditeur=[[Academie francaise]]|consulté le=27 octobre 2019}}.</ref>, mais il acquiert très vite une certaine réputation dans les questions financières, le droit maritime et le droit international, notamment auprès du milieu d'affaires montpelliérain installé à Paris{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=136-137}}. Il devient le conseiller juridique de plusieurs sociétés lucratives comme la [[Compagnie des mines d'Anzin]] ou celle du fournisseur aux armées [[Gabriel-Julien Ouvrard]] et connaît alors une certaine aisance{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=141-142}}. En parallèle, il place des sommes de plus en plus importantes chez divers banquiers et effectue des placements mobiliers, sur l'or et les bijoux, évitant soigneusement les placements hasardeux du commerce ou de l'industrie{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=146}}. La fortune qu'il assoit sonne comme une revanche personnelle par rapport à la pauvreté que connaît sa famille au cours de sa jeunesse, tandis qu'il tisse des relations avec de nombreux banquiers qui formeront plus tard le groupement des [[Négociants réunis]] et fourniront des capitaux au [[Consulat (histoire de France)|Consulat]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=143-144}}.

Cambacérès semble s'accommoder de son éloignement des affaires publiques et de cette {{citation|traversée du désert}} qui est somme toute relative. À la fin de l'[[an V]], les électeurs de la [[Seine (département)|Seine]] lui confèrent le grade de capitaine dans la [[Garde nationale (France)|garde nationale]] de Paris. Dès lors, il effectue son service chaque semaine et dirige sa compagnie{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=147-149}}. Il se porte candidat aux [[Élections législatives françaises de 1798|élections législatives 1798]]. L'assemblée électorale de Paris se réunit à l'[[Temple protestant de l'Oratoire du Louvre|Oratoire du Louvre]] et désigne le député sortant [[Jean-Joseph-Victor Genissieu]] comme président et Cambacérès comme secrétaire. Ces deux nominations font immédiatement apparaître que deux partis adverses presque égaux se trouvent au sein de l'assemblée, et des irrégularités sont constatées dans la vérification des pouvoirs en vue de favoriser les candidats de la majorité [[Directoire|directorialiste]]. Devant cette situation, Genissieu démissionne, laissant son siège à Cambacérès. Une partie des électeurs fait scission et se retrouve dans la salle des séances de l'Institut. À l'Oratoire, Cambacérès est élu député au même titre que [[Roger Ducos]] et [[Gaspard Monge]], mais le [[Directoire]] leur préfère les candidats élus à l'Institut. Dans les jours qui suivent, les Directeurs tentent un coup de force et le [[Élections législatives françaises de 1798#Le coup d'État du 22 floréal an VI|coup d'État du {{date républicaine-|22 floréal an VI}}]] annule l'élection de {{unité|106|députés}}, dont Cambacérès{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=147-149}}{{,}}{{sfn|Vialles|1908|group=v|p=187}}{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur=[[Jean-René Suratteau]]|titre=Les Élections de l'an VI et le « coup d'État du 22 floréal » (11 mai 1798). Étude documentaire, statistique et analytique. Essai d'interprétation|lieu=Paris|éditeur=Société Les Belles Lettres|année=1971|passage=300-306}}.</ref>.

Le {{date-|20 mai 1799}}, il est élu juge au [[tribunal de cassation]] de la [[Haute-Vienne]], sans être candidat. Il renonce cependant à ce poste car, dans le même temps, la situation évolue à la tête de l'État{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=151-152}}. L'entrée d'[[Emmanuel-Joseph Sieyès]], favorable à une révision de la Constitution pour mettre en place un exécutif fort et stable, change la donne<ref>{{ouvrage|prénom1=Jean-Paul|nom1=Bertaud|titre=La Révolution française|éditeur=Perrin|lien éditeur=Éditions Perrin|année=2004|passage=323-324|isbn=978-2-262-02305-8}}.</ref>. Il s'entend avec [[Paul Barras]] pour écarter les trois autres directeurs lors du [[coup d'État du 30 prairial an VII|coup d'État du {{date républicaine-|30 prairial}}]] et faire élire par les Conseils des Directeurs alignés sur ses positions. Un remaniement ministériel s'opère et, à la demande de Sieyès, Cambacérès est nommé [[Ministère de la Justice (France)|à la Justice]] le {{date-|20 juillet}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=153-155}}{{,}}<ref>{{chapitre|auteur=[[Jean-René Suratteau]]|titre=Sieyès Emmanuel Joseph|auteur ouvrage=[[Albert Soboul]] (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire historique de la révolution française|lieu=Paris|éditeur= [[Presses universitaires de France]]|collection=Quadrige|année=1989|passage=982-986}}.</ref>. Au ministère, il rencontre Noël-Barthélemy Boutet de Monvel et Olivier Lavollée, qui deviennent ses secrétaires particuliers et figureront parmi ses plus proches conseillers sous l'[[Empire]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=157-158}}. Au Directoire, l'entente entre Sieyès et Barras est de courte durée : l'exécutif apparaît une nouvelle fois divisé et le gouvernement s'enlise. Le travail ministériel de Cambacérès est alors insignifiant. Des rumeurs de coup d'État se répandent et la fragilité du Directoire est manifeste{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=158-159}}.

=== Deuxième Consul ===
[[Image:Couder - Installation du Conseil d'Etat.jpg|thumb|alt=Peinture présentant Napoléon et les deux autres consuls debout sur une tribune, un cercle d'hommes leur prêtant allégeance.|Le consul Cambacérès (à gauche, derrière Bonaparte) lors de l'installation du [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]].]]
Un groupe de députés proches de [[Emmanuel-Joseph Sieyès|Sieyès]] passe à l'action en se servant du [[Napoléon Ier|général Bonaparte]], de retour d'[[Campagne d'Égypte|Égypte]]. Convaincu lui aussi par la nécessité de changer de régime et fasciné par Bonaparte, Cambacérès est au centre du complot. Pour autant, fidèle à sa réserve naturelle et par crainte d'être compromis en cas d'échec, il évite de trop s'afficher publiquement avec les conjurés{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=164-166}}. Le [[coup d'État du 18 Brumaire]] est un succès et aboutit au renversement du régime. Un [[Consulat (histoire de France)|Consulat provisoire]] est mis en place, comprenant Bonaparte, Sieyès et [[Roger Ducos]]{{sfn|Bertaud|2014|p=17-19}}. Cambacérès conserve son poste au [[Ministère de la Justice (France)|ministère de la Justice]]. Au cours de ces journées décisives, sa complicité avec Bonaparte se resserre. Ce dernier ne se satisfait pas des dispositions du Consulat provisoire : il veut le pouvoir pour lui seul et rejette le projet de Constitution élaboré par Sieyès. Il fait écrire un [[Constitution du 22 frimaire an VIII|autre texte]] à sa convenance, qui est adopté le {{date-|13 décembre}}{{sfn|Bertaud|2014|p=20-21}}. Le gouvernement est confié à trois consuls installés pour dix ans et rééligibles par le [[Sénat conservateur|Sénat]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=173-177}}. En réalité, le pouvoir appartient au Premier consul, Napoléon Bonaparte, qui nomme les ministres responsables devant lui et jouit de l'initiative des lois. Les deux autres consuls n'ont qu'une voix consultative.

Le {{date-|13 décembre 1799}}, Cambacérès est nommé Deuxième consul, et [[Charles-François Lebrun]], Troisième consul. Ce choix va dans le sens voulu par Napoléon de réconcilier les partis : homme de pouvoir sous la [[Première République (France)|République]], Cambacérès est la caution révolutionnaire du nouveau régime, tandis que Lebrun, ancien constituant royaliste, apporte le soutien d'une partie de l'élite de l'[[Société d'Ancien Régime|Ancien régime]]{{sfn|Bertaud|2014|p=20-21}}{{,}}{{sfn|Serna|2005|p=476}}. Dès les premiers jours de ce nouveau régime, le Deuxième consul ne se fait guère d'illusions sur son rôle : {{citation|Je n'eus pas besoin de me livrer à une longue méditation pour reconnaître qu'il faudrait abandonner la partie, ou vivre de bonne intelligence avec le Premier consul{{sfn|Lentz|2016|p=12}}.}} Toutefois, ses conseils sont suivis par Bonaparte : alors que ce dernier souhaite multiplier les postes ministériels, Cambacérès l'en dissuade en expliquant que {{citation|dans un grand État, les principaux fonctionnaires perdent de leur considération en raison de leur nombre}} et qu'en outre, il ne faut pas {{citation|accroître les établissements qui entraînent après eux une grande dépense}}{{sfn|id=Mémoires1|texte=Mémoires inédits de Cambacérès|loc=t. I, {{p.|465}}}}{{,}}{{sfn|Lentz|2016|p=77-78}}.

Les deux consuls reçoivent des pouvoirs délégués de la part de Bonaparte. Ils sont notamment chargés de nommer, en compagnie des deux ex-consuls provisoires, Sieyès et Ducos, la majorité des nouveaux [[Sénat conservateur|sénateurs]]. Les membres du [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]], une nouvelle institution chargée de rédiger les projets de lois, sont nommés par Bonaparte mais Cambacérès réussit à y faire entrer certains de ses amis ou de ses relations [[Franc-maçonnerie|maçonniques]], comme [[Jean-Antoine Chaptal]], [[Jean Devaines]], [[Antoine Boulay de la Meurthe]] ou [[Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry|Moreau de Saint-Méry]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=181-183}}. Cambacérès choisit de loger à l'hôtel d'Elbeuf, dans la [[rue Saint-Nicaise]], plutôt qu'aux [[Palais des Tuileries|Tuileries]] comme les deux autres consuls. Il le fait meubler en puisant dans les réserves du [[Mobilier national]] afin d'assurer le rôle de représentation permanente qui incombe au second personnage de l'État, tout en recherchant le luxe qu'il n'a pas connu dans sa jeunesse. En organisant des réceptions somptueuses, Cambacérès marque la continuité des habitudes mondaines à travers les changements de régime et atteint le couronnement social qu'il a toujours recherché{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=184-190}}. Il entretient une [[Cour (palais)|cour]], parmi lesquels ses secrétaires particuliers Boutet-Monvel et Lavollée, des amis de longue date comme le marquis d'Aigrefeuille, nommé [[chambellan]], et [[Philippe-Charles de Pavée de Villevieille|Pavée de Villevieille]], ou encore des membres de sa famille comme [[Jean-Jacques Duvidal de Montferrier|Duvidal de Montferrier]] ou [[Henri de Carrion-Nizas (1767-1841)|Carrion-Nizas]]. Par l'intermédiaire du Deuxième consul, tous obtiendront des distinctions pendant l'[[Premier Empire|Empire]]. Cambacérès possède un {{citation|instinct de [[Sybaritisme|sybarite]]}} selon le mot de Pierre-François Pinaud, qui le pousse à accumuler les signes extérieurs de richesse et à rechercher les mets les plus exceptionnels à sa table de réception{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=184-190}}.

[[Fichier:3consuls.jpg|thumb|left|alt=Peinture montrant les portraits en buste des trois consuls.|Cambacérès (à gauche) sur un tableau représentant les trois consuls.]]
Malgré les pouvoirs limités que lui octroie la [[Constitution du 22 frimaire an VIII|Constitution]], il est plus qu'un conseiller pour Bonaparte, qui met à profit ses capacités d'homme d'État pour refonder l'organisation institutionnelle et administrative du pays. Cambacérès intervient sur la nomination des magistrats et des préfets, que le Premier Consul n'a plus qu'à ratifier, ainsi que la préparation des lois dans le domaine de la justice, notamment celle du {{date-|2 mars 1800}} qui pose les fondations d'une nouvelle hiérarchie des juges et des tribunaux. Il double la nomination des magistrats d'une manœuvre politique car de nombreux [[Jacobinisme|Jacobins]] font leur entrée dans la magistrature, ce qui est une manière de les attacher au régime, mais agit également par [[népotisme]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=195-198}}. Napoléon Bonaparte lui délègue la présidence des séances du [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]] et du [[Sénat conservateur|Sénat]] en son absence, de même que la signature des actes de gouvernement<ref>{{ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Tulard|lien auteur1=Jean Tulard|titre=Napoléon et 40 millions de sujets|sous-titre=La centralisation et le Premier Empire|éditeur=Tallandier|lien éditeur=Éditions Tallandier|collection=Bibliothèque napoléonienne|année=2014|passage=197-208}}.</ref>. Cambacérès fait preuve d'une grande habileté en recherchant le plus souvent à concilier les positions{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=200-202}}. Le Premier consul lui témoigne une nouvelle fois sa confiance : il assure directement l'intérim du pouvoir du {{date-|6 mai}} au {{date-|2 juillet 1800}} alors que Bonaparte se porte à la tête de l'armée pour la [[Campagne d'Italie (1799-1800)|deuxième campagne d'Italie]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=203}}.

[[Fichier:Code_Civil_1804.png|thumb|upright|alt=Fac-similé d'une page typographiée.|La première page de l'édition originale du [[Code civil (France)|Code civil]].]]
Cambacérès est directement associé à la transformation du pays. La stabilité politique apportée par le [[Consulat (histoire de France)|Consulat]] incite Bonaparte à reprendre et achever le [[Code civil (France)|Code civil]] imaginé par Cambacérès de manière à poursuivre son travail d'unification de l'État. Une commission de quatre juristes, composée de [[Jean-Étienne-Marie Portalis|Portalis]], [[Félix Julien Jean Bigot de Préameneu|Bigot de Préameneu]], [[François Denis Tronchet|Tronchet]] et [[Jacques de Maleville|Maleville]], est chargée de rédiger le projet de « Code civil des Français », sous la direction de Cambacérès. Après trois ans de procédures, il est promulgué le {{date-|21 mars 1804}} et constitue dès lors l'une de ces « [[masses de granit]] » que le régime napoléonien cède au pays{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=209-210}}{{,}}{{sfn|Bertaud|2014|p=47-48}}. Le texte reprend en grande partie les trois premiers projets de Cambacérès, et Portalis décrit alors son travail comme {{citation|un chef-d'œuvre de méthode et de précision, conçu avec netteté, ordonné avec méthode et formulé avec précision}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=128}}. Profondément attaché à la religion, Cambacérès est un fervent défenseur du [[Régime concordataire français|Concordat]], ratifié en 1801. Il obtient de Bonaparte que son frère [[Étienne Hubert de Cambacérès|Étienne-Hubert]] soit nommé [[Liste des évêques et archevêques de Rouen|archevêque de Rouen]] l'année suivante{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=208}}. Cambacérès reçoit aussi un certain nombre de distinctions : il est élu à l'[[Académie française]] en 1803, au fauteuil {{numéro|30}} du [[Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert|comte de Guibert]]<ref name="académie"/>.

Après le [[Paix d'Amiens|traité d'Amiens]] en {{date-|mars 1802}}, la popularité du Premier consul semble à son plus haut. Cambacérès incite le [[Tribunat]] à donner à Bonaparte {{citation|un gage éclatant de la reconnaissance nationale}}. Dans un premier temps, le [[Sénat conservateur|Sénat]] consent à le déclarer réélu pour dix ans mais l'organisation d'un [[plébiscite]] proclame Napoléon Bonaparte consul à vie le {{date-|2 août}} suivant{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=211-212}}{{,}}{{sfn|Bertaud|2014|p=54}}. Malgré sa fidélité et son respect à l'égard du Premier consul, Cambacérès n'hésite pas à s'opposer à certaines de ses décisions. C'est le cas en 1804 lorsqu'il condamne fermement [[Affaire du duc d'Enghien|l'arrestation puis l'exécution]] du [[Louis-Antoine de Bourbon-Condé|duc d'Enghien]], soupçonné d'entretenir un complot royaliste. Il voit dans l'exécution d'un prince de sang royal un signal négatif envoyé aux autres pays et un risque d'agitation en province par des soulèvements{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=215-217}}.

=== Archichancelier de l'Empire ===
==== {{Citation|Plus qu'un numéro deux, moins qu'un numéro un}} ====
[[Image:Napoléon Ier reçoit à Saint-Cloud le Senatus-Consulte qui le proclame empereur des Français.jpg|thumb|Cambacérès (au centre du tableau) apporte à [[Napoléon Ier|Napoléon]] le sénatus-consulte qui le proclame Empereur.|alt=Peinture représentant Napoléon en tenue de consul, debout au centre d'une pièce, entouré de Joséphine de Beauharnais et de plusieurs dignitaires, alors que Cambacérès lui tend un document d'un air révérencieux.]]
Dès le début de l'année 1804, l'établissement de l'Empire semble inéluctable. Le complot orchestré par [[Georges Cadoudal|Cadoudal]] a fait admettre dans l'opinion publique la nécessité d'une monarchie héréditaire dans les mains de Bonaparte pour garantir les acquis républicains et mettre la France à l'abri d'un retour de l'[[Société d'Ancien Régime|Ancien Régime]]{{sfn|Bertaud|2014|p=73}}. Dans un premier temps, Cambacérès désapprouve cette évolution, mais il finit par s'y résoudre. Le {{date-|18 mai 1804}}, à la tête du [[Sénat conservateur|Sénat]] qu'il préside, il présente à [[Napoléon Bonaparte]] le [[sénatus-consulte]] qui le proclame Empereur des Français{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=221-226}}, dans la galerie d'Apollon du [[château de Saint-Cloud]]{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=19}}. Le même jour, quatre hommes sont portés au titre de [[Grands dignitaires de l'Empire français|grands dignitaires]] de l'Empire : Cambacérès est nommé archichancelier de l'Empire, un titre hérité du [[Saint-Empire romain germanique]]{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=37}}.

[[Fichier:Archichancelier Cambacérès.jpg|thumb|left|upright|alt=Estampe en couleur montrant Cambacérès en costume blanc aux parures rouges et dorées.|L'archichancelier en costume.]]Ses fonctions, définies par {{nobr|l'article 40}} de la [[Sénatus-consulte organique du 28 floréal an XII|Constitution de l'an XII]], sont principalement d'apparat, mais il conserve la confiance de Napoléon et demeure, dans les faits, son second. Si, sur le plan protocolaire, le prince [[Joseph Bonaparte]] est le deuxième personnage de l'État, c'est à Cambacérès qu'est parfois confiée la marche de l'État{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=37-38}}, faisant de lui {{citation|plus qu'un numéro deux, moins qu'un numéro un}}{{sfn|Pinaud|2018|p=195|group=p}}. L'article 45 de cette même Constitution précise que l'archichancelier doit présider le collège électoral de [[Bordeaux]]<ref>{{ouvrage|titre=Constitution du 18 mai 1804|wikisource=Constitution du 18 mai 1804}}.</ref>. Outre ses différentes attributions, sa qualité de grand dignitaire fait de lui un membre de droit du Sénat, du [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]], du Grand Conseil de l'Empereur et de son Conseil privé, ainsi que de celui de la [[Légion d'honneur]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=229-230}}. Chaque mercredi, les ministres de la Justice, de l'Intérieur, des Finances, du Trésor et des Cultes se réunissent chez lui pour y présenter les travaux de leurs départements respectifs qui sont ensuite transmis à l'Empereur. Malgré son changement de fonction, Cambacérès demeure toujours l'un des plus proches conseillers de Napoléon, qui le préfère aux personnages réputés comme comploteurs et intrigants que sont [[Joseph Fouché|Fouché]] et [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=231-235}}.

Comme sous le [[Consulat (histoire de France)|Consulat]], Cambacérès remplace Napoléon lors de ses déplacements à la tête des armées : il est chargé de la convocation de la présidence du Sénat, de la présidence du Grand conseil d'administration, du Conseil des ministres et du Conseil d'État, tout en respectant les prérogatives du prince Joseph. Il entretient en permanence une correspondance avec l'Empereur pour lui faire connaître les affaires en cours et lui permettre de prendre seul les décisions malgré son éloignement, seule l'urgence en matière de police dispensant de suivre cette procédure{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=160}}. Ses attributions se complètent d'une forte revalorisation de son traitement. À travers ses fonctions, il s'attache à renforcer son rôle de représentation et à se faire le gardien des traditions séculaires de la France, si bien que divers historiens {{citation|le rangent au magasin des accessoires décoratifs de l'Empire}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=231-235}}.

À la fin de l'année 1804, Cambacérès participe au même titre que plusieurs conseillers de l'Empereur à la préparation de [[Sacre de Napoléon Ier|son couronnement]], lors duquel il porte la [[main de justice]]. Il est également à l'origine du choix de l'abeille comme symbole de la personne de Napoléon, pour représenter la situation actuelle de la France avec une république réunie autour de son chef{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=67}}. Dès les premiers temps de l'Empire, Cambacérès est donc un homme fort au centre du pouvoir. Il est notamment chargé de préparer la rédaction de deux nouveaux codes, le [[Code de procédure civile (France)|Code de procédure civile]] et le [[Code de commerce (France)|Code de commerce]], ou encore de rédiger le [[sénatus-consulte]] rétablissant le [[calendrier grégorien]] à compter du {{date-|{{1er}} janvier 1806}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=236-239}}.

==== L'intérim de Cambacérès ====
[[Image:Jean-Jacques-Regis de Cambaceres (par Henri-Frederic Schopin).jpg|vignette|upright=0.7|Le Prince-Archichancelier de l'Empire, par [[Henri-Frédéric Schopin]].|alt=Portrait peint d'un homme se tenant debout et vêtu d'un costume d'apparat.]]
Napoléon quitte Paris le {{date-|25 septembre 1806}} pour prendre la tête des armées françaises lors des guerres de la [[Quatrième Coalition]]. Un ordre service signé la veille, et complété par un décret le {{date-|21 mars}} suivant, attribue à Cambacérès les principales charges de l'État. Pour autant, il ne peut décider seul et un auditeur au Conseil d'État est chargé chaque semaine de porter les ordres les plus importants à signer, ainsi que les rapports de l'archichancelier et des ministres, au quartier général de l'Empereur. Ainsi Napoléon peut modifier un certain nombre des décisions prises par Cambacérès quand elles ne lui conviennent pas{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=327-329}}. Ce système est approuvé par l'archichancelier qui déclare : {{citation|Ce moyen était sans doute plus ingénieux que solide. Il était sorti tout entier de la tête de l'Empereur qui, voulant exercer une autorité sans partage, et répugnant à l'installation d'un régent, et même d'un Conseil de régence, n'avait trouvé rien de mieux que d'être toujours présent à l'aide d'un mandataire spécial qui, n'ayant entre ses mains aucune autorité d'exécution, ne pourrait jamais donner de l'ombrage, lors même que ses qualités personnelles n'auraient pas suffi pour garantir ses intentions et sa conduite{{sfn|id=Mémoires2|texte=Mémoires inédits de Cambacérès|loc=t. 2, {{p.|98}}}}.}} Le rôle de Cambacérès pendant cette période ne doit cependant pas être sous-estimé car il gouverne vraiment la France pendant cet intérim, {{citation|soit en mettant en œuvre les programmes lancés avant le départ de l'Empereur, soit en prenant des décisions mineures, soit en gérant les situations de crise}}, comme le souligne l'historien [[Thierry Lentz]]{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=327-329}}. Ce dernier lui attribue même le qualificatif, certes anachronique, de {{citation|premier ministre}}{{sfn|Lentz|2016|p=101}}.

Napoléon tient fermement à ce que son absence ne soit pas un obstacle aux projets arrêtés et que la machine gouvernementale ne cesse jamais de fonctionner. Ainsi Cambacérès fait poursuivre les travaux d'embellissement de Paris, malgré une grève des ouvriers au début du mois d'{{date-|octobre 1806}}, et contrôle les discussions du [[Grand Sanhédrin]], devant donner un statut aux juifs de France. Sur le plan juridique, il assure l'entrée en vigueur du Code de procédure civile au {{date-|{{1er}} janvier 1807}} et surveille la discussion au Conseil d'État du Code de commerce, publié le {{date-|11 septembre 1807}}. Il est également chargé de préparer les lois sur l'instauration d'une nouvelle [[Cour des comptes (France)|Cour des comptes]]{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=327-329}}.

Cambacérès doit aussi affronter plusieurs situations de crises mettant en péril la sécurité de l'État. En {{date-|octobre 1806}}, alors que les [[Angleterre|Anglais]] attaquent les ports de [[Boulogne-sur-Mer|Boulogne]] et [[Calais]], il ordonne au maréchal [[Bon-Adrien Jeannot de Moncey|Moncey]], premier inspecteur général de la [[Gendarmerie nationale (France)|Gendarmerie]], de se tenir prêt à commander les troupes stationnées dans la région pour assister celles du maréchal [[Guillaume Brune|Brune]] et fait lever, avec l'autorisation de l'Empereur, des gardes nationales dans plusieurs départements du bord de la [[Manche (mer)|Manche]]. Au début de l'année 1807, il fait établir des camps militaires dans le [[Morbihan]] après plusieurs attaques de fortins le long des côtes par des soldats anglais, comme à proximité d'[[Arcachon]] ou des [[Les Sables-d'Olonne|Sables-d'Olonne]]{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=327-329}}. Cambacérès assure la propagande du régime. Il organise la lecture publique et l'affichage sur les murs des bâtiments publics parisiens et provinciaux des numéros du ''[[Bulletin de la Grande Armée]]'', vantant les mérites de l'Empereur et de ses troupes. À la demande de Napoléon, il fait traduire ces ''Bulletins'' en turc et en arabe, et fait écrire plusieurs ouvrages historiques pour justifier ses entreprises, comme ''L'Histoire des trois partages de la Pologne'' par le [[Alexandre Maurice Blanc de Lanautte|comte d'Hauterive]]{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=327-329}}.

Après le retour de l'Empereur à Paris à la fin du mois de {{date-|juillet 1807}}{{sfn|Bertaud|2014|p=126}}, Cambacérès retrouve sa place dans l'ombre de son souverain. Il est désigné pour rédiger et présenter au Sénat les statuts constitutifs de la [[noblesse d'Empire]]{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=346-347}}. Il emploie les expressions de {{citation|distinctions nécessaires}}, de {{citation|titres impériaux}}, du {{citation|nouvel ordre des choses}}, mais jamais celui de noblesse pour ne pas heurter les sentiments républicains d'une grande partie des sénateurs<ref name="tulard"/>. Un [[Conseil du Sceau]], présidé par lui et chargé d'examiner les demandes relatives aux titres et aux majorats, est créé par décret de l'Empereur le {{date-|{{1er}} mars 1808}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=274-275}}. Au fil des campagnes de la [[Grande Armée]], Cambacérès doit présenter au [[Sénat conservateur|Sénat]] les nouvelles [[conscription]]s{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=266-268}}. Pour lui témoigner sa reconnaissance, l'Empereur le fait [[Liste des ducs de Parme et Plaisance|duc de Parme]] le {{date-|24 avril 1808}}<ref name="tulard">{{ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Tulard|lien auteur1=Jean Tulard|titre=Napoléon et la noblesse d'Empire|éditeur=Tallandier|lien éditeur=Éditions Tallandier|année=2003|passage=63-65|isbn=9791021016859}}.</ref>. Cette distinction s'ajoute à de nombreuses autres, comme celle de l'[[ordre de l'Aigle noir]], reçu du roi [[Frédéric-Guillaume II]] de [[Prusse]] pour avoir organisé le deuil de la cour impériale après le décès de la [[Frédérique-Louise de Hesse-Darmstadt|reine douairière]] en 1805{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=266-268}}.

==== Une influence réduite ====
[[Fichier:Cambacérès par Boilly.jpg|thumb|upright|alt=Gravure montrant le portrait du visage de Cambacérès.|Portrait de Cambacérès, duc de Parme.]]
Plusieurs désaccords finissent néanmoins par naître entre l'Empereur et son archichancelier. Opposé à la conquête de l'Espagne, il est tenu à l'écart des décisions concernant les opérations militaires menées sur la péninsule ibérique{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=396}}, mais doit cependant les défendre à la tribune du Sénat en {{date-|septembre 1808}} en accusant l'Angleterre de vouloir détruire les intérêts communs de l'Espagne et de la France : {{citation|La guerre en Espagne est politique, elle est juste, elle est nécessaire{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=413}}.}} En 1809, alors que Napoléon est en Autriche à la tête de son armée, Cambacérès ne peut s'opposer à l'initiative de [[Joseph Fouché]] de mobiliser les troupes de gardes nationaux des départements du Nord, de Belgique et de Hollande pour contrer l'expédition anglaise de [[Expédition de Walcheren|Walcheren]], contre l'avis de l'Empereur. Celui-ci s'en prend vivement à Cambacérès, lui reprochant de ne pas avoir fait usage des pouvoirs qu'il lui a confiés{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=278-280}}{{,}}{{sfn|Lentz|2002|group=l|p=474-477}}. Dans les mois qui suivent, les conseils de l'archichancelier semblent de moins en moins écoutés. Alors que Napoléon lui fait part de son intention de [[Divorce de Napoléon Ier et Joséphine de Beauharnais|divorcer]] de l'[[Joséphine de Beauharnais|Impératrice Joséphine]] pour donner un héritier au trône, Cambacérès le contredit et défend l'Impératrice face à l'Empereur et au clan de la famille Bonaparte. Il doit pourtant s'y résoudre et c'est à lui qu'incombe la rédaction du [[sénatus-consulte]] qui officialise le divorce le {{date-|16 décembre 1809}}. C'est lui qui est chargé de négocier la dissolution du mariage devant l'[[officialité]] de Paris. Dans les mois qui suivent, alors que la plupart des conseillers de Napoléon souhaitent un mariage avec une princesse autrichienne, Cambacérès continue de défendre l'idée d'un mariage avec une princesse russe. Le mariage autrichien l'emporte et l'Empereur épouse [[Marie-Louise d'Autriche]]. Le mariage civil est prononcé par l'archichancelier et le secrétaire d'État [[Hugues-Bernard Maret]] le {{date-|{{1er}} avril 1810}} dans la grande galerie des [[Palais des Tuileries|Tuileries]], en présence de la famille impériale et de la Cour{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=281-283}}.

L'affaire du [[Coup d'État de Malet|coup d'État du général Malet]], alors que Napoléon est engagé en [[Campagne de Russie|Russie]] à la fin de l'année 1812, affaiblit la position de Cambacérès. L'Empereur s'insurge contre les hauts dignitaires de son régime car l'affaire a fait apparaître la faiblesse de la légitimité impériale : ni Cambacérès ni aucun autre dignitaire n'a songé, alors que la mort de Napoléon en Russie est annoncée par les comploteurs, à proclamer son fils, le [[Napoléon II|roi de Rome]], empereur, ce qui aurait assuré l'hérédité de son trône<ref>{{article|auteur=Philippe Catros|titre=Thierry Lentz, La conspiration du général Malet|périodique=''[[Annales historiques de la Révolution française]]''|année=2013|numéro=372|pages=194-196}}.</ref>. L'affaire Malet marque le début d'une certaine distance dans les relations entre Napoléon et son archichancelier. L'Empereur adopte alors une nouvelle forme de gouvernement en son absence avec la mise en place d'une [[régence]] assurée par l'[[Marie-Louise d'Autriche|impératrice Marie-Louise]], assistée d'un Conseil des [[Grands dignitaires de l'Empire français|grands dignitaires]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=327-328}}. Pour autant, tel un {{citation|souverain sans la couronne}}, Cambacérès demeure proche du pouvoir et devient l'un des plus proches conseils de la jeune impératrice pour l'assister dans une tâche qui semble trop lourde pour elle au regard de son inexpérience{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=229-230}}.

Au début de l'année 1814, alors que la situation militaire se dégrade et que la défaite française semble de plus en plus certaine, Cambacérès reste fidèle à l'Empereur. Le {{date-|28 mars}}, les armées alliées sont aux portes de Paris et le conseil de régence décide l'évacuation de la cour, de l'Impératrice et de son fils, qui gagnent [[Blois]] deux jours plus tard<ref>{{ouvrage|prénom1=Emmanuel de|nom1=Waresquiel|lien auteur1=Emmanuel de Waresquiel|titre=Talleyrand|sous-titre=Le Prince immobile|éditeur=Fayard|année=2003|passage=439|isbn=2213613265}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=338-339}}. Paris capitule le {{date-|31 mars}} et deux jours plus tard, le [[Sénat conservateur|Sénat]] vote la déchéance de l'Empereur. Celui-ci abdique le {{date-|6 avril}}, tandis que Cambacérès tente de sauver sa personne et de s'accrocher au pouvoir en adressant une lettre à [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand]]. Sénateur de droit par son statut de grand dignitaire, il y déclare qu'il {{citation|adhère à tous les actes faits par le Sénat depuis le {{date-|{{1er}} avril}}}}. Fidèle de Napoléon jusqu'aux derniers instants du régime, il se rallie pourtant à son acte de déchéance{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=341-342}}.

=== Restaurations, Cent-Jours et dernières années ===
[[Fichier:Le Départ (NAPOLEON 100).jpg|vignette|alt=Caricature en noir et blanc montrant deux hommes marchant derrière une charrette remplie, un chien leur urinant dessus.|Sous la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]], Cambacérès est la cible des caricaturistes royalistes.]]
Écarté du pouvoir, Cambacérès rentre à Paris le {{date-|9 avril}} et se voit notamment radié de l'[[Institut de France|Institut]]. Il perd également son titre de [[Duché de Parme|duc de Parme]]. Sous la [[Première Restauration]], il cherche à se faire oublier et refuse de conspirer avec ceux qui préparent un éventuel retour de l'Empereur, y compris lorsque commence le [[vol de l'aigle]] et le débarquement de ce dernier au [[Golfe-Juan]] le {{date-|{{1er}} mars 1815}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=343-345}}. Il est pourtant réintégré dans toutes ses dignités par Napoléon et reprend lors des [[Cent-Jours]] le poste de [[Ministère de la Justice (France)|ministre de la Justice]] qu'il avait occupé pendant le Directoire et qu'il n'a d'autre choix que d'accepter : {{citation|Il fallait donc ou servir l'empereur ou se placer parmi ses ennemis}}{{sfn|Laurence Chatel de Brancion|2001|p=598}}. Napoléon lui adjoint le conseiller d'État [[Antoine Boulay de la Meurthe]] pour l'épauler dans sa tâche. Dès le retour au pouvoir de l'Empereur, Cambacérès se distingue en signant avec les autres ministres [[Martin Michel Charles Gaudin|Gaudin]], [[Denis Decrès|Decrès]], [[Joseph Fouché|Fouché]], [[Armand de Caulaincourt|Caulaincourt]], [[Hugues-Bernard Maret|Maret]], [[Lazare Carnot|Carnot]] et le maréchal [[Louis Nicolas Davout|Davout]] un texte dans lequel ils enjoignent à Napoléon de tenir ses engagements en suivant pour seule voie de gouvernement {{citation|la garantie et la consolidation des institutions libérales}}, sans provoquer la guerre ni commettre d'actes arbitraires{{sfn|Serna|2005|p=169}}. Le {{date|2|juin|1815}}, Cambacérès est nommé président de la [[Chambre des pairs]]<ref>{{ouvrage|titre=
Biographie moderne, ou galerie historique, civile, militaire, politique et judiciaire|année=1815|tome=1|passage=344-346|lire en ligne=https://books.google.fr/books?hl=fr&id=sraODQz7l5AC&q}}.</ref>. Son pouvoir est néanmoins limité : la présidence du conseil de gouvernement en l'absence de l'empereur est cette fois confiée à son frère [[Joseph Bonaparte]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=346-349}}. Après la [[Bataille de Waterloo|défaite de Waterloo]] et la chute définitive de [[Napoléon Ier|Napoléon]], Cambacérès est une nouvelle fois mis au ban de la société. Il est dénigré par une campagne de presse en partie orchestrée par [[François-René de Chateaubriand]] et les milieux ultraroyalistes et qui repose sur son [[homosexualité]] supposée<ref name="fureix"/>. Sa carrière politique s'achève.

[[Fichier:Père-Lachaise - Division 39 - Cambacérès 02.jpg|vignette|gauche|upright|alt=Photographie montrant un monument funéraire en pierre.|La tombe de Cambacérès au [[cimetière du Père-Lachaise]] (39eme division).]]
À la fin de l'année 1815, il est radié, comme dix autres membres, de l'[[Académie française]]{{sfn|Serna|2005|p=192}}. Il est frappé par la [[loi du 12 janvier 1816]] qui décrète l'amnistie des soutiens de l'Empereur pendant la période des Cent Jours, à l'exception des membres de sa famille et de ceux qui ont voté en faveur de l'[[exécution de Louis XVI]], et doit s'exiler à [[Bruxelles]]. Pour autant, cherchant une nouvelle fois à protéger son honneur, il rédige un long ''Mémoire justificatif'' dans lequel il cherche à motiver ses positions par les circonstances de l'époque, et sollicite l'intervention du [[Liste des ministres français de la Police|ministre de la Police]] [[Élie Decazes]], franc-maçon comme lui. Cela lui permet notamment d'éviter que sa fortune soit entièrement placée sous séquestre{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=352-356}}. Durant son exil, Cambacérès se réfugie dans la piété. [[Louis-Désiré Véron]] écrit de lui : {{citation|Il faut vous figurer un vieillard respectable, en perruque et en habit marron, allant tous les matins à [[Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles|Sainte-Gudule]], notre cathédrale, près de laquelle il était logé ; un domestique le suivait portant un gros livre d'heures. Là, Cambacérès s'agenouillait sur la terre nue, entendait la messe et restait plongé dans de longues méditations : ''[[Quantum mutatus ab illo !]] ''}}<ref>{{article|auteur=[[Louis-Désiré Véron]]|titre=Les exilés de Bruxelles|périodique=''[[Revue des Deux Mondes]]''|année=1830|numéro=19|pages=17|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=e0hFAAAAYAAJ&pg=PA17&lpg=PA17&dq#v=onepage&q&f=false}}.</ref>.

Le {{date-|28 mai 1818}}, une ordonnance royale signée par [[Louis XVIII]] le rétablit dans ses grades et qualités dans l'[[Ordre national de la Légion d'honneur|ordre de la Légion d'honneur]] et l'autorise à rentrer en France en le retirant définitivement de la liste de proscription établie en {{date-|janvier 1816}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=366-367}}. Il revient à Paris à la fin de l'année 1818 puis effectue un dernier séjour à Bruxelles en {{date-|mai 1821}} pour y régler ses affaires{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=368-370}}.

Le {{date-|{{1er}} mars 1824}}, il est atteint d'une crise d'[[apoplexie]] après déjeuner. Pris en charge par plusieurs chirurgiens, son état s'aggrave et il meurt le {{date-|8 mars}}. Ses funérailles sont célébrées quatre jours plus tard par l'archevêque de Paris [[Hyacinthe-Louis de Quélen]] en l'église [[Église Saint-Thomas-d'Aquin (Paris)|Saint-Thomas-d'Aquin]] et en présence de nombreux dignitaires du régime actuel et des régimes passés, ainsi que de nombreux ambassadeurs. Cambacérès est inhumé au [[cimetière du Père-Lachaise]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=371-373}}.

== Franc-maçonnerie ==
[[Image:Alexandre Louis Roëttiers de Montaleau (1748-1807).jpg|thumb|upright|alt=Portrait peint en buste d'un homme.| Cambacérès participe avec [[Alexandre Roëttiers de Montaleau]] au renouveau de la franc-maçonnerie sous le Consulat puis l'Empire.]]
Jean-Jacques-Régis Cambacérès est initié [[Franc-maçonnerie|franc-maçon]] le {{date-|17 mai 1779}} dans la [[Loge maçonnique|loge]] {{Citation|L'ancienne et de la Réunion des Élus}} sise à [[Montpellier]]. Lors de sa réception, elle compte vingt-et-un membres, principalement des maîtres artisans, des boutiquiers et des médecins. Présenté par les marquis Charles-Michel d'Aigrefeuille et [[Philippe-Charles de Pavée de Villevieille]], il franchit rapidement les trois [[Grade maçonnique|grades]] d'apprenti, compagnon et maître. Il en assure également la fonction d'[[Officiers de loge maçonnique#Orateur|orateur]]. En 1786, il est choisi comme député de plusieurs loges montpelliéraines pour les représenter à [[Paris]] lors du convent des loges du [[Grand Orient de France|Grand Orient]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=244-246}}. En 1788, il est membre de la l'{{citation|Académie des Vrais Maçons}}, une loge fondée par le marquis d'Aigrefeuille dix ans plus tôt et qui offre {{citation|une explication emblématique des opérations indiquées par les [[Hermétisme|philosophes hermétiques]] pour parvenir à la découverte de la [[pierre philosophale]] et de la médecine universelle}}. Passionné d'[[ésotérisme]], il est en correspondance à la veille de la [[Révolution française|Révolution]] avec des [[alchimiste]]s de [[Prusse]], de [[Russie]] et de [[Suède]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=244-246}}.

Ami d'[[Alexandre Roëttiers de Montaleau]], Cambacérès participe au renouveau de la [[franc-maçonnerie]] à partir de 1799 et à l'accord de fusion entre la Grande Loge dite de Clermont{{note|Constitué des loges qui refusent en 1773, la transformation de la première Grande Loge de France en Grand Orient de France et de ses nouvelles règles de décisions<ref>{{ouvrage|auteur1=Alain Bauer|auteur2=Pierre Mollier|collection=Que sais-je ?|titre=Le Grand Orient de France|édition=Presses Universitaires de France|année=2012|chapitre=Aux origines|passage=15|isbn=9782130588665}}.</ref>.|group=n}} et le [[Grand Orient de France]]<ref name="bnf"/>. Par la suite, [[Napoléon Ier|Napoléon]] le charge d'obtenir l'union des [[Obédience maçonnique|obédiences maçonniques]], faute de quoi la dissolution définitive des divers ordres est évoquée. Aidé dans cette mission par son conseiller [[Philippe-Charles de Pavée de Villevieille|Pavée de Villevieille]], il arbitre les positions et obtient qu'un concordat soit signé entre les puissances maçonniques le {{date-|3 décembre 1804}} par les représentants des différents rites chez le sénateur [[François Christophe Kellermann]]. Validé par l'Empereur, il est ratifié solennellement deux jours plus tard et assure la protection de ce dernier à l'ensemble de l'institution maçonnique<ref>{{chapitre|auteur1=[[Roger Dachez]]|titre chapitre=Le temps des épigones (1796-1852)|titre ouvrage=Histoire de la franc-maçonnerie française|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Que sais-je ?|année=2011|passage=78-94}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=253-255}}. Choisi comme fédérateur de la maçonnerie française, son goût pour le compromis et sa distante cordialité lui permettent dès lors de faire accepter décisions et arbitrages par les membres des ordres qu'il prend sous sa protection sans aucune préférence, tout en pondérant leur influence<ref name="Saunier">{{ouvrage|auteur=Collectif|responsabilité1=Dir. [[Eric Saunier]]|titre= Encyclopédie de la franc-maçonnerie|éditeur=[[Le Livre de poche]]|collection=La Pochothèque|année première édition=2000|numéro d'édition=2|réimpression=2008|pages totales=984|isbn=9782253132523|id=EM2000|passage=121-122|chapitre=Cambacérès, Jean-Jacques Régis}}.</ref>. 

À l'occasion de la réorganisation du [[Grand Orient de France]] de 1804, il devient grand administrateur de l'ordre et il est installé {{Citation|chef suprême}} du [[Rite français]]<ref>{{article|auteur1=[[Pierre Mollier]]|titre=Le Grand Chapitre Général de France et la fixation du Rite français|périodique=Renaissance Traditionnelle|numéro=176|date=octobre 2014|passage=198-199}}.</ref>. Les frères de l'Empereur, les princes [[Joseph Bonaparte|Joseph]] et [[Louis Bonaparte]], sont alors respectivement grand maître et grande maître adjoint du [[Grand Orient de France]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=253-255}}. Quelques mois plus tard, en {{date-|décembre 1805}} et après le retrait du prince Louis{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=253-255}}, il est nommé grand maître adjoint en suppléance du roi [[Joseph Bonaparte]] qui en conserve le titre. Il conserve cette fonction jusqu'en 1815<ref>{{bibliographie|Q72853536|auteur1=[[Pierre Mollier]]|passage=29}}<!-- Les grands maîtres du GODF -->.</ref>. Il est nommé grand commandeur du [[Suprême Conseil de France|Suprême Conseil du rite écossais]] la même année. Il cumule ces fonctions avec celle de grand maître d'honneur du [[Ordre royal d’Écosse|Rite d'Heredom]], de grand-maître de la Mère loge Rite écossais philosophique, grand-maître du Rite primitif de Narbonne et de grand maître du [[Rite écossais rectifié|régime rectifié]], ainsi que de l'ordre des [[Chevalier bienfaisant de la Cité sainte|Chevaliers bienfaisants de la Cité sainte]]. [[Officiers de loge maçonnique|Vénérable maître]] de la loge {{Citation|Saint-Jean de la grande maîtrise}} située à Paris dans le même temps, il réunit au sein de cette loge la plupart des dignitaires de la franc-maçonnerie<ref name="Saunier"/>{{,}}<ref name="ligou"/>.

Ainsi {{Citation|patriarche}} de toutes les rites et obédiences de France, il donne un caractère officiel à la franc-maçonnerie impériale et fait publier les ''Statuts de l’Ordre maçonnique en France de 1806''. Durant cette période, les loges sont majoritairement constituées de militaires et d'administrateurs. Cambacérès, sans être un innovateur ni un meneur, accomplit son mandat de grand-maître adjoint à la façon d'un {{Citation|grand surveillant}} et applique les consignes de l'Empereur qui visent à protéger et contrôler toutes les obédiences afin qu'elles soient {{Citation|au service de la gloire de l'Empire}}. Le résultat est probant, de {{unité|70|loges}} maçonniques civiles en 1800, le Grand Orient de France en compte 900 en 1814<ref name="bnf">{{lien web|url=http://expositions.bnf.fr/franc-maconnerie/arret/03-4.htm|titre=La maçonnerie « impériale »|auteur1=Thierry Lentz|site=expositions.bnf.fr|consulté=05/11/2019}}.</ref>. Sous son autorité, la franc-maçonnerie impériale procède d'un {{Citation|gouvernement des esprits{{note|Selon la terminologie de Nathalie Petiteau dans son étude : {{ouvrage |titre=Les Français et l'Empire, 1799-1815 |éditeur=La Boutique de l’Histoire/Éditions universitaires d’Avignon |année=2008 |EAN=978-2-910828-46-2 |passage=56-57}}.|group=n}}}} qui inclut la [[maçonnerie d'adoption]] où l'impératrice joue un rôle central et met en œuvre un maçonnerie des dames élitaire et utilitaire<ref>{{bibliographie|Q28827910|collection=L'univers maçonnique|passage=561-562}} <!---Yves Hivert-Messeca, L'Europe sous l'acacia T2--->.</ref>.

La fin du [[Premier Empire]] et son exil ne l'éloignent pas totalement de la franc-maçonnerie. Il participe à [[Bruxelles]] aux travaux de la loge {{Citation|[[Les Amis philanthropes]]}} ainsi qu'à ceux du Suprême conseil de Belgique. À son retour d'exil en 1818, il est reçu comme grand commandeur honoraire du Suprême Conseil du Rite écossais et garde cette dignité jusqu'en 1821. Il semble ne plus s'intéresser à la franc-maçonnerie, mais continue de fréquenter plus discrètement les [[Loge maçonnique|loges maçonniques]]. À sa mort, il totalise plus de quarante années d'appartenance aux ordres maçonniques en général<ref name="ligou">{{bibliographie|Q22342911|année première édition=1986|passage=190|chapitre=Cambacérès, Jean-Jacques Regis}} <!--Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie--->.</ref>{{,}}<ref name="Saunier"/>.

== Regards contemporains et personnalité ==
De son temps comme depuis sa mort, Cambacérès a souvent été critiqué pour son opportunisme politique. Dès son entrée à la [[Convention nationale|Convention]], il apparaît comme méditant ses actes, à la recherche continue d'un équilibre guidé par la seule préoccupation de son salut personnel{{sfn|Papillard|1961|p=9-17}} : {{citation|il avait traversé la Révolution en ayant pour but principal de sa conduite d'y survivre}}<ref>{{ouvrage|auteur1=Marquis de Noailles|titre=Le Comte Molé 1781-1855. Sa vie. Ses Mémoires|année=1922|tome=I|passage=70|lieu=Paris|éditeur=Champion}}.</ref>. Son attitude ambiguë lors du [[procès de Louis XVI]], lors duquel il conteste tout d'abord la légitimité de la Convention à se muer en tribunal, avant de voter la mort sous condition puis de se ranger à l'avis de la majorité en réclamant l'exécution du roi le jour même, témoigne de ses nombreux revirements. De même, son ralliement relativement prompt à la royauté sous la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]] renforce son image d'opportuniste. Le ''Dictionnaire des girouettes'', paru en 1815 et qui blâme les nombreux revirements des principaux personnages politiques de l'époque, lui attribue six girouettes<ref>{{ouvrage|auteur1=Anonyme|titre=Dictionnaire des girouettes|sous-titre=Nos contemporains peints d'après eux-mêmes|éditeur=Eymery|lieu=Paris|année=1815|passage=67|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=LTtsoKgx03cC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=Cambac%C3%A9r%C3%A8s%20conseiller&f=false }}.</ref> sur un maximum de huit<ref>Par exemple,
* Augereau, maréchal d'Empire, en reçoit huit ({{ouvrage|auteur1=Anonyme|titre=Dictionnaire des girouettes|sous-titre=Nos contemporains peints d'après eux-mêmes|éditeur=Eymery|lieu=Paris|année=1815|passage=20|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=LTtsoKgx03cC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=Augereau%20soldat&f=false }}) ;
* Barré, Radet et Desfontaines, trois chansonniers, en reçoivent également huit ({{ouvrage|auteur1=Anonyme|titre=Dictionnaire des girouettes|sous-titre=Nos contemporains peints d'après eux-mêmes|éditeur=Eymery|lieu=Paris|année=1815|passage=33|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=LTtsoKgx03cC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=Barr%C3%A9%20radet%20desfontaines&f=false }}. </ref>, tandis que [[François-René de Chateaubriand]] raille la prétendue rapidité avec laquelle Cambacérès oublie son statut de deuxième personnage de l'Empire : {{citation|Mailhes, qui vota le premier la mort de Louis XVI, Cambacérès, qui salua le premier Napoléon du nom d'empereur, reconnurent avec empressement les actes du gouvernement provisoire<ref>{{Ouvrage|langue=français|prénom1=François-René|nom1=de Chateaubriand|lien auteur1=François-René de Chateaubriand|titre=[[Mémoires d'Outre-tombe]]|passage=livre 22, chapitre 18}}.</ref>.}} Pierre-François Pinaud le présente comme un homme de compromis dont le tempérament oblige à la prudence dans les temps les plus troubles de la [[Révolution française|Révolution]] : {{citation|Cambacérès n'appartient ni à la classe peu nombreuse des grands personnages toujours prêts à se dévouer pour le bien de la patrie, ni au petit nombre de ces génies que la Providence appelle à guider les peuples ou à gouverner les États en temps de crise. Il compte plutôt parmi ces grands commis, tout à la fois habile politique et savant juriste, dont la seule religion est de servir l'État quel que soit le régime et quel qu'en soit le prix à payer{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=12-13}}.}}

Si Cambacérès a constamment cherché à préserver sa personne pour se maintenir auprès du pouvoir, il n'a jamais cherché à l'accaparer malgré les missions que lui confie Bonaparte sous le Consulat et l'Empire. [[Thierry Lentz]] affirme que {{citation|jamais Cambacérès ne se considéra comme personnellement investi des plus hautes charges : il en était le gardien en attendant le retour du maître}}, ce qui explique selon lui {{citation|sa parfaite entente avec Napoléon}} et ce que confirme [[Hippolyte Taine]] : {{citation|Il ne voulait jamais briller, mais être utile}}{{sfn|Lentz|2016|p=105-106}}.

Cambacérès apparaît donc naturellement comme un personnage neutre et vulnérable, accessoire du pouvoir, un simple {{citation|courtisan épris d'honneurs}}{{sfn|Papillard|1961|p=9-17}}. Ce jugement est largement partagé par ses contemporains, bien que certains défendent néanmoins l'homme d'État discret mais efficace qui se révèle en lui. Ainsi le [[Mathieu Molé|comte Molé]] avance que, pour l'[[Napoléon Ier|Empereur]], {{citation|La rencontre d'un tel homme avait été [...] une partie notable de sa fortune. Nul ne pouvait être plus propre à lui apprendre, sans s'en glorifier, les choses qu'il ignorait le plus. Nul ne pouvait employer plus de savoir et d'habileté à justifier, par une forme légale, les actes de sa toute-puissance{{sfn|Papillard|1961|p=9-17}}.}} Antoine Aubriet, qui publie sa première biographie l'année même de sa mort en 1824, remarque que la conduite de Cambacérès diffère peu de celle des autres grands personnages de l'époque, en étant principalement guidée par les circonstances{{sfn|Aubriet|1824|loc=préface}}. Ses biographes les plus récents s'attachent à le présenter comme un juriste très fermement attaché aux règles et aux fondements du droit{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=12-13}}, ce que soulignait déjà le chancelier [[Étienne-Denis Pasquier]], en décrivant Cambacérès comme : {{citation|la meilleure tête du Conseil impérial, d'autant plus profond que sa science, quoique fort étendue, ne le gouvernait pas exclusivement et qu'elle était aux ordres d'un sens exquis, d'une raison supérieure, qui seule fait le législateur}}<ref name="pasquier"/>. Le général [[Georges Catroux]] voit lui aussi en Cambacérès {{citation|un modéré épris d'ordre public}} qui {{citation|avait le goût passionné du Droit{{sfn|Papillard|1961|p=9-17}}}}.

Ainsi les contemporains de Cambacérès, de même que de nombreux historiens, lui reconnaissent d'indéniables talents d'homme d'État. L'activité qu'il déploie pour assurer la bonne marche de l'Empire est manifeste : parmi les [[Grands dignitaires de l'Empire français|grands dignitaires]], il est celui qui siège le plus souvent au conseil privé de Bonaparte entre 1804 et 1814{{sfn|Lentz|2016|p=63}}. Selon [[Pierre Voizard]], {{citation|il en est peu qui aient montré autant de perspicace intelligence, une telle puissance de travail, une connaissance aussi approfondie des problèmes juridiques et administratifs{{sfn|Voizard|1964|p=167-168|id=Voizard1}}}}. Les {{unité|582|volumes}} du Fonds Cambacérès, issus de sa bibliothèque et déposés à la [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]] en 2007, témoignent de son érudition tout autant que de ses centres d'intérêts professionnels et intellectuels. Si la plupart concernent le domaine juridique, le fonds montre l'intérêt de Cambacérès pour l'art, l'histoire et l'archéologie<ref>{{lien web|url=https://www.courdecassation.fr/institution_1/culture_patrimoine_7661/expositions_virtuelles_8084/dep_t_37721.html|titre=Fonds Cambacérès, en dépôt à la Cour de cassation|site=courdecassation.fr|éditeur=[[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]]|consulté le=10 novembre 2019}}.</ref>.

== Aspects privés ==
=== {{citation|Le sybarite et sa cour}} ===
[[Fichier:Almanach-des-Gourmands.jpg|thumb|alt=Fac-similé d'un livre typographié contenant du texte et une illustration.|L'''Almanach des Gourmands'', dont Cambacérès préside le jury des dégustateurs.]]
Selon Pierre-François Pinaud, {{citation|la vie de Cambacérès tient en trois mots : pouvoir, société et argent}}. Être et paraître sont chez lui des {{citation|qualités cardinales}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=289-290}}. Le luxe, les titres et les distinctions lui procurent fierté et satisfaction. En tant qu'archichancelier de l'Empire, le prédicat honorifique de ''[[Son Altesse Sérénissime]]'' est attaché à son nom et même ses amis les plus intimes doivent céder à ses exigences protocolaires. Il confie notamment au marquis d'Aigrefeuille, l'un de ses plus proches collaborateurs : {{citation|En public appelez-moi Altesse Sérénissime, mais entre nous, il suffit que vous m'appeliez Monseigneur{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=292}}.}} Il attache un soin particulier au décor, au cérémonial et la représentation par lesquels doit ressortir le prestige de l'[[Premier Empire|Empire]]. En 1808, il fait l'acquisition de l'[[Hôtel de Roquelaure|hôtel Molé]], qui devient un élément du pouvoir politique et de la symbolique impériale. C'est là que Cambacérès accueille ses hôtes étrangers en l'absence de [[Napoléon Ier|Napoléon]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Louise Berthelot|titre=L'hôtel de Roquelaure|lieu=Paris|éditeur=Morancé|date=1976|passage=12-13}}.</ref>. Il s'applique à le décorer et à le doter d'un riche mobilier. N'étant pas un adepte du nouveau [[style Empire]], il choisit principalement des meubles de styles [[Style Louis XV|Louis XV]] ou [[Style Louis XVI|Louis XVI]], ce qui témoigne en partie de sa nostalgie du décor et de l'art de vivre de l'[[Société d'Ancien Régime|Ancien Régime]]. Plusieurs éléments de décor proviennent de différents palais, comme le [[château de Versailles]] ou le [[palais du Luxembourg]], mais il fait réaliser plusieurs meubles par l'ébéniste [[François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter|Jacob-Desmalter]]. Le goût du luxe est poussé à un tel raffinement qu'aucun autre hôtel parisien n'apparaît aussi richement meublé, hormis celui de [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand-Périgord]]{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=293-299}}.

De même, une certaine rivalité oppose les deux hommes pour les réceptions et l'art de la table. Le goût de Cambacérès pour la bonne chère est très ancien. Alors qu'il siégeait au [[Comité de salut public]], il déclarait : {{citation|J'ai pour principe que des hommes livrés aux travaux de l'assemblée et à ceux du comité doivent être pourvus de bonne alimentation, sans quoi ils succomberaient sous le poids de leur labeur<ref>{{lien web|url=https://www.canalacademie.com/ida6998-L-archichancelier-Cambaceres-un-archi-gastronome.html|titre=L'archichancelier Cambacérès, un archigastronome|auteur=Jean Vitaux|site=canalacademie.com|éditeur=[[Académie française]]|date=3 juillet 2011|consulté le={{1er}} novembre 2019}}.</ref>.}} Sous le [[Consulat (histoire de France)|Consulat]], la table de Cambacérès est connue du [[Tout-Paris]] et après l'avènement de l'Empire, elle s'accroît du prestige de sa fonction{{sfn|Vialles|1908|group=v|p=271-276}}. Les dîners qu'il organise le mardi et le samedi, et qui se poursuivent par des soirées à l'[[Opéra de Paris]] ou au [[théâtre des Variétés]], sont entourés d'un cérémonial très strict. Il exige notamment de ses hôtes qu'ils se présentent en habits de cour et veille au choix des menus et des plats qui sont servis sur des tables recouvertes de dentelle de Bruges{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=299-301}}{{,}}<ref name="pasteur">{{ouvrage|prénom1=Claude|nom1=Pasteur|titre=Le Beau vice ou les homosexuels à la cour de France|éditeur=Balland|lien éditeur=éditions Balland|collection=[[Le Rayon]]|année=1999|pages totales=203}}.</ref>. L'historien [[Léonard Gallois]] compare sa table à {{citation|celle d'un [[Sybaritisme|sybarite]]}}<ref>{{ouvrage|prénom1=Léonard|nom1=Gallois|lien auteur1=Léonard Gallois|titre=Dictionnaire historique de tous les ministres depuis la Révolution de 1789 à 1827|année=1828|éditeur=Charles Béchet|passage=65|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=x_zAJSfgxHgC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false}}.</ref>. Les dîners de Cambacérès deviennent très vite une institution et la qualité des mets servis lui valent les honneurs de la gastronomie. Son ami [[Alexandre Balthazar Laurent Grimod de La Reynière|Grimod de La Reynière]], qui publie à partir de 1803 l{{'}}''Almanach des gourmands'', le choisit comme président du jury des dégustateurs{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=302-304}}. Des plats servis à sa table acquièrent une certaine renommée, comme le {{citation|potage à la Cambacérès}}, la perdrix mi-grillée mi-rôtie ou encore l'escalope de foie gras chaud en croustade aux pommes et à la [[sauce madère]]<ref name="pasteur"/>. Le faste des réceptions organisées par Cambacérès requiert un important personnel de maison, dont quatre maîtres d'hôtel, deux cuisiniers et quatre aides-cuisiniers, cinq valets de chambre et deux couvreurs de table{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=302-304}}. La qualité des repas servis par l'archichancelier est également célébrée dans la littérature. [[Honoré de Balzac]] y fait référence dans ''[[La Peau de chagrin]]'' : {{citation|Le vin de Madère circula. Puis le premier service apparut dans toute sa gloire ; il aurait fait honneur à feu Cambacérès, et [[Jean Anthelme Brillat-Savarin|Brillat-Savarin]] l'eût célébré<ref name="balzac1">{{chapitre|titre chapitre=''[[La Peau de chagrin]]''|titre ouvrage=Œuvres complètes de H. de Balzac|auteur1=[[Honoré de Balzac]]|éditeur=A. Houssiaux|année=1855|tome=14|passage=38|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/La_Peau_de_chagrin/Chapitre_1}}.</ref>.}}

=== Fortune de Cambacérès ===
Le goût de Cambacérès pour l'argent naît en partie dans le fait qu'il ait connu la misère dans sa jeunesse alors que son père se ruine malgré sa charge de maire de Montpellier{{sfn|Voizard|1964|p=169|id=voizard1}}. Pierre-François Pinaud voit en lui {{citation|un besoin presque maladif d'accumuler une immense fortune}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=289}}. C'est ce qu'il réussit à faire tout au long de sa carrière politique, par son esprit d'entreprise et les faveurs qu'il reçoit de l'Empereur. Au moment du partage de ses biens, qui intervient deux ans après sa mort, en 1826, sa fortune s'élève à {{unité|7291003|francs}}, dont un peu plus de cinq millions en fortune mobilière et le reste en immobilier{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=309-314}}{{,}}<ref>{{article|auteur=Robert Marquant|titre=La fortune de Cambacérès|périodique=''Bulletin d'histoire économique et sociale de la Révolution française''|année=1971|pages=169-251}}.</ref>. Son traitement sous l'[[Premier Empire|Empire]] est certes moins important que celui des [[Maréchal d'Empire|maréchaux]], mais il est l'un des plus élevés parmi les [[Grands dignitaires de l'Empire français|grands dignitaires]], à hauteur de {{unité|450000|francs}}. S'il ne se rend jamais sur les terres de son [[duché de Parme]], il en tire d'importants bénéfices de propriété foncière. La bonne gestion de ses administrateurs lui en rapporte chaque année plus de {{unité|150000|francs}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=309-314}}. Cambacérès complète sa fortune par la tenue d'un portefeuille d'actions, notamment de la [[Compagnie des mines d'Anzin]], l'achat d'or, d'argent et de bijoux, et par de nombreuses acquisitions de biens immobiliers. Après le château de [[Saint-Drézéry]] comme [[bien national]] en 1791, il fait l'acquisition du château de [[Livet-sur-Authou]] sous le Consulat, puis de quelques domaines sous l'Empire : plusieurs fermes à [[Moussy-le-Neuf]], au [[Le Ham (Manche)|Ham]] et à [[Saint-Pierre-du-Jonquet]] entre 1805 et 1807, une forêt de {{unité|306|hectares}} située près de [[Troyes]] ainsi qu'une maison à [[Juvisy-sur-Orge|Juvisy]] en 1810{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=309-314}}.

=== Suppositions d'homosexualité ===
[[Fichier:La Fin Du Monde (NAPOLEON 81).jpeg|thumb|alt=Caricature en couleur mettant en scène Napoléon Bonaparte, Cambacérès et d'autres personnages dont des femmes.|{{citation|Cambacérès fuit les femmes}}, sur une caricature en 1814.]]
La passion de Cambacérès pour le raffinement, de même que sa vie de célibataire, en font une cible pour l'opinion publique. L'hypothèse de son [[homosexualité]] lui vaut un certain nombre de critiques bien qu'elle repose uniquement sur des suppositions ou des anecdotes. Cambacérès est un personnage trop soucieux de son image pour s'afficher en public, c'est la raison pour laquelle aucun historien ou mémorialiste n'est en mesure d'apporter une preuve formelle de son homosexualité{{sfn|Laurence Chatel de Brancion|2001|p=51-55}}, ni de relever chez lui le moindre écart dans sa vie privée{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=290-291}}. Pour autant, elle semble bien avérée et connue de son entourage comme de la haute société parisienne{{sfn|Vialles|1908|group=v|p=358-359}}. Des historiens lui prêtent une relation avec son secrétaire personnel Jean-Olivier Lavollée, de vingt-deux ans son cadet, et qui épouse la nièce de Cambacérès<ref name="pasteur"/>{{,}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=318-319}}. On rapporte les propos de [[Napoléon Ier|Napoléon]], un jour que Cambacérès arrivait en retard à un rendez-vous avec lui, prétextant avoir été retenu par des dames : {{citation|Quand on a rendez-vous avec l'Empereur, on dit à ces dames de prendre leurs cannes et leurs chapeaux et de foutre le camp<ref>{{ouvrage|prénom1=Pierre-Brice|nom1=Lebrun|lien auteur1=Pierre-Brice Lebrun|titre=Guide pratique du droit de la famille et de l'enfant en action sociale et médico-sociale|année=2011|éditeur=Dunod|lien éditeur=Éditions Dunod|passage=144}}.</ref>.}} Par ailleurs, pour faire taire les rumeurs sur l'homosexualité de son archichancelier, Napoléon lui impose d'entretenir une maîtresse, la jeune comédienne du [[théâtre des Variétés]] Henriette Guizot, mais leur relation est de courte durée<ref name="pasteur"/>{{,}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=290-291}}. Un rapport de police établi à cette époque par [[Joseph Fouché]] témoigne qu'il fréquentait d'autres actrices{{sfn|Laurence Chatel de Brancion|2001|p=470}}.

L'homosexualité supposée de Cambacérès est utilisée à ses dépens par ses rivaux politiques, ainsi [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand]], qui a pris l'habitude de surnommer les trois [[Consulat (histoire de France)|Consuls]] {{citation|{{langue|la|Hic, Haec, Hoc}}}}, prenant ainsi le masculin {{langue|la|''hic''}} pour désigner Bonaparte tandis qu'il utilise le féminin {{lang|la|''haec''}} pour railler l'homosexualité de Cambacérès et le neutre {{lang|la|''hoc''}} pour moquer l'insignifiance de [[Charles-François Lebrun|Lebrun]]<ref>{{lien web|url=http://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-jacques-regis-de-cambaceres|éditeur=Encyclopædia Universalis|titre=Jean Jacques Régis de Cambacérès (1753-1824) Deuxième consul (1799-1804) archichancelier d'Empire (1804)|consulté le={{1er}} novembre 2019}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=179}}.

[[Fichier:Cambacérès-Tante Urlurette.jpg|thumb|left|alt=Gravure en couleur montrant Cambacérès vêtu en dame de la cour, on officiant portant sa traîne.|{{citation|Ma tante Urlurette}}.]]
À la [[Première Restauration|Restauration]], Cambacérès est l'objet d'une violente campagne satirique visant à le déposséder de toute fonction publique et à salir sa réputation [[outing|en dévoilant son homosexualité supposée]]<ref name="fureix">{{article|auteur=Emmanuel Fureix|titre=« La porte de derrière ». Sodomie et incrimination politique : des caricatures contre Cambacérès (1814‑1815)|périodique=[[Annales historiques de la Révolution française]]|numéro=361|année=2010|pages=109-130|lire en ligne=https://journals.openedition.org/ahrf/11704#bodyftn12}}.</ref>. Une cinquantaine de caricatures anonymes sont publiées entre mai et {{date-|octobre 1814}}, dont trente-et-une font directement allusion à l'homosexualité et à la [[sodomie]]. Dans le ''[[Journal de Paris]]'' du {{date-|11 juin}}, il est présenté sous le surnom de {{citation|tante Urlurette}}, en référence au [[Vaudeville (théâtre)|vaudeville]] de [[Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers|Désaugiers]] ''Ma tante Urlurette ou Le chant du Coq''<ref>{{ouvrage|prénom1=Marc-Antoine-Madeleine|nom1=Désaugiers|lien auteur1=Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers|titre=Ma tante Urlurette ou Le chant du Coq|éditeur=Barba|année=1806|pages totales=38|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Ma_tante_Urlurette_ou_Le_chant_du_Coq.html?id=BLI_AAAAcAAJ&redir_esc=y}}.</ref>, paru en 1806 et dans lequel ce personnage incarne une vieille fille ridicule. Selon Emmanuel Fureix, cette caricature est un parfait exemple de la manœuvre de destruction politique menée contre Cambacérès : {{citation|On [le] reconnaît sous les traits d'une grosse femme ornée de fanfreluches, de dentelles et d'une traîne soulevée par son ami, le comte d'Aigrefeuille, énorme, portant une poularde embrochée et l'Almanach des gourmands. Cambacérès tient de sa main droite un éventail, et de sa main gauche un sac avec cette inscription : « ''Haine aux fammes. Comédie. Vaudeville'' », désignant de l'index une ville en proie aux flammes, [[Sodome et Gomorrhe (villes)|Sodome]], précédée d’une statue de sel. Cette caricature condense plusieurs sources de discrédit politique : l'excès de pompe, la gourmandise, le désordre sexuel et la chute, subliminale, d'un Empire décadent.}}

Dans d'autres caricatures, Cambacérès est souvent présenté en chasseur de jeunes hommes, une manière d'évoquer symboliquement la conscription forcée que l'archichancelier devait lever au [[Sénat conservateur|Sénat]] sur ordre de l'Empereur<ref name="fureix"/>. De même, une pièce satirique d'un auteur anonyme, ''Buonaparte ou l'abus de l'abdication'', parue en 1815, met en scène l'orientation sexuelle de l'archichancelier. Alors qu'il ne reconnaît pas un jeune homme que lui présente Napoléon, ce dernier déclare : {{citation|Allons, retournez-vous, que son altesse sérénissime vous reconnaisse<ref>{{ouvrage|titre=Buonaparte ou l'abus de l'abdication|sous-titre=Pièce héroico-romantico bouffonne, en cinq actes et en prose|auteur1=Inconnu|éditeur=J.G. Dentu|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=mApCAAAAcAAJ&pg=}}.</ref>.}}

== Armoiries et distinctions ==
Avant la [[Révolution française|Révolution]], Cambacérès utilise les armes de sa famille, {{citation|d'or, au chevron de gueules, accompagné de trois roses du même}}. Fait [[Liste des ducs de Parme et Plaisance|duc de Parme]] par décret de l'[[Napoléon Ier|Empereur]] le {{date-|19 mars 1808}}, Cambacérès prend des armoiries nouvelles, {{citation|d'or à un sénestrochère au naturel, paré de gueules, rebrassé d'hermines, mouvant de sénestre, tenant les tables de la loi de sable, le tout accompagné de trois losanges aussi de sable ; au chef des ducs de l'Empire, manteau ducal et toque, collier de l'ordre impérial de la Légion d'honneur}}{{sfn|Pinaud|2018|group=p|p=293}}.

Sous l'[[Premier Empire|Empire]], il reçoit de nombreuses décorations. Selon [[Étienne-Denis Pasquier]], {{citation|Jamais les titres, les croix, les cordons n'ont causé autant de plaisir qu'à lui. Il faisait ses délices de la représentation, dans les salons et jusque dans les lieux publics, il se parait avec la joie des enfants, de ses ordres, tantôt en or, tantôt en perles, tantôt en diamants, et au travers de ces puérilités, c'était certainement la meilleure tête du Conseil impérial<ref name="pasquier">{{ouvrage|prénom1=Étienne-Denis|nom1=Pasquier|lien auteur1=Étienne-Denis Pasquier|titre=Mémoires du chancelier Pasquier : histoire de mon temps|éditeur=[[Plon]]|année première édition=1893-1895}}.</ref>}}.

Le {{date-|2 février 1805}}, il est fait [[Ordre national de la Légion d'honneur|Grand aigle de la Légion d'honneur]] et la même année, il devient chevalier de l'[[ordre de l'Aigle noir]] et Grand-croix de l'[[ordre de l'Aigle rouge]] de [[Royaume de Prusse|Prusse]]. Le {{date-|{{1er}} janvier 1810}}, [[Jérôme Bonaparte]], roi de [[Royaume de Westphalie|Westphalie]], le nomme grand-commandeur de l'[[Ordre de la Couronne de Westphalie|ordre de la Couronne]] de ce royaume. En avril suivant, après le mariage de [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]] et [[Marie-Louise d'Autriche]], il est fait chevalier grand-croix de l'[[ordre de Saint-Étienne de Hongrie]]. Le {{date-|5 avril 1813}}, il est dignitaire de l'[[ordre de la Couronne de fer]] du [[Royaume d'Italie (1805-1814)|royaume d'Italie]]<ref name="légion"/>.

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Fichier:Blason fam fr Cambacérès (Ancien Régime).svg|Armes des [[Famille de Cambacérès|Cambacérès]] sous l'[[Ancien Régime]].
Fichier:Coat of Arms of Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, Duke of Parma.svg|Armes de Cambacérès, archichancelier et duc de Parme sous l'[[Premier Empire|Empire]].
</gallery>

== Postérité ==
=== Littérature et théâtre ===
[[Image:Jean d'Ormesson italia.jpg|thumb|upright|alt=Photographie en couleur d'un homme âgé.|[[Jean d'Ormesson]] est l'auteur d'une pièce de théâtre mettant en scène Cambacérès et Napoléon.]]
Cambacérès est cité par de nombreux auteurs de la littérature française du {{s-|XIX}}. [[François-René de Chateaubriand]] l'évoque régulièrement dans ses ''[[Mémoires d'outre-tombe]]'', mais c'est dans les œuvres d'[[Honoré de Balzac]] qu'il apparaît les plus souvent. Dans ''[[La Peau de chagrin]]'', il décrit un repas dont le faste est comparable à ceux qui étaient servis chez l'archichancelier<ref name="balzac1"/>, des réceptions également mises à l'honneur dans la nouvelle ''Mademoiselle Irnois'' d'[[Arthur de Gobineau]]<ref>{{ouvrage|titre=Mademoiselle Irnois|auteur1=[[Arthur de Gobineau]]|année=1848|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Ch%C3%A2timents/%C2%AB_L%E2%80%99histoire_a_pour_%C3%A9gout_des_temps_comme_les_n%C3%B4tres_%C2%BB}}.</ref>. Dans un court passage du ''[[Le Cabinet des Antiques|Cabinet des Antiques]]'', de même que dans ''[[L'Interdiction]]'', Balzac met en avant le rôle joué par celui-ci dans la réorganisation de l'appareil judiciaire français au début du siècle<ref>{{chapitre|titre chapitre=''[[Le Cabinet des Antiques]]''|titre ouvrage=Œuvres complètes de H. de Balzac|auteur1=[[Honoré de Balzac]]|éditeur=A. Houssiaux|année=1874|tome=7|passage=213|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Cabinet_des_Antiques}}.</ref>{{,}}<ref>{{chapitre|titre chapitre=''[[L'Interdiction]]''|titre ouvrage=Œuvres complètes de H. de Balzac|auteur1=[[Honoré de Balzac]]|éditeur=A. Houssiaux|année=1855|tome=X|passage=131|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Interdiction}}.</ref>. Plusieurs évènements du [[Consulat (histoire de France)|Consulat]] et de l'[[Premier Empire|Empire]], mettant en scène Cambacérès, sont également décrits, comme l'[[affaire Clément de Ris]] dans ''[[Une ténébreuse affaire]]''<ref>{{ouvrage|auteur1=[[Honoré de Balzac]]|titre=[[Une ténébreuse affaire]]|année=1841|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Une_t%C3%A9n%C3%A9breuse_affaire}}.</ref> ou l'[[expédition de Walcheren]] dans ''[[Splendeurs et misères des courtisanes]]''<ref>{{ouvrage|auteur1=[[Honoré de Balzac]]|titre=[[Splendeurs et misères des courtisanes]]|année=1847|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Splendeurs_et_mis%C3%A8res_des_courtisanes}}.</ref>.

Dans ''L'histoire a pour égout des temps comme les nôtres'', un poème satirique extrait du {{nobr|livre III}} des ''[[Les Châtiments|Châtiments]]'', [[Victor Hugo]] dénonce la bassesse de certains personnages de l'Empire, {{citation|Les princes de hasard plus fangeux que les rues, Les goinfres courtisans, les altesses ventrues}}, à travers la description d'un banquet orgiaque. Cambacérès y est cité dans le dernier vers et comparé à [[Trimalcion]], un personnage du ''[[Satyricon]]'' de [[Pétrone]], passé de l'esclavage à l'extrême richesse<ref>{{ouvrage|auteur1=[[Victor Hugo]]|titre=[[Les Châtiments]], L'histoire a pour égout des temps comme les nôtres, III, 13|éditeur=Hetzel-Quantin|année=1882|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Ch%C3%A2timents/%C2%AB_L%E2%80%99histoire_a_pour_%C3%A9gout_des_temps_comme_les_n%C3%B4tres_%C2%BB}}.</ref>.

''[[La Conversation (pièce de théâtre)|La Conversation]]'' de [[Jean d'Ormesson]] relate un échange entre les consuls Bonaparte et Cambacérès au cours de l'hiver 1803-1804 au [[palais des Tuileries]]. Cette pièce de théâtre est mise en scène par [[Jean-Laurent Silvi]] et jouée au [[théâtre Hébertot]] entre 2012 et 2013 avec Alain Pochet dans le rôle du Deuxième Consul<ref>{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/theatre/2012/10/05/03003-20121005ARTFIG00597-imperial-bonaparte.php|titre=Impérial Bonaparte dans La Conversation|auteur=Nathalie Simon|site=lefigaro.fr|éditeur=''[[Le Figaro]]''|date=5 octobre 2012|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/la-conversation-une-piece-tiree-du-roman-de-jean-dormesson/|titre=La conversation, une pièce tirée du roman de Jean d'Ormesson|auteur=Laurent Ottavi|site=napoleon.org|éditeur=[[Fondation Napoléon]]|date=mars 2013|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>. Ce dernier interprète une nouvelle fois son rôle dans une autre mise en scène de la pièce au [[Théâtre du Gymnase Marie-Bell|théâtre du Gymnase]] en 2018<ref>{{lien web|url=https://www.lepoint.fr/culture/jean-d-ormesson-l-art-de-la-conversation-01-10-2018-2259191_3.php|titre=Jean d'Ormesson, l'art de la conversation|auteur=Jérôme Béglé|site=lepoint.fr|éditeur=''[[Le Point]]''|date={{1er}} octobre 2018|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>.

''Le rire de Caliban'' d'[[Émile Bergerat]] décrit les coulisses de la [[Comédie-Française]] et met en scène {{citation|La malle Cambacérès}}, meuble dans lequel l'archichancelier aurait rapporté en 1812 {{citation|l'Édit de Moscou}} signé par Napoléon et réorganisant cette institution culturelle, un épisode légendaire dans la mesure où Cambacérès ne s'est jamais rendu en Russie<ref>{{ouvrage|auteur1=[[Émile Bergerat]]|titre=Le rire de Caliban|année=1890|éditeur=Charpentier|pages totales=323|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k962673.texteImage}}.</ref>.

=== Iconographie et pièces de collection ===
[[Image:Montpellier,palais de Justice10,Jacques de Cambacérès.jpg|thumb|upright|alt=Statue en pierre blanche d'un homme en tenue d'apparat.|La statue de Cambacérès au [[Palais de justice de Montpellier]].]]
Contrairement à de nombreux personnages de l'Empire, il existe peu de tableaux ou de représentations de Cambacérès de son vivant. Un portrait en pied de l'archichancelier de l'Empire, exécuté par [[Henri-Frédéric Schopin]], est installé dans la {{citation|salle Cambacérès}} du [[Palais Cambon]], siège de la [[Cour des comptes (France)|Cour des comptes]] de Paris<ref>{{lien web|url=https://www.ccomptes.fr/fr/cour-des-comptes/histoire-patrimoine/visite-virtuelle/la-salle-cambaceres|titre=La salle Cambacérès|site=ccomptes.fr|éditeur=[[Cour des comptes (France)|Cour des comptes]]|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>. La bibliothèque du [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]] renferme quant à elle un dessin à la plume réalisé par [[Frédéric-Christophe d'Houdetot]] en 1806<ref>{{lien web|url=http://expositions.bnf.fr/franc-maconnerie/grand/frm_149.htm|titre=Portrait de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès|site=expositions.bnf.fr|éditeur=[[Bibliothèque nationale de France]]|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>.

Le buste de Cambacérès apparaît, avec ceux de [[Napoléon Ier|Bonaparte]] et de [[Charles-François Lebrun|Lebrun]], sur une médaille frappée en 1802 sur décision du [[Corps législatif (Consulat et Premier Empire)|Corps législatif]] pour célébrer la conclusion de la [[paix d'Amiens]]. Cette médaille, gravée par [[Romain-Vincent Jeuffroy]], a été largement diffusée<ref>{{lien web|url=http://parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/bonaparte-cambaceres-et-lebrun-1802|titre=Bonaparte, Cambacérès et Lebrun, 1802 |site=parismuseescollections.paris.fr |éditeur=Musées de la ville de Paris |consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>. Le [[musée Carnavalet]] en conserve plusieurs exemplaires, de même qu'une grande collection [[numismatique]]<ref>{{lien web|url=http://parismuseescollections.paris.fr/fr/recherche?text=Cambac%C3%A9r%C3%A8s|titre=Cambacérès|site=parismuseescollections.paris.fr|éditeur=Musées de la ville de Paris|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>. Une statue monumentale de Cambacérès est placée sous le [[péristyle]] d'entrée du [[palais de justice de Montpellier]]<ref>{{lien web|url=http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/la-justice-dans-lhistoire-10288/histoire-et-architecture-de-la-cour-dappel-de-montpellier-25987.html|titre=Histoire et architecture de la cour d'appel de Montpellier|site=justice.gouv.fr|éditeur=[[Ministère de la Justice (France)|Ministère de la Justice]]|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>.

Le [[musée de la Légion d'honneur]] renferme l'écrin des décorations de Cambacérès, dont il a fait l'acquisition en 1982. Il s'agit d'un écrin en [[maroquin]] rouge contenant {{unité|41|insignes}} répartis en trois plateaux. Les plus belles pièces de cette collection sont l'œuvre des orfèvres [[Martin-Guillaume Biennais]] et Étienne-Hippolyte-Nicolas Coudray<ref name="légion">{{article|auteur1=Anne de Chefdebien|auteur2=Laurence Wodey|titre=La dation en paiement|périodique=''Bulletin de la Société des Amis du musée de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie''|année=2008-2009|numéro=11|lire en ligne=https://www.amis-musee-legiondhonneur.fr/son-bulletin/num%C3%A9ro-11/la-dation-en-paiement/}}.</ref>.

=== Cinéma et télévision ===
Le rôle de l'archichancelier Cambacérès a été interprété à l'écran<ref>{{Lien web |titre=Résultat de la recherche {{!}} Cinéma & Histoire – Histoire & Cinéma |url=https://www.hervedumont.ch/page.php?label=search&search=Cambac%25E9r%25E8s |site=www.hervedumont.ch |consulté le=2022-01-31}}</ref> par :

* [[Halliwell Hobbes]] dans le film ''[[Hearts Divided]]'' de [[Frank Borzage]] en 1936;

* [[Daniel Ivernel]] dans le film ''[[Napoléon (film, 1955)|Napoléon]]'' de [[Sacha Guitry]] en 1955<ref>{{lien web |titre=Napoléon (1955) - Full Cast & Crew |url=https://www.imdb.com/title/tt0048413/fullcredits?ref_=tt_cl_sm#cast |site=imdb.com |éditeur=[[Internet Movie Database]] |consulté le=4 mars 2020}}.</ref> ;
* [[Louis Arbessier]] dans ''L’Exécution du duc d'Enghien'' de [[Stellio Lorenzi]] en 1958 ;

* [[Jacques Castelot]] dans le film ''[[Austerlitz]]'' de [[Abel Gance]] en 1960 ;

* [[Jean Ozenne]] dans ''[[La caméra explore le temps]]'' de [[Stellio Lorenzi]] en 1961 ;
* [[Henri Crémieux]] dans ''La Conspiration du général Malet'' de [[Jean-Pierre Marchand]] en 1963 ;
* [[Alain Nobis]] dans ''Une journée de l’Empereur'' de [[Jean Pignol]] en 1964 ;
* Mimo Billi dans I grandi camaleonti d’Edmo Fenoglio en 1964 ;

* Massimo Della Torre dans ''[[Waterloo]]'' de [[Sergueï Bondartchouk]] en 1970 ;
* [[Roger Bontemps]] dans ''[[Les Fossés de Vincennes]]'' de [[Pierre Cardinal]] en 1972 ;
* Jacques Garrand dans ''Amoureuse Joséphine'' de [[Guy Lessertisseur]] en 1974 ;
* [[Yves Vincent]] dans ''[[Les Fiancées de l'Empire]]'' de [[Jacques Doniol-Valcroze]] en 1981 ;
* Didier Lafaye dans ''Celui qui n'avait rien fait : le duc d’Enghien'' de [[Jean-Roger Cadet]] en 1983 ;
* Kazimierz Mores dans [[Napoléon et l'Europe|''Napoléon et l’Europe'']] de [[Krzysztof Zanussi]] en 1990 ;
* Frank Witter dans ''Bernadotte et la monarchie suédoise'' (''Die Bernadotte-Dynastie – Das Geheimnis der schwedischen Monarchie'') de Gerold Hofmann en 2009.

=== Voies publiques ===
Une [[Rue Cambacérès|rue de Paris]] située dans le [[8e arrondissement de Paris|{{8e}} arrondissement]] porte son nom<ref>{{lien web|url=https://www.google.fr/maps/place/Rue+Cambac%C3%A9r%C3%A8s,+75008+Paris/@48.8731657,2.3157621,17z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x47e66fcbe07b0b6b:0x92a32982ef79ca8e!8m2!3d48.8731657!4d2.3179561|titre=Rue Cambacérès à Paris|site=google.fr|éditeur=[[Google]]|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>, de même qu'une avenue à [[Verrières-le-Buisson]]<ref>{{lien web|url=https://www.google.fr/maps/place/Avenue+Cambac%C3%A9r%C3%A8s,+91370+Verri%C3%A8res-le-Buisson/@48.7404344,2.2678467,17z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x47e6777e5c8da595:0xb7185e8dd57a6cde!8m2!3d48.7404344!4d2.2700407|titre=Avenue Cambacérès à Verrières-le-Buisson|site=google.fr|éditeur=[[Google]]|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref> et des rues à [[Goussainville (Val-d'Oise)|Goussainville]]<ref>{{lien web|url=https://www.google.fr/maps/place/Rue+Cambac%C3%A9r%C3%A8s,+95190+Goussainville/@49.0273506,2.4782644,17z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x47e63ff055147b65:0x47c59193b3f770b!8m2!3d49.0273506!4d2.4804584|titre=Rue Cambacérès à Goussainville|site=google.fr|éditeur=[[Google]]|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>, [[Montpellier]]<ref>{{lien web|url=https://www.google.com/maps/place/Rue+Cambac%C3%A9r%C3%A8s,+34000+Montpellier/@43.611368,3.8762766,21z/data=!4m5!3m4!1s0x12b6af080d93edc5:0xc9cbc77e890d25cc!8m2!3d43.6113823!4d3.8763265|titre=Rue Cambacérès à Montpellier|site=google.fr|éditeur=[[Google]]|consulté le=16 juillet 2020}}.</ref>, [[Moussy-le-Neuf]]<ref>{{lien web|url=https://www.google.fr/maps/place/Rue+Cambac%C3%A9r%C3%A8s,+77230+Moussy-le-Neuf/@49.06166,2.6027,17z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x47e63c50af0b90b9:0xa2586cdffe888389!8m2!3d49.06166!4d2.604894|titre=Rue Cambacérès à Moussy-le-Neuf|site=google.fr|éditeur=[[Google]]|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref> et [[Le Plessis-Belleville|Plessis-Belleville]]<ref>{{lien web|url=https://www.google.fr/maps/place/Rue+Cambac%C3%A9r%C3%A8s,+60330+Le+Plessis-Belleville/@49.099259,2.756873,17z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x47e626af7c394e67:0xb6e5e5f992d6813c!8m2!3d49.099259!4d2.759067|titre=Rue Cambacérès au Plessis-Belleville|site=google.fr|éditeur=[[Google]]|consulté le=2 novembre 2019}}.</ref>.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|group=n}}

=== Références ===
* Pierre-François Pinaud, ''Cambacérès'', 2018.
{{Références|taille=20|group=p}}
* Thierry Lentz, ''Nouvelle histoire du Premier Empire'', tome I, 2002.
{{Références|taille=20|group=l}}
* Pierre Vialles, ''L'Archichancelier Cambacérès (1753-1824)'', 1908.
{{Références|taille=20|group=v}}
* Autres références 
{{Références | taille = 30}}

== Annexes ==
{{Autres projets|commons=Category:Jean-Jacques-Régis de Cambacérès}}
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}

==== Mémoires ====
* {{ouvrage|auteur1=Laurence Chatel de Brancion|lien auteur1=Laurence Chatel de Brancion|responsabilité1=présentation et notes|préface=[[Jean Tulard]]|titre=Mémoires inédits de Cambacérès|tome=1|titre volume=La Révolution, Le Consulat|éditeur=Perrin|lien éditeur=Éditions Perrin|lieu=Paris|année=1999|pages totales=901|isbn=978-2262015954|id=Mémoires1}}.
* {{ouvrage|auteur1=Laurence Chatel de Brancion|lien auteur1=Laurence Chatel de Brancion|responsabilité1=présentation et notes|titre=Mémoires inédits de Cambacérès|tome=2|titre volume=L'Empire|éditeur=Perrin|lien éditeur=Éditions Perrin|lieu=Paris|année=1999|pages totales=576|isbn=978-2262015961|id=Mémoires2}}.

==== Biographies de référence ====
* {{ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Vialles|titre=L'Archichancelier Cambacérès (1753-1824)|éditeur=Perrin|lien éditeur=Éditions Perrin|lieu=Paris|année=1908|pages totales=441|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1172354j.image}}. {{plume}}
* {{ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Thiry|lien auteur1=Jean Thiry|titre=Cambacérès archichancelier de l'Empire|lieu=Paris|éditeur=Berger-Levrault|année=1934}}.
* {{ouvrage|prénom1=François|nom1=Papillard|titre=Cambacérès|éditeur=Hachette|lien éditeur=Hachette Livre|année=1961|pages totales=256|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33582797}}.
* {{ouvrage|prénom1=Laurence|nom1=Chatel de Brancion|lien auteur1=Laurence Chatel de Brancion|titre=Cambacérès : maître d'œuvre de Napoléon|éditeur=Perrin|lien éditeur=Éditions Perrin|lieu=Paris|année=2001|pages totales=642|isbn=2-262-01632-1}}.
* {{ouvrage|prénom1=Pierre-François|nom1=Pinaud|titre=Cambacérès|éditeur=Perrin|lien éditeur=Éditions Perrin|lieu=Paris|collection=Tempus|numéro dans collection=732|année=2018|pages totales=414|isbn=978-2262076467}}. {{plume}}

==== Autres ouvrages et articles ====
* {{ouvrage|prénom1=Antoine|nom1=Aubriet|titre=Vie de Cambacérès, ex-Archichancelier|éditeur=Tourneux|année=1824|lieu=Paris|pages totales=324|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=MuoPAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}}.
* {{ouvrage |prénom1=Joseph|nom1=Michaud|lien auteur1=Joseph François Michaud|prénom2=Louis Gabriel|nom2=Michaud|lien auteur2=Louis Gabriel Michaud|titre=Biographie universelle, ancienne et moderne|éditeur=Michaud frères|année=1836|volume=60|tome=1.-[52.]|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?pg=PA1&lpg=PA1&dq=Cambac%C3%A9r%C3%A8s+Couronne+de+fer&sig=UqoFOAcZXafndfs7ThYdEBSqEFs&ei=eERfTdatF9Cs8QPeuMX7Cw&ct=result&id=82MJAQAAIAAJ&ots=Ouz4RKRMZZ#v=onepage&q&f=true}}.
* {{ouvrage|auteur1=[[Étienne-Léon de Lamothe-Langon]]|titre=Les Après-Dîners de SAS Cambacérès, second consul, prince archichancelier de l'Empire, duc de Parme|sous-titre=Révélations de plusieurs grands personnages sur l'Ancien Régime, le Directoire, l'Empire et la Restauration|lieu=Paris|année=1837|volume=I|éditeur=Arthus Bertrand|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=21xIAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false}}.
* {{ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Massot-Régnier|titre=Discours sur la vie et les travaux de Cambacérès|lieu=Perpignan|année=1846}}.
* {{article|auteur=Paul Metzger|titre=Cambacérès, son rôle comme remplaçant de Bonaparte, an VII-an XII|périodique=''La Révolution française''|tome=XLIII|année=1902|pages=528-558}}.
* {{ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Lhomer|titre=Cambacérès intime et gastronome|année=1908|éditeur=Lemasle|lieu=Paris}}.
* {{article|auteur=Jacques Bourdon|titre=Le rôle de Cambacérès sous le Consulat et l'Empire|périodique=''Bulletin de la Société d'histoire moderne''|mois=novembre|année=1928|pages=67-87}}.
* {{article|auteur=Théo Fleischman|titre=Cambacérès, archichancelier de l'Empire à Bruxelles|périodique=''Bulletin de la Société belge Étude napoléonienne''|numéro=39|année=1961|pages=11-14}}.
* {{article|auteur=[[Philippe Erlanger]]|titre=Le principal rédacteur du Code civil : Cambacérès|périodique=''[[Plaisir de France (revue)|Plaisir de France]]''|numéro=297|année=1963|pages=11-23}}.
* {{article|auteur=[[Pierre Voizard]]|titre=Un grand juriste au service de l'État, Cambacérès (I)|périodique=''[[Revue des Deux Mondes]]''|mois=janvier et février|année=1964|pages=167-178 et 411-424|lire en ligne=https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/cambaceres/|id=voizard1}}. {{plume}}
* {{ouvrage|prénom1=Jean-Louis|nom1=Bory|lien auteur1=Jean-Louis Bory|titre=Les cinq girouettes ou servitude et souplesses de son altesse sérénissime : le prince archichancelier de l'Empire Jean-Jacques Régis de Cambacérès, duc de Parme|editeur=Ramsay|lien éditeur=Ramsay (maison d'édition)|lieu=Paris|année=1979|pages totales=272|isbn=2913867316}}.
* {{article|auteur=[[Marc Allégret]]|titre=L'archichancelier Cambacérès|périodique=[[Le Souvenir Napoléonien]]|numéro=361|mois=octobre|année=1988|pages=2-20}}.
* {{article|auteur=[[Jean Sagnes]]|titre=Les députés de l'Hérault aux assemblées révolutionnaires (1789-1799)|périodique=''Études sur l'Hérault''|année=1991-1992|numéro=7-8|pages=141-166|lire en ligne=http://www.etudesheraultaises.fr/wp-content/uploads/1992-11-les-deputes-de-l-herault-aux-assemblees-revolutionnaires-1789-1799.pdf}}.
* {{ouvrage|prénom1=Pierre-François|nom1=Pinaud|titre=Cambacérès, le premier surveillant de la franc-maçonnerie impériale|éditeur=Édimaf|collection=Encyclopédie maçonnique|pages totales=116|année=1999|isbn=978-2919601745}}.
* {{ouvrage|prénom1=Laurence|nom1=Chatel de Brancion|lien auteur1=Laurence Chatel de Brancion|directeur=oui|titre=Cambacérès, fondateur de la justice moderne|éditeur=Monelle Hayot|pages totales=184|année=2001}}.
* {{ouvrage|prénom1=Thierry|nom1=Lentz|lien auteur1=Thierry Lentz|titre=Nouvelle histoire du Premier Empire|tome=I|titre volume=Napoléon et la conquête de l'Europe 1804-1810|année=2002|éditeur=Fayard|lien éditeur=Librairie Arthème Fayard|pages totales=618|isbn=978-2213613871}}. {{plume}}
* {{ouvrage|prénom1=Jean-Paul|nom1=Delbert|titre=Cambacérès : unificateur de la franc-maçonnerie sous le Premier Empire|préface=[[Jean Tulard]]|éditeur=Athos|lieu=Lille|année=2005|pages totales=120|isbn=2-9511431-2-5}}.
* {{ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Serna|lien auteur1=Pierre Serna|titre=La République des girouettes|sous-titre=1789-1815 et au-delà. Une anomalie politique française, la France de l'extrême centre|éditeur=Champ Vallon|lien éditeur=Éditions Champ Vallon|année=2005|pages totales=570|isbn=9791026704904|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=DqSdDwAAQBAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}}. {{plume}}
* {{ouvrage|prénom1=Jean-Paul|nom1=Bertaud|lien auteur1=Jean-Paul Bertaud|titre=Histoire du Consulat et de l'Empire|sous-titre=Chronologie commentée|éditeur=Perrin|lien éditeur=Éditions Perrin|collection=Tempus|numéro dans collection=536|année=2014|pages totales=416|isbn=978-2262043711}}. {{plume}}
* {{ouvrage|prénom1=Louis|nom1=Faivre d'Arcier|titre=Cambacérès|sous-titre=L'art de servir tous les régimes|éditeur=Belin|lien éditeur=Belin éditeur|collection=Portraits|année=2015|pages totales=224|isbn=978-2-7011-6442-7}}.
* {{ouvrage|prénom1=Thierry|nom1=Lentz|lien auteur1=Thierry Lentz|titre=Les ministres de Napoléon|sous-titre=Refonder l'État, servir l'empereur|année=2016|éditeur=Perrin|lien éditeur=Éditions Perrin|collection=Tempus|numéro dans collection=659|pages totales=303|isbn=978-2262043759}}. {{plume}}
* {{ouvrage|auteur1=Gilles Gudin de Vallerin|titre=Lettres adressées par l'archichancelier Cambacérès (1753-1824) au général Clarke (1765-1818), d'octobre 1806 à juillet 1807|éditeur=Académie des Sciences et Lettres de Montpellier|date=2018|pages totales=14|lire en ligne=https://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/GUDIN-de-VALLERIN-2018.pdf}}.

Les papiers personnels de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès sont conservés aux [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] sous la cote 286AP.

=== Article connexe ===
* [[Famille de Cambacérès]]

=== Liens externes ===
{{liens}}
* [https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/cambaceres/ Biographie] sur le site de la Fondation Napoléon
* [http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_003821 La correspondance et les rapports des ministres de la Justice (dont Cambacérès, 1799) au Secrétaire d’État sous Napoléon Ier] sont conservées aux [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] (France)

{{Succession/Début|titre=Chronologies}}
{{Succession/Ligne|couleur1=lightblue|couleur2=white|couleur3=ffaaaa
  |nom=[[Liste des présidents de la Convention nationale|Président de la Convention nationale]]
  |avant=[[André Dumont (homme politique)|André Dumont]]
  |après=[[Pierre-Louis Prieur]]
  |période=(<small>[[7 octobre|7]] - {{date|22|octobre|1794}})</small>
}}
{{Succession/Ligne|couleur1=lightblue|couleur2=white|couleur3=ffaaaa
  |nom=[[Conseil des Cinq-Cents|Président du Conseil des Cinq-Cents]]
  |avant=[[Charles Antoine Chasset]]
  |après= [[Nicolas-Marie Quinette]]
  |période=<small>([[21 novembre]] - {{date|20|décembre|1796}})</small>
}}
{{Succession/Ligne|couleur1=#ffffff|couleur2=#99CCFF|couleur3=#ffffff
  |nom=[[Liste des ducs de Parme|Duc de Parme]]
  |icone=Blason Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753–1824).svg|taille=80
  |avant=[[Ferdinand Ier de Parme|Ferdinand {{Ier}} de Parme]]
  |après=[[Marie-Louise d'Autriche]]
  |période=[[1808]]–[[1814]]}}
{{Succession/Ligne|couleur1=#ffffff|couleur2=|couleur3=#ffffff
 | avant = [[Charles Joseph Lambrechts]]
 | nom   = [[Liste des ministres français de la Justice|Ministre français de la Justice]]
 | après = [[André Joseph Abrial]]
 |période=<small>([[20 juillet]] - {{date|25|décembre|1799}})</small>
}}
{{Succession/Ligne|couleur1=#ffffff|couleur2=|couleur3=#ffffff
 | avant = [[Charles-Henri Dambray]]
 | nom   = [[Liste des ministres français de la Justice|Ministre français de la Justice]]
 | après = [[Antoine Boulay de la Meurthe]]
 |période=<small>([[20 mars]] - {{date|22|juin|1815}})</small>
}}
{{Succession/Ligne|couleur1=#CCFFCC|couleur2=|couleur3=#CCFFCC
 | avant = [[Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert]]
 | nom   = [[Liste des membres de l'Académie française par fauteuil#Fauteuil 30|Fauteuil 30 de l’Académie française]]
 | après = [[Louis-Gabriel de Bonald]]
 |période=<small>[[1803]]-[[1816]]</small>
}}
{{Succession/Fin}}

{{Palette
 |{{Palette Composition Académie française
|jour=election
|date=28 janvier 1803
|précédent=Jean-François Cailhava de L'Estandoux#election
|suivant=Emmanuel-Joseph Sieyès#election
|fauteuil1=François-Urbain Domergue
|fauteuil2=Nicolas François de Neufchâteau
|fauteuil3=Roch-Ambroise Cucurron Sicard|nom_fauteuil3=R. A. Cucurron Sicard
|fauteuil4=Gabriel-Marie Legouvé
|fauteuil5=André Morellet
|fauteuil6=Pierre-Louis Roederer
|fauteuil7=Jean-François Collin d'Harleville|nom_fauteuil7=J. F. Collin d'Harleville
|fauteuil8=Michel Regnaud de Saint-Jean d'Angély|nom_fauteuil8=M. R. de Saint-Jean d'Angély
|fauteuil9=Stanislas de Boufflers
|fauteuil10=Jean-François de Saint-Lambert|nom_fauteuil10=J. F. de Saint-Lambert
|fauteuil11=Henri-Cardin-Jean-Baptiste d'Aguesseau|nom_fauteuil11=H. C. J. B. d'Aguesseau
|fauteuil12=Claude de Thiard de Bissy|nom_fauteuil12=C. de Thiard de Bissy
|fauteuil13=Jean de Dieu-Raymond de Boisgelin de Cucé|nom_fauteuil13=J. de Dieu-Raymond de Boisgelin
|fauteuil14=Jacques-André Naigeon
|fauteuil15=Guy-Jean-Baptiste Target
|fauteuil16=Antoine-Vincent Arnault
|fauteuil17=Jean-Pierre-Louis de Fontanes|nom_fauteuil17=J. P. L. de Fontanes
|fauteuil18=Jean-Girard Lacuée|nom_fauteuil18=J. G. Lacuée
|fauteuil19=Marie-Joseph Chénier|nom_fauteuil19=M. J. Chénier
|fauteuil20=Ponce-Denis Écouchard-Lebrun|nom_fauteuil20=P. D. Écouchard-Lebrun
|fauteuil21=Jean-François de La Harpe|nom_fauteuil21=J. F. de La Harpe
|fauteuil22=Louis-Philippe de Ségur
|fauteuil23=Jacques Delille
|fauteuil24=Volney
|fauteuil25=Jean-Étienne-Marie Portalis|nom_fauteuil25=J. É. M. Portalis
|fauteuil26=Jean Baptiste Antoine Suard|nom_fauteuil26=J. B. A. Suard
|fauteuil27=Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre|nom_fauteuil27=J. H. Bernardin de Saint-Pierre
|fauteuil28=Philippe-Antoine Merlin de Douai|nom_fauteuil28=P. A. Merlin de Douai
|fauteuil29=Jean-François Cailhava de L'Estandoux|nom_fauteuil29=J. F. Cailhava de L'Estandoux
|fauteuil30=Jean-Jacques-Régis de Cambacérès|nom_fauteuil30=J. J. R. de Cambacérès
|fauteuil31=Emmanuel-Joseph Sieyès
|fauteuil32=Lucien Bonaparte
|fauteuil33=Jean-François Ducis
|fauteuil34=Dominique Joseph Garat|nom_fauteuil34=D. J. Garat
|fauteuil35=Armand de Roquelaure|nom_fauteuil35=A. de Roquelaure
|fauteuil36=Jean Devaines
|fauteuil37=Félix Julien Jean Bigot de Préameneu|nom_fauteuil37=F. J. J. Bigot de Préameneu
|fauteuil38=François Andrieux
|fauteuil39=Noël-Gabriel-Luce Villar
|fauteuil40=Pierre Jean Georges Cabanis|nom_fauteuil40=P. J. G. Cabanis
|date1=1750|membre1=Claude de Thiard de Bissy
|date2=1770|membre2=Jean-François de Saint-Lambert
|date3=1771|membre3=Armand de Roquelaure
|date4=1774|membre4=Jacques Delille
|date5=1774|membre5=Jean Baptiste Antoine Suard
|date6=1776|membre6=Jean de Dieu-Raymond de Boisgelin de Cucé
|date7=1776|membre7=Jean-François de La Harpe
|date8=1778|membre8=Jean-François Ducis
|date9=1785|membre9=Guy-Jean-Baptiste Target
|date10=1785|membre10=André Morellet
|date11=1787|membre11=Henri-Cardin-Jean-Baptiste d'Aguesseau
|date12=1788|membre12=Stanislas de Boufflers
|date13=1803|membre13=François-Urbain Domergue
|date14=1803|membre14=Nicolas François de Neufchâteau
|date15=1803|membre15=Roch-Ambroise Cucurron Sicard
|date16=1803|membre16=Gabriel-Marie Legouvé
|date17=1803|membre17=Pierre-Louis Roederer
|date18=1803|membre18=Jean-François Collin d'Harleville
|date19=1803|membre19=Michel Regnaud de Saint-Jean d'Angély
|date20=1803|membre20=Jacques-André Naigeon
|date21=1803|membre21=Antoine-Vincent Arnault
|date22=1803|membre22=Jean-Pierre-Louis de Fontanes
|date23=1803|membre23=Jean-Girard Lacuée
|date24=1803|membre24=Marie-Joseph Chénier
|date25=1803|membre25=Ponce-Denis Écouchard-Lebrun
|date26=1803|membre26=Louis-Philippe de Ségur
|date27=1803|membre27=Volney
|date28=1803|membre28=Jean-Étienne-Marie Portalis
|date29=1803|membre29=Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre
|date30=1803|membre30=Philippe-Antoine Merlin de Douai
|date31=1803|membre31=Jean-François Cailhava de L'Estandoux
|date32=1803|membre32=Jean-Jacques-Régis de Cambacérès
|date33=1803|membre33=Emmanuel-Joseph Sieyès
|date34=1803|membre34=Lucien Bonaparte
|date35=1803|membre35=Dominique Joseph Garat
|date36=1803|membre36=Jean Devaines
|date37=1803|membre37=Félix Julien Jean Bigot de Préameneu
|date38=1803|membre38=François Andrieux
|date39=1803|membre39=Noël-Gabriel-Luce Villar
|date40=1803|membre40=Pierre Jean Georges Cabanis
 }}
 |{{Palette Composition Académie française
|jour=radiation
|date=21 mars 1816
|précédent=Philippe-Antoine Merlin de Douai#radiation
|suivant=Emmanuel-Joseph Sieyès#radiation
|fauteuil1=François-Auguste Parseval-Grandmaison|nom_fauteuil1=F. A. Parseval-Grandmaison
|fauteuil2=Nicolas François de Neufchâteau
|fauteuil3=Roch-Ambroise Cucurron Sicard|nom_fauteuil3=R. A. Cucurron Sicard
|fauteuil4=Alexandre Duval
|fauteuil5=André Morellet
|fauteuil6=Pierre-Louis Roederer
|fauteuil7=Pierre Daru
|fauteuil8=Michel Regnaud de Saint-Jean d'Angély|nom_fauteuil8=M. R. de Saint-Jean d'Angély
|fauteuil9=Pierre Baour-Lormian
|fauteuil10=Hugues-Bernard Maret
|fauteuil11=Henri-Cardin-Jean-Baptiste d'Aguesseau|nom_fauteuil11=H. C. J. B. d'Aguesseau
|fauteuil12=Charles de Lacretelle
|fauteuil13=Louis-Benoît Picard
|fauteuil14=Népomucène Lemercier
|fauteuil15=Jean-Sifrein Maury
|fauteuil16=Antoine-Vincent Arnault
|fauteuil17=Jean-Pierre-Louis de Fontanes|nom_fauteuil17=J. P. L. de Fontanes
|fauteuil18=Jean-Girard Lacuée|nom_fauteuil18=J. G. Lacuée
|fauteuil19=François-René de Chateaubriand|nom_fauteuil19=F. R. de Chateaubriand
|fauteuil20=François-Juste-Marie Raynouard|nom_fauteuil20=F. J. M. Raynouard
|fauteuil21=Pierre Louis de Lacretelle
|fauteuil22=Louis-Philippe de Ségur
|fauteuil23=Vincent Campenon
|fauteuil24=Volney
|fauteuil25=Charles-Guillaume Étienne
|fauteuil26=Jean Baptiste Antoine Suard|nom_fauteuil26=J. B. A. Suard
|fauteuil27=Étienne Aignan
|fauteuil28=Philippe-Antoine Merlin de Douai|nom_fauteuil28=P. A. Merlin de Douai
|fauteuil29=Joseph-François Michaud|nom_fauteuil29=J. F. Michaud
|fauteuil30=Jean-Jacques-Régis de Cambacérès|nom_fauteuil30=J. J. R. de Cambacérès
|fauteuil31=Emmanuel-Joseph Sieyès
|fauteuil32=Lucien Bonaparte
|fauteuil33=Jean-François Ducis
|fauteuil34=Dominique Joseph Garat|nom_fauteuil34=D. J. Garat
|fauteuil35=Armand de Roquelaure|nom_fauteuil35=A. de Roquelaure
|fauteuil36=Étienne de Jouy
|fauteuil37=Félix Julien Jean Bigot de Préameneu|nom_fauteuil37=F. J. J. Bigot de Préameneu
|fauteuil38=François Andrieux
|fauteuil39=Noël-Gabriel-Luce Villar
|fauteuil40=Antoine Destutt de Tracy|nom_fauteuil40=Destutt de Tracy
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|date2=1774|membre2=Jean Baptiste Antoine Suard
|date3=1778|membre3=Jean-François Ducis
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|date5=1787|membre5=Henri-Cardin-Jean-Baptiste d'Aguesseau
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|date7=1803|membre7=Roch-Ambroise Cucurron Sicard
|date8=1803|membre8=Pierre-Louis Roederer
|date9=1803|membre9=Michel Regnaud de Saint-Jean d'Angély
|date10=1803|membre10=Antoine-Vincent Arnault
|date11=1803|membre11=Jean-Pierre-Louis de Fontanes
|date12=1803|membre12=Jean-Girard Lacuée
|date13=1803|membre13=Louis-Philippe de Ségur
|date14=1803|membre14=Volney
|date15=1803|membre15=Philippe-Antoine Merlin de Douai
|date16=1803|membre16=Jean-Jacques-Régis de Cambacérès
|date17=1803|membre17=Emmanuel-Joseph Sieyès
|date18=1803|membre18=Lucien Bonaparte
|date19=1803|membre19=Dominique Joseph Garat
|date20=1803|membre20=Félix Julien Jean Bigot de Préameneu
|date21=1803|membre21=François Andrieux
|date22=1803|membre22=Noël-Gabriel-Luce Villar
|date23=1803|membre23=Hugues-Bernard Maret
|date24=1803|membre24=Pierre Louis de Lacretelle
|date25=1806|membre25=Pierre Daru
|date26=1806|membre26=Jean-Sifrein Maury
|date27=1807|membre27=François-Juste-Marie Raynouard
|date28=1807|membre28=Louis-Benoît Picard
|date29=1808|membre29=Antoine Destutt de Tracy
|date30=1810|membre30=Népomucène Lemercier
|date31=1811|membre31=François-Auguste Parseval-Grandmaison
|date32=1811|membre32=François-René de Chateaubriand
|date33=1811|membre33=Charles de Lacretelle
|date34=1811|membre34=Charles-Guillaume Étienne
|date35=1812|membre35=Alexandre Duval
|date36=1813|membre36=Vincent Campenon
|date37=1813|membre37=Joseph-François Michaud
|date38=1813|membre38=Étienne Aignan
|date39=1814|membre39=Étienne de Jouy
|date40=1815|membre40=Pierre Baour-Lormian
|note=Radié par l'[[ordonnance du 21 mars 1816]], son fauteuil est immédiatement remplacé par son successeur nommé par la même ordonnance.
 }}
 |Gouvernement des Cent-Jours|Grands maîtres du Grand Orient de France
}}
{{Portail|Révolution française|Premier Empire|droit français|politique française|Académie française|franc-maçonnerie|Hérault}}
{{Article de qualité|oldid=168647548|date=7 avril 2020}}

{{DEFAULTSORT:Cambaceres, Jean-Jacques Regis de}}
[[Catégorie:Famille Cambacérès|Jean-Jacques Regis de]]
[[Catégorie:Conventionnel régicide]]
[[Catégorie:Ministre français de la Justice]]
[[Catégorie:Député de l'Hérault]]
[[Catégorie:Membre du Comité de sûreté générale]]
[[Catégorie:Député de la Convention nationale]]
[[Catégorie:Membre du Conseil des Cinq-Cents]]
[[Catégorie:Membre du Sénat conservateur]]
[[Catégorie:Duc de l'Empire]]
[[Catégorie:Grand Dignitaire de l'Empire]]
[[Catégorie:Pair de France (Cent-Jours)]]
[[Catégorie:Histoire de Parme]]
[[Catégorie:Duc de Parme et Plaisance]]
[[Catégorie:Grand dignitaire de l'ordre napoléonien de la Couronne de fer]]
[[Catégorie:Membre exclu de l'Académie française]]
[[Catégorie:Récipiendaire de l'ordre de l'Aigle noir]]
[[Catégorie:Président de l'Assemblée nationale française]]
[[Catégorie:Dirigeant du Grand Orient de France]]
[[Catégorie:Correspondant de Condorcet]]
[[Catégorie:Personnalité victime d'un outing]]
[[Catégorie:Naissance à Montpellier]]
[[Catégorie:Naissance en octobre 1753]]
[[Catégorie:Décès dans l'ancien 10e arrondissement de Paris]]
[[Catégorie:Décès en mars 1824]]
[[Catégorie:Décès à 70 ans]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière du Père-Lachaise (division 39)]]
[[Catégorie:Mort d'un accident vasculaire cérébral]]