« Liaison en français » : différence entre les versions

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Origine : Je n'ai jamais entendu la moindre liaison dans l'expression « sang impur » (écouter par exemple l'interprétation de l'hymne lors du défilé du 2019-07-14).
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m Liaison obligatoire : je suis sûr que ces liaisons-là sont obligatoires
 
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{{Voir homonymes|Liaison}}
En [[langue française]], la '''liaison''' est unune type de [[sandhi]] externe (altération de la [[prononciation]] des [[mot]]s en fonction des mots voisins figurant dans le même énoncé) qui consiste en l'insertion entre deux mots contigus dont, phonétiquement, le premier se termine et le second commence par une [[voyelle]], d'une [[consonne]] qui n'apparaît pas quand ces deux mots sont prononcés isolément. Par exemple, entre le [[Déterminants et articles en français|déterminant]] ''les'' {{IPA|[le]}} et le [[substantif]] ''enfants'' {{IPA|[ɑ̃fɑ̃]}}, tout locuteur natif insérera un {{IPA|[z]}} dit de liaison. Du point de vue de la [[phonétique]], la liaison est une forme de [[paragoge]], donc un [[métaplasme]].
 
On considère souvent la liaison (ainsi que l'[[élision]]) comme une méthode de résolution [[euphonie|euphonique]] des [[hiatus (linguistique)|hiatus]], suivant en cela une opinion émise au {{XVIIe siècle}} déjà par les théoriciens du [[vers]] classique. Mais cette thèse est aujourd'hui très sérieusement contestée par des études s'appuyant sur l'histoire de la [[langue]] aussi bien que sur les processus d'apprentissage mis en œuvre par les enfants<ref group="N">Voir en particulier les travaux de Morin.</ref>. Il ne semble pas, en effet, que l'usage spontané du français ait jamais connu une règle générale d'évitement des hiatus.
 
Alors que, dans l’écriture, la liaison (potentielle ou effective) est représentée par la dernière lettre du premier des deux mots qu'elle unit, dans la langue orale, c’est au début du deuxième mot qu’elle se fait entendre. Ainsi, si, pour quelque raison, une pause est marquée entre «  les  » et «  enfants  » dans «  les enfants  », on dira {{IPA|/le zɑ̃fɑ̃/}} et non {{IPA|/lez ɑ̃fɑ̃/}}.
 
À la différence des consonnes parfois dites « [[phonème éphelcystique|éphelcystiques]] » (comme le {{IPA|/t/}} dans ''donne-'''t'''-il''), la consonne de liaison est conditionnée par l'[[étymologie]] et la [[phonétique historique]] de la langue : c'est une consonne finale ancienne qui s'est [[amuïssement|amuïe]] mais qui est susceptible de se maintenir devant une voyelle initiale. Ainsi, on peut considérer, sous l'angle [[synchronie|synchronique]] et [[grammaire|grammatical]], qu'il s'agit d'une modification de certains mots tandis que, sous l'angle [[diachronie|diachronique]] et phonétique, c'est la survivance, dans certains contextes, d'une prononciation plus ancienne.
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* ''-p'' → {{IPA|[p]}} : ''trop grand'' = {{IPA|[tʁo gʁɑ̃]}} ~ ''trop aimable'' = {{IPA|[tʁop‿ ɛmabl]}}
* ''-r'' → {{IPA|[ʁ]}} : ''premier fils'' = {{IPA|[pʁəmje fis]}} ~ ''premier enfant'' = {{IPA|[pʁəmjɛʁ‿ ɑ̃fɑ̃]}}
* ''-s'' → {{IPA|[z]}} : ''les francs'' = {{IPA|[le fʁɑ̃]}} ~ ''les euroseuro'' = {{IPA|[lez‿ øʁo]}}
* ''-t'' → {{IPA|[t]}} : ''pot de terre'' = {{IPA|[po də tɛʁ]}} ~ ''pot-au-feu'' = {{IPA|[pot‿ o fø]}}
* ''-x'' → {{IPA|[z]}} : ''mieux manger'' = {{IPA|[mjø mɑ̃ʒe]}} ~ ''mieux être'' {{IPA|[mjøz‿ ɛtʁ]}}.
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== Catégories ==
Plus la cohésion grammaticale de deux mots est forte, plus la liaison aura de chances d'intervenir entre eux. La plupart des liaisons absolument spontanées et inévitables prennent place entre un mot principal et un [[clitique]], mot outil dépourvu d'[[accent tonique]] propre mais qui constitue un seul groupe accentuel avec ledit mot principal. Grossièrement, on a tenté de définir trois catégories de liaisons en français<ref group="N">Pour une liste rapide des différents cas, cf. Grevisse, ''op. cit.'' et Riegel, ''op. cit.'' Pour un traitement plus en détail, voir Fouché, ''op. cit.''. Les données anciennes sont à considérer avec discernement, compte tenu de l'évolution possible de l'usage par rapport à la période actuelle.</ref>. On distingue : la liaison obligatoire, la liaison facultative et la liaison interdite ([[disjonction (linguistique)|disjonction]]).
 
Mais la délimitation entre ces trois catégories est à prendre avec prudence car elle est très loin de faire l'unanimité. La distinction entre liaison facultative et liaison interdite est particulièrement floue : des liaisons que certains admettent comme pédantes ou recherchées peuvent être insupportables à d'autres. Certains arbitres, au contraire, peinent à admettre comme facultatives des liaisons qui sont prescrites par l'enseignement scolaire de la langue mais n'appartiennent pas pour autant aux usages les plus spontanés.
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On sentira comme une erreur de prononciation (et non comme une liberté prise par rapport à la norme) l'omission d'une telle liaison, quel que soit le registre de langue (de la langue soutenue à la langue vulgaire). La liaison est obligatoire :
* entre le déterminant et son nom, le nom et l'adjectif qui le précède : ''un enfant'', ''les enfants'', ''petits enfants'', ''grand arbre'', ''tout homme'', ''deux ours'', ''vingt euros''
* entre le pronom personnel (ainsi que ''en'' et ''y'') et son verbe, ainsi que l'inverse : ''nous avons'', ''elles aiment'', ''on ouvre'', ''ont-ils'', ''prends-en'', ''allons-y''<ref group="N">Par [[analogie]] avec les cas où la liaison est étymologique, les formes verbales oralement terminées en voyelle prennent régulièrement un ''t'' ou un ''s'' dit « [[Euphonie|euphonique]] » en cas d'inversion. Ce sont des exemples de [[phonème éphelcystique]]. Ex. : ''donnes-en'' (mais ''donne !''), ''vas-y'' (mais ''va !''), ''donne-t-elle'', ''a-t-il'', ''convainc-t-elle''.</ref>
* entre une préposition (surtout monosyllabique) et son régime : ''sous un abri'', ''sans un sou'', ''dans un salon''
* dans certains [[mot composé|mots composés]] et [[collocation (linguistique)|locutions figées]] plus ou moins [[lexicalisation|lexicalisées]] : ''c'est-à-dire'', ''de temps en temps'', ''États-Unis'', ''Nations unies'', ''non-agression'', ''petit à petit'', ''peut-être'', ''pied-à-terre'', ''premier avril''.
 
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* entre les formes du verbe ''être'' et l'attribut du sujet : ''ils sont incroyables'', ''c'est impossible'', ''vous êtes idiots'' ;
* entre les formes des [[auxiliaire (verbe)|auxiliaires]] ''avoir'' ou ''être'' et le participe passé : ''ils ont aimé'', ''elle est allée'', ''nous sommes arrivés'' ;
* entreaprès une préposition (surtout monosyllabique) et son régime : ''sous un abri'', ''sans un sou'', ''dans un salon'' ; elle est plus rare après les polysyllabespolysyllabique : ''après une heure'', ''pendant un siècle'' ;
* après un adverbe modifiant le mot qui le suit : ''assez intéressant'', ''mais aussi'', ''pas encore'', ''plus ici'', ''très aimable'', ''trop heureux'' ;
* entre un nom au pluriel et l'adjectif qualificatif qui le suit : ''des enfants agréables'', ''des bois immenses'', ''des habits élégants'' ;
* entre un verbe et ses compléments : ''elle prend un billet'', ''ils vont à Paris'', ''nous voyageons ensemble'', ''je crois en Dieu'', ''il faut passer à table''.
 
Selon leur fréquence, elles sont plus ou moins pédantes : ''ils ont‿attendu'' avec liaison entre ''ont'' et ''attendu'' semble bien moins pédant que ''tu as‿attendu''<ref group="N">La liaison du ''-s'' de {{2e|personne}} du singulier est déconseillée dans les ouvrages normatifs. Voir par exemple Grevisse, ''op. cit'', p. 49.</ref> (rappelons que les formes courantes orales seraient plutôt {{IPA|[izɔ̃atɑ̃dy]}} et {{IPA|[taatɑ̃dy]}} voire {{IPA|[taːtɑ̃dy]}}). Quand le mot finit par un ''r'' suivi d'une consonne muette pouvant faire liaison, la liaison n'est faite que dans un langage très apprêté ; d'ordinaire, c'est le ''r'' en question qui fonctionne comme consonne d'[[enchaînement (linguistique)|enchaînement]] : ''pars avec lui'' {{IPA|[paʁ avɛk lɥi]}} plutôt que {{IPA|[paʁz‿ avɛk lɥi]}}, ''les vers et la prose'' {{IPA|[le vɛʁ e la pʁoz]}} plutôt que {{IPA|[le vɛʁz‿ e la pʁoz]}}.
 
=== Liaison interdite ===
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* après ''et'' (le ''t'' est bien étymologique, du latin ''et'', mais la consonne correspondante s'était complètement amuïe en roman bien avant que les consonnes finales du français ne tendissent à le faire, elle n'est donc jamais prononcée) ;
* devant un mot débutant par un [[h aspiré|''h'' « aspiré »]] (''les X haricots'', ''ils X halètent''), où l'hiatus, ainsi que l'absence d'[[élision]] et d'enchaînement, sont ici obligatoires dans la [[norme#Linguistique|langue normée]] ; dans les registres courant à familier, ce phénomène, appelé ''disjonction'', est souvent omis, soit par ignorance de l'usage, soit par plaisanterie (la fin des « zaricots »).
* Dans les cas où la dernière voyelle du premier mot, ou la première voyelle du second mot est une [[semi-voyelle]] (ou glissante, ou glide), celle-ci se comportant alors comme une [[consonne]]<ref>Schane Sanford A.. L'élision et la liaison en français. In: Langages, {{2e|année}}, n°8, 1967. La phonologie générative. pp. 37-59., {{doi|10.3406/lgge.1967.2891}} sur [www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726x_1967_num_2_8_2891 Persée] Consulté le 07 mars 2015</ref>.
Dans les cas suivants (cette énumération n'est pas exhaustive), la liaison potentielle serait choquante en prose, on peut donc la considérer comme interdite par l'usage courant :
* Après un nom au singulier se terminant par une consonne muette : Si la liaison dans ces cas change le sens : ''galop X effréné'', ''sujet X intéressant''<ref>Grevisse, ''op. cit.'', p.75</ref>, ''débat X acharné'', ''président X américain'', ''parlement X européen'' – on peut ainsi opposer un nom et un adjectif homophone : ''un savant‿ Anglais'' (une personne de nationalité anglaise qui est savante : d'ordinaire, les adjectifs antéposés se lient) ~ ''un savant X anglais'' (une personne appartenant au corps scientifique qui est de nationalité anglaise)<ref>L'exemple est emprunté à [[Roman Jakobson]] (trad. [[Nicolas Ruwet]]), ''Essais de linguistique générale'', Minuit, coll. « Arguments », Paris, 1978-1979, 2 vol. {{ISBN|2-7073-0043-8|2-7073-0122-1}}</ref> ou de même : ''un savant‿ aveugle'' ~ ''un savant X aveugle''<ref>Maurice Grammont, ''Traité pratique de prononciation française'', Librairie Delegrave, Paris, 1914.</ref>. La liaison dans ces cas change le sens ;
* Après certains mots qui se terminent par deux consonnes dont une seule est sonore, tels que ''tard'', ''tort'', ''part'', remords, toujours''<ref>Georges Le Roy, ''Grammaire de diction française'', 1912. Cf. aussi Littré</ref>, ''nord X est'', ''nord X ouest'', ''il perd X un ami'', ''je prends part X à votre deuil'', ''à tort X et à travers'' ;
* Dans certaines expressions figées ou mots composés : ''nez X à nez'', ''un bon X à rien'', '' corps X à corps'' ;
* Devant certains mots commençant par les [[approximante]]s {{SAPI|j}} et {{SAPI|w}} : ''les X yaourts'', ''un X oui'' mais ''les‿yeux'', ''les‿ouïes'' (les mots excluant la liaison empêchent également l'élision, mais l'usage hésite pour certains mots comme ''ouate'') <ref>Cf. le [http://atilf.atilf.fr/tlf.htm Trésor de la langue française informatisé], entrée OUATE.</ref> ;
* Devant quelques mots à initiale [[voyelle|vocalique]] comme ''onze'', ''un'' (en tant que numéral et non qu'[[article (grammaire)|article]]) et ''huit'' (qui a pourtant un [[h muet|''h'' muet]]), dans certains cas : ''les X onze enfants'', ''les numéros X un'' (pour « les numéros ''un'' », mais ''les‿ uns X et les‿ autres''), ''les X huit enfants'' (mais liaison dans ''dix-huit'', mot composé).
* Devant une abréviation commençant par une consonne telle que {{SAPI|N}} ou {{SAPI|S}}, comme dans : {{citation|un X SDF}}{{Référence souhaitée}}.
 
== Erreurs ==
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La lecture des [[vers (poésie)|vers]], qu'ils soient déclamés ou chantés, a longtemps imposé le respect de toutes les liaisons potentielles, même celles réputées choquantes en prose, ainsi que la lecture de tous les [[e caduc|''e'' caducs]] nécessaires (consulter l'article sur le vers pour plus de détails).
 
À la césure (quatrième syllabe des décasyllabes et sixième syllabe des alexandrins), la liaison était cependant facultative dès le {{XVIIe siècle}} au moins, comme en témoigne le grammairien Hindret (1696). Omettre une liaison qui fait obstacle à l'élision d'une syllabe féminine a un effet destructeur sur le rythme du vers concerné (dans cet exemple, cité par Mourgues, ''Les foibles & les forts meurent également'', il faut lier après ''foibles'' et après ''meurent'' pour conserver les douze syllabes de l'alexandrin). Depuis le {{XVIIe siècle}}, on justifie aussi la pratique systématique de la liaison dans le vers par la nécessité d'éviter l'hiatus<ref group="N">Voir aussi [[Vers#Comment dire les vers français ?]].</ref>. Mais un tel souci ne saurait être à l'origine de la pratique plus générale et plus ancienne consistant à tout enchaîner à l'intérieur du vers, car celle-ci était déjà la règle à une époque plus reculée, où l'hiatus était encore parfaitement toléré dans le vers français. On pense en particulier au témoignage du grammairien [[John Palsgrave|Palsgrave]] qui décrit, en 1530, la diction de vers d'[[Alain Chartier]].
 
Ces règles valent aussi pour les vers dramatiques, mais elles ont pu connaître quelques assouplissements à partir du {{XIXe siècle}}<ref>Dubroca, ''L'art de lire à haute voix'', Paris, Delaunay, 1801 et ''Traité de la prononciation des consonnes et des voyelles finales des mots français, dans leur rapport avec les consonnes et les voyelles initiales des mots suivants'', Paris, Delaunay, 1824.</ref>.
 
La maîtrise et le dosage des liaisons (mais sans lecture obligatoire des ''e'' « caducs ») participe également de l'art [[rhétorique|oratoire]] : il s'agit, de fait, d'un des « éléments phonostylistiques les plus facilement décelables de la prononciation » (P. Léon<ref name="léon">''Phonétisme et prononciations du français'', Paris, Nathan Université, 1992, p. 156 ''et sq.'' Cf. également les Essais de phonostylistique du même auteur (Montréal-Paris-Bruxelles, éd. Didier, 1971).</ref>). Les professionnels de la parole publique tantôt suppriment un fort pourcentage de liaisons facultatives ([[Bernard Pivot]]), tantôt les réalisent toutes ou encore en modulent le pourcentage en fonction du public visé, comme le faisait le général [[Charles de Gaulle|de Gaulle]]<ref>''Cf.'' laname="léon" note précédente.</ref>. Dans ce cadre se développe un emploi étranger à l'oral courant même soutenu, mais fréquent dans les allocutions radiodiffusées et télévisuelles de certains hommes politiques ([[Jacques Chirac]], par exemple, est coutumier du fait) : il consiste à prononcer automatiquement certaines liaisons indépendamment du mot suivant, tout en introduisant une pause ([[disjonction (linguistique)|disjonction]] ou voyelle d'hésitation notée traditionnellement ''euh'') à la suite de la consonne de liaison. Par exemple : ''ils ont entendu'' est normalement prononcé {{IPA|[ilz‿ ɔ̃ ɑ̃tɑ̃dy]}} ou, plus soutenu, {{IPA|[ilz‿ ɔ̃t‿ ɑ̃tɑ̃dy]}} ; un locuteur pratiquant la prononciation en question dira {{IPA|[ilz‿ ɔ̃t ʔɑ̃tɑ̃dy]}} {{IPA|[ilz‿ ɔ̃təː(ːːː) ɑ̃tɑ̃dy]}} (« ils ont euh… entendu »). On peut même entendre ''ils ont décidé'' prononcé {{IPA|[ilz‿ ɔ̃t {{!}} deside]}} ({{IPA|[{{!}}]}} représente une pause ; « ils ont'… décidé ») ou {{IPA|[ilz‿ ɔ̃təː(ːːː) deside]}} (« ils ont euh… décidé »). Dans le premier cas, une pause entre deux mots reliés de manière si forte produit un effet étrange ; quant au second cas, il partage avec le ''pataquès'' le fait que la consonne est non motivée<ref>Cf. Pierre Encrevé, ''op. cit.'', pour une étude détaillée de ce phénomène qu'il qualifie de ''liaison sans enchaînement''.</ref>.
 
== Origine ==
Jusqu'à une date qu'on peut situer vers le {{s-|XII}}, de nombreuses consonnes finales étymologiques se prononçaient dans tous les contextes (devant consonne, à la pause et devant voyelle), mais sous forme dévoisée :
''b'' final sonnait {{IPA|[p]}}, ''d'' final sonnait {{IPA|[t]}}, ''g'' final sonnait {{IPA|[k]}}, etc. La graphie s'est plus ou moins adaptée à ce dévoisement, ce qui explique par exemple que l'adjectif ''grand'', qui dérive du latin ''grandis'', soit souvent noté ''grant'' (aux deux genres) dans les manuscrits [[Moyen Âge|médiévaux]], graphie qui a persisté jusqu'à la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]], où le masculin ''grand'' et le féminin [[analogie|analogique]] ''grande'', correspondant à la graphie actuelle, ont été refaits sur l'étymon latin. Cependant, la variante dévoisée, à savoir {{IPA|[t]}}, s'est maintenue jusqu'à nos jours dans la liaison. {{Référence nécessaire|De même, ''sang'' ou ''bourg'', lorsqu'ils suscitent une liaison, par exemple dans l'[[Expression figée en français|expression figée]] ''[[La Marseillaise#« Qu'un sang impur abreuve nos sillons », polémiques et critiques|sang impur]]'' (''[[La Marseillaise]]'')<ref>Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat et René Rioul, ''Grammaire méthodique du français''</ref>{{,}}<ref group="N">Cet usage est cependant vieilli et tend à disparaître ; ainsi le [[Chœur de l'Armée française]] ne le pratique plus.</ref> ou le toponyme ''[[Bourg-en-Bresse]]'', ont maintenu le {{IPA|[k]}} correspondant au {{IPA|[ɡ]}} dévoisé qui prévalait avant le {{s-|XII}}}}.
 
Pour d'autres consonnes finales historiques, comme ''s'' ou ''z'', c'est au contraire la variante voisée qui apparaît à la liaison. Ainsi, le pluriel ''grants'' ou ''granz'', dont la consonne finale sonnait originellement {{IPA|[ts]}}, mais s'est affaiblie en {{IPA|[z]}} devant voyelle. Quant au ''x'' final, comme celui de ''chevaux'', il s'agit à l'origine d'un raccourci graphique, mis à la place de ''-us''. Cela explique qu'il ait évolué exactement comme ''-s'' final.
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== Notes et références ==
=== Notes ===
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=== Références ===
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{{Palette|Langue française}}
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[[Catégorie:Phonétique suprasegmentale]]
[[Catégorie:Grammaire françaisedu français]]
[[Catégorie:Histoire du français]]