Antoine François Prévost

romancier, historien, journaliste, traducteur et homme d’Église français
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L’abbé Antoine François Prévost [pʁevo][1], dit l'abbé Prévost, né le à Hesdin (France) et mort le à Courteuil (France), est un romancier, historien, journaliste, traducteur et homme d'Église français.

Antoine François Prévost
Portrait d’Antoine-François Prévost
par Georg Friedrich Schmidt, (1745).
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Antoine François PrévostVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activité
Autres informations
Noms en religion
Abbé Prévost, Abate PrévostVoir et modifier les données sur Wikidata
Ordres religieux
Mouvement
Genre artistique
Œuvres principales

Biographie

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Jeunesse et formation

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Fils de Liévin Prevost (1666-1739), avocat au parlement, conseiller et procureur du roi au bailliage d’Hesdin, lui-même fils d’un maître brasseur[2], Prévost fait des études au collège d’Hesdin[3] où il est remarqué par les jésuites[3] qui l’envoient, avec son frère Liévin-Norbert[3], au noviciat du collège d'Harcourt[4] à Paris, peut-être dès 1712[3] ou 1713[4]. Les Pères, l’ayant surpris à travailler à un ouvrage profane, l’auraient congédié[4] en 1714[4]. Sur le chemin de Rome pour demander au pape de le réintégrer dans l’Ordre, il aurait rencontré un officier qui l’aurait persuadé de s’engager[4]. Bientôt déserteur, il s’enfuit en Hollande où il tient un café. Il aurait profité de l’amnistie générale proclamée par le duc d’Orléans en 1716[4] pour entrer en France et entamer, le , un second noviciat chez les jésuites à Paris[4], avant d’être envoyé terminer sa philosophie au collège de La Flèche[4] avant de s’enfuir de nouveau, après avoir été surpris à composer les Mémoires d’un homme de qualité[4], avant la fin de son noviciat, à la fin de 1718 ou au début de 1719, pour s’engager à nouveau dans l’armée, cette fois comme officier dans la campagne de Catalogne[4]. En , la guerre finie, il disparaît de nouveau, peut-être en Hollande[4].

Au cours de l’été 1720[4], il entre chez les bénédictins[4] de l’abbaye de Jumièges, avant de prononcer ses vœux le [4] selon la stricte règle réformée de Saint-Maur[4] et d’être envoyé, un an, à l’abbaye de Saint-Ouen se former aux méthodes de l’édition savante sous Dom Charles de La Rue. En 1721, il donne le manuscrit des Aventures de Pomponius, chevalier romain, roman à clé et satire anti-jésuite sous couvert de récit antiquisant[4], à un éditeur rouennais avant de le reprendre[4]. Envoyé en 1722 à l’abbaye du Bec-Hellouin faire ses trois ans de théologie suivis d’une année d’exercices spirituels[4], on le retrouve, l’année suivante, à l’abbaye de Fécamp, avant de passer, une année plus tard à l’abbaye de Sées[4], où il commence à retravailler une traduction de l’Historia mei temporis du président de Thou[4]. En 1724, l’éditeur Valat d’Amsterdam publie les Aventures de Pomponius, chevalier romain, dont on lui a envoyé le manuscrit de Paris[4]. En 1726, il est ordonné prêtre par Pierre Sabatier et part enseigner les humanités au collège Saint-Germer[4] d’où il alla prêcher un an à Évreux[4]. Rallié, bon gré mal gré, à la bulle Unigenitus, en 1727, il participe officiellement à la rédaction de la Gallia Christiana[4], un monumental ouvrage collectif des bénédictins, à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, mais travaille en réalité aux Mémoires et aventures d’un homme de qualité dont il dépose le manuscrit des deux premiers tomes à la censure le [4]. En 1728, il obtient une approbation pour les deux premiers tomes des Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde. Dans le courant de la même année, il entreprend de demander son transfert dans une branche moins stricte de l’ordre de Saint-Benoît[4] mais échouant à l’obtenir, il quitte son monastère sans autorisation. Frappé d’une lettre de cachet, il s’enfuit à Londres. Il devient précepteur de Francis Eyles, fils d'un sous-gouverneur de la South Sea Company ; il visite avec lui le sud de l'Angleterre. Ayant séduit et tenté d'épouser la fille de J. Eyles, il est obligé de quitter Londres à la fin de 1730[5].

Vie d’écrivain et voyages

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Le Pour et Contre, Ouvrage Périodique, d’un gout nouveau dans lequel on s’explique librement sur tout ce qui peut intéresser « la curiosité du Public, en matiere de Sciences, etc. » (La Haye, Chez Isaac van der Kloot) de Prévost.

Il se rend alors à Amsterdam, en Hollande où il se lie à une aventurière du nom d’Hélène Eckhardt, dite Lenki, et publie à Utrecht en 1731 et 1732 les tomes I à IV du Philosophe anglais ou Histoire de monsieur Cleveland, fils naturel de Cromwell, écrite et traduite de l’anglais par lui-même. Entre-temps, ayant pris le nom de Prévost « d’Exiles » par allusion à ses propres périples, il se plonge dans la traduction de la Historia sui temporis du président de Thou et publie la suite en trois volumes des Mémoires et aventures d’un homme de qualité dont le dernier relate l’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, peut-être inspirée d’une de ses propres aventures et que le parlement de Paris condamnera au feu. Prévost ayant interrompu la composition du Philosophe anglais, son éditeur hollandais commissionne un cinquième volume apocryphe (Utrecht, 1734) qui compromet son prétendu auteur par ses attaques contre les jésuites.

En 1733, criblé de dettes, Prévost retourne à Londres où il fonde Le Pour et Contre[6], journal principalement consacré à la connaissance de la littérature et de la culture anglaise. Il en est le principal auteur et poursuit son édition de façon presque ininterrompue jusqu'en 1740. Il ne rétablit pas pour autant ses affaires ; il fait un faux chèque qui le mène en prison en et rentre en France au début de 1734[5].

En 1734[7], il négocie son retour chez les bénédictins et effectue un second noviciat de quelques mois à l’abbaye de la Croix-Saint-Leufroy[7], près d'Évreux, avant de devenir, au début de 1736[7], l’aumônier du prince de Conti[7], qui le protège. Les trois derniers tomes du Philosophe anglais paraissent enfin clandestinement, à Paris, en 1738-1739.

Il publiera d'autres romans, dont Le Doyen de Killerine (1735-1740) et Histoire d’une Grecque moderne (1740), et des traductions de l'anglais, dont la monumentale encyclopédie Histoire générale des voyages (15 vol., 1746-1759) du libraire Thomas Astley (en)[8] qui introduit à l'ensemble des relations de voyage publiées depuis le XVe siècle ; il contribue à diffuser Samuel Richardson en France, notamment par deux traductions de ses romans : Lettres anglaises ou Histoire de miss Clarisse Harlowe (1751) et Nouvelles Lettres anglaises ou Histoire du chevalier Grandisson (1755).

En 1755 il dirige le Journal étranger, fondé par Ignace Hugary de La Marche-Courmont.

Fin de sa vie

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Il passe ses dernières années à Paris au no 12 de la rue Saint-Séverin[9] et à Saint-Firmin, à côté de Chantilly, où il avait récemment acquis une « solitaire habitation[b 1] ».

Une légende tenace raconte que l'abbé aurait subi une crise d’apoplexie au retour d’une visite aux bénédictins de Saint-Nicolas-d’Acy, dans l'actuelle commune de Courteuil, qu'il aurait été transporté au presbytère à la suite de son accident, que le bailli de l'abbaye aurait fait quérir le chirurgien de l'abbaye pour ouvrir le corps afin qu'il puisse procéder au procès-verbal d'autopsie, et que Prévost n'était pas encore mort mais aurait expiré sous le scalpel du chirurgien[b 2],[10]. Jean Sgard a démontré que le dernier épisode de cette histoire a été inventé en 1782, presque 20 ans après sa mort, survenue le [11]. L'abbé Prévost est mort d'une rupture d'anévrisme. Il a bien été autopsié et sa mort est constatée[12].

À Courteuil, un calvaire mentionne sa mort ; laquelle est également attestée dans le registre paroissial de Courteuil, dans la vallée de la Nonette.

Œuvres

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Mémoires d’un Homme de Qualité

Éditions modernes

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Hommage

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Notes et références

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  1. Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Peeters, Louvain-la-Neuve, 1994, p. 103.
  2. Victor Schroeder, Un romancier français au XVIIIe siècle : l’Abbé Prevost, sa vie, ses romans, Paris, Hachette, 1898, xiii, 365 p., p. 4.
  3. a b c et d Jean Sgard, Vingt études sur Prévost d’Exiles, Paris, ELLUG Éditions, 1995, p. 50.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y et z Jean Sgard, Vie de Prévost (1697-1763), Paris, Hermann Éditions, 2013, p. 37-45.
  5. a et b Jean Sgard, « Antoine François Prévost (1697-1763) », sur dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr
  6. Mention dans Biographie universelle de François-Xavier de Feller
  7. a b c et d Vingt études sur Prévost d’Exiles, p. 55.
  8. a et b Traduction de la compilation anglaise "A New General History of Voyages and Travels" attribuée à l'anglais John Green (Londres, Astley, 4 vols. 1745-47) initialement de quinze volumes, sera encore augmentée de cinq volumes dont un index, jusqu'en 1789, après la mort de Prévost, et comptera ainsi vingt-et-un volumes. – Voir Cambridge Bibliography.
  9. Jacques Hillairet, Évocation du vieux Paris, éd. de Minuit, Paris 1960, p. 542, 677 p.
  10. Article du Point (25.11.2012).
  11. Jean Sgard, Vie de Prévost (1697-1763), Paris, Hermann, 2013 (1re édition aux Presses de l'Université Laval, 2006), p. 255-257. (Présentation sur Google Books
  12. Jean Sgard, op. cit., p. 254.
  • Henri Duclos (abbé), Histoire de Royaumont : sa fondation par Saint-Louis et son influence sur la France, t. 2, Ch. Douniol, Paris 1867, 800 p. lire en ligne
  1. p. 480-481.
  2. p. 481

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Jean Desobrie, L’Abbé Prévost : un amour de moine. Essai biographique, Viroflay, Roger Editeur, 2018
  • Éric Leborgne, Bibliographie de Prévost d’Exiles, Paris, Memini, 1996, 237 p., (ISBN 978-8-88660-905-0).
  • Henri Roddier, L’Abbé Prévost : l’homme et l’œuvre, Paris, Hatier-Boivin, 1955, 200 p., (OCLC 912635685).
  • Jean Sgard, Prévost romancier, Paris, José Corti, 1989, 634 p., (ISBN 978-2-71430-305-9).
  • Jean Sgard, L’Abbé Prévost : labyrinthes de la mémoire, Paris, PUF, 1986, 239 p., (ISBN 978-2-13039-282-8).
  • R. A. Francis, The Abbé Prévost's First-Person Narrators, Oxford, Voltaire Foundation, 1993
  • Jean Sgard, Vingt études sur Prévost d’Exiles, Paris, ELLUG Éditions, 1995, 316 p., (ISBN 978-2-90270-992-2).
  • Richard A. Francis et Jean Mainil (éd.), L'abbé Prévost au tournant du siècle, Oxford, Voltaire Foundation, 2000, 390 p.
  • Jan Herman et Paul Pelckmans (éd.), Prévost et le récit bref, Amsterdam et New York, Rodopi, 2006, 217 p.
  • Jean Sgard, Vie de Prévost (1697-1763), Paris, Hermann Éditions, 2013, 296 p. (ISBN 978-2-70568-452-5)
  • Jean Sgard, L'abbé Prévost : labyrinthes de la mémoire, Paris, Éditions Hermann, 2010, 237 p., (ISBN 978-2-70568-028-2).
  • Alan Singerman, L’Abbé Prévost : l’amour et la morale, Genève, Droz, 1987, (OCLC 18136740 ), 306 p.

Sur Le Philosophe anglais ou Histoire de Monsieur Cleveland

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  • Philip Stewart, “L’armature historique du Cleveland de Prévost”, Oxford, Studies on Voltaire and the Eighteenth Century 137 (1975), p. 121–139.
  • Philip Stewart, "Prévost et son Cleveland : essai de mise au point historique”, Dix-Huitième Siècle 7 (1975), p. 181–208, en ligne : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1975_num_7_1_1077
  • Philip Stewart, “L’Amérique de l’abbé Prévost : aspects documentaires de Cleveland”, French Review 49 (1976), p. 868–882.
  • Philip Stewart, “Sur la conclusion du Cleveland de Prévost : l’influence de la suite apocryphe”, Revue de Littérature Comparée 51 (1977), p. 54–58.
  • Paul Pelckmans, Cleveland ou l'impossible proximite, Amsterdam et New York: Rodopi, 2002, 174 p.
  • Jean-Paul Sermain (éd.), "Clleveland" de Prévost : l'épopée du XVIIIe siècle, Paris, Desjonquères, 2006, 316 p
  • Éric Leborgne, Figures de l'imaginaire dans "Cleveland" de Prévost, Paris, Desjonquères, 2006, 291 p.
  • Colas Duflo, Florence Magnot, et Franck Salaün (éd.), Lectures de "Cleveland", Louvain, Peeters, 2010.

Liens externes

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