Les vieux mots magnan et maignen, qui remontent au XIIIe siècle, et peut-être au-delà, signifient en pat. norm. chaudronnier nomade. Magnan et maignen ont dans Cotgrave des acceptions différentes: magnan veut dire homme grossier, rustre, paysan, et maignen, chaudronnier. Dans les campagnes, le magnan est souvent redouté des enfants; la frayeur qu’il leur inspire est entretenue à dessein par les mères: en les menaçant du magnan, lorsqu’ils sont indociles, elles trouvent un moyen sûr de se faire obéir.

"Nus maagnan (un autre ms. porte maignen) ne autres, soit dedenz la vile, soit dehors, ne puet nule des œuvres apartenans au mestier des potiers d’estain, vendre à val la vile, ne en son ostel." Et. Boil., Liv. des Mét., p. 40 (Le savant éditeur de cet ouvrage, M. Depping, donne au mol magnan ou maignen, le sens de manant, ce qui nous parait une erreur.).

"Baillé à un maignen de St-Lô, pour avoir percbi un bachin, 6 d." Pluquet, Pièces pour serv. A l'hist. du Bessin, p. 42.

"Pour chacun maignen portant ou mettant ses derrées sur bestes chevallines, ij d." Coust. de Lisieux (XVe siècle).

Voir Magnien.

Magnanum, vagabond; magnanus, magninus, maignanus, chaudronnier, étameur. Il est probable que dans les campagnes les étameurs et les vagabonds étaient nommés magnani. Les étameurs en effet étaient toujours des bohémiens nomades. Actuellement, surtout dans le Midi, il y a encore beaucoup de bohémiens qui font ce métier.