Hyperpolyglotte

personne qui parle couramment six langues ou davantage

Un hyperpolyglotte est une personne qui parle couramment six langues ou davantage[réf. souhaitée]. Le terme est popularisé par le linguiste Richard Hudson (en) en 2003 et s'apparente au terme « polyglotte », désignant une personne parlant plusieurs langues.

Présentation

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L'hyperpolyglotte vivant qui, de son propre aveu, maîtriserait le plus de langues, serait Ziad Fazah (58 langues), quoi qu'une interview télédiffusée tend à remettre en question cette prétention[1]. John Bowring (1792-1872), ancien gouverneur de Hong Kong, affirmait comprendre environ 200 langues et en parler une centaine. À la Renaissance en Italie, Pic de la Mirandole passait pour savoir parler vingt-deux langues à l'âge de 18 ans.

Plusieurs théories ont été développées pour expliquer pourquoi certaines personnes peuvent aisément apprendre de nombreuses langues, alors que la plupart des gens ne peuvent en apprendre que quelques-unes avec difficulté.

En 2004, trois scientifiques, Katrin Amunts (en), A. Schleicher et K. Zilles ont publié une analyse du cerveau de l'hyperpolyglotte Emil Krebs qui a révélé des changements dans la construction de l’aire de Broca responsable du traitement du langage qui était organisée différemment de celle des personnes unilingues[2].

Par ailleurs, les neurolinguistes Loraine K. Obler (en) et Deborah Fein établissent des corrélations avec le cluster de Geschwind-Galaburda, le fait d'être gaucher et des troubles de l'apprentissage[réf. nécessaire]. Le linguiste Richard Sproat a aussi mis en évidence que les capacités de certains hyperpolyglottes avaient une base biologique à caractère héréditaire[3].

Hyperpolyglottes les plus célèbres

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  • David Olère (1902-1985), Sonderkommando, rescapé et peintre français de la Shoah : yiddish, polonais, varsovien, russe, français, anglais et allemand - « atout important, voire essentiel pour accroître les chances de survie dans le camp (d'Auschwitz) »[21].
  • Pamulaparthi Venkata Narasimha Rao (1921-2004) : ex-premier ministre indien, il parlait 17 langues.
  • Paul Robeson (1898-1976) : acteur, athlète, chanteur et écrivain américain, il maîtrisait 20 langues, parmi lesquelles le gallois et le yiddish.
  • Demis Roussos (1946-2015) : chanteur, il parlait 8 langues : grec moderne, français, anglais, italien, espagnol, portugais, arabe et allemand. Il possédait également des notions de russe et d'afrikaans.
  • Agus Salim (1884-1954) : indonésien, néerlandais, anglais, allemand, français, arabe, turc et japonais[22].
  • Menachem Mendel Schneerson, rabbin de la dynastie loubavitch , il parlait sept langues : russe, hébreu, yiddish, anglais, allemand, français, italien et en comprenait dix dont le judéo-araméen babylonien[23].
  • William James Sidis (1898-1944), enfant prodige déjà polyglotte, devenu polymathe, mathématicien, astrophysicien, anthropologue, historien, linguiste, inventeur, écrivain, médecin, psychologue, avocat, militant pour la paix, il maîtrisait plus d'une quarantaine de langues[24].
  • Antoine-Isaac Silvestre de Sacy (1758-1838), linguiste : hébreu, syriaque, samaritain, chaldéen, arabe, persan, turc, anglais, allemand, italien et espagnol.
  • Sanjay Subrahmanyam (1961-…) : Historien indien, cofondateur de l'histoire connectée. Ces travaux ainsi que son attrait pour « histoire globale » sont sans doute la cause et la conséquence du nombre de langues qu'il est en mesure de comprendre et de parler : tamoul, hindi, ourdou, persan, anglais, français, espagnol, portugais, allemand, italien, danois, néerlandais.
  • Baruch Spinoza (1634-1677) : philosophe, maîtrisait le portugais (langue maternelle), l'hébreu, l'araméen, l’espagnol, le néerlandais et le latin. Il lisait et comprenait aussi l'allemand, le français, l'italien et le grec ancien.
  • Sir Aurel Stein (1862-1943) : orientaliste, anthropologue, explorateur, archéologue, historien, professeur hongrois naturalisé britannique, il maîtrisait de nombreuses langues dont le hongrois, l'anglais, l'allemand, le sanscrit, le chinois, l'arabe…
  • George Steiner (1929-2020 ) : érudit, critique littéraire, linguiste, écrivain et philosophe ayant grandi avec trois langues maternelles, l'allemand, l'anglais et le français, puis il apprend le latin, le grec ancien et l'italien[25].
  • Emanuel Swedenborg (1688-1772) : scientifique, ingénieur et théologien : suédois, latin, grec, français, néerlandais, anglais, allemand, hébreu, araméen, italien.
  • Josef Schovanec (1981-…) : docteur en philosophie et militant pour les droits des autistes, il parle le français, le tchèque, l'anglais, l'allemand, le persan et l’hébreu couramment, l’amharique, l’arabe, l’araméen, le chinois, l’azéri et le sanskrit moins couramment, et un peu d’estonien. Il s'intéresse aux cultures et aux langues, notamment orientales.
  • Peter Ustinov (1921-2004), acteur et écrivain britannique : anglais, allemand, italien, français, russe, espagnol, grec moderne et turc.
  • Augustinas Voldemaras (1883-1942) : politicien lituanien, il avait de solides notions dans 16 langues différentes[27]. Outre sa langue maternelle, le lituanien, il parlait couramment le français, l'allemand, l'anglais, le russe, le suédois, l'italien et le polonais. Il connaissait le latin, le grec et l'hébreu et pouvait lire des textes dans plusieurs autres langues européennes que celles mentionnées précédemment[28].
  • John von Neumann (1903-1954) : enfant prodige, mathématicien et physicien hongro-américain parlant yiddish, hongrois, anglais, allemand, latin, grec ancien, français et italien[29].
  • Louis-Lazare Zamenhof (1859-1917) : ophtalmologue et inventeur de l'espéranto, il maîtrisait le russe, le polonais, l’allemand, l’hébreu et le yiddish. Il possédait une connaissance plus que correcte du latin, du grec ancien, de l’anglais et du français, ainsi qu'une connaissance suffisante de l'italien et des notions d'araméen, le tout ajouté à une étude scientifique du volapük, langue artificielle.

Voir aussi

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Notes et références

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  1. [vidéo] « Disponible », sur YouTube.
  2. (en) Outstanding language competence and cytoarchitecture in Broca's speech region (voir ci-dessous).
  3. Selon Michael Erard, page 234 de son ouvrage Babel no more, paru en 2012 chez Simon and Schuster.
  4. Lucien Febvre, « De l'histoire au martyre. Marc Bloch 1886-1944 », Annales, vol. 8, no 1,‎ , p. 1–10 (DOI 10.3406/ahess.1945.3143).
  5. « Henry Chapier, l’inventeur du Divan, est mort », sur www.lalsace.fr (consulté le ).
  6. AFP, « Henry Chapier, l'art de confesser les stars sur un « Divan » », sur Le Point, (consulté le ).
  7. Jacques Attali, Dictionnaire amoureux du Judaïsme, Paris, Plon, coll. « Dictionnaire amoureux », 2009, (ISBN 2-259-20597-6). p. 139.
  8. The Gazette, « The Rational Discussion On Language You’Ve Been Needing With Benoît Dubreuil, Commissaire À ... », sur YouTube, (consulté le )
  9. Tommy Chouinard, « Un « vérificateur général » pour le français », La Presse,‎ (lire en ligne)
  10. a b c d et e (en) Steve Shelokhonov, « Nicolai Gedda: Biography », IMDb,‎ 1990-2016 (lire en ligne)
    « Gedda's mastery of nine languages enables him to singing with total freedom the entire standard operatic repertoire. He sings with natural beauty on Italian, English, Latin, Hebrew, French, German, Pan-Scandinavian, and his native Russian and Swedish. Nicolai Gedda is arguably the most versatile of tenors in the second half of the 20th Century. »
  11. a b c d e et f (en) Ian Lace (trad. du suédois par Tom Geddes), Book Review : "Nicolai Gedda : My Life and Art", by Nicolai Gedda as told to Aino Sellermark Gedda [« Recension : Nicolai Gedda, ma vie et mon art »], Classical Music on the Web, Portland (Or.), Amadeus Press, , 244 p. (ISBN 1-57467-048-4, lire en ligne)
    « Gedda's parents were Swedish/Russian and Nicolai's first teacher was his father. His early childhood was disrupted by his parents' move to Germany (Leipzig) […] At school he […] shone in singing, history and languages. In fact Gedda became fluent in nine languages and when he created the role of Anataol in Samuel Barber's Vanesa at the Met, several New York critics claimed that Gedda's English diction was much clearer than that of his American colleagues. […] Nicolai Gedda was the most recorded tenor of the 20th century -- he was probably also the most versatile. »
  12. « YIVO | Jakobson, Roman Osipovich », sur yivoencyclopedia.org (consulté le )
  13. (es) « Julián Juderías », sur La Esfera de los Libros (consulté le )
  14. (es) Ruiza, M., Fernández, T. et Tamaro, E., « Biografia de Julián Juderías y Loyot », sur www.biografiasyvidas.com, Biografías y Vidas. La enciclopedia biográfica en línea, (consulté le )
  15. (en) CBC, « This Vancouver man knows over 20 languages — and he's sharing his secrets so you can learn more, too »
  16. (en) Muhammad al-`Ubaydi, Khattab, Combating Terrorism Center (en), coll. « Jihadi Bios Project », (lire en ligne [PDF]), p. 3
  17. (de) Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz, « Leibniz-Nachlass », sur gwlb.de (consulté le ).
  18. (en) « Gottfried Wilhelm Leibniz », sur site officiel de la ville de Hanovre (consulté le ).
  19. (en) Vittorio Messori, Kidnapped by the Vatican? : The Unpublished Memoirs of Edgardo Mortara, Ignatius Press, , 190 p. (ISBN 978-1-62164-198-8, lire en ligne), p. 3.
  20. Dikembe Mutombo on his journey to becoming multilingual, Cambridge University Press ELT (, 8:20 minutes), consulté le
  21. « David Olère », sur Sonderkommando.info,
  22. (id) Yanuardi Syukur (id), Menulis di Jalan Tuhan, Yogyakarta, Deepublish, , 597 p. (ISBN 978-602-401-711-8), p. 73
  23. (en-US) Dara Horn, « Book Review: 'Rebbe' by Joseph Telushkin and 'My Rebbe' by Adin Steinsaltz », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  24. Wallace, p. 284.
  25. Juliette Cerf, « Le philosophe et critique George Steiner est mort », sur Télérama, (consulté le )
  26. J.R.R. Tolkien Une biographie, Humphrey Carpenter.
  27. (lt) Giedrė Milkevičiūtė (lt), « Akis į akį su Antanu Smetona » [« Face à face avec Antanas Smetona »], Respublika, vol. 966, no 25,‎ , p. 3 (lire en ligne [PDF])
  28. (lt) Ona Pečiulienė, Šalis ta Lietuva : 1000 svarbiausiu̜ šalies istorijos akimirku̜ ; žmonės, i̜vykiai, simboliai, tradicijos, Vilnius, Centre d'édition scientifique et encyclopédique (en), , 704 p. (ISBN 978-5-420-01653-4), p. 464
  29. William Poundstone (en), Le Dilemme du prisonnier : Von Neumann, la théorie des jeux et la bombe, Cassini, coll. « Le sel et le fer », , 388 p. (ISBN 978-2-84225-046-1)

Références

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  • (en) « The Gift of the Gab », New Scientist, 2481, p. 40-43.
  • (en) Amy Wallace, The prodigy : a biography of William James Sidis, America's greatest child prodigy, New York, E.P. Dutton & Co., , 1re éd., 297 p. (ISBN 978-0-525-24404-2, LCCN 85031547).
  • (en) « Outstanding language competence and cytoarchitecture in Broca's speech region », Brain and Language, 2004 May;89(2):346-53, par Amunts K. (en) (Institute of Medicine, Research Center Jülich GmbH, Jüelich, RFA), Schleicher A., Zilles K.