Khyber Pakhtunkhwa

province du Pakistan

Khyber Pakhtunkhwa[2] (en pachto : خیبر پښتونخوا ; en ourdou : خیبر پختونخوا) est l'une des quatre provinces fédérées du Pakistan, située dans le nord-ouest du pays, le long de la frontière avec l'Afghanistan. Elle est principalement peuplée par des Pachtounes et la langue la plus parlée est donc le pachto. Peuplée de près de 41 millions d'habitants en 2023, sa capitale est Peshawar.

Khyber Pakhtunkhwa
(ps) خیبر پښتونخوا
(ur) خیبر پختونخوا
Blason de Khyber Pakhtunkhwa
Héraldique
Drapeau de Khyber Pakhtunkhwa
Drapeau
Khyber Pakhtunkhwa
Carte du Pakistan avec le Khyber Pakhtunkhwa en rouge.
Administration
Pays Drapeau du Pakistan Pakistan
Capitale Peshawar
Plus grandes villes Peshawar, Mardan, Mingora
Nombre de villes
de plus de 20 000 Hab.
38
Ministre en chef Ali Amin Gandapur
Nombre de députés 35 sur 272, soit 13 %
Nombre de sénateurs 22 sur 100, soit 22 %
Pouvoir législatif Assemblée provinciale de Khyber Pakhtunkhwa (125 députés)
Gouverneur Faisal Karim Kundi (en)
Démographie
Population 40 641 120 hab.[1] (rec. 2023)
Densité 399 hab./km2
Rang 3e
Géographie
Coordonnées 34° 00′ nord, 71° 19′ est
Superficie 101 741 km2
Rang 4e
Divers
Langues nationales officielles anglais, ourdou
Langues provinciales de facto pachto, ourdou, etc.
Liens
Site web www.khyberpakhtunkhwa.gov.pk

Officiellement renommée le en l'honneur des Pachtounes, elle était auparavant appelée province de la Frontière-du-Nord-Ouest (North-West Frontier Province, NWFP), nom datant de la colonisation. En 2018, les régions tribales fusionnent avec la province.

Comme les autres provinces du Pakistan, Khyber Pakhtunkhwa dispose d'une certaine autonomie dans le cadre d'une organisation fédérale de l'État. Elle dispose d'une Assemblée provinciale ainsi que d'un gouvernement local responsable devant elle. La politique locale a été successivement dominée par les islamistes de la Jamiat Ulema-e-Islam (F) et de la Jamaat-e-Islami, les laïcs pachtounes du Parti national Awami et les nationalistes du Mouvement du Pakistan pour la justice.

Proche de l'Afghanistan, la province est au cœur d'un conflit armé entre l'armée pakistanaise et les talibans qui mènent une insurrection islamiste, ayant ponctuellement causé d'importants troubles depuis les années 2000, comme des déplacements massifs de populations, des attentats, ou de vastes opérations militaires.

Pour un territoire très montagneux et parfois aride, la densité de la population est très élevée, atteignant les 350 habitants au kilomètre carré.

Géographie

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Histoire

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La région était à l'origine une partie du royaume antique de Gandhâra (avec le Cachemire et l'Afghanistan oriental). Par la suite, il fit partie du royaume de Shahi. Dans des temps modernes, il a été intégré à l'Empire moghol.

En , quand la domination moghole s'est effondrée, les Pachtounes ont réuni une Loya Jirga laquelle élit Ahmad Chah Durrani pour son dirigeant ; père fondateur de l’Afghanistan moderne, Durrani fonde l’Empire durrani, un État purement pachtoune.

Lors de la seconde guerre anglo-afghane (-), le Khyber Pakhtunkhwa fait partie de l’Afghanistan. C’est en 1893 que l’émir afghan Abdur Rahman Khan et sir Mortimer Durand signent un accord sur le tracé de la frontière commune à l’émirat d’Afghanistan et aux Indes britanniques, la ligne Durand, qui divise les peuples pachtounes ; par la suite l’Afghanistan et le Pakistan indépendants ont hérité de cette frontière coloniale.

Durant le règne britannique en Inde, ces territoires sont devenus une partie de la Province de la Frontière du Nord-Ouest de l'Inde britannique. Avec ses Khudai Khidmatgar (« Servants de Dieu »), Khan Abdul Ghaffar Khan mène alors le mouvement de non-violence pachtoune, religieux et progressiste, contre l'occupation coloniale, suscitant l'étonnement de Nehru devant la non-violence dont faisait preuve ce mouvement composé d'hommes plus accoutumés à des coutumes tribales plus dures[3].

Après l'indépendance en 1947, un référendum a été tenu : la province a voté pour devenir la Ve région du Pakistan (en comptant le Pakistan oriental), bien que le Khudai Khidmatgar ait boycotté le référendum[4],[5], voulant l’indépendance d’un Pashtunistan ou rejoindre l’Afghanistan voisin[6],[7].

 
Rassemblement du mouvement Pashtun Tahafuz à Bannu en 2018.

Certains Pachtounes appelaient cette province Pakhtunkhwa qui veut dire « le côté Pachtoune[8] » en pachto, et que l'on retrouve dans la littérature pachtoune du XVe siècle. C'est un terme parfois associé au séparatisme ; d'autres Pakistanais l'appellent parfois Sarhad en ourdou. Le nouveau nom de Khyber Pakhtunkhwa attribué en 2010 reprend donc un élément géographique important de la province, le col de Khyber, un col stratégique entre l'Afghanistan et le Pakistan[8] et une mention d’identité de la population majoritaire. À compter de 2014 et surtout 2018, le mouvement Pashtun Tahafuz émerge grâce à des protestations en faveur des droits des Pachtounes.

Les régions tribales frontalières au nord-ouest fusionnent en avec la province de Khyber Pakhtunkhwa à la suite d'une réforme constitutionnelle adoptée par le Parlement. La décision est saluée et fêtée par une partie de la population des régions tribales, qui étaient jusqu'ici soumises à un régime dérogatoire qui privaient les habitants de nombreux droits, le Frontier Crimes Regulation, voir cet article[9].

Insurrection islamiste

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Attentat à la bombe à Peshawar, en 2016.

En 2005, la population de cette région est d'environ 21 millions d'habitants sans compter les trois millions de réfugiés afghans, principalement arrivés lors de la guerre civile ayant conduit les talibans au pouvoir.

Depuis la guerre d'Afghanistan en 2001, la province, à travers laquelle passent l'une des routes principales de réapprovisionnement de la Force internationale d'assistance et de sécurité (ISAF), est en effet lourdement affectée par la guerre, étant elle-même le lieu d'attentats-suicides perpétrés contre l'armée pakistanaise et abritant plusieurs mouvements islamistes tel le Tehrik-e-Nifaz-e-Shariat-e-Mohammadi.

En , l'armée pakistanais s'est lancée dans une offensive dans la vallée de Swat et a repris le contrôle de la zone aux insurgés islamistes. Les opérations ont causé plusieurs centaines de morts et près de trois millions de déplacés.

Démographie

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Homme âgé du Haut-Dir.

Avec 40,6 millions d'habitants selon le recensement de 2023, Khyber Pakhtunkhwa est la troisième province la plus peuplée du pays. Elle présente une croissance démographique plus forte que la moyenne nationale, puisque sa part dans la population totale est passé de 13 % en 1981 à 17 % en 2023. Elle compte la deuxième plus forte densité de population après le Pendjab. Le taux d'urbanisation se situe autour de 15 %, et l'alphabétisation a grimpé de 35 à 51 % entre 1998 et 2023[10],[1]. La fusion des régions tribales en 2018 a ajouté cinq millions d'habitants à la province.

La province est essentiellement pachtoune, à plus de 85 %. Ceux parlant pachto représentent 76,1 % de la population et ceux parlant hindko 9,4 %, ces derniers vivant surtout dans la division de Hazara. Les Saraikis forment la plus importante minorité, avec 3,2 % de locuteurs, principalement dans le district de Dera Ismail Khan. On compte diverses autres petites minorités dans le district de Chitral et le Kohistan, à l'instar des Kalashs[10].

Politique

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Rassemblement politique du Mouvement du Pakistan pour la justice à Abbottabad le 8 avril 2012.

L'Assemblée provinciale de Khyber Pakhtunkhwa est unicamérale et constitue le pouvoir législatif de cette province fédérée. Sur ses 145 membres, 115 sont élus directement par le peuple au suffrage universel direct uninominal majoritaire à un tour, et leur mandat est de 5 ans. Les 30 membres restants sont élus par les autres membres ; ces sièges sont réservés à des femmes et des minorités religieuses. Le gouverneur de la province est nommé par le président de la République, et la province dispose également d'un gouvernement local qui découle de son Assemblée. Le ministre en chef (Chief Minister) est le chef de ce gouvernement et il est responsable devant l'Assemblée.

Lors des élections législatives de 2008, le parti national Awami (orienté vers la défense des Pachtounes) a remporté le scrutin en gagnant une majorité relative de 48 sièges à l'Assemblée. Le parti a alors profité du boycott des principaux partis islamistes, qui avaient remportés le scrutin en 2002 autour de l'alliance Muttahida Majlis-e-Amal. Le parti Awami a alors pu former son gouvernement grâce à une coalition avec le Parti du peuple pakistanais, qui dirigeait le gouvernement fédéral. Ce parti a été largement défait lors des élections de 2013 à la suite de l'émergence du Mouvement du Pakistan pour la justice d'Imran Khan, faisant de cette province son principal fief. Le Mouvement prend alors le contrôle du gouvernement provincial et renforce encore sa présence avec les élections de 2018.

Élections législatives de 2018 à Khyber Pakhtunkhwa.
Parti Voix % Députés fédéraux[n 1] Députés provinciaux[n 2] +/-
Mouvement du Pakistan pour la justice 2 133 112 32,26 30 86   40
Muttahida Majlis-e-Amal 1 128 026 17,06 4 13   12
Parti national Awami 812 702 12,29 1 9   4
Ligue musulmane du Pakistan (N) 655 022 9,91 3 6   11
Parti du peuple pakistanais 604 816 9,15 0 5   1
Autres partis 344 645 5,22 0 0   15
Indépendants 932 964 14,11 1 3   9
Total (participation : 45,11 %) 6 611 287 100 39 122
  1. Députés élus directement dans les circonscriptions
  2. Composition finale de l'Assemblée provinciale de Khyber Pakhtunkhwa.
Source : Commission électorale du Pakistan[11],[12],[13]

Administration

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Liste des districts

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Les districts de la province de Khyber Pakhtunkhwa.
 
Les chutes de Jarogo dans la vallée de Swat.
no  District Capitale Superficie (km²) Population (2017)[14] Densité (habs/km²)
1. Abbottabad Abbottabad 1 967 1 332 912 448
2. Bannu Bannu 1 227 1 167 892 551
3. Battagram Battagram 1 301 476 612 236
4. Buner Daggar 1 865 897 319 271
5. Charsadda Charsadda 996 1 616 198 1 026
6. Chitral Chitrâl 14 850 447 362 21
7. Dera Ismail Khan Dera Ismail Khan 7 326 1 627 132 116
8. Hangu Hangu 1 097 518 798 287
9. Haripur Haripur 1 725 1 003 031 401
10. Karak Karak 3 372 706 299 128
11. Kohat Kohat 2 545 993 874 221
12. Kohistan Dassu 7 492 784 711 63
13. Lakki Marwat Lakki Marwat 3 164 876 182 155
14. Bas-Dir Timergara 1 582 1 435 917 454
15. Malakand Batkhela 952 720 295 475
16. Mansehra Mansehra 4 579 1 556 460 252
17. Mardan Mardan 1 632 2 373 061 895
18. Nowshera Nowshera 1 748 1 518 540 500
19. Peshawar Peshawar 1 257 4 269 079 1 606
20. Shangla Alpuri 1 586 757 810 274
21. Swabi Swabi 1 543 1 624 616 665
22. Swat Saidu Sharif 5 337 2 309 570 236
23. Tank Tank 1 679 391 885 142
24. Torghar Judba 497 171 395 345
25. Haut-Dir Dir 3 699 946 421 156
26. Bajaur Khar 1 290 1 093 684 848
27. Khyber Landi Kotal 2 576 986 973 383
28. Kurram Parachinar 3 380 619 553 183
29. Mohmand Ghalanai 2 296 466 984 203
30. Orakzai Kalaya et Ghiljo 1 538 254 356 165
31. Waziristan du Nord Miranshah 4 707 543 254 115
32. Waziristan du Sud Wana 6 620 679 185 103
Khyber Pakhtunkhwa Peshawar 101 741 35 525 047 349

Villes les plus importantes

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Vue de la ville de Mingora.
Rang Ville Population
(rec. 2017)[15]
District
1 Peshawar 1 970 042 Peshawar
2 Mardan 358 604 Mardan
3 Mingora 331 091 Swat
4 Kohat 228 779 Kohat
5 Dera Ismail Khan 217 457 Dera Ismail Khan
6 Abbottabad 208 491 Abbottabad
7 Mansehra 127 623 Mansehra
8 Swabi 123 412 Swabi
9 Nowshera 120 131 Nowshera
10 Charsadda 114 565 Charsadda

Références

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  1. a et b (en) Population by mother tongue, sex and rural/urban sur pbscensus.gov.pk.
  2. (en) Site officiel du gouvernement de Khyber Pakhtunkhwa.
  3. Cesar P. Pobre, History of Political Parties in Pakistan (1947-1958), chap. II, p. 71 sq. (citation p.73), thèse d'histoire soutenue en avril 1970 à l'Université de Karachi, mis en ligne sur un site gouvernemental pakistanais.
  4. Electoral History of NWFP (lire en ligne [archive du ]).
  5. Michael Brecher, A Century of Crisis and Conflict in the International System: Theory and Evidence: Intellectual Odyssey III, Springer, (ISBN 9783319571560, lire en ligne).
  6. Karl E. Meyer, The Dust of Empire: The Race For Mastery In The Asian Heartland – Karl E. Meyer – Google Boeken, (ISBN 9780786724819, lire en ligne).
  7. « Was Jinnah democratic? — II », sur Daily Times, (consulté le ).
  8. a et b Magazine Carto, no 1, juillet-août 2010, "Infogeo" p. 7.
  9. (en) Tribal belt celebrates FATA, K-P merger sur The Express Tribune, le 27 mai 2018.
  10. a et b (en) Salient Features of Final Results Census-2017 sur pbs.gov.pk.
  11. (en) Party Wise Vote Bank - National Assembly ecp.gov.pk.
  12. (en) Assembly Constituency wise Voter Turnout ecp.gov.pk.
  13. (en) Party Position ecp.gov.pk.
  14. (en) Provisional province wise population by sex and rural/urban sur pbscensus.gov.pk.
  15. (en) Pakistan: Provinces and Major Cities, citypopulation.de. Consulté le 12 février 2018.

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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