« Expédition de Saint-Domingue » : différence entre les versions
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| conflit = Expédition de Saint-Domingue
| image = San Domingo.jpg
| légende = ''La Bataille de Saint-Domingue'', huile sur toile de [[Janvier Suchodolski]], 1845, [[
| date = {{date|6 février 1802}} - {{date|29 novembre 1803}}
| lieu = [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]]
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| issue = Défaite du corps expéditionnaire français<br />[[Acte de l'Indépendance de la République d'Haïti|Indépendance de Saint-Domingue en 1804 sous le nom d'Haïti]]<br />[[Massacres de 1804 en Haïti|Épuration ethnique de Haïti]]
| combattants1 = {{France (1792-1804)}}
| combattants2 = [[
| commandant1 = • [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|Charles Leclerc]] †<br />• [[Donatien de Rochambeau]] <br />• [[Charles Dugua]] †<br />• [[Jean-François Joseph Debelle|Jean-François Debelle]] †<br />• [[Louis Thomas Villaret de Joyeuse|Louis Villaret de Joyeuse]]<br />• [[Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville|Louis de Latouche-Tréville]]<br />• [[Edme Étienne Borne Desfourneaux|Edme Desfourneaux]]<br />• [[Jean Joseph Amable Humbert|Jean Humbert]]<br />• [[Alexandre Pétion]] (1801-1802)<br />• [[Jean Hardÿ (général)|Jean Hardy]]<br />• [[François Watrin]] †<br />• [[François Joseph Pamphile de Lacroix]]<br />• [[Jean Boudet]]<br />• [[Jean-Baptiste Brunet (général)|Jean-Baptiste Brunet]] [[Fichier:White flag icon.svg|10px]]<br />• [[François-Marie Perichou de Kerversau]]<br />• [[Jean-Louis Ferrand]]<br />• [[Pierre Bénézech]] † <small>(préfet colonial)</small>
| commandant2 = • [[Toussaint Louverture]] [[Fichier:White flag icon.svg|10px]] † <br />• [[Jean-Jacques Dessalines]]<br />• [[Jacques Maurepas]] †<br />• [[Charles Belair]] [[Fichier:White flag icon.svg|10px]] †<br />• [[Henri Christophe]]<br />• André Vernet<br />• [[Alexandre Pétion]] (1802-1803)
| forces1 = {{unité|31000|hommes}}
| forces2 = {{unité|16000|hommes}} (1802)<br />{{unité|22000|hommes}} (1803)
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}}
L''''expédition de Saint-Domingue''', débutant en décembre [[1801]] et s'achevant en novembre [[1803]], est décidée par le [[Consulat (histoire de France)|Premier Consul]] [[Napoléon Ier|Bonaparte]]
L'île est alors sous le contrôle de Toussaint Louverture, esclave noir affranchi devenu général de la [[France|République française]], qui a conquis la [[Colonisation française de Saint-Domingue|partie espagnole]] de l'île en 1795, puis obtenu l'[[armistice du 30 mars 1798]] avec les Anglais, à qui les propriétaires d'esclaves avaient offert la partie française de colonie dès 1794.
L'expédition est commandée par le [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|général Leclerc]], beau-frère de Napoléon, qui lui fixe
L'expédition Leclerc est d'abord victorieuse, avec la capitulation dès mai 1802 de [[Toussaint Louverture]], déporté ensuite en métropole où il meurt quelques mois plus tard. Toutefois, les craintes du rétablissement de l'esclavage amènent les insurgés à poursuivre les combats, sous le commandement du général noir [[Jean-Jacques Dessalines]] et du mulâtre [[Alexandre Pétion]]. Le corps expéditionnaire est alors décimé par les combats et la [[fièvre jaune]]. Celle-ci emporte notamment le commandant de l'expédition, le général Leclerc, remplacé fin 1802 par son second, le [[Donatien de Rochambeau|général Rochambeau]]. Ses troupes sont finalement défaites par Jean-Jacques Dessalines à la [[bataille de Vertières]], le {{date-|18 novembre 1803}}.
== Contexte ==
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Pendant deux ans, c'est [[Rétablissement de l'esclavage par Napoléon#Deux ans d'hésitations de Napoléon|l'hésitation persistante de Napoléon à ce sujet qui va prévaloir]]. Au cours de cette période, propriétaires d'esclaves, officiers, et bureaucrates transmettent au ministère de la marine d'un {{citation|déluge de mémoires et de pétitions}}, conservés dans les archives, pour tenter de peser sur Napoléon<ref name=GirardHAITI/>, conscient que la domination navale britannique empêchait ses navires de participer<ref name=GirardHAITI/> à une expédition en trop grand nombre. Toutes sortes de scénarios sont étudiés avec pragmatisme : selon l'historien [[Thierry Lentz]], Napoléon a même un moment imaginé maintenir l'abolition dans la partie ouest de l'île et l'esclavage dans l'autre<ref name="lentz2000">2000 ans d'Histoire: ''Napoléon et l'esclavage'', Thierry Lentz et Marcel Dorigny, France Inter, 14.09.2006</ref>.
[[Rétablissement de l'esclavage par Napoléon|L'esclavage avait la préférence de Napoléon]] {{citation|puisqu’il le rétablit où le maintint partout où il le put}}<ref name="GirardHAITI
En {{date-|décembre 1799}}, dès son arrivée au pouvoir, Napoléon envisage d'envoyer une expédition maritime à [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]]<ref name=GirardHAITI/>, mais quelques jours plus tard décide à la place d’envoyer plutôt trois émissaires pour renouer les liens avec [[Toussaint Louverture]]<ref name=GirardHAITI/>. En janvier 1800, il prépare une autre flotte, qui fut dispersée par une tempête, puis envoyée en Egypte<ref name=GirardHAITI/>. En février 1801, une troisième flotte est destinée, cette fois officiellement, dans la capitale, mais elle sert finalement de ruse pour détourner l'attention de la Marine anglaise et ainsi faciliter le départ de renforts pour l’Egypte<ref name=GirardHAITI/>. C'est finalement au cours du même février 1801 que Napoléon décide {{citation|enfin quelle politique il allait embrasser: celle de s’allier avec Louverture}}<ref name=GirardHAITI/>, dont les enfants étudiaient en France<ref name=GirardHAITI/>. Il lui adresse une lettre signée de sa main, égard peu commun pour un simple gouverneur, annonçant que l’abolition serait maintenue dans la ville<ref name=GirardHAITI/>. Mais cette lettre ne fut jamais envoyée<ref name=GirardHAITI/>: Napoléon décida à la place de radier Louverture de la liste des officiers<ref name=GirardHAITI/>.
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Vient alors de se produire un événement grave: [[Paul Ier (empereur de Russie)#Assassinat|l'assassinat début mars 1801 par une conspiration]] de [[Paul Ier (empereur de Russie)|Paul Ier, empereur de Russie]]<ref name=GirardHAITI/>. Et son fils [[Alexandre Ier de Russie]] ne partage pas ses options de [[Paul Ier (empereur de Russie)#Une politique étrangère aventureuse|politique étrangère aventureuse]], notamment le projet de s'emparer d'une partie de l'Inde britannique. L’idée d'en profiter, pour la France, en menant une attaque simultanée contre la Jamaïque, également britannique, tombe soudain à l'eau<ref name=GirardHAITI/>.
Le contexte était déjà à la paix depuis le [[traité de Lunéville]] signé le {{date|9 février 1801}} par les [[Autriche|Autrichiens]], suivis du [[
Entre-temps, ce dernier a lui aussi changé ses plans. Puisqu'il doit renoncer à tout projet d'envahir la Jamaïque, et que la paix avec l'Angleterre se dessine, il n'a plus besoin de l'armée de [[Toussaint Louverture]]. Le {{date-|4 mai 1801}}, un mois et demi après l'assassinat du Tsar, Napoléon ordonne de réunir {{unité|3600 soldats}} à Brest<ref name=GirardHAITI/>, pour former le noyau dur de l'expédition de Saint-Domingue<ref name=GirardHAITI/>, qui prend la Mer six mois plus tard après avoir vu entre-temps son effectif multiplié par cinq.
Alerté, [[Toussaint Louverture]], venait d'installer des troupes dans la partie orientale de son île, cédée en 1795 à la France par l'Espagne, afin d'empêcher Napoléon d'y débarquer<ref name=GirardHAITI/>. Au cours de cette même année 1801, [[Toussaint Louverture]] tente renforcer ses liens avec l'Angleterre, en proposant aux planteurs de Jamaïque de vendre leurs esclaves<ref name=GirardHAITI/>, pour en faire des "cultivateurs libres" mais astreints au travail obligatoire<ref name=GirardHAITI/>. Pour les rassurer, il diminue le salaire de ces derniers<ref name=GirardHAITI/> et rédige même à l'été 1801 une [[Constitution de Saint-Domingue de 1801|constitution autoritaire]]<ref name=GirardHAITI/>. Les délais de plus de deux mois pour échanger des lettres de l'Europe à la Caraïbe compliquent sa tâche mais aussi celle de Napoléon: à partir de décembre 1801, Paris est contraint de déléguer les décisions, une fois démarrée l'expédition<ref name=GirardHAITI/>, à son chef, [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc]], beau-frère de Napoléon, nommé d'avance capitaine général de la capitale. Peu avant son départ, le {{date-|18 novembre 1801}}, Napoléon signe une nouvelle lettre promettant de maintenir l’abolition de l’esclavage<ref name=morel>{{Lien web |langue=fr|auteur=Jacques Morel |titre=18 novembre 1801: Bonaparte entreprend d'anéantir à Saint-Domingue le gouvernement des Noirs (Haïti) |url=http://jacques.morel67.pagesperso-orange.fr/ccfo/crimcol/node108.html |date= |site= jacques.morel67.pagesperso-orange.fr
== L'expédition ==
C'est le {{date-|14 décembre 1801}}, alors que la paix n'est pas encore définitivement signée avec l'Angleterre<ref>Les Anglais signent la [[Paix d'Amiens]] le {{date-|25 mars 1802}}</ref>, qu'une flotte commandée par [[Louis Thomas Villaret de Joyeuse|Villaret de Joyeuse]] part pour [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]]. Elle est composée de {{unité|21 [[frégate (navire)|frégates]]}} et de {{unité|35 [[navire de ligne|navires de ligne]]}}, dont l'un est armé de {{unité|120 canons}}<ref>''Histoire de l'expédition des Français à Saint-Domingue sous le consulat de Napoléon Bonaparte'', {{p.|30}}.</ref>, quitte [[Brest]], [[Lorient]], [[Rochefort (Charente-Maritime)|Rochefort]] emportant 7 à {{unité|8000|hommes}}.▼
▲C'est le {{date-|14 décembre 1801}}, alors que la paix n'est pas encore définitivement signée avec l'Angleterre<ref>Les Anglais signent la [[Paix d'Amiens]] le {{date-|25 mars 1802}}</ref>, qu'une flotte commandée par [[Louis Thomas Villaret de Joyeuse|Villaret de Joyeuse]] part pour Saint-Domingue. Elle est composée de {{unité|21 [[frégate (navire)|frégates]]}} et de {{unité|35 [[navire de ligne|navires de ligne]]}}, dont l'un est armé de {{unité|120 canons}}<ref>''Histoire de l'expédition des Français à Saint-Domingue sous le consulat de Napoléon Bonaparte'', {{p.|30}}.</ref>, quitte [[Brest]], [[Lorient]], [[Rochefort (Charente-Maritime)|Rochefort]] emportant 7 à {{unité|8000|hommes}}.
Cette flotte est suivie de l'escadre du [[Contre-amiral (France)|contre-amiral]] [[Honoré Joseph Antoine Ganteaume|Ganteaume]], qui quitte [[Toulon]] le [[14 février]], avec {{unité|4200|hommes}}, puis par l'escadre du contre-amiral [[Charles Alexandre Léon Durand de Linois|Linois]], qui quitte [[Cadix]] le [[17 février]], avec {{unité|2400|hommes}}. Dans les mois qui suivirent, plusieurs navires quitteront la France, emportant des troupes fraîches, dont une division hollandaise et une [[Légions polonaises (armée française)|légion polonaise]] menée par le général [[Wladyslaw Jablonowski]]. Il convient d'y ajouter encore les {{unité|4000|hommes}} de l'artillerie de marine.
Au total, {{unité|31131|hommes}} débarqueront à
Parmi eux se trouvent des hommes de couleur, comme [[André Rigaud]]<ref>Après l'échec de cette expédition, il fut emprisonné par Napoléon au [[fort de Joux]], à quelques cellules de distance de Toussaint Louverture.</ref> qui en [[1779]] s'était engagé dans la célèbre brigade des {{unité|1500 [[Chasseurs volontaires de Saint-Domingue]]}} pour participer à la [[Guerre d'indépendance des États-Unis]], tout comme [[Alexandre Pétion]], qui a avec lui participé à révolte de ''gens de couleur libres'', à [[Jacmel]] en [[1799]].
[[Fichier:The island of Hispaniola called by the French St. Domingo. Subject to France & Spain. LOC 73695999.jpg|vignette|L'île d'[[Hispaniola]].]]
Les navires ont rendez-vous dans la [[baie de Samaná]]. L'amiral [[Louis Thomas Villaret de Joyeuse|Villaret de Joyeuse]] y parvient le [[29 janvier]] suivi de peu par [[Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville|Latouche-Tréville]]. Sans attendre [[Honoré Joseph Antoine Ganteaume|Ganteaume]] et [[Charles Alexandre Léon Durand de Linois|Linois]], les navires présents se répartissent dans différents ports, afin de surprendre [[Toussaint Louverture|Toussaint]]. Le général [[François-Marie Perichou de Kerversau|Kerversau]] doit se rendre à [[Saint-Domingue (ville)|Santo Domingo]] dans la partie espagnole de l'île. Le général [[Jean Boudet|Boudet]], conduit par [[Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville|Latouche-Tréville]], doit s'emparer de [[Port-au-Prince]]. Le chef de l'expédition, conduit par [[Louis Thomas Villaret de Joyeuse|Villaret de Joyeuse]] fait voile vers le [[Cap-Haïtien|Cap]].
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* Sur les vaisseaux ''[[Formidable (1795)|Le Formidable]]'' et ''L'Annibal'' ({{unité|1400|hommes}})
** [[7e demi-brigade légère de deuxième formation|{{7e|demi-brigade}} légère]] de [[Deuxième amalgame de l'armée sous la Révolution#7e demi-brigade légère|deuxième formation]]
** [[Détachement (militaire)|Détachements]] de
;Le 12 août
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== Les combats ==
[[Fichier:Débarquement en 1802 de la flotte française à Saint-Domingue (future Haïti) lors de l'expédition contre les noirs révoltés.jpg|vignette|Débarquement de la flotte française à Saint-Domingue.]]
[[Fichier:Prise du Cap Français par l'Armée Française, sous le Commandement du Général Leclerc, le 15 et 20 Pluviose, An 10 (4-9 Février 1802) - détail.jpg|vignette|Prise du [[Cap-Français]] par le corps expéditionnaire en févier 1802.]]
Le vice-amiral [[Louis Thomas Villaret de Joyeuse|Villaret de Joyeuse]] arrive le 3 février 1802 devant le [[Cap-Haïtien|Cap]]. L'attaque se fait par terre et par mer, le 5 février. [[Henri
Le 6 février, le général [[Donatien de Rochambeau|Rochambeau]] débarque dans la baie de Mancenille et s'empare de [[Tôlanaro|Fort-Dauphin]]. Après avoir éteint les incendies et procédé à quelques travaux, [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|Leclerc]] établit son quartier général au [[Cap-Haïtien|Cap]], et envoie quelques navires faire du ravitaillement vers le continent américain.
Pendant ce temps [[Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville|Latouche-Tréville]] et [[Jean Boudet|Boudet]] s'emparent de [[Port-au-Prince]] et de [[Léogâne]] et obtiennent la reddition du général Laplume. Débarqué à [[Saint-Domingue (ville)|Santo Domingo]] avec {{unité|2000|hommes}}, le général Kerversau prend possession d'une bonne moitié de la partie espagnole, dirigée par Paul Louverture, frère de [[Toussaint Louverture|Toussaint]].
Dans les dix premiers jours, le corps expéditionnaire occupe les ports, les villes et une grande partie des terres cultivées. Réfugié dans le massif de l'[[Artibonite (département)|Artibonite]], [[Toussaint Louverture]] n'a plus que quelques brigades sous les ordres des généraux [[Jacques Maurepas|Maurepas]], [[Henri Christophe|Christophe]], [[Jean-Jacques Dessalines|Dessalines]]. Mais il détient aussi une grande quantité de blancs qui ont été emmenés en otages. Pour le déloger il faut franchir des gorges rendues impénétrables par la végétation tropicale, où les Noirs tendent embuscades sur embuscades.▼
▲Dans les dix premiers jours, le corps expéditionnaire occupe les ports, les villes et une grande partie des terres cultivées. Réfugié dans le massif de l'[[Artibonite (département)|Artibonite]], [[Toussaint Louverture]] n'a plus que quelques brigades sous les ordres des généraux [[Jacques Maurepas|Maurepas]], [[Henri Christophe|Christophe]]
Mais les soldats reçoivent les renforts de [[Honoré Joseph Antoine Ganteaume|Ganteaume]] et [[Charles Alexandre Léon Durand de Linois|Linois]] qui viennent de débarquer. [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|Leclerc]] a gardé son joker : les deux enfants de [[Toussaint Louverture|Toussaint]] qu'il a amenés de France. Tous deux sont porteurs d'une lettre du [[Napoléon Ier|Premier Consul]] promettant la seconde autorité de l'île au vieux gouverneur qui ne cède pourtant pas.▼
[[Fichier:Toussaint Louverture à Saint-Domingue, la rencontre d'Ennery en 1802.jpg|vignette|L'entrevue d'Ennery du {{Date-|10 février 1802}} : le général [[Toussaint Louverture]] retrouve ses deux aînés, Placide et Isaac, tandis que leur professeur, l'abbé Jean-Baptiste Coisnon<ref>{{Article|prénom1=Bernard|nom1=Gainot|titre=Un projet avorté d'intégration républicaine. L'institution nationale des colonies (1797-1802)|périodique=Dix-Huitième Siècle|volume=32|numéro=1|pages=371–401|date=2000|doi=10.3406/dhs.2000.2364|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_2000_num_32_1_2364|consulté le=2024-02-14}}</ref>, lui remet la lettre de menace écrite par Napoléon<ref name=":5">{{Chapitre|prénom1=Beaubrun|nom1=Ardouin|titre chapitre=Chapitre II|titre ouvrage=Étude sur l’histoire d’Haïti|éditeur=Dezobry et E. Magdeleine, Lib.-éditeurs|date=1854|pages totales=44–80|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89tude_sur_l%E2%80%99histoire_d%E2%80%99Ha%C3%AFti/Tome_5/5.2|consulté le=2024-02-14}}</ref>.]]
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Le [[17 février]] [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|Leclerc]] lance l'attaque simultanée des divisions qu'il a constituées. [[Donatien-Marie-Joseph de Rochambeau|Rochambeau]] à sa gauche part de [[Tôlanaro|Fort-Dauphin]] pour se rendre à [[Saint-Michel (Haïti)|Saint-Michel]], Hardy marche sur [[Marmelade (Artibonite)|Marmelade]] et Desfourneaux marche sur [[Plaisance (Haïti)|Plaisance]], pendant que Humbert doit débarquer à [[Port-de-Paix]] et remonter la gorge de [[Trois Rivières]] et que [[Jean Boudet|Boudet]] doit remonter du sud au nord. Le but est de surprendre l'ennemi, de le forcer à se replier sur [[Les Gonaïves]] et de l'encercler.
[[Fichier:Prise_de_la_Ravine-à-Couleuvres_(23_février_1802),_par_Karl_Girardet,_gravé_par_Jean-Jacques_Outhwaite.jpg|vignette|[[Bataille de la Ravine à Couleuvres|Bataille de la Ravine-à-Couleuvres]] le 23 février 1802.]]
[[Siège de la Crête à Pierrot|Un siège en règle]] est nécessaire pour prendre le fort de la Crête-à-Pierrot. Les assiégeants sont attaqués à revers par des attaques successives de Dessalines et de [[Toussaint Louverture|Toussaint]] qui tentent de porter secours aux assiégés. Mais le fort doit finalement se rendre. À l'intérieur on trouve des quantités d'armes et de munitions mais aussi beaucoup de blancs assassinés.
Aux Verrettes, l'armée découvre un horrible spectacle. À bout de force, ne parvenant plus à suivre la marche effrénée des révoltés, {{unité|800 hommes}}, femmes, enfants et vieillards ont été égorgés<ref>''Histoire du consulat et de l'empire, faisant suite à l'Histoire de la révolution française'' {{p.|206}}</ref>. Les assassins sont poursuivis à outrance, aucun quartier n'est fait à ceux qui sont rattrapés.
À bout de ressources, leur espace de liberté de plus en plus restreint, les rebelles sont de plus en plus découragés. [[Henri Christophe|Christophe]] songe à déposer les armes en échange du même traitement que celui qui a été réservé à Laplume et [[Jacques Maurepas|Maurepas]]. La reddition de [[Henri Christophe|Christophe]] entraîne celle de Dessalines et finalement celle de Toussaint. Il obtient de [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|Leclerc]] le droit de se retirer sur ses terres avec son grade.
Fin avril, début mai, l'ordre se rétablit peu à peu dans l'île. Le commerce reprend dans les ports. Les insurgés ont conservé leurs biens et leur grade et semblent s'accommoder de leur condition.
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Dans sa retraite d'[[Ennery (Haïti)|Ennery]], où il est assigné à résidence, [[Toussaint Louverture|Toussaint]] songe à sa revanche, et guette les progrès de sa meilleure alliée, la [[fièvre jaune]], qui fait des ravages dans les rangs des Français et frappe particulièrement les derniers arrivés sur l'île{{Refnec|date=27 janvier 2024}}. Environ {{unité|15000|hommes}} périssent ainsi en deux mois. [[Toussaint Louverture|Toussaint]] ne cesse de correspondre avec ses affidés, les incitant à se tenir prêts. Certains, cependant, n'ayant aucune envie de recommencer la guerre, avertissent le général en chef{{Refnec|date=27 janvier 2024}}. En juin, sentant le danger, [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|Leclerc]] convoque le rebelle à une entrevue et le fait arrêter{{Refnec|date=27 janvier 2024}}. Emmené à bord d'un bateau, il est envoyé en Europe et gardé prisonnier au [[Fort de Joux]] où il meurt rapidement de froid et de malnutrition.
==
{{Article détaillé|Rétablissement de l'esclavage par Napoléon Bonaparte}}
[[Fichier:Le_Serment_des_Ancêtres,_1823.jpg|vignette|''[[Le Serment des ancêtres]]'', tableau symbolisant l'alliance en novembre 1802, entre les mulâtre d'[[Alexandre Pétion]] et les noirs de [[Jean-Jacques Dessalines]].]]
La [[Martinique]] retourne à la France avec le [[Paix d'Amiens|traité d’Amiens]] et la [[Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802|loi du 20 mai 1802]] qui y consacre le maintien de l'esclavage<ref name=":222">{{Article|auteur1=Dominique Taffin|titre=Napoléon colonial|sous-titre=1802, rétablissement de l'esclavage|périodique=Les notes de la FME|numéro=2|date=Avril 2021|lire en ligne=https://memoire-esclavage.org/sites/default/files/inline-files/NOTE_FME_2_Napoleon_et_esclavage.pdf|archiveurl=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Frp.liu233w.com%3A443%2Fhttps%2Fmemoire-esclavage.org%2Fsites%2Fdefault%2Ffiles%2Finline-files%2FNOTE_FME_2_Napoleon_et_esclavage.pdf|format=pdf}}</ref>. La nouvelle du rétablissement de l'esclavage en [[Guadeloupe]], entrepris par Richepance et officialisé par l'arrêté consulaire du 16 juillet 1802, parvient à [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]]. La révolte gronde. La maladie fait de nombreuses victimes dans le corps expéditionnaire. Leclerc reçoit l'instruction de rétablir l'esclavage à Saint-Domingue{{Note|texte=Lettre du ministre de la marine Decrès au général Leclerc, 25 prairial an X (14 juin 1802).|url=https://www.jstor.org/stable/40936989}}{{,}}<ref name=":3" /> et commence pour cela à désarmer les Noirs. Il écrit le 7 octobre à Napoléon : {{citation|Voici mon opinion sur ce pays. Il faut détruire tous les Nègres des montagnes, hommes et femmes, ne garder que les enfants au-dessous de douze ans, détruire moitié de ceux de la plaine et ne laisser dans la colonie un seul homme de couleur qui ait porté l’épaulette, sans cela jamais la colonie ne sera tranquille}}<ref>{{article|titre=Que faire des statues des négriers français ?|périodique=Slate|jour=29|mois=août|année=2017|auteur=Vincent Manilève|lire en ligne=http://www.slate.fr/story/150252/villes-francaise-esclavage-memoire}}</ref>.
L'armée française, qui ne compte plus que 8 à {{unité|10000|hommes}}, à peine en état de servir, est débordée. Réfugié sur l'[[île de la Tortue]], pour tenter d'échapper à la maladie, [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|Leclerc]] succombe à son tour, le {{date-|1 novembre 1802}}<ref>[[Pauline Bonaparte]], qui accompagnait son mari est désespérée. Elle se coupe les cheveux qu'elle place dans le cercueil de son mari, fait mettre le cœur dans une urne et rapatrie la dépouille en France.</ref>.
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Étant l'officier le plus ancien, [[Donatien de Rochambeau|Rochambeau]] prend le commandement. Il déteste les [[mulâtre]]s plus encore que les Noirs et il étend le désarmement des officiers à ces hommes de couleur qui s'étaient opposés à Toussaint et qui étaient revenus dans les bagages de l'expédition. [[André Rigaud|Rigaud]], ancien ennemi et rival de [[Toussaint Louverture]], est prié d'embarquer pour les [[États-Unis]]. Dans le sud où ils sont plus nombreux, les [[mulâtre]]s, comprenant qu'ils n'ont plus rien à attendre de la France s'unissent aux Noirs. Le vent de révolte, qui soufflait particulièrement dans le nord, se répand maintenant dans le sud. Rochambeau tente de réprimer l'insurrection mais il ne peut faire face.
[[Fichier:Revenge taken by the Black Army for the Cruelties practised on them by the French.png|thumb|left|Exécution d'officiers français capturés par les insurgés<ref name="Images de l’apocalypse des planteurs">{{Article|langue=fr|prénom1=Alejandro E.|nom1=Gómez|titre=Images de l’apocalypse des planteurs|périodique=L’Ordinaire des Amériques|numéro=215|date=2013-02-22|issn=0997-0584|doi=10.4000/orda.665|lire en ligne=https://journals.openedition.org/orda/665|consulté le=2024-01-27}}</ref>.]]Le [[Cap-Haïtien|Cap-Français]] est le dernier bastion des Français. Quand il y parvient, [[Henri Christophe|Christophe]] a déjà enlevé l'un des forts. [[Donatien de Rochambeau|Rochambeau]] le reprend.
Le {{date-|18 novembre 1803}}, près du [[Cap-Haïtien|Cap-Français]], les Français sont vaincus à la [[bataille de Vertières]] par le général insurgé [[Jean-Jacques Dessalines|Dessalines]]. L'acte de reddition est signé le lendemain au nom de Rochambeau. Les vaincus ont dix jours pour quitter l'île et livrer la ville du Cap. À peine ont-ils quitté la rade qu'ils sont capturés par une escadre britannique qui les attendait. [[Donatien de Rochambeau|Rochambeau]] est envoyé au [[Royaume-Uni]] où il est interné pendant presque neuf années.
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Selon l'épidémiologiste [[Renaud Piarroux]], la fièvre jaune a joué un rôle dans la reprise de contrôle de leur territoire par les haïtiens face à Napoléon. Après la reddition de [[Toussaint Louverture]], la France avait l'avantage, mais lorsque la saison des pluies arrive en mai 1802, les troupes françaises sont décimées par les moustiques porteurs de la fièvre jaune<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Comment le paludisme a façonné notre histoire |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/mecaniques-des-epidemies/comment-le-paludisme-a-faconne-notre-histoire-3885057 |site=France Culture |date=2022-07-11 |consulté le=2022-08-09}}</ref>.
[[Fichier:Haitian Revolution.jpg|vignette|''Combat et prise de la Crête-à-Pierrot'' (par [[Auguste Raffet]], 1839).]]
Pour les chercheurs Bernard Gainot et Mayeul Macé, il faut relativiser cet impact. La fièvre jaune, qui est notée dès {{date-|avril 1802}} au sein du Corps expéditionnaire, ne se déclare qu'à partir du début juin dans la grande ville du [[Cap Français]], où le milieu urbain a favorisé sa propagation<ref name="Gainot">{{Article|prénom1=Bernard|nom1=Gainot|prénom2=Mayeul|nom2=Macé|titre=Fin de campagne à Saint-Domingue, novembre 1802-novembre 1803|périodique=Outre-Mers. Revue d'histoire|volume=90|numéro=340|date=2003|doi=10.3406/outre.2003.4041|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2003_num_90_340_4041|consulté le=2022-08-09|pages=15–40}}</ref>. Elle a joué un rôle, parmi d'autres facteurs, dans la défaite finale, mais son importance a été surévaluée<ref name="Gainot" />. Dans les récits, elle a servi à {{citation|dévaloriser l'action des insurgés}} sur le plan militaire, accusés de n'avoir {{citation| jamais osé nous combattre en bataille rangée}} et {{citation|minimiser les pertes causées}} par leurs embuscades ou les combats rangés<ref name="Gainot" />. Les historiens rappellent ainsi qu'un grand nombre de victimes de l'expédition sont en réalité mortes au combat, notamment les 5000 morts des affrontements très durs du [[siège de la Crête à Pierrot]], marqué par deux assauts successifs en mars 1802, qui a fait l'objet d'un [[Timbre postal|timbre poste]] haïtien représentant Louis Daure Lamartinière et sa femme, Marie-Jeanne Lamartinière défendant le fort, pour fêter le
== Les tortures, exactions et exécutions sommaires ==
[[File:The Mode of exterminating the Black Army, as practised by the French.png|thumb|Exécutions d'insurgés par noyade<ref name="Images de l’apocalypse des planteurs" />.]]
Les historiens Bernard Gainot et Mayeul Macé ont analysé et recoupé les correspondances et archives de l'expédition avec les récits d'époque, notamment ceux de [[Thomas Madiou]], Saint-Rémy des Cayes, du baron Vastey, et de [[Bouvet de Cresset]], pour en faire une synthèse dans la revue ''[[Outre-Mers]]'' en 2003, indiquant que {{citation|les exécutions sommaires collectives, la détention arbitraire et la torture sont des moyens couramment employés}} durant l'expédition<ref name="Gainot" />. La famille et les biens des insurgés sont fréquemment visés. De nombreux récits montrent {{citation|l'inefficacité}} de cette stratégie de la terreur, contestée jusque dans les rangs des officiers, selon de nombreux écrits<ref name="Gainot" />, mais seulement rédigés après la fin de l'expédition<ref name="Gainot" /> dont la plupart des membres ne reviendront pas. On lui reproche d'avoir ainsi {{citation|fait perdre tout soutien local aux troupes françaises}}<ref name="Gainot" /> et jeté {{citation|les indécis dans les bras de l'insurrection}}<ref name="Gainot" /> notamment après l'été 1802.▼
{{Article détaillé|Noyades du Cap-Français}}
▲Les historiens Bernard Gainot et Mayeul Macé ont analysé et recoupé les correspondances et archives de l'expédition avec les récits d'époque, notamment ceux de [[Thomas Madiou]], Saint-Rémy des Cayes, du baron Vastey, et de [[Bouvet de Cresset]], pour en faire une synthèse dans la revue ''[[Outre-Mers]]'' en 2003, indiquant que {{citation|les exécutions sommaires collectives, la détention arbitraire et la torture sont des moyens couramment employés}} durant l'expédition<ref name=":3">{{Article|langue=fr|prénom1=Bernard|nom1=Gainot|titre=« Sur fond de cruelle inhumanité » ; les politiques du massacre dans la Révolution de Haïti.|périodique=La Révolution française. Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française|date=2011-01-08|issn=2105-2557|doi=10.4000/lrf.239|lire en ligne=https://journals.openedition.org/lrf/239#bodyftn15|archiveurl=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Frp.liu233w.com%3A443%2Fhttps%2Fjournals.openedition.org%2Flrf%2F239%3Flang%3Den%23bodyftn37#federation=archive.wikiwix.com&tab=url|consulté le=2024-01-12}}</ref>{{,}}<ref name="Gainot" />. La famille et les biens des insurgés sont fréquemment visés. De nombreux récits montrent {{citation|l'inefficacité}} de cette stratégie de la terreur, contestée jusque dans les rangs des officiers, selon de nombreux écrits
Afin de {{citation|justifier les actes particulièrement cruels}}
La majorité de ces officiers se montrent, dans les écrits archivés {{citation|racistes et convaincus de la supériorité des Blancs sur les Noirs, supériorité dont découle la mission civilisatrice de la France}} selon eux
[[Fichier:Blood Hounds attacking a Black Family in the Woods - in Marcus Rainsford, An Historical Account of the Black Empire of Hayti. Londres J. Cundee, 1805. Coll. New York Public Library, cote Sc Rare 972.94-R.jpg|vignette|[[Dogue de Cuba|Dogues de Cuba]] chasseurs d'esclaves, utilisés à la demande de Leclerc contre les insurgés<ref name=":2">{{Article|langue=fr|auteur1=Philippe R. Girard|titre=L'utilisation de chiens de combat pendant la guerre d'indépendance haïtienne|périodique=Napoleonica|numéro=15|pages=54-79|date=2012/2013|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-napoleonica-la-revue-2012-3-page-54.htmUtilisation}}</ref>.]]
Les récits des officiers revenant de Saint-Domingue apparaissent souvent pleins de {{citation|descriptions horrifiées du corps des torturés}}
Les auteurs haïtiens racontant ces épisodes ont eux aussi une {{citation|vision manichéenne}}
Pour réprimer la révolte, les Français acheminent environ {{unité|300 chiens}} chasseurs d'esclaves, parfois appelés [[dogues de Cuba]], conduits par le vicomte de Noailles<ref
{{citation bloc| Je ne dois pas vous laisser ignorer qu’il ne vous sera passé en compte aucune ration, ni dépense pour la nourriture de ces chiens. Vous devez leur donner des nègres à manger. Je vous salue affectueusement,|Donatien Rochambeau.}}
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</ref>.
== Le général Clauzel tente d'évincer le chef de l'expédition
Le général en chef de l'expédition [[Donatien de Rochambeau]] est le {{citation|principal organisateur de la répression}}
Les exactions n'ont
La correspondance générale de l'expédition conservée aux archives contient aussi une lettre de Clauzel à Rochambeau du {{date-|23 novembre 1802}}
== Conséquences ==
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Des quelque {{unité|31000|soldats}} envoyés à [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]], il n'en reste guère plus de {{unité|7|à=8000}}. Plus de vingt généraux ont également péri. Une grande partie des victimes étaient des marins, parfois réquisitionnés sur les navires pour remplacer l'infanterie qui avait disparu du fait de la fièvre jaune. Les deux tiers de la Marine française ayant été mobilisée, après deux ans de réflexion et de préparation, elle est ainsi décimée.
=== Indépendance d'Haïti ===
Le {{date-|1 janvier 1804}} [[Jean-Jacques Dessalines|Dessalines]] proclame l'indépendance d'Haïti. La colonie devient le deuxième état indépendant d'Amérique.
Dessalines se fait d'abord nommer gouverneur général à vie, puis le {{date-|6 octobre 1804}}, il se fait couronner empereur sous le nom de Jacques {{Ier}}.
Le pays se partage alors entre un royaume au nord, dirigé par [[Henri Christophe]] et une république au sud, dirigée par [[Alexandre Pétion]].
Ligne 261 :
Vers la fin de l'expédition, dès le mois de mai 1803, la paix entre la France et le Royaume-Uni est rompue.
Près de trois ans plus tard, en février 1806, une [[Bataille de San Domingo|escadre britannique attaque même la ville Saint-Domingue]],
Dix mois plus tard, Bonaparte
=== La diaspora des planteurs blancs ===
Ligne 284 :
Quand l’armée française se retire en 1803, {{unité|4000 Polonais}} sont morts, 400 restent sur l’île, quelques dizaines se sont dispersés dans les îles alentour (Guadeloupe) ou sont partis s’établir aux États-Unis, et environ 700 retournent en France.
Conséquences pour les espoirs d'indépendance en Pologne. Les très lourdes pertes subies par les [[Légions polonaises (armée française)]], dont les quatre-cinquièmes sont anéanties à Saint-Domingue
=== Postérité ===
Ligne 290 :
== Chronologie ==
* {{date-|22 juillet 1795}} : [[
* {{date-|30 mars 1798}} : [[Armistice du 30 mars 1798|
* {{date-|13 juin 1799}} : [[convention commerciale tripartite de 1799]] entre Américains, Anglais et [[Toussaint Louverture]] ;
* {{date-|9 novembre 1799}} : Napoléon Bonaparte prend le pouvoir par un [[Coup d'État du 18 Brumaire|
* {{date-|décembre 1799}} : 1er projet d'expédition de Saint-Domingue, remplacé par l'envoi de trois émissaires [[Toussaint Louverture]]<ref name=GirardHAITI/>;
* {{date-|janvier 1800}} :
* {{1er}} août 1800 : déclaration au [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]] du Premier consul [[Napoléon Ier|Napoléon Bonaparte]] : « je confirmerai l’esclavage à l’[[Île de France (Maurice)|île de France]], de même dans la [[Colonisation française de Saint-Domingue|partie esclave de Saint-Domingue]] » ;
* {{date-|
* {{date-|février 1801}} :
* {{date-|
* {{date-|
* {{date-|4 mai 1801}}: Napoléon ordonne de réunir {{unité|3600 soldats}} à Brest<ref name="GirardHAITI" />, pour le noyau dur de la future expédition de Saint-Domingue<ref name="GirardHAITI" /> ;
* {{date-|12 juillet 1801}} : constitution de [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]], jugée autonomiste par Napoléon ;
* {{date-|
* {{date-|18 novembre 1801}} : courriers de Napoléon à Saint-Domingue promettant de maintenir l’abolition<ref name="morel" /> ;
* {{date-|24 octobre 1801}} : [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc]], beau-frère de Napoléon, nommé chef de l'expédition<ref>{{lien web |titre=LECLERC Victor-Emmanuel (1772-1802), général - napoleon.org |url=http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/biographies/files/leclerc_saintdomingue.asp |site=napoleon.org |consulté le=10-08-2020}}.</ref> ;
* mi-{{date|décembre 1801}}: départ de la flotte, qui prend du retard en Bretagne ;
* {{date-|6 février 1802}} : débarquement difficile à Cap-Français face à un port en flammes ;
* {{date-|17 février 1802}} : les divisions Hardy, Desfourneaux et Rochambeau se mettent en marche
* {{date-|4 mars 1802}} : [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc]] se plaint de manquer de matériels<ref name="Napo_SD1802"/>, la [[fièvre jaune]] se diffuse ;
* {{date-|24 mars 1802}} : [[Siège de la Crête à Pierrot|prise de la
* fin {{date-|avril 1802}} : au prix de plus de {{nombre|5000|morts}} et autant de malades ou blessés, les Français tiennent toute la côte
* {{date-|2 mai 1802}} : [[Toussaint Louverture]] dépose les armes, retourne à la campagne ;
* {{date-|mai 1802}} : l'épidémie de fièvre jaune s'aggrave<ref>Études sur l'histoire d'Haïti, volume 5 Par Beaubrun Ardouin, page 236</ref> ;
* {{date-|20 mai 1802}} : [[Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802|loi autorisant à nouveau l'esclavage là où l'abolition n'avait pas pu être appliquée]] ;
* {{date-|7 juin 1802}} : [[Toussaint Louverture]] arrêté par ruse et
* {{date|14 juin 1802}} : instructions secrètes envoyées au [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|général Leclerc]], afin qu'il rétablisse la situation d'esclavage d'avant 1789, et qu'il encourage la reprise de la [[Traite négrière occidentale|traite négrière]]{{Note|texte=Lettre du ministre de la marine Decrès au général Leclerc, 25 prairial an X (14 juin 1802).|url=https://www.jstor.org/stable/40936989}}{{,}}<ref name=":222" /> ;
* 16 juillet 1802 : arrêté rétablissant l'esclavage en Guadeloupe ;
* {{date-|octobre 1802}} : [[Jean-Jacques Dessalines|Dessalines]] rejoint de nouveau les révoltés, dirigés par Pétion▼
* 2 juillet 1802 : arrêté consulaire renouvelant (sauf autorisation spéciale des administrateurs locaux) l’interdiction du territoire français prononcée en 1763 et en 1777 à l’encontre des gens de couleur (et des esclaves)<ref name=":21">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-François Niort|titre=La condition des libres de couleur aux îles du vent ({{sp-|XVII|-|XIX|s}})|sous-titre=ressources et limites d’un système ségrégationniste|éditeur=Université des Antilles et de la Guyane|année=2002|pages totales=49|lire en ligne=http://calamar.univ-ag.fr/cagi/NiortConditionlibrecouleur.pdf}}</ref> ;
* {{date-|1 novembre 1802}} : mort de [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc]]▼
* {{date-|
▲* {{date-|octobre 1802}} : [[Jean-Jacques Dessalines|Dessalines]] rejoint de nouveau les révoltés, dirigés par [[Alexandre Pétion|Pétion]] ;
* {{date-|19 novembre 1803}} : Capitulation de Rochambeau▼
▲* {{date-|1 novembre 1802}} : mort de [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc]], remplacé par son second [[Jean-Baptiste-Donatien de Vimeur de Rochambeau|Rochambeau]] ;
* {{date-|29 novembre 1803}} : Fin de l'ultimatum d'évacuation du corps expéditionnaire français▼
* {{date|7|décembre|1802}} : arrêté rétablissant l'esclavage en [[Guyane]] ;
* {{date|8 janvier 1803}} : circulaire aux préfet, prohibant les mariages mixtes en France<ref name=":222" /> ;
* {{date-|18 novembre 1803}} : victoire des insurgés à la [[Bataille de Vertières]] ;
▲* {{date-|19 novembre 1803}} : Capitulation de Rochambeau ;
▲* {{date-|29 novembre 1803}} : Fin de l'ultimatum d'évacuation du corps expéditionnaire français.
== Notes et références ==
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* ''Mémoires du général Toussaint L'Ouverture, écrits par lui-même... précédés d'une étude…'', Toussaint Louverture, Joseph Saint-Rémy, 1853
* ''Histoire du consulat et de l'empire, faisant suite à l'Histoire de la révolution française'', [[Adolphe Thiers]], 1845
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Antoine|nom1=Métral|titre=Histoire de l'expédition des Français à Saint-Domingue, sous le consulat de Napoléon Bonaparte|sous-titre=Suivie des mémoires et notes d'Isaac Louverture sur la même expédition, et sur la vie de son père : ornée du portrait de Toussaint et d'une belle carte de Saint-Domingue|éditeur=Fanjat Ainé|lieu=Paris
* {{ouvrage|langue=français|prénom1=A.|nom1=Laujon|titre=Précis historique de la dernière expédition de Saint-Domingue : depuis le départ de l'armée des côtes de France, jusqu'à l'évacuation de la colonie : suivi des moyens de rétablissement de cette colonie|éditeur=Delafolie|lieu=Paris
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel-Etienne|nom1=Descourtilz|titre=Voyages d'un naturaliste et ses observations faites sur les trois règnes de la nature : dans plusieurs ports de mer français, en Espagne, au continent de l'Amérique septentrionale, à Saint-Yago de Cuba et à St-Domingue, où l'auteur devenu le prisonnier de 40000 Noirs révoltés, et par suite mis en liberté par une colonne de l'armée française, donne des détails circonstanciés sur l'expédition du général Leclerc|éditeur=Dufart père|lieu=Paris
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel-Etienne|nom1=Descourtilz|titre=Voyages d'un naturaliste et ses observations faites sur les trois règnes de la nature : dans plusieurs ports de mer français, en Espagne, au continent de l'Amérique septentrionale, à Saint-Yago de Cuba et à St-Domingue, où l'auteur devenu le prisonnier de 40000 Noirs révoltés, et par suite mis en liberté par une colonne de l'armée française, donne des détails circonstanciés sur l'expédition du général Leclerc|éditeur=Dufart père|lieu=Paris
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel-Etienne|nom1=Descourtilz|titre=Voyages d'un naturaliste et ses observations faites sur les trois règnes de la nature : dans plusieurs ports de mer français, en Espagne, au continent de l'Amérique septentrionale, à Saint-Yago de Cuba et à St-Domingue, où l'auteur devenu le prisonnier de 40000 Noirs révoltés, et par suite mis en liberté par une colonne de l'armée française, donne des détails circonstanciés sur l'expédition du général Leclerc|éditeur=Dufart père|lieu=Paris
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=== Liens externes ===
* {{Lien web|langue=fr|url=https://www.youtube.com/watch?v=TvyEaYREesc&list=PL4uMXUEGGRzRZcAzfl5xf9N_zKtHlNrpa&index=4 |titre= Etat des troupes de l'armée expéditionnaire de St Domingue |site= YouTube|auteur=[[Musée d'Aquitaine]] | description= (vidéo commentée de 2:58)
{{Palette|Révolution haïtienne|Épopée napoléonienne
{{Portail|histoire militaire|années 1800|Premier Empire|Haïti|République dominicaine|monde colonial|esclavage}}
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