Épizootie

maladie frappant, dans une région plus ou moins vaste, une espèce animale ou un groupe d'espèces dans son ensemble

Une épizootie (prononcé /e.pi.zo.o.ti/, parfois aussi /e.pi.zo.o.si/, du préfixe épi-, du grec zôotês, « nature animale », et du suffixe -ie) est une maladie frappant, dans une région plus ou moins vaste, une espèce animale ou un groupe d'espèces dans son ensemble. Si l'épizootie touche un continent ou le monde, on parlera de panzootie, alors que si elle frappe une région d'une façon constante (incidence stable) ou à certaines époques déterminées, on parlera d'enzootie.

Épizootie de peste bovine en Afrique du Sud, 1896.

Une épizootie peut se transformer en zoonose si elle se transmet à l'humain : c'est par exemple le cas avec l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), qui a frappé la Grande-Bretagne et s'est transmise à l'humain sous le nom de maladie de Creutzfeldt-Jakob. Elle peut alors éventuellement évoluer en épidémie (le pendant humain de l'épizootie) ; c'est le cas de la grippe aviaire (une épizootie) qui pourrait devenir contagieuse pour l'humain (une zoonose) et devenir très contagieuse entre les humains eux-mêmes (une épidémie) - selon l'OMS[1].

Si l'infection épizootique est transmissible à l'humain — cas de la tuberculose, de la peste, de la grippe aviaire, de la rageetc. — on parle d'anthropo-épizootie. Certaines de ces anthropo-épizooties peuvent être bipolaires : l'humain contamine l'animal puis l'animal contamine l'humain, etc. C'est le cas de la tuberculose. Ainsi en France, où la tuberculose bovine a pu être éradiquée depuis les années 1960, les (très rares) nouveaux cas constatés sont tous dus à une transmission humain → animal (c'est incontestablement une appréhension pour les services vétérinaires).

Les grandes maladies animales infectieuses sont réapparues au début des années 2000, sous forme de sévères épizooties dans différents pays d'Europe. La lutte contre ces maladies repose sur des méthodes de prévention, de détection et d'éradication, dont certains aspects font quelquefois débat dans la société[2].

La lutte contre les épizooties nécessite le plus souvent la combinaison de plusieurs méthodes sanitaires et médicales,  - soit de manière séquentielle : d'abord la vaccination, puis, quand la pression infectieuse est plus limitée, des méthodes strictement sanitaires,  - soit de manière concomitante. Quelles que soient les méthodes utilisées, les moyens humains et financiers nécessaires à la lutte contre les épizooties sont considérables. Pour cette raison notamment, il est illusoire de vouloir lutter contre toutes les épizooties : seules celles conduisant à des pertes économiques et/ou commerciales majeures ou celles ayant de fortes implications sur la santé publique, doivent donc faire l'objet de mesures de lutte collective. Enfin, la lutte contre une maladie épizootique vise le plus souvent à son éradication, ce qui permet de supprimer les pertes directes et de gagner des marchés commerciaux. Cependant, dans une population indemne, les risques de réapparition et de diffusion sont augmentés par rapport à ceux d'une population partiellement immune ; les mesures de biosécurité deviennent alors, dans ce contexte de fragilité, essentielles et nécessairement pérennes.

Cas historiques d'épizooties

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Date Emplacement Espèce(s) touchée(s) Maladie(s)
1920, 1970 France Huîtres plates, Huîtres portugaises Viroses, Mycoses, protozooses
1997-2006 Extrême-Orient, Asie du Sud-Est, Russie, Turquie, Europe Oiseaux (poulets, dindes, canards, oies) Virus H5N1
2009 Montréal, Canada, Québec Oiseaux (pigeons, goélands, autres oiseaux) JPD09-Cause encore indéterminée
2007-aujourd'hui Côte est des États-Unis, puis jusqu'au Tennessee au sud, à l'Oklahoma à l'ouest, et à l'Ontario et au Québec au nord. Chauves-souris (rôle important en matière de lutte biologique contre les ravageurs de cultures ; plusieurs espèces, certaines peu communes, sont menacées d'extinction) Syndrome du nez blanc

Peste porcine, par pays, de 1990 à 2000

- 1990 : Allemagne et Belgique.
- 1993 : France, 4,000 porcs abattus.
- 1994 : Allemagne, plusieurs dizaines de milliers de porcs abattus.
- 1997 : Allemagne, puis Pays-Bas, Belgique, Espagne. 12 millions de cochons bataves abattus.
- 2000 : Grande-Bretagne, 10,000 bêtes abattues.

Grippe aviaire

- 1997 : 1,3 million de poulets abattus à Hong Kong, quatre personnes décédées d'un virus H5N1.
- 2003 à 2006 : la grippe aviaire due au H5N1 s'étend dans plus de 50 pays, avec plus de 100 cas humains.
- 2007 : . 204 morts selon l'OMS (Dossiers et Document du Monde, )
- 2007 : décembre. L'Afsset augmente le risque en France de négligeable à faible.

Entérocolite épizootique, 1997 :

- en France, Espagne, Portugal, des centaines de milliers de lapereaux meurent.

Fièvre aphteuse

- 1967-1968 : Grande-Bretagne, 2 364 bêtes malades et 442 000 abattues. Coût : 16 milliards de francs d'aujourd'hui.
- 1974 : France.
- 1993 : Italie, 11,000 bêtes abattues.
- 1994 et 1996 : Grèce.
- 1997 : Taïwan, 6,000 élevages de porcs contaminés.
- Mars 2001 : Chine, au moins 60,000 têtes de bétail contaminées, abattages massifs.

ESB (vache folle) 1986-2001 (cas signalés à fin février) :

- 177 417 en Grande-Bretagne ;
- 2 390 en Irlande ;
- 695 à Guernesey ;
- 509 au Portugal ;
- 367 en Suisse ;
- 245 en France.

JPD09 2009 (À partir de ) :

- Montréal (Canada) ;
- au moins 5,000 pigeons et goélands disparus en moins de deux mois ;
- zoonose encore indéterminée.

Liste des maladies animales à déclaration obligatoire établie par l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale) en vigueur en 2015

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L'accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires (accord SPS) de l'Organisation mondiale du commerce considère les maladies comme des risques spécifiques et donne à toutes les maladies soumises à déclaration auprès de l'OIE le même niveau d'importance pour les échanges commerciaux internationaux. Pour s'aligner sur cette exigence, l'OIE a établi une liste unique fondée sur une série de critères approuvés en . En 2005, une première liste unique a été utilisée, modifiée la même année et dont la seconde version est entrée en vigueur en 2006. La liste est révisée annuellement et les éventuelles modifications entrent en application à partir du 1er janvier de l’année suivante[3].

Maladies, infections et infestations communes à plusieurs espèces

Maladies et infections des bovins

Maladies et infections des ovins et des caprins

Maladies et infections des équidés

Maladies et infections des suidés

Maladies et infections des lagomorphes

Maladies et infections des oiseaux

Maladies, infections et infestations des abeilles mellifères

Maladies des poissons

Maladies des mollusques

Maladies des crustacés

Maladies des amphibiens

Autres maladies et infections

Notes et références

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  1. « OMS | Interface entre l’homme et l’animal », sur WHO (consulté le ).
  2. « 03.09.Q01 : La lutte contre les épizooties : quels grands principes ? | Académie d'Agriculture de France », sur www.academie-agriculture.fr (consulté le )
  3. « Maladies, infections et infestations de la Liste de l'OIE en vigueur en 2015 », OIE (Organisation mondiale de la santé animale).

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Abel Poitrineau, De la police administrative à l’action vétérinaire, problèmes de l’élevage dans le Brivadois au XVIIIe siècle : in Cahiers de la Haute-Loire 1967, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, (lire en ligne) (pestes bovines de 1714 et 1744, épizootie ovine de 1750, installation du premier vétérinaire à Brioude vers 1780)

Articles connexes

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Liens externes

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