« Glacier des Bossons » : différence entre les versions
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{{Voir homonymes|Bossons}}
{{Infobox Glacier
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| légende=Vue du glacier
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| type=[[Glacier de vallée]]
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| géolocalisation=France/Haute-Savoie
}}
Le '''glacier des Bossons''' est un [[glacier]] de [[France]] situé dans les [[Alpes]], en [[Haute-Savoie]]. Relativement court mais pentu (pente moyenne de 28°), il passe du sommet du [[mont Blanc]] ({{unité|4810|mètres}}) à {{unité|1420|mètres}} d'altitude en seulement {{unité|7,3|km}} et présente de nombreux [[sérac]]s et crevasses dans les pentes fortes, prenant l'aspect de [[Cascade de glace (glacier)|cascades de glace]].
==
''Bosson'' est un toponyme très courant dans la région. Il pourrait s'agir de la forme graphique locale d'un mot celte composé des racines ''uo-''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Xavier|nom1=Delamarre|titre=Dictionnaire de la langue gauloise : une approche linguistique du vieux-celtique continental|passage=324|éditeur=Éditions Errance|date=2018|isbn=978-2-87772-631-3|isbn2=2-87772-631-2|oclc=1055598056|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1055598056|consulté le=2021-03-18}}</ref> « sous » et ''-sso''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Xavier|nom1=Delamarre|titre=Les noms des Gaulois|passage=191-196|éditeur=Les Cent Chemins|date=2017|isbn=978-1-5468-6932-0|isbn2=1-5468-6932-8|oclc=1023509935|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1023509935|consulté le=2021-03-18}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Xavier|nom1=Delamarre|titre=Les noms des Gaulois|passage=44|éditeur=Les Cent Chemins|date=2017|isbn=978-1-5468-6932-0|isbn2=1-5468-6932-8|oclc=1023509935|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1023509935|consulté le=2021-03-18}}</ref> « qui se tient ». Le mot ainsi composé se rapproche du mot gaulois « serviteur » ''uassos''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Xavier|nom1=Delamarre|titre=Dictionnaire de la langue gauloise : une approche linguistique du vieux-celtique continental|passage=307|éditeur=Éditions Errance|date=2018|isbn=978-2-87772-631-3|isbn2=2-87772-631-2|oclc=1055598056|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1055598056|consulté le=2021-03-18}}</ref> signifiant littéralement « qui se tient en dessous, en bas ». Les peuples traditionnels avaient une vision très hiérarchique de la société<ref>{{Ouvrage|prénom1=Xavier|nom1=Delamarre|titre=Les noms des Gaulois|passage=55-65|éditeur=Les Cent Chemins|date=2017|isbn=978-1-5468-6932-0|isbn2=1-5468-6932-8|oclc=1023509935|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1023509935|consulté le=2021-03-18}}</ref>. Certains lieux naturels emblématiques étaient perçus comme des divinités<ref>{{Ouvrage|prénom1=Xavier|nom1=Delamarre|titre=Les noms des Gaulois|passage=87|éditeur=Les Cent Chemins|date=2017|isbn=978-1-5468-6932-0|isbn2=1-5468-6932-8|oclc=1023509935|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1023509935|consulté le=2021-03-18}}</ref>. Il est très probable qu'ils ont perçu leur espace à travers ce filtre, les sommets étant considérés comme des « seigneurs » et les lieux proches de la vallée comme des serviteurs, des inférieurs. Dans le langage des alpinistes d'aujourd'hui perdure l'habitude de nommer certains sommets majeurs comme « le seigneur des lieux ». De nombreux lieux nommés ''bosson'' ou ''bossonet'' se situent au pied d'une montagne ou d'une colline : par exemple le lieu-dit ''Le Bossonet'' (commune de [[La Clusaz]]), ''Les Bossons'' (commune de [[Motz]] en Savoie), ''Les Bossons'' (commune de [[Bellevaux (Haute-Savoie)|Bellevaux]]), ''Les Bossons'' (communes de [[Saint-Paul-en-Chablais]] et [[Lugrin]]), Les Bossonnets (commune de [[Châtillon-sur-Cluses]]) au pied du [[mont Orchez]], la commune de Bossey au pied du Salève. Le hameau des [[Les Bossons|Bossons]] à Chamonix et le glacier du même nom se situent au pied du [[mont Blanc]].
Une autre hypothèse est que le nom ''Bosson'' serait une variante de ''Buisson'' (ancien français : ''Boisson'')<ref name=":0">{{Lien web |titre=Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs |url=http://henrysuter.ch/glossaires/topoB3.html#bosson |site=henrysuter.ch |consulté le=2024-08-21}}</ref>. Le naturaliste [[Horace Bénédict de Saussure]] parle ainsi en 1787 de « glacier des Buissons » dans son journal de voyage<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Horace-Bénédict de Saussure|titre=Journal d’un voyage de Chamouni à la Cime du Mont-Blanc en juillet et aoust 1787|éditeur=Bibliothèque numérique romande|passage=102|lire en ligne=https://ebooks-bnr.com/ebooks/pdf4/saussure_au_mont_blanc.pdf|consulté le=21 août 2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Nant et glacier des Buissons [Bossons], Chamonix au XVIIIe siècle « Culture, Histoire et Patrimoine de Passy |url=https://www.histoire-passy-montblanc.fr/patrimoine-de-passy/patrimoine-touristique/reserve-naturelle/histoire-du-ski-et-de-la-station-de-plaine-joux/les-debuts-du-tourisme-a-passy/nant-et-glacier-des-buissons-bossons-chamonix-au-xviiie-siecle/ |site=www.histoire-passy-montblanc.fr |consulté le=2024-08-21}}</ref>. Des variantes de ''Buisson, Boisson, Bosson'' se trouvent dans la région<ref name=":0" />.
== Géographie ==
=== Situation ===
{{clr|left}}▼
[[Fichier:Glacier des Bossons from le Brevent.jpg|vignette|gauche|La langue terminale et ses trois émissaires : les torrents de la [[Torrent de la Creuse|Creuse]], de la [[Torrent de la Crosette|Crosette]] et des [[Torrent des Bossons|Bossons]] (de gauche à droite).]]
Même si le nom de glacier des Bossons ne concerne au sens strict que la [[langue glaciaire]] occupant la courte vallée débouchant dans la [[vallée de Chamonix]], le glacier nait sur l'[[ubac]] du [[mont Blanc]] ({{unité|4810|mètres}}), du [[mont Maudit]] ({{unité|4465|mètres}}) et du [[dôme du Goûter]] ({{unité|4304|mètres}}), dans un [[cirque glaciaire]] appelé le Grand Plateau, à plus de {{unité|4000|mètres}} d'altitude<ref name="géoportail"/>{{,}}<ref>Christian Mollier, ''Du glacier du Mont-Blanc au glacier des Bossons'', Éditions Cabédita, coll. « Archives vivantes », 2000, {{p.}}7</ref>. De là, les glaces s'écoulent vers le nord en se divisant très vite au niveau des Grandes Montées, sous la pointe Bravais et le mont Maudit, en deux masses de glace séparées par le [[rocher de l'Heureux Retour]], le [[Pic Wilson (France)|pic Wilson]] et les [[Grands Mulets]]<ref name="géoportail"/>. La masse secondaire s'écoule dans une petite vallée glaciaire peu marquée sur l'ubac du dôme du Goûter, longeant le [[glacier de Taconnaz]] situé immédiatement à l'ouest<ref name="géoportail"/>. La masse principale du glacier des Bossons s'enfonce quant à elle dans une vallée glaciaire plus encaissée, dominée par les [[Pointe Mieulet|pointes Mieulet]], [[Pointe Duriet|Duriet]] et l'[[aiguille de Saussure]] en rive droite et les rochers la séparant de la masse secondaire en rive gauche<ref name="géoportail"/>. En rive droite, le glacier des Bossons reçoit un apport en glace substantiel du glacier descendant du [[col Maudit]] entre le mont Maudit et le [[mont Blanc du Tacul]] et de celui descendant de l'ubac du mont Blanc du Tacul en direction du [[col du Midi]] dont une partie des glaces [[Diffluence (glaciologie)|difflue]] pour donner naissance à la [[Vallée Blanche]] tandis que l'autre rejoint le glacier des Bossons par une [[Cascade de glace (glacier)|cascade de glace]]<ref name="géoportail"/>.
Au pied de l'[[aiguille du Midi]] et du [[refuge des Cosmiques]] situés à l'est et des Grands Mulets et de son [[Refuge des Grands Mulets|refuge]] situés au sud-ouest, à Plan Glacier, une langue de glace difflue depuis la masse principale du glacier pour se réunir à la masse secondaire à la Jonction et se diriger vers le glacier de Taconnaz à l'ouest<ref name="géoportail"/>. Le plus gros des glaces poursuit sa course vers le nord, descendant la vallée glaciaire en direction de la vallée de Chamonix, appuyée sur la montagne de la Côte dominée par le [[mont Corbeau]] à l'ouest<ref name="géoportail"/>. Les nombreuses crevasses et [[sérac]]s que présente la surface du glacier en raison de la forte déclivité dans sa partie aval le transforment en cascade de glace<ref name="géoportail"/>. La fonte prononcée de la glace donne naissance à trois cours d'eau : le [[torrent de la Creuse]] en rive droite à la tête de Mimont, le torrent de la Crosette en rive droite au plateau des Pyramides et le [[torrent des Bossons]] au [[front glaciaire]]<ref name="géoportail"/>.
L'avancée du front glaciaire jusque dans le bas de la vallée de Chamonix, juste au-dessus du hameau des [[Les Bossons|Bossons]], au cours du [[Petit âge glaciaire]] a laissé dans le paysage deux imposantes [[moraine]]s latérales édifiées sur le [[cône de déjection]] du torrent de la Creuse<ref name="géoportail"/>.
=== Caractéristiques physiques ===
La convergence des deux masses de glace provenant du mont Blanc et du [[mont Blanc du Tacul]] donne naissance à une importante moraine médiane. Sa langue terminale a désormais régressé, mais elle atteignait environ {{unité|1200|mètres}} d'altitude dans les [[années 1980]]. Le bassin versant occupe {{unité|17|km|2}} dont {{unité|10|km|2}} sont englacés<ref name=CG/>. L'épaisseur de la glace est de vingt mètres au sommet et atteint un maximum de {{unité|170|mètres}}. D'un point de vue géologique, le glacier repose dans sa partie supérieure sur un [[granite]] calco-alacalin avec de grands cristaux de [[feldspath]]s pluricentimétriques. Plus en aval, il passe sur un complexe formé d'[[orthogneiss]], de [[paragneiss]] et de [[micaschiste]]s<ref name=CG/>.
La vitesse d'écoulement peut y dépasser un mètre par jour en été. Au total, la glace s'écoule en moins de 50 ans du sommet jusqu'à la langue terminale<ref name=CG>Cécile Godon, [https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00909603 L'érosion dans les environnements glaciaires : exemple du Glacier des Bossons (Massif du Mont-Blanc, Haute-Savoie, France)], Sciences de la Terre, Université de Grenoble, 2013. Voir aussi : {{en}} Cécile Godon, Jean-Louis Mugnier, Renaud Fallourd, J.-L. Paquette, Alexandre Pohl, Jean-François Buoncristiani, ''[https://www.researchgate.net/publication/260725880_The_Bossons_glacier_protects_Europe's_summit_from_erosion The Bossons glacier protects Europe's summit from erosion]'', ''Earth and Planetary Science Letters'', {{n°|375}}, 2013, pages 135-147, {{DOI|10.1016/j.epsl.2013.05.018}}.</ref>.
Le glacier dispose de trois émissaires. Le [[torrent des Bossons]] est celui qui s'écoule de la langue terminale mais c'est celui dont le débit est le plus faible car il n'est alimenté que par les eaux de fonte d'une zone de {{unité|0.5|km|2}}. L'émissaire principal est formé par les deux branches du [[torrent de la Creuse]] qui sortent d'un lobe secondaire à {{unité|2250|m}} d'altitude en aval de l'aiguille du Midi. Entre les deux, le [[torrent de la Crosette]] sort lui aussi d'un lobe latéral à {{unité|1750|m}} d'altitude<ref>Johan Berthet, « [http://journals.openedition.org/rga/3999 Les singularités hydronymiques des torrents chamoniards, un révélateur de systèmes torrentiels atypiques] », ''Journal of Alpine Research'' et ''Revue de géographie alpine'', mis en ligne le {{1er}} mai 2018.</ref>.
=== Érosion ===
[[Fichier:005 Glacier des Bossons 14072015.jpg|vignette|Le [[torrent des Bossons]] dans la zone proglaciaire en juillet 2015, zone encore couverte de glace dans les années 1980.]]
Le glacier étant situé sur un [[Ubac|versant en face nord]] bien exposé aux précipitations, sa ligne d'équilibre, c'est-à-dire la limite entre les zones d'ablation et d'accumulation, est relativement basse et a été estimée à {{unité|2750 ± 200|m}} en 2009. La zone d'accumulation forme donc {{unité|60|%}} de sa surface. Au-dessus de {{unité|3300|à=3500|m}}, il est constitué par des glaces froides dont la température est constamment nettement inférieure à {{tmp|0|°C}} ({{tmp|-11|°C}} à {{unité|4250|m}} d'altitude). Dans ces zones, les roches ne sont pas exposées à des cycles de gel et de regel, ce qui les protège de l'érosion (seulement {{unité|0.025|à=0,05|mm/an}})<ref name=CG/>. Dans le bassin versant du glacier, l'érosion est la plus forte au niveau des parois rocheuses situées au-dessus du glacier ({{unité|0,76 ± 0,34|mm/an}}) et est également forte sous le glacier, dans les zones de basses altitudes où la glace est tempérée ({{tmp|0|°C}}) et où l'eau de fonte est déjà chargée de [[Farine de roche|sédiments abrasifs]] (partie inférieure du glacier alimentant le [[torrent des Bossons]] : {{unité|0,63 ± 0,37|mm/an}}). Elle est plus faible dans la partie sous-glaciaire alimentant le [[torrent de la Crosette]] ({{unité|0,38 ± 0,22|mm/an}}) ainsi que dans la zone proglaciaire située en aval du front ({{unité|0,25 ± 0,20|mm/an}})<ref name= HG>Hervé Guillon, [https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01461481 Origine et transport des sédiments dans un bassin versant alpin englacé (Glacier des Bossons, France) : une quantification couplant mesures hydro-sédimentaires haute-résolution, suivi radio-fréquence de galets, teneur en nucléides cosmogéniques et méthodes probabilistes], Sciences de la Terre, Université Grenoble Alpes, 2016.</ref>. Ces vitesses d'érosion sont toutefois nettement inférieures au soulèvement tectonique actuel du massif ({{unité|1.5|mm/an}})<ref>{{en}} J.-M. Nocquet, Christian Sue, Andrea Walpersdorf, Dinh Tran, Nicole Lenôtre, Philippe Vernant, Edward Cushing, François Jouanne, Frédéric Masson, Stéphane Baize, Jean Chery, Peter Beek, [https://www.researchgate.net/publication/303824439_Present-day_uplift_of_the_western_Alps Present-day uplift of the western Alps], ''Nature Science Reports'', {{n°|6}}, 2016, {{DOI|10.1038/srep28404}}.</ref>.
En 2010, le torrent des Bossons a exporté {{unité|2361|tonnes}} de sédiments dont {{unité|1100|tonnes}} de sable ({{unité|63|μm}} à {{unité|2|mm}}), {{unité|733|tonnes}} de [[limon (roche)|limons]] (< {{unité|63|μm}}), {{unité|318|tonnes}} de matière dissoute et {{unité|210|tonnes}} de graviers et de galets (> {{unité|2|mm}})<ref name=CG/>.
== Histoire ==
=== Évolution ===
Lors de la [[glaciation de Würm|dernière glaciation]], toutes les Alpes étaient recouvertes par une immense calotte et la hauteur de la glace s'élevait jusqu'à une altitude de {{unité|2300|mètres}} au niveau du village actuel des Bossons. Avec le lent réchauffement, le glacier des Bossons ne s'individualise et n'arrête de rejoindre ses voisins que peu avant le début du [[Dryas récent]] (10700 à 9700 av. J.-C). Le Dryas récent est une période marquée par un retour de la fraîcheur et le glacier des Bossons redescend jusqu'au fond de la vallée de l'Arve, la bloquant dans toute sa largeur. Cette progression se fait alors dans un [[lac proglaciaire]]<ref>Sylvain Coutterand, [https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00517790v3 Étude géomophologique des flux glaciaires dans les Alpes nord-occidentales au Pléistocène récent. Du maximum de la dernière glaciation aux premières étapes de la déglaciation], notamment la page 96, Géographie, Université de Savoie, 2010.</ref>.
[[Fichier:Glacier des Bossons
Le recul du glacier des Bossons a commencé en 1955. De 1992 et jusqu'à la fin des années 1990, le glacier perd environ {{unité|70|m}} d'épaisseur. Puis le recul s'accélère avant une pause, en 2006. En {{date-|juin 2008}}, le glacier ne rassemble plus qu'une fine couche de glace et une langue terminale. En {{date-|septembre 2010}}, la langue se sépare du glacier et s'effondre<ref>{{Lien web|titre=Glacier des Bossons, aujourd'hui|url=http://www.glaciers-climat.fr/Bossons_2/Glacier_des_Bossons_2.html|site=glaciers-climat.fr|consulté le=2016-05-06}}.</ref>.▼
Après cette époque, le glacier des Bossons n'a recommencé à menacer le fond de la vallée que lors du [[petit âge glaciaire]]. Cette phase a pu être reconstituée à partir de 1580 sur la base de témoignages historiques et d'illustrations puis de relevés scientifiques<ref name=NZ>Samuel U. Nussbaumer, Heinz J. Zumbühl, « ''[http://www.geo.uzh.ch/~snus/publications/nussbaumer_zumbuehl_2012.pdf The Little Ice Age history of the Glacier des Bossons (Mont Blanc massif, France): a new high-resolution glacier length curve based on historical documents]'' », ''Climatic Change'', {{n°|111}}, 2012, pages 301–334, {{DOI|10.1007/s10584-011-0130-9}}.</ref>. Sur cette période, le glacier a atteint son avancée maximale en 1818 terminant à une altitude inférieure à {{unité|1100|m}}. Les traces de cette avancée sont encore bien visibles car la moraine correspondante est bien conservée. Entre cette moraine et le glacier, les moraines correspondant aux poussées ultérieures (1854, 1892, 1921, 1941 et 1983) peuvent aussi être distinguées, mais elles sont érodées et de plus petite taille. En effet, au glacier des Bossons, le retrait n'a pas été régulier, mais a été marqué par une alternance de poussées et de reculs rapides (recul de {{unité|425|m}} de 1863 à 1874 suivi d'une avancée de {{unité|410|m}} jusqu'en 1892, recul de {{unité|700|m}} dans les années 1940 suivi d'un retour de {{unité|500|m}} jusqu'en 1983 puis d'un recul de plus de {{unité|1000|m}} jusqu'en 2015). Les poussées sont en partie dues à l'épanchement rapide du glacier et à l'altitude élevée de son bassin d'alimentation qui lui permettent de réagir rapidement à une succession d'années pluvieuses ou favorables<ref name=NZ/>.
En {{date-|juin 2015}}, une avalanche est survenue au glacier des Bossons, emportant {{unité|200000|mètres cube}} de glace sur près d'un kilomètre<ref>{{Lien web|titre=200 000 mètres cubes de glace dévalent plus d’un kilomètre|url=http://www.ledauphine.com/haute-savoie/2015/06/27/une-impressionnante-avalanche-dans-le-glacier-des-bossons|site=ledauphine.com|consulté le=2016-05-06}}.</ref>. L'origine de ce détachement est probablement le réchauffement global : des séracs se sont donc séparés du front, provoquant ainsi un éboulement massif. {{refnec|Les visites et le tourisme autour du site sont aujourd'hui fortement déconseillés à cause des risques}}.▼
Pour les périodes précédant le maximum de 1818, toutes les moraines ont été détruites par l'avancée du glacier, mais la reconstitution a montré que, depuis 1580, sa langue terminale se situait entre 100 et {{unité|700|m}} en retrait du point atteint en 1818 avec des maxima en 1610, 1643, 1712 et 1777<ref name=NZ/>.
Fichier:Chamonix Bossons.JPG|Le glacier en 1890▼
Au total, entre 1818 et 2001, le recul total s'élève à {{unité|1,5|km}}<ref name=NZ/> et le glacier a ensuite encore perdu {{unité|500|mètres}} jusqu'en 2015<ref name=HG/>.
▲Fichier:Glacier des Bossons 2 100 0033.JPG|La langue terminale en 2007
▲
▲En {{date-|juin 2015}}, une avalanche est survenue au glacier des Bossons, emportant {{unité|200000|mètres
Dans les années 2010, un [[lac proglaciaire]] se forme à la source du [[torrent de la Crosette]] ; son important volume et les parois instables qui le retiennent constituent une menace d'[[inondation soudaine]] pour les populations et infrastructures en aval si bien que des travaux de vidange sont entrepris au cours de l'été 2023 par la création d'un chenal dans la glace détournant les eaux vers le [[torrent des Bossons]]<ref name="ledauphine 17/02/23">{{Article |titre=Une nouvelle purge partielle du lac glaciaire des Bossons cet été |périodique=Le Dauphiné libéré |lien périodique=Le Dauphiné libéré |jour=17 |mois=février |année=2023 |lire en ligne=https://www.ledauphine.com/environnement/2023/02/17/une-nouvelle-purge-partielle-du-lac-glaciaire-des-bossons-cet-ete |consulté le=3 août 2023}}</ref>{{,}}<ref name="liberation 2/08/23">{{Article |titre=Dans le massif du Mont-Blanc, au bord des lacs glaciaires qui menacent les vallées |périodique=Libération |lien périodique=Libération (journal) |jour=2 |mois=août |année=2023 |lire en ligne=https://www.liberation.fr/environnement/climat/dans-le-massif-du-mont-blanc-au-bord-des-lacs-glaciaires-qui-menacent-les-vallees-20230802_FVJNZQTC3JB4NBF7KER3A4QY6U/ |consulté le=3 août 2023}}</ref>.
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Glacier des Bossons 2 100 0033.JPG|La langue terminale en 2007.
Glacier des Bossons 0521.jpg|alt=Depuis le Chalet du Glacier en 2021|Vue depuis le chalet du Glacier ({{unité|1350|m}}) au printemps 2021.
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[[Fichier:FMIB 39458 Cravasse du Grand-Plateau.jpeg|vignette|Une crevasse du Grand Plateau ([[John Tyndall (physicien)|John Tyndall]], 1876).]]
[[Fichier:Moteur d'avion, glacier des Bossons 100 0058.JPG|thumb|Moteur d'avion retrouvé sur le glacier en 2001.]]▼
Les glaciers sont devenus une attraction touristique à partir du {{s-|XVIII|e}} et la partie supérieure du glacier des Bossons est traversée régulièrement par les alpinistes depuis 1786, année de la première ascension du mont Blanc.
La catastrophe du ''[[Vol 245 Air India|Malabar Princess]]'' y a eu lieu, le {{date|3|novembre|1950}}. Un [[Lockheed Constellation]] d'[[Air India]] s'est écrasé près du [[Rocher de la Tournette]], à {{unité|4677|m}} d'altitude<ref>[http://www.aiguilledumidi.net/malabarprincess.html Philippe Beuf, « L'accident du Malabar Princess (3 novembre 1950) »], sur le site ''aiguilledumidi.net'', consulté le 29 décembre 2008.</ref>, faisant 48 victimes (aucun survivant)<ref name= montblanc>[http://www.montblanc.to/fr/glacier/index4.html « Les catastrophes aériennes : La catastrophe du ''Malabar Princess'' – La catastrophe du ''Kangchenjunga'' »], sur le site ''montblanc.to'', consulté le 29 décembre 2008.</ref>.▼
Le peintre anglais [[Joseph Mallord William Turner|William Turner]] réalise vers [[1836]] une aquarelle ''[[Mont Blanc]] et Glacier des Bossons au-dessus de [[Chamonix-Mont-Blanc|Chamonix]], Soir'', conservée à la [[Tate Britain]] à [[Londres]]<ref>[https://www.tate.org.uk/art/artworks/turner-mont-blanc-and-the-glacier-des-bossons-from-above-chamonix-evening-d35996 Turner, Tate Britain]</ref>.
Quinze ans plus tard, le {{date|24|janvier|1966}}, le ''[[Vol 101 Air India|Kanchenjunga]]''<ref>Du nom du sommet [[Himalaya|himalayien]], le [[Kangchenjunga]].</ref>, un [[Boeing 707]] de la même compagnie Air India, avec à son bord 117 personnes, s'écrase presque au même endroit, ne laissant aucun survivant. Il effectuait un vol entre [[Bombay]] et [[New York]]. Au nombre des victimes figure [[Homi Jehangir Bhabha]] un des pères du programme nucléaire indien<ref name= montblanc/>. Le {{date|21|août|2012}}, deux alpinistes découvrent une valise diplomatique indienne provenant de l'épave de l'avion<ref>« [http://www.lepoint.fr/insolite/une-valise-diplomatique-indienne-retrouvee-46-ans-apres-un-crash-sur-le-mont-blanc-29-08-2012-1500405_48.php Une valise diplomatique indienne retrouvée 46 ans après un crash sur le Mont-Blanc] », ''[[Le Point]]'', 29 août 2012.</ref>. En {{date||septembre|2013}}, c'est au tour d'un alpiniste local d'y découvrir des pierres précieuses : [[émeraude]]s, [[saphir]]s et [[rubis]]<ref>Charles-Henry Groult, « [http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/09/26/01016-20130926ARTFIG00462-un-tresor-de-diamants-decouvert-sur-un-glacier-du-mont-blanc.php Un trésor de diamants découvert sur un glacier du Mont-Blanc] », ''[[Le Figaro]]'', 26 septembre 2013.</ref>.▼
En 1840, une première buvette est construite au bord du glacier. Elle propose des boissons rafraîchies avec des glaçons taillés directement dans la glace. Elle est rejointe en 1850 par une deuxième buvette située sur l'autre rive, le chalet du Cerro. Toutefois, ces chalets doivent régulièrement être déplacés en fonction des fluctuations du glacier. De 1865 à 1994, une grotte est taillée à coups de pioche pour permettre aux touristes de voir la glace de l'intérieur<ref name=npps>Beate Hartmann, Yves Borrel, « Les glaciers, une richesse pour l'homme », ''Nature et patrimoine en pays de Savoie'', {{n°|36}}, mars 2012, p. 14-19.</ref>.
À partir du début du {{s|XX|e}}, la glace de la langue terminale est débitée industriellement du mois de juin au mois de septembre à l'aide de pioches à glace et de [[poudre noire]] par une vingtaine d'ouvriers. Les blocs sont alors tirés jusqu'à la « rise », un grand toboggan en épicéa et en mélèze qui fait glisser les blocs de glace jusqu'au hangar situé près de deux kilomètres plus bas. Les {{unité|600|tonnes}} de glace sont vendues aux hôtels de la région, mais aussi expédiées par train ou camion vers Genève et Paris. L'exploitation s'arrête en 1939<ref name=npps/>.
Le glacier a servi d'école de glace pour la [[compagnie des guides de Chamonix]] jusque dans les années 1980.
=== Catastrophes aériennes ===
▲[[Fichier:Moteur d'avion, glacier des Bossons 100 0058.JPG|
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▲Quinze ans plus tard, le {{date|24|janvier|1966}}, le ''[[Vol
== Notes et références ==
{{Références}}
==
=== Bibliographie ===
* Christian Mollier, ''Du glacier du Mont-Blanc au glacier des Bossons'', Éditions Cabédita, coll. «
* [[Emmanuel Le Roy Ladurie]], ''Histoire du climat depuis l’an mil'', deux tomes, éd. Flammarion, Paris, 1967, 500{{nb p.}} ; rééd. 1993, deuxième volume, 252{{nb p.}} {{ISBN|2-08-081122-3|978-2-08-081122-6}}.
| commons=Category:Glacier des Bossons▼
=== Article connexe ===
* ''[[Malabar Princess]]'' (film de fiction français ayant la catastrophe pour sujet)
* [[Glacier de Taconnaz]]
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* [http://www.montblanc.to/fr/glacier/index.html Le glacier du Mont Blanc et des Bossons]
* [http://www.glaciers-climat.fr/Bossons/Glacier_des_Bossons.html Le glacier des Bossons]
{{Palette|Glaciers des Alpes}}
{{Portail|lacs et cours d'eau|montagne|Alpes|Chamonix-Mont-Blanc}}
{{
[[Catégorie:Glacier
[[Catégorie:Glacier
[[Catégorie:Glacier à Chamonix-Mont-Blanc|Bossons]]
[[Catégorie:Vallée de Chamonix]]
[[Catégorie:Système hydrologique du Rhône|#Glacier Bossons]]
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