Épizootie
Une épizootie (prononcé /e.pi.zo.o.ti/, parfois aussi /e.pi.zo.o.si/, du préfixe épi-, du grec zôotês, « nature animale », et du suffixe -ie) est une maladie frappant, dans une région plus ou moins vaste, une espèce animale ou un groupe d'espèces dans son ensemble. Si l'épizootie touche un continent ou le monde, on parlera de panzootie, alors que si elle frappe une région d'une façon constante (incidence stable) ou à certaines époques déterminées, on parlera d'enzootie.
Une épizootie peut se transformer en zoonose si elle se transmet à l'humain : c'est par exemple le cas avec l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), qui a frappé la Grande-Bretagne et s'est transmise à l'humain sous le nom de maladie de Creutzfeldt-Jakob. Elle peut alors éventuellement évoluer en épidémie (le pendant humain de l'épizootie) ; c'est le cas de la grippe aviaire (une épizootie) qui pourrait devenir contagieuse pour l'humain (une zoonose) et devenir très contagieuse entre les humains eux-mêmes (une épidémie) - selon l'OMS[1].
Si l'infection épizootique est transmissible à l'humain — cas de la tuberculose, de la peste, de la grippe aviaire, de la rage, etc. — on parle d'anthropo-épizootie. Certaines de ces anthropo-épizooties peuvent être bipolaires : l'humain contamine l'animal puis l'animal contamine l'humain, etc. C'est le cas de la tuberculose. Ainsi en France, où la tuberculose bovine a pu être éradiquée depuis les années 1960, les (très rares) nouveaux cas constatés sont tous dus à une transmission humain → animal (c'est incontestablement une appréhension pour les services vétérinaires).
Les grandes maladies animales infectieuses sont réapparues au début des années 2000, sous forme de sévères épizooties dans différents pays d'Europe. La lutte contre ces maladies repose sur des méthodes de prévention, de détection et d'éradication, dont certains aspects font quelquefois débat dans la société[2].
La lutte contre les épizooties nécessite le plus souvent la combinaison de plusieurs méthodes sanitaires et médicales, - soit de manière séquentielle : d'abord la vaccination, puis, quand la pression infectieuse est plus limitée, des méthodes strictement sanitaires, - soit de manière concomitante. Quelles que soient les méthodes utilisées, les moyens humains et financiers nécessaires à la lutte contre les épizooties sont considérables. Pour cette raison notamment, il est illusoire de vouloir lutter contre toutes les épizooties : seules celles conduisant à des pertes économiques et/ou commerciales majeures ou celles ayant de fortes implications sur la santé publique, doivent donc faire l'objet de mesures de lutte collective. Enfin, la lutte contre une maladie épizootique vise le plus souvent à son éradication, ce qui permet de supprimer les pertes directes et de gagner des marchés commerciaux. Cependant, dans une population indemne, les risques de réapparition et de diffusion sont augmentés par rapport à ceux d'une population partiellement immune ; les mesures de biosécurité deviennent alors, dans ce contexte de fragilité, essentielles et nécessairement pérennes.
Cas historiques d'épizooties
modifierDate | Emplacement | Espèce(s) touchée(s) | Maladie(s) |
---|---|---|---|
1920, 1970 | France | Huîtres plates, Huîtres portugaises | Viroses, Mycoses, protozooses |
1997-2006 | Extrême-Orient, Asie du Sud-Est, Russie, Turquie, Europe | Oiseaux (poulets, dindes, canards, oies) | Virus H5N1 |
2009 | Montréal, Canada, Québec | Oiseaux (pigeons, goélands, autres oiseaux) | JPD09-Cause encore indéterminée |
2007-aujourd'hui | Côte est des États-Unis, puis jusqu'au Tennessee au sud, à l'Oklahoma à l'ouest, et à l'Ontario et au Québec au nord. | Chauves-souris (rôle important en matière de lutte biologique contre les ravageurs de cultures ; plusieurs espèces, certaines peu communes, sont menacées d'extinction) | Syndrome du nez blanc |
Peste porcine, par pays, de 1990 à 2000
- - 1990 : Allemagne et Belgique.
- - 1993 : France, 4,000 porcs abattus.
- - 1994 : Allemagne, plusieurs dizaines de milliers de porcs abattus.
- - 1997 : Allemagne, puis Pays-Bas, Belgique, Espagne. 12 millions de cochons bataves abattus.
- - 2000 : Grande-Bretagne, 10,000 bêtes abattues.
- - 1997 : 1,3 million de poulets abattus à Hong Kong, quatre personnes décédées d'un virus H5N1.
- - 2003 à 2006 : la grippe aviaire due au H5N1 s'étend dans plus de 50 pays, avec plus de 100 cas humains.
- - 2007 : . 204 morts selon l'OMS (Dossiers et Document du Monde, )
- - 2007 : décembre. L'Afsset augmente le risque en France de négligeable à faible.
Entérocolite épizootique, 1997 :
- - 1967-1968 : Grande-Bretagne, 2 364 bêtes malades et 442 000 abattues. Coût : 16 milliards de francs d'aujourd'hui.
- - 1974 : France.
- - 1993 : Italie, 11,000 bêtes abattues.
- - 1994 et 1996 : Grèce.
- - 1997 : Taïwan, 6,000 élevages de porcs contaminés.
- - Mars 2001 : Chine, au moins 60,000 têtes de bétail contaminées, abattages massifs.
ESB (vache folle) 1986-2001 (cas signalés à fin février) :
- - 177 417 en Grande-Bretagne ;
- - 2 390 en Irlande ;
- - 695 à Guernesey ;
- - 509 au Portugal ;
- - 367 en Suisse ;
- - 245 en France.
- - Montréal (Canada) ;
- - au moins 5,000 pigeons et goélands disparus en moins de deux mois ;
- - zoonose encore indéterminée.
Liste des maladies animales à déclaration obligatoire établie par l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale) en vigueur en 2015
modifierL'accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires (accord SPS) de l'Organisation mondiale du commerce considère les maladies comme des risques spécifiques et donne à toutes les maladies soumises à déclaration auprès de l'OIE le même niveau d'importance pour les échanges commerciaux internationaux. Pour s'aligner sur cette exigence, l'OIE a établi une liste unique fondée sur une série de critères approuvés en . En 2005, une première liste unique a été utilisée, modifiée la même année et dont la seconde version est entrée en vigueur en 2006. La liste est révisée annuellement et les éventuelles modifications entrent en application à partir du 1er janvier de l’année suivante[3].
Maladies, infections et infestations communes à plusieurs espèces
- Brucellose à Brucella abortus
- Brucellose à Brucella melitensis
- Brucellose à Brucella suis
- Cowdriose
- Encéphalite japonaise
- Encéphalomyélite équine de l'Est
- Fièvre aphteuse
- Fièvre catarrhale du mouton
- Fièvre charbonneuse
- Fièvre de West Nile
- Fièvre Congo-Crimée
- Fièvre Q
- Infection à Echinococcus granulosus
- Infection à Echinococcus multilocularis
- Infection à Trichinella spp.
- Infection par le virus de la fièvre de la vallée du Rift
- Infection par le virus de la maladie d'Aujeszky
- Infection par le virus de la peste bovine
- Infection par le virus de la rage
- Maladie hémorragique épizootique
- Myiase à Chrysomya bezziana
- Myiase à Cochliomyia hominivorax
- Paratuberculose
- Surra (Trypanosoma evansi)
- Tularémie
Maladies et infections des bovins
- Anaplasmose bovine
- Babésiose bovine
- Campylobactériose génitale bovine
- Dermatose nodulaire contagieuse
- Diarrhée virale bovine
- Encéphalopathie spongiforme bovine
- Infection à Mycoplasma mycoides subsp. mycoides SC (Péripneumonie contagieuse bovine)
- Leucose bovine enzootique
- Rhinotrachéite infectieuse bovine/vulvovaginite pustuleuse infectieuse (IBR/IPV)
- Septicémie hémorragique
- Theilériose bovine
- Trichomonose
- Trypanosomose (transmise par la mouche tsé-tsé)
- Tuberculose bovine
Maladies et infections des ovins et des caprins
- Agalaxie contagieuse de la brebis et de la chèvre
- Arthrite-encéphalite caprine
- Clavelée et variole caprine
- Épididymite contagieuse du bélier (Brucella ovis)
- Avortement enzootique des brebis et des chèvres (infection à Chlamydophila abortus ou chlamydiose ovine)
- Infection par le virus de la peste des petits ruminants
- Visna-maëdi
- Maladie du mouton de Nairobi
- Pleuropneumonie contagieuse caprine
- Avortement à Salmonella abortusovis
- Tremblante
Maladies et infections des équidés
- Anémie infectieuse des équidés
- Dourine
- Encéphalomyélite équine de l'Ouest
- Encéphalomyélite équine vénézuélienne
- Grippe équine
- Infection par l'herpesvirus équin 1 (EHV-1)
- Infection par le virus de l’artérite équine
- Infection par le virus de la peste équine
- Métrite contagieuse équine
- Morve
- Piroplasmose équine
Maladies et infections des suidés
- Cysticercose porcine
- Encéphalite à virus Nipah
- Gastro-entérite transmissible
- Infection par le virus de la peste porcine classique
- Peste porcine africaine
- Syndrome dysgénésique et respiratoire du porc
Maladies et infections des lagomorphes
Maladies et infections des oiseaux
- Bronchite infectieuse aviaire
- Maladie de Gumboro (bursite infectieuse)
- Chlamydiose aviaire
- Hépatite virale du canard
- Infection par le virus de la maladie de Newcastle
- Infection par les virus de l'influenza aviaire
- Infection par les virus de l’influenza A à haute pathogénicité chez les oiseaux autres que les volailles, oiseaux sauvages compris
- Laryngotrachéite infectieuse aviaire
- Mycoplasmose aviaire à Mycoplasma gallisepticum
- Mycoplasmose aviaire à Mycoplasma synoviae
- Pullorose
- Rhinotrachéite de la dinde
- Typhose aviaire
Maladies, infections et infestations des abeilles mellifères
- Infection des abeilles à Melissococcus plutonius (Loque européenne)
- Infection des abeilles à Paenibacillus larvae (Loque américaine)
- Infestation des abeilles par Acarapis woodi
- Infestation des abeilles par Tropilaelaps spp.
- Infestation des abeilles par Varroa spp. (varroase)
- Infestation par Aethina tumida (le petit coléoptère des ruches)
Maladies des poissons
- Herpèsvirose de la carpe koï
- Infection à Aphanomyces invadans (syndrome ulcératif épizootique)
- Infection à Gyrodactylus salaris
- Infection par des variants délétés dans la RHP du virus de l'anémie infectieuse du saumon ou aux variants RHP0 de ce virus
- Infection par l'alphavirus des salmonidés
- Iridovirose de la daurade japonaise
- Nécrose hématopoïétique épizootique
- Nécrose hématopoïétique infectieuse
- Septicémie hémorragique virale
- Virémie printanière de la carpe
Maladies des mollusques
- Infection à Bonamia exitiosa
- Infection à Bonamia ostreae
- Infection à Marteilia refringens
- Infection à Perkinsus marinus
- Infection à Perkinsus olseni
- Infection à Xenohaliotis californiensis
- Infection due à l'herpèsvirus de l'ormeau
Maladies des crustacés
- Hépatopancréatite nécrosante
- Infection par le virus de la tête jaune
- Maladie des points blancs
- Maladie des queues blanches
- Myonécrose infectieuse
- Nécrose hypodermique et hématopoïétique infectieuse
- Peste de l'écrevisse (Aphanomyces astaci)
- Syndrome de Taura
- Syndrome des taches blanches
Maladies des amphibiens
- Infection à Batrachochytrium dendrobatidis
- Infection à ranavirus
Autres maladies et infections
Notes et références
modifier- « OMS | Interface entre l’homme et l’animal », sur WHO (consulté le ).
- « 03.09.Q01 : La lutte contre les épizooties : quels grands principes ? | Académie d'Agriculture de France », sur www.academie-agriculture.fr (consulté le )
- « Maladies, infections et infestations de la Liste de l'OIE en vigueur en 2015 », OIE (Organisation mondiale de la santé animale).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Abel Poitrineau, De la police administrative à l’action vétérinaire, problèmes de l’élevage dans le Brivadois au XVIIIe siècle : in Cahiers de la Haute-Loire 1967, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, (lire en ligne) (pestes bovines de 1714 et 1744, épizootie ovine de 1750, installation du premier vétérinaire à Brioude vers 1780)
Articles connexes
modifier- Histoire des épizooties de grippe aviaire
- Office international des épizooties
- Pandémie
- Sûreté biologique
Liens externes
modifier- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Office international des épizooties