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Les textes antiques relatifs aux empereurs romains de la fin du {{s-|III}} ne sont que des abrégés et diverses Histoires du {{s-|IV}} ne donnent que quelques lignes sur Carus : [[Eutrope (historien)|Eutrope]]{{sfn|texte=Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, {{IX}}, 18|id=Eutrope}}, [[Rufius Festus|Festus]]{{sfn|Festus, ''Abrégé des hauts faits du peuple romain'', 24 |id=Festus}}, [[Aurelius Victor]]{{sfn|texte=Aurelius Victor, Césars, 38 et 39 |id=AVictor}}, ainsi que l'{{latin|[[Épitomé de Caesaribus]]}} qu'on lui attribue à tort{{sfn|texte=Pseudo-Aurelius Victor, ''Épitomé de Caesaribus'', 38 |id=PsAVictor}}. Le [[Chronographe de 354]] résume le règne de Carus à une durée, dix mois et cinq jours{{sfn|texte=Chronographe de 354|id=Chro354}}. Au {{s-|V}}, [[Paul Orose]] date la prise de pouvoir de Carus en 1039 {{latin|[[Ab Urbe condita]]}} (soit 285/286, ce qui est excessif){{sfn|texte=Paul Orose, ''Histoires contre les païens'', {{VII}}, 24|id=Orose}}, tandis que la ''[[Chronique (Jérôme)|Chronique]]'' de [[Jérôme de Stridon]] la date de la {{266e|[[olympiade]]}} (soit 285, également erroné){{sfn|texte=Jérôme de Stridon, ''Chronicon'' |id=Jérôme}}. Enfin, l’''Histoire nouvelle'' de [[Zosime (historien)|Zosime]], écrite au début du {{s-|VI}}, est lacunaire sur le règne de Carus{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=148}}, mais la ''Chronographia'' de [[Jean Malalas]] ({{s-|VI}}) précise que Carus est mort à soixante ans<ref name=Malalas>[[Jean Malalas]], ''Chronographia'', {{XII}}, 34.</ref>.
 
L’''[[Histoire Auguste]]'' est la seule à produire une biographie plus étoffée de Carus et de ses fils, dont l'auteur déclaré, Flavius Vopiscus, se dit contemporain de {{souverain2|Constantin Ier (empereur romain)}} (306-337){{sfn|Chastagnol|1994|p=CV et {{CXVII}}|id=HA}} et se pose en continuateur de l'historien [[Suétone]] et de sa ''[[Vie des douze Césars]]''{{sfn|''Histoire Auguste''|loc= ''Vie de Probus'', {{II}}, 7|id=HA}}, est la seule à produire une biographie plus étoffée de Carus et de ses fils. Après avoir longtemps considéré Flavius Vopiscus comme une source documentaire fiable, les historiens ont modifié leur perception à partir de 1889, avec la démonstration dequand [[Hermann Dessau]] dea démontré l'inexistence de cet auteur etcomme de ses co-auteurs de l{{'}}''Histoire Auguste'', qui sont en réalité les pseudonymes d'un seul écrivain unique, plus tardif mais resté inconnu. Cette thèse a emporté peu à peu l'adhésion des historiens du {{s-|XX}}. Ils reconnaissent que cette œuvre n'est pas entièrement historique et contient une part de fiction{{sfn|Chastagnol|1994|p={{XXXIV}}|id=HA}}. Le récit historique sert alors de support à la fantaisie, au canular et au burlesque, et multiplie les allusions à l'attention du lecteur cultivé. Les biographies de Carus et de ses fils sont les dernières de l’''Histoire Auguste'', et le pseudo-Flavius Vopiscus complète le peu d'informations fournies par les abréviateurs par un remplissage de son invention{{sfn|Chastagnol|1994|p={{XLVI}}|id=HA}}. Comme [[Suétone]] cite à de multiples reprises des documents et de la correspondance provenant des archives impériales, le pseudo Flavius Vopiscus le pastiche en prétendant copier des lettres qu'il attribue à Probus ou à Carus, maisqui toutes sont les fruits de son imagination{{sfn|Chastagnol|1994|p={{CXX}}|id=HA}}.
[[Fichier:Alexandria 113.5.JPG|vignette|redresse|alt=monnaie corrodée|Tétradrachme de [[billon (alliage)|billon]] à l'effigie de Carus, émis à Alexandrie.]]
Si les règnes de Carus et de ses fils sont assez mal connus à partir des textes antiques{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=148}}, l'[[épigraphie latine]] et la [[numismatique]] fournissent quelques éléments supplémentaires. On dénombre en 1945 une vingtaine d'inscriptions latines liées à des dédicaces à l'empereur Carus, fournissant ses titulatures successives, dont ses deux [[consul (Rome antique)|consulats]] et ses deux [[puissance tribunitienne|puissances tribuniciennes]], ce qui permet de réfuter la trop brève durée de règne attribuée par le Chronographe de 354{{sfn|Wuilleumier|1945|p=118-119}}. L'étude des émissions de l'[[Atelier monétaire romain|atelier monétaire]] de [[Ticinum]] (actuellement [[Pavie]] en Italie du Nord) fournit une chronologie des événements et des campagnes militaires entre 282 et 285{{sfn|Estiot|2017|p=75}}. Pour les règnes de Carus et de ses fils, les événements sont encore plus précisément fixés grâce aux émissions datées de [[tétradrachme]]s d'[[Alexandrie]] d'[[Province romaine de l'Égypte|Égypte]]{{sfn|Estiot|2017|p=80}}.
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=== Décès et consécration ===
Carus meurt subitement sur le lieu de sa victoire, en juillet ou en {{date|août 283}}, dans des circonstances extraordinaires : il estaurait été tué par la [[foudre]] tombant sur sa tente selon les historiens des {{s2-|IV|V}}{{sfn|texte=Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, {{IX}}, 18|id=Eutrope}}{{,}}{{sfn|Festus, ''Abrégé des hauts faits du peuple romain'', 24 |id=Festus}}. Seule l’

L’''Histoire Auguste'' perturbeest cettela unanimitéseule à raconter une autre histoire : après avoir insinué que le préfet du prétoire Arrius Aper méditait la perte de Carus, elle transcrit un courrier adressé au [[préfet de Rome]] par Julius Calpurnius, secrétaire de Carus. Ce message déclare que Carus, malade, reposait dans sa tente quand survint un orage d'une violence extraordinaire, suivi de la découverte du décès de l'empereur. Mais Calpurnius affirme que Carus est probablement mort de maladie{{sfn|''Histoire Auguste''|loc=''Vie de Carus, Carin et Numérien'', {{VIII}}, 2 et suiv.|id=HA}}. Pour Chastagnol, le personnage de Julius Calpurnius ettout comme son courrier sont des inventions de l'auteur de l’''Histoire Auguste'' et Carus est mort foudroyé{{sfn|Chastagnol|1994|p=1139 et 1154|id=HA}}.
 
Après l'été 283, Carin est aux affaires{{sfn|Christol|1997|p=190|id=Christol}}. L’armée reste fidèle à son frère, le César [[Numérien]], et revient dans les territoires romains, conduite par le préfet du prétoire Arrius Aper. L'[[apothéose]] du défunt est célébrée et annoncée par l'émission de monnaies dédiées au {{latin|Divo Caro Parthico}}{{sfn|Estiot|2017|p=86}} puis au {{latin|Divo Caro Pio}}{{sfn|Estiot|2017|p=87}}. À l'automne 283, [[Carin]] puis [[Numérien]] prennent le titre d'[[Auguste (titre)|Auguste]]{{sfn|Estiot|2017|p=85}}. Selon Christol, Carin a obtenu le titre dès le printemps{{sfn|Christol|1997|p=188|id=Christol}}. En 284, les deux fils de Carus exercent le consulat{{sfn|Christol|1997|p=190|id=Christol}}. Numérien, toujours en Syrie en mars 284, revient avec son armée afin de s'occuper des problèmes de {{citation|partage du pouvoir}}{{sfn|Modéran|2003|p=25|id=Modéran}} en Europe et trouve la mort près de [[Périnthe]], en [[Thrace]]{{sfn|Christol|1997|p=190|id=Christol}} en novembre 284, sans que l'on sache si cette disparition est naturelle ou due à un assassinat{{sfn|Modéran|2003|p=25|id=Modéran}}.
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Caro - dritto aureo.jpg|alt=monnaie|[[Aureus]] dédié au divin Carus
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Les circonstances de la disparition soudaine de Carus sont présentées comme un [[:wikt:prodige|prodige]] par certains auteurs antiques : pour [[Aurelius Victor]], repris par le pseudo-Aurélius et par l'''Histoire Auguste'', un {{page h'|Oracle|oracle}} aurait enjoint à Carus de ne pas aller au-delà de Ctésiphon, ce qu'il aurait enfreint en passant le [[Tigre (fleuve)|Tigre]]{{sfn|texte=Pseudo-Aurelius Victor, ''Épitomé de Caesaribus'', 38 |id=PsAVictor}}. Si des historiens modernes ont interprété la mort de Carus comme un assassinat camouflé et organisé par le préfet du prétoire Arrius Aper, Xavier Loriot ne voit pas pourquoi ce dernier n'aurait pas été incriminé de ce meurtre, tandisalors qu'il fut accusé de la mort de Numérien survenue peu après{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=153}}. Aper est éliminé par [[Dioclétien|Dioclès]] qui accède au pouvoir par la volonté des cadres de son armée{{sfn|Christol|1997|p=190|id=Christol}}. Cette investiture, {{citation|au mépris des droits de Carin, [constitue] une rupture décisive dans le cours de l'histoire impériale}} selon [[Yves Modéran|Modéran]]{{sfn|Modéran|2003|p=25|id=Modéran}}.
 
Certaines inscriptions dédiées à Carus montrent son nom martelé<ref>Inscriptions {{AE|1996|00973}} à [[Aime (commune)|Aime]] en [[Vallée de la Tarentaise|Tarentaise]], {{CIL|02|4102|R=}} à [[Tarragone]].</ref>, indices d'une possible {{latin|[[damnatio memoriae]]}} consécutive à la prise de pouvoir par [[Dioclétien]] à partir de 284{{sfn|Wuilleumier|1945|p=117-118 et 120}}.
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* {{article |nom=Christol |prénom=Michel |lien auteur=Michel Christol |titre= Dieux et princes sous Carus, Carin et Numérien |périodique= Revue numismatique, {{6e|série}} |tome =152 | année= 1997 |pages= 61-71 |url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1997_num_6_152_2723|plume=oui}}.
* {{ouvrage |prénom= Michel |nom=Christol |lien auteur=Michel Christol |titre=L'empire romain du {{s-|III}}|sous-titre=Histoire politique 192-325 après J.-C.|année= 1997| id=Christol| isbn=9782877721455| plume=oui}}.
* {{ouvrage |auteur1=[[Michel Christol]] |auteur2=[[Pierre Cosme]] |auteur3=[[Frédéric Hurlet]] |auteur4=[[Jean-Michel Roddaz]] | titre=Histoire romaine |sous-titre=D'Auguste à Constantin |tome=II |année=2021 |éditeur=Fayard |pages totales=1054 |isbn=978-2-213-71208-6}}.
* [[Henry Cohen (numismate)|Henry Cohen]], ''Description historique des Monnaies frappées sous l'Empire romain, communément appelées Médailles impériales'', 1859-1868, {{Lien web |titre= Carus |url= http://www.virtualcohen.com/carus|date= |site= VirtualCohen.com|id=Cohen}}.
* {{article |nom1=Estiot |prénom1=Sylviane |nom2=Dopierala |prénom2=Ed |nom3= Gysen |prénom3=Philippe |titre= Une « émission fantôme » de l'atelier de Cyzique au début du règne de Carus|périodique= Revue numismatique, {{6e}} série |tome= 163 | année= 2007 |pages= 197-211 |url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2007_num_6_163_2829|plume=oui}}.