« Un chien andalou » : différence entre les versions

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{{Infobox Cinéma (film)
| titre = Un chien andalou
| image = Un Chien Andalou title.png
| légende =
| titre original = Un chien andalou
| réalisation = [[Luis Buñuel]]<br/>
| scénario = [[Luis Buñuel]]<br/>[[Salvador Dalí]]
| musique =
| acteur = [[Pierre Batcheff]]<br />[[Simone Mareuil]]<br />[[Luis Buñuel]]<br />[[Salvador Dalí]]<br />[[Jaume Miravitlles]]<br/>
| production =
| pays = {{France}}
| genre = [[Essai (littérature)|Essaiessai]] [[surréalisme|surréaliste]]
| durée = 21 minutes
| année de sortie = 1929
| précédent =
| suivant =
| date précédent =
| date suivant =
}}
'''''Un chien andalou''''' est un [[court métrage]] [[Cinéma espagnol|hispano]]-[[Cinéma français|français]] [[Cinéma muet|muet et sonorisé]] [[surréalisme|surréaliste]], réalisé par le cinéaste espagnol [[Luis Buñuel]] et par l'artiste surréaliste catalan [[Salvador Dalí]], sorti en [[1929 au cinéma|1929]].
 
'''''Un chien andalou''''' est un [[court métrage]] [[Cinéma muet|muet sonorisé]] [[surréalisme|surréaliste]] [[Cinéma français|français]] réalisé par [[Luis Buñuel]], sur un scénario de Buñuel et de [[Salvador Dalí]], sorti en [[1929 au cinéma|1929]]<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Un chien Andalou, un monument du {{s-|XX}}|url=http://max-coma.com/2020/04/10/un-chien-andalou-un-monument-du-xx-siecle/|consulté le=2020-05-01}}</ref>.
 
== Synopsis ==
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Le récit est disloqué par des changements subits de lieux (un bois, une plage) et par des intertitres indiquant des sauts temporels de plusieurs années en avant ou en arrière. Le film se conclut sur une plage où les deux personnages principaux, l'homme et la femme, paraissent former un couple heureux, avant d'être « au printemps » à la fois ensablés vivants et la proie des insectes.
 
L'étrangeté de l'ensemble est délibérément onirique, selon le principe surréaliste défini par [[André Breton]] dans son ''[[Manifeste du surréalisme]]''. Ainsi, dans ''Un chien andalou'', rêve et réalité sont deux instances complémentaires : «{{citation bloc|Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, la surréalité […] c'est à sa conquête que je vais<ref name="Manifeste" />. »}}
 
== Fiche technique ==
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* Décors : [[Pierre Schild]] ou Schildknecht (non crédité)
* Production : Luis Buñuel ; producteur exécutif, [[Pierre Braunberger]]
* Pays d'origine : {{France}} {{référence nécessaire}}
* Format : [[Noir et blanc#Cinéma|Noir et blanc]] - [[Format 35 mm|{{unité|35|mm}}]] - [[Format d'image|1,33:1]] — film muet sonorisé
* Genre : [[Essai (littérature)|Essai]] [[surréalisme|surréaliste]]
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== Distribution ==
{{colonne|taille=24|
* [[Pierre Batcheff]] : l'homme
* [[Simone Mareuil]] : la femme
:* Non crédités :
** [[Luis Buñuel]] : l'homme au rasoir
** [[Salvador Dalí]] : un séminariste
** [[Jaume Miravitlles]] : un séminariste
** Marval : un séminariste
** [[Fano Messan]]<ref>[http://laurkadelsol.blogspot.fr/2012/01/androgenie.html Fano Messan] sur ''Laurkadelsol.fr''.</ref> : l'hermaphrodite
}}
 
== Autour du filmGenèse ==
Le film a été inspiré par des rêves de Salvador Dalí et de Luis Buñuel, qui raconte : « En arrivant chez Dalí, à [[Figueras]], invité à passer quelques jours, je lui racontais que j'avais rêvé, peu de temps auparavant, d'un nuage effilé coupant la lune et d'une lame de rasoir fendant un œil. De son côté il me raconta qu'il venait de voir en rêve, la nuit précédente, une main pleine de fourmis. Il ajouta : {{citation|et si nous faisions un film, en partant de ça »<ref name="bunuel" /> ?}}
 
On y retrouve des éléments récurrents dans l'œuvre du peintre : âne mort, piano, érotisme, fourmis, ''[[La Dentellière (Vermeer)|La Dentellière]]'' de [[Johannes Vermeer|Vermeer]], etc.
 
''Un chien andalou'' est le film surréaliste par excellence. Son scénario est écrit en six jours par Buñuel et Dalí qui travaillent sur le mode du [[Cadavre exquis (jeu)|cadavre exquis]], comme l'a raconté plus tard Luis Buñuel : « Nous travaillions en accueillant les premières images qui nous venaient à l'esprit et nous rejetions systématiquement tout ce qui pouvait venir de la culture ou l'éducation. Il fallait que ce soient des images qui nous surprennent et qui soient acceptées par tous les deux sans discussion. »<ref>Tomas Perez Torrent, Jose de la Colina, ''Conversations avec Luis Buñuel'', edéd. Cahiers du cinéma, 1993. {{ISBN|2-86642-139-6}}.</ref>
 
== Versions multiples ==
Si ''Un chien andalou'' est à l'origine un film muet, lors de la première projection en public il fut accompagné d'une sonorisation exécutée par Buñuel lui-même avec des disques : ''[[Tristan und Isolde|Tristan et Isolde]]'' de [[Richard Wagner|Wagner]], ainsi qu'un tango argentin. En [[1961 au cinéma|1961]], il en réalise une sonorisation définitive, qu'il dit conforme à celle de la première projection. En [[1983 au cinéma|1983]], sort une troisième version, dont la musique est cette fois composée spécialement par [[Mauricio Kagel]].
 
== Accueil ==
Concernant la première projection devant les membres du groupe surréaliste au [[studio des Ursulines]], Buñuel en a lui-même raconté la petite histoire, qu'on peut croire conforme à la réalité : il s'était muni de pierres, autant pour se défendre s'il se trouvait agressé, que pour les jeter sur les spectateurs s'ils venaient à manifester en huant le film<ref name="Carrière" />.
 
''Un chien andalou'' ouvrit définitivement à Buñuel les portes du groupe surréaliste, mais ce fut au prix d'un procès interne dont la conclusion aurait pu être la destruction du film {{Incise|chose que Buñuel dit avoir été prêt à accepter}} mais le verdict fut favorable<ref name="Carrière" />.
 
[[Federico García Lorca]], ami des deux auteurs du film, crut se reconnaître dans le titre ce dont il se trouva mal ; selon lui ''Le chien andalou'' avait été le surnom moqueur que lui auraient donné Buñuel et Dalí<ref name="bunuel" />.
Par la suite, Buñuel se refusa à toute explication d'''Un chien andalou'', se bornant à déclarer : « il s'agit seulement d'un appel au meurtre »<ref name="Carrière" />. Parmi les intentions des auteurs, il faut tenir compte d'un désir de provocation. Dali, quant à lui, écrivit ultérieurement : « un chien andalou était le film de l'adolescence et de la mort que j'allais enfoncer comme un poignard en plein cœur du Paris spirituel et élégant »<ref name="Dali" />.
 
== Analyses ==
Par la force de ses images, ce film qui a marqué l'histoire du septième art est resté un des plus célèbres parmi les avant-gardes du cinéma. Les scènes marquantes, ayant été décrites dans les articles et dans les histoires du cinéma, furent connues par nombre de personnes qui n'avaient jamais vu le film, et ne purent le voir pendant de longues périodes où il n'était plus projeté. Ainsi, de celle où le personnage principal doit tirer les deux pianos à queue chargés de la dépouille de deux ânes morts, et plus encore la scène d'ouverture, insoutenable pour bien des spectateurs {{Incise|et surprenante}} dont on dit qu'elle a été retirée des copies dans certains pays : on y voit un homme aiguisant un rasoir, puis avisant pensivement la lune devant laquelle passe un nuage effilé ; l'instant d'après le film montre en gros plan la main de l'homme tenant le visage d'une jeune femme tandis que le rasoir tranche son œil par le long (cette femme sera ensuite le personnage féminin du film — pour ce plan le réalisateur a utilisé un œil de bovin). Buñuel a donné une seule explication de ce plan, purement poétique dit-il : c'est une image visuelle inspirée par la vision de la lune et du nuage. Après quoi bien des interprétations psychologiques ont circulé, toutes inventées, toutes beaucoup trop logiques. Celle de [[Jean Vigo]] reste à méditer : Buñuel aurait envoyé là une botte de provocation à l'hypocrisie des hommes qui leur fait accepter toutes les monstruosités de la réalité, mais les fait vibrer d'horreur à la vue d'une image reconstituée<ref name="vigo" />.
 
=== Interprétations ===
[[Federico García Lorca]], ami des deux auteurs du film, crut se reconnaître dans le titre ce dont il se trouva mal ; selon lui ''Le chien andalou'' avait été le surnom moqueur que lui auraient donné Buñuel et Dalí<ref name="bunuel" />.
Par la suite, Buñuel se refusa à toute explication d'''Un chien andalou'', se bornant à déclarer : « il s'agit seulement d'un appel au meurtre »<ref name="Carrière" />. Parmi les intentions des auteurs, il faut tenir compte d'un désir de provocation. Dali, quant à lui, écrivit ultérieurement : « un chien andalou était le film de l'adolescence et de la mort que j'allais enfoncer comme un poignard en plein cœur du Paris spirituel et élégant »<ref name="Dali" />.
 
Par la force de ses images, ce film qui a marqué l'histoire du septième art est resté un des plus célèbres parmi les avant-gardes du cinéma. Les scènes marquantes, ayant été décrites dans les articles et dans les histoires du cinéma, furent connues par nombre de personnes qui n'avaient jamais vu le film, et ne purent le voir pendant de longues périodes où il n'était plus projeté. Ainsi, de celle où le personnage principal doit tirer les deux pianos à queue chargés de la dépouille de deux ânes morts, et plus encore la scène d'ouverture, insoutenable pour bien des spectateurs {{Incise|et surprenante}} dont on dit qu'elle a été retirée des copies dans certains pays : on y voit un homme aiguisant un rasoir, puis avisant pensivement la lune devant laquelle passe un nuage effilé ; l'instant d'après le film montre en gros plan la main de l'homme tenant le visage d'une jeune femme tandis que le rasoir tranche son œil par le long (cette femme sera ensuite le personnage féminin du film — pour ce plan le réalisateur a utilisé un œil de bovin). Buñuel a donné une seule explication de ce plan, purement poétique dit-il : c'est une image visuelle inspirée par la vision de la lune et du nuage. Après quoi bien des interprétations psychologiques ont circulé, toutes inventées, toutes beaucoup trop logiques. Celle de [[Jean Vigo]] reste à méditer : Buñuel aurait envoyé là une botte de provocation à l'hypocrisie des hommes qui leur fait accepter toutes les monstruosités de la réalité, mais les fait vibrer d'horreur à la vue d'une image reconstituée<ref name="vigo" />.
Par la suite, Dali tentera de réutiliser certaines des visions du film, notamment pour la scène du rêve de ''[[La Maison du docteur Edwardes]]'' (''Spellbound'').
 
=== Plongée dans l'univers de Dali ===
[[Philip Kaufman]], qui avait lui-même débuté comme cinéaste [[Cinéma underground|underground]], a placé dans ''[[Henry et June]]'' une scène qui se déroule à Paris dans un cinéma lors d'une projection houleuse de ''Un chien andalou'' (probablement le studio 28, où le film sera exploité pendant huit mois à partir d'{{date-|octobre 1929}}).
{{Section sources secondaires|date=septembre 2024}}
 
== Plongée dans l'univers de Dali ==
L'art de Dali tourne essentiellement autour de lui-même. C'est pourquoi on retrouve dans ce court-métrage les symboles propres à la [[mythographe|mythographie]] du maître du [[surréalisme]].
* Les fourmis, par exemple, récurrentes dans l’œuvre de Dali, symbolisent la [[Décomposition|putréfaction]]. Le fait de vivre sans se poser de question sur la vie, le fait d'agir sans se demander pourquoi cette action, tombée dans la routine, mène immanquablement à la putréfaction. Dans le film, l'homme, en regardant sa main, peut-être trop consacrée à l'[[onanisme]], se rend compte de cette putréfaction et cette prise de conscience déclenche ce besoin de donner une impulsion à sa vie.
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* Le piano symbolise la bourgeoisie, thème également omniprésent chez les surréalistes. Traîner le piano évoque l'ensemble des valeurs de la bourgeoisie qui s'imposent au héros du film et le contraignent dans la séduction. L'ajout de séminaristes à ce piano donne davantage de poids à l'héritage culturel du personnage.
* Les apparitions d'androgynes, de suicides et a fortiori de morts, d’œufs dont le liquide coule, rappelant d'une part le paradis perdu de la vie intra-utérine, qui se termine violemment et qui oblige à ouvrir les yeux sur le monde, sont encore une fois des références connues du monde très riche de Dali.
 
== Postérité ==
Par la suite, Dali tentera de réutiliser certaines des visions du film, notamment pour la scène du rêve de ''[[La Maison du docteur Edwardes]]'' (''Spellbound'').
 
[[Philip Kaufman]], qui avait lui-même débuté comme cinéaste [[Cinéma underground|underground]], a placé dans ''[[Henry et June]]'' une scène qui se déroule à Paris dans un cinéma lors d'une projection houleuse de ''Un chien andalou'' (probablement le studio[[Studio 28]], où le film sera exploité pendant huit mois à partir d'{{date-|octobre 1929}}).
 
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2|taille=30|références=
<ref name="bunuel">Luis Buñuel ''Mon dernier soupir ''(autobiographie) coécrit avec [[Jean-Claude Carrière]] [[1982]] {{ISBN|2-84114-814-9}}.</ref>
<ref name="Carrière"> Entretien filmé avec [[Jean-Claude Carrière]] réalisé par Martine Lefèvre : ''Petites Confessions filmées'' (30 min, 1981) .</ref>
<ref name="Dali"> ''La vieVie secrète de Salvador Dali'' (1942), repris dans ''[[L'avantAvant-scène]] Cinéma'' {{numéro|27}}-28.</ref>
<ref name="vigo"> [[Jean Vigo]] dans ''Vers un cinéma social'' (1930), repris dans ''L'avantAvant-scène Cinéma'' {{numéro|27}}-28.</ref>
<ref name="Manifeste"> [[André Breton]] ''Manifeste du surréalisme'', [[Éditions du Sagittaire]], [[1924]], réédité en [[1929]].</ref>
}}
 
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* Tomas Perez Torrent, Jose de la Colina, ''Conversations avec Luis Buñuel'', edéd. Cahiers du cinéma, [[1993]] {{ISBN|2-86642-139-6}}.
* ''Un chien andalou'' — ''L'Âge d'or'' — ''L'Ange exterminateur'', ''L'Avant-scène Cinéma'', {{numéro|27}} — 28, 1963.
* {{"|''Un chien andalou'' : lectures et relectures''}}, études réunies par Philippe Dubois et Edouard Arnoldy, ''Revue belge du cinéma,'' {{numéro|33 — 34 — 35}}, 1993 {{ISSN|0774-0115}}.
 
=== Liens externes ===
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* [http://upopi.ciclic.fr/analyser/le-cinema-la-loupe/un-chien-andalou Analyse] du film sur le site d'[http://upopi.ciclic.fr Upopi]
 
{{Palette|Luis Buñuel|Salvador Dalí|Surréalisme}}
 
{{Palette|Luis Buñuel|Salvador Dalí|Surréalisme}}
{{Portail|cinéma espagnol|dada et surréalisme|années 1920|dada et surréalisme}}
 
[[Catégorie:Film réalisé par Luis Buñuel]]